Note : Wow, merci à toutes pour vos reviews ! Elle m'ont bien évidemment fait très plaisir, alors n'hésitez pas à nourrir la Muse.
ATTENTION ! Ce chapitre contient des scènes de harassement sexuel (pas très graphiques, mais c'est là quand même). Je ne souhaite pas changer le rating de toute l'histoire juste pour ce seul chapitre, donc vous êtes prévenus ! Si ce genre de chose vous retourne l'estomac, tournez votre chemin, sinon, bonne lecture !
Chapitre 7 – L'épreuve
« Eliakim ! » Sheppard aboya le nom alors même que le soldat se trouvait à quelques mètres de lui. Sa colère avait fait place à une froide détermination. Ou ces gens aidaient à dégager l'entrée de cette foutue grotte avec eux ou ils sautaient avec la tonne de pierres qui en obstruaient l'entrée. Ils avaient assez perdu de temps comme ça.
« Oui, Monsieur ». Le caporal fixait son supérieur attendant ses instructions. Les gardes amadriens se trouvaient toujours devant l'entrée de la grotte.
« Examinez le site et faites-moi votre rapport dans 15 minutes. Et Caporal, je n'ai pas besoin de vous rappeler que l'un de nos hommes se trouve là-dedans. » John n'avait pas quitté les gardes des yeux. Ces derniers avaient perdu de leur bravade. Il faut dire que l'équipement d'Eliakim était impressionnant, explosifs et matériel de sonde encombraient les bras des trois hommes qui composaient l'équipe du Caporal. Eliakim fit un signe de la main aux deux autres soldats et ils prirent le chemin de la grotte, escortés de Markham et de Stackhouse.
« Commandeur, si vos gardes n'ont pas quitté leur poste dans les cinq secondes, je vous promets un feu d'artifice comme vous n'en n'avez jamais vu. » John fixait toujours les cinq hommes devant la grotte. Il savait que le Commandeur Ivo se trouvait derrière lui. L'amadrien avait du faire un signe à ses subalternes, car après avoir hésité un moment, ces derniers laissèrent passer l'équipe d'Atlantis.
John se retourna. Il n'adressa pas un mot au Commandeur et se rendit directement sous la tente où s'organisaient les secours.
Beckett et la petite infirmière rousse s'affairaient auprès d'un amadrien. John se dirigea vers le fond de la tente, ignorant les gémissements des blessés.
Teyla se trouvait auprès de Ford. Ce dernier avait perdu cette alarmante teinte grisâtre. Allongé là, il paraissait plus jeune que ses 25 ans. John fit un signe de la tête à Teyla. « Alors, comment va-t-il ? »
« Il va s'en sortir, Major. » Beckett s'approcha du lit ou reposait Ford. « Aucune des blessures n'étaient fatales. Il a eu de la chance qu'aucun organe vital n'ait été atteint. Mais il a perdu pas mal de sang. Ses jours ne sont plus en danger, cependant je préfèrerais pouvoir le ramener sur Atlantis, ainsi d'ailleurs que certains des blessés les plus graves. »
John ne put réprimer un ricanement. Carson haussa les sourcils surpris pas sa réaction. «Carson, ces gens se fichent complètement de ce qui peut arriver à leurs compatriotes croyez moi. »
« Que voulez vous dire ? »
John allait lui donner son point de vue sur les amadriens quand des cris retentirent à l'extérieur. John leva les yeux au ciel. « Bon sang que se passe t-il maintenant ? » Carson et lui sortirent dehors.
Plusieurs cavaliers se trouvaient là. Iudicaela et deux autres leaders s'entretenaient avec le Commandeur Ivo. Devant les débris de la seconde tente, plusieurs hommes armés encadraient les hommes d'Atlantis. Ils étaient à genoux, les mains sur la tête. Stackhouse arborait un magnifique bleu juste au dessus de la tempe gauche et son œil était déjà à moitié fermé. Les autres semblaient en bon état, quoique manifestement furieux d'avoir été surpris si facilement par les amadriens.
John poussa un juron entre ses dents et saisit immédiatement son P-90. « Doc', retournez sous la tente. » Carson voulu objecter, mais le regard que lui jeta le Major l'en dissuada et il retourna avec les blessés, et sa propre équipe. Teyla avait rejoint Sheppard et arma, elle aussi, son P-90.
Le Commandeur et Iudicaela se tournèrent vers les deux atlantes. La leader prit la parole.
« Nous allons vous raccompagner, vous et les vôtres, à la porte des Etoiles. Vous ne pouvez pas rester ici. Votre présence n'est plus la bienvenue.» Iudicaela fit un signe aux gardes qui surveillaient l'équipe du Major. Deux d'entre eux relevèrent les soldats atlantes, leur enjoignant d'avancer. Les trois autres firent mine d'entrer dans la tente. John et Teyla réagirent immédiatement. Deux P-90 stoppèrent nette l'avancée des soldats amadriens.
« Repartir ? » S'exclama John « Mais ce sera avec le plus grand plaisir, croyez moi ! S'il ne tenait qu'à moi votre Honneur, je ne serais déjà plus sur votre charmante petite planète. Seulement voilà, un de mes hommes se trouve encore sous les décombres,» il désigna la grotte avec son arme, « donc aucun départ n'est possible pour le moment. Ceci dit, ça irait plus vite si vous nous donniez un coup de main pour le récupérer, hum ? Des volontaires ?» Iudicaela et le Commandeur l'observait silencieusement. « Non ? Je m'en doutais. Donc, si vous relâchiez mes hommes nous pourrions enfin nous mettre au travail. » Il fit de nouveau un geste en direction de la petite grotte.
Iudicaela s'approcha de lui, et il leva immédiatement son arme. Elle continua d'avancer et se trouva bientôt juste au niveau du canon (17), sa poitrine contre l'arme. « Vous ne semblez pas comprendre Major. Vous devez partir. Votre compagnon est mort et si vous restez, vous mourrez aussi.»
o0o
Rodney ouvrit les yeux sur un plafond blanc.
Il avait la tête lourde et bouger semblait hors de question pour le moment, alors il continua de fixer le plafond. Il se sentait vidé de toute énergie et était trop fatigué pour penser. Seul ses paupières semblaient lui obéir.
De longs tuyaux courraient sur le plafond et sur les murs de la pièce où il se trouvait. Chacun d'eux étaient recouverts d'arabesques. Il se surprit à penser aux pieds et aux mains des jeunes femmes kabyles. A l'occasion des cérémonies importantes de leur vie, elles passaient plusieurs heures à dessiner au henné des dessins compliqués sur leurs paumes, leurs poignets et leurs chevilles. Ces dessins l'avaient toujours fasciné. Il avait une fois eu la chance d'assister à la préparation de ces femmes pour un mariage. Il avait 10 ans et il s'en souvenait encore. Il avait regardé apparaître peu à peu les dessins – des fleurs imaginaires et de complexes arabesques – puis ils avaient pris vie, bougeant en même temps que le corps sur lequel ils se trouvaient.
« Vous allez mieux ? ». La voix, féminine et douce, le sortit de ses pensées. Il mit toute son énergie à tourner la tête vers elle. Une jeune fille aux longs cheveux châtains et aux yeux noisette lui souriait. Un écureuil. Elle ressemblait à un écureuil. Ses petites joues rebondies accentuaient la ressemblance. Il tenta de lui répondre, mais sa bouche était trop sèche.
« Attendez, je vais vous donner un peu d'eau ». La jeune fille prit le broc qui se trouvait sur la table de chevet, près du lit, et versa un peu d'eau dans un gobelet qu'elle lui tendit. Rodney se releva avec peine, prenant appui sur son coude, et essaya de saisir le gobelet, mais la force lui manqua, son coude se déroba et il failli tout renverser. Il poussa un petit soupir de désappointement. La jeune fille lui sourit, souleva sa tête, et porta le gobelet à ses lèvres. Il but tout le verre d'une traite. Il avait encore soif.
«'core, s'il v' plait ?»
Sa voix résonnait étrangement à ses oreilles, il ne la reconnaissait pas. On aurait dit un croassement. La jeune fille lui resservit un verre. Il le but goulûment. Il aurait pu boire le broc entier, en fait, il avait tellement soif qu'il était persuadé pouvoir en boire plusieurs d'affilée, avant d'étancher sa soif.
«Shhh. Voilà, c'est tout pour le moment. Vous ne voudriez pas vous rendre malade, n'est-ce pas ? » Elle reposa le gobelet sur la table de chevet. « Voulez vous que je vous installe un peu mieux ? » Rodney lui fit signe que oui de la tête. Il ne faisait pas confiance en sa voix, rauque et tremblotante. Elle l'aida à se mettre en position assise et le cala contre plusieurs oreillers après avoir relevé le dossier du lit. Elle vérifia ensuite les perfusions.
Rodney ne les avaient même pas remarquées. Un cathéter se trouvait inséré dans son poignet gauche. Son regard remonta le long de la perfusion et il découvrit, pratiquement cachés derrière le lit, sur le mur, deux poches rondes, remplies d'un liquide transparent. Des fils dépassaient de sa chemise et étaient reliés à ce qui semblait être un moniteur cardiaque. Le bip bip de la machine résonnait étrangement dans la pièce pratiquement vide. Une chambre d'isolation. Il devait se trouver dans une sorte de chambre d'isolation identique à celle qui se trouvait sur Terre dans le complexe de Cheyenne Mountain. Cette pièce ne ressemblait pas à une chambre d'hôpital ou à une infirmerie.
La jeune fille tenta de le rassurer. « Ne vous inquiétez pas. Il s'agit d'un soluté glucosé, d'un peu de sodium et de potassium (18). Un petit cocktail qui va vous remettre sur pied en un rien de temps. Vous avez eu un petit malaise hypoglycémique (19). Entre le stress et une légère déshydratation, je suppose qu'il fallait s'y attendre. Nous aurions du être plus vigilent. » Elle lui tapota gentiment l'épaule, et le laissa.
C'était un peu surprenant. Cette … gamine agissait comme s'ils étaient de vieilles connaissances, alors qu'il ignorait son nom et qui elle était. Un médecin ? Quel âge pouvait-elle avoir ? Son comportement lui rappelait celui de Carson. Doux, calme, rassurant. Il aurait voulu lui demander qui elle était et où il se trouvait, mais elle avait déjà disparu, le laissant seul. Il examina la pièce dans laquelle il se trouvait.
Elle était quasiment vide : le lit et les appareils qui l'entouraient, une petite table de chevet et deux chaises constituaient le seul mobilier. Les longs tuyaux ornementés courraient le long des parois. Les murs étaient blancs mais certaines portions semblaient être en verre poli. Les parois en verre étaient lumineuses comme sur Atlantis, à cette différence près qu'il n'y avait ici aucune couleur. Tout était blanc, à l'exception des lignes noires et bleues foncées dessinées sur les tuyaux. Certaines ornaient aussi les parois en verre, ainsi que les portes.
Des portes de Hobbits.
Rodney ne put s'empêcher de penser aux petits personnages inventés par JRR Tolkien. Il avait lu le Seigneur des anneaux quand il était gamin. Sa sœur raffolait de ce bouquin et il avait voulu savoir ce qu'il avait de si passionnant. Un après-midi, il avait lu les trois tomes d'une traite et avait trouvé l'histoire stupide. Des elfes, des magiciens, des dragons et des trolls : RI-DI-CU-LE. Comment pouvait-on rester des heures à lire et à relire un bouquin pareil (20) ? Et voilà qu'à des millions d'années lumière de chez lui, il se trouvait dans une pièce dont les portes rondes et larges lui rappelaient celles de Cul-de-Sac. Il émit un petit rire à cette dernière pensée.
« Ha, je vois que vous allez mieux Rodney. Nous allons pouvoir terminer tranquillement notre petite conversation.»
Rodney tourna lentement la tête vers la voix. Une voix qu'il avait appris à détester.
Damasus l'observait, ses lunettes sur la tête, l'air nonchalant, et son insupportable petite sourire aux lèvres. Il s'approcha du lit et examina Rodney de la tête aux pieds.
« Bien, vous avez l'air en pleine forme. Ottilia est un excellent médecin, même si la xénobiologie (21) est plus sa spécialité. Elle s'occupera de vous pendant votre séjour parmi nous. »
Le jeune homme s'installa près de Rodney, sur le lit, délaissant la chaise qui se trouvait contre le mur. « Vous allez nous aider à travailler sur votre technologie. Nous avons toute une salle pleine de ces petites merveilles prêtes à être analysées et utilisées. Votre venue est, comment dirais-je, inespérée. Nous pensions que les atlantes avaient tous disparu. » Il posa sa main sur la joue de Rodney et la caressa doucement, traçant les contours du visage. La main descendit ensuite le long de son cou pour s'arrêter juste au niveau de la clavicule. «Et vous voilà. Un scientifique atlante, en chair et en os. »
Rodney resta un moment immobile, la bouche ouverte, la respiration bloquée, paralysé par ce qui se passait, son cerveau incapable d'analyser les faits. Quand ce fut enfin le cas, il se redressa sur le lit, tel un diablotin sortant de sa boite, et d'un geste du bras écarta violemment la main « baladeuse ». La réaction de Rodney amusa beaucoup Damasus qui éclata de rire et retira sa main, mais resta assis près du scientifique. Trop près au goût de ce dernier. C'était bien sa chance : non seulement il était kidnappé, mais en plus il avait affaire à une espèce de pervers !
« Je ne crois pas que ce soit la bonne manière de me convaincre de vous apporter mon aide.» Il parla à voix basse mais contrôlée. Sa mâchoire était si serrée qu'il était sûr qu'il allait y perdre quelques dents.
Damasus ne semblait pas très impressionné.
Il ne devait surtout pas lui montrer qu'il avait peur. Rodney ne connaissait pas grand-chose aux techniques du type « que faire lorsque l'on est capturé par l'ennemi », mais il savait que la première des règles était de ne pas montrer ses faiblesses, ce qui pour le moment n'était pas très convaincant. Il s'était déjà évan-, il avait déjà perdu connaissance comme une héroïne de roman à l'eau de rose ! Sheppard aurait vite fait de se débarrasser de lui s'il l'apprenait. Il se retrouverait enfermé dans un labo à supporter les jérémiades de Kavanaugh et les tirades incompréhensibles de cet ingénieur hongrois ou tchèque - il ne se souvenait jamais très bien de quel pays il était originaire et encore moins de son nom. Seulement, la vérité c'était qu'il était terrifié. Dans quelques instants le moniteur cardiaque allait certainement exploser tant son cœur battait la chamade et c'en serait fini de sa belle tentative de démonstration de sang froid !
« Damasus ! J'ignorais que vous étiez ici. » L'écureuil – Ottilia – venait d'entrer dans la pièce. Damasus se leva pour l'accueillir. Rodney laissa échapper un petit soupir de soulagement. Sauvé par le gong !
Ils bavardèrent de tout et de rien, ignorant totalement l'autre occupant de la pièce. Rodney n'en revenait pas. Ou ces deux là le collaient - au sens littéral du terme - ou bien ils l'ignoraient totalement !
« Ottilia, vous avez fait des merveilles comme d'habitude, dans combien de temps pensez vous que le docteur McKay puisse réintégrer ses quartiers ? Il a, nous avons, beaucoup à faire.»
« Oh, bien sur. Et bien, il se porte beaucoup mieux. Rien ne s'oppose donc à ce qu'il quitte notre petite infirmerie improvisée dès demain. »
« IL se trouve juste sous votre nez et apprécierait beaucoup que vous lui parliez directement, merci. Après tout c'est de ma santé qu'il s'agit, non ?» Rodney se sentait beaucoup mieux. La certitude que ces gens avaient besoin de lui, lui avait rendu un peu de courage. Mais c'était surtout ce que Damasus avait dit à propos des « petites merveilles » de technologie ancienne qui lui rendait espoir : s'il pouvait les approcher – ce qui semblait de toute manière, être la raison de sa présence ici – il trouverait peut-être un moyen de se défendre, ou de rejoindre la porte des étoiles, ou encore de contacter son équipe, ou … quoique que ce soit pourvu qu'il puisse filer d'ici et retourner sur Atlantis.
Damasus arborait à nouveau ce petit sourire que Rodney commençait à trouver tout bonnement écoeurant. « Oui, il est clair que vous allez beaucoup mieux. Nohamus viendra vous chercher demain matin. Mais en attendant, » Damasus se rapprocha du lit et caressa le bras nu qui se trouvait au-dessus des couvertures. Rodney réagit aussitôt comme sous l'effet d'une brûlure. Il poussa un petit cri et retira immédiatement son bras. Son geste brusque fit dangereusement bouger les perfusions. Il jeta un regard noir à Damasus et croisa ses bras contre sa poitrine, le bip bip rapide du moniteur cardiaque démentant son air calme. «En attendant, » reprit Damasus, « vous devriez vous reposer. Ottilia et moi, allons vous laisser. »
« Si vous avez besoin de quoi que ce soit, surtout n'hésitez pas. Je ne serais pas très loin. Mon laboratoire de recherche est tout proche de cette salle. Il vous suffit d'actionner cette petite manette. » Ottilia lui désigna un petit levier près du lit. Elle souriait à pleines dents elle aussi.
Ils avaient tous les deux l'air de piranhas.
Rodney acquiesça de la tête, sans quitter Damasus du regard. Il poussa un long soupir de soulagement dès que ses deux hôtes furent sortis de la pièce.
Génial ! Non vraiment, que demander de plus : kidnappé, drogué, passé pour mort – il ne put s'empêcher de frissonner à cette dernière pensée – et harcelé … sexuellement. Du moins, ça y ressemblait. Il n'avait jamais eu à subir ça. Ca semblait tellement … surréaliste ! Il n'avait rien d'attractif, enfin, il n'était pas beau, genre top model, et puis il était un homme, ce genre de chose n'était pas censée arriver à un homme, non ? Damasus faisait juste ça pour lui faire peur. Et ça marchait. Le souvenir de la main s'insinuant sous sa chemise le rendit vaguement nauséeux.
Il essaya de s'installer le plus confortablement possible dans le petit lit, étendant ses jambes et se calant contre les oreillers. Le cathéter dans le creux de son poignet le grattait un peu, mais il n'avait vraiment aucune envie de rappeler Ottilia. Elle ne lui avait rien fait, mais elle le mettait vaguement mal à l'aise.
Comme disait le dicton : « à chaque jour suffit sa peine ». Pour le moment, tout allait – à peu près – bien : il était au chaud, il ne souffrait ni de faim ni de soif. Et surtout, il était seul.
C'est sur dernière pensée, curieusement rassurante, qu'il finit par s'endormir.
o0o
John avait peur. Et ce n'était pas parce qu'il était entouré d'hommes armés. Il avait peur de Iudicaela.
Elle se tenait droite et fière contre son arme. Son action lui rappelait celle de ce jeune étudiant chinois sur la place Tien An Nem, devant un char d'assaut. Elle ne pouvait pas savoir s'il tirerait ou pas, n'est-ce pas ? Elle le fixait droit dans les yeux, aucun signe de peur sur le visage. Okay, elle savait qu'il ne tirerait pas. Il baissa son arme. Les soldats en profitèrent pour entrer dans la tente. Le Commandeur Ivo le désarma. John entendit Carson tempêter contre cette « incursion militaire inadmissible ». Il se tourna vers Teyla et jeta un rapide coup d'œil à son équipe, encadrée d'une bonne douzaine de soldats.
« Vous n'avez rien à craindre, Major. » Iudicaela était toujours près de lui. En fait, elle avait à peine bougé.
« Bah voyons ! Dans quelques minutes, vous allez me dire de vous faire confiance.»
La Leader soupira. « Major. Vous ne semblez pas comprendre que nous faisons cela pour vous sauver la vie. »
« Nous sauver la vie, vraiment ! ALLER DONC DIRE CA A MCKAY ! » Il savait qu'il avait littéralement hurlé ce dernier commentaire. Il sentait la colère monter à nouveau.
Iudicaela soupira. «Major, seule la certitude de la mort du Docteur McKay peut encore vous sauver, vous et les vôtres. »
« QUOI ! Mais qu'est-ce que vous racontez ! »
«Major, que connaissez vous de notre civilisation ? » Elle n'attendit pas qu'il lui réponde et continua. « Rien. Vous ne savez rien de nous, et pourtant vous nous jugez sur ce que vous voyez. Nous avons survécu aux wraith, Major. Plusieurs fois. Nous sommes des survivants. Mais survivre exige des sacrifices. » Elle s'arrêta un moment avant de reprendre. «Les leaders ne sont pas tous d'accord sur la conduite à tenir avec les peuples étrangers. Nous n'avons aucun moyen de les empêcher de venir sur Amadriades, mais ils ne sont bien souvent que tolérés. La confiance se gagne Major, je suis sûre que vous n'êtes pas sans ignorer cela. Et je crains que dans votre cas, vous ayez perdu toute chance de devenir un jour nos alliés. »
« Ah oui, et comment avons-nous réussi cet exploit ! Parce que franchement, je ne vois pas ce que nous avons pu faire pour … »
« La superstition, Major. Tout simplement. »
« La superstition ? Désolé, mais je ne vous suis pas. »
« Il nous a fallu des mois, Damasus et moi, pour convaincre l'ensemble des leaders d'entreprendre des recherches dans cette grotte. Cette découverte n'a pas été perçue de la même manière par tout le monde. Certains, comme Damasus, y ont vu un moyen de retrouver ce que nous avions perdu, de retrouver un peu de notre passé glorieux, mais d'autres sont persuadés que si nous déterrons le passé, nous allons attirer le malheur sur ce qui reste de notre peuple. Certains d'entre nous pensent que les wraith sont une punition divine. Une plaie envoyée par les Dieux pour punir ceux qui, comme les anciens, ont voulu s'élever au même niveau qu'eux, ont cru pouvoir renverser l'ordre naturel des choses. » Iudicaela se tourna vers l'entrée de la grotte tournant le dos à Sheppard.
« Vous êtes arrivés quelques jours après le début des excavations. Vous nous annoncez que les wraith vont revenir et quelques heures à peine après votre arrivée une explosion détruit le site et tue onze personnes. Il n'en faut pas plus pour que nos détracteurs y voient un signe du destin. La mort du docteur McKay les arrange. Elle nous arrange tous en fait. Sa disparition venge en quelque sorte la mort des amadriens présents sur le site lors de l'accident, mais elle me permet aussi de vous sauver. Acceptez cette décision Major, comme je l'accepte moi-même. Le sacrifice d'un seul, pour le bien de tous.»
John avait la tête qui tournait. Tout allait trop vite.
Ils étaient sur cette fichue planète depuis moins de 12 heures et un de ses subordonnés était grièvement blessé et un l'autre porté disparu. Il était fatigué. Mais le pire c'est qu'il commençait à comprendre les amadriens. Il eu un petit ricanement qui surprit Iudicaela. Oui, il comprenait. Il avait commis une erreur. Il n'était pas aux Etats-Unis, non pas que son pays soit un exemple parfait de civilisation, mais la superstition religieuse n'y guidait plus les foules. Son arrogance, son manque de discernement avaient faillé coûté la vie à Ford. Il frissonna en pensant à Rodney.
Il s'écarta de Iudicaela et se dirigea vers la petite grotte. Immédiatement deux gardes s'interposèrent entre lui et l'entrée du site.
« Non, laissez le passer. » Iudicaela rappela les trois gardes. John resta debout devant l'éboulis qui obstruait l'entrée. Derrière lui, l'équipe de Beckett et Teyla, ainsi que les militaires envoyés par Weir attendaient.
Il mit un genou à terre et prit une poignée de terre et de gravas dans sa main. Il serra ensuite le poing et se releva.
Il allait prendre la décision la plus difficile de sa carrière militaire.
Tournant le dos aux amadriens et aux terriens. Il aboya « Sergent Eliakim ! »
« Oui, monsieur. » Le sergent toujours encadré par les gardes du Commandeur Ivo se mit immédiatement au garde à vous. Le ton de la voix du Major imposait le respect.
« Nous rentrons. Prenez la tête avec Stackhouse. » Il relâcha la terre qu'il tenait dans les mains, l'éparpillant au sol, son geste rappelant étrangement aux terriens qui l'observaient, celui de quelqu'un mettant en terre un proche.
« Major ! Nous ne pouvons pas … comment pouvez-vous … bon sang ! Et Rodney ! » Le docteur Beckett n'en revenait pas. Il ne pouvait pas croire ce qui se passait.
« Docteur ». la voix était dure, sans inflexion. « Vous avez un patient à prendre en charge. Organisez son transport au mieux. » Les yeux du major lorsqu'ils se retournèrent vers Carson étaient froids et calmes. Les yeux d'un soldat.
Avant que la colère du docteur contre le Major n'explose, Teyla l'entraîna sous la tente.
Carson était furieux et déçu. Il n'aurait jamais cru que le Major abandonnerait aussi facilement. « Teyla, nous devons faire quelque chose ! C'est, c'est tout simplement inadmissible, nous ne pouvons pas rester comme ça les bras ballants alors que … »
Elle lui coupa la parole. « Docteur, je sais que vous avez du mal à comprendre la décision du Major mais, » elle stoppa un instant comme perdu dans ses souvenirs, « j'ai moi-même eu plus d'une fois à prendre ce type de décision. »
« Ce type de décision ! Vous voulez dire laissez tomber un des vôtres ! Je ne vous crois pas une minute. »
« Non, pas la décision de laisser tomber un des miens, mais celle de sauver les miens. Parfois docteur, il n'y a pas d'autres choix possibles. » Elle le fixa un moment, espérant qu'il comprenne le dilemme que devait vivre le Major. Elle n'avait quant à elle aucun mal à imaginer la souffrance qu'il devait endurer.
TBC
(17) Ouais, bon je ne sais pas si un P-90 ça a techniquement un « canon ».
(18) Je rappelle que je suis juriste et pas médecin. Je mets tous ça un peu au pif.
(19) Le glucose est la principale substance énergétique susceptible de faire défaut au cerveau. Une carence en glucose (hypoglycémie) entraîne des perturbations et un fonctionnement anormal de cet organe. L'hypoglycémie est du à un effort physique trop important ou à la réduction des apports alimentaires. Le stress n'est pas répertorié comme un facteur d'hypoglycémie, mais associé au manque de sommeil et d'apport nutritif, je suppose qu'il peut être considéré comme tel (sachant que je ne suis pas médecin, ceci n'est bien sur qu'une simple supposition). Parmi les principaux symptômes on note de l'anxiété, des céphalées (maux de tête), une difficulté de concentration, des troubles du comportement (irritabilité par exemple). Ceci peut expliquer le comportement irrationnel de Rodney qui – le pauvre – se croit mort ! (Pour en savoir plus : www(point)vulgaris(tiret)medical(point)com)).
(20) Contrairement à McKay, je suis une grande fan de Tolkien !
(21) Xénobiologie : petite invention bien sur. Disons que la belle Ottilia étudie principalement la physiologie et la biologie extraterrestres.
