Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets de
modifier certains détails d'ordre corporel et chronologique,
ainsi que quelques incohérences et/ou anachronismes.
Disclaimer : les lieux et les personnages sont la
propriété de Rowling, mais cette version de l'histoire
m'appartient.
Rating : R (car violence physique, morale
et sexuelle à venir)
Résumé : Quand
Tanuki décide de refaire l'histoire en dotant Cho Chang
d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la
VF des noms des maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor
§§§ Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin
- Serpentard §§§ Hufflepuff - Poufsouffle §§§
Hogwarts - Poudlard §§§ Argus Filch & Miss Norris
- Argus Rusard & Miss Teigne §§§ Severus Snape -
Severus Rogue.
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CLAIR OBSCUR ---
02
Échappée nocturne
Cho se planta
devant la statue, murmura le mot de passe qu'il avait entendu la
veille, alors qu'il partait aux toilettes sous sa forme d'Animagus.
Des marches apparurent et il s'y plaça, attendant patiemment
que la sculpture finisse sa rotation ascendante. Il leva les yeux au
ciel ; il détestait les espaces restreints. Il ne se sentait
vraiment à l'aise que lorsqu'il chevauchait un balai pour
un cours de vol ou pour participer à un match de Quidditch.
Une fois arrivé à l'entrée du
bureau, il s'engagea et découvrit alors le bureau du
Directeur. Ses yeux s'agrandirent d'émerveillement. Sa
passion pour les livres refit surface et il examina cette petite
bibliothèque privée, s'empêchant de toucher les
tranches des vieux bouquins qui semblaient l'appeler. Ses yeux se
posèrent alors sur le magnifique Phoenix qui le scrutait de
son regard intelligent. Avec un sourire avenant, Cho se dirigea vers
lui et murmura :
– Alors mon beau ? Comment t'appelles-tu ?
Le Phoenix lui répondit par un petit cri suraigu
qui le fit sourire.
– Joli ! s'exclama-t-il avec engouement.
Des bruits de pas interrompirent ce début de
discussion et d'un même mouvement, Cho et l'oiseau levèrent
les yeux pour faire face à Dumbledore. Le Directeur avait
toujours impressionné le jeune homme. Il était
difficile de soutenir le regard de ce sorcier qui semblait capable de
lire le cœur des gens. À chaque fois qu'Albus le fixait, il
se sentait soudain coupable. Pourquoi ? Il n'avait absolument rien
à se reprocher... Sauf peut-être ce mensonge qui voulait
cacher au monde son identité, mais c'était une façon
pour lui de survivre dans la discrétion et la tranquillité.
– Rares sont les élèves qui entrent dans ce
bureau, Mademoiselle Chang, mais j'imagine que quelque chose
d'important vous a fait venir jusqu'ici... Quel service puis-je
vous rendre ?
Cho s'empourpra et baissa la tête
pour ne plus regarder que ses chaussures.
– Pardonnez-moi, je
suis venue sans me faire annoncer...
Un sourire étira
les lèvres fines de Dumbledore qui descendit les marches. Avec
douceur, il caressa la tête fine de son oiseau de feu et
déclara :
– Ce n'est pas souvent qu'il peut parler
aux gens... Je ne vous en veux pas, Mademoiselle Chang. Dites-moi
plutôt ce qui vous amène... Je vous sens... troublée...
Le Ravenclaw sourit et hocha craintivement la tête
sans oser échanger un regard avec le Directeur si intimidant.
– Pour tout vous dire, je suis un peu déçue
d'avoir raté mes examens. En plus, je me retrouve seule dans
une classe inconnue. Tous sont très gentils, mais je ne me
sens pas très à l'aise en leur compagnie.
Il
releva rapidement les yeux pour observer la réaction de
Dumbledore et continua aussitôt :
– Je ne veux pas
paraître arrogante, mais je pense avoir acquis une certaine
maturité que mes camarades n'ont pas. Et je tiens absolument
à étudier tous les soirs. Ce n'est pas évident...
les filles discutent jusqu'à des heures indues le soir.
Il
rougit de les accuser. Ce qu'il disait n'était pas faux,
pourtant...
– Je ne veux pas leur enlever ces seuls moments où
elles peuvent se confier entre elles, ajouta-t-il précipitamment.
Mais je n'ai pas l'intention non plus de « subir »
ces bavardages pendant mes révisions, vous comprenez ?
–
Je comprends, je comprends, assura le Directeur de sa voix
tremblante. Vous aimeriez une chambre pour vous seule, si je
comprends bien...
Cho hocha vivement la tête et
supplia le vieil homme du regard. Alors Dumbledore se dirigea vers
son fauteuil avec une petite moue. Manifestement, cette idée
ne lui plaisait guère... Avec son habituelle douceur, il
répondit :
– J'ai un peu peur de laisser mes élèves
seuls. Je n'aimerais pas qu'il y ait un accident.
Malheureusement, nous ne sommes plus vraiment en sécurité
depuis que Lord Voldemort a récupéré sa forme
humaine. Chaque jour, il gagne en puissance, et sa haine envers les
Moldus ne fait que croître. Hogwarts est un lieu sûr,
mais je rechigne un peu à l'idée de savoir une de mes
élèves seule. Bien évidemment, vous êtes
une élève brillante qui saurait se défendre...
Malgré cet échec inattendu aux ASPICs, je ne doute pas
de vos facultés...
– Je reconnais que l'angoisse m'a
fait perdre tous mes moyens durant la semaine d'examens. J'avais
pourtant largement le niveau... admit le Chinois. Apparemment,
affronter ce Lord m'effraie moins que passer un devoir sous la
surveillance du Professeur Snape.
Tel un complice,
Dumbledore sourit à cette petite note d'humour et garda le
silence. Cho dansait d'un pied sur l'autre. Il connaissait les
risques encourus et malheureusement, il ne pouvait affirmer au
Directeur qu'il se sentait parfaitement capable de se défendre
; il avait beau se savoir puissant, il ne serait jamais vainqueur
face au Lord Noir. Il n'avait pas la prétention de pouvoir
vaincre ce grand sorcier. Alors que pouvait-il dire pour rassurer le
vieil homme afin d'obtenir cette chambre ?
– Monsieur le
Directeur, appelez cela comme vous le voudrez. Une fantaisie ou une
lubie, ou encore un caprice... Mais ce souhait me tient à
cœur.
Le vieux sorcier soupira et jeta un regard inquiet
à son élève.
– Vraiment, Mademoiselle
Chang, je suis navré mais je nourris toujours la crainte de
laisser un étudiant sans surveillance directe. Je pense que
vous devriez rester avec les autres jeunes filles de Ravenclaw, nous
pouvons leur faire part de votre volonté de réviser
dans le calme et...
Cho baissa les yeux, le visage
assombri par un regard timide parfaitement pathétique. Mais
manifestement, Dumbledore était sensible aux états
d'âme de ses collégiens. Il se leva et caressa
pensivement sa barbe en se dirigeant vers le travesti.
– La
condition sera de m'envoyer un hibou au moindre signe suspect,
Mademoiselle Chang... La sécurité des élèves
est une priorité à Hogwarts.
Un sourire
radieux éclaira soudain le visage du jeune garçon. D'un
bond, il sauta dans les bras du vieux sorcier et l'enlaça
par la nuque en s'écriant :
– Merci ! Merci mille fois
!
Un peu surpris par la réaction spontanée
de Cho, le Directeur tapota pudiquement une épaule en
cherchant à ne point paraître crispé. Il n'était
guère habitué à rencontrer des élèves
si enthousiastes, et peu de jeunes gens avaient osé se montrer
si familiers. D'un côté, cela ajoutait à
Dumbledore une image plus importante, plus respectable peut-être.
Mais face à Chang, il venait de perdre toute sa crédibilité
acquise au fil de longues années. Alors, faisant fi de sa
fierté, il recula et déclara avec un sourire
bienveillant :
– Je vais aller vérifier les pièces
que nous pourrions aménager... Vous pouvez déjà
préparer le plus gros de vos affaires, votre chambre sera
prête pour demain soir.
Le Chinois était tout
excité à cette annonce. Jamais il n'aurait imaginé
que Dumbledore puisse accepter si facilement. Mais après tout,
cet homme était la gentillesse incarnée. Certes un peu
mystérieux et parfois même inquiétant.
– Je
vous remercie, Monsieur le Directeur... Merci infiniment ! répétait
Cho en s'inclinant respectueusement.
Le regard allumé
d'une flamme de joie, il quitta le bureau et se hâta de
regagner sa chambre. Il avait encore un petit quart d'heure avant
de reprendre les cours, aussi il commença à rassembler
ses affaires et à les plier sur le lit. Il sortit sa malle et
la posa sur les draps, puis rangea soigneusement ses vêtements
à coups de baguette admirablement orchestrés. Trouvant
encore un peu de temps, il alla se recoiffer et démêla
soigneusement ses cheveux. La brosse lissait la longue chevelure de
jais qu'il entretenait depuis des années. Un sourire éclaira
son visage à la vue de son reflet.
Il quitta la
salle de bain, son livre des monstres sous le bras, et sortit de la
chambre. Avec hâte, il descendit les escaliers et rejoignit sa
classe qui marchait en direction de la cabane du géant. Comme
peu d'élèves avaient choisi cette matière en
option facultative, les quatre maisons étaient rassemblées.
Aussi, lorsque Cho jeta un coup d'œil par-dessus son épaule,
il remarqua Harry en compagnie d'Hermione et de Ron. Sans doute
s'étaient-ils arrangés pour choisir les mêmes
options facultatives --- bien que le jeune Weasley eût
certainement préféré ne pas en avoir.
Le
rouge aux joues, le Chinois détourna la tête et fit mine
d'écouter une amie parler du programme de cette année
à l'étude des monstres. Diable ! Harry Potter était
peut-être persuadé qu'il était populaire
uniquement pour son combat contre Voldemort, ou éventuellement
pour ses aptitudes au Quidditch, mais Cho pouvait affirmer qu'il ne
s'agissait pas là des seules raisons.
– Dis-moi, tu
regardais Harry ! fit soudain une Ravenclaw en se pendant à
son bras. Tu ne sembles pas indifférente à ce que je
vois !
Cho s'empourpra et s'autorisa un petit rire
gêné alors qu'il sentait sur sa nuque le regard
brûlant du Gryffindor.
– Qu'y a-t-il de mal à
regarder ce qui est beau ? chuchota-t-il d'un air espiègle.
– Pour ce premier trimestre, nous étudierons plus
précisément les licornes et les centaures, déclara
la voix forte de Hagrid pour couvrir les bavardages des élèves.
Quelques grognements chez les Slytherins s'élevèrent,
mais personne n'osa protester distinctement. Pour le reste du
groupe, les filles souriaient, radieuses. Les licornes appréciaient
la compagnie du sexe féminin. En revanche, les garçons
soupiraient, prêts à se tourner les pouces pendant ce
premier semestre. Sauf Harry...
Après tout, les
licornes n'appréciaient guère la compagnie des
hommes... Comment réagiraient-elles fasse à Cho ? Et
surtout, quelle serait la réaction de l'Asiatique quand
Hagrid lui demanderait d'approcher ces animaux, comme les autres
filles ? Tout compte fait, ce cours allait certainement s'annoncer
très enrichissant, d'un certain point de vue, et il lui
tardait de rencontrer une licorne.
– Harry ? À quoi tu
penses ? demanda Ron en lui jetant un regard intrigué.
Le
Survivant ne put s'empêcher de rougir quand ses deux amis
suivirent des yeux son regard vers Cho Chang. Hermione soupira et le
rouquin se mit à rire, un peu amusé. Pour ne pas se
faire entendre de leur professeur, il murmura tout bas à
l'oreille de son camarade :
– Toujours intéressé,
Harry ?
– Certainement pas ! s'écria le jeune homme
avec véhémence.
Des clins d'œil surpris
et gênés se tournèrent vers lui alors que le
Géant posait l'interrogeait u regard. Honteux, il s'excusa
du bout des lèvres et jeta un regard coléreux à
Ron. Le pauvre... si seulement il était au courant de ce que
Cho était en réalité. Le Gryffindor en tremblait
de rage. Pourquoi avait-il donné sa parole ? Pourquoi avait-il
promis de ne rien dire à personne ? Plus que tout en cet
instant, il souhaitait démasquer le travesti. Mais sans doute
les licornes se chargeraient-elles d'amener le doute sur l'identité
de Cho. Après tout, si Pansy Parkinson avait pu approcher
l'une d'elle, une « fille » telle Cho Chang en serait
tout aussi capable aux yeux des autres ! Et justement, le sexe du
Chinois le trahirait devant tout le monde.
Harry ne se
connaissait pas cette hargne. Habituellement, il était du
genre conciliant, il n'aimait pas créer de conflits, ni de
difficultés. Pas même avec Draco Malfoy, aussi
insupportable fût ce maudit Slytherin. Mais en ce qui
concernait Cho, il devait reconnaître qu'il se sentait lésé.
Il ne voulait pas lui attirer de graves ennuis, cependant il n'avait
pas l'intention de le laisser s'en tirer si facilement.
–
Tu as l'air en colère Harry... commenta Hermione, un peu
inquiète. Qu'est-ce qui ne va pas ?
– C'est vrai ça,
renchérit inutilement le jeune Weasley. D'ordinaire, tu n'es
pas comme ça avec Cho... bon d'accord, elle est un peu...
bizarre... enfin non ! Pas bizarre, mais à tendance
schizophrène... enfin je pense...
Le regard excédé
de Harry faisait balbutier Ron qui n'arrangeait pas sa situation en
tentant vainement de s'expliquer. D'un simple soupir impatient,
le Survivant imposa le silence et reporta son regard sur Cho.
Pourquoi une telle promesse... Il aurait mieux fait de le crier sur
tous les toits et le dénoncer !
« Cependant vous
partagez le même ennemi, il est le seul à pouvoir te
comprendre... » rappela alors la voix de sa conscience.
Plutôt
agaçante, cette petite voix moralisatrice... D'autant plus
que Harry se rendait compte de son caractère haïssable
malgré le plaisir qu'il en ressentait. Avant de découvrir
l'identité de Cho, il avait été mené en
bourrique par ce dernier qui l'avait embrassé puis repoussé.
La pensée d'un baiser avec un travesti le fit verdir un
moment, mais il reprit des couleurs plus rouges quand il se souvint
de la claque que Cho lui avait assenée un jour, sans raison
apparente.
GGuidés par Hagrid qui en avait fini
avec ses consignes, tous avançaient dans la forêt.
L'humeur allègre faisait chuchoter les élèves.
C'était devenu une habitude de parler à voix basse en
ces lieux afin de ne pas troubler la Forêt Interdite ni de
faire fuir ses créatures. Après tout, les Licornes et
quelques autres animaux étaient réputés pour
leur côté farouche.
Bientôt, des bruits
de sabots d'animaux lancés au grand galop résonnèrent
entre les arbres secs, aussi obsédants qu'un bruit de
tonnerre qui se rapprochait. Harry retint son souffle à la vue
des superbes créatures argentées qui s'emballaient,
bondissant et ruant au milieu du troupeau. Les poulains les
suivaient, se serrant contre le flanc de leurs mères, et
galopaient aussi vite que leurs jambes maladroites et démesurément
longues le leur permettaient. Des yearlings stoppèrent en
remarquant la classe regroupée, leurs naseaux se dilatant pour
mieux sentir cette odeur nouvelle. Ils étaient facilement
reconnaissables parmi les autres Licornes ; par leur taille, ils
dépassaient de quelques décimètres leurs petits
frères, mais leur musculature n'était pas aussi
développée que celle des adultes. De plus, leur poil
était à mi-chemin entre le doré et l'argenté,
et donnait une couleur proche du platine.
Intrigués,
quatre jeunes mâles âgés d'un an décidèrent
de se rapprocher. Leurs oreilles en forme de lyre dressées
bien haut sur leurs têtes fines, ils tendirent l'encolure
pour mieux humer l'odeur de ces inconnus, ne masquant pas leur
intérêt pour ces bipèdes qu'ils n'avaient pas
coutume de voir dans leur forêt. Un sourire ravi étira
les lèvres de Hagrid qui déclara fièrement :
–
Les yearlings sont beaucoup plus calmes que les poulains de l'année,
et beaucoup moins méfiants que leurs aînés. Ils
sont très curieux comme vous pouvez le constater. Cependant,
ils sont à cet âge critique où ils n'apprécient
guère les garçons.
En effet, les yearlings
s'écartaient de la gente masculine, les oreilles plaquées
en arrière et les yeux noirs roulant de peur dans leurs
orbites. Ils piaffèrent nerveusement, écumant et
courbant leur encolure pour paraître plus impressionnant. En
revanche, l'odeur particulière des filles les intriguait.
–
Vous savez que ces canassons restent plus sensibles aux jeunes filles
vierges ? grinça la voix traînante de Draco alors que
l'un des jeunes étalons cherchait du bout de son museau
velouté une caresse de la main d'Hermione.
À
ces mots, la Gryffindor s'empourpra et recula précipitamment
pour éviter le jeune étalon. Effrayé par le
geste brutal, le yearling bondit sur le côté et galopa
pour rejoindre ses trois compagnons, jetant un regard terrifié
à la foule. Déjà, Pansy Parkinson ricanait quant
à la virginité d'Hermione, bien vite accompagnée
d'autres élèves qui ne supportaient pas cette «
Miss-je-sais-tout ».
– Tu as raison Draco, approuva
Hagrid, surpris d'entendre voir le jeune Slytherin participer à
son cours.
Manifestement, le géant n'avait pas
compris la raillerie de Malfoy. Se frottant les mains et affichant un
visage souriant, il s'exclama :
– Alors ! Qui parmi nos
charmantes demoiselles veut approcher ces jeunes Licornes ?
Toutes
les filles eurent un même mouvement de recul, peu enclines à
dévoiler à la classe entière si elles étaient
vierges ou non. Harry serra les dents à la vue de Cho qui
avait esquissé un pas en arrière.
Hagrid fit
la moue. Il ne comprenait pas ce soudain manque de motivation de la
part des adolescentes. Inquiet quant au côté ludique de
son cours, il jeta un regard pathétique, presque suppliant aux
demoiselles de la classe. Visiblement, les jeunes étalons se
vexaient de cette façon de les éviter. Au mieux, ils se
contenteraient de bouder. Au pire...
Il valait mieux ne
pas penser au pire...
Harry fit craquer ses doigts
nerveusement. Il ne voulait pas voir Cho s'en tirer si facilement.
« Tu es vraiment un enfoiré... » se dit-il, ne
saisissant toujours pas cet acharnement qu'il éprouvait.
Et
sans pouvoir maîtriser ce sentiment mauvais qui l'enflammait,
Harry fit quelque chose qui ne lui ressemblait pas. Avec un sourire
angélique et une voix qui sonnait faux, il susurra au géant
à côté de lui :
– Cho Chang a toujours été
attirée par les Licornes... C'est le moment ou jamais, non ?
Il avait murmuré ça assez fort pour que tout
le monde puisse l'entendre. Hermione et Ron s'échangeaient
des regards surpris alors que le reste de la classe se murmuraient
des rumeurs naissantes. Douce vengeance après une relation
platonique, accès de folie ou simple fond malsain ? Tous
ignoraient la raison de cette phrase lourde de reproche et de haine,
mais elle éveillait la curiosité de chacun. Même
Draco était stupéfié par la réaction
inattendue de son éternel adversaire.
– Il nous fait
quoi, le Balafré ? marmonna-t-il à ses deux acolytes.
Cho avait jeté un regard furibond à Harry,
et derrière ce visage d'ange que le Gryffindor arborait se
cachait toute la fourberie digne d'une de ces hyènes de
Slytherins ! Hagrid devait lui-même reconnaître qu'il
était désappointé par la remarque impromptue de
son élève le plus fidèle.
– Eh bien, je ne
doute pas de son attention à mes cours, et de son intérêt
pour les Licornes mais... je ne veux forcer personne. Après
tout, les Licornes sentiraient peut-être son appréhension
et...
Il s'interrompit soudain alors que Cho
s'approchait silencieusement des étalons. Harry fixa
attentivement la scène, la décortiquant mentalement. Il
ne voulait pas manquer le moindre détail qui remettrait en
cause sa « féminité officielle ».
Le
Chinois s'arrêta à quelques mètres des
yearlings curieux mais à présent méfiants. Alors
il imita à la perfection le renâclement d'un cheval,
faisant pâlir d'envie le garde-chasse époustouflé.
Reconnaissant Cho comme un des leurs à ce cri, les
poulains renâclèrent en retour puis hennirent bruyamment
en tentant quelques cabrements de bienvenue. Leur ami bipède
se permit un sourire et s'avança. Aussitôt, les quatre
jeunes étalons l'entourèrent, quémandant des
caresses et se poussant les uns les autres pour profiter de ces mains
sur leur chanfrein. L'un d'eux passa derrière l'Asiatique
et lui mordilla gentiment l'épaule. Ce dernier se plia sous
la faible douleur avec un rire attendri et il chuchota :
– Eh,
attention mon grand...
Cho sourit à Hagrid, les
yeux étincelants de bonheur. Mais un regard suspicieux et
pesant dans son dos lui enleva un frisson. Il perdit son sourire
alors que le Survivant semblait prêt à le fusiller sur
place.
Le géant revenait à peine de sa
surprise. Aussi curieux soient les yearlings, il était rare
qu'ils acceptent aussi vite un humain parmi eux. Il ne put
s'empêcher d'applaudir bruyamment, estomaqué, et
bientôt les jeunes hommes de la classe l'imitèrent.
Mêmes les orgueilleux Slytherins admiraient cette aisance avec
laquelle Cho avait charmé les quatre Licornes.
Harry
se sentit contraint d'admettre cette prouesse. Finalement, il
applaudit et reçut en retour un sourire timide. Il se
renfrogna et préféra dévier son regard du
Ravenclaw. Ces Licornes avaient accepté les caresses d'un
garçon, et il ne comprenait pas pourquoi. Il commençait
presque à se demander si ce qu'il s'était passé
la veille n'était pas un rêve, un fantasme...
Non...
Pas un fantasme.
Harry préféra garder le
silence malgré les regards insistants de ses deux amis. Après
tout, ils ne pouvaient pas comprendre ses motivations, son désir
de coincer Cho. Il lui en voulait énormément. Ce
n'était pas la trahison en elle-même qui l'avait
rendu fou de rage. Ce n'était pas non plus le fait de savoir
que le travesti était son égal. Au contraire, cela le
rassurait un peu, car il se sentait moins seul, moins «
exceptionnel » et donc moins « anormal ».
Ce
qu'il n'acceptait pas, c'était la supériorité
de Cho sur un point ; il avait su évoluer à Hogwarts et
mentir aux autres tout en connaissant la vérité sur
lui-même, sur son combat contre Voldemort. À côté
de lui, Harry paraissait parfaitement stupide et minable ! Après
dix années passées dans l'ignorance la plus totale à
propos de sa famille et de Hogwarts, il avait découvert le
monde de la magie avec incrédulité. Cho, lui, avait
certainement baigné dans cet univers depuis sa naissance, donc
bien avant son inscription à l'École ! Cela
signifiait que malgré sa situation d'orphelin, il était
parvenu à subsister dans un monde hostile et dangereux sans
pieux mensonge pour le protéger. Ce que Harry ne pouvait
prétendre, puisqu'il avait été élevé
dans un milieu relativement sécuritaire au dépend d'une
famille exécrable.
De plus, le Survivant avait
toujours dû se contenter de ce qu'on voulait bien lui dire à
propos de son identité. Cela lui avait d'ailleurs valu bon
nombre d'erreurs, de colères, de peurs et de souffrances. Et
Chang, lui, semblait parfaitement être au courant de ce qu'il
était, de qui il était.
Alors que
Harry avait été dépendant de Dumbledore pour
connaître son passé et son identité, Cho était
parvenu à inverser les rôles ; lui avait le savoir et le
Directeur de Hogwarts était celui qui ignorait. À cette
pensée, le poing du jeune homme brun se serra.
Le
travesti quitta les quatre yearlings, non sans quelques coups de
dents affectueux dans les cheveux. Un peu honteux tout de même
après une telle prestation, il retourna au dernier rang pour
se faire oublier. Avant que des élèves ne puissent le
questionner, Hagrid reprit la parole et développa alors le
cours.
– Vous avez remarqué que les Licornes apprécient
le contact des jeunes filles, Miss Chang a été un
parfait exemple ! Elle a imité le renâclement des
chevaux, c'est ce qui l'a aidé à se faire si vite
accepter parmi cette petite communauté. Mais il faut tout de
même user de beaucoup de précaution.
D'un
geste, il intima l'ordre aux yearlings de repartir, ce qu'ils
firent au galop. Alors il reprit son discours tout en continuant sa
promenade dans la forêt, suivi de ses élèves.
–
Félicitations, Cho... c'était remarquable.
Cho
sursauta et fit volte-face pour jeter un regard à son
interlocuteur. Une tête blonde qui le dépassait de
quelques centimètres lui souriait doucement. Une jolie couleur
cerise pigmenta ses pommettes.
– Draco ?... m-merci... merci
beaucoup... balbutia-t-il, gêné et manifestement
intimidé.
Finalement, il sourit gentiment au jeune
homme, se disant que ce serait certainement plus parlant que son
bégaiement incontrôlé. Il s'en retourna à
la suite du groupe d'élèves. Malfoy l'imita et
resta à sa hauteur, ordonnant à Goyle et Crabb de
disparaître de sa vue d'un regard assassin. Les acolytes
obéirent à leur chef et partirent loin devant, se
mêlant à la masse des autres élèves. Seul
avec Draco en fin de groupe, Cho se sentit rougir un peu plus. Il ne
s'était pas attendu à ce que la coqueluche des
Slytherins lui adresse la parole pour un compliment. Il s'étonnait
presque d'en ressentir une certaine fierté alors qu'il
croisait le regard furieux de Pansy Parkinson. Amusé, il étira
ses lèvres en un joli sourire qu'il offrit à Draco.
– Je te remercie, mais sans vouloir faire de fausse modestie,
je n'étais pas très fière de ma situation au
début...
– On l'a remarqué, assura Draco avec
un sourire taquin, un brin suffisant. Cependant, tu ne t'en es pas
trop mal sortie...
– Je pense aussi... répliqua Cho en
partageant ce même sourire fier.
Harry, à
quelques mètres devant eux, ne perdait pas une miette de
l'échange entre les deux tourtereaux. Déjà, il
sentait ses poings se serrer et il fulminait de rage. Pourquoi rien
ne se passait jamais comme il l'espérait ?
Ses
prunelles enflammées se posèrent sur Ron et Hermione.
Devinant que ses deux amis ne supportaient plus de ne rien comprendre
à son étrange comportement, il consentit enfin à
leur révéler une partie de l'histoire.
– Cho et
moi, nous nous sommes disputés...
Alors que
Hermione levait les yeux au ciel en signe d'agacement et
d'exaspération, Ron s'empourpra à cette déclaration
et bégaya de stupeur :
– Ah... ah bon ? Mais... vous
vous entendiez bien pourtant... Pourquoi vous êtes-vous...
–
La question serait plutôt quand ? interrompit la jeune
fille à côté de lui. La rentrée s'est
faite hier soir, et je ne vois pas quand Harry aurait pu se disputer
avec Cho alors qu'il est retourné dans les couloirs en même
temps que nous... (S'adressant enfin au principal concerné,
elle gronda sévèrement :) Tu ne vas pas recommencer à
faire fi du règlement tout de même ? Cette dernière
année est décisive pour nous tous ! Si encore vous
aviez le niveau requis pour obtenir vos ASPICs, je fermerais les
yeux, mais c'est loin d'être le cas ! Au lieu de se
chamailler comme des enfants de la petite école, vous feriez
mieux de penser à votre avenir et de vous montrer un peu plus
matures !
Harry ne savait plus trop si c'était
l'ébahissement stupide de Weasley qui l'avait tout d'abord
irrité, ou bien si c'était la rigueur obsessionnelle
de Granger qui était la cause de sa fureur. Quoi qu'il en
fût, le résultat demeura le même ; déjà,
il sentait son cœur battre à tout rompre. Il étouffait
presque sous la vague de chaleur que la colère propageait dans
son corps. Bien sûr, c'était facile pour eux de faire
la morale ! Après tout, ils n'avaient jamais de problèmes
graves, jamais de gros ennuis... Harry ne considérait pas
situation comme aisée.
Il avait besoin qu'on le
soutienne, qu'on lui fasse confiance. À ses yeux, il était
rare que ses amis cherchent à le comprendre. Comment
pouvait-il apprendre à se connaître, se retrouver, sans
jamais déroger à la règle comme le préconisait
Hermione ? Albus Dumbledore était certainement le seul à
le connaître mieux que les autres, mais ce n'était pas
lui qui l'aiderait. Le passé avait plusieurs fois démontré
à Harry que le Directeur de l'École pouvait parfois
afficher un côté manipulateur qui tenait du
machiavélisme.
Alors il n'avait d'autre choix
que se mettre en difficulté pour en apprendre plus sur
lui-même.
– Maintenant Harry, j'espère te voir
dépenser tes forces à réviser plutôt qu'à
t'acharner sur une élève !
L'interpellé
devait reconnaître que Hermione n'avait pas tort... Elle
avait même entièrement raison ; cette vérité
l'agaça un peu plus. Sans parvenir à expliquer
pourquoi, il se sentait à bout de nerfs. Pourtant, ce n'était
que la première journée de cours !
– Merci,
murmura-t-il finalement d'un air penaud. Je ne suis pas vraiment
facile à vivre...
– Je dirais même que tu es à
prendre avec des pincettes ! l'accusa son amie.
– ...c'est
gentil de rester avec moi... finit-il sans relever la remarque.
Harry leur offrit un sourire timide qu'ils lui rendirent
avec bonne humeur. Il décida de ne plus les ennuyer avec ses
problèmes et ses désirs de vengeance. Après
tout, c'était une affaire entre lui et Cho. Il inspira
profondément et ferma les yeux, puis riva ses yeux sur le sol.
Que pouvait-il reprocher à ce garçon ? Le fait d'être
plus doué que lui et d'avoir toujours su gérer sa vie
sans dépendre des autres ? Pouvait-il vraiment lui
reprocher cela ?
« Il faudrait peut-être penser à
mûrir, comme le dit si bien Hermione... »
Cependant,
alors qu'il comptait prendre de bonnes résolutions pour
cette nouvelle année, ses oreilles perçurent un rire
léger. Il tourna furieusement la tête derrière
lui pour remarquer Cho et Draco qui riaient doucement ensemble, le
regard brillant, presque complice... Ses déterminations
s'envolant comme du sable sous le vent, Harry tourna les talons à
ses amis et se fraya un chemin à contre-courant parmi la masse
noire d'élèves. Il se planta alors devant les deux
jeunes amis et dévisagea méchamment le Slytherin. Draco
redressa la tête et ses yeux glacés jaugèrent le
Survivant avec un mépris évident.
– Quelque chose
à redire, Potter ? marmonna-t-il de sa voix traînante.
– Laisse-moi seul avec Cho, veux-tu ? Tu serais bien aimable...
répliqua un Harry au sarcasme grinçant.
– Harry
! s'exclama la voix haut perchée d'Hermione. Je t'ai
dit de...
– Je sais ce que tu as dit ! vociféra
le jeune homme avec colère.
Froissée, la
jeune fille stoppa net son geste amical sur l'épaule du
garçon et ferma son visage. D'un ton sec, elle articula un «
Très bien. » et s'en retourna rapidement vers les
élèves, entraînant furieusement à sa suite
un Ron ahuri.
Draco retroussa ses lèvres en un
rictus amusé et susurra :
– Oooh... attention Potter, le
peu d'amis que tu as n'ont pas l'air très patients !
Harry serra un poing mais n'en fit pas plus. Iris
émeraude contre prunelles de glace, les deux antagonistes
s'observaient attentivement. Finalement, Draco se détourna
de son rival pour préférer Cho. Il l'entoura d'un
bras, un sourire d'ange aux lèvres, et approcha doucement sa
bouche d'une oreille. Dans un souffle, il murmura :
– Je te
retrouve ce soir à la Salle des Ravenclaws.
Sa
langue s'immisça dans le creux du lobe, déclenchant
un irrémédiable frisson sur la peau du Chinois. Un
sourire prétentieux éclaira le visage de Draco qui
haussa les sourcils à l'intention de Harry en une expression
dédaigneuse et provocante. Enfin, il quitta les lieux et
regagna le groupe d'élèves en marche, laissant ainsi
le Survivant en compagnie de Cho.
– Quoi encore ? déclara
ce dernier avec distance. Je croyais que tu ne voulais plus me
parler...
Il tourna le dos et commença à se
promener, décidant de ne plus poursuivre cette heure de cours.
Harry plongea ses mains dans les poches et le suivit silencieusement.
Il brûlait d'envie de lui poser des questions. Il voulait
mieux connaître cet étrange individu qui avait su rester
discret toute sa vie. En même temps, son amour-propre
l'obligeait à masquer sa curiosité et humilier ce
garçon qui avait abusé de tout le monde... qui avait
abusé de lui...
De son côté, Cho
fulminait. Il n'avait pas du tout apprécié ce défi
qui lui avait été lancé au début du cours
de Hagrid. Rien ne justifiait un tel comportement à ses yeux,
et il n'était pas prêt d'oublier cette hostilité
manifeste.
– Pourquoi me suis-tu ? Ce n'est pas toi qui as
dit ce matin : « Je ne suis pas ton ennemi, Chang, mais je ne
serai plus ton ami... » ?
Il tourna son regard
sombre vers Harry. Sa voix glaciale tétanisa le jeune homme un
court instant. Cho savait parfaitement qu'à réagir
ainsi, il envenimait les choses. Cependant, il estimait qu'il
n'avait pas à subir les moqueries d'un adolescent mal dans
sa peau.
Harry se referma comme une huître. Lui qui
s'apprêtait à s'excuser, voilà qu'il se
faisait juger par un travesti mal luné !
– Je t'interdis
de me parler sur ce ton... marmonna-t-il en serrant les dents.
–
Ah vraiment ? s'exclama soudain le Chinois en se campant devant
lui. Toi tu peux te permettre de me rabaisser pour ensuite
revenir vers moi, et moi je dois me taire, Harry ? Toi
tu mérites le respect et pas moi ?
Harry
s'était tu. La colère si soudaine de Cho le laissait
sans voix. Il laissait ses yeux hagards observer ce beau visage racé
qui se fronçait. Il se perdait dans ces hématites qui
lui lançaient des éclairs. Alors que depuis la veille,
il ne voyait en ce travesti qu'une créature répugnante
et malsaine, il redécouvrait en ce moment même une
fascination immorale pour cette beauté androgyne si proche de
la perfection...
Comprenant pourquoi Harry ne réagissait
pas, le petit Chinois s'empourpra et lui tourna le dos, les bras
croisés sur le torse et la mine hautaine :
– Après
tout, qu'as-tu de plus que moi ? Tu es beau et célèbre,
c'est ça ? Je possède la beauté et la
notoriété ! La seule chose que tu peux prétendre
avoir de plus, c'est la richesse, Harry... et ce ne sont pas tes
milliers de Gallions qui te donnent le droit de me traiter comme un
moins que rien.
Cho retenait ses éclats. Lui aussi
avait connu la Mort et la Peur. Un jour, il avait rencontré
Voldemort, et Harry n'était pas le seul à avoir
survécu. Bien sûr, jamais il n'aurait dû se
permettre d'embrasser le Survivant et ainsi établir des
liens intimes entre eux... Après tout, sa couverture n'était
pas infaillible --- la preuve s'était faite la veille au
soir. Dans le fond, il était parfaitement fautif. S'il avait
su retenir ses lèvres, ce jour-là...
Pourtant,
Cho n'éprouvait aucun regret. Ce baiser avait été
des plus tendres, et la maladresse de son partenaire l'avait tout
particulièrement ému.
– Pardonne-moi, bredouilla
Harry en se massant la nuque, embarrassé. Je veux dire... pour
les Licornes...
– Très joli coup Harry, marmonna
l'Asiatique, blessé dans son orgueil. J'espère qu'à
ce moment-là, tu t'es senti vengé...
Harry
accusa silencieusement la réplique cinglante. Ce ton acerbe le
vexait, mais il le méritait. La colère de Cho était
justifiée. De son côté, le Chinois ravala sa
fureur. Il tourna simplement le dos et soupira avec impatience.
Finalement, ignorant sa gorge serrée par l'angoisse, il
chuchota :
– Tu avais quelque chose à me dire, peut-être
?
– Tu vas vraiment aller au rendez-vous de Malfoy ?
Les
mots avaient fusé avant même que Harry ne puisse prendre
le temps de réfléchir. Gêné de manifester
cette jalousie de façon un peu trop évidente, il se
renfrogna et fixa attentivement le Cho devant lui. Sans pouvoir se
contrôler, il tremblait de rage. Mais cette colère
s'évanouit pour faire place au rouge de la honte quand le
Ravenclaw lui fit face en clignant des yeux.
Croisant ces
yeux de jade qui le dévisageaient furieusement, il éclata
de rire.
– Quel est le problème, Harry ? Tu détestes
Draco... Tu devrais te délecter de le savoir se faire berner
par un travesti, non ?
– Et comment comptes-tu faire pour lui
cacher ton identité quand vous coucherez ensemble, hein ?
Tout d'abord interdit, Cho observa le jeune homme avec
surprise. Puis il rosit et détourna la tête. Cette
discussion prenait un tournant qui ne lui plaisait guère...
–
Oh, tu crois vraiment que je vais coucher avec lui ?
– Vous
sortirez ensemble ! s'insurgea Harry.
Le jeune Chinois
haussa un sourcil circonspect.
– Ah, vraiment ?
Cette
voix calme et maîtrisée, ce ton arrogant... Harry
s'impatienta et dans un élan de fureur incontrôlée,
il attrapa Cho par le col et le projeta contre un arbre. Le
maintenant contre le tronc, il enserra une main sur la gorge fine et
s'écria :
– Ça ne m'étonnerait pas
qu'un travelo de ton genre aille fureter un peu partout pour calmer
ses hormones... Je ne serai pas surpris que tes fes...
Un
coup de poing dans le ventre l'interrompit et il se courba de
douleur, l'estomac endolori par l'impact. Il tomba à
genoux, le souffle coupé. Ses épaules se secouèrent
alors qu'un toussotement nerveux lui échauffait la gorge.
–
Je suis toujours vierge, Harry, si c'est bien cela que tu remets en
cause... répliqua Cho d'un ton cassant. Je ne suis pas un
pervers contrairement à ce que tu me beugles à chaque
fois que l'on se revoit depuis hier...
Il se sentait
coupable d'avoir frappé si violemment le ventre du jeune
homme brun, mais il se dédouanait petit à petit alors
qu'il arrangeait son col de chemise et sa cravate. Il s'assit sur
l'une des énormes racines du gros chêne et soupira
tristement. À ses côtés, Harry prenait place à
son tour, les bras accoudés sur ses genoux relevés, la
tête basse. À son tour, le Gryffindor éprouvait
un sentiment de culpabilité presque palpable...
Levant
le nez, Cho observa les feuillages des arbres filtrant les rayons du
soleil. Il sourit un instant, émerveillé par le
kaléidoscope lumineux que le vent dans les branches animait
sur la terre brune. Quelques minutes plus tard, alors qu'un nuage
devant le soleil effaçait provisoirement les dessins
étincelant sur le sol, il chuchota :
– Ne me déteste
pas, Harry...
L'interpellé posa son front sur ses
genoux relevés. Un peu confus, il répondit doucement :
– Je ne te déteste pas dans le fond... enfin je crois...
mais il me faudra du temps pour t'admettre en tant que... en tant
qu'« homme »...
– Je comprends... murmura le
travesti, un peu blessé mais indulgent.
La mosaïque
éblouissante revint sur le sol alors que le nuage laissait
place à nouveau à l'astre du jour. Les deux élèves
admirèrent un long moment ces bijoux éphémères
qui miroitaient, appréciant le silence entre eux. Seul le
bruissement des feuilles venait troubler la quiétude de ce
début d'après-midi. Finalement, Cho se leva et quitta
la forêt. Tout au long du chemin, il lui semblait sentir sur sa
nuque le regard sombre de Harry. À la sortie de la forêt,
il jeta un coup d'œil à travers les troncs sombres. Un
frisson le parcourut pendant qu'une douleur particulière
s'éveillait dans son dos...
§§§
Draco fulminait
de rage. Plus que tout, il haïssait les Gryffindors... Eux et
leur stupide directrice de Maison ! Même Trelawney ou Hagrid,
ou encore Dumbledore, lui auraient été plus
supportables que cette vieille chouette ridée. S'installant
furieusement à sa table pour le dîner, il se servit en
silence et laissa sous-entendre en une mine peu avenante qu'il ne
souhaitait guère être importuné durant le repas.
Crabb et Goyle comprirent le signal et piquèrent du nez dans
leur assiette.
La mauvaise humeur du Slytherin n'était
pas passée inaperçue, et certains professeurs attablés
faisaient la moue. Même le Maître des Potions semblait
dérangé par l'attitude de son élève. Se
penchant alors vers le professeur McGonagall à sa gauche, il
lui demanda des explications.
– Le dernier cours de la journée
sur son emploi du temps était la Métamorphose... Que
s'est-il passé, Minerva ? demanda-t-il discrètement.
– Le jeune Malfoy a cru bon de s'amuser à viser une de
ses camarades de classe pendant le cours. L'énoncé
voulait transformer des lapins angoras en chèvres naines. Et
Mademoiselle Granger s'est vue pousser des cornes et une
barbichette. J'ai donc retiré vingt points à
Slytherin et j'ai convoqué votre élève à
mon bureau pour une retenue ce soir.
Connaissant le côté
provocateur de son élève, le Professeur Snape ne
demanda pas plus de compte. La petite Hermione n'avait sans doute
rien fait pour ça. Certes, elle était agaçante à
toujours avoir réponse à tout, mais elle n'avait pas
un fond malsain...
Draco jeta un regard courroucé à
McGonagall qui fit mine de ne rien remarquer. Il ruminait une idée
de vengeance qu'il savait impossible. Quelques minutes avant la fin
du dîner, en plein milieu du dessert, il délaissa son
assiette et quitta discrètement sa table pour s'approcher de
celle des Ravenclaws. Attablé à la place la plus proche
des portes de la Grande Salle, Cho picorait sans grand enthousiasme
son gâteau. Le jeune homme blond s'accouda à ses côtés
sans le regarder.
– Draco ! s'exclama le Chinois dans un
souffle, ne masquant pas sa surprise.
Il se poussa sur le
côté pour laisser une petite place au Slytherin. Ce
dernier s'installa tranquillement, un peu mal à l'aise
toutefois à l'idée de se retrouver à la table
d'une autre Maison que la sienne.
– Ce soir, je ne pourrai
pas venir... murmura-t-il à l'oreille de Cho. (Il se
renfrogna et poursuivit en fusillant du regard la Directrice des
Gryffindors :) Cette vieille chouette à binocles m'a collé
pour la soirée dans son bureau.
Cho prit une mine
attristée. Il hocha simplement la tête et jeta un regard
anxieux à son nouvel ami. Voyant que ce dernier serrait les
mâchoires pour intérioriser sa colère, il posa
une main réconfortante sur son bras et lui sourit doucement :
– Ne t'inquiète pas... McGonagall est sévère,
mais elle ne sera pas injuste. Elle préconise le dialogue
durant ses retenues... Elle travaillera avec toi pour t'éviter
de nouvelles punitions à l'avenir.
Draco l'écouta
attentivement et secoua enfin la tête. Un peu déçu,
il marmonna :
– Ce rendez-vous n'est que partie remise...
J'espère que tu acceptes toujours de sortir avec moi un soir
?
Ses yeux bleu gris semblaient vouloir percer le moindre
mystère. Cho se sentit comme prisonnier de ces prunelles
froides et mais terriblement attirantes.
– Peux-tu... peux-tu
me laisser le temps de me préparer ? demanda-t-il d'un ton
mal assuré. Je veux dire... moralement... Pourquoi ne pas se
retrouver en milieu de semaine prochaine ?
– Je te fais peur à
ce point ? chuchota Draco en le détaillant du regard.
–
Un Malfoy est toujours intimidant, répondit Cho dans un
murmure, comme pour flatter le cœur du Slytherin.
Ce
dernier s'autorisa un sourire hautain et quitta la table sans un
mot pour rejoindre ses camarades de maison. Le travesti savait ce que
cette absence de réponse signifiait. Draco lui accordait
quelques jours de répit avant de l'attaquer de front la
semaine suivante.
D'un côté, cette punition
rassurait et arrangeait Cho. Elle le rassurait du fait qu'il
pouvait échapper à une relation avec Malfoy, et donc
amenuiser le risque de se faire découvrir... Elle l'arrangeait
puisque ce soir, il avait d'autres plans en tête. Une fois le
dîner fini, il se fondit dans la masse d'élèves
et, prenant garde à ce que personne ne le remarque, il suivit
une autre voie que celle de ses camarades et s'enferma dans les
toilettes des filles.
– Qu'est-ce que tu fais ici ?
s'écria alors Mimi Geignarde qui le fusilla de son regard
transparent.
Sachant qu'il valait mieux être un
complice plutôt qu'un ennemi du fantôme de cette jeune
fille, Cho lui glissa un clin d'œil et murmura doucement :
–
Je m'en vais espionner les professeurs ! Tu me promets de ne pas
cafarder, hein ?
Son sourire chaleureux aurait presque
fait apparaître quelques rougeurs sur les pommettes de
l'ectoplasme. Satisfaite d'être traitée en amie par
la coqueluche des Ravenclaws, Mimi Geignarde hocha vivement la tête,
un large sourire aux lèvres. Pour ne pas changer de son
habitude et risquer d'alerter les éventuelles élèves
qui passeraient par-là, elle s'en retourna à sa
fenêtre, tant pour se lamenter que pour admirer le coucher du
soleil. À l'horizon, l'astre du jour semblait lutter avec
la nuit implacable, comme pour gagner quelques minutes inutiles avant
que le pays ne soit totalement plongé dans le noir.
Décidant
qu'il était grand temps d'agir, Cho se métamorphosa
en corneille et battit des ailes en croassant. Quelques minutes plus
tard, l'Animagus volait dans les couloirs à la recherche de
la porte du Professeur en question. Alors il vit une silhouette noire
se détacher de l'ombre.
Ah ! Te voilà
enfin, Severus...
Il suivit discrètement le
Maître des Potions, prenant garde à ne pas battre des
ailes trop fort afin que ses plumes ne brise pas l'harmonie
silencieuse de l'atmosphère. Empruntant le couloir qui le
menait à son bureau, le Professeur Snape jeta un coup d'œil
sévère derrière lui. Il ouvrit alors la porte au
bout du corridor et entra dans la salle.
Effronté,
Cho profita de ce qu'il avait le dos tourné pour entrer à
son tour et vite atteindre un point d'ombre. Égal à
lui-même, le Maître des Potions referma la lourde porte
en bois et se dirigea vers son bureau où l'attendaient une
pile de copies d'élèves. L'Animagus avait remarqué
les changements de ce professeur à son égard. Il avait
même entendu Harry Potter parler de Snape à ses amis
lors de la récréation, un peu avant le cours de
Métamorphose. Apparemment, il disait que le Directeur des
Slytherins ne cherchait plus à défavoriser les
Gryffindors, et qu'il ne le rabaissait plus comme il le faisait
autrefois.
Tous ces changements intriguaient énormément
Cho qui avait donc décidé de jouer les petites fouines
et de percer ce mystère. Sans doute n'aurait-il pas de
réponse immédiate à ce changement de
comportement, mais plusieurs excursions nocturnes durant l'année
scolaire l'aideraient peut-être au bout du compte...
Le
Professeur s'installa à son bureau et prit sa plume entre
ses doigts. Il trempa délicatement la pointe de la penne dans
l'encre rouge pendant que sa main gauche saisissait la première
copie.
Et la décapitation commence ! pensa
intérieurement Cho qui voleta silencieusement dans l'ombre,
cherchant un meilleur endroit pour observer la correction des copies.
Silencieux, l'homme de l'ombre lisait la dissertation
de l'élève, manifestement très concentré
sur sa tâche. L'Animagus se permit de prendre l'armoire
pour perchoir. De là, il avait pleine vue sur les commentaires
et la note attribuée.
– Hermione Granger, E. Retenez que
je demande une dissertation, pas un poème en prose.
Effort
Exceptionnel... pour une Gryffindor ? Severus, que t'arrive-t-il...,
pensa l'Asiatique, un peu déboussolé par ce
comportement surprenant.
La copie de Neville vint juste
après. Quelques minutes d'une correction consciencieuse et
le verdict tomba :
– Longbottom, A. La consigne ne demandait
pas de faire un guide touristique de la Forêt Interdite.
Oh-ho
! Neville va faire une syncope avec un Acceptable ! Pour une fois
qu'il dépasse le Désolant...
Cho
appréciait de plus en plus son travail d'espion. Il était
heureux que le jeune Longbottom ait enfin pu obtenir la moyenne à
ce cours qui l'angoissait.
– Weasley, Piètre. C'est
avec des élèves comme vous que l'on envoie des
Professeurs à Ste Mangouste.
L'Animagus se
concentra dans le nettoyage appliqué de ses plumes, retenant
ainsi un croassement de protestation. Passèrent ainsi les
copies de Parvati, Goyle, Crabb, Draco, Lavande et Pansy. Alors Cho
vit sa propre copie... Il retint un battement d'aile nerveux. Il ne
s'était pas attendu à ce que le Professeur Snape
donne une interrogation surprise dès le premier jour...
pourtant, à bien y réfléchir, c'était
tout à fait son style. Certes, il s'agissait d'une simple
remise à niveau avec des exercices de cinquième et
sixième année... mais ces deux années avaient
été particulièrement éprouvantes pour le
jeune garçon. Ce matin, alors que Severus Snape avait donné
son deuxième cours de Potions de la journée devant
quelques Ravenclaws et des Hufflepuffs, Cho avait rendu copie
blanche.
Avec une certaine appréhension, il tendit
le cou pour lire le commentaire du Maître des Potions sur son
parchemin.
– Consternation abyssale du Professeur face au
paysage ravagé d'une culture aride...
Ordure...
fulmina Cho.
Mais que pouvait-il dire pour sa défense
? Après tout, connaissant son point faible en cette matière
rigoureuse et compliquée, il aurait dû s'entraîner
pendant les grandes vacances ! Il ne se trouvait aucune excuse...
–
Potter...
L'Animagus se figea à ce nom et scruta
le Professeur. Il ne s'étonna guère de voir les mains
de Severus trembler. Depuis qu'il connaissait les rapports entre le
Maître des Potions et Harry, il devinait que dans le fond, cet
homme détestable n'était pas hostile au jeune Potter.
Mais jamais ce dernier ne croirait une telle chose... D'ailleurs
l'accepterait-il ? Pour l'instant, il se contentait de répondre
bêtement à la provocation du Professeur, sans se douter
que derrière cette animosité se cachait peut-être
des sentiments plus doux.
Cho avait appris de source sûre
que Severus avait énormément souffert à cause
des Maraudeurs, et que James Potter s'était montré
parfaitement inhumain envers lui. Mais ce souvenir, Snape le gardait
précieusement en lui. Les gens qui lui étaient proches
ne voyaient qu'une partie de l'iceberg, mais Cho était
persuadé que l'homme avait vécu certaines choses
graves en compagnie de James. Des choses bien plus graves que les
habituelles humiliations qu'il avait endurées.
Snape
baissa la tête un instant, ses doigts crispés sur la
copie de Harry. Les épaules larges frémirent et, sans
pouvoir se contrôler, Cho déploya ses ailes pour planer
jusqu'au bureau. Une fois posé sur le bois du meuble, il
dévisagea le grand sorcier qui venait de lever brusquement un
regard inquiet. L'homme et la corneille se croisèrent du
regard. À présent, Severus s'était
parfaitement remis de cet instant de faiblesse qu'il avait
manifesté. Plus aucun frisson ne parcourait son dos, et son
faciès avait repris cet éternel masque froid et dur.
–
Que fais-tu ici, toi ? marmonna la voix traînante du Directeur
des Slytherins, aussi pesante qu'une menace de mort.
Se
comportant comme un parfait oiseau sauvage, Cho reprit son envol,
mimant à la perfection les mouvements désordonnés
d'un corbeau claustrophobe. L'ancien Mangemort chercha un instant
à se concentrer sur la lecture du parchemin. Il soupirait
parfois, barrant certaines phrases, soulignant d'autres qui lui
semblaient déjà plus correctes, mais pas assez
approfondies. Cependant, les attaques de l'oiseau noir contre le
vitrail de ses fenêtres lui faisaient perdre patience.
Préférant ne pas bâcler son travail, il posa sa
plume dans l'encrier et jeta un regard assassin à l'animal
qui croassait et se débattait nerveusement au moindre
obstacle.
– Stupide oiseau... marmonna-t-il en se dirigeant
vers la fenêtre.
Réalisant que l'agacement
qu'il avait provoqué risquait de désavantager Harry
pour le reste de la correction, Cho décida de se calmer et il
se posa sur l'épaule du Professeur. Ce dernier tressaillit
et jeta un regard suspect à l'animal.
– Étrange...
tu es plutôt lunatique...
La corneille poussa un cri
strident et étendit ses ailes, toujours perchée sur
l'épaule du Maître des Potions. Elle tendit alors le
cou et le pinça gentiment derrière une oreille. Snape
grogna quelque chose d'incompréhensible, mais qui ne
ressemblait pas à une menace, pour une fois. Il leva le bras
vers la fenêtre et abaissa le loquet. Les vitres s'ouvrirent
et une brise nocturne s'engouffra dans le bureau. Cho attendit un
instant avant de s'envoler. Il jeta un coup d'œil méfiant
à l'homme, puis plongea son bec noir dans la chevelure
sombre et agaça gentiment le Professeur.
Severus
esquissa l'ombre d'un sourire et agita sa main en signe
d'impatience :
– Allez, file... je ne veux plus te voir ici.
Cho obéit et s'envola pour retrouver sa liberté.
Il profita des dernières lueurs du crépuscule et
s'autorisa une promenade dans les airs en toute sérénité.
Il évita tout de même le saule cogneur avec soin et
regagna la cour de Hogwarts, se faufilant entre les piliers de
l'architecture. Il se posa sur un rebord des arcades qui
soutenaient le toit du corridor et observa Argus Filch. Ce dernier
portait une lanterne et murmurait quelque chose à Miss Norris.
La chatte aux yeux rouges miaulait et se frottait à son
maître.
À l'autre bout du couloir, Draco
Malfoy sortait de la salle de classe de McGonagall. Le concierge de
Hogwarts lui glissa un regard en coin, un sourire malveillant sur son
visage ridé. Le Slytherin releva fièrement le menton,
puis jugea plus prudent d'ignorer ce Crackmol et de continuer son
chemin vers l'escalier qui le menait à la salle commune de
sa Maison. Alors Cho décida de voler jusqu'à lui.
Avec un croassement sonore, il se percha sur l'épaule
offerte. Draco sursauta presque et jeta un regard furieux à
l'animal insolent.
– Qu'est-ce que tu fais là,
stupide oiseau ? gronda-t-il de sa voix traînante.
OOffusqué,
Cho lui pinça la peau de la joue de toutes ses forces et
laissa une marque rouge. Il s'envola à tire-d'aile pour
regagner la bordure d'une colonne, jetant préalablement un
regard irrité à Malfoy. Ce dernier passa sa main sur sa
pommette endolorie, marmonnant une idée de vengeance à
l'encontre de l'oiseau de mauvais augure. Il n'aurait pas mis
longtemps à jeter un sort de feu sur la corneille, mais déjà
il voyait l'ombre de Filch qui rôdait dans les couloirs...
Sans doute pour s'assurer qu'il était retourné bien
sagement dans sa chambre...
Furieux, Draco se tourna vers
le bel oiseau noir et lui souffla d'un ton menaçant :
–
Si je te revois en train de tourner autour de moi, je me promets que
tu serviras de poulet frit à ces stupides Gryffindors...
Cho
l'ignora superbement, lissant ses jolies plumes de jais à
grand renfort de coups de bec appliqués. Bientôt, il
entendit le jeune homme marmonner le mot de passe et s'enfermer
dans l'aile de sa Maison. N'ayant plus rien à faire dans
les couloirs, l'Animagus reprit son envol et s'en alla vers la
Salle Commune des Ravenclaws. Il reprit sa forme humaine afin de
prononcer la formule magique et entra dans sa tour. Là,
plusieurs jeunes hommes et jeunes filles bavardaient malgré
l'heure avancée.
– Harry Potter a des chances d'être
nommé capitaine de l'équipe des Gryffindors...
marmonnait un garçon aux cheveux brun foncé.
–
Draco Malfoy sera à coup sûr celui des Slytherins,
ajouta son voisin à lunettes. Les Hufflepuffs ne sont pas
vraiment à craindre, sauf s'ils choisissent Zacharias Smith
à leur tête... dans ce cas, il faudra se tenir en
alerte. Il est un peu bizarre mais sa stratégie pourrait bien
nous mettre en difficulté et nous faire perdre des points...
– Nous devrons donc trouver plus fin que lui... fit la voix
lointaine de Luna Lovegood qui se tournait lentement vers Cho Chang.
Ce dernier sourit maladroitement et fit un petit signe de
la main à ses camarades. Tous lui sourirent en retour. Comme
il l'avait prévu, un garçon de sixième année
demanda :
– Pourquoi ne pas proposer ce rôle à Cho
?
Il s'agissait de Thomas Joanneson, un jeune homme qui
avait suivi chaque entraînement de Quidditch avec une certaine
sévérité. Pas assez doué pour manier un
balai, il se rattrapait grâce à son jugement sans égal.
Plusieurs fois, il avait été une aide précieuse
pour sa Maison qui avait énormément progressé
grâce à ses conseils.
Cho s'apprêtait
à monter les escaliers pour rejoindre sa chambre mais il se
tourna vers les Ravenclaws réunis. Une petite moue inquiète
sur le visage, il fit remarquer :
– Je suis doublante ! Je ne
sais pas si ça donnera une bonne image à notre équipe.
– Ce n'est pas l'image qui importe mais nos chances de
victoire, coupa Thomas en dardant son regard sombre vers lui. Ce sont
tes qualités que je vois sur le terrain, pas ton joli minois.
Même Victor Krum était moins bourru que ce
garçon. Cependant, le physique avantageux de Joanneson lui
permettait ce ton péremptoire sans risque de se faire
rabrouer. Tous l'écoutaient, souvent charmés par sa
voix et son visage sérieux.
« Il aurait tout d'un
coach » avait dit Cho l'année précédente.
– De toute façon, nous ferons un sondage parmi les
connaisseurs de Quidditch de notre Maison, et nous verrons bien qui
sera élu Capitaine de l'équipe, répliqua
l'Asiatique d'un ton dégagé avec un haussement
d'épaule.
Il salua ses amis et s'en alla dans
le dortoir, découvrant sur son lit sa malle qu'il avait
refaite hâtivement. Un moment désappointé, il se
souvint enfin qu'il changerait de chambre d'ici peu. Bien sûr,
il se doutait que les autres Ravenclaws le questionneraient à
ce sujet et que s'il ne trouvait pas un bon prétexte à
propos de ce départ inopiné, il risquait de s'attirer
quelques ennuis avec ses amis.
Il éprouva soudain
une lourde fatigue. Pressé de pouvoir goûter aux draps
frais de son lit, il s'empressa de se changer dans la salle de
bain. Vêtu d'un pyjama de soie venu de Chine, le jeune homme
s'observa longuement dans la glace. Il prit pensivement une brosse
douce et entreprit de lisser impeccablement sa longue chevelure
noire. Il fixait d'un œil vide son image dans le miroir, mais son
regard se détourna bien vite pour observer le reflet de la
fenêtre là où la pie lui était apparue
plus tôt dans la journée.
Rares étaient
les lettres qu'il recevait. La plupart du temps, on lui évitait
les courriers en même temps que les autres élèves,
pour ne pas prendre de risque inutile. Cho avait tout de même
pris le soin de s'abonner à plusieurs magazines ou
quotidiens qui ne l'intéressaient point, simplement pour
faire croire aux autres qu'il recevait lui aussi des messages. Sept
années sans jamais un seul courrier aurait certainement
éveillé quelques soupçons. Et durant ce
septennat passé à Hogwarts, personne n'avait remarqué
son petit manège. Personne n'avait constaté qu'il
ne recevait aucune lettre d'un hypothétique proche.
Cho
était fier de lui et de ses ruses. Parfois, il avait ce
sentiment de puissance, d'invincibilité, qui lui chauffait
le cœur et le ventre. Il jouait certes un rôle délicat,
mais il l'avait toujours joué à la perfection...
Seule ombre au tableau ; Harry Potter qui avait réussi
à percer son secret le plus intime. Cho savait parfaitement
qu'il avait joué gros en s'enfermant dans ces toilettes.
D'ailleurs, le simple fait de repenser à cette mésaventure
lui entraînait quelques rougeurs honteuses et pudiques sur ses
jolies pommettes rebondies. En temps ordinaire, jamais il n'aurait
pris un tel risque.
Diable, je devais vraiment manquer
de ça, hier...
Il reposa aussitôt sa
brosse, tressa rapidement ses cheveux de jais et regagna rapidement
la chambre. Humilié par les conséquences de sa conduite
méprisable, il se cacha sous ses couvertures, profitant à
peine de la fraîcheur tant désirée de ses draps.
Après quelques minutes interminables, Cho parvint à
vider son esprit des images outrageantes de la nuit précédente.
Il ressortit sa tête des couvertures et fixa la fenêtre à
quelques mètres de lui. Ses yeux noirs se perdirent dans la
contemplation des étoiles qui parsemaient le ciel d'encre.
Les battements effrénés de son cœur s'apaisèrent
et il ferma les paupières, roulant sur un flanc pour mieux
serrer contre lui son oreiller.
– Je hais les draps en
coton... marmonna-t-il avec une colère mal contenue.
Puis
il se tut, laissant place au silence alors que ses pensées
commençaient à dériver. Il se laissa prendre par
le sommeil alors qui sentait encore entre ses lèvres la peau
douce de Draco qu'il avait pincé peu avant.
Un
sourire satisfait éclaira son visage endormi et il sombra dans
la douce torpeur de ses rêves les plus secrets.
À suivre...
Wow, j'ai mis le temps pour ce deuxième chapitre... pourtant, en lui-même, il a été plus facile à écrire que le premier... C'est toujours comme ça aussi, il faut toujours que je commence trente-six fics à la fois... mais maintenant que je suis bien lancée sur Clair-Obscur, je ne vais pas chômer ! Après tout, les heures de perm de ma fac sont faites pour ça... (comment ça, c'est pas fait pour ça ? ah bon ?)
Bref ! j'espère sincèrement que ce deuxième chapitre vous plaira... Personnellement, je n'en suis pas pleinement satisfaite, aussi j'updaterai peut-être ce chapitre une deuxième fois si je me sens le courage de faire une correction plus poussée.
Enfin je ne vais pas m'attarder plus longtemps. Tant que j'y suis, attaquons le chapitre 3 !
Place aux réponses
aux reviews maintenant !
Bzu-bzu à tous !
Tanuki qui se terre dans sa tanière.
Luuslynn : déjà, merci pour tes compliments, cela m'a vraiment fait plaisir ! Je ne savais pas trop quelle serait la réaction des gens à l'idée que Cho Chang soit un garçon, mais bon. Étant une yaoiste née, je ne pouvais que travestir l'œuvre de Rowling ! Je suis un poison à moi seule... Cependant j'imagine que pour d'autres personnes un peu plus saines d'esprit que moi (et y'a pas de mal à l'être), le nouveau Cho Chang doit être assez... « insolite » dirons-nous ! Bon, je sais dans l'ensemble ce que je veux faire de Cho, mais rien n'est encore parfaitement défini. Quant à Snape, lui aussi va être travaillé tout au long de l'histoire. :-D
Pétrolkiwi : hihi ! je suis heureuse de voir quelqu'un apprécier mon travesti avec tant d'enthousiasme ! c'est vrai que Cho est souvent (toujours ?) détestée des yaoistes et moi-même j'ai eu un peu de mal avec elle. Bah vi mais le problème c'est que je suis bête et que je n'aime pas qu'un perso qui pourrait être mignon et intéressant soit mal-aimé ; je l'ai donc modelé à la façon tanukienne ! en tout cas, merci pour tes encouragements ! Ça fait toujours chaud au cœur et j'avoue que lire tes commentaires me booste toujours plus pour écrire la suite.
Cholera : Ne t'inquiète pas ! moi-même je n'aurais lu une fic avec Cho Chang que si l'auteur l'avait travesti en garçon ! N'aie donc point honte, Cholera, nous sommes toutes deux dans le même cas ! en tout cas, je ne pensais pas que tu apprécierais si tôt son caractère, et j'avoue que ça me fait très plaisir que tu l'aimes déjà à ce point ! (Tanuki qui sautille sur sa chaise et qui tremble de joie) Sinon oui, j'apprécie assez Gundam Wing ! Mais je suis une partisane d'un couple peu apprécié ; le Trowa-Heero... vive les glaçons... j'aime les glaçons... mettez en contact deux glaçons... au bout d'un moment, ils resteront collés... c'est physique, c'est tout... on ne déroge pas à la loi de la physique... Sinon, pourquoi cette question ? Tu veux que je travestisse Réléna cette fois ? Hé-hé ! dans son cas, même en garçon, faudrait l'abattre ! (c'est pas permis d'avoir une voix aussi crispante...)
Sahada : coucou ! j'ai été voir ta page FFnet et je comprends mieux le pourquoi de ce commentaire ! lol, j'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir travesti Cho... Donc certes, c'est « bizarro » comme tu dis, mais je réalise là un fantasme ! (rire diabolique et s'enfuit en s'enveloppant dans sa cape noire)
