18. Problème

(Mizuko)

Dès que nous fûmes devant le bureau de Tsunade, je fis glisser la porte et entrais.

L'Hokage s'affairait derrière des monticules dont les sommets la cachaient entièrement. Au lieu de se lever elle nous invita à progresser dans la pièce par un geste de la main par-dessus les montagnes de papiers ; nous nous exécutâmes, nous frayant un passage parmi les rouleaux anciens éparpillés. Mon regard intrigué embrassait le désordre quand mon amie quitta son siège et nous fit finalement face.

Hokage-sama ! s'écria Sakura.

J'étouffais un grognement et me rapprochais pour mieux voir.

Ce n'est rien, Sakura, fit-elle avec un sourire fatigué.

La manche de sa tunique était profondément labourée au niveau du bras.

Mais… bégaya la jeune fille.

Le pourtour des entailles était ourlé de sang séché. Je ramenais ma trousse de soin sur mon ventre et la défaisais.

Attends, m'arrêta Tsunade. Laisse s'entraîner ta jeune élève.

Son sourire était un peu figé, des sourires qu'il ne faut ni brusquer ni contrarier, c'est pourquoi j'acquiesçais en silence. Le regard de Sakura sursautait d'un visage à l'autre pourtant ses traits s'affermirent après qu'elle se soit mordu la lèvre en entendant ces mots. Elle avala sa salive, reporta les yeux sur les blessures et prit sa propre trousse de secours. Elle en sortit des bandes de gazes et du désinfectant. Tandis qu'elle les appliquait avec précaution, je questionnais mon amie :

Que s'est-il passé ?

Problème, répondit Tsunade en grimaçant, et je ne su si c'était à cause de la douleur ou d'autre chose.

Avec Naruto-kun ? la pressais-je.

Evidemment, avec cet idiot. Le sceau ne tiendra pas encore longtemps, Mizuko. Il va falloir agir sans attendre ; voilà pour ce qui est des mauvais points. A part cela, il semble retrouver progressivement la mémoire. Le retour de Sasuke y est sûrement pour quelque chose.

C'est censé être un bon point ? demandais-je, maussade.

Elle me regarda bien droit dans les yeux.

Bien sûr, rétorqua-t-elle. Plus il sera au courant de ce qu'il se passe en lui et plus il sera en mesure de le contrôler, c'est certain.

Pas s'il se met en danger comme il sait le faire. Dois-je en déduire que tu lui en as appris beaucoup ?

Seulement le minimum. En ce moment, il dort dans sa chambre d'hôpital. Il ne faut pas tarder.

Sakura bloqua le bandage avec une épingle en fer blanc.

Vous avez trouvé… Vous avez trouvé un jutsu assez puissant ?

A deux il sera possible de sceller à nouveau Kyubi, répondit Tsunade en échangeant un regard avec moi.

Nous en sommes tout à fait capables, approuvais-je.

J'ai enfin mis la main sur la solution. Mais créer une barrière assez résistante pour reléguer le démon-renard dans un coin du corps de Naruto… Nécessitera obligatoirement une grande quantité de chakra, même pour nous. Le quatrième Hokage y a laissé la vie. Nous ne pouvons pas. Dans tous les cas, nous y parviendrons ; nous allons simplement nous efforcer de payer le prix moindre.

J'errais au milieu des documents de Tsunade et ramassais quelques rouleaux que je jugeais digne d'intérêt. Je feuilletais brièvement un recueil de sceaux au moment où j'entendis :

Ne le laissez pas redevenir ce qu'il a été, je vous en prie.

Je me retournais. Sakura se tenait, les poings serrés contre sa tunique, les yeux réduits à deux demi-lunes floues.

Je vous aiderai autant que je le pourrai. Mais ne le laissez pas redevenir…

Il n'y avait pas grand chose d'autre à faire que d'essayer de la rassurer.

Ce n'est pas ce qu'il était, Sakura. C'est ce qu'on lui avait imposé d'être.

Il a… Brisé le bras de Sasuke… Il a… Tué tous ceux qui…

Ce n'était pas lui, insistais-je.

Tsunade s'était également suspendue dans le remplissage de son sac d'ingrédients et elle dévisageait à présent la jeune fille, muette et attentive. Elle se releva.

Non, affirma-t-elle. Et ça ne se reproduira plus jamais.