Chapitre 5 – Le piège
La jeune femme était assise près de la fontaine. Elle semblait perdue dans ses pensées. Il ne voulait pas lui faire peur et s'approcha lentement d'elle. Il posa sa main sur son épaule et elle lui saisit la main en retour, sans quitter la petite statue des yeux.
« Alors ? » L'homme s'attendait au pire. Elle tourna son visage vers lui, et il su immédiatement qu'il avait raison. Il soupira et s'assit près d'elle. « Que s'est-il passé ? ».
« Elle a réussi à les convaincre. Ce n'était pas très difficile ; leur peur est si facile à exploiter.»
Il hocha de la tête en signe d'acquiescement. « Que comptes tu faire ? »
Elle se leva brusquement. « Ils ne doivent pas rester ici. »
Il secoua la tête. «S'il s'agit bien d'Atlantes, je ne vois pas comment les en empêcher ».
«Cela ne doit pas se reproduire. Nous devons les stopper ! ». Elle se tenait devant lui, les bras croisés sur sa poitrine, comme pour se rassurer.
Il la prit dans ses bras. « Nous essaierons » murmura t'il dans ses cheveux. « Je te le promets ».
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Iudicaela vint personnellement leur annoncer la nouvelle. « Les Leaders sont d'accords pour que votre planète – la Terre, fasse désormais partie de nos partenaires, aux côtés bien entendu des athosiens. » Teyla courba la tête en signe de remerciement. « J'espère que cette alliance sera bénéfique à nos trois peuples. »
John écoutait Teyla fixer avec Iudicaela, les conditions d'une rencontre avec Elisabeth sur Atlantis, tout en observant discrètement McKay. Il avait appris à reconnaître les signes avant-coureurs d'une imminente explosion. Le scientifique ne cessait de jouer avec ses doigts, les frottant nerveusement contre ses paumes, les bras le long du corps ; des soupirs lui échappaient à chaque fois que Teyla et Iudicaela évoquait un nouveau thème de leur future rencontre avec le Docteur Weir, ses yeux roulaient désespérément dans ses orbites. Le spectacle était – comique, et John ne pouvait s'empêcher de sourire.
McKay était tellement facile à lire. Colère, joie, angoisse, peur, tous ces sentiments se reflétaient sur son visage et dans ses expressions physiques. Il ne faisait aucun effort pour les cacher. Il n'en ressentait aucune honte ou gêne. Tout le contraire de ce que ferait un soldat. Tout le contraire de ce que lui, avait appris. John lui enviait parfois cette liberté, mais cela l'inquiétait aussi. Il savait, pour l'avoir personnellement vécu, que pour survivre en temps de guerre, il était préférable de ne jamais laisser transparaître ses émotions ou ses sentiments.
Ils pouvaient être utilisés contre vous.
« Docteur McKay », la voix de Iudicaela tira John de ses pensées. «Je sais que votre temps est précieux, mais j'aurais aimé savoir s'il vous serait possible, en tant qu'expert, de nous donner votre avis sur un - » elle sembla chercher ses mots un instant, puis repris en soupirant, « je suppose que nous pouvons l'appeler une relique. »
« Une relique ? Vous voulez dire un objet datant - d'avant les wraith.» Les yeux du scientifique brillaient d'excitation.
« Oui. Notre expert n'a pas trouvé quelle pouvait être sa finalité, mais peut être qu'avec votre aide - » Iudicaela n'eut pas besoin de terminer sa phrase.
« Mais oui, bien sûr je serais ravi de vous aider.» Le scientifique ramassa son paquetage à la hâte, « Voilà, je vous suis ».
« Excusez moi, Iudicaela, mais j'aimerais m'entretenir avec le Docteur McKay un moment ». Sheppard arrêta McKay alors qu'il allait passer la porte.
« Bien sûr. Le commandeur Ivo et moi-même allons vous attendre dehors Docteur. » Elle salua une dernière fois les quatre visiteurs et sortit, les laissant seuls.
« Quoi encore ! Bon sang, Major, j'aimerais savoir à quoi vous jouer. Nous sommes venus pour examiner cette source d'énergie, mais vous semblez prendre un malin plaisir à - ». McKay faisait de grands gestes, son paquetage bringuebalant sur son épaule, il avait déjà sorti son fichu lecteur d'énergie, et l'examinait tout en fulminant.
« Je ne vous empêche pas de faire votre travail, Rodney, » il continua avant de pouvoir être interrompu par une autre remarque sarcastique, « mais, je dois aussi faire le mien, qui est de m'assurer que les conditions de sécurité sont optimum. Donc, dernier point et je vous laisse allez jouer avec vos gadgets ».
McKay fit une grimace mais resta silencieux, attendant la suite, les bras croisés.
« Bien, premièrement, pas d'indiscrétions technologiques et - ».
« Indiscrétions technologiques ? Pourriez vous me précisez le sens de cette expression avec laquelle je ne suis pas familier. Et puis non, à la réflexion ne me précisez rien, ce serait une perte de temps supplémentaire ».
« Je veux dire que vous devez rester circonspect sur la nature des informations que vous leur livrées. »
« Circonspect. Hum, oui, je suppose que je peux rester circonspect. Major, ces gens ne savent même pas comment fonctionne un grille-pain ! Tout ça est ridicule.»
« Deuxièmement, vous ne vous éloignez pas et vous restez en contact radio.»
« Circonspect, contact radio. Okay, je crois que j'ai tout enregistré, je peux y aller maintenant. » Le scientifique avait tout du gamin qui venait de se voir accorder la permission de minuit et avait hâte d'en profiter.
Sheppard l'examina un instant et prit une décision. « Ford ! »
« Monsieur ».
« Vous allez accompagner le Docteur dans ses – recherches, et vérifier qu'il suit à la lettre mes instructions. Teyla et moi, nous rentrons à la base faire notre rapport au Docteur Weir. Soyez sages tous les deux ». McKay leva les mains vers le ciel en signe d'exaspération, mais ne dit rien, il se dirigea vers la porte, le lieutenant sur ses talons.
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McKay et Ford suivirent Iudicaela et deux autres leaders à travers le village, jusqu'à une petite grotte. Là, sous une tente de fortune, plusieurs hommes se trouvaient en grande discussion autour de multiples parchemins déployés sur une table. A leur approche, l'un d'eux se tourna et, laissant ses compagnons, vint accueillir les leaders et leurs deux invités.
«Iudicaela, c'est un honneur de vous voir sur notre modeste chantier ». Il fit une petite révérence, que Iudicaela ignora d'un geste de la main. « Damasus, mon ami, c'est toujours un plaisir de discuter de vos découvertes ».
A ses mots, Damasus se rembrunit. «Malheureusement, ce que nous avons découvert pour le moment ne nous est pas d'une grande utilité, j'en ai peur. L'écriture est compréhensible et il nous a été facile de la reproduire, ainsi que de la traduire, mais les diagrammes - ». Le jeune homme secoua la tête, indiquant d'un air déçu le parchemin qu'il tenait dans ses mains.
« Des diagrammes ! » McKay était impatient de voir de quoi il retournait. Il aperçut le Lieutenant Ford à ses côtés, fronçant les sourcils. Okay, « circonspection ». « Hum, je pourrais peut-être, y jeter un coup d'œil. »
« Je ne sais pas si - ». Damasus serrait le parchemin dans ses mains et examinait McKay avec suspicion.
« N'ayez aucune inquiétude Damasus, le docteur McKay et son équipe sont ici pour nous aider à comprendre ce que les Ancêtres nous ont laissés. Et voici, le Lieutenant Ford.» Ford fit un petit salut de la main à l'attention du jeune homme. Ses cheveux blonds ébouriffés et ses petites lunettes cerclées, lui donnait l'air d'un gamin. Un large sourire illuminait son visage.
« Ainsi, vous êtes un de ses visiteurs. Un – terrien, c'est cela ». Damasus les invita tous à l'intérieur de la tente.
« Oui, oui ». McKay était déjà distrait par les quelques dessins qu'il pouvait deviner sur le parchemin que Damasus agitait sous son nez. N'y tenant plus, il finit par se saisir du morceau de papier et commença à l'examiner soigneusement, laissant Damasus bouche bée.
« Et bien, nous allons vous laisser. Je vois que le Docteur McKay est impatient de commencer d'examiner vos trouvailles, Damasus. Messieurs. » Les leaders se retirèrent, Iudicaela à leur tête. McKay ne leur accorda pas un regard, au grand dam du Lieutenant Ford.
« Docteur, vous pourriez peut-être faire preuve d'un peu plus de tact, non ?»
« Quoi ? Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi. Circonspection et contact radio. Je n'ai pas entendu le Major parlez de « protocole ». Maintenant, si vous voulez bien me laisser travailler.»
Ford soupira et s'éloigna un peu pour laisser son espace à McKay. Bon sang ! Ce type pouvait être vraiment, vraiment pénible, et il restait poli. Il se mit en faction devant la grotte à quelques mètres de la tente.
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Le commandeur Ivo n'était pas un grand bavard.
Iudicaela et deux autres leaders avaient escorté Ford et McKay jusqu'à leur précieuse « relique », pendant qu'Ivo et Deicola raccompagnaient Teyla et le Major à la porte des étoiles. John observait le commandeur. Il lui faisait penser au Colonel Summers.
Il n'avait jamais eu de sympathie pour ce dernier. Froid, calculateur et – psychorigide. Le parfait petit soldat. Okay, il avait fait preuve d'un sacré courage face à la Gardienne wraith, mais cela n'avait pas changé son opinion sur l'homme. S'il avait été aux commandes d'Atlantis, il n'aurait fait aucun doute pour John, qu'ils auraient tous été menés à la baguette. Summers aurait vraisemblablement été contre la présence de civils dans les équipes d'exploration, quand à celle de Teyla, n'en parlons pas ! Ses relations avec Elisabeth auraient certainement été – intéressantes. Il ne pu s'empêcher de sourire en visualisant Summers et Weir en pleine « discussion », se demandant lequel aurait eu le dernier mot. Le « Combat des chefs ». Pas sûr que Summers aurait eu le dessus sur ce coup là.
Ils arrivèrent enfin à la clairière où se trouvait la porte des étoiles. Deicola examina un moment le large cercle, puis se tourna vers Teyla et Sheppard, leur indiquant le DHD (8) de la main. Elle semblait hésitante. Son attitude fière et assurée d'il y a quelques heures dans la salle du conseil, avait disparue. « Voilà, vous pouvez transmettre aux votres que les amadriens sont heureux de les accueillir parmi leurs alliés ». Son ton, lorsqu'elle prononça ce dernier mot, mis John en éveil.
Teyla composa le code d'Atlantis.
Deicola et le Commandeur Ivo se tenaient côte à côte. Deux autres leaders ainsi que trois gardes se trouvaient là. Les leaders arboraient des sourires dignes du Chesshire Cat de Lewis Caroll. John ne se sentait brusquement pas très à l'aise. Le Kawooosh de la porte ramena John à la réalité. Teyla envoya son code d'identification et la voix d'Elisabeth Weir se fit entendre.
Major Sheppard ! Est-ce que tout va bien ?
« Heu, oui. Docteur Weir, nous sommes entrés en contact avec les habitants de cette planète, les Amadriens. Teyla est parvenue à les convaincre de nouer des relations commerciales avec nous.»
Parfait Major. C'est une bonne nouvelle. Et la source d'énergie que McKay avait détectée à son arrivée, Qu'en est il ?
« Vous connaissez McKay, lorsqu'il est question d'énergie ou de moteur, ou de trucs comme ça, il n'y a plus moyen de le contrôler. A l'heure qu'il est, il doit être en train de s'amuser comme un petit fou avec ses gadgets. Je l'ai laissé avec Ford. »
Parfait. Récupérez McKay et le Lieutenant Ford et rentrez dans disons, deux heures. Vous pensez que ce sera suffisant ? (9)
« Pas de problème. De toute manière, s'il a trouvé quelque chose nous pourrons toujours revenir. Sheppard, bien reçu. »
Le Major avait à peine finit sa phrase qu'une formidable explosion retentit.
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Le Lieutenant en avait assez.
Bien sûr, il était habitué à monter la garde pendant plusieurs heures sans que rien de passionnant n'arrive, mais ce qui l'agaçait au plus haut point, c'était les regards que lui lançaient les amadriens travaillant sur le site à chaque fois qu'ils passaient devant lui. Il avait l'impression d'être au zoo et que c'était lui l'attraction du jour. Au début, il répondait à leur timide observation par un sourire, mais maintenant, près de deux heures après, il avait envie de montrer ses dents comme un chien enragé, pour les faire fuir un bon coup. Et dire qu'il avait fait une leçon de morale au Doc' pour son manque d'amabilité !
Il jeta un coup d'œil au petit monde qui s'agitait sous la grande tente, puis sentit quelque chose lui tirer la manche. Il réagi immédiatement en armant son P-90 avant de pousser un petit soupir de soulagement. C'était la jeune fille qui leur avait servi à boire dans la petite salle où il avait attendu les Leaders.
« Peut-être avez-vous soif ? » elle lui tendit un verre de jus de fruits frais. Ouais, il avait peut-être soif. Et faim. Et si il avait soif et faim, il y avait fort à parier que c'était aussi le cas du Doc'. Encore que ce dernier semblait avoir toujours faim, même dans les pires moments.
« Oui, merci mademoiselle, heu -»
« Ottilia (10)» Elle lui offrit un sourire plutôt désarmant. Bon sang, Aiden, ressaisit toi, elle ne doit pas avoir plus de 20 ans ! « Hem, je peux – je peux aussi en avoir pour mon – coéquipier ».
« Oui, bien sûr ». Il choisit quelques biscuits et se dirigea vers la tente, en regardant la jeune fille s'éloigner et entrer dans la petite grotte. Non, franchement il fallait qu'il fasse quelque chose, une douche froide peut-être. Il secoua la tête et continua son chemin.
A l'intérieur, McKay était en grande discussion avec les membres de l'équipe de recherche amadrienne. Enfin, si par discussion on entend plutôt monologue. Le scientifique semblait exaspéré.
« Non, non, non. Votre traduction n'est pas correcte. Ici, il faut lire « exponentielle » et non « exploitée » ! Ce qui bien entendu ne veut pas dire grand-chose dans le cas présent. On ne vous a jamais dit qu'une traduction devait aussi tenir compte du contexte ! » McKay parcourait les parchemins disposés sur la table, les comparant avec les diagrammes, tout en tapant fiévreusement sur son ordinateur portable.
« Hé Doc'. Un gâteau ?» Ford agitait le gâteau sous le nez de McKay. Celui-ci lui prit des mains sans même le regarder « Merci. Humpf. Oui, ça c'est bon, ça aussi -» Ford se recula un peu mais ne rejoignit pas son poste près de l'entrée de la grotte. Il était fasciné par la vitesse à laquelle McKay semblait capable de résoudre les équations qui se trouvaient sur le parchemin. Ses doigts volaient littéralement sur le clavier de l'ordinateur portable. Son regard se posa sur le chercheur amadrien, Damasus.
Damasus fixait McKay silencieusement. En fait, c'était le seul à ne pas poser de questions ou prendre de notes. Bien sûr, cela n'aurait pas changé grand-chose, McKay répondait du bout des lèvres aux questions ou les ignorait tout simplement lorsqu'elles lui semblaient dénuées d'intérêt. Curieusement, Ford avait l'impression que c'était McKay qui l'intéressait et pas ce qu'il racontait. Okay, il fallait définitivement qu'il prenne une douche froide !
Alors qu'il allait sortir, Damasus prit enfin la parole. «Est-ce dangereux ? Je veux dire, ce peut-il que ce dispositif représente un quelconque danger ? ». McKay lui répondit distraitement « Dangereux ? Evidemment. Le mécanisme repose sur une énergie qui - ». Il s'arrêta soudain prit d'un doute. « Pourquoi ? ». Damasus indiqua les diagrammes sur la table « Nous les avons trouvés avec un appareil et -». McKay se leva d'un bond. « Ou est-il ? ». « Dans la grotte. Je peux vous le montrer, si vous pensez que cela peut vous aider ». McKay rangea son ordinateur et muni des diagrammes et des traductions, suivit Damasus vers la petite grotte, le Lieutenant Ford sur ses talons.
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L'intérieur de la grotte était faiblement éclairé. De petites lampes à huile se trouvaient disposer sur les murs, à intervalles réguliers.
« Docteur McKay. Vous avez une idée de ce qu'est cet appareil.» Le Lieutenant Ford désignait du doigt les diagrammes que McKay avait emportés.
« Et bien, à première vue » il agita les diagrammes « il s'agit d'un bouclier. »
Ford hocha la tête «hum, comme la petite tortue verte que vous avez testé la dernière fois ?».
McKay le regarda l'air étonné « La petite tortue verte ? ».
« Oui, vous vous rappelez, le bouclier individuel ». Il fit un geste en direction de sa poitrine, mimant la manière dont l'écran individuel se fixait sur les vêtements de son porteur.
« Non, Lieutenant. Ceci, n'a pas grand-chose à voir avec - » sa voix pris un ton sarcastique « la petite tortue verte. Ceci est beaucoup, beaucoup plus puissant.»
« Plus puissant ? » Interrogea Ford.
McKay examina un moment le jeune Lieutenant avant de reprendre « Vous savez à quelle puissance fonctionne un sèche cheveux Lieutenant ? ».
« Heu, oui. 220 Volts.» Ford se demandait où McKay voulait en venir.
« Et bien, disons que votre petite tortue verte est au sèche cheveux ce que cet appareil, » il désigna une fois de plus les diagrammes « est à, disons, une explosion atomique ».
Ford siffla, impressionné.
« Oui, c'est à peu près ce que je pense moi aussi,» lui répondit McKay en souriant. « Ce n'est pas tant la technique du bouclier qui est ici intéressante, mais plutôt la manière dont est produit le flux d'énergie qui le constitue. C'est tout simplement – incroyable ! Si j'en crois ces diagrammes, la puissance produite par un boîtier d'approximativement 70 à 90 cm suffirait à alimenter plus d'un tiers d'Atlantis, qui est, je n'ai pas à vous le rappeler, d'une taille plus que respectable ».
« Vous pensez que cette énergie pourrait remplacer les ZPM ? ».
McKay allait lui répondre mais son attention fut soudain attirée par l'activité qui régnait au centre de la grotte. Damasus et deux autres amadriens se tenaient autour de plusieurs pièces de mécaniques partiellement enterrées sous des débris rocheux.
« Ha, Docteur, approchez, approchez. Je vais vous présenter deux de mes collègues. Docteur Rodney McKay, voici Nohamus et Déodatus. »
McKay n'avait d'yeux que pour l'appareil que l'on pouvait deviner sous les débris. Il salua distraitement les deux hommes et s'agenouilla devant les ruines. Il entrepris de déblayer prudemment autour du boîtier qu'il pouvait apercevoir, coincé entre deux rochers. Une forte chaleur avait du provoquer la fonte du métal autour de l'appareil et il était maintenant complètement aggloméré à la roche environnante.
Pendant que McKay se livrait à l'examen des dégâts, Ford s'était trouvé, une fois de plus relégué au rang d'observateur. Il était intrigué par un des amadriens. Quel était son nom déjà ? Bon sang, comment faisaient-ils pour s'y reconnaître avec tous ces « us », ha oui, Nohamus. L'homme était grand, plus grand que lui d'au moins une bonne tête. Et il arborait une musculature à faire pâlir d'envie Schwarzenegger. Il n'avait pas franchement le profil type du scientifique. En tout cas pas de ceux que Ford côtoyait sur Atlantis, à l'exception peut-être de Peter Grodin. Mais ce qui le mettait le plus mal à l'aise, c'était son regard. Froid et dur. Il avait déjà vu ce type de regard chez certains 'marines' ou chez des Covers Ops.
Nohamus se tenait derrière McKay, les bras croisés sur sa poitrine, pendant que Damasus et Déodatus, en retrait, discutaient à voix basse.
Ford examina l'endroit où il se trouvait avec un peu plus d'attention.
La 'grotte' en elle-même devait faire une cinquantaine de m2. Il ne restait plus grand-chose de la salle qui avait du se trouver là autrefois. Apparemment, une violente explosion avait détruit une bonne partie de celle-ci. Les wraith certainement. Et le temps avait fait le reste. Un peu partout on devinait des câbles, des pièces de machinerie, dispersés comme les pièces d'un mécano géant. La grotte était humide et au cours des années, des infiltrations d'eau avaient créé des stalagmites autour des ruines métalliques. Le spectacle fit frissonner Ford. Voilà tout ce qui restait d'une civilisation avancée.
McKay s'affairait toujours autour de l'appareil, mais il ne semblait pas avoir beaucoup progressé. Les autres amadriens allaient et venaient autour de lui, les uns déblayant les pièces d'anciennes technologies, les autres les répertoriant, quasi religieusement.
Ottilia était là elle aussi, elle lui adressa un sourire timide. Ford se sentait un peu gêné.
Cet endroit lui donnait la chair de poule. Il décida que le mieux pour lui était certainement de reprendre son poste à l'extérieur de la grotte. De tout manière, il ne pouvait être d'aucune utilité à McKay.
Il emprunta le long couloir toujours illuminé par les petites lampes à huile et se retrouva bientôt à l'air libre. Il allait reprendre son poste de vigile lorsque tout explosa derrière lui.
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« Fascinant, incroyable, c'est tout bonnement – bon sang ! Si seulement j'arrivais à atteindre le panneau central, humpf. Ouille. » Il porta son doigt à sa bouche. Les parois de l'amas de métal étaient rouillées, mais encore coupantes. Avait-il pensé à faire son rappel anti-tétanos ? Il ne manquerait plus qu'il contracte quelque chose. Il suça la petite blessure un moment. La découverte était au-delà de ce qu'il avait espéré en arrivant sur cette planète, enfin, s'il parvenait à déloger ce fichu boîtier de cette gangue semi rocheuse semi métallique. Il soupira. Et c'est à ce moment là qu'il le remarqua.
Le silence.
Il se retourna et regarda autour de lui. Tous les amadriens étaient silencieux et le regardaient fixement. « Heu, il y a un problème ? » Il se releva et épousseta son pantalon noirci par la rouille et les débris.
« Non, Docteur. Tout va très bien, au contraire. » Damasus s'approcha de lui en souriant. Un sourire qui ne fit rien pour rassurer McKay.
« Oui, bon, et bien dans ce cas, je vais peut-être, heu – où est passé le Lieutenant Ford ? ». Il se sentait nerveux brusquement, mis mal à l'aise par le comportement étrange de Damasus et de ses compatriotes. Damasus et les autres formaient maintenant un cercle autour de lui. Il recula et se retrouva bientôt acculé au mur de la grotte. Il mit ses mains devant lui comme pour stopper l'avancée des amadriens. Ils cessèrent en effet de bouger, mais ce n'était pas à cause de lui.
Nohamus venait de sortir quelque chose d'un coffre que McKay n'avait même pas remarqué jusqu'à maintenant. Et ce qu'il en sortit lui glaça le sang.
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McKay ne pouvait détacher ses yeux de la seringue que brandissait Nohamus. Ce dernier semblait prendre un certain plaisir à voir McKay paniquer. Il repoussa lentement le piston de la seringue, éjectant quelques gouttelettes d'un liquide transparent.
McKay tenta de raisonner avec l'amadrien ; « Ecoutez, si nous avons – si je vous ai offensés, ou, ou quoique ce soit, je, je m'excuse, je veux dire, c'est ridicule, vous n'avez certainement pas besoin d'en arriver là ! ». Sa voix était un peu plus aigue qu'il ne l'aurait voulu et son cœur battait la chamade.
Nohamus fit un signe de tête à deux amadriens. Paralysé par la peur, McKay n'opposa aucune résistance aux deux hommes qui le plaquèrent, face contre le mur, lui maintenant les mains derrière le dos. Il cria lorsque Nohamus injecta brutalement le liquide dans son cou. Il pouvait jurer avoir senti l'aiguille toucher l'os. Ils le relâchèrent aussitôt et il tomba par terre lourdement. Il essaya de lever la tête et d'ouvrir la bouche pour parler, mais sa vision se troubla et il lui semblait que sa bouche était pleine de sable. Il essaya de déglutir mais n'y parvint pas. Respirer était difficile. Il avait l'impression qu'à chaque fois qu'il prenait une inspiration, ses poumons se déchiraient comme du papier. Quoiqu'il y ait eu dans cette seringue, son effet n'était pas immédiat et loin d'être indolore.
Il sentit qu'il était soulevé de terre, puis transporter.
La dernière chose qu'il entendit avant de perdre connaissance fut une énorme explosion.
(8) Dial Home Device.
(9) Les phrases entre indiquent des communications radios
(10) Prénoms latins : Ottilia (Odile), Déodatus (Dieudonné), Nohamus (Noé).
