Chapitre 2 – Promenade en forêt

Ils marchaient depuis maintenant plus d'une heure.

La forêt n'était pas trop dense et il ne semblait pas qu'elle soit très fréquentée. Ils ne croisèrent aucun signe de vie. Aucun être humain, aucun animal. Ils se déplaçaient prudemment, examinant les branchages et les buissons au cas où quelque bête serait tapie là. Après leur rencontre avec le monstrueux insecte sur la dernière planète qu'ils avaient visitée, le Major ne souhaitait prendre aucun risque. Ce qui convenait parfaitement à Rodney.

Il devait bien l'avouer, il avait été terrifié par ce qui était arrivé au Major. A tel point qu'il avait à peine osé le regarder pendant tout le temps où ils s'étaient retrouvés coincés dans le jumper. Il était resté près du cockpit, le plus loin possible de cette – chose. Bien sûr, il n'avait pas franchement eu le choix, le tableau de contrôle se trouvait là, c'est tout. Mais il savait que si cela n'avait pas été le cas, il n'aurait pas été d'un grand secours.

Il avait aussi eu peur pour Sheppard. Bon sang ! Ils avaient du stopper son cœur ! Ce souvenir le fit soudain frissonner. Il se tenait derrière l'équipe du docteur Beckett lorsqu'ils travaillaient sur lui, essayant de faire repartir son cœur. Il se rappelait avoir retenu son souffle, ses mains étaient devenues moites ; il avait été si soulagé d'entendre Beckett déclarer que le Major était sorti d'affaire.

Il appréciait vraiment Sheppard.

En Russie, et plus tard sur la base en Antarctique, Rodney n'avait eu que peu de rapport avec les militaires. Tout se passait comme si deux mondes évoluaient parallèlement : d'un côté celui de l'équipe scientifique qu'il dirigeait, de l'autre celui des militaires. Il ne se souvenait d'aucun nom, d'aucun visage, et il était pourtant resté là-bas plusieurs mois. Il n'était pas un anti-militaire, il avait après tout travaillé une bonne partie de sa vie avec et pour des militaires. La plupart du temps il les ignorait et en retour ils ne lui adressaient quasiment jamais la parole, ce dont il leur était très reconnaissant. De toute manière, de quoi voulez vous discuter avec quelqu'un qui passe son temps à nettoyer son arme et à faire des pompes !

Les choses étaient différentes avec le Major Sheppard.

Il l'appelait souvent dans son laboratoire pour tester les merveilles laissées là par les Anciens. La thérapie génique était globalement efficace, mais elle se révélait cependant parfois insuffisante. C'était le cas notamment pour les appareils faisant totalement appel à un effort mental. Rodney pouvait les initialiser, mais il devait alors s'en remettre au gène naturel du docteur Beckett ou de Sheppard pour les faire fonctionner. Or, depuis la malheureuse affaire du drone en antarctique, le docteur Beckett refusait de s'approcher à moins de 10 mètres de tout appareil des anciens dont la finalité n'avait pas été au préalable identifiée. Rodney avait eu beau lui expliquer que s'il ne l'aidait pas à les faire fonctionner, il ne pourrait pas en déterminer l'usage, le bon docteur restait fermement campé sur ses positions. Il ne restait donc plus que Sheppard. Rodney avait préparé tout un speech au cas où il rencontrerait là aussi de la résistance, mais il n'en avait pas eu besoin. Le Major était aussi fasciné que lui par cette technologie et semblait même réellement intéressé par les explications qu'il lui fournissait sur celle-ci. Même s'il ne devait évidemment pas y comprendre grand-chose. Sheppard passait régulièrement au laboratoire, juste pour vérifier comment il progressait, s'il y avait quelque chose de nouveau.

Ils avaient testé ensemble le bouclier individuel, se lançant défi sur défi, jusqu'à ce que Sheppard propose de le balancer par la rambarde de la salle de contrôle. Il se souvenait encore de la tête qu'avait faite Elisabeth !

Il faisait chaud. De la sueur dégoulinait sur ses tempes. Rodney s'épongea le front avec sa manche.

Le sous-bois les protégeait un peu de la chaleur, mais n'apportait aucune fraîcheur. Leur équipement était lourd et le harnais lui coupait carrément la respiration. Il lui avait fallu près de 20 minutes pour s'harnacher avant cette mission ! Et puis franchement quel est l'imbécile qui a eu l'idée géniale de les équiper avec des t-shirt en polyester. Il était déjà trempé de sueur, et il détestait se sentir – sale. Il jeta un rapide coup d'œil à ses deux autres compagnons. Teyla et Ford semblaient ne pas souffrir de la chaleur, leurs pas étaient assurés. Il poussa un soupir et continua à avancer derrière le Major Sheppard.

Il détestait ça.

Il aimait découvrir de nouvelles technologies, être celui qui en perçait les secrets, mais l'aspect « physique » des missions de reconnaissance le rebutait. Il n'avait jamais été très athlétique. Son embonpoint, en grande partie du à l'inactivité et à son hypoglycémie, n'avait jamais été un réel problème jusqu'à maintenant. Et puis, il n'aimait pas particulièrement la nature – trop d'insectes et pas de commodités dignes de ce nom ! – et n'avait donc jamais été un adepte de la randonnée ou du camping sauvage. Bon sang ! Quel dommage que la porte sur cette planète ne soit pas accessible avec un Jumper, au moins ils auraient pu laisser leur équipement dans la navette.

Il trébucha soudain sur une racine, lâchant son détecteur. La main du Major retint sa descente.

« Hé, McKay, ça va ? ». La voix de Sheppard n'était pas sarcastique cette fois. Rodney opina de la tête, récupéra le détecteur d'énergie tombé à terre, vérifia que rien n'avait été endommagé et repris sa marche.

Le Major le fixa un moment, puis pris une décision. « Ok, je crois que nous allons faire une halte, histoire de nous revigorer un peu. Cette petite promenade m'a donné soif ». L'endroit était parfait pour s'arrêter un moment. Les buissons étaient clairsemés et du gazon recouvrait le sol.

Rodney se laissa tomber lourdement par terre. Il ferma un instant les yeux pour les rouvrir immédiatement. Il fallait qu'il se reprenne. Que penseraient-ils tous de lui s'il s'endormait là, après à peine deux heures de marche ?

« Alors Doc', cette source d'énergie, vous en pensez quoi ? », le Major lui tendit une gourde d'eau. Il en but une grande rasade avant de répondre, dans une voix qu'il espérait moins fatiguée qu'il ne se sentait réellement.

« Et bien, je ne pense pas qu'il s'agisse de la technologie des anciens. La signature énergétique n'est pas bonne. Vous voyez, les émissions d'un ZPM s'apparentent, à un niveau quantique bien entendu, à ce que l'on pourrait obtenir si - » Il s'arrêta brusquement, ses compagnons le scrutaient avec un air ennuyé comme des étudiants s'attendant à subir un cours rébarbatif. Il reprit « Okayyyy, disons plus simplement, que la puissance détectée est trop faible pour provenir d'un ZPM, mais qu'elle est néanmoins suffisamment importante pour mériter d'être étudiée ».

Pas de ZPM ici. Rodney pouvait lire la déception sur le visage du Major. « Et de quel type est cette énergie ? ».

« Ça Major, c'est justement ce que je compte découvrir dès que nous l'aurons trouvée ». Il examina une fois encore son lecteur d'énergie. Ce qu'il détectait était très proche de l'énergie dégagée par un réacteur à naquadah. Et en absence de ZPM, c'était déjà mieux que rien. Il fouilla dans son sac et en sortit une barre énergétique. Il la mangea lentement, tapotant distraitement sur son petit ordinateur portable, saisissant les données collectées par le lecteur d'énergie.

Le Major, comprenant qu'il ne tirerait rien de plus de McKay, se tourna vers le Lieutenant Ford « Hé bien Lieutenant, que pensez-vous de cette petite journée en plein air ? ». Il fit un signe de la main à son jeune subordonné, lui indiquant qu'il pouvait répondre librement.

« Hum, Si cette mystérieuse source d'énergie se trouve à proximité, et donc en plein milieu de cette forêt, comment expliquer que nous ne trouvions aucune trace de passage ? C'est vrai, la forêt n'est pas très dense, mais nous n'avons repéré aucun signe de vie ici. » Le jeune homme examinait le feuillage autour de lui, comme s'il s'attendait à tout moment à voir surgir quelque chose, ou quelqu'un.

Rodney ne put s'empêcher de lui répondre « Lieutenant, il y a de fortes chances pour que cette mystérieuse source d'énergie, comme vous l'appelez, ait été abandonnée il y de cela plusieurs années. Ce qui expliquerait l'absence de signes de vie dans les environs. Ou bien comme sur Athos, les habitants se sont retirés le plus loin possible de toute forme de technologie après une attaque des wraith et - ».

« Ahah ! Donc vous admettez qu'il est possible que les wraith aient visité cette planète ! » Sheppard pointait un doigt vers le scientifique de manière triomphante. Ce dernier ne releva même pas l'allusion à la petite conversation qu'ils avaient eue quelques heures plus tôt et reprit « - et je vous signale que nous sommes sur une planète, Lieutenant; un astre qui doit égaler en taille, celle de notre lune terrestre. Expliquez-moi comment vous pouvez affirmer qu'elle est inhabitée, alors que nous n'avons pas encore eu l'occasion d'explorer ce qu'il y a au-delà de cette simple forêt ! Franchement, voilà bien le type d'affirmation sans fondement que - ».

« Nous avons fort bien compris docteur. Dorénavant nous éviterons tous de tirer des conclusions – hâtives. N'est-ce pas », ce disant il regardait McKay avec attention. « Lieutenant ?» Sheppard se tourna vers le jeune homme.

« Oui, Monsieur ».

« Je crois qu'il est temps de repartir. J'ignore combien de temps il nous reste avant la nuit et j'aimerais que nous trouvions cette source d'énergie avant qu'il ne fasse trop sombre. McKay, à quelle distance sommes nous maintenant ».

« Nous n'en sommes plus bien loin, 4 ou 5 Kms tout au plus » McKay étudiait les signaux lumineux du détecteur.

« Okay, allons-y. Après vous docteur. » McKay se leva en poussant un grupmf sonore. Il reprit la tête de l'expédition, toujours plongé dans la lecture de son ordinateur.

TBC …