17. La bête
(Naruto)
T'approche pas !
Il sourit, se presse un peu plus. Les flammèches me balayent le visage sans que je ressente de brûlure.
C'est un peu tard, tu ne crois pas ?
Tu es…
Tu comprends enfin.
Pourquoi je te vois que maintenant ?
Ce n'est pas la première fois. Tu ne t'en souviens pas, c'est tout.
Si, je me souviens. Je faisais même partie d'une équipe, avant.
Seulement grâce à ma force.
C'est pas vrai. N'importe quoi.
Je t'offrirai bien plus si tu me laisses faire ce que je désire. Je t'offrirai ma force et mon énergie. Je t'offrirai la puissance. Tu auras tout ce que tu voudras.
N'importe quoi, j'ai répété.
Ce serait trop parfait, n'est-ce pas ? Posséder tout ce que tu désires.
Et en échange tu tueras tout un tas de gens, ouais.
Qu'importe ? Leurs vies sont insignifiantes. Mais tu refuseras parce que tu as peur d'être heureux.
Qui ça, moi ? je me suis moqué.
Toi. Le bonheur t'effraie. C'est si différent de ce à quoi tu es habitué. On t'a menti. Ils t'ont tous menti. Depuis ta naissance. Ils ont tous peur. Parce que tu es différent. Tu ne leur dois rien. Parce qu'ils n'ont rien fait pour toi.
Evidemment, t'as tort. C'est pas parce que t'es là depuis le tout début que tu peux te permettre de bavarder comme ça sur ma vie !
Si. Sur notre vie. Parce que je suis le seul de nous deux à voir la vérité. Ils te haïssent, Naruto. Plus les années passent et plus ils te détestent. Il faudra bien te faire une raison. La seule façon de réagir sans être blessé, c'est de m'aider.
Mon cul, ouais.
Et jouer même est inutile. Ils ne te verront pas parce qu'ils ne veulent pas te voir. Comment peux-tu passer à côté de ça ? Comment peux-tu fermer les yeux sur cette réalité-là ?
Ta gueule. Tais-toi. Etre différent ne signifie pas être ignoré. Je fais partie d'une équipe. J'ai pleins de bons souvenirs là-dessus. Pleins.
Et où sont-ils, aujourd'hui ? Où étaient-ils quand tu as frôlé la mort ? Je l'ai sentie, moi. Elle est passée si près…
Ta gueule, jte dis.
Où étaient-ils alors ? Soit raisonnable.
J'ai pas envie. Fous-moi la paix. Laisse-moi tranquille.
Et en t'ignorant ils t'ont empêché de vivre. En vivant ils t'ont empêché de vivre.
Tais-toi ! Tais-toi !
Tu te crois seul
J'avais fermé mes mains sur mes oreilles sans m'en apercevoir. Mes jambes ne sont plus mes jambes et je tombe.
Mais tu n'es pas seul
Les mots se précipitent à mes lèvres, des mots violents, des putains de mots qui lui auraient fermé son clapet, à cet enfoiré, mais rien veut sortir, c'est comme si tout mourait dès que ça se présentait. Et chacune de ses phrases se rajoute à la précédente, une pierre de plus à ma tombe, un poids de plus sur mon esprit, une larme qui, s'ajoutant au puits de nuits passées à retenir des sanglots amers, le fait déborder.
Ma joue perçoit le froid du sol comme à travers une couche d'ouate. Je suis près des barreaux… Trop près. La froideur, puis la chaleur qui me caresse le front.
Non, nous sommes seuls
Nous
