Les personnages de cette histoire appartiennent à leurs auteurs respectifs. Je ne prétends aucunement les exploiter dans un quelconque but lucratif.






Le seigneur des anneaux contre les Slayers



Chapitre 2 : L'auberge du Poney fringant. Quoi ?! Elle a à moitié vidé le garde-mangé.



Lorsque Xellos et les hobbit arrivèrent à Bree, il furent accueillis par une porte fermée. En effet, l'entrée Est était verrouillé pour la nuit ; ce qui n'était pas étonnant compte tenu de ce qui se passait ces derniers temps dans la région. Le mazoku huma l'effluve psychique et sourit de satisfaction. Bien que sa nature, de par son lien avec le Beastmaster, le pousse plutôt vers les immensités sauvages, il aimait les villes. C'était pour lui comme un grand restaurant où toutes sortes de plats et de délicatesses l'attendaient. Les mazokus, étant des démons se nourrissant des émotions négatives des hommes et des autres êtres de la création, faisaient ripaille dans les villes car toutes concentrations urbaines, plus ou moins grandes, finissaient inexorablement par générer des frictions au sein de la population. Malgré la répugnante bonne humeur et l'esprit de concorde, il pouvait sentir les germes de la suspicion et de la discorde, ainsi qu'une vieille haine presque oubliée entre les hommes et les hobbits.

" Il faudra vraiment que je refasse un saut ici, si j'en ai l'occasion, se dit-il. Il y a vraiment de quoi déclencher une belle bagarre. Qui sait ? Cà réveillerait peut-être ces paresseux hobbits de la Comté. "

Le mazoku s'y voyait déjà, le sang, le carnage, la haine et l'agression. Une bonne petite guerre était toujours amusante et un repas de choix car elle était également l'expression de la haine dans sa forme la plus pure.

" Mais qu'est-ce qui me prend ? Se demanda Xavier. On dirait que je me laisse un peu trop emporté par ce rôle. Faisons ce qu'il y a à faire et rien d'autre. "

L'arrivé de leur petit groupe fut remarqué par le garde assis à la porte de la loge de l'autre côté. Il se leva vivement pour aller chercher une lanterne et il les regarda par-dessus la porte avec surprise.

" Que voulez-vous et d'où venez-vous ? Demanda-t-il d'un ton bourru.

- Nous nous rendons dans l'est et nous souhaitons passer la nuit à l'auberge, répondit Frodon.

- Des hobbits ? Quatre hobbits voyageant avec un homme ? Et de la Comté qui plus est d'après leur accent, dit le gardien à mi-voix. "

Il les examina sombrement pendant un moment ; puis il ouvrit la porte et les laissa entrer.

- Ce n'est pas souvent que l'on voit des gens de la Comté voyager la nuit sur les routes et avec un homme par-dessus le marché, poursuit-il, tandis qu'il s'arrêtait un instant près de sa porte. Vous m'excuserez de vous demander ce qui vous amène à Bree ! Quel est votre nom, si vous me permettez de le demander ?

- Nos noms et nos affaires ne regardent que nous, et ceci ne paraît pas le meilleur endroit pour en discuter, dit Frodon qui n'aimait pas plus l'aspect de l'homme que le son de sa voix.

- Frodon-san ! Intervint Xellos. Vous n'allez tout de même pas faire un esclandre parce que cet homme fait son travail. Où avez-vous appris ces manières ? Vous tenez tant que çà à nous faire jeter dehors ?

Le hobbit ouvrit la bouche mais se tut se rendant compte que le prêtre avait raison.

- Nous sommes des hobbits du pays de Bouc, et il nous plait de voyager et de nous arrêter à l'auberge d'ici, intervint Merry. Je suis M.Brandebouc. Cela vous suffit-il ? Les gens de Bree étaient autrefois courtois envers les voyageurs, à ce que j'ai entendu dire en tout cas.

- Quant à moi, fit le prêtre, je me nomme Xellos. Je suis un humble prêtre errant qui a choisi d'accompagner ce groupe par commodité. Je suis ici pour rejoindre des amis qui doivent être arrivé plus tôt.

- Bon ! Bon ! Je ne voulais offenser personne. Vous vous apercevrez peut-être que d'autre que le vieux Harry de la porte vous poseront des questions. Il y a de drôles de gens par ici. Si vous allez au poney, vous verrez que vous n'êtes pas les seuls hôtes.

Le garde leur souhaita le bonsoir et ils ne dirent plus rien. Tandis qu'ils se dirigeaient vers le poney, le mazoku pouvait sentir le regard suspicieux du gardien qui les étudiait. Cela n'avait rien d'étonnant, c'était après tout son travail de s'assurer qu'il ne laissait pas entrer des fauteurs de troubles.

- Il est bon de voir que la conscience professionnelle n'est pas morte ; n'est-ce pas Frodon-san ?

Le hobbit, ayant décidé que le meilleur moyen de traiter le problème Xellos était de l'ignorer, le foudroya du regard et ne lui répondit pas.

- Pourquoi ce garde était si suspicieux ? Demanda Pippin exprimant la question qui brûlait les lèvres de tout le monde.

- C'est son travail, répondit Xellos, les habitants ne veulent pas de problèmes avec les étrangers. Il s'assurait que nous n'étions pas des fauteurs de troubles. Ce qui est normal avec ce qui se passe dans le sud.

- Qu'est-ce qu'il y a de si terrible dans le sud, demanda Sam, pour que les gens d'ici soient si soupçonneux.

- La guerre, tout simplement. Les gens du sud se sont enfuis vers le nord pour y être en sécurité. Et bien souvent, les réfugiés désargentés se font bandit de grand chemin. Il a fort à parier que ceux qui vous ont poursuivi étaient des soldats déserteurs venant du sud.

Les hobbits ne répondirent pas, voulant éviter de trop en dire au prêtre en qui ils avaient une confiance bien relative. Il traversèrent le village avec, dans le cas des hobbits, les yeux vissés vers le haut. C'était la première fois que nos ressortissants de la Comté étaient confrontés au monde des hommes, à leur architecture, et à l'agencement de leur ville. En somme, c'était la réaction classique du campagnard qui monte à la ville. Le mazoku absorba négligemment leur confusion et leur anxiété sans grand enthousiasme.

Lorsqu'ils arrivèrent à l'auberge, une bâtisse de trois étages avec de grande fenêtre sur toute la façade, ces hobbits rustiques furent intimidés comme s'il s'agissait d'un palais impérial. Quant à Sam, le plus nerveux du lot s'imaginait, pour le plus grand plaisir du mangeur d'émotion, toutes sortes de créatures sinistres dont les cavaliers noirs qui allaient surgir des ombres pour les emmener. Le prêtre gagea que le jardinier de M.Soucolline, allait très mal dormir cette nuit et prendre bien la peine de regarder sous son lit.

- On ne va sûrement pas passer la nuit ici, n'est-ce pas monsieur ? S'il y a des hobbits par ici, pourquoi ne pas en chercher qui voudrait bien nous recevoir ? Ce serait bien plus confortable.

- Que reproches-tu à l'auberge ? Demanda Frodon. Tom Bombadil nous l'a recommandé. Je pense que ce sera assez confortable à l'intérieur.

- Il a simplement peur Frodon-san, commenta Xellos, et il reproche à cette auberge qu'elle ne soit pas bâtie de la même manière que vos Trous de Hobbit.

- En quoi cela vous regarde ? Rétorqua aigrement Sam.

- Je faisais simplement remarquer que si une auberge accueillante dans l'une des premières étapes de votre périple vous rebute à ce point parce qu'elle ne ressemble pas à ce que vous avez chez vous, comment allez vous réagir quand vous serez confronté à de véritables difficultés. C'est à se demander ce que vous faites ici et non pas entrain de dormir confortablement dans votre lit.

- Je suis venu avec M.Frodon qui est...

- Sam ! L'interrompit Frodon sèchement. N'ennuie pas M.Métalium avec ces détails.

- Laissez ! Laissez ! Frodon-san. Ecouter les petites misères des autres est après tout le rôle d'un prêtre.

- Entrons plutôt dans l'auberge, suggéra Merry, il est tard et nous avons faim.

- Oui, approuva Pippin, un bon repas et un lit douillet. Voilà ce qui nous faut. "

Ils menèrent leurs poneys sous les voûtes et, les laissant dehors dans la cours, gravirent les marches du perron. Frodon qui ouvrait la marche, faillit se cogner dans homme gros et court à tête chauve et figure rouge. Il portait un tablier blanc et s'activait d'une porte à une autre portant un plateau chargé de pots remplis à raz bord.

" Pouvons-nous... commença à dire Frodon.

- Une minute s'il vous plait ! Cria-t-il par-dessus son épaule, et il disparût dans un brouhaha de voix et un nuage de fumé. Il ressortit un moment plus tard en s'essuyant les mains dans son tablier.

- Bonsoir petit messieurs ! Dit-il en se courbant en avant.

- Et à vous aussi Messire, ajouta-t-il en s'inclinant devant Xellos. Qu'y a-t-il pour votre service ?

- Nous voudrions des lits pour quatre et le logement pour cinq poneys, si c'est possible.

- Quatre ? Mais quant est-il de votre compagnon humain ?

- Ce monsieur ne fait pas parti de notre groupe. C'est un malheureux hasard qui nous a fait suivre le même chemin.

- Votre manque de gratitude et affligeant Frodon-san, dit Xellos d'un ton faussement peiné.

- Bonsoir maître Poiredebeurré, reprit-il aimablement, son sourire dérangeant aux lèvres. Deux de mes amis sont descendus dans votre hôtellerie, je crois. Une rouquine habillée en rouge, mesurant à peu près une tête et demi de plus qu'un hobbit, plutôt fine et délicate de silhouette. Elle s'appelle Lina Inverse et est accompagnée d'un homme grand, blond et pas très malin qui répond au nom de Gourry Gabriev.

Les yeux du bonhomme s'écarquillèrent d'étonnement et se fixèrent sur prêtre, cherchant dans sa physionomie un indice quelconque qui pourrait révéler une nature extraordinaire, voir surnaturel, chez ce personnage.

- Mlle Inverse est effectivement descendue dans mon établissement. Par contre, elle est accompagnée par quelqu'un d'autre que ce monsieur Gabriev. Un grand seigneur, d'après ses manières et sa prestance. Il s'appelle Milgazia Lawrazia.

Instinctivement, à l'entente de ce nom, le mazoku se raidit et lança ses sondes mentales frénétiquement, cherchant avec ardeur ce qu'il avait manqué en passant la porte de la cité. La présence de ce raseur de dragon avec moins de sens de l'humour qu'un rat mort n'aurait jamais dû lui échapper. Finalement, le prêtre-général sentit l'infime écho d'une présence draconienne, encore plus faible que celle d'un nouveau-né à peine sorti de sa coquille. De toute évidence, le seigneur dragon cachait son aura de manière très efficace, se rendant presque astralement invisible. Pourquoi ce gros lézard dissimulait-il sa présence de cette manière ? Le démon se promit de tirer cela au clair.

- Ils sont actuellement dans la salle commune en train de prendre leur dîner, reprit l'aubergiste. Comment une jeune dame aussi petite et frêle peut-elle manger autant sans devenir aussi grosse qu'une barrique ? Mon pauvre garde-mangé a été totalement vidé par un premier assaut au déjeuné.

- C'est du Lina tout craché, fit Xellos amusé. Avez-vous une chambre disponible pour moi ?

Le gros hôtelier réfléchit un instant, les sourcils froncés, se frottant le menton.

- Malheureusement, un groupe est venu par le chemin vert hier soir et ce soir c'était une troupe de nains allant vers l'ouest, je ne crois pas avoir de place pour vous. Par contre, vos amis hobbits ont de la chance. Il me reste une ou deux chambres pour eux.

- Ce n'est pas grave, répondit le mazoku souriant. Je suppose que mes amis qui sont déjà arrivé ne verront pas d'inconvénient à partager leurs chambres avec moi. Je vais donc aller maintenant les saluer.

- Mes amis, reprit-il en se tournant vers les hobbits, je vais maintenant vous quitter et vous laisser au bon soin de monsieur Poiredebeurré.

- Adieu Xellos, fit Frodon un peu pincé, cachant fort mal sa joie de ne plus avoir à fréquenter M.Métallium.

Les trois autres ressortissant de la comté lui firent leurs adieux poliment mais sans regret particulier, heureux que cette séparation réduise enfin la tension dans leur petite troupe. Tandis que l'aubergiste fit de son mieux pour satisfaire ces petits clients, le mazoku toujours souriant alla à la salle commune pour y retrouver ses compatriotes. Bondée, enfumée, les rires éthyliques, les histoires, les chansons et la musique fusant de toute part, ce fut sur cette salle que le démon jeta un regard circulaire.

Ses yeux se posèrent sur une table près de la fenêtre, assiégée par une armée d'assiettes et de plateaux vides qu'un serveur s'affairait à rapporter en cuisine. Lina Inverse, telle qu'elle était à la fin de Slayer Next portant ses habits écarlates, une cape noire, de longues épaulières noires et anguleuses, chacune ornée d'une énorme pierre précieuse ainsi que les talismans Demon-Blood à ses poignées, sa ceinture et à la gorge, se frottait l'estomac avec un sourire satisfait et rassasié. Milgazia, le seigneur dragon du mont Katart, ne portait pas sa défroque habituelle mais des vêtements un peu plus adaptés à un long voyage. Seule sa cape blanche, maintenue par une grosse broche en joyau, avait survécu à ce changement de garde-robe. Il portait des bottes de voyage noires, impeccablement cirées et d'une admirable facture, un pantalon couleur Terre de France retenu par une ceinture de cuir avec une boucle en or finement travaillée et une chemise de toile blanche avec un col mao boutonné jusqu'en haut. Le dragon doré sous sa forme humaine, de haute stature, des cheveux blond mi-long, un visage d'une beauté virile avec un menton fort, des yeux d'or métallique avec une pupille ovale, sirotait avec grâce et indolence une pinte de bière et discutait avec Lina de chose et d'autre.

Xellos se fraya un passage dans la foule pour se rendre à la table de ses compatriotes. Le dragon, sous sa forme humaine, s'interrompit en pleine conversation et fixa brusquement son regard sur le mazoku. Lina l'imita quelques instant après et vit Xellos venir à eux.

" Hé ! Xellos ! Fit-elle en lui faisant signe. "

Le mazoku atteignit enfin la table et sourit à ses amis car il s'agissait bien de ses amis tout autant transformés que lui.

" Lina-san ! Milgazia-san ! Quelle joie de vous retrouver ! "

" Alors Céline, demanda-t-il en japonais, cela fait combien de temps que tu es avec Mic en terre du milieu ? "

Lina ou plutôt Céline arborant le corps de Lina Inverse, écarquilla les yeux et reconnu immédiatement la personne derrière le masque de Xellos.

" Xavier ? Demanda-t-elle. "

" Bingo ! Tu as vraiment fait très fort cette fois. A cause de ton vœu on se retrouve dans un monde arriéré et primitif au bord de la guerre. "

" Hé ! Deux seconde espèce de prêtre à la noix, s'emporta-t-elle. Comment aurais-je pu envisager une seconde que cela allait arriver ? D'habitude, les gâteaux horoscopes ne te racontent que des idioties du genre : vous allez faire une rencontre intéressante ou les présages vous sont favorables. "

" Faire des reproches à Céline de cette manière n'est pas très productif, fit Milgazia en fixant de manière neutre le démon. "

Milgazia, incarné par Michel, était l'un des rares survivants de la guerre de la Chute du Démon qui avait opposé les mazokus et les dragons qui servaient le Seiiryu-ou. Xellos avait à lui tout seul massacré ce clan qui comptait pourtant des milliers de dragon, n'épargnant qu'une poignée par jeu.

Mic ne laisserait pas la peur et la rancœur qu'il témoignait au boucher responsable du massacre de la race de Milgazia, ruiner son amitié avec l'homme qui arborait le masque de ce mazoku.

" Depuis combien de temps es-tu là, demanda-t-il au mazoku ? "

" Oh ! A peine une journée. Je suis tombé sur les hobbits pendant leur petite randonnée sur les Hauts des Galgals. Et je dois dire que ma rencontre avec eux a été fort instructive Lina. "

" Qu'est-ce que tu me racontes ? Demanda-t-elle avec une trace d'étonnement. "

" Seulement que j'avais raison et toi tort. La magie existe ici et elle est aussi particulièrement puissante. "

" Tu crois que je t'ai attendu pour le voir, tempêta-t-elle. "

Le regard de la sorcière se fit dure et le démon reçu un puissant effluve de rage mal contrôlée teintée d'un arrière goût de terreur. Quelque chose s'était passé et avait profondément choqué Lina. Le prêtre démoniaque eut un instant d'appréhension. Lina Inverse s'était battu contre les dieux eu-même et avait gagné. La source de cette peur devait être encore plus terrible que Ruby Eye-sama ou Dark Star.

" Si je comprends bien, fit le démon toujours souriant, il vous est arrivé des misères ? C'est vraiment dommage que je n'aie pas pu être là. "

" Tu trouves peut-être que croiser le regard du Grand œil est une expérience agréable, rétorqua-t-elle avec fureur. "

Milgazia posa la main sur l'épaule de la jeune femme, et la retint doucement.

" Nous emporter de la sorte ne fera pas avancer nos affaires, fit-il doucement mais fermement. Nous devons considérer la situation avec calme et sagesse. Nous sommes apparemment coincés en Terre du milieu pour un certain temps et les autres le sont aussi. Notre priorité est de les retrouver rapidement, puis de chercher un moyen pour quitter cet endroit. "

" Qu'est-ce que vous pouvez être raseur Milgazia-san, nota Xellos joyeusement. Pourquoi ne pas en profiter pour s'amuser un peu ? Nous sommes puissants, nos avons la force, le pouvoir et la connaissance de ce qui va se passer. Nous pouvons faire ce qui nous plait. "

Lina foudroya du regard Xellos, montrant clairement ce qu'elle pensait de cette idée. Céline, après une confrontation un peu trop intime avec Sauron, n'aimait pas du tout l'idée de faire joujou avec le gros œil purulent du Mordor. D'un autre côté, connaissant sa chance, il y avait fort à parier qu'elle se retrouve impliquée. Sauron connaissait son existence ainsi que celle de Milgazia. Rester à l'écart ne serait peut-être pas possible.

" Je suis pas très enthousiaste pour me jeter dans une guerre contre un seigneur ténébreux, dit-elle gravement. Mais on risque d'être impliqués. D'une part à cause de mon vœu. Jusqu'à présent, nous nous sommes tous retrouvés confrontés plus ou moins rapidement aux personnages principaux du bouquin. Il n'y a pas de raison que ce ne soit pas le cas pour les autres. "

" De plus, ajouta-t-elle un peu plus tendue, Sauron sait. "

" Tu peux répéter çà, demanda Xellos en ouvrant un œil étonné. "

" Il vaut mieux que je te raconte ce qui nous est arrivé, fit Milgazia d'un ton calme. "

" Mais je suis tout oreille Milgazia-san, dit le démon enthousiaste devant la perspective d'une bonne histoire avec Lina Inverse, l'enfant terrible du chaos et de la destruction, comme co-vedette. "

" Bien, fit le seigneur Dragon, Après que le tourbillon nous eûmes emporté, nous fûmes transportés dans une clairière quelque part dans le nord, inconscients sur un tapis de feuille et d'herbe. Lorsque nous reprîmes connaissance, nous nous retrouvâmes fort mari d'être en la présence d'un personnage de fiction et d'en incarner un soi-même. "

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La geste de Lina et Milgazia.

Céline reprenait conscience doucement, ses cheveux roux tombant devant ses yeux abondement. Le corps aussi douloureux qu'après avoir été passé dans un hachoir à viande, elle s'assit sur le tapis forestier, rabattit ses longs cheveux en bataille dans son dos et massa ses tempes douloureuses.

" DICLEARY, dit-elle sans même y avoir réfléchi. "

Une douce chaleur apaisante envahit ses paumes et passa dans son corps meurtri, balayant la douleur comme les vagues de l'océan pacifique qui polissaient les côtes acérées des îles tropicales. Lorsque ce sortilège prit fin, elle se retrouva rafraîchie et en plaine forme mais tout de même perplexe.

" De la magie ! Fit-elle mi-émerveillée, mi-confuse. "

Elle n'était pas censée pouvoir faire cela, la magie n'existait pas vraiment et même si c'était le cas, elle n'avait jamais appris un quelconque sortilège ou enchantement. Pourtant, les souvenirs de sa scolarité dans ce domaine, lui revenaient très clairement en particulier l'humiliante cérémonie de remise de la robe de magicien.

" Lina la Rose, gonda-t-elle au souvenir du doyen du collège de magie de Zeiphelia. Ce sale vieux pervers pédophiles. "

Sous prétexte qu'elle était peu développée pour son âge et qu'elle ressemblait à une petite fille, ce vieux bouc s'était dit que le rose était une couleur qui lui irait bien. Elle aurait dû l'atomiser avec un Dragon Slave au lieu de s'écraser et de faire bonne figure. Elle interrompit ce train de pensée totalement abracadabrant, elle ne s'appelait pas Lina et ni ses mensurations, ni son développement physique n'était particulièrement honteux.

Maintenant que son mal de crâne était parti, sa vision s'éclaircissait, révélant une stupéfiante occurrence. Elle se releva d'un bond et s'examina sous toutes les coutures.

" Putain de... ! S'exclama-t-elle en notant la drastique réduction de sa poitrine, de sa taille et de sa masse musculaire. Tout son corps semblait être celui d'une jeune fille à peine rentrée dans puberté. Mais ce fut les vêtements qui habillaient ce corps qui lui assénèrent le plus grand choc. "

Un pantalon écarlate, un pourpoint rouge avec une ligne blanche dissimulant les boutonnières et une pierre ovale et rouge sur son col mao dissimulant sa gorge. Une lourde cape noire retenu par des épaulières noires, chacune serti d'un énorme joyau rouge tombait un peu plus haut que ses chevilles, a mi-mollets. Elle toucha son front et y trouva un bandeau qu'elle enleva et examina. C'était un fin ruban noir avec un enchantement protégeant de toute manipulation mentale. Elle le remit à sa place et vit à chacun de ses poignets une amulette en argent arborant une énorme pierre rouge sang, circulaire et polie. La sorcière arborait les même amulettes à sa ceinture et à sa gorge. Il n'y avait aucun doute possible malgré la totale invraisemblance de la situation.

Ce fut un grognement de douleur qui l'arracha à son introspection. Céline se retourna vers son origine et vit un homme étendu par terre qu'elle reconnut immédiatement. Il n'y avait pas de doute. Grand, des cheveux blonds qui lui tombaient sur les épaules, des sourcils broussailleux, un menton fort et un visage d'une saisissante beauté virile, large d'épaule et musclé, habillé de robes sacerdotales d'une blancheur immaculée brodée de fil doré et d'une longue cape attachée par une broche en joyau, il s'agissait de Milgazia, le seigneur dragon du mont Katart.

Céline se précipita auprès de lui et l'aida à se redresser. Le dragon ouvrit ses yeux d'or métallique et plissa les paupières sous l'assaut de la lumière.

" Milgazia ? Demanda-t-elle d'un ton inquiet. Est-ce que çà va ? "

" Lina Inverse, fit-il incertain en clignant des yeux. Confirmant par-là même les suspicions de Céline. "

" Combien de doigts tu comptes, dit-elle en tendant trois doigts. "

" Douze je crois, répondit-il. "

" Et bien, renchérit la sorcière, tu es encore plus sonné que je l'étais. Reste immobile et laisse toi faire. "

Lina Inverse posa la paume de sa main sur le visage du dragon qui ferma les yeux et se détendit.

" DICLEARY, dit-elle. Emplissant Milgazia d'une onde curative. "

Elle retira sa main et le dragon rouvrit les yeux, son visage apaisé de la douleur qui le déformait quelques seconde plutôt. Il fronça les sourcils et étudia Lina avec intensité et incrédulité.

" Hé Milgazia ! Fit-elle en fronçant les sourcils à son tour. Pourquoi tu me regardes comme çà ? J'ai quelque chose sur le bout du nez. "

La sorcière lit sur le visage du dragon doré, une intense confusion. Ce pourrait-il qu'il s'agisse non pas de Milgazia mais de l'un de ses amis dans la même situation.

" Tu te souviens de ton nom, demanda-t-elle. "

" Bien sûr ! Je me nomme Michel Guelrant. Pourquoi m'appelez-vous Milgazia ? "

" Et bien Mic, dit-elle. Lève ton cul du sol et examine-toi un instant. Tu me diras ce que tu en penses après. "

Le seigneur dragon se mit sur ses pieds et jeta un rapide coup d'œil sur ses mains. La stupéfaction puis l'anxiété se lit sur son visage. Il passa alors ses mains sur son torse drapé de blanc, sentant les muscles puissant et bien formés tels qu'il n'en avait jamais possédé, puis sur son visage lui révélant des traits inhabituels, notamment ses longs sourcils broussailleux qui lui touchaient presque les tempes. Il toucha même du bout de ses doigts gantés de blanc les petits crocs saillant qui avaient remplacé ses canines humaines. Le choc se dissipa de ses traits, laissant place à l'expression calme, sereine et pleine de dignité qui occupait habituellement le visage de Milgazia Lawrazia. Le dragon, qui dominait en taille la sorcière de presque trois têtes, posa ses yeux dorés et inquisiteur sur elle, cherchant un quelconque signe pouvant expliquer cette remarquable occurrence.

" Céline ! Demanda-t-il doucement, presque timidement pour confirmer les soupçons concernant l'identité de la rouquine. "

" Ouais ! Répondit-elle avec un petit sourire sur les lèvres. En chair et en os même si présentement ce ne sont pas les miens. T'as une idée de ce qui s'est passé ? "

Milgazia croisa les bras et considéra un instant la situation en fixant la cime des arbres.

" Prend garde à ce que tu souhaites, fit-il d'un ton pensif et absorbé. "

" Oh! S'il te plait, répondit-elle avec irritation. Ne ressort pas les clichés. "

" C'est pourtant l'expression la plus appropriée à notre situation. Bien entendu, il reste toujours la possibilité de ce soit un rêve. "

" Nan ! C'était trop douloureux pour être un rêve. Bigre ! Mais d'où il sortait ce gâteau horoscope ? Ces trucs ne sont pas sensés nous zapper dans des corps de personnages fictifs et de nous donner leur mémoire et leurs connaissances. Quand je vais tomber sur ce chinois, je vais lui raser sa boutique et je vais lui atomiser les fesses à grand coup de Dragon Slave ! "

" Je constate que nous avons non seulement irrité de leurs souvenirs et de leurs connaissances mais aussi de leurs émotions et de leurs penchants. "

" Quoi ! Gronda-t-elle. Qu'est-ce que tu veux dire par-là ! "

" Inutile de s'énerver, fit-il d'un ton ferme et diplomate. Je constate simplement que tu réagis plus violemment que d'habitude. D'ailleurs, j'ai également noté deux ou trois singularités dans mon comportement. "

La colère de Lina retomba comme elle était montée. Céline avait toujours eu une forte personnalité et un tempérament volcanique mais pas au niveau de celui de Lina Inverse.

" Une idée d'où on est ? Fit-elle pour passer outre l'incident. Cà ne ressemble pas à Bordeaux en tout cas. "

" Je dirai que nous avons atterri en terre du milieu. "

" Et qu'est qui te fait dire çà Einstein ? Demanda-t-elle crispée. "

" La formulation de ton vœu. Tu voulais montrer aux magiciens de pacotille de la terre du milieu ce dont Lina et sa bande sont capables. Toi et moi sommes maintenant des personnages de Slayers. Il est logique de penser que nous sommes en terre milieu. "

La sorcière se renfrogna et passa la main dans ses longs cheveux avec exaspération. Elle considérait toutes les éventualités de cette situation quand une idée lui vint.

" Mil, commença-t-elle. Si nous avons atterri en Terre du Milieu, il se pourrait que les autres aussi s'y trouvent. Peut-être sous l'apparence d'un des Slayers. "

" C'est effectivement dans l'ordre du possible, répondit-il. Il est primordial de vite les retrouver, en particulier Xavier. "

" Et pourquoi çà ? "

" Lina ! Le personnage favori de Xavier, c'est Xellos Métallium, dit-il en crachant presque du venin lorsqu'il prononça ce nom. Il est le plus puissant mazoku après les généraux de Shabranigdou, et sûrement le plus malin et le plus retord du lot. Tiens-tu vraiment à le laisser libre de ses actes ? Qui sait quel genre de machination il tramera dans l'ombre pour son simple amusement ? "

" Michel, répondit-elle. Reprend-toi un peu ! Tu te comportes comme si Xavier était le véritable Xellos. N'oublie pas qu'il est ton ami et non pas ton ennemi héréditaire ! "

Michel fit de son mieux pour repousser la terreur que Xellos inspirait à Milgazia. Des flashs terrifiants qui remontaient au Kouma senso défilaient devant ses yeux. Ses parents, ses frères et ses sœurs, ses ami proche et même les vagues connaissance à peine entrevues au cours d'une fête, d'un festival ou en cours, tous avaient été balayés d'un seul revers de la main par Xellos. Il s'était retrouvé, blessé au bras, le seul survivant de sa famille et l'aîné de son clan alors qu'il venait à peine de sortir de l'adolescence. Le sourire amusé et jovial du mazoku responsable de cette boucherie était resté à jamais gravé dans sa mémoire et le hantait chaque nuit depuis plus de mille ans, redoutant qu'il ne revienne achevé sa besogne.

" Je...fit-il en un souffle. Je crois que je perds les pédales. Pendant un moment, j'ai été complètement Milgazia; et Michel s'est dilué, comme un doigt de whisky dans dix litres d'eau. Plus de quinze siècles d'expérience et d'habitude, c'est beaucoup trop face à une simple trentaine d'année. "

" Secoue-toi un peu Mic ! S'exclama Lina. Ce n'est pas le moment de faire une crise d'identité. On est déjà assez dans la panade sans en prime tergiverser sur des conflits intérieurs mineurs. "

La sorcière sourit malicieusement au seigneur dragon, avec une lueur espiègle dans le regard.

" On a maintenant des pouvoirs, ajouta-t-elle. On pourrait rire un peu. "

Lina s'avança vers Milgazia et lui asséna une claque sur le torse.

" LEVITATION, cria-t-elle en s'envolant, perçant la frondaison des arbres en riant comme une enfant. "

" CHAT ! Lança-t-elle d'au-delà la cime des arbres. C'est toi qui t'y colles. "

Le dragon doré resta bouche bée un instant, puis il sourit et fit appelle à son pouvoir. La magie en lui répondit et l'envahit comme un raz de marée, brisant les lois de la gravitation, le propulsant comme une flèche dans les airs, perçant le feuillage et cassant les branches. Sa trajectoire l'amena à porté de la sorcière qui exécuta une pirouette, l'esquivant gracieusement avec un rire musical.

" Raté Mil, fit-elle entre deux gloussements. Qu'est-ce que tu as mangé ce matin ? Tu es aussi lourd qu'un éléphant. "

" Ne chantez pas trop vite victoire Lina-san, répondit-il. Les dragons ont pour domaine le ciel et y règnent sans partage. "

Milgazia tenta une seconde fois de l'attraper mais la magicienne rousse l'évita une fois de plus par une acrobatie digne des meilleurs pilotes.

" Tu es sûr d'être un dragon, reprit-elle. A te voir bouger, on dirait plutôt une tortue. "

" Le sage sait reconnaître quand il est battu, dit-il d'un ton docte plein de dignité. Mais... "

Le Dragon se volatilisa en un bref flash doré et réapparut juste derrière Lina qu'il ceintura de ses bras puissants.

" ... Il n'abandonne jamais avant d'avoir abattu ses dernières cartes. "

Lina Inverse se mit à se débattre comme une anguille, lançant des cris stridents qui aurait pu percer n'importe quel tympan mais le seigneur dragon ne lâcha pas prise et rit doucement devant l'abondance lexicale avec laquelle la sorcière l'insultait, lui et sa famille remontant jusqu'à la genèse.

" Vous avez perdu Lina-san, dit-il lorsque la magicienne se trouva à cours d'insulte. Reconnaissez-le et je vous relâcherai. "

" Ok ! Ok ! Lâche-moi maintenant. "

" Mais avec plaisir. "

Le dragon libéra la jeune fille qui s'éloigna un peu.

" BOMB DI WIND, cria-t-elle en se retournant contre Milgazia, créant une sphère de vent concentré qui le percuta violemment. "

Le dragon qui ne s'attendait pas à cette attaque fut pris de court et catapulté vers la forêt à la vitesse de l'éclair. Il brisa plusieurs arbres en les heurtant, créant de ce fait une nouvelle clairière. Milgazia se releva indemne, mais ses vêtements étaient maintenant sales et en lambeaux. Lina atterrit au près de lui riant à gorge déployée devant sa mésaventure.

" Qu'est-ce que tu disais Mil, demanda-t-elle avec un sourire coquin aux lèvres ? Je t'avais mal entendu tout à l'heure. "

Le dragon, épousseta ses vêtements ruinés, essayant de sauver le peu de dignité qui lui restait après ce crash.

" Parfois, répondit-il doctement, il vaut mieux retourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire des choses que l'on pourrait regretter. "

" Je n'aurais pas pu dire mieux moi-même, fit-elle en gloussant. "

Milgazia ferma les yeux et se mit à briller d'une lumière dorée, invoquant sa magie une fois de plus mais la canalisant dans une toute autre tâche. Les déchirures et les accrocs des ses habits se refermèrent à vu d'œil et les saletés et les autres souillures s'effacèrent, rendant au dragon son apparence antérieure à sa rencontre violente avec le sol.

" Grâce soit rendu à Ceipheeid, reprit-il, pour les sorts de couture et de blanchisserie. "

" Ouais! Dit Lina. C'est drôlement utile comme truc. Tu aurais quelque chose pour changer cette défroque ? "

Milgazia fronça les sourcils et croisa les bras d'un air un peu peiné.

" Quel est le problème avec mes vêtements ? Ils sont tout à fait appropriés. "

" Pour aller au temple ou à un bal à la court mais pas pour voyager et se battre contre les trolls, les orques ou les autres horreurs qui traînent dans les environs. "

" Gandalf porte le même genre de frusque. "

" Il porte quelque chose de simple et même d'un peu défraîchi. Tes vêtements sont bien trop somptueux. Si ce ne sont pas les orques, ce seront les bandits et les autres coupe-jarret qui s'en prendront à toi. "

" Bien, fit-il. Je me range à ton avis. Aurais-tu des suggestions concernant ma garde-robe. "

La sorcière jeta un regard appréciateur sur le seigneur Dragon et l'examinant sous toutes les coutures.

" Premièrement, dit-elle en levant son indexe, il te faut un pantalon. Tu seras plus libre de tes mouvements et il ne risquera pas de te prendre les pieds dedans si tu dois détaler. Puis une chemise, pas trop voyante, sans broderie ou dentelle. Et enfin, une paire de botte solide et confortable. "

Milgazia ferma les yeux et prononça quelques mots en un langage obscur et mystérieux. Ses vêtements se mirent à briller et se transformèrent en un instant en l'ensemble souhaité. Lina cligna les yeux, devant cette transformation. Le dragon ne semblait plus sortir d'une audience avec un roi mais était toujours habillé des pieds à la tête en blanc. La seule touche de couleur était la boucle de ceinture en or finement ouvragé.

" Non ! Non et Non ! S'exclama Lina. Mais regarde-toi ! Tu te prends pour le chevalier blanc ou quoi ? ! Je te préviens si tu te mets à chanter : " on m'appelle le chevalier blanc. " Je te grille les fesses avec FIREBALL. "

" Explique-moi ce qui ne va pas, je te prie. "

" Ok Michel ! Fit-elle en se passant la main dans les cheveux avec irritation. Oublie deux secondes les goûts vestimentaires de Milgazia et dit moi ce que tu penserais d'un loquedu qui porte des bottes blanches. "

Le dragon ouvrit la bouche mais ne dit mot, se rendant compte l'inadéquation des couleurs qu'il arborait. Il rougit un peu et à l'aide d'un sortilège rapide, changea les coloris de ses vêtements. Les bottes devinrent noires, impeccablement cirées, son pantalon s'assombrit et vira au beige. Seul sa chemise à col montant boutonnée jusqu'en haut et sa cape restèrent inchangé.

" J'espère satisfaire maintenant à tous tes critères Céline. "

" Ouais ! Répondit-elle en souriant. C'est bien mieux. Par contre, une épée à ta ceinture serait un plus intéressant. C'est fou le nombre d'abrutis qui sont dissuadés de faire quelque chose d'idiot quand ils voient une arme à portée de main. "

" Je crains que créer une épée ne soit au-delà de mes capacités, fit-il. Et je n'ai pas d'arme dans ma poche magique. Ce ne m'a jamais été utile pour des raisons évidentes. "

" Au prochain village on t'en achètera une et on en profitera pour goûter aux spécialités locales. Je commence sérieusement à avoir les crocs. "

" Le problème, nota Milgazia, c'est que nous n'avons aucune idée d'où non nous trouvons et que nous ne savons pas non plus où aller. "

" Tu n'as qu'à faire une reconnaissance aérienne. Un gros animal comme toi peux nous trouver un village en un tour de main. "

" Ce serait avec plaisir mais, compte tenu de la réputation exécrable de mon espèce dans cette contrée, je ne crois pas qu'un dragon moitié moins gros que Godzilla soit bien accueilli. "

Lina hocha la tête se rappelant à quel point la forme draconienne de Milgazia était impressionnante. Il était facilement le plus gros dragon qu'elle n'ait jamais vu y compris en prenant compte ceux de la race Ancienne. Un dragon comme Filia qui n'était pas plus gros qu'un petit avion aurait pu passer inaperçu mais un dragon de la taille d'un Boeing 747 comme lui attirerait bien trop l'attention. De plus, les dragons de la terre du milieu avaient été créés par Morgoth et étaient donc des fauves cruels, rusés et sanguinaires. Bien différents des bons dragons créés par Ceipheeid comme Milgazia.

" Génial ! Fit-elle en se renfrognant. Il ne nous reste plus que le camping. Tu as quelque chose dans tes poches que je pourrai me mettre sous la dent ? "

" Malheureusement, répondit Milgazia d'un ton désolé, je ne transporte aucune provision. A mon âge, je n'ai besoin que du soleil ou des forces de la nature pour me nourrir. "

" Et bien ! S'exclama-t-elle, moi j'ai besoin de quelque chose de bien plus consistant. Tu vas te remuer les fesses et me rapporter quelque chose à béqueter. De nous deux c'est toi le prédateur absolu. "

" Je me le demande, chuchota-t-il un peu ennuyé d'être mené à la baguette comme çà. "

La rouquine se retourna et le fixa dangereusement, défiant le dragon d'ajouter quelque chose de désobligeant à son encontre. Milgazia, en parti à cause de sa bonne éducation et grâce à un instinct de survie acéré, hocha la tête et fit d'un ton diplomate :

" Je ne garantis pas mon succès. Cela fait bien longtemps que j'ai cessé de chasser pour me nourrir. "

" C'est comme le vélo, dit-elle, çà te reviendra d'ici peu. Quant à moi, je vais à la recherche d'un point d'eau. Pendant notre petit jeu là haut, j'ai vu une rivière pas loin. Allez ! Allez ! Bouge ! "

Le Dragon hocha la tête et s'exécuta, plongeant dans la forêt comme un félin.

" LEVITATION, fit-elle une fois seule. "

La sorcière décolla du sol une fois de plus et traversa la cime des arbres. Flottant au-dessus de la forêt, elle scruta au loin, repéra la rivière qu'elle recherchait et se mit en route. Il ne lui fallut pas longtemps pour y arriver. L'eau semblait cristalline et cavalcadait dans le lit de la rivière paisiblement, laissant voir parfois un poisson. La sorcière retira ses gants, forma une vasque avec ses mains pour puiser cette eau et la but.

Lina resta assise sur son rochet un petit instant, s'accordant un temps de réflexion, faisant de son mieux pour chasser l'anxiété qui la gagnait peu à peu. La Terre du Milieu n'était pas quoique d'une beauté à vous couper le souffle, toujours l'endroit le plus sûr. Cela ne posait pas vraiment de problèmes à la partie de sa personne qui venait de Lina Inverse, elle vivait dans un monde après tout très similaire. Mais pour Céline, c'était une toute autre paire de manche. La formulation de son vœu lui revenait sans cesse en mémoire et une bien sinistre suspicion concernant le quand la mettait de plus en plus mal alaise.

Elle soupira, remit ses gants et se mit à préparer le campement en attendant que Milgazia revienne de la chasse. Cela fut fait prestement, elle rassembla du bois mort et sec et prépara le feu et sortit de sa poche magique les différents instruments de camping. Une couverture, une théière, une casserole et des couverts emballés dans une pièce de cuir souple. Lina, explora un peu les environs immédiats de son campement et découvrit des baies sauvages. Un sort rapide de détection de poison ne révélant rien de dangereux, elle les cueillit se disant qu'elles feraient un bon dessert.

De retour au campement, le dragon n'était toujours pas là et la sorcière commença à avoir vraiment faim et de sérieux doutes sur les talents de chasseur de son compagnon.

" Pas si absolu que çà comme prédateur, se dit-elle sarcastique. "

Lina, craignant de se retrouver le ventre vide ce qui était pour elle totalement insupportable, prit les choses en main. Elle ramassa un bâton, s'assit sur la berge, s'arracha un cheveu qu'elle noua sur son bâton et à un hameçon. Elle lança alors, après en bref sortilège, cette ligne de fortune et se mit à pêcher. Les poissons qui s'en approchaient, malgré le fait qu'il n'y avait aucun appât, ne pouvaient s'empêchait de mordre à l'hameçon ensorcelé comme s'il s'agissait du lombric le plus appétissant.

Le crépuscule assombrissait lentement les bois et les poissons à côtés d'elle commençaient à former un tas plus qu'honorable quand Milgazia la rejoignit. La sorcière cessa sa pêche miraculeuse et étudia le seigneur dragon revenu apparemment bredouille.

" Heureusement que je ne t'ai pas attendu, fit-elle, irritée. Tu es vraiment nul comme chasseur pour quelqu'un censé être au sommet de l'échelle alimentaire. "

Le dragon resta impassible, s'enveloppa dans sa cape, puis la rabattit brusquement en arrière, révélant sous ses deux bras deux sangliers.

" Vous disiez ? Demanda-t-il avec un sourire amusé et satisfait. "

La sorcière fit la moue, n'aimant pas passer pour une idiote, mais cette expression boudeuse fut vite remplacée par un sourire félin.

" Ben, fit-elle, il te reste plus qu'à les dépecer. "

" Vois-tu Lina, répondit-il un peu guindé, dans un souci d'égalité et de justice. Je me suis dit que tu te chargerais de cette besogne. "

" Pas de bol, rétorqua-t-elle, je ne suis pas Amélia. Et puis t'es censé avoir déjà chasser pour manger. Préparer les bêtes n'est pas une nouveauté pour toi. "

" Nous autres dragons ne faisons pas dans la dentelle. Lorsque le gibier est tué, nous le mangeons en entier et d'un coup sans nous soucier qu'il soit ou non dépecé. "

" Et tu trouves que c'est le travail d'une dame, dit-elle dangereusement avec une étincelle colérique dans le regard. "

Les deux compagnons se fixèrent avec détermination aucun d'eux ne voulant s'incliner sur le peu ragoûtant et sanguinolent sujet de la préparation des sangliers.

" Il semblerait, fit Milgazia d'un ton neutre, que nous soyons dans une impasse. Puis-je suggérer un moyen pour nous en sortir ? "

" Accouche ! répondit-elle ne détournant pas son regard toujours fixé sur les yeux d'or du dragon "

Le dragon s'approcha d'elle et déposa à terre son gibier.

" Pierre, feuille ciseau, lâcha-t-il stoïquement. "

" D'accord, répondit-elle. "

Les slayers se firent face, un masque de concentration plaqué sur leurs traits. Deux paires d'yeux, l'une rubis l'autre d'or pulsant d'une détermination inébranlable se fixaient sans répit, leur main droite s'ouvrant et se refermant crispées. Soudain, leurs mains fusèrent comme un éclair et s'arrêtèrent à quelques centimètres l'une de l'autre. Les phalanges de Milgazia formèrent des ciseaux qui furent battus par le poing fermé de Lina.

Un petit sourire en coin satisfait plissa les lèvres de la sorcière puis s'élargit devant la mine défaite du dragon.

" Allez au boulot Milgazia, dit-elle ravie devant la tournure des événements. Et ne me fait pas trop attendre. "

" Aurais-tu l'amabilité de me prêter ta dague ? Demanda-t-il plus ou moins froidement. A moins qu'il me faille tailler mes propres outils dans le silex. "

" Soit pas mauvais perdant Mil ! Dit-elle en lui tendant son arme. J'ai gagné à la régulière. "

Le dragon prit la dague et la mit entre ses dents, se donnant l'air d'un pirate de pacotille, plaça de nouveaux sous ses bras les sangliers et s'en alla plus loin pour accomplir cette triste besogne. Milgazia se maudit d'être aussi complaisant avec elle et de se laisser mener à la baguette. Il s'installa sur une pierre plate au bord de la rivière, s'attelant à sa tâche et remercia Ceipheid de connaître ce sort de blanchisserie.

La nuit était déjà tombée depuis deux heures et ils avaient déjà dévoré le poisson et un des sangliers tandis que le second dorait à la broche tranquillement au-dessus du feu. Lina et Milgazia tentèrent de se saisir d'un os enrobé d'un appétissant manteau de chaire et en prirent chacun une extrémité.

" Les dames d'abord, fit la sorcière sèchement en émettant un petit grognement. "

" L'âge avant la beauté, répliqua le dragon qui ne lâchait pas prise. "

Lina Inverse rosit un instant, gênée devant ce compliment dissimulé mais elle se reprit de ce coup bas inattendu et s'apprêta à l'enguirlander. Soudain, Milgazia lâcha prise faisant tomber la sorcière sur le dos et se mit à scruter les alentours pour déceler l'origine du bruit qui l'avait alerté. La sorcière rousse n'appréciant pas de s'être retrouvé sur les fesses comme çà, réagis avec le tact et la mesure qu'on lui connaissait. Elle frappa violemment le crâne du dragon mais se fit mal à la main.

" Chut ! Ordonna sèchement Milgazia qui sentait déjà la bosse sur son crâne se former. Il y a quelqu'un qui nous observe. "

Lina décida de laisser passer pour l'instant la conduite cavalière du dragon et se mit aussi à scruter la nuit, se préparant à griller le crétin qui oserait interrompre son dîner.

" Si vous êtes un ami, fit le dragon en fixant la silhouette de l'inconnu révélé par les infrarouges, vous êtes le bienvenu pour partager notre feu et notre repas. Si vous êtes un ennemi, passez votre chemin ou subissez-en les conséquences. "

La silhouette d'un homme grand se détacha de la pénombre et s'approcha du feu. Il portait une longue cape verte un peu défraîchi avec un capuchon rabattu sur sa tête, le reste de ces vêtements n'étaient pas dans un meilleur état et démontrait bien les habitudes nomades de ce personnage. Il rabattit son capuchon dans son dos, révélant un visage au trait buriné et par les intempéries et une peau sombre. Il émanait de cet homme une aura de danger et de compétence ainsi qu'un charisme indéniable.

" C'est avec joie que j'accepte votre invitation, dit-il en étudiant les Slayers avec attention. Mais je ne pourrais rester longtemps. "

L'étranger s'assit près du feu et, à l'invitation du dragon découpa avec sa dague un morceau de viande de sanglier qu'il se mit à manger. Les Slayers avaient leurs suspicions sur cet homme qui ressemblait à s'y méprendre à Aragorn.

" Il est bien tard pour s'aventurer dans la forêt, fit Milgazia au rôdeur. Et sans vouloir me montrer indiscret, j'aime pouvoir m'adresser à mes interlocuteurs par leur nom. "

L'homme considéra la requête de Milgazia.

" Je réponds à de nombreux noms, fit-il. Mais dans ces contrées, on me donne le nom de Grand-pas. "

Les deux Slayers, bouche bée, n'osaient croire à ce qui venait de se passer. Il s'agissait bien d'Aragorn, le futur roi du Gondor.

" Je suis Milgazia Lawrazia, fit le dragon pour lui rendre la politesse. "

" Je suis Lina Inverse, ajouta-t-elle, la puissante et ravissante magicienne. "

Aragorn jeta un œil dubitatif sur la sorcière, pas convaincu de la véracité de sa déclaration. Tous les magiciens bons ou mauvais qu'il avait rencontré, était assez vieux pour être son père, voir son grand-père. Une jeune fille comme çà, encore une enfant, ne pouvait pas être ce qu'elle prétendait. Toute fois, les apparences pouvaient être trompeuses.

" Il est rare de voir des voyageurs s'être aussi profondément enfoncés dans la forêt. "

" On s'est perdu, répondit Lina. Vous savez où se trouve le village le plus proche. "

" Vous vous êtes beaucoup éloignés de la route, dit-il entre deux bouchées. Il y a à l'ouest, à une lieue d'ici, un sentier. Prenez ensuite au sud et il vous mènera au village le plus proche. Toute fois, ne vous attendez pas à un accueil chaleureux. Les bandits qui écument les environs, les ont rendus particulièrement méfiants vis à vis des étrangers. "

Lina releva la tête, excitée, les yeux dansant d'enthousiasme. Il n'existait que trois choses au monde qui avivaient son enthousiasme de cette manière, un buffet à volonté, de nouveaux sortilèges et la perspective de s'enrichir.

" Des bandits ! S'exclama-t-elle avec un sourire jusqu'aux oreilles. Tu as entendu çà Mil ! On va pouvoir se remplir les poches avec la prime et leurs trésors. "

" Allez ! Fit-elle en se retournant vers le rôdeur. Elle est de combien la prime pour leurs têtes. "

L'étranger eut un petit sourire amusé qui se dessina sur ses lèvres. Cet enthousiasme était rafraîchissant et l'idée qu'elle puisse s'attaquer à un groupe aussi dangereux comique.

" Cette contrée est depuis longtemps terrorisé par ces coupe-jarret et les autorités locales ont renoncé à mettre leurs têtes à prix. D'ailleurs personne ne serait assez idiot pour le faire. Ils sont nombreux, armés jusqu'au dents et bien organisés. Ils ont une place forte surveillée et bien protégée et un chef redoutable. Ils ne feraient qu'une bouchée d'une petite demoiselle comme vous. "

Le visage de Lina devint écarlate de rage et ses yeux se mirent à lancer des éclaires.

" Ecoute-moi cervelle de mollusque ! Cria-t-elle. Je ne suis pas une fillette en mal de protection et mon métier, c'est justement d'exploser la vermine dans leur genre et d'empocher leur trésor. Je suis d'ailleurs célèbre pour çà à la maison. "

Aragorn, peu impressionné par cet emportement, lui jeta un regard dubitatif qui eut pour effet de faire monter d'un cran la colère de la rouquine.

" Si ces bandits sont aussi terribles que vous le prétendez, intervint Milgazia pour calmer la sorcière et sauver le rôdeur d'une raclée monumentale, pourquoi vous y risquez-vous ? "

" Dans des circonstances ordinaires, répondit-il, je ne m'y serai pas risqué mais depuis quelques temps, les choses ont beaucoup changé. Jusqu'à lors, ils s'étaient contentés de piller et de rançonner les villages et les fermes des environs. Mais, depuis trois mois, ils ont commencé à exiger à ce qu'on leur livre de jeunes enfants. "

La température autour du feu chuta brusquement et la rage de la sorcière se fit glaciale et se détourna du rôdeur.

" Des enfants ! Fit-elle. Qu'est-ce qui en font ? Les bandits ordinaires ne s'embarrassent pas de ce genre de fardeau à moins d'espérer en tirer une rançon. Des otages peut-être ? "

" Je crains que ce ne soit pas le cas, répondit Aragorn en hochant tristement la tête. Ce soudain revirement coïncide avec la prise de pouvoir d'un nouveau chef. Un groupe venu de l'est avec à leur tête un sang-mêlé, mi-homme, mi-orque, s'est installé dans la région et a pris la tête de cette bande. Des sources sûres m'ont rapporté des choses horribles sur eux. Leur barbarie et leur cruauté sont tout simplement effroyables. "

" Et vous comptiez vous y rendre seul, intervint Milgazia en haussant un sourcil dubitatif. Le sang de Numenor qui coule dans vos veines est fort et puissant mais il ne peut rien contre un tel déploiement de force. "

" Vous êtes habile Milgazia, dit Aragorn, pour avoir senti mon ascendance. Peu de gens le peuvent. "

" Certains signes ne mentent pas, fit le dragon laconiquement. "

" En tout cas, reprit Lina avec un regard déterminé, on vient avec vous. On va pas vous laisser seul aller dans ce panier de crabe. "

" C'est très courageux de votre part, répondit le ranger, mais je ne peux vous permettre de prendre ce risque. "

" Ecoute-moi pauvre idiot, ragea la sorcière, tu crois peut-être que ces minables me font peur ? Et bien laisse-moi te dire que tu te fourres le doigt dans l'œil. La chasse au bandit n'est pas une nouveauté pour moi. Du dégénéré incapable de faire un travail honnête, à l'aristo fauché en mal de tune, en passant par le soldat démobilisé et le sorcier cupide, je me suis colletée avec tous les types de voyous, de criminels et de parasites possibles et imaginables et je les ai anéantis. J'ai vu, sans tourner de l'œil, des horreurs et des actes barbarie perpétraient par des sadiques qui prennent leur pied en faisant souffrir les plus faibles qu'eux. Je ne suis pas une petite-fille qui s'amuse à jouer les justicières et j'ai fait des choses qui probablement te ferraient dresser les cheveux sur la tête. Dans mon pays, je suis connu comme la Tueuse de bandit et prononcer mon nom suffit à les plonger dans la terreur. Alors tes objections, tu peux te les fourrer là où je pense. On vient avec toi que çà te plaise ou non. "

Aragorn se releva et se raidit devant cet assaut verbal. Les affabulations de cette petite fille étaient peut-être amusantes mais seulement jusqu'à un certain point. Le ranger ne pouvait pas la laisser, elle et son compagnon se faire trucider parce qu'ils n'avaient pas assez de bon sens pour voir que c'était de la folie furieuse. Son regard croisa celui de la sorcière et sa réplique mourut dans sa gorge. Ces yeux rubis et brillant d'une flamme déterminée n'avaient pas sa place sur un visage aussi jeune. Lorsqu'il avait observé cette jeune fille rire et taquiner Milgazia avec bonne humeur et entrain pendant leur dîner, elle avait eu l'air d'une enfant ordinaire, commençant à peine à explorer le vaste monde. Mes ces yeux colériques et volontaires, à la fois juvéniles et âgés révélait en outre l'exubérance de la jeunesse mais aussi une profondeur et une intensité que seul les vieux guerriers ayant survécu à de nombreuses batailles pouvaient avoir. Il se tourna alors vers le dragon dans l'espoir de trouver un soutient mais les yeux dorés qui lui répondirent étaient aussi déconcertant que ceux de la rouquine. Calmes, sages et anciens, ces yeux n'était pas ceux d'un être humain. Alors que ceux de la sorcière rousse évoquaient un brasier ardent pouvant consumant tout sur son passage, ceux de Milgazia étaient une mer d'or liquide qui engloutissait ceux qui y plongeaient le regard.

" En ce monde, fit le dragon d'un ton docte mais aimable, il existe des forces qui dépassent notre entendement. Le destin a voulu que nos chemins se croisent pour une bonne raison. Nous vous assisterons dans votre tâche au mieux de nos capacités. Je peux vous assurer que vous ne le regretterez pas. "

" Allez Gros-panard, s'exclama la sorcière, pas la peine de te faire prier. On te suivra de toute façon. Remplis-toi plutôt l'estomac et bois un coup. On massacre mieux les bandits avec un ventre plein, crois-en mon expérience. "

Le ranger hocha la tête, se soumettant au fait que ces étranges voyageurs l'accompagneraient dans son expédition et se mit à manger avec empressement. Lorsque le repas fut terminé, ils éteignirent le feu, enterrèrent les restes et se mirent en marche, menés par Aragorn. Le rôdeur traversait le labyrinthe végétal sans grandes difficultés, enjambant racines et souches, évitant de casser les branches et de s'y accrocher. Les deux slayers le suivaient de près sans toute fois atteindre le niveau d'agilité du ranger.

Ce fut quelques heures plus tard, quand le quartier de lune blafard fut revêtit d'un linceul sombre de nuage, qu'ils arrivèrent en vue de la forteresse. C'était un vieux donjon partiellement en ruine, entouré d'une palissade en rondin surmontée de deux miradors.

" Nous y sommes, fit Aragorn à voix basse. Nous allons profiter de ce que la lune est cachée par les nuages et nous y faufiler. "

" Dit-moi d'abord, fit Lina, quelle est la disposition des lieux, l'agencement des défenses et des pièges et leur effectif total ? "

" Je ne saurais le dire, répondit le ranger. Je n'ai trouvé personne qui aurait pu m'en informer. "

" Ouais ! Fit-elle sarcastiquement. Génial ! Quel est ton expérience de cambrioleur ? Nulle, je parie. Laisse tomber to plan à deux balles et laisse faire les pros. "

" Et que comptez-vous faire, demanda le ranger calmement maîtrisant son irritation ? "

Un sourire félin se dessina sur les lèvres de la sorcière.

" Facile ! Dit-elle. Attaque frontale. On en tue le maximum et on en épargne un pour nous dire où sont les enfants et le trésor. Et hop ! Emballez, c'est pesé. Et en prime, on résout le problème de l'insécurité locale. "

Les yeux du ranger s'écarquillèrent devant ce plan.

" Avez-vous perdu l'esprit ! S'exclama-t-il. Ils sont une petite armée et nous ne sommes que trois. Nous nous ferons massacrer. "

" C'est qui la Tueuse de bandit ici ! Rétorqua-t-elle brusquement. Toi ou moi ? Longer les murs et se faufiler dans les trous de sourie, très peu pour moi. Sans une connaissance précise des lieux, c'est bon qu'à se faire prendre. "

" Milgazia, fit-il. Faites lui entendre raison ! "

Le dragon sourit amicalement au ranger.

" Ayez confiance en nous Grand-pas, répondit-il d'un ton rassurant. Il y a certaines chose sur nous que vous ne connaissez pas mais que vous n'allez pas tarder à savoir. "

" Je m'occupe des postes de guet et de la palissade, reprit la sorcière. Une fois dans l'enceinte, pas de quartier ! Leur défense sera désorganisée et nous en profiterons pour éliminer le maximum d'ennemi. "

Ils quittèrent l'orée du bois et la protection des feuillages et s'engagèrent, restant au plus près du sol, en terrain découvert sous le couvert de l'obscurité. Lorsqu'ils furent arrivés à la palissade, il s'y collèrent le dos et attendirent un instant. La sorcière hocha la tête et leur fit signe de se taire. Elle ferma les yeux et se concentra. Créer une boule de feu dans ses mains était facile mais en créer une à distance était beaucoup plus difficile et en créer deux en même temps nécessitait un vrai talent et une force phénoménale.

Source de tout pouvoir

Lumière qui brille plus qu'écarlate

Que ton pouvoir se rassemble dans mes mains !

" FIREBALL, chuchota-t-elle. "

Et l'enfer se déchaîna. Les deux miradors explosèrent en une gerbe de flamme. Les cris, le tumulte et la panique s'élevèrent du camp, se répandant comme une traînée de poudre. Aragorn regarda Lina avec des yeux rond, sidéré par un tel acte de magie. Il avait fréquenté les magiciens comme Gandalf et les elfes toute sa vie, mais jamais il n'avait vu une chose pareille.

La sorcière s'éloigna de la palissade et leur fit signe de la rejoindre.

" Toujours sûr qu'on ne fait pas le poids, demanda Lina au ranger avec satisfaction. "

" Je ne sais trop quoi dire, fit-il dissimulant sa surprise derrière un masque neutre. "

" On aura tout le temps après d'en parler, dit-elle. Maintenant les gars, c'est le moment de rentrer en scène. Je vais faire sauter la palissade. "

La sorcière invoqua dans ses mains une boule de feu et la lança sur le mur qui explosa en un brasier ardant. Le souffle de l'explosion au lieu d'étouffer les flammes, les fit s'étendre vers l'intérieur du camp.

" Suivez-moi, cria la sorcière à ses compagnons d'arme en se précipitant dans la brèche. "

Les bandits virent alors le mur de flamme qui avait fait irruption dans leur forteresse s'ouvrir révélant Lina Inverse la Tueuse de bandit. La sorcière encadrée par Aragorn et Milgazia ainsi que par les flots ardents de l'incendie, était l'incarnation même de l'esprit du feu. Ses longs cheveux roux en bataille ondulaient doucement par le vent créé par l'incendie et brillaient eux aussi telle une flamme. Elle posa sur ces criminels ses yeux rubis, aussi taquin que ceux d'un tigre jouant avec sa proie.

" Je suis Lina Inverse, dit-elle avec le sourire satisfait de ceux qui aiment leur métier avec passion, la puissante et ravissante sorcière et Tueuse de Bandit extraordinaire. "

La sorcière croisa ses avant bras en X devant elle.

" FLARE ARROW, cria-t-elle en rompant cette croix. "

Des dizaines de traits de feu fendirent l'air et atteignirent les bandits trop abasourdis par cette entrée en matière. S'en suivit une explosion pyrotechnique qui brûla les malheureux voleurs, les tuant sur le coup.

" Et vous, ajouta-t-elle aux cadavres calcinés. Vous êtes cuits et même grillés. "

Les survivants la fixèrent avec effroi un instant et, écoutant leur bon sens, prirent leurs jambes à leur cou, trébuchant sur les carcasses calcinées de leurs compagnons.

" Pas si vite, cria la sorcière en les pointant du doigt. DIGGU VOLTO"

Un dôme d'électricité les happa et les foudroya sur place. La cruauté et l'absence totale de pitié de la sorcière, choqua le ranger, même s'il dissimulait son trouble derrière une façade stoïque. Il échangea un regard avec Milgazia qui lui aussi arborait un visage impassible mais éprouvait vis à vis de lui-même un sentiment d'inutilité. Ce sentiment s'estompa rapidement, par la charge des bandits plus aguerris qui ne se laissaient pas impressionner aussi facilement.

C'était un mélange hétéroclite d'humain, d'orque et de sang-mêlé dont la sauvagerie et les cris de guerres auraient pu retourner les sangs des combattants les plus courageux. Un vaste groupe se précipita sur la sorcière qui ne les laissa même pas s'approcher.

" MEGA BRAND, dit-elle en levant la main provoquant une explosion sous les pieds des ses assaillants. "

Aragorn faisait la démonstration de ses talents de bretteur, se battant avec trois adversaires à la fois, esquivant, parant et les tuant un par un avec une grâce féline et une habilité au moins égales à celle de Gourry.

Milgazia, le seul qui semblait être désarmé et sans défense, fut agressé par un humain avec une épée. Le dragon fit un pas de côté, lui arracha son arme et le frappa en plein visage avec son poing. Les bandits continuèrent d'affluer de la sorte pour rapidement périr sous l'épée d'Aragorn, les sortilèges de Lina et les coups du dragon.

Une voix gutturale et roque se fit entendre du parapet, ordonnant la retraite. La panique s'estompa devant le sombre charisme qu'émanait d'une silhouette juchée au sommet de la tour. Un autre ordre fusa et les traits plurent des meurtrières, couvrant la retraite des troupes au sol forçant Lina et ses compagnons à se mettre à couvert.

" Il faut faire quelque chose pour ces archers, dit brusquement Aragorn. Ils nous ont coincés ici et nous n'aurons pas longtemps à attendre avant qu'une escouade nous prenne à revers. Des suggestions ? "

" Fastoche, rétorqua la sorcière. On prend les mêmes et on recommence. Je vais les allumer en un coup. "

" Surtout pas ! S'exclama Milgazia. Tu risques de faire effondrer le bâtiment, Lina. Couvre moi et dés que je vous ai donné le signal, précipitez-vous vers l'entrée. "

" Ok, répondit la sorcière. "

Aragorn hocha la tête pour marquer son assentiment. Le dragon quitta le refuge et se mit à découvert, faisant face au donjon. La sorcière rousse ne se fit pas attendre et commença son incantation.

" BALLUS WALL. "

Les flèches tirées depuis les meurtrières n'atteignirent pas le seigneur dragon, stoppées nettes par un bouclier de flamme. Milgazia, à son tour entonna sa propre incantation.

Vent divin qui souffle sur l'éternité,

Répond à mon appel, cache la lumière

Et obscurcit la vue de mes ennemis.

" DARK MYST. "

Un tourbillon de vent entoura le corps du dragon et s'envola verticalement dans le ciel et heurta les nuages quelques seconde plus tard. Des cumulus sombres descendirent du ciel et enveloppèrent la tour, la plongeant dans les ténèbres.

" Allez ! cria le dragon "

Lina et Aragorn quittèrent leur cachette et se précipita vers la porte, suivit de près par Milgazia qui leva un bouclier pour bloquer les traits tirés au hasard par les archers ennemis. La sorcière leva la main et tendit la paume vers la porte.

" DAM BRASS. "

Un éclair écarlate en jaillit et la frappa, la réduisant en infimes copeaux de bois.

" FIREBALL, enchaîna-t-elle immédiatement. "

La boule de feu fendit l'air et entra dans l'encadrement, explosant violemment et s'éteignit tout de suite après.

Les slayers et ranger se retrouvèrent dans le hall, nettoyé par les bons soins de cette boule de feu et furent assaillis par l'odeur de la chair humaine calcinée. Aragorn, encore une fois jeta un regard pénétrant sur la sorcière avec désapprobation et une once de méfiance. Il était habitué à tuer et sa lame et ses mains étaient couvertes du sang des monstres qui hantent ces régions sauvages, qu'ils soient humains ou non. Mais ce spectacle était incroyablement choquant. Les murs étaient emprunts de la silhouette noire de suie des malheureux qui s'étaient trouvés trop près de l'explosion. Le sol était jonchait de cadavre brûlé à des degrés divers, voir même calcinés.

Cruelle, impitoyable et d'une puissance terrifiante, la sorcière rousse dispensait la mort d'une manière naturelle et routinière, et sans remords apparents. Le ranger avait peine à croire que cette furie irrésistible était la même jeune fille qui taquinait son compagnon autour du feu quelques heures plutôt.

" Les apparences sont trompeuses, se dit-il. Se promettant de surveiller de près Lina. "

" Quoi ! ? Gronda Lina qui s'était rendu compte du regard que portait le ranger sur elle. "

" Suffit ! Coupa Milgazia d'un ton autoritaire. Nous règlerons cela plus tard. J'entends un groupe qui se dirige vers nous. "

Le dragon pointa un couloir.

" Ils viennent par-là. "

" Ok ! Fit Lina en souriant dangereusement. Je vais les accueillir chaleureusement, çà je vous le garantis. "

La sorcière se plaça juste à l'entrée du couloir et se prépara à encore déchaîner les flammes de l'enfer. Milgazia posa sa main sur ses épaules, écarta doucement Lina et se mit à entonner dans le langage des dragons un sortilège.

Dragon souverain des océans,

Toi qui repose dans les profondeurs abyssales,

Accorde à ton humble servant

Ton souffle glacial et conquérant.

BOREAL BREATH.

Une boule d'énergie glaciale se forma dans les mains de Milgazia, émettant un violent courant d'air glacial, chargé d'infimes cristaux de glace qui s'engouffra avec un gémissement déchirant dans le couloir. Ce micro-blizzard mourut et la sphère d'énergie se dissipa. Depuis l'entrée du corridor, on pouvait maintenant voir qu'une épaisse couche de glace recouvrait les murs, le sol et le plafond.

" Et qu'est-ce qui t'a pris tête de lézard ! S'exclama-t-elle prête à lui défoncer le crâne. J'avais pas besoin de ton aide. "

" Et vous alliez nous enterrer sous des tonnes de décombres, la coupa sèchement Aragorn. "

Le ranger pointa du doigt la charpente noircie au-dessus de leurs têtes qui ne tenait encore que par miracle.

" Regardez les poutres ! Reprit-il. Un autre choque violent et s'en était fait de nous. "

" Bon çà va ! Cà va ! Dit-elle irritée d'être prise en tort. On va pas y passer cent milles ans. On décolle. "

Elle se précipita dans le couloir, mais elle ne prit pas en compte le sol couvert de glace, aussi glissant qu'une patinoire. Elle se mit à déraper, glissa sur quelques mètres en criant et s'étala les quatre fers en l'air. Aragorn et Milgazia la rejoignirent quelques instant plus tard, prenant garde à ne pas imiter la sorcière.

" Rien de cassé ? Demanda le dragon, lui tendant la main pour l'aider à se relever. La chute de cette histoire était, je dois le dire, tout à fait fortuite. "

Lina le fusilla du regard noir et féroce qu'elle réservait aux idiots qui lui tapait sur les nerfs, marquant clairement ce qu'elle pensait de cette tentative lamentable d'humour et repoussa cette main d'une claque.

" Macaque ! Lui cria-t-elle se relevant d'elle-même, évitant de peu une nouvelle chute. "

" Salamandre dégénérée ! Peau de fesse de lézard ! Cervelle ce triton ! "

" Tu es content de toi, espèce de dragon à deux balles... "

" Nous avons une mission à accomplire, intervint sèchement Aragorn. Nous n'avons pas le temps pour ces gamineries. Les.... OUF! "

Le poing de Lina expédié à une vitesse supersonique dans le diaphragme du Ranger, lui coupa la chique. Le ranger ne s'était jusqu'à présent jamais douté de la force de son punch.

" La ferme Gros-panard ! Rugit la sorcière. Je t'ai pas demandé ton avis. "

La sorcière continua de déverser son flot d'injures et de quolibets sur un dragon stoïque et un ranger qui reprenait son souffle abruptement coupé par le poing de Lina.

" Avez-vous fini ? Demanda Milgazia quelques instant plus tard, les oreilles sifflant encore. "

" Non ! Répliqua sèchement la sorcière. "

Le dragon soupira et claqua des doigts. Une brume brillante et dorée recouvrit les bottes des trois compagnons qui furent en un éclair de lumière munies de pointes.

" Pouvons-nous reprendre notre mission, demanda-t-il. Le répit que je nous ai obtenu ne sera que de courte durée. "

" Voilà un tour fort utile, nota le ranger en fixant Milgazia intensément. "

" Et tu pouvais pas y penser plutôt ? Ragea la sorcière. "

Le dragon croisa les bras et fronça ses sourcils, se donnant une expression sévère. Sa patience commençait à être sérieusement mise à mal par le tempérament de Lina et, vu la mine irritée du ranger, il n'était pas le seul.

" Malheureusement, répondit-il d'un ton neutre avec une petite pointe glaciale, vous ne m'en avez pas laissé le temps. Lina, je vous conseille de prendre une grande inspiration car vous ne semblez pas être vous-même. "

La sorcière ouvrit la bouche, mais aucun mot n'en sorti. La rage ardente qui brillait dans son regard s'atténua. Le self-contrôle de Céline qui semblait avoir fait la pause-café se réinstalla aux commandes.

" Maintenant que vous vous êtes calmée, fit le ranger aigrement en se frottant le ventre. Nous pourrions nous consacrer à la tâche que nous nous sommes fixée ? "

" Ouais ! Répondit la sorcière en lui adressa un regard noir. On y va. "

Les slayers et le ranger s'engagèrent alors dans le couloir, marchant lentement, prenant soin d'enfoncer profondément leurs crampons dans la glace. Milgazia nota que son sortilège avait été plus efficace qu'il ne l'avait escompté. Une bonne part de la forteresse était maintenant prise dans les glaces et les bandits qu'ils croisaient scellé dans des cercueils cristallins et donc totalement incapable de leur indiquer le chemin. Le regard d'Aragorn alla du dragon à Lina, un doute affreux l'envahissant, se demandant si les enfants enlevés n'avaient pas subi le même sort que leurs ravisseurs.

Au fur et à mesure de leur progression, la glace se rétrécit leur permettant de la casser plus facilement avec leurs bottes à crampon. Elle disparut enfin et le dragon, ramena leurs chaussures à leur état antérieur. Les trois compagnons entendirent alors un gémissement et se précipitèrent vers sa source. C'était un des membres de cette bande de criminel, recouvert de givre et gelé jusqu'aux os donc le candidat idéal pour un interrogatoire.

" Au secours, gémit le voleur. Aidez-moi ! "

" Ne le touchez pas, ordonna Aragorn. Nous risquons de lui casser quelque chose. "

" Cà me fend le cœur, répondit Lina avec ironie toisant le malheureux en croisant les bras. "

" Je m'en charge, fit le dragon en s'accroupissant près de lui, invoquant son pouvoir curatif mais il fut arrêté par la sorcière. "

" Pas si vite Mil, fit-elle. Avant, cet oiseau doit nous chanter son air. "

Le ranger hocha la tête pour marquer son accord, même s'il n'aimait pas ce genre de méthode, ce serait le moyen le plus rapide pour obtenir les informations dont ils avaient besoin.

" Pitié, supplia le voleur. J'ai mal. "

" On y vient ! Répondit la sorcière. Mais comme toute peine mérite salaire tu vas d'abord répondre à quelques questions. "

" Oui ! Je vais parler. Aidez-moi par pitié ! "

" Bien ! Les enfants, où sont-ils ? "

" En cuisine, au fond du couloir à droite, articula-t-il le visage crispé. J'ai mal. "

" Seconde question, reprit-elle totalement insensible, votre chef ? Où on peut le trouver ? Et où se trouve le trésor. "

" Dans les catacombes, au sous-sol. "

" On sait tout ce qu'on voulait savoir. Tu peux y aller Mil. "

Le dragon opina du chef et invoqua son pouvoir. Le voyou fut entouré d'une lumière blanche aveuglante et cessa de gémir. Quand elle se dissipa, les trois compagnons purent constater que le bandit était guéri et semblait même être vibrant de santé.

" Comment ? Demanda-t-il ébahi. "

" Cela n'a que peu d'intérêt, répondit Milgazia. Allez-vous en maintenant et quitter ce trou immonde. Autrement, je ne réponds pas de votre santé. "

" Ouais ! Renchérit Lina. Vu que t'as craché le morceau sans te faire prier, je vais être généreuse. Déguerpit et ne croise plus jamais ma route. "

Le bandit ne se fit pas prier et prit ses jambes à son cou laissant les trois compagnons à leur tâche.

" Messieurs, dit la sorcière en souriant. Je crois que vous connaissez le chemin. "

Il se précipitèrent alors aux cuisines mais, lorsqu'ils ouvrirent la porte, ils se retrouvèrent confrontés à une horreur sans non. La cuisine était sale et empestait l'odeur de l'huile et de la graisse. Le cuisinier s'affairait autour d'une énorme marmite suspendue au-dessus d'un brasier infernal à l'intérieur d'une monumentale cheminé. Le corps difforme de cet être ressemblait à un assemblage de patate. Une tête énorme et distordue de renflement sphérique posait sur un tronc disproportionné par rapport aux jambes et aux bras. Au plafond, était suspendue une cage qui retenait deux jeunes enfants, probablement frère et sœur d'après leur ressemblance. Ils étaient en plaine santé, une peau rose et lisse, potelés et bien nourri mais surtout nus comme un ver.

La réalisation du sort qui était réservé à ces deux pauvres diables pénétra le cœur de la sorcière comme la lame glaciale d'une épée. Quelque chose se brisa en elle et le temps sembla se ralentir. Le cuisinier se retourna et ouvrit la bouche pour les faire déguerpir mais aucune parole ne s'en échappa. Lina, le visage blanc de dégoût et figé en un masque de marbre, leva sa main brillante d'une lumière indigo-sombre.

" HELL BLAST, murmura-t-elle presque étouffée par la rage. "

L'énergie autour de la main de la sorcière se condensa en une étoile obscure dans sa paume et une lance d'énergie sombre fendit l'air et transperça le cuisinier monstrueux. En un instant, il sembla vieillir de plusieurs siècle, se dessécha et tomba en poussière.

Lina resta immobile un instant, tremblante de rage, sa colère tellement palpable qu'elle était devenu visible à l'œil nu et brillait telle un nimbe écarlate.

" Lina ? Fit Milgazia, inquiet devant le silence de la sorcière. "

Elle se retourna vers ses amis, alla dénouer la corde qui maintenait au plafond la cage et fit descendre les enfants. Ni le dragon, ni le ranger ne lui dirent mot, conscient de rage noire qui déchirait le cœur et qui se reflétait dans son regard rubis et glaciale.

Lorsqu'elle ouvrit la cage, les enfants se recroquevillèrent au fond, terrorisés par ce qu'ils avaient vécu et par la colère de la sorcière qui se reflétait sur son langage corporel. Lina s'en rendit compte et chassa de ses traits avec succès son ire prenant une expression douce et rassurante.

" Venez les enfants, fit-elle d'une voix douce et apaisante. C'est fini. Tout va bien se passer. "

Les bambins ne se firent pas prier et étreignirent en sanglotant la sorcière qui leur avait témoigné la gentillesse et la chaleur humaine qui leur avaient manqués pendant toute leur captivité. Leurs terreurs enfantines coulèrent de leurs âmes comme les larmes qui mouillaient la chemise de Lina. La sorcière rousse leur caressa les cheveux doucement, leur susurrant des paroles de réconfort à l'oreille.

" SLEEP, chuchota-t-elle et les enfants furent plongés dans un profond sommeil. "

Elle les sortit de la cage, les garda contre elle et fixa sur Aragorn un regard pénétrant.

" Depuis combien de temps exactement, demanda-t-elle ? "

" D'après ce qu'on m'a dit, fit-il, lui aussi outré par cette horreur, cela fait trois mois. "

" Comment des parents peuvent-ils faire çà, s'emporta-t-elle ! Offrir en pâture ses propres enfants à ses animaux ! Ils sont plus pourris encore que ces montres ! "

" Je ne sais trop quoi dire, répondit le ranger qui lui aussi luttait pour garder son calme. Ce ne sont bien évidemment pas les parents qui font çà. Mais les autres, leurs voisins qui se moquent d'infliger aux enfants et à leurs familles pareilles tourment tant que leur confort personnel est assuré. "

" Mais vous vous en doutiez, fit Milgazia froidement en fronçant les sourcils. "

" C'est un de mes amis qui s'est installé dans les environ avec sa famille qui m'en a informé. Vous tenez d'ailleurs dans vos bras ses enfants, Lina. "

" Lorsque j'ai appris que ceci avait commencé avec l'arrivé de ce nouveau chef orque, reprit-il, j'ai eu des soupçons qui ont été malheureusement confirmé. "

Lina remit à Milgazia les enfants, les yeux brûlant de rage et pulsant de détermination.

" Fait les sortir de ce trou infernal, Mil, ordonna-t-elle. Grand-pas et moi, nous allons mettre un terme à çà. "

" Bien ! Dit le dragon en hochant la tête. Je m'acquitterai prestement de ma tâche. "

Sans se retourner, d'un pas pressé, elle quitta la cuisine suivie d'Aragorn.

" Grand-pas, fit Milgazia au ranger. Gardez un œil sur elle. Lina est forte mais elle se laisse facilement emportée. "

Aragorn sourit au dragon, lui promettant de faire son possible pour la garder hors de danger. Les pouvoirs colossaux de la rouquine et sa manière cruelle et impitoyable de s'en servir, lui avait inspiré méfiance mais sa réaction face à l'horreur qu'ils avaient rencontrée en cuisine montrait bien qu'elle n'avait pas un fond mauvais.

" Bouge tes fesses Gros-panard, cria la sorcière irritée déjà à l'autre bout du couloir. On n'a pas toute la nuit devant nous. "

Le ranger rejoignit vite Lina, tout aussi déterminé qu'elle à punir et à mettre hors d'état de nuire le responsable de cet acte de barbarie. Les deux compagnons n'eurent que peu de résistance sur leur chemin. En effet, ceux qui avaient survécu à l'assaut étaient terrorisés à l'idée de confronter la Tueuse de Bandits et prirent leurs jambes à leurs cous profitant de la confusion.

Ils arrivèrent alors dans les catacombes par un couloir éclairé de torches et s'enfoncèrent dans les entrailles de la terre. La pourriture et d'autres odeurs nauséabondes assaillirent leurs narines mais ni Lina, ni Aragorn n'étaient particulièrement gênés. Quelques Gobelins tentèrent de les arrêter mais connurent une fin prématurée par les sortilèges de la sorcière et l'épée du ranger.

" Pas de piège ? Fit Lina un peu étonnée. Ils ont une sacrée confiance en eux. "

" Ces grottes, fit le ranger, ont sûrement toujours été occupées par ces gobelins. Ils n'ont pas l'intelligence de tendre des pièges. Cependant, il y avait des hommes et des orques dans cette bande. Il est possible qu'ils en aient installé. Restons sur nos gardes. "

Les deux aventuriers arrivèrent enfin au bout du tunnel devant une large porte cerclée de fer qu'ils ouvrirent sans difficulté. Là, les attendaient un monceau de trésor brillant sous l'éclat des torches ainsi qu'un orque, le chef de la bande, qui les toisait fièrement de ces deux mètres de haut. Cet orque, plutôt ce demi-orque, si on en jugeait par sa posture et certains traits humains, les fixa froidement et méchamment avec ses yeux jaunes. C'était une véritable montagne de muscle avec un visage mi-félin, mi-humain.

" Vous êtes venu pour le trésor ? Demanda-t-il fort intelligiblement montrant une fois de plus son ascendance humaine. Cela s'arrête maintenant ici. Je me baignerais dans votre sang humain. "

" Ceipheid, s'exclama la sorcière ! Pourquoi faut-il que les méchants ressortent toujours le même laïus ! Vous faites écrire vos dialogues par le même auteur ou quoi ? "

L'orque répondit à la sorcière en dégainant son arme et en la chargeant avec un cri bestial tout à fait digne de son lignage non-humain. Aragorn défourailla son arme également et s'interposa entre la bête et la rouquine qui n'eut pas le temps de protester, distraite par les guerriers Uruk-haï qui firent irruption dans la salle.

" BLASTO ASH, cria-t-elle en levant ses paumes vers les cinq orques qui se jetaient sur elle. "

Ils furent prit dans une vague d'énergie sombre zébrée d'éclaire dorée qui les réduisirent en cendre.

" FLARE ARROW, lança-t-elle sur une seconde vague. "

Ces sept orques n'eurent pas plus de chance que leurs prédécesseurs et furent carbonisés par les flèches de feux de la sorcière. Les rangs des orques étaient décimés et il ne restait que ceux qui s'en prenaient à Aragorn. Le ranger se battait comme un possédé contre trois adversaires simultanément et ne semblait pas donner de signe de fatigue. Un seul autre bretteur humain, à la connaissance de Lina, possédait ce niveau de compétence et d'expertise à l'épée et c'était Gourry Gabriev. Mais le nombre commença lentement venir à bout de la maîtrise du ranger.

Lina ne pouvant pas se servir de sa magie de peur de toucher Aragorn, prit sa dague et la lança en un éclair. L'arme fendit l'air et alla se figeait dans la gorge d'un des assaillants qui s'effondra sur l'un de ses comparses. Le futur roi en profita, fit un pas en arrière et trancha d'un coup la tête du chef et transperça prestement le dernier qui essayait de se libérer du cadavre qui lui était tombé dessus. La salle était redevenue silencieuse, empuantie maintenant par l'odeur du sang et de la chaire brûlée.

Aragorn, exténué, reprit son souffle et rengaina son arme après s'être assuré qu'aucun ennemi n'avait survécu tandis que Lina récupéra sa dague.

" Rien de cassé ? Demanda la sorcière. "

" Je vais bien, répondit-il entre deux inspirations. "

" Par contre, reprit-il après avoir récupéré son souffle en souriant, nous suivrons mon plan la prochaine fois. Le vôtre est bien trop exigeant du point de vue physique. "

" Hé ! S'exclama-t-elle d'humeur bonne enfant. Cà a parfaitement marché ! Et tu viens de passez haut la main ton examen de chasse aux bandits à la méthode Inverse. "

" Ravi de l'entendre, répondit-il en riant. "

" Et maintenant, fit la sorcière avec un sourire jusqu'aux oreilles, c'est le meilleur moment de la chasse. "

" De quoi s'agit-il, demanda le ranger ? "

" Se remplir les poche pardi! Répondit la rouquine en montrant le trésor. Vient me donner un coup de main à faire le tri. "

" Et que faites-vous de Milgazia et des enfants, demanda le ranger plus sérieusement. "

" T'inquiète pas ! Mil est un grand garçon et je plains l'idiot qui s'en prendrait à lui. Allez vient Grand-pas ! Plus vite on aura commencé, plus vite on aura fini. "

Le ranger et la sorcière se mirent alors à parcourir le trésor en quête d'objet sortant de l'ordinaire, plus précieux que l'or et les bijoux.

" Hé Grand-pas ! Dit-elle. Regarde ce que j'ai trouvé ! Voilà un beau souvenir pour Mil. "

C'était une épée longue, d'une impeccable facture, d'une perfection qu'aucun humain n'aurait pu égaler. La lame était large, brillante comme l'argent et affûtée comme un rasoir et présentait sur son revers d'infimes caractères presque illisibles ainsi qu'un enchantement, garantissant qu'elle ne perdra jamais son tranchant.

" Une arme tout à fait exceptionnelle, constata Aragorn. Elle sera bien mieux à sa ceinture qu'à traîner dans cette basse-fosse. "

" Au fait, reprit-elle ? Tu n'aurais pas un autre nom que Grand-pas ? Je trouve que çà ne sonne pas très bien. "

" Je suis Aragorn, fils d'Arathorn, répondit-il en souriant. On m'appelle Grand-pas dans une région plus au sud où on n'aime pas beaucoup les rôdeurs. "

" Ouais ! Fit-elle avec une pointe d'aigreur. Parle-moi de l'ingratitude des gens ! On se décarcasse pour leur sauver les fesses et on obtient qu'insultes, regards noirs et mépris. "

Lina enleva sa cape et la jeta sur l'amas de richesse et prononça une incantation dans un langage mystérieux. Le vêtement se mit à briller et à aspirer le trésor comme Lina et Gourry avalaient un bon repas.

" Etrange, fit Aragorn peu impressionné par ce nouveau prodige. Vous ne paraissez pas avoir un penchant pour l'altruisme. "

" Toutes peines méritent salaire, rétorqua-t-elle. Courir le vaste monde pour redresser les torts ne remplit pas son assiette ni ne met un toit au-dessus de sa tête. Mais je ne fais pas çà uniquement pour l'argent. Sinon j'aurais déjà pris ma retraite depuis bien longtemps. "

" Et quelles sont vos autres raisons, si je puis me permettre. "

" Les trucs habituels, répondit-elle. La soif d'aventure et de connaissance, de nouvelles magies à découvrire et à maîtriser et bien sûr les bons petits plats et les spécialités locales qu'on ne pourrait goûter en restant chez soi. "

" Et votre foyer ne vous manque pas ? "

" Non ! Répondit-elle d'un ton ferme et sec marquant clairement qu'elle ne souhaitait pas aborder le sujet. "

Le ranger comprit immédiatement que ce point devait être assez douloureux pour Lina et qu'il ne serait pas très aimable d'insister. La sorcière ramassa sa cape et la remit à sa place mais se figea une seconde sentant une puissante magie sous ses pieds.

" Un problème ? Demanda Aragorn. "

" Je sens une magie enfouie ici, répondit-elle en s'accroupissant. Vient me donner un coup de main Ari ! "

Le ranger ne prit pas ombrage de la troncature de son nom et se mit à gratter le sol avec elle. Ils trouvèrent rapidement sous les siècles de poussière et d'occupation des Gobelins un dallage.

" Finalement, fit le ranger en l'examinant, ces grottes ont été par le passé occupé par d'autre que les Gobelins. C'est du travail fait par les nains. "

La sorcière prit sa dague et frappa les dalles avec le pommeau à la recherche d'une cavité dissimulée qu'elle repéra grâce au bruit creux.

" C'est là, fit-elle en commençant à desceller la dalle. "
Aragorn prit lui aussi sa dague et l'aida dans cette tâche puis retira la pierre. Dessous, il y avait un coffre cerclé de fer avec une poignée au-dessus. Après l'avoir retiré de la cavité, ils l'examinèrent et constatèrent qu'il était verrouillé.

" C'est fermé à double tour, nota le ranger. Et la serrure semble être aussi un ouvrage Nain. Il est impossible de l'ouvrir sans la clef. "

Lina posa la main sur la serrure et ferma les yeux.

" Du gâteau ! Répondit-elle en ouvrant les yeux avec un sourire confiant sur les lèvres. Les Nains sont peut-être les meilleurs ingénieurs qui soient mais ils n'ont pas un sou de jugeote en ce qui concerne la magie. "

" UNLOCK, fit-elle. "

La serrure grinça, cliqua et s'ouvrit sans histoire. A l'intérieur du coffre, se trouvait une large pierre bleu cristalline, lisse et sphérique.

" Un pallantir ! S'exclama la sorcière. L'une des pierres de vision perdues ! "

Elle posa la main dessus et la pierre prit vie, se réveillant de son sommeil millénaire, offrant à la sorcière son pouvoir de vision. Les perceptions de Lina s'élargirent et son point de vue changea. Elle pouvait se voir, elle et Aragorn ainsi que la pierre brillante d'un éclat bleu depuis le plafond. Sa vision changea, comme si elle avait décollé, traversant le plafond, les roches et les pierres du château. Elle vit les bandits qui couraient dans tous les sens quittant leur forteresse en proie aux flammes sans demander leur reste. Elle vit à l'orée du bois Milgazia qui observait le donjon avec inquiétude et les deux enfants endormis, blottis contre lui et revêtus de vêtements qu'il avait du créés pour eux.

Encore une fois sa vision changea, lui faisant survoler la Terre du Milieu et lui offrant une vue panoramique. Elle vit la comté avec ses hobbits qui s'affairaient sans se soucier du vaste monde. Les événements liés au départ de Frodon et de ses amis devenant un sujet d'étonnement, de conversation et de spéculation. Elle vit la forêt ancienne et la malveillance du vieil homme-saule. Elle vit Tom Bombadil et sa compagne heureux dans leur petit univers. Le vieux Tom sentit le regard de la sorcière et lui lança un salut amical et chaleureux.

Lina fendit encore les airs, le sol défilant sous son corps éthéré. Elle vit Fond-combe, la demeure du seigneur Elrond mais elle ne vit pas grand chose d'autre, une barrière l'empêchant de sonder plus profondément. Elle fit cap au sud et survola le pays de Rohan. Elle vit une bataille, une escarmouche entre une troupe d'orque et des cavaliers Rohirim. Les orques n'avaient aucune chance et étaient massacrés par les chevaliers. L'un des hommes attira l'attention de Lina. Dissimulé sous une armure et un heaume, seul son épée dont la lame n'était que lumière révélait son identité.

" Gourry, murmura-t-elle le cœur serré d'émotion. "

Le chevalier releva la tête et chercha un instant l'origine de la voix qui l'avait appelé mais déjà Lina n'était plus là, happée vers une grande ville fortifiée élevée sur une colline verte. En son centre, il y avait un château qui semblait être recouvert d'or. Son regard perça les murailles du palais de Meduseld et s'y enfonça profondément. Elle vit la salle du trône où le roi Théoden, affaibli par les ans et les paroles empoisonnées de son conseillé " langue de serpent ", réprimandait un groupe de noble guerrier. Son regard alla plus profondément encore et atteignit une sorte d'infirmerie. Une femme avec de longs cheveux sombre et de grands yeux verts, guérissait les blessures et apaisait les souffrances des malades avec sa magie.

" Sylphiel, fit Lina reconnaissant un autre Slayers. "

" Lina ? Répondit la prêtresse d'un ton incertain. "

Mais la sorcière fut arrachée encore une fois de cette vision et brutalement envoyé au sud dans la forêt de Fangorn où les Ents millénaires observaient le temps doucement couler dans leur immobilisme végétal. Elle alla encore plus au sud, en Isengar. Elle vit les gobelins et les orques massacrer la forêt et creuser avidement le sous-sol en quête du minerai nécessaire à la fabrication des armes et des armures pour la grande armée que Sarouman levait. La sorcière survola Orthanc et vit Gandalf au sommet de la tour, souffrant et affaibli physiquement.

Lina, avant que Sarouman ne l'ait détecté, fut éjectée vers l'est et survola le Gondor appauvrie par la guerre puis Minas Tirith avec sa grande tour blanche. Elle pouvait sentir le désespoir et la lassitude de ce peuple qui résistait aux assauts du Mordor depuis si longtemps. Encore plus à l'est, elle atteint la tour de la magie noire, Minas Morgul qui était maintenant imprégnait par la corruption sinistre des Nazguls et du sombre pouvoir de leur maître. Elle franchit alors les portes du Mordor et vit la désolation, une terre recouverte par la cendre et souillée par les puissances du mal de ce monde. Elle arriva enfin à Barrak-Dur, la forteresse de Sauron dont la présence ardente et maléfique suintait de chaque atome des pierres des murailles.

C'est alors que le maître des lieux remarqua la présence de Lina. La sorcière sentit son œil enflammé tentait de la pénétrer jusqu'au plus profond de son âme mais ses défenses tinrent bon et repoussèrent ce sondage hostile. Le contact devint alors moins sinistre, moins agressif et plus séducteur, caressant sensuellement ses barrières mentales susurrant à son oreille de douces paroles amicales, lui promettant pouvoir, richesse et grandeur. Tout ce qu'elle avait à faire était de se soumettre à lui et lui faire allégeance. La tentation crut en force et les barrières de Lina s'affaiblir laissant passer quelques détails sur sa personne. Sauron s'en saisit et dévora ces informations goulûment, devenant plus séduisant encore.

" Nous sommes de la même race, fit-il onctueusement maintenant conscient des forces terribles et maléfiques que la sorcière utilisait dans son art. "

" NON ! Cria Céline/Lina, le repoussant violemment et rétablissant ses barrières encore plus forte qu'avant. "

Le seigneur des ténèbres sombra dans la rage devant ce refus et se saisit de Lina, la noyant dans son essence malfaisante et dominatrice, tentant de l'écraser de toute sa haine. Lina sentit l'armure autour de son âme craquée sous les assauts impitoyables de Sauron et que bientôt son esprit serait violé et souillé par cette marée noire satanique. Une explosion de lumière dorée déchira ce manteau démoniaque et une silhouette lumineuse fendit le plan astral et prit la rouquine dans son étreinte protectrice. Cette lumière grandit encore et encore et prit la forme d'un colossal dragon d'or de type occidental. L'envergure de ses ailes semblait aller à l'infinie ; les longues cornes des dragons asiatiques émergeaient de sa tête en forme de dard comme une couronne royale. Ses yeux d'or métallique fixèrent la forme astrale de Sauron qui était agité de spasmes rageurs. Le dragon ouvrit sa gueule, révélant ses crocs acérés.

" VOUS NE L'AUREZ JAMAIS, retentit en un fracas rauque et terrifiant. "

Ce fut à ce moment que Lina réintégra son corps, blanche comme un linge et tremblante sous le regard inquiet d'Aragorn qui la secouait.

" Lina ! cria-t-il. Lina ! Qu'avez-vous ! "

La sorcière se leva d'un bond, se détourna du pallantir, s'en éloignant le plus possible.

" Ferme ce coffre, vite ! Il peut nous voir ! "

" Qu'est ce qui ne va pas ? Demanda-t-il son inquiétude croissant devant la terreur de la sorcière. Qui peuvent nous voir ? "

" Fait ce que je te dis, cervelle de mollusque ! S'exclama-t-elle avec rage. "

Aragorn referma le coffre et alla au près de la sorcière toujours tremblante à la fois de terreur et de rage et la prit par les épaules.

" Lina ! Fit le ranger avec inquiétude. Que s'est-il passé ? Qu'avez vous vu ? "

" Sauron ! Répondit-elle en le repoussant rageusement. Ce sale œil purulent du Mordor ! Voilà ce que j'ai vu. "

Elle s'étreignit, frissonnant de terreur et de rage, glacée par le contact maléfique de ce seigneur ténébreux. La sorcière n'arrivait pas à croire que cela l'ait choquée à ce point. Après tout, elle invoquait assez régulièrement le pouvoir des démons servant le Ruby-Eye et même celui de Shabranigdou en personne. Comment le pouvoir d'un être qui n'était même pas un mazoku de souche pouvait-il l'avoir secouée à ce point ? Peut-être était-ce parce qu'il n'en était justement pas un.

" La ferme ! Fit Lina hargneusement au ranger qui avait à peine ouvert la bouche. J'ai pas besoin de leçon de moral. "

" Bon sang Lina, s'exclama Aragorn, Allez-vous me laisser vous aider ! "

" Et qu'est-ce tu peux y faire ! Rétorqua-t-elle. Absolument rien ! Je suis la plus puissante sorcière à n'avoir jamais existé et tu n'es qu'un ranger miteux qui n'a pas la moindre idée de la terreur qui règne dans le plan astral. Occupe-toi de tes affaires ou je te grille le cul à grand coup de boule de feu ! "

Le visage du ranger se durcit, blessé par les paroles insultantes de la sorcière. C'était sa soif de pouvoir, son avidité et son impatience qui l'avait mise dans cette situation. La sorcière ne pouvait donc s'en prendre qu'à elle-même. Aragorn espéra que cette mésaventure lui inculque un peu de patience et calme ce tempérament volcanique.

" Nous n'avons plus rien à faire ici, dit-il froidement. Allons-nous-en ! Mettez le pallantir avec le reste du trésor ! Nous ne pouvons le laisser ici. "

La sorcière d'un pas incertain, s'accroupit près du coffre et le caressa de sa cape qui l'absorba de la même manière que l'or et les bijoux.

Le retour se fit dans le silence le plus absolu. La colère de Lina était tellement intense qu'elle semblait transcendait son petit corps et formait une aura écarlate et autour d'elle. Aragorn prit parti de ne pas lui adresser la parole, comprenant bien que cette ire n'était pas seulement due à la terreur que lui avait inspirée le seigneur des ténèbres mais aussi à cause de sa fierté égratignée. Elle ne cherchait donc qu'un simple prétexte pour passer ses nerfs sur lui. Arrivés à l'extérieur, ils retrouvèrent Milgazia avec les enfants revêtus de vêtements clairs et propres, endormis et blottis contre lui.

Le dragon, assis sur une souche, était blanc comme un linge, en sueur et exténué comme s'il venait de livrer bataille aux cinq seigneurs démons qui servaient Shabranigdou.

" Mil ! Fit Lina avec inquiétude. Qu'est-ce qui t'es arrivé ? C'est pas possible que ces minables t'aient mis dans un tel état ! "

" Un tir chanceux peut terrasser un dragon, fit le ranger en examinant les enfants dans les bras de Milgazia. "

Le seigneur dragon grinça des dents à cette pique involontaire du ranger mais leur sourit pour les rassurer.

" Une bataille dans le plan astral, fit-il doucement, n'est jamais chose aisée. Et mon n'adversaire était particulièrement redoutable. Tu n'aurais jamais dû toucher ce pallantir. "

" Comment tu sais çà ? S'exclama-t-elle hargneusement, le défiant d'ajouter quelque chose de désobligeant. "

" A qui crois-tu être redevable pour t'avoir sauvé la vie, rétorqua-t-il d'un neutre. "

" Cà suffit ! Dit Aragorn passablement irrité par l'humeur exécrable de la sorcière. Lina ! Vous ne pouviez pas savoir que cela allait arriver. Estimez-vous heureuse de vous en être réchappée. "

" Tu piges vraiment pas ! Hein ? Rétorqua-t-elle aigrement. J'ai failli me faire violer mentalement. Est-ce que çà te rentre enfin dans ta cervelle de mollusque Gros-panard ? "

Le ranger, pris de court, ne sut trop quoi dire. Le viol était un acte vil, répugnant et particulièrement traumatisant pour la victime.

" Je ne sais trop quoi dire, fit-il. "

" Alors tait-toi ! "

" En tout cas, intervint le dragon pour calmer la situation, ces scélérats ne terroriseront plus les environs. "

" N'importe quoi ! Répondit Lina. On a tout au plus éliminé que le tiers de la bande. Ceux qui se sont enfuis, reviendront bientôt dans cette forteresse et reprendront leurs petites activités. Il faut faire bien plus que çà pour faire déguerpir cette racaille. "

Un sourire cruel se dessina sur ses lèvres.

" Et je sais justement ce qu'il faut faire, reprit-elle. "

" Est-ce que tu vas faire ce que je crois que tu vas faire, fit Milgazia alors qu'un frisson remonta le long de son dos. "

" Bingo ! J'ai justement des tonnes de frustration à évacuer. "

" Encore de la magie, je suppose, fit Aragorn. "

" Oh que oui ! Dit-elle. Va t'asseoir avec Mil et admire le spectacle. "

La sorcière s'éloigna d'eux de quelques pas et prit une grande respiration. Elle avait décidé de ne pas se servir de ses amulettes pour amplifier l'effet considérant que ce n'était pas nécessaire. Lina leva les bras au ciel, les mains semblant tenir un globe et ferma les yeux.

Elle se mit à entonner, d'une voix profonde qui semblait venir du fond des âges :

"Oh! toi qui es plus sombre que la nuit ... "

Une bourrasque se leva faisant onduler les cheveux de feu de la sorcière, soulevant autour d'elle des tourbillons de poussière.

" Plus pourpre que le sang qui coule... "

Son corps se mit à luire d'une lumière écarlate, s'emplissant de la force du souverain des démons, Ruby-Eye Shabranigdo.

" Enfoui dans la spirale du temps... "

Cette lumière magique remonta le long du corps de la sorcière, se concentrant dans ses mains. Un point lumineux se forma puis entra en expansion pour former une sphère d'énergie aussi rouge que le sang. Milgazia cria à Aragorn de se jeter au sol et de se mettre à couvert et il enveloppa les enfants dans sa cape se préparant lui aussi à la déflagration.

" En ton nom, je fais serment aux ténèbres... "

" Pour que tous les fous qui se dressent contre nous, soient détruis par le pouvoir que nous possédons. "

Elle ramena ses bras perpendiculairement à son tronc, orientant cette sphère mortelle vers le donjon.

" DRAGON SLAVE "

Un torrent flamboyant d'énergie écarlate jaillit de ses mains et déchira l'air en un tumulte assourdissant. A la vitesse de l'éclaire, ce rayon de lumière maléfique frappa la forteresse qui fut happée par une titanique explosion de plusieurs mégatonne qui désintégra sans discrimination, murs, poutres, armes, chevaux et bandits.

L'onde de choque avait fait se lever un véritable sirocco qui recouvrit les environs de poussière et arracha les arbres des alentours tuant ou forçant à la fuite toutes les créatures qui y logeaient. Un grand nuage de poussière s'éleva dans les airs, formant le premier champignon atomique qu'est connu la Terre du Milieu et qui révéla, une fois dissipé, un énorme cratère et une terre saccagée. Aragorn et Milgazia se dégagèrent de la couche de poussière qui les recouvraient et s'époussetèrent. Fort heureusement pour les enfants, cette terrifiante explosion n'avait pas réussi à rompre le sort de sommeil que la sorcière leur avait jeté, les épargnant ainsi ce spectacle effroyable.

Aragorn, bouche bée, blanc comme un linge ne savait trop quoi dire ou quoi faire devant ce niveau de destruction. En quelques minutes, le paysage verdoyant s'était mué en un spectacle de désolation presque digne du Mordor. Et ce pouvoir destructeur, jamais vu en cet âge, était détenu par une petite fille même pas sortie de l'enfance, cruelle, cupide et colérique.

Lina, sa cape et ses cheveux flottant dans le vent, admirait son œuvre avec satisfaction, son cœur purgé en grande partie de la terreur inspirée par le contact répugnant de l'esprit de Sauron. Elle était Lina Inverse, la sorcière suprême, la terreur des dragons, l'enfant terrible du chaos et de la destruction et était prête à flanquer la torgnole du millénaire à ceux qui oseront s'en prendre à elle et à ses amis. La rouquine repensa un instant à Sauron et la tentation de se venger lui traversa l'esprit. Fort heureusement, avec l'excitation qui retombait, la pondération de Céline reprenait le dessus.

" Non ! Se dit-elle en retournant auprès de ces compagnons. La priorité, c'est de retrouver les autres et de trouver un moyen pour quitter ce souk. "

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" Et après avoir sauver les enfants, termina Lina qui avait pris le relais au milieu du récit, et résolu les problèmes de criminalité de la région, nous les rendîmes à leurs parents. Nous repartîmes quelque temps plus tard avec Aragorn, raccompagnés par les villageois reconnaissants. "

" Voilà ! Reprit-elle ragaillardie par le récit de cette aventure. Fin ! "

Xellos, le visage fendu par un sourire amusé, battit des mains avec satisfaction. Il adorait ce genre d'aventures pleines de sang, de mort et de destruction. De plus, la manière dont la sorcière avait mené à la baguette Milgazia et Aragorn était proprement hilarante. Cependant la mine sévère que le dragon arborait depuis la conclusion et la réputation de Lina, lui faisaient douter du bien fondé de cette jolie fin.

" Vous avez vraiment un véritable don de conteur, Lina-san, fit le démon aimablement. "

Subitement, le prêtre tourna la tête vers la cheminée, alerté par les bribes d'une conversation entre M.Touque et un hobbit de Bree concernant la grande fête d'anniversaire de Bilbon. Pippin, un peu échauffé par l'alcool allait à un moment ou à un autre vendre la mèche.

" M.Touque à l'air de bien s'amuser, fit le démon à ses compagnons. "

" En effet, nota laconiquement le dragon. Et notre ami Aragorn est entrain d'enjoindre M.Soucolline de le faire taire. Vous vous souvenez de ce qui va se passer. "

" Ouais ! Répondit Lina. La chanson, la chute de Frodon sous la table et l'accident avec l'anneau. "

" Il est grand temps de faire taire cet indiscret petit hobbit, fit Xellos en souriant dangereusement. "

" Et qu'est que tu proposes ? Demanda la sorcière. "

" Et bien c'est un secret, fit le démon malicieusement. Mais ne soyez pas triste et admirez le spectacle ! "

Discrètement, Xellos prit son bâton et l'éleva de quelques centimètre. Il se concentra sur le feu qui crépitait dans l'âtre, bien près des fesses de Pippin. D'une simple commande mentale, une bûche craqua envoyant une petite étincelle qui prit une trajectoire bien improbable en direction du petit postérieur rond et charnu du jeune hobbit. Le pantalon ne tarda pas à prendre feu et le pauvre Pippin se mit immédiatement à crier à courir dans tous les sens suppliant pour un baquet d'eau. L'un des habitués, un homme trapue et jovial, intervint en plaquant le malheureux semi-homme à terre et tenta d'étouffer les flammes. M.Poiredebeurré vint alors avec un sceau plain d'eau et arrosa généreusement Pippin. Le hobbit, trempé comme une soupe, avec une mine déconfite, se retira dans sa chambre sous les éclats de rire de l'assemblée, suivit d'un Merry qui perdait graduellement du terrain dans sa lutte pour ne pas lui aussi sombrer dans l'hilarité générale.

Le mazoku riait de bon cœur lui aussi, se gorgeant de la gêne et de la honte du hobbit dont le derrière avait failli terminer en saucisse de Frankfort grillée et des rires mesquins de l'entourage. Lina riait à gorge déployée tapant la table avec la paume de sa main. Milgazia, le noble seigneur dragon, resta d'une impassibilité et d'une dignité quasi-royale. Le seul point trahissant ce masque étant le presque indétectable plissement du coin gauche de sa lèvre.

" Xellos, fit Lina entre deux gloussements, tu es vraiment diabolique. "

" Votre compliment me va droit au cœur Lina-san, répondit le démon hilare. C'est un plaisir d'avoir pu vous dérider un peu. "

" Je souhaite que ce pauvre garçon n'apprenne jamais le rôle que vous avez joué dans sa mésaventure, ajouta Milgazia. Cela risque de jeter un froid dans vos relations. "

Le démon et la sorcière échangèrent un regard désolé devant la tentative d'humour pathétique du dragon.

" Ah le sens de l'humour draconien ! S'exclama Xellos dramatiquement. Comment pourrait-on vivre sans ? "

" L'absence d'humour draconien, dit Lina avec un petit sourire amusé, serait plus juste. "

Avant que le dragon n'ait pu se défendre, un groupe d'individus patibulaires firent irruption dans la salle commune, armés jusqu'au dent et visiblement avec des intentions moins qu'honorable. M.Poiredebeurré s'interposa demandant à savoir ce que toute cette agitation signifiait mais fut violemment poussé de côté. Ils fendirent la foule des badauds à leur tête un individu au visage replet, de petits yeux noirs enfoncés dans de profondes orbites portant des vêtements de voyage poussiéreux. Arrivé à la table des Slayers, cet homme dont le visage n'était plus qu'un masque de furie à peine dissimulé, lança un regard méchant meurtrier à la sorcière.

" Vous ! Gronda-t-il bestialement, luttant pour ne pas l'étrangler. "

Si la sorcière connaissait cet individu, comme Xellos le suspectait, elle ne le montra pas et arbora une expression de surprise et d'incompréhension qui lui aurait sûrement valu une nomination pour l'Oscar de la meilleure actrice.

" Je croix que vous faite erreur monsieur, fit-elle doucement d'un ton aimable. Je m'appelle Céline Velmaux et nous ne nous sommes jamais rencontrés. "

" Sale voleuse, s'exclama-t-il en tapant du point sur la table. Je vais te faire recracher ce trésor et tu vas pisser le sang c'est moi qui le dit. "

" Je suppose qu'il s'agit d'un de ces fameux villageois reconnaissant, fit Xellos en ouvrant un œil amusé, impatient de voir comme la situation allait tourner en eau de boudin. "

" Ok ! Petit père, fit la sorcière en grinçant des dents. Comme je suis de très bonne humeur, je te laisse à toi et à tes gorilles dix seconde pour déguerpir. Quant au trésor, il appartient à celui qui l'a trouvé. "

L'homme rugit de rage et tenta de saisir l'épaule de la sorcière mais il fut arrêté par le dragon qui lui brisa le poignet et l'envoya en vol plané s'écraser contre le comptoir, percutant ceux qui y discutaient devant une bière. Lina recula sa chaise violemment, et se mit debout à la vitesse de l'éclair, comprenant bien qu'une bagarre allait éclater. L'un des séides de son agresseur, sortit un couteau et se jeta sur elle, mais Lina esquiva et lui planta son poing en pleine figure le précipitant sur une table occupée par un groupe de Nain.

Après cela, ce fut comme une réaction en chaîne, une chute de domino en entraînant un autre et ainsi de suite. La salle commune devint bien rapidement un champ de bataille qui engloutit tous ceux qui s'y trouvaient. Aragorn qui s'était tenu à l'écart jusqu'à présent, se leva brusquement, lorsqu'il vit Frodon percuter par mégarde une grand gaillard particulièrement belliqueux. Il tenta de se frayer un passage à coup de poing et à coup de coude dans la marée humaine mais ne pu atteindre le hobbit avant que ce pendard le soulève de terre par le col et s'apprête à lui refaire le portrait. Sam, malgré sa petite taille, se jeta sur cette brute et le plaqua à terre, lui criant de laisser Frodon tranquille. Le hobbit, une fois libéré plongea sa main machinalement dans la poche de son gilet pour s'assurer de la présence de l'anneau, mais trébucha sur une choppe qui traînait par terre. Le jeune M.Sacquet, se volatilisa dans l'indifférence totale de l'assemblée trop occupée à démolir son voisin. Il se précipita alors vers l'homme qui se débattait pour se libérer du hargneux Sam et lui frappa la tête avec son énorme pied velu, le faisant basculer à terre et perdre connaissance. Le seul qui fut témoin de cet événement, fut Xellos qui n'avait pas bougé d'un iota et qui savourait un thé brûlant dans une tasse en porcelaine de Chine, appréciant cet exquis climat de violence. Frodon retira l'anneau et aida Sam, son œil tuméfié, à se relever. Aragorn, un fin filet de sang coulant de sa lèvre, les rejoignit finalement pour les extraire de la mêlée et entama avec un hobbit sous chaque bras une retraite stratégique.

Pendant ce temps, Lina et Milgazia faisaient le vide autour d'eux envoyant prestement au tapi ceux qui osaient approcher avec des intentions hostiles à leur encontre. Le dragon se mouvait avec la grâce aérienne d'un aigle, esquivant coups de poing, chaises, chope en fer et bris de verre et neutralisant ses adversaires d'une contre attaque rapide avec juste assez de force pour les sonner. Lina, quant à elle, ne faisait pas autant dans la dentelle que son compagnon. La seule chose qui l'avait empêché de nettoyer tout çà avec un peu de magie à sa façon, était l'éventualité de blessé l'un de ses amis. La sorcière se contentait donc de cogner fort, vite et sans se poser de question. Soudain, son crâne sembla explosé ; frappée par derrière par une chaise, la sorcière s'affala par terre. Elle se releva folle de rage et lâcha en Sindarin, un juron tellement obscène et ordurier qu'un elfe qui avait par chance échappé à tout dégâts physiques rougit d'embarras. La sorcière se retourna et, toujours dans la même langue, injuria le responsable, un Nain au visage couperosé, ainsi que toute sa parenté du début jusqu'à la fin des temps. Elle prit ensuite, en un éclair, la barbe du Nain dans sa main, le tira violemment vers elle et lui planta son poing en plein nez. Et, gardant toujours la barbe en main, elle le souleva au-dessus de sa tête et le jeta à travers la pièce, droit dans une fenêtre qui se brisa à l'impacte. Lina jeta la poignés de poils qui lui était resté dans la main et décida de mettre fin à cette foire.

" Cà suffit maintenant, gronda-t-elle, les yeux brillant de fureur. BALLUS ROD. "

Une énergie ignée apparut dans ses mains et forma un bâton de feu dont elle se servit pour démolir sans discrimination et avec la grâce d'une panthère, les idiots qui ne débarrassèrent pas le planché après avoir été témoin de sa démonstration de lancé de Nain et de son tour de magie. Finalement, après plusieurs torgnole et autres destructions de mobilier, il ne resta debout que les slayers, trois nains salement amochés et les elfes qui s'était tenu à l'écart, évitant de recevoir des mauvais coups.

Lina dispersa son bâton de feu et s'affala sur une chaise, fourbue, une bosse de la taille d'un œuf de pigeon sur l'arrière du crâne et une ecchymose qui se formait sur la joue. Milgazia, qui s'en était sorti avec ses vêtements à peine froissés, vint à ses côtés et plaça ses paumes en face d'elle, invoquant ses pouvoirs curatifs. Une vague de lumière banche et chaude la caressa doucement et l'enveloppa, apaisant ses muscles bandés, effaçant les bleus de son corps ainsi que cette disgracieuse bosse à l'arrière de sa tête.

" Lina ! Fit le dragon d'un ton un peu réprobateur, vous auriez dû prendre garde à vos arrières. Cette chaise aurait très bien pu vous briser le crâne. "

" Salopard d'ornement de jardin ! Jura-t-elle entre ses dents. "

" Milgazia-san ! Lina-san ! Fit le démon heureux d'avoir assister à une telle débauche de violence. Je dois vraiment vous féliciter pour cette démonstration d'arts martiaux. "

" T'aurais pu nous donner un coup de mains, tempêta Lina en lui lançant un regard noir, espèce de prêtre à quatre-sou. "

" Sut été un grand honneur pour moi de vous assister, mais il aurait été dommage de laisser mon thé refroidir, fit-il d'un ton goguenard en levant sa tasse qu'il avait sortie d'on ne savait où. "

Lina grommela quelques remarque bien sentie concernant la mauvaise foi du mazoku. Milgazia, quant à lui, trop absorbé par sa tache ne fit aucun commentaire.

Lorsque l'onde curative se retira, la sorcière se retrouva en pleine forme, totalement guérie des blessures qui lui avait été infligé au cours de la lutte. C'est alors que M.Poiredebeurré réussit à s'extraire de sa clientèle inconsciente, le visage tuméfié, un bras un peu raide. Il jeta un regard atterré aux dégâts infligés à son auberge et à ses clients nécessitant une assistance médicale immédiate. L'aubergiste, le visage courroucé, fixa les Slayers qui avaient prit une part active dans ce désastre et se fraya un chemin vers eux, enjambant les corps inconscients qui jonchaient le sol.

" Vous êtes fière de vous, je suppose ! Cria-t-il à Lina. Mais qu'est-ce que c'est que ces manières ! Cà vous prend souvent de saccager les auberges où vous descendez. "

Lina Inverse baissa les yeux et prit une mine contrite. Elle releva la tête et fixa l'aubergiste avec de grands yeux tristes, embués et attendrissant qui lui auraient valu cette fois l'Oscar de la meilleure actrice.

" Je...je suis désolé M.Poiredebeurré, fit-elle d'un ton sincère et repentant. Nous vous avons bien mal remercié alors que vous avez fait preuve d'une hospitalité irréprochable. "

" Nous comprendrons, reprit-elle en prenant les mains de l'aubergiste chaleureusement en y mettant discrètement quelque-chose, si vous nous demandez de nous en aller. "

La sorcière lui lâcha les mains et M.Poiredebeurré regarda ce qu'elle y avait placé. C'était un diamant, énorme, de la taille d'un œuf de caille, de quoi acheter Bree en entier. L'aubergiste, réalisant qu'il tenait dans la main une petite fortune, en eut le souffle coupé et referma brusquement le poing, de peur que quelqu'un voie la pierre et tente de le dévaliser.

" Après tout, fit-il un peu gêné, affectant de ne pas avoir reçu ce pot-de-vin, ce n'était pas votre faute. Ces messieurs ont fait irruption dans mon établissement de manière fort violente et ont attaqué les premiers. Vous n'avez fait que vous défendre et les choses, comme bien souvent lorsque la bière coule à flot, ce sont envenimés. Je ne vois pas de raison pour vous chasser. "

Milgazia s'avança vers Poiredebeurré et posa sa main sur le front de l'aubergiste, faisant appel une fois de plus à son pouvoir curatif. L'hôtelier fut rapidement guéri et fixa le seigneur dragon avec regard emprunt de révérence.

" Maître Poiredebeurré, fit-il solennellement, votre largesse d'esprit et votre générosité vous honore vous et votre maison. En gage de notre gratitude pour votre compréhension, veuillez accepter cet humble présent. "

" Grâce soit rendu à vos seigneuries, fit-il en s'inclinant. Je suis votre obligé. "

" Bon ! Dit Lina un peu exaspérée par ses boniments. Je suis crevée. Il est temps d'aller dormir. Xellos ! Tu partages la chambre de Mil. "

Pendant un instant, une lueur dangereuse traversa le regard du seigneur dragon trahissant le conflit intérieur dissimulé par cette façade impassible.

" Quelle bonne idée ! S'exclama le prêtre-général emphatiquement. Nous avons tellement de chose à nous raconter. N'est-ce pas ? Milgazia-san ? "

" Effectivement, répondit le dragon d'un ton circonspect. Une conversation passionnante en perspective. "

" Eh les gars ! Intervint la sorcière. Pas d'embrouille ! Nous sommes entre amis, d'accord ? "

Lorsque le dragon et le démon promirent d'être sage et de bien se tenir, il suivirent Lina hors de la salle commune et se rendirent à leurs chambres à l'étage. En chemin, ils passèrent devant une porte taillée pour un hobbit.

" Attendez ! Chuchota le mazoku à ses compagnons. Cà vous direz que je vous présente à Frodon et sa bande ? Nous sommes justement devant leur chambre, si j'en crois mes sens. "

" Toi, fit Lina d'un air dangereux, fusillant du regard le démon. Tu as quelque chose derrière la tête. Et ne t'avise pas de me dire que c'est un secret, espèce de prêtre de pacotille. "

" Dans ce cas Lina-san, répondit-il innocemment, je vais garder le silence. "

La sorcière s'apprêta à flanquer une volée au démon souriant mais fut retenue gentiment par Milgazia qui posa sa main sur son épaule. Le dragon échangea avec elle regard apaisant mais fatigué, lui montrant clairement son souhait de mener cette entrevue dans le calme.

Xellos leur fit un clin d'œil plein de connivence et frappa à la porte du bout de son bâton.

Fin du chapitre.