Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets quelques incohérences et/ou anachronismes, ainsi que le droit de modifier certains détails d'ordre corporel et chronologique.
L'histoire se passe lors de la septième année à Hogwarts pour Harry et ses amis. Du reste, je tente de rester le plus fidèle possible à l'œuvre originelle et aux caractères des personnages, sauf Cho Chang que je tente de modeler petit à petit afin d'en faire un personnage un peu plus « tanukien »...
Disclaimer : les lieux et les personnages sont la propriété de Rowling, mais cette version de l'histoire m'appartient.
Rating : R (car violence physique, morale et sexuelle au cours de l'histoire)
Résumé : Quand Tanuki décide de refaire l'histoire en dotant Cho Chang d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la VF des noms des maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor §§§ Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin - Serpentard §§§ Hufflepuff - Poufsouffle §§§ Hogwarts - Poudlard §§§ Argus Filch & Miss Norris - Argus Rusard & Miss Teigne §§§ Severus Snape - Severus Rogue.

--- CLAIR OBSCUR ---
01
L'ange de Ravenclaw

Les diligences menaient les étudiants de septième année vers le Collège de Hogwarts qui se dressait solennellement devant eux. À chaque rentrée scolaire, les élèves ressentaient cet émoi particulier à l'idée de retrouver entre ces larges murs les visages de leurs professeurs, de leurs amis, de leurs rivaux aussi. Pouvoir à nouveau papoter avec les fantômes de leurs Maisons respectives, apprendre de nouvelles incantations, supporter leurs équipes de Quidditch préférées... Tant de réflexes à reprendre ! Le sourire aux lèvres et les prunelles illuminées d'une excitation singulière, tous les élèves se tortillaient d'impatience sur les bancs des fiacres bringuebalants.
– Ça fait plaisir de se retrouver après tant de semaines de séparation ! déclara Hermione, le regard embrasé d'une flamme de joie.
Ses deux meilleurs amis hochaient vivement la tête en signe d'approbation. Deux mois de congés, c'était reposant. Mais que le temps était long lorsque les amis n'étaient plus là pour tenir compagnie lors des moments de bonheur ou de tristesse. Harry avait une fois de plus passé des vacances horribles avec les Dursley et il comptait bien profiter de ces dix mois en compagnie de ses deux compagnons d'aventures les plus fidèles, Ron et Hermione. Avant de les avoir rencontrés, jamais Harry ne se serait douté qu'une amitié puisse être aussi profonde. Pour cette raison, il désirait plus que tout au monde réussir ses examens et s'établir dans le monde des sorciers, loin de la maison numéro 4 de Privet Drive où vivait l'horripilante famille qu'il avait supportée durant toute sa jeunesse.
Les diligences s'arrêtèrent. Les élèves sortirent leurs têtes par les petites fenêtres et remarquèrent alors Rubeus Hagrid qui avait certainement fini de s'occuper des première année. La traversée du fleuve était un rituel pour les nouveaux élèves, et c'était le géant qui se chargeait de guider les barques vers le petit quai.
Le garde-chasse de Hogwarts aida galamment les demoiselles à sortir des diligences. À la vue des trois amis qui descendaient de leur fiacre, il ne put s'empêcher d'aller à leur rencontre pour les étreindre dans ses bras immenses. Ron, Hermione et Harry se serrèrent à leur tour contre lui.
– Vos vacances se sont bien passées ? demanda-t-il, les joues rougies par l'émotion.
– Très bien ! répondirent Ron et Hermione d'une même voix.
Harry se contenta de sourire, sachant que le géant comprendrait ce qui se cachait sous ce silence. D'un pas rapide, tous les étudiants entrèrent dans l'École. Ils devancèrent les élèves de première année et regagnèrent la Grande Salle. L'inséparable trio s'assit à la table des Gryffindor. Un brin taquins, les deux garçons observaient les visages anxieux des débutants qui faisaient leur entrée. Hermione leur faisait les gros yeux pour les rappeler à l'ordre mais au fond, elle reconnaissait qu'il était amusant de scruter les regards inquiets des nouveaux élèves. Eux-mêmes avaient connu cette appréhension, sept années auparavant. Peu concernés par leurs benjamins qui passaient tour à tour sous le Choixpeau magique, Harry et ses amis se murmuraient leurs anecdotes durant les vacances. Naturellement, c'était le Survivant qui avait le plus à raconter, en particulier à propos de Dudley, son horrible cousin.
– Je me suis permis quelques petits manquements quant au règlement, avoua-t-il avec un sourire malicieux. Rien de bien méchant...
– Tu aurais pu te faire exclure de Hogwarts ! soupira Hermione. Ce n'est vraiment pas prudent de déroger aux règles de l'École.
Décidément toujours aussi moralisatrice, la jeune Granger n'avait pas changé. Harry lui reconnaissait beaucoup de sagesse, mais également beaucoup trop de rigidité dès qu'il s'agissait du règlement. Une future Minerva McGonagall, comme se plaisait à chantonner Ron avec un sourire innocent.
– C'est vrai, admit Harry. Mais avoue que c'est difficile de s'en empêcher quand tu sais que tu peux faire trembler les Dursley en murmurant du latin.
Le garçon roux en face de lui se mit à rire mais Hermione lui jeta un regard coléreux. Voyant alors ses deux amis s'échanger des coups d'œil malicieux, elle s'autorisa un sourire et secoua doucement la tête.
– Maintenant que tous nos nouveaux élèves ont trouvé leur maison, déclara la voix profonde du Directeur de l'École, nous pouvons enfin répondre à l'appel de nos estomacs et nous repaître des plats exquis sous nos yeux.
Sans plus attendre, Ron se servit copieusement piqua sa fourchette dans une tranche de rosbif. Sa mine pâle reprit quelques couleurs quand il avala la première bouchée. Horrifiée, Hermione le scrutait.
– Mais... mais mâche un peu au moins ! Tu vas t'étouffer !
Harry jeta un regard à ses deux amis, un sourire étirant ses lèvres douces. Il trouvait cette relation plutôt charmante. Malgré sa réserve, la jeune fille ne pouvait masquer son inquiétude dès que Ron s'écartait de tout ce qui lui semblait sécuritaire. Le Survivant était presque certain qu'ils finiraient par avouer leurs sentiments profonds l'un et l'autre. En tout cas, il l'espérait.
De son côté, il se sentait un peu seul. Pourtant, il avait beau chercher dans ses relations, il n'arrivait pas à trouver quelqu'un qui lui convenait. Il se savait très exigeant, mais il avait besoin d'une personne qui cesserait de le voir comme un héros. Il en avait assez d'être le « Survivant ». Cette célébrité le fatiguait et parfois, il doutait de son entourage. À la moindre menace, tous disaient sans cesse pour se rassurer : « Notre Directeur est là... et puis Harry Potter nous protègera lui aussi ! Il a vaincu Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom plusieurs fois ! ». Ces gens-là n'admettaient pas que le Gryffindor puisse éprouver de la peur lui aussi. Or il voulait pouvoir se confier sans honte à celui ou celle qui partagerait sa vie.
Il ne put s'empêcher de rougir. Il ignorait pourquoi il venait d'imaginer qu'il pourrait passer sa vie en compagnie d'un garçon. Après avoir imaginé la scène d'une étreinte amoureuse avec un homme, il posa sa main devant sa bouche pour retenir un haut-le-cœur. D'autant plus que le genre masculin n'était pas ce qu'il y avait de plus alléchant au vu des spécimens que renfermait Hogwarts. Même parmi les Gryffindors... Un frisson d'horreur remonta le long de son échine et il détourna les yeux, le feu aux joues.
Cauchemardesque...
– J'ai hâte de retourner un bon lit bien douillet ! s'exclama le jeune garçon aux cheveux roux.
– Et moi donc ! marmonna Harry en cachant un bâillement derrière ses doigts.
Hermione s'était un peu soulevée du banc pour scruter les visages des autres tables. Avec surprise, elle se rassit et glissa à ses amis :
– Cho Chang est toujours là... elle n'avait pas une année d'avance sur nous ?
Ron fit une moue bizarre, incapable de répondre, et jeta un regard ahuri vers la table des Ravenclaws. Harry se tordit le cou par-dessus son épaule et fixa le visage étonnamment calme de l'Asiatique. La voir aussi réservée, seule en bout de table, était plutôt surprenant. Elle qui avait pourtant quelques bons amis parmi ses camarades de Maison et qui était si expressive en leur compagnie...
– Bah... dit Ron en se sentant un peu maladroit. Si elle a doublé son année, elle se retrouve peut-être toute seule avec une classe qu'elle connaît mal ?
Sans plus s'occuper de la jeune Ravenclaw, les trois amis se plongèrent dans une nouvelle discussion à propos du Quidditch. C'était certainement le cours qui avait le plus manqué à Harry. Les pommettes rougies par l'enthousiasme, le jeune homme déclara :
– Pour ma dernière année à Hogwarts, je vais donner tout ce que j'ai dans le ventre. Gryffindor doit gagner la coupe !
– Attends-toi à ce que ton professeur détesté te surcharge de devoirs pour t'empêcher de t'entraîner... soupira Granger en finissant son assiette.
Le Survivant ne put réprimer un frisson d'horreur et de colère.
– Ne parle pas de malheur...
Soudain maussade, le Survivant jeta un regard sombre au Maître des Potions assis à la table des enseignants. Severus Snape, le grand professeur aux yeux aussi noirs que la pierre qui lui servait de cœur. Harry n'éprouvait que du dégoût pour cet homme qui l'avait méprisé dès le premier cours, le rabaissant publiquement au rang de cancre rebelle et de célébrité sans plus de cervelle qu'un moineau.
Harry s'en retourna au contenu de son assiette... Depuis deux ans, il avait un peu mieux compris pourquoi Snape le détestait autant. Après tout, James Potter s'était comporté comme un minable en s'amusant à prendre Severus pour souffre-douleur, à l'époque où tous deux étaient encore des collégiens. Comptant sur sa notoriété en tant qu'Attrapeur et sa réputation d'élève doué et sérieux, il s'était vite obtenu des droits que d'autres élèves ne se seraient jamais accordés. Snape étant rigoureux quant au règlement, il avait toujours surveillé les Maraudeurs pour les rappeler à l'ordre. Mais au lieu de se faire écouter, il n'avait réussi qu'à s'attirer le titre de bouc émissaire. Bien sûr, le fait qu'il appartienne à la maison adverse n'avait pas arrangé sa situation.
Cependant, le fils n'était pas comme le père. Harry désapprouvait ces préjugés un peu trop immatures à son goût ; si le Professeur de Potions avait des raisons de détester James, il n'en avait pas pour haïr son enfant. Ce dernier ne partageait pas cette méchanceté et la rivalité entre les Gryffindors et les Slytherins n'était pas suffisante pour expliquer cette aversion que Snape avait éprouvée dès la première année du jeune Survivant.
Retournant son regard vert sur l'ancien Mangemort, Harry soupira. À présent qu'il était assez âgé pour prendre du recul et ne plus réagir comme un adolescent rebelle et stupide, pouvait-il blâmer ce professeur, aussi odieux fût-il ? Après tout, Snape avait souvent pris la défense d'Harry et ses deux amis lorsqu'il y avait danger. Le Gryffindor se souvenait que durant sa première année, son professeur honni l'avait défendu lors d'un match de Quidditch, alors que ce traître de Quirrell tentait de désarçonner le jeune Attrapeur de son balai. Au cours de la deuxième année, il avait plus ou moins innocenté le trio. Accusés à tort d'avoir pétrifié Miss Norris et écrit un message de sang sur l'un des murs, les trois amis avaient été pris de court face à l'interrogatoire des professeurs suspicieux. Étrangement, Severus avait été l'un des moins sceptiques, n'hésitant pas à les innocenter jusqu'à preuve du contraire. Et puis, lors de la troisième année à Hogwarts, le Maître des Potions n'avait pas fui devant le loup-garou qu'était devenu Remus Lupin. Hermione et Ron se souvenaient de son geste, alors qu'il tentait de les protéger derrière lui. « C'est pas Lockhart qui aurait fait ça ! » avait déclaré le jeune Weasley, le lendemain.
Oui, mais à côté de ça, il m'humilie devant toute la classe !, s'exclama intérieurement Harry avec orgueil. Ce mec est un fouteur de merde qui me juge mal et c'est tout !
Se sentant observé, le Professeur Snape tourna la tête vers la table des Gryffindors et ses yeux croisèrent deux émeraudes étincelantes. Bizarrement, il ne renvoya ni regard tueur, ni sourire malsain. Il se contenta de reporter son intérêt sur la table des Slytherins tout en avalant une bouchée de viande. Un peu troublé, Harry se reprocha sa conclusion hâtive sur l'enseignant qu'il détestait. Peut-être que cette année, ce serait différent ? Discrètement, il croisa les doigts sous la table et pria Merlin pour que ce nouveau trimestre soit placé sous le signe de la tranquillité. Il en avait assez de ces conflits stupides entre Gryffindor et Slytherin.
Bientôt, ce fut la fin du repas et Ron se leva. Il arborait sur son uniforme le blason des préfets en chef. Le rouge aux joues, il appela les nouveaux élèves et les guida parmi les divers escaliers qui se mouvaient d'eux-mêmes. Ses deux amis le suivaient de loin, se chuchotant quelques commentaires à l'oreille :
– Tu as vu comme il est rouge ? s'exclama Hermione.
– Il a quand même plus de classe dans son habit de préfet, admit Harry.
Ils rejoignirent la Salle des Gryffindors et Hermione se dirigea vers l'aile des filles après un signe de la main à l'intention de son ami. Harry regagna alors la chambre des garçons et se dévêtit derrière les rideaux de son lit à baldaquin. Nu comme à son premier jour, il tendit un bras au travers du tissu et hissa la valise sur le matelas. Il l'ouvrit et fouilla hâtivement le temps de trouver un pyjama. Il en prit un et s'en habilla. Glissant alors paresseusement la malle sous le lit, il retira ses lunettes et les posa sur la petite table de nuit. Enfin, il rampa dans ses draps et ferma ses yeux fatigués.
Un peu plus tard, Ron entra dans la chambre et se déshabilla à son tour. Tout aussi fainéant que Harry, il s'emmitoufla dans ses couvertures et ne tarda pas à ronfler. Le Survivant fit une grimace. Il aurait aimé pouvoir infliger un sort de silence à son ami, mais il préférait ne pas vexer le jeune Weasley. Lui qui venait tout juste d'être nommé préfet en chef, il valait mieux ne pas le décourager et l'humilier dès le premier soir. Mais peut-être que glisser quelques mots à ce propos le lendemain... ?
On verra, soupira le jeune homme en se couchant sur le dos, les mains croisées sous la nuque.
Songeur, il joua avec une mèche de sa frange rebelle et repensa à Cho. La pauvre... elle devait être déçue d'avoir raté ses examens. Harry décida de lui rendre visite le plus tôt possible pour prendre de ses nouvelles. La voir soudain d'humeur très sombre avait l'intrigué. Il éprouvait un vif sentiment d'insatisfaction à l'idée de ne pas comprendre pourquoi la jeune Ravenclaw leur avait semblé si mélancolique. Fronçant les sourcils dans le noir, le Survivant repensa au Professeur Snape. Lui aussi semblait étrange... Avait-il décidé de cesser ses enfantillages et de lui ficher la paix ? Non... Harry peinait à le croire, et il n'avait pas non plus l'intention de demander au Maître des Potions pourquoi il ne lui avait pas adressé quelque rictus moqueur. Mieux valait oublier tout cela. Même si sa curiosité était éveillée, de toute façon, il ne saurait rien ce soir. Il devait dormir... une bonne nuit de repos sans les ronflements bruyants de l'oncle Vernon, ni les piaillements de la pauvre Hedwige enfermée dans sa cage ; voilà ce qu'il lui fallait.
Les marmonnements de Ron lui enlevèrent une moue d'exaspération. Finalement, il ne savait pas ce qu'il préférait entre les ronflements de son oncle honni à travers un mur ou ceux de son meilleur ami à seulement quatre mètres de lui ! Il ferma les yeux, espérant trouver le sommeil rapidement. Après tout, peut-être que cette nuisance sonore était assez assommante pour cela ?
Il faudra que je prévienne Hermione à propos de ce petit désagrément... pensa Harry.
Sa bouche se tordit en un petit rictus moqueur.
Non... je lui laisse la surprise pour leur nuit de noces...
Il étouffa un rire amusé. C'était peut-être aller vite en besogne, mais il imaginait déjà un mariage entre le jeune homme roux et leur amie studieuse. Ils se complétaient parfaitement, et on pouvait sentir Hermione aussi anxieuse et exigeante envers Ron qu'une femme envers son époux. Harry n'était pas le seul à le voir. À vrai dire, tous les Gryffindors le présumaient eux aussi. Même les Hufflepuffs avaient quelques doutes à ce sujet. Tous imaginaient parfaitement leur relation ; Ron serait à l'image de son père, un peu tête en l'air et toujours soumis à sa femme en prenant un air penaud à la moindre réprimande. Hermione serait ferme et implacable, comme Molly Weasley, mais aussi aimante et anxieuse.
Et lui, Harry Potter... se marierait-il un jour ? Connaîtrait-il la joie d'être un époux, puis un père ? Aurait-il le plaisir de voir évoluer son enfant en toute sécurité dans un univers sûr ? Chaque jour, il doutait un peu plus...
Il n'était décidément pas comme les autres et jamais il ne saurait faire sa vie avec quelqu'un d'ordinaire. Non pas parce qu'il se sentait supérieur aux autres. Ce n'était point une forme de dédain ; s'il avait pu, il aurait donné toute sa richesse personnelle pour être un garçon « normal » afin de vivre de façon « normale ». Mais le Destin en avait décidé autrement.
Comment quelqu'un d'ordinaire pourrait-il le comprendre et le satisfaire ? Comment quelqu'un d'ordinaire pourrait-il admettre que le grand Harry Potter puisse éprouver lui aussi le doute, la peur, la confusion, la souffrance ? Pourtant, ces sentiments, il ne les connaissait que trop bien. Mais apparemment, seuls ses exploits contre Voldemort savaient marquer le mental des gens qui le côtoyaient.
Le jeune homme se sentit soudain d'humeur sombre. L'idée de ne pouvoir faire sa vie avec quelqu'un et de se savoir condamné à rester seul jusqu'à la fin de ses jours le déprimait. Il serra un poing dans la pénombre et roula sur le flanc. Les sourcils froncés, il empoigna durement son oreiller et ferma les yeux. Et Ron qui ronflait toujours...
Le bienheureux ! , pensa Harry, non sans colère.
Rageur, il serra ses phalanges autour de la taie et battit impatiemment des pieds, espérant que cela ferait taire le garçon aux cheveux roux. Un grognement lui vint en réponse et Ron lui tourna le dos dans son sommeil. Agacé, le Survivant rejeta ses couvertures et quitta la chambre. S'enveloppant de sa cape d'invisibilité, il s'en alla dans les couloirs, la Carte des Maraudeurs en main pour éviter toute mauvaise rencontre. Il progressa dans les couloirs sombres, s'aidant simplement du vieux parchemin pour éviter les obstacles. Certes il avait sa baguette, mais il ne voulait pas se servir du sort de lumière. Il n'avait pas l'intention de réveiller les tableaux... la lumière de la Lune suffisait à elle seule pour qu'il distingue les noms des personnes à éviter sur le vieux parchemin.
Il s'amusait à regarder les gens défiler sur la carte et étudier leurs faits, satisfaisant pleinement un côté voyeuriste qu'il cherchait à cacher honteusement, il remarqua bientôt qu'un autre élève déambulait dans les couloirs, se cachant dans les moindres recoins pour éviter de se trouver nez à nez avec le vieux Filch.
– Cho ?
Il étouffa son exclamation et décida d'aller à la rencontre de la jeune fille. Ce n'était pas courant de voir un élève faire fi du règlement et Harry comptait bien parler un peu avec elle, autant pour se calmer que pour connaître le pourquoi de son doublement à Hogwarts. Il alla vers sa direction et remarqua sur la carte que Cho était partie dans les toilettes des garçons... Rendez-vous amoureux ? Pari entre amies ? Voyeurisme ? Le Survivant se hâta afin d'aller aux toilettes à son tour. Il y retira sa cape d'invisibilité et s'approcha à pas de loup. Il tendit l'oreille.
Tout d'abord, il n'y eut que le silence... Retenant son souffle pour ne pas se faire repérer, le jeune homme sentait son cœur battre à toute allure sous sa poitrine. Ses yeux, habitués à l'obscurité, fouillèrent l'espace entre les toilettes aux portes soigneusement fermées. Il s'aventura vers le fond de la salle, intrigué, et tendit l'oreille pour percevoir un son, un bruit de respiration, n'importe quoi qui puisse lui signaler une présence humaine.
Alors qu'il retenait un reniflement agacé à l'idée d'être ridiculement seul dans ces toilettes, un souffle anormalement rauque s'éleva dans la pièce. Stupéfait, le jeune homme brun ouvrit de grands yeux surpris. Ce ton était relativement suggestif quant à sa nature... Il s'agissait là d'un soupir très doux mais aussi très sensuel. Un soupir de désir, peut-être même de plaisir. Un soupir d'homme que l'on caressait... Le Gryffindor reconnaissait bien ce type d'expiration qui se terminait en une sorte de complainte à la fois douloureuse et excitée... Lui-même en avait poussées lorsqu'il avait osé enfin se caresser. Particulièrement pudique mais curieux de découvrir son corps, il avait toujours attendu d'être seul chez sa famille moldue pour se masturber, sachant qu'il avait là-bas sa propre chambre et que ses tuteurs légaux avaient un sommeil de plomb. Pourquoi attendre de retourner chez les Moldus ? Parce qu'il avait toujours craint que quelqu'un le surprenne à Hogwarts. Dumbledore avait des yeux partout, sans compter les fantômes et les esprits frappeurs.
Un second halètement se fit entendre, à peine plus plaintif que le premier. Harry ne put s'empêcher de rougir jusqu'aux oreilles, manifestement embarrassé. Il avait beau avoir quelques problèmes d'hormones difficiles à satisfaire, il n'était pas rendu au point d'espionner les gens dans leur intimité. Aussi cette position était-elle plutôt dérangeante quant à sa réputation de « Saint Potter ». Réputation fondée sur du vent puisque la nature de ses pensées n'était en rien semblable à celle d'un Saint.
Un soupir de plaisir fit naître une chaleur dans le ventre du Survivant dont les joues prenaient une teinte écarlate. Ainsi, Cho faisait des... des « choses » aux garçons dans les toilettes ?
Il pourrait respirer moins fort, le type ! gronda intérieurement Harry, à la fois choqué et jaloux.
Il fixa envieusement sa carte pour savoir qui était le nouvel élu de Cho. Hébété, il fouilla le parchemin, détaillant le moindre millimètre autour du nom de la Chinoise... Personne... Il leva un regard ahuri vers la porte derrière laquelle une respiration écourtée se faisait entendre et lui faisait perdre les sens.
– Cho... ? bégaya-t-il, le visage en feu.
Un silence parfait s'établit. Intrigué, le jeune homme éleva un peu la voix pour mieux se faire entendre :
– Cho, c'est toi ?
Il y eut une exclamation étouffée...
Merde...
Pas de doute, c'était bien la voix de la Ravenclaw... Décontenancé, Harry tenta de comprendre ce que lui démontrait cette maudite carte qui ne mentait jamais --- ce qui était bien dommage parfois. Cho Chang était donc... un homme ? Impossible ! Elle était sortie avec le Capitaine de l'équipe des Hufflepuffs.
Harry fit la moue à cette pensée...
Non, ce n'était pas là une preuve suffisante pour s'assurer de sa féminité.
– Cho ! s'exclama-t-il en frappant à la porte des toilettes. Non mais... ce n'est pas vrai !
VA-T-EN ! hurla la voix derrière la porte.
Les poings du jeune homme brun se crispèrent. Il avait l'impression d'avoir été trompé par cette personne pour qui il avait éprouvé des sentiments tendres. La rage au cœur, Harry s'empara de sa baguette et la brandit furieusement contre la porte en s'écriant :
Alohomora !
Un bruissement devança son geste et à peine avait-il ouvert la porte qu'une corneille s'échappait des toilettes à tire-d'aile. Cependant, c'était mal juger le jeune homme que de chercher à le fuir de cette manière. Après tant d'années d'entraînement au Quidditch à pourchasser un fichu Vif d'Or, l'Attrapeur intercepta le mouvement de fuite de l'Animagus et il l'attrapa aussitôt par une aile. Il plaqua l'oiseau au sol, prenant à peine garde à ne pas l'écraser sous la pression de sa paume contre le sternum si fragile.
La corneille se mit à croasser furieusement, se débattant à grand renfort de coups de bec et de serres. Serrant rageusement ses griffes autour du bras de Harry, l'oiseau noir se sentit bien site immobilisé sur le dos, impuissant. Un moment de panique le fit pousser une succession de cris suraigus.
Comprenant enfin que le Gryffindor ne lâcherait pas prise, l'Animagus reprit sa forme humaine et chercha immédiatement à repousser le jeune homme.
– Laisse-moi tranquille ! criait Cho.
Harry lui saisit les poignets et le bloqua sous lui, ses prunelles brillant dans l'obscurité comme si des flammes brûlaient en elles. Ses tympans ne purent supporter plus longtemps les vociférations de Chang et une grimace lui échappa quand un cri plus aigu que les autres résonna dans ses oreilles douloureuses. Agacé, il gifla la joue du Ravenclaw d'un revers de la main, lui imposant ainsi le silence. Levant de grands yeux ébahis, Cho se recroquevilla nerveusement, cherchant à se protéger de ses bras à la manière d'un enfant trop souvent battu... Tremblant d'une peur inexplicable, il jeta un regard terrifié au jeune homme au-dessus de lui. Le Gryffindor sembla décontenancé l'espace d'un instant, mais il se reprit bien vite et le dévisagea de ses pupilles rétrécies par la colère.
– Alors ! gronda Harry qui se sentait parfaitement trahi. Tu as intérêt à m'expliquer ça tout de suite...
Retrouvant aussitôt son caractère vif et sauvage, le Chinois chercha à se défaire de cette poigne de fer en se débattant furieusement.
– Quoi, ça ? répliqua-t-il en jetant un regard courroucé.
ÇA ! hurla le jeune homme en plongeant sa main vers l'entrejambe de Cho --- ne manquant pas de se surprendre lui-même de son audace.
Plus de doute possible pour Harry, il s'agissait bel et bien d'un homme. Poussant un cri indigné, Chang le gifla de toutes ses forces en alignant un chapelet de jurons.
– Pervers ! Mufle ! Détraqué ! Maniaque ! Obsédé !
Obsédé ? répéta Harry, fou de rage, interrompant de sa voix grave les piaillements aigus de son prisonnier. Qui est le plus obsédé de nous deux ? Moi pour t'avoir touché, ou toi pour avoir joué sur ton ambiguïté afin de te taper les garçons de l'École ?
Ils se fixèrent un long moment. Cho semblait démoli à l'écoute de ces propos. De son côté, le Gryffindor savourait cette petite victoire ; une simple phrase avait suffi pour le réduire au silence. Mais il remarqua bien vite les tremblements de rage du Chinois...
D'un coup de genou dans le ventre, le Ravenclaw s'échappa de la prise du jeune homme et s'écarta d'un bond. Haletant de rage et de peur, il fixa sombrement ces deux perles de jade qui le dévisageaient avec fureur. Harry se redressa difficilement et se courba, passant un bras sur son abdomen endolori. À son grand étonnement, Cho ne chercha pas à fuir. Ce dernier se contentait de le fixer, comme s'il s'était décidé à répondre aux questions qui ne tarderaient pas à fuser...
– Qui es-tu ? marmonna enfin Harry qui retrouvait à peine son souffle. Pourquoi prétends-tu être une fille ?
Cho détourna la tête et croisa les bras sur son torse. Sa situation n'était pas des plus enviables mais il savait qu'à présent, il avait des comptes à rendre. Ce n'était pas pour lui plaire. Se faire piéger de façon si stupide... Se drapant dans sa fierté blessée, il se tourna vers un lavabo et se lava les mains et le visage. Visage qui exprimait une petite moue bougonne...
– Je me protège... déclara-t-il d'une voix blanche.
Harry fronça les sourcils, cherchant à comprendre ce que ces mots pouvaient signifier. Se protéger de quoi ? Il ne voyait pas en quoi se travestir pouvait aider à une quelconque protection dans un monde de magie. Manifestement, le Chinois perçut les doutes du jeune homme et ne put empêcher un geste impatient de la main.
– Tu n'es pas le seul à te protéger de Voldemort ! siffla Cho.
Harry le dévisagea un long moment, frappé d'étonnement. Rares étaient ceux qui prononçaient ce nom maudit et craint... Jamais il n'aurait cru qu'un faible travesti pût proférer un tel mot sans trembler. Peu satisfait de la réponse et visiblement intrigué, il demanda :
– Pourquoi crains-tu Voldemort ?
– J'ai mes raisons, mais je n'ai pas l'intention de te les raconter. En tout cas pas maintenant. Ce n'est ni le moment, ni l'endroit !
Un rire moqueur secoua les épaules du Gryffindor qui répliqua :
– Parce que se masturber dans les toilettes en pleine nuit, c'est le moment et l'endroit pour le faire ?
Le feu aux joues, Cho porta son regard ailleurs en soupirant. Il semblait excédé par cette réaction digne d'un Slytherin de première année. Comment un esprit pourtant réputé pour sa clairvoyance pouvait-il se montrer si borné ?
– Tu penses vraiment échapper à Voldemort de cette façon, en te faisant passer pour une fille ? demanda enfin Harry, un peu surpris.
Cho haussa les épaules.
– Il recherche un garçon, pas une fille. En jouant sur mon physique ambigu, je peux me fondre parmi les élèves de Hogwarts. Cela fait huit ans que je vis ainsi, sans qu'il parvienne à retrouver ma trace...
– Alors tu as dû changer au moins de patronyme pour passer inaperçu ? Sinon il t'aurait retrouvé par ton vrai prénom...
– C'est évident...
Une expression triste rongeait le visage pourtant si joli du Ravenclaw. Ses yeux noirs rencontrèrent ceux du jeune homme brun. Harry savait que Cho ne lui dévoilerait rien de son identité. D'un côté, il ne s'en plaignait pas ; il en avait assez vu pour la soirée.
– Et comment fais-tu pour que les autres ne remarquent pas ton torse plat ? Je sais qu'on peut compter pas mal sur les uniformes amples, mais quand même...
Le Chinois s'empourpra à ces mots et étouffa un cri offusqué.
– Harry ! Ce... c'est intime !
Harry lui-même se sentit rougir à la nature de sa question. Stupide... et mal placée... De plus en plus, il en venait à se demander s'il ne possédait pas un côté malsain. Il essayait de le dissimuler tant bien que mal, mais à chaque fois qu'une situation le dépassait, il ne pouvait s'empêcher de faire preuve d'une curiosité presque immorale.
- Une vieille ruse moldue... travesti, ses pommettes ne manquant pas de se pigmenter joliment. Une brassière, un peu de coton et c'est bon... ça passe inaperçu...
S'il n'avait pas été d'humeur massacrante, Harry aurait éclaté de rire. Les Moldus avaient toujours eu des idées loufoques, et il était bien placé pour le savoir. À côtoyer pendant tant d'années les Dursley, il avait compris combien le « paraître » primait sur l'« être ». Cependant, il n'avait pas assez fréquenté les collégiennes moldues pour avoir connaissance de tous ces petits secrets. Un tantinet désorienté, il préféra quitter les toilettes. Il en avait décidément trop vu ce soir ! Lui qui avait espéré se calmer grâce à une promenade nocturne, il se sentait prêt à bondir à la gorge du premier qui le titillerait.
Alors qu'il posait la main sur la poignée de la porte, Cho le rattrapa par le bras.
– Lâche-moi ! s'écria Harry en faisant un écart.
Une expression dégoûtée déforma son visage. L'Asiatique s'empressa de retirer ses doigts, penaud et surpris. Il serra les mains contre son torse en un geste de prière et baissa humblement la tête.
– Harry... je t'en supplie, ne parle de cela à personne... pas même à tes amis... je t'en supplie !
Sa voix plaintive agaça l'interpellé qui marmonna :
– J'ai pas l'intention de parler de... de ça... J'ai autre chose à penser que les problèmes hormonaux d'un type malsain comme toi !
Reculant d'un pas, il jugea le garçon devant lui.
– Tant que tu ne m'approches pas, il n'y aura pas de problème... Je garderai ça secret. Mais comprends que je n'ai pas envie de traîner avec un travesti qui a trompé tout le monde à propos de sa nature... un travesti qui a même été jusqu'à tromper son prétendu petit ami ! Enfin, si tu te souviens de lui... Cédric Diggory, ça te dit quelque chose ?
Cho détourna le regard, vexé. Ce ton cinglant lui faisait froid dans le dos. L'idée d'être ainsi méprisé pour ce qu'il était réellement le meurtrissait tout particulièrement et lui enlevait des frissons.
– Ne parlons pas de lui... (Il fut pris de violents tremblements et reprit d'un ton peu rassuré :) Sa disparition a été une déchirure...
Harry leva un regard soupçonneux et, changeant brutalement de sujet de discussion, il murmura :
– J'espère au moins que Dumbledore est au courant de ce que tu es !
Cho secoua négativement la tête.
– Harry... répliqua-t-il avant que ce dernier ne hurlât outrage. Personne ne doit savoir qui je suis... personne. J'ai mes raisons quant à ce déguisement, et je sais que tu n'essaieras pas de m'arracher les vers du nez. Mais Dumbledore, lui, me demanderait de m'expliquer et je ne veux pas lui dire que je me cache de Voldemort. Il a connu tes parents, Harry. Il connaît donc ta situation et tes rapports avec Voldemort. En revanche il ne connaît pas ma famille. Je suis un orphelin. Donc il n'a pas à être mêlé à cette histoire. Elle ne concerne que moi. Il croit que j'ai une famille, mais les noms qui figurent sur mes papiers d'inscriptions ne sont qu'à caractère administratif. Il n'y a rien derrière le patronyme « Chang ». Je dois me protéger de cette manière Harry. Personne ne doit me connaître... et toi seul peux le comprendre.
En effet, Harry se rendait compte qu'il était le seul à pouvoir le comprendre. Il partageait lui aussi ce désarroi, cette volonté de rester seul, de se débrouiller tout en gardant ses secrets. Il savait aussi que si ses parents avaient été inconnus de Dumbledore, ce qui était le cas de Cho, alors il aurait lui aussi cherché à cacher farouchement son passé.
Il inspira profondément et soupira, fixant sa Carte.
Pourquoi la carte a-t-elle montré le nom de « Cho Chang » si ce n'est qu'une couverture ? Ce n'est pas logique, quelque chose cloche dans cette histoire. Sauf peut-être... peut-être que si je demande à Remus...
- Tu devrais partir maintenant... répliqua-t-il en coupant le fil de ses pensées. Tu pourras devancer Miss Norris et éviter qu'elle ne te repère.
Cho sourit doucement et hocha la tête. C'était une façon indirecte pour Harry de promettre qu'il garderait son secret pour lui seul.
– N'oublie pas, je suis un Animagus de taille assez discrète... chuchota-t-il avec un clin d'œil malicieux. Merci encore, ajouta-t-il gravement.
Harry hocha simplement la tête. Il s'enveloppa dans sa cape d'invisibilité et regagna les dortoirs de sa maison. De son côté, Cho se métamorphosa en corneille et prit son envol en direction de son lit, dans l'aile des Ravenclaws. Calmement, il reprit forme humaine et se glissa entre ses draps, se recroquevillant pour mieux apprécier la chaleur naissante.
Enfin, pour une fois, il se sentait moins seul. Il avait pu raconter son secret à un être qui lui était cher. Certes, Harry ne s'était pas montré enthousiaste à cette découverte, et Cho le comprenait parfaitement, mais il était resté relativement ouvert au dialogue. Même si le début de la discussion avait été houleux, l'humanité du Gryffindor avait refait surface pour faire preuve d'un peu plus de courtoisie malgré le sentiment de colère naissant.
Harry était quelqu'un de bon, cela ne faisait évidemment aucun doute. Mais ce soir, il avait démontré toute sa grandeur en respectant la pudeur outragée de Cho et en évitant de lui faire subir un interrogatoire interminable. Pourtant, il aurait eu toutes les raisons du monde de l'envoyer dans le bureau du Directeur. Après tout, il était vrai que le travesti avait agi en traître en dissimulant sa nature à tous ses amis et à ses supérieurs.
Se pelotonnant dans ses draps de coton, il jeta un regard par la fenêtre où une lune rayonnante illuminait la nuit. Ses yeux noirs se perdirent un moment dans l'encre de la nuit, puis un sourire un brin rêveur étira ses lèvres douces. Le Chinois ferma les yeux et les limbes du sommeil l'enveloppèrent pour une tendre étreinte qu'il ne refusa pas. Il pria simplement de passer une nuit sans cauchemar, sans rêve. Une nuit calme, comme il n'en avait plus connu depuis des années...

§§§

Ron se leva en sursaut et comprit à la vue des autres lits vides qu'il était en retard. Il jeta un regard à Harry qui semblait toujours se reposer dans les bras de Morphée. Clignant ses yeux ahuris, le jeune Weasley mit un certain temps avant de paniquer et se ruer vers le Survivant, piaillant à tout va en se bataillant avec les draps blancs de son ami ensommeillé.
– Harry ! Harry ! On est en retard ! On n'aura pas le temps de déjeuner !
Le petit-déjeuner était le repas le plus sacré dans la vie de Ron. Ne pas déjeuner pour le rouquin était à peu prêt aussi dramatique que priver Harry de son balai le jour de la finale de Quidditch.
Un grognement lui fit comprendre que le jeune homme brun était réveillé et aussitôt, Ron s'engouffra dans la salle de bain, laissant derrière lui un garçon déboussolé aux yeux gonflés et à la chevelure plus décoiffée que jamais. Soudain tout seul dans la chambre, Harry observa la pièce tout autour de lui. Il n'avait pas trouvé le sommeil avant l'aube, trop bouleversé après son altercation nocturne avec Cho.
Secouant brutalement la tête, il tendit la main vers ses lunettes et les glissa sur son nez. De son côté, Ron jaillit de la salle de bain, retenant tant bien que mal sa serviette de douche entre ses jambes. Un sourcil haussé, son ami réprima de justesse un sourire amusé et s'en alla à son tour faire sa toilette du matin. Il se hâta, passant un coup de gant froid sur son corps afin de se réveiller une bonne fois pour toutes.
– Vite Harry ! On aura tout juste cinq minutes pour manger !
Et quelques minutes plus tard, ne prenant point la peine de s'asseoir sur les bancs de la Grande Salle, tous deux engloutirent un sobre repas. Harry jeta un coup d'œil curieux par-dessus son épaule, cherchant du regard Cho Chang. Il le trouva à sa table, en train de dessiner... Sans doute avait-il la chance de commencer plus tard ! Malheureusement pour les Gryffindors de septième année, il fallait se lever tôt quatre fois dans la semaine. Ils avaient tous connu meilleur emploi du temps, mais cette dernière année était très chargée... Harry commençait même à douter de sa participation aux matches de Quidditch en évaluant tout le travail à fournir pour passer les ASPICs avec succès.
Engouffrant un dernier croissant, Ron se leva brutalement, son sac de cours sous le bras, et son ami le suivit aussitôt, ne se préoccupant plus de Cho ni du Quidditch. Ils se frayèrent un chemin parmi les élèves amassés dans les couloirs tout en évitant soigneusement les projectiles indéfinissables que leur lançait Peeves, puis ils parvinrent finalement à distinguer la porte de la salle de cours. Cours de Potions, bien sûr... Cours que tous les élèves autres que Slytherins craignaient. Arriver en retard ne plaisait pas du tout à Harry. Il entendait déjà la voix lancinante et sarcastique du Professeur Snape qui leur retirerait au mieux une vingtaine de points.
La porte se referma derrière le Maître des Potions et, d'un même mouvement, les deux retardataires se précipitèrent sur la poignée. Celle-ci s'ouvrit si subitement sous la double pression qu'ils plongèrent dans l'allée principale, cherchant en vain à retrouver leur équilibre. En un pathétique bruit mat, ils s'effondrèrent sur les dalles glacées.
Les éclats de rires des autres élèves s'élevèrent, mais un regard furibond du Professeur les fit se taire. Seul Draco ne put retenir quelque ricanement amusé.
– Silence... maugréa le Professeur avec colère.
Le jeune Malfoy se tut et dévisagea froidement le visage émacié du Directeur de sa maison. Ce dernier l'ignora superbement et jeta un regard excédé aux deux Gryffindors.
– Eh bien, Messieurs Potter et Weasley, vous avez à présent assimilé les mystères de la loi de la pesanteur... Il ne fait aucun doute que le Professeur Flitwick sera ravi de l'apprendre.
Son ironie indolente enleva quelques rires discrets. Aussi rouge que ses cheveux, Ron prit une mine penaude. Il se savait parfaitement incapable de s'expliquer correctement devant cet homme qui, dans ce genre de situation, l'effrayait presque autant que les araignées. Un grognement étouffé par quelques toussotements attira ses yeux hagards sur la forme allongée qui lui servait de coussin.
– Ron... Pousses-toi, tu m'écrase...
– Pardon ! souffla le rouquin en se redressant précipitamment.
Harry se mit à tousser et prit appui sur un coude. Ils ne comprenaient pas pourquoi celui qui les haïssait plus que tout au monde n'avait pas sauté sur l'occasion afin de retirer des points à leur maison. Enfin, ils n'allaient certainement pas s'en plaindre.
– Regagnez vos sièges tous les deux, et tâchez de ne plus perturber mon cours, à moins que vous teniez à figurer sur la liste des ingrédients pour la potion le jour de l'examen, marmonna le Professeur entre ses dents.
Harry et Ron obéirent aussitôt et se rangèrent sur un banc. Tout bien considéré, cette impassibilité était beaucoup plus inquiétante que les habituelles punitions...
Les deux amis sortirent leurs parchemins et prirent leurs plumes, décidés de ne pas s'attirer les foudres de Snape pour ce premier cours. Sous le soupir d'une Hermione exaspérée, ils commencèrent à recopier les ingrédients de la potion qu'ils s'apprêtaient à concocter et se tournèrent vers leurs chaudrons.
Harry était songeur. Il brûlait d'envie de raconter à Ron ce qu'il avait vu la veille. Certes ce n'était pas le moment et encore moins l'endroit, mais il éprouvait le besoin de se confier. Il ne se sentait pas capable d'assumer un tel secret. Une pensée obsédante fit soudain pâlir son teint hâlé. Bientôt, le vert remplaça la blancheur cadavérique de son visage et il plaqua ses mains contre sa bouche en se courbant, en proie à un haut-le-cœur.
– Harry ? souffla Ron. Ça va ?
L'interpellé hocha vivement la tête, mais ce simple geste suffit à le rendre d'autant plus malade. Hermione jetait des coups d'œil à la fois réprobateurs et inquiets. Se faire remarquer une fois de plus pendant le cours de Potions leur ferait perdre des points, et Gryffindor n'était qu'en troisième place.
– Regardez-le, il est aussi vert que mon écharpe, murmura une voix traînante.
Ron et Hermione fusillèrent Draco du regard tandis qu'il ricanait en compagnie des deux brutes épaisses qui lui servaient de gardes du corps. Cependant, le Slytherin n'avait pas tort... Harry était livide, et la classe tout entière ne tarda pas à s'en apercevoir.
– Monsieur Potter, il est parfaitement inutile d'assister à un cours si vous ne vous sentez pas capable de le supporter jusqu'à son terme, répliqua Snape d'un ton glacial. Sortez d'ici et allez à l'infirmerie.
Effarés, les élèves ouvrirent de grands yeux. En temps ordinaire, leur Professeur n'aurait pas tenu compte de ce malaise et aurait même été jusqu'à retirer des points à Harry en l'accusant de comédie. Le Maître des Potions constata les visages démontés de ses élèves et répliqua :
– Ne saviez-vous pas que régurgiter dans cette potion avait un effet explosif particulièrement violent ? Je ne tiens pas à ce que Hogwarts et sa région soient à tout jamais rayés de la carte du monde à cause de la nausée de notre sauveteur...
Il fixait Harry avec une certaine contrariété.
– Monsieur Potter, tenez-vous absolument à nous détruire tous ? Je vous ordonne de sortir de cette salle et de vous rendre à l'infirmerie. Votre ami se chargera de ramener vos affaires là-bas dès la fin du cours.
Ron hocha maladroitement la tête et Harry marmonna quelque chose d'incompréhensible en disparaissant derrière la porte.
– Il a dit quoi ? chuchota Hermione à son ami, intriguée.
Le rouquin haussa les épaules, mais Neville, les joues rougies par la surprise, répondit dans un souffle court :
– Je crois qu'il a remercié le Professeur Snape...

§§§

Après avoir toussé un long moment au-dessus d'une bassine, Harry leva un regard pathétique vers Mrs Pomfrey et prit d'une main tremblante le gobelet qu'on lui tendait.
– Ce genre de malaise vous arrive souvent, jeune homme ? demanda l'infirmière en un regard mi-sévère, mi-inquiet. Heureusement, ce n'est pas très grave... Vous irez mieux dans quelques minutes, vous pouvez retourner à votre cours.
L'élève but d'un trait le médicament et glissa du lit, arrangeant distraitement les plis de sa robe. Embarrassé, il baissa les yeux et remercia Mrs Pomfrey.
– Désolé de vous avoir dérangée... ajouta-t-il en quittant l'infirmerie précipitamment.
Une fois seul dans les couloirs, Harry plaqua ses mains contre un mur et posa son front sur les pierres froides.
– J'ai été... embrassé... par un garçon... J'ai été... embrassé... par un garçon... répétait-il sans cesse en se cognant au rythme de ses paroles.
– Potter ? fit la voix stridente du Professeur McGonagall.
Le jeune homme leva deux yeux fatigués vers la vieille femme.
– Potter, qu'est-ce qui vous prend ?
Le jeune homme posa une main sur son front douloureux et grimaça. Que pouvait-il dire à présent ? Il n'aimait pas mentir à sa Directrice, mais il n'avait malheureusement pas le choix. Cependant, il n'était pas doué non plus pour raconter des histoires dans le but de se dédouaner. Il se massa la nuque maladroitement et se racla la gorge pour expliquer :
– J'ai un mal de ventre... en me tapant la tête et en me faisant mal, je me dis que je ne penserai plus à la douleur du ventre...
Pas convaincant du tout... Ou bien digne d'un fou échappé des hôpitaux psychiatriques, mais Harry n'aimait pas cette éventualité. Pris au dépourvu, il croisa discrètement les doigts pour que McGonagall ne fasse pas plus attention à lui.
Un regard soupçonneux par-dessus les montures de ses lunettes, la Directrice de Gryffindor se garda de tout commentaire et continua son chemin. Alors le jeune homme glissa contre le mur et se prit la tête entre ses doigts crispés.
– Harry ?
C'était Cho. Le Gryffindor tressaillit à sa voix et se redressa brusquement, le feu aux joues. À la manière d'un chien curieux, Cho pencha la tête d'un côté. Il remarqua le front rougi par les coups violents contre le mur et s'exclama :
– Mais il faut faire soigner ça ! Ça doit te faire mal !
À peine eût-il tenté un geste pour inviter Harry à le suivre qu'il se fit violemment repousser.
– Ne m'approche pas, je t'ai dit ! s'écria-t-il, presque hystérique.
Les regards courroucés des fantômes les fusillaient littéralement et le sourire de l'Asiatique s'effaça. Les fesses sur le sol froid, les livres et les parchemins éparpillés autour de lui, il préféra garder le silence et ne pas attirer l'attention d'autrui.
Dédaigneux, Harry gronda sourdement :
– Je ne suis pas ton ennemi, Chang, mais je ne serai plus ton ami... Est-ce clair ?
Sans attendre de réponse, il tourna les talons et s'en alla, regagnant sa salle de cours. De son côté, Cho se releva et rassembla ses affaires pour entrer dans la salle où Sybill Trelawney tenait ses cours d'Arts Divinatoires. D'ordinaire, il adorait ce cours. Mais à présent, il n'avait plus envie d'y assister. Blessé dans sa dignité, il voulait sortir de Hogwarts, fuir cette école et courir sans but, jusqu'à en perdre haleine. Il monta à l'échelle et entra dans la salle. Aussitôt, les effluves d'encens et d'huile parfumées à brûler l'enivrèrent, lui faisant momentanément perdre sa morosité. Il s'assit sur un coussin à côté d'un couple et tous attendirent que le Professeur Trelawney annonce la prochaine victime de quelque dragon ensorcelé par un esprit malfaisant.
Impensable, se dit-il avec agacement.
– Je sens ici une âme tourmentée, fit la voix de Sybill qui semblait parler depuis l'au-delà.
– Nous le sommes tous à ce cours... marmonna le Chinois pour lui-même.
Quelques rires s'élevèrent et le Professeur se leva, pointant ses doigts couverts de bagues vers Cho et ouvrant grand ses yeux derrière les loupes qui lui servaient de lunettes. Avec ses longs cheveux en bataille et son air hagard, elle semblait tout droit sortie d'un manoir hanté.
– Vous, je vous sens troublée... de sombres idées traversent votre esprit, murmura sentencieusement Trelawney en posant une main osseuse sur la cuisse de son élève. Allez-y... Osez vous exprimer, et allez au fond de votre pensée...
Cho tressaillit à la vue de ces doigts griffus posés au hasard à quelques centimètres seulement de son entrejambe. Ses muscles se crispèrent à ce contact déplaisant. Jetant un regard terrifié à l'enseignante, il poussa alors le cri du cœur :
– Vous me faites peur !
– Pardon ? demanda le Professeur en clignant des yeux.
Toujours aussi déboussolée et sans doute à moitié sourde. Du moins, sourde pour ce qu'elle ne voulait pas entendre ! Cela ne faisait aucun doute...
– Je... Je veux dire...
Un présage néfaste ; Trelawney en raffolait... Alors il s'élança vers sa seule issue.
– Je pense que je vais bientôt mourir. Quelqu'un me tuera. Souvent, je vois des corbeaux à ma fenêtre, et parfois je croise sur mon chemin des loups noirs.
Sybill prit alors un air mi-exaspéré, mi-attendri.
– Ma chère enfant, vous accordez trop d'importance à ce que vous êtes... Tout le monde ici sait que personne n'ira s'en prendre à vous, vous êtes bien trop insignifiante pour qu'on vous veuille du mal...
Le Professeur s'en retourna à sa petite table sous les yeux ébahis de Cho. De toute sa vie, jamais encore il ne s'était fait rabaisser en public, encore moins de cette façon. Mais étrangement, cette révélation lui enleva un sourire. Après tout, il vivait dans l'ombre et avait su échapper à la notoriété du fait de ses exploits uniquement connus en Chine, son pays d'origine. Harry Potter, lui, avait contré Voldemort sur les terres de la Grande Bretagne, là où s'était établie l'École de Hogwarts. Il n'était donc pas étonnant de le savoir victime de sa trop grande célébrité.
Soudain, Cho éprouva un mal-être... Une sorte de mal du pays plus exactement. La Chine lui manquait terriblement. Certes ce n'était pas un pays des plus tolérants, la vie était très chère pour ses habitants, la pauvreté de certains lieux était affligeante... Mais il aimait ce pays, ses traditions, ses coutumes. Il avait envie d'y retourner.
Concentre-toi sur tes cours... rappela la petite voix de la conscience si agaçante.
Avec un soupir, il se pencha vers la boule de cristal qu'il fallait étudier et la tapota du bout du doigt, ignorant le couple à ses côtés qui se glissait des mots doux à l'oreille. La tête soutenue par sa main, il laissait son regard vide errer dans la brume. Le mouvement lent et presque paresseux de la vapeur s'affola soudainement ; un serpent se matérialisa dans le verre pour siffler méchamment à l'intention de Cho. Cette vision s'accompagna d'une vive douleur dans le dos et le Chinois tomba de son coussin, terrifié. Le cœur battant, il ramassa ses affaires et bredouilla une excuse avant de fuir la salle à toute allure. Il traversa en coup de vent les couloirs, se frayant un chemin parmi la masse d'élèves à grand renfort de coups de coudes. Bien vite, il regagna sa chambre et jeta son sac sur le lit. Il s'enferma ensuite dans la salle de bain et se recroquevilla dans un coin pour trembler.
Jamais encore il n'avait vu une telle apparition dans ces stupides boules de cristal ! Et en tant ordinaire, il aurait relativisé ce message qu'on lui avait envoyé. Du moins, si cela pouvait être qualifié de message. Aux yeux de Cho, ça avait plutôt l'air d'une menace...
S'il n'avait pas été découvert par Harry, s'il n'avait pas été incité par Trelawney à faire une stupide prédiction, jamais il ne se serait enfui de cette façon pendant ce cours qu'il adorait et auquel il était tout particulièrement assidu.
Un claquement sec le fit sursauter. À la fenêtre de la salle de bain laissée entrouverte, une pie le fixait, un parchemin enroulé autour de la patte.
À peine eût-elle vu l'Asiatique tendre le bras vers elle que la pie déploya ses ailes pour voleter jusqu'à lui. Elle claqua à nouveau du bec et commença à fouiller la longue chevelure de Cho comme pour lui faire une toilette. La main tremblante de l'éphèbe se referma sur la lettre et il défit le ruban rouge pour dérouler le vieux papier. Le ventre tenaillé par l'inquiétude, il posa ses yeux sombres sur les lettres noires.

Tu t'es fait découvrir. Cela aurait pu te coûter bon nombre d'ennuis, j'espère que tu sauras tirer les conclusions de cette mésaventure.
Aussi gentil soit Harry Potter, n'oublie pas que tu ne peux faire confiance en personne, pas même lui. Il a la particularité d'attirer les regards, alors ne le fréquente pas. Le maître mot est « discrétion », dois-je te le rappeler ? Tu es seul à Hogwarts, mais n'oublie pas quelles sont les raisons de ton inscription là-bas.
Nous nous reverrons très bientôt, j'ai quelques nouvelles instructions à te donner.

PS : Je compte sur toi pour demander une chambre individuelle au Directeur de l'École. Cette année, tu dois rester à l'écart.

À la fin de la lecture, la lettre s'enflamma entre les mains de Cho et la pie battit nerveusement ses longues ailes.
Je devrais peut-être lui répondre...
Il secoua négativement la tête. Échanger des lettres avec cet homme était risqué ; il ne voulait pas que quelqu'un de mal intentionné intercepte le courrier. Caressant la tête de l'oiseau, il se leva et se dirigea vers la fenêtre.
– Va rejoindre ton maître, murmura gentiment le Chinois avec un sourire.
La pie croassa comme pour protester et émit une série de claquement de bec derrière l'oreille de son compagnon bipède pour le toiletter. Cho se permit un petit rire et il pencha la tête d'un côté pour éviter les gentils pincements de l'animal.
– Tu me chatouilles ! Allez, dépêche-toi...
L'oiseau ne s'attarda pas plus longtemps et s'envola. Le cœur léger, Cho fixa la pie qui disparaissait petit à petit à l'horizon. Étrangement, ce message l'avait rassuré. Il ne se sentait plus seul, il n'avait plus l'impression d'être vulnérable. Accoudé à la fenêtre et profitant des rayons du soleil matinal, il ferma les yeux. Mais bien vite il se sentit observé et son regard se baissa vers la cour de l'École. Il fronça les sourcils et distingua à l'ombre d'un porche le regard du Professeur Snape.
Ils s'observèrent un long moment, le regard dur et impénétrable, chacun cherchant à intimider l'autre par un froncement et une mine sévère. Plus de deux minutes s'écoulèrent ainsi. Hématites contre hématites, les deux antagonistes se jaugeaient.
Manifestement, Severus ne l'appréciait pas. Parce qu'il avait quitté précipitamment le cours de Sybill Trelawney ? Cho n'y croyait guère. Le Maître des Potions ne faisait pas dans l'humanitaire et même s'il se montrait rigoureux quant au respect du règlement, chercher des broutilles à des élèves autres que Gryffindors ne l'intéressait pas.
Le Chinois connaissait bien ce Professeur. Ancien Mangemort et d'une lucidité à toute épreuve. Froid, impassible, détestable depuis son apparence jusqu'au fond de son cœur. C'était l'image même que Snape cultivait, mais Cho en savait bien plus sur lui, et il lui arrivait même de prendre en pitié le Directeur des Slytherins. Cependant, se voir scruté de cette façon par un professeur pendant de longues minutes n'était pas pour le rassurer.
Je deviens paranoïaque... il faudrait que je me calme un peu...
Finalement, une fille entra dans la salle de bain, lui faisant rompre tout contact visuel avec l'homme.
– Cho ! s'exclama-t-elle. Je ne savais pas que tu étais là !
Elle s'approcha de la fenêtre et observa la cour.
– Qu'est-ce que tu faisais à regarder par là ?
Cho se tourna à son tour. Naturellement, le Professeur de Potions avait disparu...
– Moi et Snape, on se regardait dans le blanc des yeux ! s'exclama-t-il en mimant un soupir extatique.
– Bêrk !
– Oui, comme tu dis...
Cho sourit poliment et quitta la salle de bain, saluant au passage les filles qui partageaient sa chambre. Il sortit de la Salle des Ravenclaws et s'engagea d'un pas sec vers la grande statue qui le mènerait au bureau de Dumbledore. Le cœur battant d'excitation, il redoutait un peu sa confrontation avec le grand Sorcier. Pourtant, on lui avait demandé de faire cette démarche administrative auprès du Directeur de Hogwarts, et le Chinois n'avait pas l'intention de désobéir à l'ordre.

À suivre...


Rhaaa ! Ma première fic à chapitres "Harry Potter" (et accessoirement la première fic HP que je publie sur le net !)... ENFIN ! Depuis le temps que je voulais ça ! Je pense que j'ai attaqué un gros morceau là, en travestissant Cho et en reprenant la septième année de mon point de vue... (d'autant plus que j'ai pas la moindre idée de comment la série va finir, alors j'espère juste être de taille à faire une histoire intéressante --- ça c'est pas gagné ---, et pas trop en désaccord avec l'ambiance générale de Hogwarts... Oui, je n'aime pas le OOC -.-").
Il aura fallu une bonne semaine pour m'y mettre vraiment (j'avais quelques idées sur un bout de papier mais rien de bien concret). Enfin bref, j'espère que cela vous plaira ! D'un côté, si vous avez lu jusqu'au bout de ce chapitre, c'est bien parce que vous avez apprécié, sinon j'appelle ça du masochisme...
Oui enfin chacun ses préceptes après tout... O.o

voilà voilà ! pour ceux qui auront lu et qui en ont envie, n'hésitez pas à commenter l'histoire afin de me dire ce que vous en pensez sincèrement ! Que ce soit bon ou mauvais, je suis toujours preneuse car les critiques sont un excellent moyen d'évoluer dans son style d'écriture, n'est-ce pas ? ...
Ouh-là, je commence à causer riche moi ! je m'en vais me réfugier dans mon terrier...
Bzu-bzu à tous !

Tanuki