Titre : Pour toi je vivrai

Chapitre 5

Yomi entra silencieusement dans la chambre, et sentit deux pupilles dorées se tourner vers lui.

« Tu es réveillé... » Il s'assit au bord du lit

« Hum »

« Tu te sens mieux ? »

« Mis à part le fait que j'ai mal partout, oui, ca peut aller. »

« Que faisais-tu dans les bois en pleine nuit ? »

« Je me promenais, pourquoi ? »

« Où est Kuronue ? »

« Je ne sais pas. Dans sa chambre, je suppose. »

« Non, il n'est plus dans les tours. »

« Alors il est sorti. »

« Bon. Alors reprenons ; tu as vu quelque chose d'étrange pendant ta 'promenade' ? »

« Un crétin voulait me tuer, c'est tout. »

« Qui ? »

« Arani. »

« Pourquoi ? »

« Ca l'ennuyait que je traîne avec Kuronue. »

« ... Amusant. »

« Ravi que tu le prennes bien, mais gardien ou pas, la prochaine fois que je lui tombe dessus, il est mort. »

« Je ne parlais pas de cela, mais du fait qu'il veuille te tuer pour avoir Kuro. »

« Qu'est-ce que cela a de drôle ? »

« J'aurais pu très bien m'entendre avec lui. »

« Pourquoi ? »

« Kurama... Pour quelles raisons crois-tu qu'après la mort de Kuronue, j'ai accepté de devenir ton chien ? »

« Tu ... Parce que tu étais moins fort... »

Un rire sinistre emplit la pièce.

« Moins fort ? En effet, mais la différence entre nous n'était pas assez grande pour qu'elle exige un tel sacrifice. Non, en fait... »

Yomi approcha son visage de celui du youko et souleva son menton du doigt, « J'étais prêt à n'importe quoi pour t'avoir ; et j'ai consciencieusement détruit tout ce qui était en travers de ma route. »

« Tout ? »

« C'est ça, tout. En commençant par celui qui t'avait. »

« Tu... Tu as tué... »

« Bravo ! Vous avez trouvé ! ... Ca t'étonne tellement ? Tu me dragues pendant cent cinquante ans, et après je te découvre en train de te faire joyeusement sauter par Kuronue ! »

« Que... Comment sais-tu ca ? »

« Le soir où il a fait de nous ses coéquipiers ; j'étais allé dormir mais je t'ai entendu crier. Quand je suis arrivé, tu étais à poil, l'attirant au-dessus de toi. Si hésitant à le déshabiller, attentif à tous ses gestes ; on aurait dit que tu l'adorais et le craignais à la fois... »

Flashback

Le youko, allongé sur le sol, caressait doucement les bras de son amant. Comme celui-ci ne bougeait pas, il s'intéressa à son gilet qu'il déboutonna tranquillement, surveillant les réactions du démon, veillant à ne pas faire la moindre erreur, puis l'enleva lentement, passant ses longs doigts fins sur l'armature des ailes ; et sentit Kuronue frémir au-dessus de lui. Kurama s'attaqua au pantalon de son amant, le baissa sensuellement, révélant la partie de son corps qu'il rêvait de connaître depuis un siècle, et fut satisfait. Il serra plus fort la taille du démon entre ses jambes et commença de bouger le bassin, excitant son partenaire. Il ferma les yeux et sentit une bouche parcourir son cou, mordant, léchant, et enfin capturer ses lèvres dans un baiser profond. Kuronue mordilla les lèvres du renard puis attira sa langue dans sa bouche, la suçant avec passion. Quand il le relâcha enfin et qu'ils purent reprendre leur souffle, les hanches du démon bougeaient au même rythme que lui. Kurama pencha brutalement la tête en arrière, « Hmmm... Kurooo... » Leur respiration s'accélérait.

Kuronue observa un instant son amant : son visage en sueur semblait auréolé de lumière argentée. Les petits cris plaintifs du renard se firent plus pressants ; il sentit le sexe de son amant durcir contre son anus, et grogna. Ses gémissements résonnèrent dans tout le temple quand le membre pénétra en lui. Il martyrisait le dos du démon ailé, y laissant de longues griffures rouges ; tandis que son visage était assailli de baisers. Kuronue bougeait doucement en lui, lui faisant voir des étoiles à chaque fois qu'il touchait ce point précis ; la pression entre eux s'accentuait, Kurama enserra le cou du démon au point de l'étrangler et cria dans le noir quand son amant explosa en lui. Haletants, ils restèrent un long moment dans les bras l'un de l'autre, savourant l'odeur qui se dégageait de leur corps encore chauds de leur amour, et s'endormirent. A son réveil, le youko découvrit avec étonnement qu'ils étaient enveloppés d'un grand drap blanc noué au niveau de leur taille par une fine cordelette rouge. Il dut faire un mouvement malencontreux car Kuronue remua et ouvrit les yeux.

« Hum... Bonjour, koi. » Dit-il en l'embrassant

« Bonjour... Dis... » Kurama effleura le drap du doigt

« Oh... » Le démon ailé se tourna vers l'autel « Je vous suis profondément reconnaissant. »

Pour toute réponse, une lumière bleutée inonda un instant le temple et le ruban se resserra, les écrasant l'un contre l'autre.

« Ne vous inquiétez pas. » Murmura Kuronue, « Je ne changerai pas. » Puis il prit le youko au creux de ses bras « Il est tôt, dors encore un peu. »

« Si cela te rassure, je suis parti avant la fin, vous me dégoûtiez trop, » termina Yomi

« Yomi, je... »

Le démon ne lui laissa pas le temps de finir, et se leva « Je ne sais pas lequel de vous deux je haïssais le plus. » Et il sortit.

Kurama soupira, fixant la porte et se rallongea, plongé dans ses souvenirs. Il est vrai qu'il n'avait pas été très juste avec Yomi, de le séduire tout en aimant Kuronue ; mais le démon aurait du vouloir le tuer lui, et non son amant.

o-

Au matin, Shura se dirigea le bras bandé vers la salle de réunion et découvrit son père, Yoda et les trois commandants autour d'un plan virtuel du Makai.

« Papa, j'ai senti des forces étranges autour du royaume. Que se passe-t-il ? »

« C'est pourtant évident. » Grogna un général, « C'est la guerre. »

« Hein ? Mais contre qui ? »

« Mukuro. »

Shura resta sur place, la bouche ouverte, et finit par comprendre. « Quoi ? »

« Shura, ne crie pas. »

« Mais Papa, pourquoi ? »

Yomi se tourna vers son fils et le scanna rapidement. « Que t'arrive-t-il ? »

Il ne fallut pas une seconde à Shura pour comprendre que se révolter ne ferait pas longtemps son affaire.

« ... Rien, cela m'étonnait car vous me sembliez hier encore en bons termes. »

« Shura ! Elle a essayé de te tuer ! » Yomi fit un signe aux commandants qui sortirent rapidement.

« Papa... Je ne suis pas sûr... Si j'ai été blessé, c'est uniquement pour m'être jeté devant elle au moment de l'explosion. Je pense que c'est à elle qu'on en voulait, et non à moi. »

« ... Tu le crois vraiment ? »

« Papa... Mukuro n'aurait jamais fait cela... »

« Bien. Je vais aller la voir directement. »

« Non ! Enfin... il vaudrait peut-être mieux que j'y aille seul ; cela créerait moins de doutes et éviterait... que... les tensions des frontières augmentent et... et que Mukuro le prenne comme une invasion ! » Termina-t-il, fier de ses idées.

Yomi haussa les sourcils et eut un sourire imperceptible à la vitesse des battements de cœur de son fils. « Tu iras. »

« Merci Père. »

o-

Cinq jours plus tard, Yomi tournait en rond dans sa chambre : Yusuké et Kuwabara étaient repartis dans le Ningenkai, Arani et Kuronue avaient disparus, Kurama restait cloîtré et Shura n'était pas revenu. Furieux, il traversa les couloirs et entra brutalement dans la salle de réunion où discutaient tranquillement les généraux.

« Les nouvelles ? »

Le premier capitaine enleva rapidement ses pieds de la table et se mit au garde à vous.

« Il n'y a rien, seigneur. Nos soldats ont fouillé tout le royaume sans résultat. »

« Alors continuez ! Trouvez-le ! »

« Mais seigneur... »

« Faites votre travail ! » Et il claqua la porte.

Il sortit des tours, tentant vainement de se calmer, et décida de se débrouiller seul ; il n'avait jamais pu compter efficacement sur quelqu'un d'autre que soi-même, et cela ne semblait pas près de changer. Remontant au sommet de la tour, il ouvrit le mur vers la volière et choisit le plus grand des houkans, des oiseaux aux ailes immenses. Leur forte résistance aux temps variables du Makai faisait qu'ils étaient très utilisés pour porter les messages importants. Sur un bout de parchemin, il inscrivit quelques mots et lança le volatil, qui lui revint une heure plus tard, porteur de la réponse. Manquant de déchirer le papier dans sa hâte, il le déplia.

'Si tu veux absolument savoir, je n'ai pas enlevé Shura, quoique cela me tente. Je ne l'ai pas revu depuis que tu m'as fait éjecter du royaume ; mais si tu ne le retrouves pas, prépare tes armées. Viens à la frontière Est à la tombée de la nuit.'

Yomi releva avec amusement l'utilisation des mots 'enlever' et 'tenter' et pensa un bref instant qu'il devrait avoir une petite discussion avec son fils dès qu'il l'aurait retrouvé.

Comme prévu, le lord se rendit à la frontière au coucher du soleil et découvrit une Mukuro fumante en train de se défouler sur les brins d'herbe ; les dépeçant en autant de morceaux que cela lui était possible.

« Tu saccages mon territoire... »

« T'ai rien demandé. Vous avez retrouvé Shura ? »

« Non, il devait aller négocier avec toi. »

« Mais il n'est jamais arrivé... »

« Il s'est fait attaquer... J'étais pourtant le seul à savoir qu'il... Yoda ! »

Yomi repartit rapidement vers les tours, suivi de près par Mukuro. « Yoda ? »

« Il savait que Shura devait te rejoindre ! Ce traître va crever ! »

« Depuis le temps qu'il est à ton service, tu ne t'en étais pas rendu compte ? »

« Il ne doit en vouloir qu'à Shura : il est doué et lui prend sa place. »

« Ca se comprend. »

Yomi détruisit pratiquement la porte et attrapa Yoda au cou. « Mais... seigneur, que vous arrive-t-il ? »

« Où est Shura ? »

« Mais je... je n'en sais rien, il est part... »

« Chez Mukuro, je sais ; mais il n'est pas arrivé. Où. Est. Shura ? »

« Je... je n'en sais rien, je vous le jure. »

« Tu étais le seul à savoir où il partait, alors répond ! »

« C'est... c'est vrai que nous avion prévu de l'attaquer, mais ce n'est pas moi qui ai... »

« Qu'est-il arrivé à Shura ? »

« Ils devaient l'attaquer sur le chemin mais ils ne l'ont pas vu, je vous le jure, ce n'est pas moi, ce sont les... ARGHH... »

Le démon avait détruit la carotide et le craquement sonore résonnait encore dans la pièce de verre tandis que le corps sans vie glissait lentement au sol.

« Il n'a pas pu manigancer cela seul, mais j'ai quelques idées sur l'identité de ses acolytes. »

Revenant sur le seuil de la porte, il interpella un soldat, ordonnant l'arrêt des chefs d'armée ; mais leurs recherches furent vaines : ils avaient disparu. Revenus à leur point de départ, les deux lords s'étaient assis à table, ne sachant plus quoi faire. Si Shura avait été enlevé, ils auraient déjà du être mis en liaison avec les ravisseurs, or ce n'était pas le cas ; que lui était-il donc arrivé ?

Gagnée par le désespoir, Mukuro abattit sa tête entre ses paumes et ferma les yeux. Ce n'est que vaguement qu'elle entendit la porte laisser entrer un visiteur, mais avec intérêt qu'elle regarda brièvement Yomi en sentant deux mains se poser tendrement sur ses épaules, avant de se tourner, surprise, vers celui qu'elle n'espérait plus. Un sourire heureux se dessinait sur ses lèvres et sa partie robotique disparaissait derrière son bonheur quand Shura inclina la tête.

« Je vous salue, Madame » puis il regarda son Père « Bonjour Papa. »

« Je me doutais que tu n'étais pas en grand danger, mais à ce que tu nous joues des tours... »

« Ce n'était pas une blague, et je regrette de vous avoir causé toutes ces émotions ; mais me faire 'disparaître' est le seul moyen que nous avons trouvé de vous faire éviter cette guerre. »

Yomi et Mukuro lui jetèrent un regard interrogateur, « Nous ? »

« Oui, nous. »

Une autre personne venait d'entrer, sur qui se jeta le lord

« C'est toi qui donne des idées tordues à mon fils ! »

« Tordue ? MON idée est tordue ? Je te rappelle que c'est TOI qui as déclaré la guerre ! »

« Elle est annulée, tu n'es pas au courant ! »

« Si ! Et grâce à qui ? »

« A Shura ! »

« A moi, pauv' type ! Et ferme-la, tu les déranges ! »

Devant le visage étonné de Yomi, Kuronue pointa le doigt vers le couple derrière eux. Effaré, le lord découvrit son fils serrant dans ses bras la reine du royaume voisin, mais fut bâillonné et emmené avant de pouvoir s'exprimer. Traîné dans sa chambre, poussé sur le lit par le démon à l'apparence humaine, il ne comprit ce qui lui arrivait qu'en se retrouvant sous les draps, la tête de Kuronue posée sur son ventre, l'empêchant de bouger.

« Kuro... »

« Hum ? »

« Tu le savais ? »

« Je m'en doutais depuis un moment. »

Yomi fit tourner une des mèches noires du démon entre ses doigts, caressant son dos de l'autre.

« Tu restes pour la nuit ? »

« Si tu ne bouges pas trop... »

« Je serai plus immobile qu'un mort. »

o-

Le lendemain matin, la porte de la chambre s'ouvrit, laissant passer une forme argentée qui se dirigea à grands pas vers le lit.

« Yomi, as-tu des nouvelles de... Kuro ! »

Une tête émergea paresseusement des draps, « Kurama ? »

Le youko tira brusquement son amant sur le parquet et poussa un soupir de soulagement en découvrant les deux compagnons de lit encore vêtus, puis serra Kuronue dans ses bras.

« Imbécile ! Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu étais revenu ? »

« Je n'allais pas te réveiller, tu dormais comme un bébé. »

« Hum... »

Terminant de se réveiller, l'humain se tourna vers la fenêtre.

« Mince, il fait déjà jour. Il faut que j'y aille. »

« Où ca ? » Demanda Kurama, suspicieux.

« Au temple, je dois vérifier quelque chose. »

« Je vais avec toi. »

« Non, ce n'est pas prudent. J'ai été le gardien assez longtemps, les ombres me reconnaîtront. Au contraire, elles risquent de te tuer... Va plutôt rendre visite à Hiei, il doit s'ennuyer. Et je suis sûr qu'il te manque... »

« Pas du tout ! »

« Mais si... »

« Je te dis que non, et je veux aller avec toi ! »

Kuronue prit le visage du youko entre ses mains. « Ecoute... Va voir Hiei, il faut que tu lui parles, tu veux bien ? Pour me rendre service... »

« Bon... C'est d'accord. »

« Bien. Yomi, il faudra que je te parle en revenant. » Et il s'évapora.

Et quand tous furent partis, seul un être restant encore sur le lit, assis d'une manière à l'apparence paisible... 'Kurama... Qu'avais-tu besoin de venir juste à ce moment-là ? ...'

Fin du chapitre