Aie. Franchement, j'aurais mieux fait de rester couchée aujourd'hui…

Marie était réapparue dans une forêt, elle s'était brutalement effondrée dans un buisson d'épines. La jeune fille se releva et dépoussiéra son manteau. Elle regarda tout autour d'elle. La forêt était vraiment sauvage et très profonde. Tout à coup, elle sursauta. Quelque chose vibrait dans son sac. Elle mit la main à l'intérieur et sortit un téléphone portable.

Allo ?

Marie, c'est Alex. Tu es bien arrivée ?

Oui, en tout cas, ça y ressemble. Tu peux me dire où je suis exactement ?

Tu es à dix kilomètres au nord du mur d'Hadrien.

Je suis en territoire picte alors…

Oui, exactement. Tu es même dans leur forêt

Et quelle année ?

458 après J.C ma chère !

oula, ça s'annonce mal…

Fais attention à toi, ils sont dangereux. Leur chef, c'est soit-disant…

Merlin.

Tu sais toujours tout, c'est agaçant ! bon, je te rappelle plus tard. Cache tous les objets de notre époque dans ton sac. Courage !

La communication s'interrompit. La jeune fille souffla et remit le portable dans son sac. Elle sentit alors quelque chose bouger derrière elle. Elle se retourna brusquement et fit qu'un jeune homme tout maquillé de bleu la tenait en joue avec son arc. Un picte de la tribu de Merlin. Il prononça une phrase dans un langage que Marie ne comprit pas tout de suite.

Mince, j'ai séché par mal de cours sur le langage Guène…

Mais elle n'était pas surdouée pour rien. Et avoir dévoré les 254 tomes d'Alfred Remond sur « les langues et les systèmes d'écritures de toute l'Histoire, de la création à nos jours » lui suffisait amplement.

Vous pouvez répéter s'il vous plaît ? Demanda-t-elle dans la langue des Pictes

Le guerrier sembla surpris que cette jeune fille étrange comprenne sa langue

Je t'ai demandé de me suivre. Je vais t'emmener à Merlin. Et ne me désobéi pas sinon je te transperce !

Et pourquoi voulez-vous m'emmener ?

Je t'ai vue…

Marie était interloquée.

Tu parlais dans un chose… qui émettait des sons. Tu es une sorcière !

La jeune fille se sentit coupable d'être restée en plein milieu de la forêt avec son portable. Elle ne se laissa pas intimider.

Et votre chef alors ? C'est pas un sorcier ?

Ne te compare pas à Merlin. Toi, tu es maléfique. Allez suis moi !

Marie n'avait pas d'autres choix. Les pictes étaient reconnus pour leur talent d'archer et elle n'aurait pas le temps de dégainer son épée qu'elle serait morte. Elle suivit l'homme dans les bois, silencieuse, se disant que ça commençait déjà très mal…

Mais qui est-elle ?

Tu as vu ses cheveux blonds ? Elle vient d'où ?

Elle est belle maman…

Tais-toi, c'est une sorcière, elle est maléfique.

Marie comprenait tout ce que les pictes du camp disaient sur elle en passant. Elle était assise, attachée solidement, près d'un feu. Elle était surveillée par deux gardes, son homme était parti voir Merlin. Le plus embêtant, c'est qu'elle lui avait pris son sac et donc tous ses moyens de communication avec 2128. La jeune fille commençait à avoir faim, son ventre gargouillait. Après ce qui lui parut une heure, l'homme qui l'avait capturée revint.

Merlin veut te parler. Seul à seule. Allez lèves-toi !

Il la bouscula et la força à se lever. Ils se rendirent dans un immense tente de toile. Un feu brûlait à l'intérieur. Un homme âgé mais en pleine forme était assis près d'une table basse. Marie sut tout de suite que c'était Merlin. L'homme qui l'accompagnait se retira. Les deux restants se regardèrent profondément pendant un moment. Chacun attendant que l'autre baisse les yeux, mais la jeune fille soutint le regard du chef des Pictes. Il prit soudain la parole

Bienvenue chez nous. Assies-toi et mange. Tu dois avoir faim

Marie s'installa en face de Merlin, et prit le bout de pain posé sur la table et commença à le manger avidement. Le chef picte semblait amusé. Il posa le sac en cuir de la jeune fille juste devant elle. Celle-ce le reprit et le serra contre elle, comme s'il s'agissait d'un trésor.

Je crois que ça t'appartient….

Oui, en effet. Répondit sèchement Marie

Comment sais-tu parler notre langue ?

Les gens cultivés, ça existe.

Cette réplique fit rire Merlin aux éclats. Marie était un peu décontenancée.

Vous, la Police du temps. Vous êtes d'une discrétion ! M'étonne pas que vous vous fassiez chopés !

Marie sursauta. Il connaissait la Police du temps. Cet homme était vraiment un magicien.

Comment connaissez-vous notre existence ?

J'ai déjà eu affaire à vous avant…. Un certain Vann Mac.Orlan est venu pour une affaire de complot contre je ne sais plus qui du clan des guènes…

Mon oncle ! c'était mon oncle !

Ton oncle ? Comme c'est étrange… Vous êtes tous policiers dans la famille ? Surtout que tu m'as l'air bien jeune.

J'ai 17 ans monsieur. Et l'homme à qui vous avez eu affaire est mort, assassiné par ceux que nous traquons. Répondit Marie

Merlin ferma les yeux, reprit son calme et murmura d'une voix très douce :

J'ai beaucoup de peine à l'entendre. C'était quelqu'un de très bien qui était devenu mon ami. Il m'avait d'ailleurs laissé ceci en gage d'amitié.

Le sorcier chercha quelque chose dans un pan de sa tunique puis le donna à Marie. C'était un pendentif celtique, d'une très grand beauté, attaché à une chaîne d'argent. Elle le reconnut tout de suite

C'était le pendentif que je lui avait offert en cadeau avant qu'il ne vienne ici en mission… Je l'avait choisit ainsi pour qu'il puisse le porter à cette époque. Quand il est revenu sans, j'avais été très vexée. Il m'avait dit qu'il l'avait donné à un ami.

Et cet ami c'est moi… Crois-tu au destin jeune fille ?

Oui, tout à fait. C'est pour cela que je combats les Hazards.

C'est aussi pour te venger. Comment t'appelles-tu ?

Marie Mac.Orlan

Alors qu'est-ce qui t'amène ici à notre époque ? Lui demanda le chef picte

Des Hazards se sont alliés aux Saxons, leur but est de permettre l'invasion saxonne pour changer le cours du temps. Je dois les débusquer….. et les tuer….

Merlin semblait contrarié qu'on ai pu laissé une telle mission à une enfant. Il la regarda profondément puis finit par lui dire :

Les saxons se cachent. De plus, il sera difficile de les approcher. S'ils te voient arriver, ils te violeront avant de te tuer…

Mais je dois les trouver. S'il vous plaît ! si vous savez où ils se trouvent actuellement dites le moi.

Marie avait le tour de la table et suppliait le chef picte à genoux devant lui.

Je veux bien t'aider. Mais tu dois suivre mes instructions.

Tout ce que vous voudrez. Je n'ai que très peu d'aide de mon époque.

Voilà ce que tu vas faire…

Merlin ramassa l'épée de Marie qu'il avait gardée et la lui rendit..

C'est un très bonne épée. Prends en soin

Une bonne épée n'est rien si son propriétaire n'est pas un combattant émérite.

Le sorcier se remit à rire

On dirait un chevalier de la table ronde. Artorius serait fier de t'avoir dans ses rangs…. Si tu étais un garçon…

Je vaux aussi bien qu'un mec

Un mec ? Un nouveau mot je présume. Fais attention à ton langage ici.

Merlin regarda le feu puis de nouveau la jeune fille qui s'était assise tout près de lui.

Voilà ce que tu vas faire…. Ma fille, Guenièvre, a été enlevée par des romains qui la traite en esclave. Vas voir ces romains et sauve ma fille. Je sais qu'Artorius et ses chevaliers sont en route pour leur demeure. Vous vous rencontrerez sûrement. En les attendant, essaye de sauver ma fille, je t'en pris. Artorius est le seul qui peut te mener aux Saxons.

Marie réfléchit pendant un certains temps. Après tout…. Elle n'avait pas d'autres solutions et puis rencontrer Arthur et ses chevaliers seraient peut être gratifiant.

C'est entendu. J'irais là-bas et sauverais Guenièvre. Pourriez-vous me montrer le chemin Merlin. Répondit Marie en ce levant et en rangeant son épée dans son fourreau.

Attendons demain… Pour l'instant, repose-toi

La jeune fille se coucha sur un lit de fortune installé dans la tente du chef des Pictes. Elle pensa à sa mission. Il fallait qu'elle aille délivrer Guenièvre? Ce n'était vraiment pas dans ses plans mais après tout... Et si elle rencontrais Arthur, peut être que celui-ci lui rendrai la tâche plus facile. Elle regarda son téléphone portable, espèrant un appel d'Alex ou du commissaire. Mais rien...

Elle ferma les yeux et se laissa doucement bercer par les chants druidiques de Merlin qui se tenait dehors près du feu de camp. Elle s'endormit en serrant très fort son épée contre elle et en se disant qu'elle aurait du choisir " langue celtique sacrée" en option à l'école du temps au lieu de prendre " langues et civilisations asiatiques" qui ne lui serait d'aucune aide ici...