Les personnages de cette histoire appartiennent à leurs auteurs respectifs. Je ne prétends aucunement les exploiter dans un quelconque but lucratif.






Le seigneur des anneaux contre les Slayers



Chapitre 3 : Rencontre avec les Slayers. Dans quelle galère on s'embarque !



Les slayers n'eurent pas longtemps à attendre. La porte s'ouvrit sur un Sam Gamgee extrêmement morose et amoché. Son œil était fermé et boursouflé ; ses vêtements fripés et un peu déchirés.

" C'est encore vous, soupira le hobbit sa mine s'affaissant plus qu'elle ne l'était déjà. Qu'est-ce que vous voulez ? "

Le prêtre affecta une expression faussement peinée, tandis que Lina ne put réprimer un sourire amusé.

" Vous n'êtes vraiment pas gentil, Sam-san, fit-il. Alors que je me faisais du souci pour votre santé ainsi que celle de vos compagnons. "

" Je vois que t'as trouvé à t'occuper, Xellos, intervint Lina amusée par l'accueil glacial du hobbit. "

" Bienvenu au club ! Reprit-elle en s'adressant à Sam. Cà fait plusieurs années que je le connais et il n'a fait que me fourrer dans le pétrin. "

" Vous aussi, Lina-san ! Geignit le démon pathétiquement. Qu'ai-je fait de si grave pour que tout le monde se ligue contre moi ? "

" Une question épineuse. Ajouta Milgazia d'un ton docte. Peut-être est-ce dû à votre personnalité si exotique et haute en couleur ? "

" Des sarcasmes ? constata le prêtre avec une trace d'acidité dans la voix. Moi qui vous croyais au-delà de ces gamineries. "

" Mes fréquentations ont été particulièrement contestables ces derniers temps, répondit-il, fusillant le mazoku d'un regard froid et intimidant. J'imagine que mes manières ont dû en pâtir. "

" Tout comme les miennes, répondit Xellos avec une amabilité dangereuse. Mais laissons la question des bonnes manières de côté, elles ne sont qu'un verni bien fin qui dissimule les véroles du caractère sous une surface agréable. "

Lina se retourna vers le démon et le dragon qui, tout en étant d'une parfaite politesse, jouaient avec les nerfs de l'autre. La sorcière leur lança son meilleur regard noir, celui qu'elle réservait aux voleurs abrutis ou aux second-couteaux trop stupides pour comprendre que leurs chances de survie face à son pouvoir étaient infinitésimales, promettant une croisière en première classe sur un océan de douleur.

" Cà suffit maintenant ! Dit-elle fermement avec plus qu'une once d'irritation. Si vous continuez, j'en prends un pour taper sur l'autre. "

Le mazoku s'étonna de l'hostilité à peine dissimulée du dragon à son encontre. Milgazia, ainsi que tous ceux de sa race, était terrifié face à lui. Il avait massacré, sans grandes difficultés, des milliers de Dragon d'Or pendant la guerre, devenant ainsi le plus grand fléau de cette race et leur plus terrifiant cauchemar. Que la terreur qu'il leur inspirait en générale, ait quitté Milgazia de la sorte, était extrêmement suspect. Peut-être était-ce l'influence de Michel ? En tout cas, le démon se promit de tirer cela au clair.

Des pas, faisant craquer le planché, se firent entendre et une grande silhouette sombre apparut derrière Sam, le dominant de toute sa hauteur. Lorsqu'elle se courba et passa la tête par la porte, Xellos reconnut aisément le vice présidant de l'amicale des souverains avec un look de gredin, autrement dit Aragorn, le futur roi du Gondor.

" Salut, Ari, fit Lina en souriant. Toujours prêt à sauver la veuve et l'orphelin, à ce que je vois. "

La face du ranger se fit dure et impassible ; ses yeux trahissant l'irritation et la méfiance. Aragorn se serait bien passé de revoir les deux Slayers. Le voyage pour Bree, ordinairement peu périlleux, s'était mué, à cause de la présence de Milgazia et de Lina, en une véritable foire de bizarrerie, de violence gratuite et de destruction de masse ; chacun de leurs pas les menant à encore plus de problèmes.

" Lina, fit-il en dissimulant son irritation, Milgazia, que me vaut l'honneur de cette visite ? "

" Vous les connaissez, Grand-pas ? demanda Sam suspicieux. "

Le hobbit n'avait qu'une confiance bien relative en Aragorn et qu'il soit lié à cet ennuyeux Xellos, ne jouait pas vraiment en sa faveur.

" Grand-pas ! S'exclama Lina. Dit moi, Ari ! Pourquoi tu continues à utiliser ce nom ? Il n'est pas très flatteur et question sobriquet, je m'y connais. "

" Pouvons-nous continuer cette discussion dans votre chambre ? Suggéra le dragon doucement. Le palier d'une porte n'est pas le meilleur endroit pour parler. "

Le hobbit étudia les slayers avec attention, cherchant sur leur visage un quelconque signe de duplicité et de mauvaise intention. Sam Gamgee partageait l'opinion de Frodon concernant Xellos et il souhaitait ne jamais l'avoir rencontré, même s'il lui avait sauvé la vie. Ce prêtre avec ses yeux fermés, son sourire aimable perpétuellement plaqué sur son visage et son allure insignifiante, en savait beaucoup trop sur eux et semblait tirer un plaisir sadique à jouer avec leurs nerfs. Compte tenu de cela, il les aurait bien fait déguerpir mais quelque chose en Milgazia l'en empêchait. Peut-être, était-ce l'animosité polie qu'il témoignait envers Xellos ? En tout cas, quelque chose chez cet homme inspirait confiance et commandait le respect.

" Bonne idée, Mil, fit la sorcière avec entrain. Je parie que, plié comme çà, Ari commence à se chopper un torticolis. "

Du troisième membre de ce groupe, Lina, Sam ne savait trop quoi en retirer. Petite selon les critères des hommes, il émanait cependant de sa silhouette gracile un tel charisme et une telle confiance en elle-même que sa présence même suffisait à dominer l'espace qui l'entourait, mettant le hobbit par-là même assez mal à l'aise. Il les fit donc rentrer et les introduisit dans le salon privé de la suite occupée par messieurs, Touques, Brandebouc et Sacquet qui essayaient tant bien que mal de récupérer de cette rixe dans la salle commune.

De ces malchanceux Hobbits, seul Merry avait échappé à cette mésaventure, indemne. Pippin, en sous-vêtement, enveloppé dans une couverture, avait perdu son air penaud et se remettait de l'humiliation de tout à l'heure en attendant que ses vêtements sèchent. Frodon, quant à lui, était assis au coin du feu, son pied posé sur un coussin. Si on pouvait encore qualifier cette citrouille boursouflée de pied. Le jeune monsieur Sacquet était certes courageux, mais ses aptitudes au combat laissaient fort à désirer.

" Xellos ! Gronda-t-il avec irritation. J'aurais dû me douter que vous alliez montrer le bout de votre nez. "

" Franchement, Frodon-san, répondit le prêtre souriant, vous devriez prendre quelques court de gestion du stress. Vous me réprimandez alors que je viens m'enquérir de votre santé ! Ce n'est pas une attitude très amicale. "

" Depuis quand vous êtes notre ami ! S'exclama Sam qui partageait la colère de son maître. "

" T'as dû te surpasser avec eux, Xellos ? fit Lina amusée. Je suppose que tu leur as donné un échantillon de ton humour à deux sous. "

" Je vois qu'il s'agit des amis que vous deviez retrouver ici, constata Merry en étudiant les compagnons du prêtre. "

" Oh ! S'exclama le mazoku outrageusement. J'oublie toutes les bonnes manières qui m'ont été inculquées. Mes chers amis de la Comté, laissez moi vous présenter deux très vieux amis qui sont chers à mon cœur. "

" Voici Lina Inverse, fit-il en la présentant avec un revers dramatique de la main. La tueuse de bandit, l'enfant terrible du... "

Le prêtre ne termina pas sa phrase et se retrouva, en un clin d'œil au sol, sonné, avec une énorme bosse au sommet de son crâne. La sorcière rousse qui en avait plus qu'assez d'entendre l'éternelle rengaine habituellement servie par les imbéciles pour la décrire, fit taire le mazoku avec l'efficacité et la délicatesse qu'on lui connaissait. Etre connu comme la Dramatta par toute une planète était bien suffisant ; inutile d'élargir cette réputation à la Terre du Milieu.

" Pas un mot de plus ! gronda-t-elle comme un fauve, le foudroyant d'un regard noir qui aurait pu faire fuir le plus aguerri et sanguinaire barbare. "

" Vous êtes méchante, Lina-san ! Geignit le démon en se relevant tout en frottant la bosse sur son crâne. Je voulais seulement vous présenter sous votre meilleur jour. "

Cette réaction tira de l'assemblée quelques rires honnêtes qui détendirent l'atmosphère et dissipèrent quelques peu le climat de suspicion et la crainte des derniers jours.

" Décidément, nota le dragon avec un sourire caustique aux lèvres, vous avez le chic pour énerver vos interlocuteurs chaque fois que vous ouvrez la bouche. "

" Je suis Milgazia de Lawrazia, renchérit-il, seigneur du Mont Katart. C'est un honneur de pouvoir faire votre connaissance. "

Frodon considéra un instant cette nouvelle situation, pesant avec circonspection les options qui s'offraient à lui et leurs conséquences. Le doute, la suspicion et la crainte étaient devenus, ces derniers temps, des compagnons de voyage bien plus fidèle encore que Sam. Combien de fois, lorsqu'il était plus jeune, avait-il rêvé qu'il était ailleurs avec son oncle Bilbon, vivant une aventure ? Maintenant que tout cela était devenu réalité, le jeune monsieur Sacquet regrettait bien son confortable trou et de s'être retrouvé mêlé à une affaire aussi dangereuse.

Inconsciemment, il porta sa main à son gilet et glissa les doigts dans sa poche, touchant l'objet responsable de tout ses malheurs, l'anneau Unique. Le métal froid qui glissait entre ses phalanges lui apportait apaisement et un étrange réconfort, chassant craintes et doutes mais pas sa méfiance. Qui pouvait bien être ces étrangers qui surgissaient comme çà à l'improviste ? D'abord cet irritant Xellos qui s'était manifesté fort opportunément pour ne pas dire suspicieusement pour les sauver sur les Hauts des Galgals. Puis, ce Grand-Pas, un rôdeur avec une fort mauvaise réputation dans les environs, les arrachant au chaos de cette bagarre de bar. Et enfin cette Lina bien trop violente et agressive, accompagnée de cet homme qui se prétendait seigneur de quelque chose. Tout cela ne lui disait rien qui vaille et Gandalf qui n'était pas là. L'anneau ! Ils en avaient après l'anneau ! Ils voulaient lui prendre son anneau ! Son cœur s'emballa comme un cheval sauvage et une vague de paranoïa déferla dans son esprit.

Le mazoku souriant, déjà bien rassasié par la grande bagarre qui avait eu lieu quelques instants plutôt dans la salle commune, fit de cette onctueuse terreur tout aussi paranoïaque que saccharine un dessert d'une délicatesse incomparable.

" Je me nomme Frodon Soucoline, répondit le hobbit exsudant la méfiance et la crainte de tous les pores de sa peau. "

" Voici mes cousins, reprit-il en les désignant du doigt tour à tour, Pérégrin Touque et Merriadoc Brandebouque. Mon serviteur, Sam Gamgee. Et ce grand gaillard s'appelle Grand-Pas. "

" Vous savez, Frodon-san, fit Xellos d'un ton goguenard, il n'est pas très poli de montrer du doigt de cette manière. Avez-vous laissé vos bonnes manières en Comté ? "

Pippin pouffa mais fut rapidement réduit au silence par un coup de coude dans les côtes porté par Merry. La situation était trop sérieuse pour ce genre d'enfantillage et il fallait qu'ils présentent un front uni face à ces étrangers.

" On connaît déjà Grand-Pas, fit Lina, on a fait ensemble le chemin jusqu'à Bree. Et qu'est-ce qu'on a rigolé ! "

" Pas vrai, les gars ? lança-t-elle à Milgazia et à Aragorn d'un ton espiègle. "

Le Ranger lâcha un soupir ennuyé, se remémorant le nombre de fois qu'il avait failli périr en la compagnie des Slayers. Tout d'abord des bandits en quête de revanche pour le vol de leur trésor ; puis des chasseurs de prime bien trop compétant et tenaces ; des Trolls qui les avaient trouvés à leurs goûts pour leur dîner ; des Orques qui avaient voulu les dévaliser ; un Ogre grognon qu'ils avaient réveillé par inadvertance et qui avait décidé de passer sa mauvaise humeur sur eux ; des gobelins ; une goule et même un vampire. La seul chose qui avait manqué à ce défilé des créatures les plus répugnantes et dangereuses de la Terre du Milieu était un dragon.

" Vous avez une drôle de conception de l'amusement, répondit le futur roi du Gondor. Nous avons plusieurs fois échappé à une mort certaine et j'ai reçu en cinq jours plus de blessures qu'il m'en a été infligé en dix ans. Sans les talents de guérisseur de Milgazia, je n'aurais pas donné cher de ma carcasse. "

" En parlant de blessure, intervint le dragon, l'état de votre pied, monsieur Soucoline, est assez préoccupant. Me permettez-vous que je vous examine ? "

" Laisse ! fit Lina. Je me charge de cette citrouille. Occupe-toi des blessures des autres. "

Frodon échangea avec ses compagnons un regard interrogateur et ne vit aucune raison à s'y opposer. Le jeune hobbit n'était pas idiot et comprenait bien qu'avec un pied dans un tel état, il n'irait pas bien loin.

" J'ignorais que vous possédiez aussi des talents de guérisseuse, Lina, fit Aragorn avec une pointe d'étonnement. "

Décidément, la sorcière rousse avait vraiment prit l'habitude de le surprendre. Qu'un être d'une telle puissance fasse son apparition alors que les événements commencent à se précipiter et que la guerre contre Sauron s'annonce inévitable, était une étrange coïncidence. Le Ranger ne croyait pas à ce genre de hasard et se promit de tirer les choses au clair d'une manière ou d'une autre.

" Le pied de M.Soucolline est dans sale état, reprit-il. Plusieurs os cassés et une foulure à la cheville. Dans cet état, je crains qu'il n'aille pas bien loin. "

" Je suis la plus puissante magicienne qui existe, répondit-elle irradiant littéralement de fierté. Ce petit bobo n'est rien pour mon pouvoir. "

La sorcière s'accroupit alors en face du pied boursouflé de Frodon, retira ses gants et commença à l'examiner, le tâtant pour confirmer le diagnostique d'Aragorn. Le jeune hobbit en profita pour l'étudier attentivement et ne pu s'empêcher de rougir.

La lumière intime du feu qui crépitait dans l'âtre, faisait briller de mille éclats ignés les longs cheveux roux de Lina. Ces cheveux, si fins qu'ils étaient perpétuellement en bataille, recouvraient en partie ses oreilles, cascadaient le long de son dos et étaient péniblement retenus par un ruban noir cerclant son front.

Le jeune monsieur Sacquet ne savait trop comment la situer. Au primes abord, elle paraissait humaine, une très jeune humaine à en juger par son attitude et par sa taille ; le dépassant d'un peu moins d'une tête. Mais bien d'autres indices invalidaient cette observation, montrant clairement qu'elle était bien plus qu'elle n'y paraissait. Son visage arborait indiscutablement des traits propres à la race Elf ainsi que de très nette caractéristique humaine. Le résultat de cette combinaison était loin d'être déplaisant et même plutôt attrayant. Frodon aurait été bien tenté de s'enquérir sur le lignage de la sorcière et de la forme des oreilles dissimulées sous cette chevelure rousse. Mais les grands yeux rouge-rubis de Lina, pour l'instant fixés sur son pied, l'en empêchaient. Ces yeux, animés du même feu que Gandalf, brillaient d'une terrifiante intensité et détermination.

" AIIEEE ! cria-t-il arraché à son introspection. Faites un peu attention ! Vous voulez vraiment m'achever ! "

" Eh ! Soit pas douillé comme çà ! D'ici quelques instant, tu seras sur pied. "

Une lumière dorée nimba les mains de la sorcière et l'onde curative passa dans le pied de Frodon, apaisant la douleur, réparant la fracture et régénérant les ligaments. Le pied, devant le regard sidéré des hobbits, se mit à dégonfler comme une baudruche et reprit son aspect antérieur à sa malencontreuse rencontre avec la tête d'un soûlard.

" Vous avez vu çà, s'exclama Sam, le pied de monsieur Frodon est redevenu comme avant ! "

" N'est-ce pas ! Convint Xellos avec un sourire forcé, dissimulant la démangeaison psychique que ce déploiement de magie blanche lui causait. "

" Finalement Frodon-san, reprit-il, vous avez beaucoup de chance que nos chemins se soient croisés de la sorte. Autrement, il y a fort à parier que votre quête aurait connu une fin abrupte. "

" Je le savais, monsieur Frodon, s'exclama Sam. Ce filou sait tous et joue au chat et à la sourie avec nous depuis le début. Je parie que ce Grand-pas est son complice. "

" Ben voyons ! fit Lina exaspérée par cette déclaration. Brillante déduction Sherlock ! T'es sûr d'y être arrivé tout seul ? Tu ferais mieux de la boucler et laisser ceux qui ont un peu plus de cervelle que toi en discuter. "

" Sam Gamgee vient tout de même de soulever un point intéressant, intervint Aragorn qui scrutait intensément Xellos. "

" Je suis curieux de connaître vos justifications, reprit le Ranger dangereusement. Ainsi que les vôtres, Lina et Milgazia. "

" On est ici par accident, répondit la sorcière. En tout cas, c'est le cas pour Milgazia et moi. Un talisman nous a transportés ici. "

" Par contre, intervint le seigneur Dragon d'un ton stoïque, ce n'est pas le cas de Xellos. Nous avons pu en tiré qu'il était ici pour remplir une mission concernant un certain M.Sacquet. "

C'était un mensonge éhonté car Lina et Milgazia en savaient autant que le mazoku vue que dans leur incarnation précédente, ils avaient lu livre. Le dragon ressentait quelques remords derrière son expression indéchiffrable pour avoir eu recours à une telle tromperie. Attiser la méfiance de Frodon et de ses compagnons envers le prêtre et le placer dans une situation précaire uniquement pour gagner leur confiance était un procédé déloyal. D'un autre côté, le mazoku était passé maître dans la manipulation et la tromperie et leurs fournirait donc une explication satisfaisante.

" Et quelle est cette mission ? demanda abruptement Frodon, secrètement satisfait de voir ses soupçons confirmés. Et quel est le rapport avec moi ? "

Le démon, son sourire espiègle s'élargissant un peu, ramena son indexe devant sa bouche et ouvrit un œil taquin.

" Et bien, répondit-il d'un ton malicieux, c'est un secret. "

Les yeux du ranger s'étrécirent dangereusement et, en un éclair, il dégaina son épée et en plaça la pointe sur la pomme d'Adam du mazoku.

" Aurais-je dit quelque chose qui ait heurté votre sensibilité ? dit le démon d'un ton moqueur. Si c'est le cas, je vous prie de m'en excuser. "

" Ma sensibilité, fit Aragorn sèchement, est sauve. Par contre, je me permets d'insister que vous partagiez ce secret avec nous. "

" C'est si aimablement demandé, répondit le mazoku souriant devant l'hostilité contrôlée du ranger, que je m'en voudrais de ne pas satisfaire à votre requête. Mais cela devra attendre que monsieur Poiredebeurré en ait fini avec sa mission. "

" Une mission ? ! fit Pippin ébahit. Quelle mission ? "

" Et bien, répondit le démon, c'est un secret. "

Hobbit et Ranger n'apprécièrent pas cette irritante pirouette oratoire mais ne purent marquer leur désapprobation que par une bouche béante car des coups à la porte les interrompirent. Tandis que Sam alla ouvrir, Aragorn se tapit dans la pénombre, se préparant à défendre les hobbits contre un éventuel agresseur. Comme Xellos l'avait prédit, il s'agissait de Prospère Poiredebeurré apportant des chandelles, accompagné de son employé Nob qui portait des brocs d'eau chaude.

" Je suis venu vous souhaiter une bonne nuit, dit l'aubergiste en déposant les chandelles sur la table. Nob ! Apporte l'eau dans les chambres ! "

L'hôtelier referma la porte derrière lui et, constatant la présence des Slayers, s'inclina poliment, presque servilement.

" Voici comment c'est, commença-t-il par dire, d'un air hésitant et troublé. Si j'ai causé quelque tort, je le regrette assurément. Mais une chose en entraîne une autre, vous l'admettrez... "

" Tout cela est fort intéressant monsieur Poiredebeurré, intervint Milgazia en fixant sévèrement l'aubergiste. Mais je crois que tout le monde ici présent apprécierait que vous en veniez au fait. "

Frodon fronça les sourcils, peu enthousiaste devant la tournure de ces événements. Grand-Pas et Xellos ne lui inspiraient pas confiance ; et cet étranger qui semblait lui aussi être informé des secrets que lui et ses amis avaient jalousement gardés, tentait de prendre le contrôle de la situation.

" M.Lawrazia, fit le hobbit durement, je crois que cette affaire ne vous concerne pas. Laissez M.Poiredebeurré continuer. "

Le dragon se tourna brusquement et foudroya le jeune monsieur Sacquet d'un regard froid et austère. Le seigneur du Mont Katart n'avait pas l'habitude de se faire rappeler à l'ordre de la sorte, mais ne se laisserait pas non plus démonter par une fierté égratignée.

" Je vous prie de pardonner cette interruption, dit-il d'un ton poli mais glacial. Je ne souhaitais que vous faire gagner du temps. "

" Mon pauvre Milgazia, intervint Xellos d'un ton impudent ! Un puissant seigneur Ryuzoku tel que vous se faire rappeler à l'ordre par un humble hobbit ! Je dois dire que c'est un spectacle d'un inestimable intérêt. "

" Ryuzoku ? demanda Pippin. Qu'est ce que c'est que çà ? "

" Le nom de sa tribu, répondit Lina brusquement. Et Xellos est un mazoku. Son peuple et celui de Milgazia sont des ennemis traditionnels. "

La sorcière rousse lâcha sur ses deux compagnons son regard le plus intimidant, se promettant d'apprendre à vivre à ces deux crétins qui s'évertuaient à tout ficher en l'air.

" Pas étonnent que ces deux idiots de la lune se cherchent des noises. Même s'ils ont promis d'être gentils. "

" Lina-san ! geignit Xellos outragé. C'était un secret ! Vous n'avez pas le droit de révéler les secrets des autres. "

" La ferme, Xellos, répondit-elle dangereusement. J'ai un Dragon Slave avec ton nom dessus. Ne me tente pas ! "

" Et c'est pareil pour toi, fit-elle à Milgazia qui pâlit légèrement. "

" Pour en revenir à ce que je disais, reprit l'hôtelier, on m'avait demandé de guetter des hobbits de la Comté, dont un surtout du nom de Sacquet. "

" Et qu'est-ce que cela a à voir avec moi ? demanda Frodon. "

" Ah ! Vous le savez mieux que personne, dit l'aubergiste d'un air entendu. Je ne vous trahirai pas ; mais on m'a dit que ce Sacquet voyagerait sous le nom de Soucolline, et on m'a fournit un signalement qui vous convient assez, si vous me permettez de le dire. "

" Assez ! rugit Lina après Frodon, peu encline à perdre du temps à jouer au chat et à la sourie. Tout le monde dans cette pièce sait qui t'es vraiment, cervelle d'endive. "

Elle se détourna du jeune monsieur Sacquet et fixa dangereusement Poiredebeurré, l'enjoignant silencieusement d'aller droit au but et de cesser de tergiverser.

Le regard ardent et courroucé de la sorcière fit un miracle sur les processus mentaux de l'aubergiste qui tira immédiatement de sa poche une lettre.

" Il y a trois mois, reprit l'hôtelier qui suait à grosse goutte, le vieux Gandalf est entré tout droit dans ma chambre, sans frapper. Prospère, qu'il me dit, je pars demain matin. Voulez-vous me rendre un service ? Dites seulement que je réponds. Je suis pressé, qu'il dit, et je n'ai pas le temps moi-même, mais je voudrais faire porter un message en Comté. Avez-vous quelqu'un à envoyer, dont vous soyez sûr qu'il ira ? Je peux trouver quelqu'un, que je dis, demain peut-être ou après-demain. Arrangez-vous pour que ce soit demain, qu'il dit, et puis il m'a donné cette lettre. "

" Une lettre pour moi de Gandalf ! s'écria Frodon. "

" Ah ! dit M.Poiredebeurré. Votre vrai nom est donc Sacquet. "

" Oui, dit Frodon irrité, et vous feriez mieux de me remettre cette lettre tout de suite et de m'expliquer pourquoi vous ne l'avez jamais envoyée. C'est ce que vous êtes venu me dire, je suppose, encore que vous ayez mis bien longtemps à y arriver. "

Le pauvre M.Poiredebeurré eut un air gêné qui se mua rapidement en terreur lorsque son regard croisa les terrifiant yeux rouge-rubis de Lina Inverse qui brillaient littéralement de rage.

" Indépendamment de la lettre, je n'ai pas moins promis à Gandalf : Prosper, qu'il m'a dit, cet ami à moi, de la Comté, il peut venir par ici avant peu, lui et un autre. Il s'appellera Soucolline ! Notez-le ! Mais vous n'avez pas à poser de question. Et si je ne suis pas avec lui, il aura peut-être des ennuis et il pourra avoir besoin d'aide. Faites ce que vous pourrez et je vous en serai reconnaissant, qu'il a dit. Et vous voilà, et les ennuis ne sont pas loin, à ce qu'il semble. "

" Que voulez-vous dire ? demanda Frodon. "

" Seulement que vous êtes devenu très populaire ces derniers temps, intervint le prêtre, ne laissant pas répondre l'aubergiste. "

" De bien sinistres personnages ! reprit-il d'un ton connivent. Des cavaliers tout de noir vêtus venant de l'est. De ce pays si peu accueillant gouverné par un sorcier surpuissant et mégalomane. "

Personne dans la pièce ne manqua cette allusion, Frodon et ses compagnons devinrent pâles comme un linge, tout comme Prospère Poiredebeurré et Nob, comprenant que ces cavaliers venait de Mordor. Ce fut ce moment là qu'Aragorn surgit de l'ombre manquant de peu de donner une crise cardiaque à l'aubergiste et à son employé.

" Vous ! s'écria l'hôtelier qui reprit quelques couleurs sous l'effet de la colère. Vous êtes tout le temps à surgir comme çà sans crier gare. Qu'est-ce que vous voulez maintenant ? "

" Il est ici avec ma permission, dit Frodon. Il est venu offrir son assistance. "

" Et quand on est pas foutu d'envoyer une lettre urgente, intervint Lina rudement, on se la ferme et on garde son avis qui n'intéresse personne d'ailleurs, pour soi. "

" C'est tout de même un de ces Rôdeurs, fit-il peu à son aise sous les regards glacials de Mlle Inverse et de M.Lawrazia. Si j'étais vous, j'éviterais de fréquenter ce genre d'individu. "

" Et qui fréquenteriez vous donc ? demanda Grand-pas. Un gros aubergiste qui ne se rappelle son propre nom uniquement parce qu'on lui crie toute la journée ? Ils ne peuvent rester au poney éternellement et ils ne peuvent rentrer chez eux. Ils ont une longue route devant eux. Les accompagnerez-vous et tiendrez-vous les hommes en noir à distance ? "

" Que voilà une fascinante question ! fit Xellos, adossé contre un mur, savourant la méfiance et le mépris de l'hôtelier envers le Ranger. Combien de temps tiendrait ce cher Prospère face aux Nazguls sur le sentier de la guerre ? Qu'en pensez-vous, Milgazia-san ? "

" Ma foi, répondit le dragon arborant une mine indéchiffrable, je crains que M.Poiredebeurré ne soit pas taillé pour cette aventure. "

" Vu ses talents de postier, gronda Lina avec dédain, je veux même pas savoir ce qu'il vaut avec une épée. Ce gros balourd serait capable de couper son propre pied. "

Le pauvre aubergiste, sous cet assaut verbal, ne savait trop où se mettre ou par quel trou de sourie se faufiler. Cette histoire devenait de plus en plus étrange et dangereuse. Prospère Poiredebeurré n'était pas aussi ignorant des choses qui se passaient dans le sud et des ténèbres de l'est. Il avait toujours pensé qu'il était bien en sécurité dans le microcosme de Bree. Mais maintenant que la terreur orientale s'apprêtait à frapper à sa porte, la triste réalité du monde s'imposait à lui dans sa plus atroce simplicité.

" Maintenant que vous avez accompli votre devoir, ajouta le Ranger, compatissant devant le trouble de l'aubergiste, il est grand temps de vous retirer et de nous laisser discuter en paix. Bien entendu, aucun Sacquet n'est descendu ici aujourd'hui. Sommes-nous d'accords ? "

L'hôtelier acquiesça sans se faire trop prier. Il s'empressa de remettre la lettre à Frodon, souhaita bonne nuit à ses clients et s'en alla avec Nob sur les talons. Lina passa ses doigts dans ses cheveux avec irritation et s'assit sur une des chaises, le mobilier à la taille des hobbits convenant à sa propre petite taille.

Frodon porta son regard tour à tour sur la lettre et les Slayers et enfin sur Aragorn.

" Qu'attendez-vous pour ouvrir cette lettre ? fit Xellos. Je suis sûr qu'elle contient des nouvelles très importantes pour votre affaire. "

" Pas avant d'en savoir un peu plus sur vous, répondit le hobbit. Depuis que nous vous connaissons, vous n'avez pas cessé de jouer avec nos nerfs, tout en laissant entendre que vous en saviez long sur nos affaires. Et d'après ce que vos amis nous ont dit, vous êtes ici en mission. Une mission que me concerne de près. Il est temps que vous parliez. "

Tous les yeux se fixèrent sur le mazoku qui arborait toujours sur son visage ce sourire joyeux et amusé. Il resta silencieux un petit moment sous les regards scrutateurs, savourant la tension et la méfiance. Le démon tourna la tête vers les Slayers et branla le chef pour signifier qu'il acceptait la mission d'offrir aux Hobbits et au ranger l'explication qu'ils attendaient tant.

" Un anneau pour les gouverner Tous. "

" Un anneau pour les trouver. "

" Un anneau pour les amener tous et dans les ténèbres les lier. "

" J'espère avoir répondu à votre question, Frodon-san. Je suis sûr que ces quelques mots vous sont familiers. "

Et répondre, il l'avait indéniablement fait, mais d'une manière qui confirmait leurs pires soupçons. Le cœur du jeune monsieur Sacquet emportait dans une cavalcade terrifiée et paranoïaque menaça de lui remonter dans la gorge et de prendre la poudre d'escampette. Le prêtre, avec son air bénin et enjoué, devenait à ses yeux de plus en plus effrayant. Le jeune hobbit vit ses compagnons se rapprocher de lui pour former un rempart entre lui et le mazoku. Grand-Pas se tendit comme la corde d'un arc et porta sa main à son épée, se préparant à s'interposer.

Milgazia roula les yeux d'ennui face à la dégradation fulgurante de la situation et Lina grinça des dents, jetant un regard noir et glacial à Xellos pour avoir délibérément fait monter la tension d'un cran de plus.

" Fodon-san, fit le démon amusé devant ce spectacle, je crois que vous pourrez avoir un prix de groupe pour ces leçons de gestion du stress dont on a parlé. "

" Laisse tomber les blagues à deux sous et rembobine çà en arrière ! fit la sorcière, éberluée. Tu veux dire que cette bande de péquenauds à peine sortis de leur bled, a en sa possession l'anneau Unique, l'un des plus puissants objets magiques de ce monde. "

Milgazia, impassible se félicita des talents d'actrice de Céline/Lina. Le dragon regretta tout de même de devoir mentir comme çà, mais au fond, tout valait mieux que la vérité.

" Péquenaud ! s'exclama Sam, exprimant l'indignation qu'il partageait avec ses compagnons. Un instant ma petite dame, ce n'est pas des manières çà, insulter les gens comme çà. "

" Laisse tomber, p'tite tête ! dit la sorcière avec un enthousiasme bonne enfant. Montrez-moi plutôt l'anneau ! Rien qu'une petite fois pour voir à quoi il ressemble. "

" Non ! aboya Frodon. C'est à moi. "

Le hobbit porta sa main à la poche de son gilet en un éclair et fusilla la sorcière d'un regard menaçant.

" Hé ! S'exclama-t-elle. T'as pas le droit de me parler comme çà ! Tout ce que je voulais c'était y jeter un petit coup d'œil. Pas la peine d'en faire un fromage. "

Le seigneur dragon n'aimait pas la tournure des événements. Lina Inverse était un peu trop Lina Inverse avec cette lueur avide dans le regard.

" Cet anneau est pour l'instant très bien à sa place, fit le dragon stoïquement. Lina, je vous prie de ne pas prendre cela à la légère. L'épisode avec le palantir était bien plus que suffisant. "

La sorcière rousse se retourna brusquement et foudroya du regard le dragon.

" Qu'est-ce que tu veux dire par-là, peau de fesse de dragon ? gronda-t-elle hostilement. "

Milgazia soutint son regard sans sourciller, son masque froid et austère intact.

" Lina, intervint Aragorn pour soutenir le dragon, vous savez à quoi vous en tenir. Méfiez-vous de tout ce qui touche de près ou de loin au seigneur de Mordor. "

Ordinairement, quelqu'un qui se permettrait de faire la morale à Lina Inverse se serait déjà retrouvé à terre, le corps couvert de bleu ou de brûlures à des degrés divers. Fort heureusement pour Aragorn et Milgazia, le self-control de Céline tordait douloureusement le bras de la colère volcanique de Lina. Au lieu d'une manifestation de violence gratuite, les deux moralisateurs ne s'en étaient sortis qu'avec un regard assassin et brûlant de rage.

" Mais que voulez-vous à la fin ? rugit Frodon, désorienté par ces complications surgissant de tous côtés, aggravant plus encore la situation. "

" Oui ! fit Merry plus calmement mais tout autant mal à son aise. Continuez votre explication ? "

" Oh ! reprit Xellos. Voyez-vous mes chers amis, il existe bien d'autres contrées que la Terre du Milieu, notamment à l'est, au-delà de l'influence de Mordor. Certaines personnes qui vivent sous ces latitudes connaissent l'existence de l'anneau et la menace que représente Sauron pour le reste du monde. J'ai été envoyé ici pour m'assurer que ce petit colifichet ne reviendra jamais au doigt de son légitime propriétaire et qu'il soit détruit définitivement. "

" Vous prétendez venir d'un pays lointain, à l'est de Mordor, fit Aragorn en lui lançant un regard pénétrant. Alors expliquez-nous par quel miracle vous avez pu traverser le territoire de l'ennemi pour parvenir jusqu'ici ! "

" Et bien Estel-Chan, fit Xellos malicieusement, rabattant son indexe sur ses lèvres, c'est un secret. "

" Cependant, reprit-il en ouvrant les yeux, un sourire prédateur aux lèvres, plus tard dans la soirée, lorsque nous serons seuls, vous pourrez en toute quiétude me faire du charme avec votre grande épée et je vous révèlerai bien d'autre secret. "

Cette déclaration eut l'effet d'une gifle sur le Ranger, brisant sa façade disciplinée et composée, le faisant rougir d'embarras jusqu'aux oreilles. Lina ne résista pas à la vue du visage embarrassé d'Aragorn et se tordit de rire, se frappant les genoux les poings, son gloussement incontrôlable se muant rapidement un éclat de rire communicatif qui infecta rapidement une partie de l'assemblée.

Milgazia, afficha un sourire composé ; Merry joignit rapidement son propre rire à celui de Lina ; Frodon étouffa sa propre hilarité avec son poing. Sam devint pâle comme un linge et regarda le prêtre avec horreur comme s'il était la créature la plus répugnante qui soit. Pippin ne valait pas mieux. Après tout, ce genre de chose n'avait, à sa connaissance, pas lieu en Comté.

" Peut-être, fit le dragon avec une infime trace d'hilarité, est-il temps d'ouvrir cette lettre, M.Sacquet ? "

Frodon acquiesça et examina la lettre avec attention tandis que Lina, les larmes aux yeux, faisait de son mieux pour reprendre son calme. Aragorn, quant à lui, ainsi que les hobbits, mirent autant d'espace que le permettait la bien séance entre eux et le prêtre.

Frodon reconnut facilement le sceau de Gandalf sur le cachet de cire rouge. Il l'ouvrit, puis la lut pour lui-même et la fit passer à ses compagnons lorsqu'il eut fini.

" Le vieux Poiredebeurré a vraiment fait un beau gâchis ! dit-il irrité, mais tout de même rassuré sur les intentions d'Aragorn. Il mérite bien d'être rôti. Si j'avais eu ceci plus tôt, nous pourrions tous être en sécurité à Fondcombe, à l'heure qu'il ait. Mais que peut-il être arrivé à Gandalf ? On dirait d'après sa lettre qu'il allait affronter un grand danger. "

" Voilà de nombreuses années qu'il le fait, dit Grand-Pas. "

" Cette confiance en votre ami est touchante, remarqua Xellos, légèrement sarcastique. Mais je crains que ce cher Mithrandir soit tomber sur un os. Après tout, nul n'est à l'abri de la trahison. "

" Je suppose que cette information et son origine sont aussi des secrets, fit sombrement Frodon. "

" Oh ! Vous lisez dans mes pensées Frodon-san ! Mais ne craignez rien ! Gandalf le Gris est quelqu'un qui ne manque pas de ressource. Il a fort à parier, qu'à ce moment même, il a déjà un plan d'évasion et qu'il s'apprête à l'exécuter. Il se pourrait même qu'il arrive à Fondcombe avant vous. "

" Le nom de cet ennemi restera donc secret jusqu'à ce que nous retrouvions Gandalf, dit Grand-pas en serrant les dents, foudroyant le démon d'un regard pénétrant et hostile. "

" Vous êtes tellement adorable quand vous me faites de l'œil, Estel-chan ! répliqua le mazoku avec un clin d'œil coquin. "

" Je ne vous autorise pas à utiliser ce nom ! gronda le Ranger. Vous n'en avez pas le droit ! "

" Hé ! Une seconde ! fit Sam. Qui nous dit qu'il est bien le Grand-Pas dont Gandalf a parlé dans sa lettre ? Je trouve qu'il a déjà beaucoup de nom. Il aurait très bien pu prendre celui-là après s'être débarrassé du vrai Grand-Pas. "

" T'es vraiment le dernier des crétins ! l'interrompit Lina brusquement, fustigeant le jardinier d'un regard courroucé. Fait un peu fonctionner ta cervelle de mollusque ! S'il avait voulu vous faire du mal, il l'aurait fait depuis bien longtemps. Pourquoi aurait-il risqué sa peau pour vous sortir de ce guêpier tout à l'heure ? Tout ce qu'il aurait eu à faire, c'est de fouiller vos carcasses et de prendre l'anneau. "

" Et qui nous dit que vous n'êtes pas complices ? objecta Merry. "

C'en était trop ! Lina commençait à perdre sérieusement patience face aux doutes et à la méfiance des hobbits. Si la manière douce ne marchait pas, il restait toujours la manière forte.

En un clin d'œil, elle se leva de sa chaise et se jeta sur Sam, le plaquant contre un mur, avec la lame de sa dague sur la gorge du Hobbit. Les deux autres Slayers n'avait pas été en reste et, au moment même où les intentions de la sorcière se firent claires, ils intervinrent eux aussi.

Xellos jeta Merriadoc Bandebouc à terre et planta son pied dans la colonne vertébrale du malheureux. Une fraction de seconde plus tard, le démon invoqua, à l'extrémité de son bâton une lame de lumière écarlate qui s'étendit, fendant l'air et s'arrêta, fredonnant sinistrement, à quelques millimètre de la pomme d'Adam d'un Pérégrin Touque horrifié.

Aragorn ne fut pas pris de cour par cette attaque surprise. Il dégaina son épée et s'interposa entre Frodon et la lame de Milgazia. Le rapport de force entre Ranger et Dragon dura quelques instant, aucun d'eux ne parvenant à rompre le contact.

" Stop ! cria la sorcière rousse lâchant le jardinier qui retomba sur les fesses. "

Le dragon rompit l'assaut et le démon libéra ses prisonniers.

" Vous voyez maintenant ! reprit-elle. Ari était très proches de la position de Frodon. S'il avait été notre complice, il aurait très bien pu le zigouiller. Au lieu de çà, il s'est interposé pour le défendre. "

Frodon pâlit de terreur, comprenant que si Mademoiselle Inverse et ses compagnons l'avaient voulu, ses amis seraient morts.

" Drôle de manière de démontrer son point de vu, fit dangereusement Aragorn. J'aurai préféré qu'une méthode moins hostile ait été employée. "

" Parfois, rétorqua la sorcière en rangeant sa dague, le seul moyen de convaincre une bande de cabochard comme çà, c'est d'utiliser des arguments percutants, assénés de préférence à la masse d'arme. "

" Je vous prie de nous excuser pour cela, fit le dragon quelque peu embarrassé par leur action. Souvent, ce qui est nécessaire et aussi regrettable. "

Le climat à l'intérieur de la chambre se fit glaciale. Cette petite démonstration avait certes fait gagner au Ranger la confiance des hobbits, mais elle avait eu un tout autre effet sur ce qu'ils pensaient des Slayers. Jusqu'alors, jamais ils n'avaient frôlé la mort d'aussi près. Quelques pouces de plus, ils seraient rentrés chez eux les pieds devant.

" J'espère que cette petite leçon vous a été profitable, fit le démon jovialement, se gorgeant de leurs craintes et de leur méfiance. Aucun de vous n'est réellement préparé pour ce périple et à affronter les dangers qui vous guettent. "

" Je crains que Xellos n'ait raison, ajouta le dragon fermement, presque à regret. Vous ne possédez ni la force, ni l'expérience de notre ami Ranger. Votre seul espoir de salut repose en l'assistance qui vous est offerte. "

Un vent glacial soufflait sur l'âme de Frodon ; le hobbit se rendait compte à quel point il était sans défense et insignifiant. Il porta une fois de plus sa main à la poche de son gilet, sentant au travers de l'étoffe le métal dur de l'anneau. Disparaître ! Voilà ce qu'il voulait maintenant, s'effacer de la surface du monde et échapper au tous les dangers qui le menaçaient.

" N'ayez crainte ! fit le Ranger qui se rendait compte du trouble qui assaillait M.Sacquet. Je vous fais le serment que rien de fâcheux ne vous arrivera. Je vous mènerai à Fondcombe, ainsi que vos amis, sains et saufs. "

" Je suis Aragorn, reprit-il en souriant, fils d'Arathorn ; et si par ma vie ou par ma mort, je puis vous sauver, je le ferais. "

" Ok ! s'exclama Lina d'un air volontaire. Vous pouvez aussi compter sur nous. Si Xellos a été envoyé ici, c'est qu'il y aura du grabuge. "

" Et pas la peine d'essayer de me faire changer d'idée ! fit-elle, fixant le Ranger avec un sourire prédateur. "

Aragorn la fixa sévèrement un instant puis soupira, marquant sa défaite.

" Un de mes professeurs, intervint Milgazia pour apaiser le Ranger, me répétait souvent que le meilleur moyen de gérer un handicap et d'en faire un avantage. "

" Qui tu traites de handicap, peau de fesse de dragon ? gronda la sorcière en lui plantant son coude dans les côtes. "

Milgazia, le souffle coupé un instant, écarquilla les yeux et se frotta le flanc. Cela eut pour effet d'arracher quelques rires à cette grave assistance, un peu trop morose à cause du danger qui les guettait. Le dragon jura silencieusement en une langue inconnue probablement celle de son espèce.

" Vous êtes loin d'être un poids mort, Lina, répondit le dragon. Vos compétences en magie et votre expérience d'aventurière font de vous la personne la plus apte pour ce genre de mission. "

" Lina-san ! fit Xellos d'un ton faussement inquiet. Souvenez-vous que tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute ! Prenez garde et ne laissez pas ce grand baratineur vous embobiner ! "

" Je suppose que je peux prendre cela comme un compliment, mon cher, fit Milgazia en fronçant les sourcils. Vous êtes après tout un maître en la matière. "

" Et puis Merde ! rugit Lina. Vous allez tous les deux la fermer. On essaye de discuter tranquillement et vous passez votre temps à vous asticoter. "

La sorcière serra le poing qui se mit à briller d'une énergie écarlate. Son visage devint un masque hostile et ses yeux rouge-rubis flamboyaient d'un feu terrifiant ; sa rage brûlante à peine confinée dans son petit corps.

" Je ne sais pas ce qui me retient de ne pas vous griller sur place. "

Fort heureusement, cette confrontation n'eut pas le temps de dégénérer en une débauche de violence pyrotechnique car interrompue par des coups désespérés à la porte.

" Monsieur Sacqu...Monsieur Soucoline ! Monsieur Soucoline ! Ouvrez ! "

Sam se releva pour aller ouvrir mais fut arrêté par Lina qui fit signe à tout le monde de se taire. La sorcière fixa Milgazia un cours instant, puis posa son regard sur Frodon et ses compagnons, signifiant au dragon de garder un œil sur les hobbits. Elle regarda alors Xellos et lui indiqua d'un mouvement de tête d'aller ouvrir. Aragorn comprit immédiatement leurs intentions et décida de les assister. Il alla au près de la porte et plaqua son dos contre le mur contigu à l'encadrement tandis que Lina se positionna juste en face de la porte, se préparant à griller l'intrus avec une boule de feu.

Le démon ouvrit brusquement la porte et le Ranger en profita pour saisir l'intrus par le col, le jetant au sol fort peu cérémonieusement. Ce fut un Prospère Poiredebeurré, blanc comme linge qui se releva tandis que Xellos refermait la porte.

" Damné rôdeur ! fit l'aubergiste entre deux souffles, je ne suis pas un sac de pomme de terre. "

" Encore l'autre balourd ! dit Lina en se grattant la tempe. "

" Que se passe-t-il ? demanda Frodon. On croirait pour peu qu'un démon vous pourchasse. "

" Pas moi, répondit l'hôtelier, mais vous. J'avais envoyé Nob faire une course urgente, lorsqu'il vit des cavaliers noirs sur la route. Terrifiants qu'ils étaient ! Des ombres encore plus sombres que la nuit et glaciales comme le blizzard ! Ce pauvre Nob a failli mourir de terreur et j'ai eu grande peine à le faire parler. "

L'assemblée se fit grave, saisissant la cruelle implication de cette nouvelle. Les Nazguls étaient là, bien trop proches. La terreur se dessina sur le visage des hobbits ; et Frodon porta un fois encore sa main à la poche de son gilet.

" Bas les pattes ! gronda Lina. C'est pas le moment de faire encore une sottise. "

" Quoi ! répliqua le hobbit presque méchamment. "

" Ecoutez Monsieur Sacquet ! intervint Milgazia. Pour l'instant, vous êtes encore relativement en sécurité. La bagarre de tout à l'heure ayant camouflé votre petit tour de disparition, ils ne savent pas encore qu vous êtes ici. Mais si vous mettez l'anneau à votre doigt, vous serrez aussi visible qu'un brasier ardent dans la nuit. "

" On est vraiment dans les ennuis, monsieur Frodon, fit Sam. Que va-t-on faire maintenant ? "

" Deux seconde, objecta Lina, qui nous dit qu'il n'y a pas erreur ? Nob a très bien pu se laisser emporter par son imagination et confondre de simples voyageurs avec les Nazguls. "

" Xellos, Mil ! Jetez un petit coup d'œil dans le plan astral, ordonna-t-elle. "

Le démon leva tête au plafond et sembla humer l'éther. Le dragon, quant à lui, ferma les yeux et resta immobile avec sur son visage une expression absorbée.

" Oui ! fit le démon souriant. Je sens deux présences malfaisantes. Ils sont dans les environs. "

" Je ne peux que confirmer l'observation de Xellos, répondit Milgazia. Il sont à proximité de Bree et ils se rapprochent. "

" Il faut déguerpir à toute vitesse, s'exclama Pippin. Ils peuvent nous tomber dessus à tout moment. Ces cavaliers noirs vont faire de nous qu'une bouchée. "

" Ce serait une stupidité, intervint Aragorn. Si nous nous enfuyons de la sorte, en plein milieu de la nuit, comme des voleurs, ils n'auraient pas grandes difficultés à nous retrouver et à s'emparer de nous. C'est enveloppés dans les ténèbres qu'ils sont les plus forts. "

" Mais que sont-ils exactement, ces Nazguls ? demanda Merry. Comment pareils démons ont-ils put être engendrés ? "

" Autrefois fois des hommes, répondit sombrement le Ranger. De grands rois qui acceptèrent par avidité et soif de pouvoir, les anneaux de puissance que Sauron leur offrit. Un à un, il tombèrent sous son emprise et furent dépossédé de toute volonté propre et de toutes les qualités propres aux humains. De nos jours, ils ne sont plus que des spectres terrifiants, des coquilles vides entièrement dévouées à leur maître. "

" Si nous ne pouvons pas partir, dit Frodon, et que nous ne pouvons pas non plus rester. Que pouvons nous faire ? "

" Pour l'instant, répondit Lina Inverse gravement, d'une voix qui semblait venir du plus profond des âges, rien à part garder son calme. "

Tous les yeux se fixèrent sur la sorcière qui semblait avoir subi une saisissante transformation. Son air juvénile et espiègle avait fondu comme neige au soleil. Restés seulement, une terrifiante intensité ainsi qu'une sagesse et une maturité fulgurante.

" Il est fort possible qu'ils soient ici pour faire le guet, reprit-elle. Les autres cavaliers noirs doivent être en Comté à l'heure qu'il ait. Ceux qui sont ici doivent avoir pour mission de vous intercepter dans le cas où vous auriez échappé à vos poursuivants. "

" Votre petit raccourci par chez Tom Bombadil, intervint Xellos, est finalement une bonne chose. Vous êtes ainsi passés entre les mailles du filet. Les laissant dans le brouillard. "

" Mais ils doivent avoir déjà des soupçons, objecta Aragorn. L'ennemi possède des espions dans les environs. Les hobbits ne sont pas une race particulièrement encline à l'aventure. Quatre hobbits voyageurs ne peuvent qu'attirer l'attention. "

" Par chance, fit le dragon, les Nazguls ne peuvent se permettre d'agire trop ouvertement. Ils sont trop loin de la sphère d'influence de leur maître et doivent donc garder le profil bas. "

" Ils ne vont pas attaquer l'auberge, alors ? fit Merry soulagé. "

" Non, répondit le Ranger, je ne le pense pas. Ils ne sont pas encore tous là. Et, de toute façon, ce n'est pas leur manière d'opérer. C'est dans les ténèbres et la solitude qu'ils sont les plus forts ; ils n'attaqueront jamais ouvertement une maison où il y a des lumières et un grand nombre de gens, à moins qu'il n'ait pas d'autres opportunités. Ils attendront que nous ayons pris la route avec devant nous les nombreuses lieues qui nous séparent de l'Eriador. Mais leur pouvoir réside dans la terreur qu'ils inspirent, et déjà certains à Bree sont sous leur emprise. Ils induiront ses malheureux à quelques actions malfaisantes. "

" Il semble que nous soyons entourés d'ennemis de toutes parts, dit Frodon. Que devons nous faire ? "

" Pour l'heure, restez ici et ne pas allez dans vos chambres ! répondit Aragorn. Ils ont sans nul doute découvert où elles sont. Nous resterons tous ensembles et barricaderons portes et fenêtres. "

" J'ai une bien meilleure idée, objecta la sorcière, vous n'avez qu'à partager les nôtres. On sera un peu serré mais çà vaut mieux que de rester ici à vous ronger les sangs. "

" Partager une chambre avec des malades tels que vous ! s'exclama Sam. J'ai bien plus confiance en Grand-Pas qui, lui, est envoyé par Gandalf. Vous pourriez très bien nous trancher la gorges dans notre sommeil. "

Lina étouffa un grognement de rage et se saisit violemment de M.Gamgee, l'immobilisant dans un " Head lock ", lui arrachant des piaillements de douleur.

" Sam ! cria Frodon. "

Milgazia, connaissant la délicatesse qui caractérisait la sorcière, prit le hobbit par l'épaule et le retint; lui évitant ainsi une correction.

" Lina ! lança le dragon d'une voix de stentor. Lâchez-le immédiatement ! La stupidité n'est pas une raison suffisante pour étrangler les gens. "

La sorcière cligna des yeux, abasourdie pendant de seconde. Etait-ce Céline qui se rendait compte de sa violence ou bien Lina qui n'arrivait pas à croire que quelqu'un ose lui tenir tête ? Elle relâcha Sam sans ménagement et lança un regard courroucé au seigneur dragon, prête à se faire une valise et un sac à main avec sa peau.

" Mil ! gonda-t-elle doucement. Ne crois pas t'en sortir comme çà ! On règlera çà plus tard. "

" Quant à toi, le jardinier, fit-elle, le fusillant du regard, tout en invoquant une boule de feu dans sa main, si tu tiens tant soi peu à ta carcasse, apprend à la fermer ! "

La sorcière dissipa sa boule de feu en arborant un air butté.

" Tsk, Tsk, Tsk, Sam-san ! fit Xellos, moqueur. Arrêtez de courtiser Lina-san de manière si éhontée ! "

" Ces plaisanteries deviennent excessivement pesantes, fit Aragorn en grinçant les dents. Et le temps nous manque pour ce genre de loisir. "

" Ne soyez pas jaloux, Estel-chan ! répondit le mazoku souriant. Si Sam-san vous préfère Lina, il reste toujours moi. Je serais ravi de vous consoler. "

A peine le démon eut-il prononcé ces mots, il se retrouva plaqué au sol avec trois bosses supplémentaires qu'il devait à la synchronisation quasi-parfaite des poings de Lina Inverse et d'Aragorn fils d'Arathorn.

" Vous êtes vraiment méchants ! geint le démon. Qu'ai-je fait pour mériter çà ? "

Une expression enragée passa brièvement sur le visage de la sorcière mais se radoucit en un sourire charmant, terrible et prédateur. Aragorn connaissait Lina Inverse depuis assez longtemps pour savoir que Xellos allait en prendre pour son matricule.

" Mil ! fit la sorcière du ton doux et charmant, augurant de sa part un acte de cruauté innommable. Et si pour calmer les esprits tu nous chantais une petite chanson. "

Le dragon rendit à la sorcière un sourire identique au sien, posant sur le démon ses yeux d'or métallique, amusés.

" Mes avec plaisir, Lina, répondit le dragon. Par contre, ma connaissance en la matière se limite aux chants liturgiques. "

Le visage de Xellos vira au gris et son sourire s'affaissa en une expression de pure terreur.

" Le Chant du Seigneur des Océans pour Ceipheid, reprit Milgazia, me semble tout à fait approprié. "

" Non ! Non ! fit Xellos extrêmement mal à l'aise avec un sourire forcé. Ne vous dérangez pas ! Inutile de vous fatiguer la voix ! "

" Je serais curieux d'entendre ce chant, fit Frodon d'un air victorieux. Je suis sûr qu'il est du plus grand intérêt musical. "

" Non ! Je vous assure, rétorqua le démon. Vous savez comment est la musique d'église, extrêmement assommante. "

" Quelques mesures alors ? proposa Pippin avec une note d'espièglerie, tandis que Merry faisait de son mieux pour ne pas éclater de rire. "

" L'acoustique est trop mauvaise, plaida le démon. Ce salon ne lui ferait pas justice. "

" Vous êtes sûr ? demanda Sam en pouffant. Il me semble bien ce salon à moi. "

" Assez ! fit Aragorn en riant. L'offre de dame Inverse est tout à fait acceptable. Rejoignez leurs chambres tandis que maître Poiredebeurré et moi, allons chercher vos bagages. "

Pendant l'absence du Ranger, les Slayers menèrent les hobbits à leurs propres chambres. Lorsqu'il revint avec Prospère Poiredebeurré, il fut décidé que les hobbits seraient séparés et placés sous bonne garde. Milgazia partagerait sa chambre avec Pippin et Merry, ainsi qu'avec Xellos ; pour le plus grand malheur du Ryuzoku et du Mazoku. L'autre chambre serait alors occupée par Frodon, Lina, Sam et Aragorn.

Monsieur Sacquet et son jardinier, pleins d'appréhension et effrayés, eurent quelques difficultés à trouver le sommeil, mais la sorcière rousse leur donna un petit coup de pouce avec un sortilège de sommeil. Lorsque les deux hobbits furent plongé dans un profond sommeil, Lina ne put s'empêcher de croiser le regard intense et pénétrant du Ranger, assis dans un fauteuil.

" Il y a un problème, Ari ? demanda-t-elle à voix basse. "

" Seulement que vous n'êtes pas du genre altruiste et que je vous soupçonne d'avoir des motifs ultérieurs. "

Un sourire amusé plutôt qu'une mine colérique égailla le visage de la sorcière.

" Tu connais ton affaire. Je reconnais ne pas être totalement désintéresser dans cette histoire. "

" Mais je n'en ai pas après ce petit naïf, reprit-elle en montrant Frodon avec son pouce. "

" Peut-être pas maintenant, répliqua-t-il, mais j'ai vu votre regard lorsqu'il vous a été révélé la nature du fardeau de Frodon. "

" Ouais ! fit-elle en haussant les épaules nonchalamment. J'ai été tenté, c'est vrai. Qui ne le serait pas ? Mais je crois avoir assez de volonté pour résister. Cet anneau est un attrape-nigaud qui avale tout cru ceux qui se font avoir. "

" J'en conviens, répondit le ranger laconiquement. Tout ce qui touche à l'ennemi corrompt ceux qui y sont confrontés. Mais pourquoi nous suivre dans notre périple ? "

" Je te l'ai déjà dit, dit-elle en fronçant les sourcils, on ne connaît pas la Terre du Milieu et mes amis y sont éparpillés au quatre coins. Mais c'est passé en arrière plan tout çà. Sauron connaît mon existence et il a sûrement vu de quoi je suis capable. Tôt ou tard, je serais impliquée. De toute façon, entre ici et chez moi, je le trouverais sur mon chemin. Autant chercher le maximum d'aide possible. "

Lina retira sa cape, la plia et alla s'allonger sur son lit.

" Bonne nuit, Ari. Réveille-moi pour prendre mon quart. "


FIN DU CHAPITRE.