Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets de modifier certains détails d'ordre corporel et chronologique, ainsi que quelques incohérences et/ou anachronismes.
Disclaimer : les lieux et les personnages sont la propriété de Rowling, mais cette version de l'histoire m'appartient.
Rating : R (car violence physique, morale et sexuelle à venir)
Résumé : Quand Tanuki décide de refaire l'histoire en dotant Cho Chang d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la VF des noms des maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor §§§ Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin - Serpentard §§§ Hufflepuff - Poufsouffle §§§ Hogwarts - Poudlard §§§ Argus Filch & Miss Norris - Argus Rusard & Miss Teigne §§§ Severus Snape - Severus Rogue §§§ Professor Hooch - Professeur Bibine §§§ Fang - Crockdur.

--- CLAIR OBSCUR ---
03
Aveux à mi-mots...

Cho frotta ses yeux mal éveillés et jeta un regard à la fenêtre. Le soleil venait de se lever, et toutes les filles du dortoir s'étiraient paresseusement. Aujourd'hui, c'était le premier cours de balai avec le professeur Hooch pour les septième année, et certaines adolescentes sentaient la peur tenailler leur ventre.
– Il paraît que ses entraînements et ses examens sont très durs... murmura une élève en passant la main devant sa bouche pour bailler.
– Plutôt, oui... confirma Cho en serrant l'oreiller tout contre son torse.
Les autres filles s'échangèrent un sourire complice et l'une d'elles susurra doucement :
– C'est Harry que tu devrais serrer ainsi, pas ton oreiller !
Le Chinois fit la moue et lâcha la taie à contrecœur. Il se gratta pensivement le crâne et ouvrit de tout petits yeux. Il bailla une troisième fois depuis son réveil et se débattit furieusement de ses draps.
– Je hais les draps en coton ! marmonna-t-il avec colère en bondissant de son lit.
Les jeunes filles se permirent un éclat de rire.
– Tu es bizarre avec ta fixation sur les draps, toi !
Cho retourna un sourire à ses amies et haussa les épaules en signe d'impuissance. Après tout, que pouvait-il dire ? Il avait toujours eu des goûts de luxe, et plus particulièrement, il avait toujours eu certains tissus en horreur. Les chemises de l'École de Hogwarts étaient un véritable calvaire. Dire qu'en Chine, l'uniforme de l'École de Ming-Hô prônait la soie...
Il s'en alla dans la salle de bain et s'y enferma. Avec une certaine excitation, il pensait à sa nouvelle chambre que Dumbledore lui avait promise. Il avait hâte de la découvrir, et il lui semblait que cette journée serait interminable. Il retira le ruban au bout de sa longue natte et brossa ses cheveux à présent ondulés. Remarquant cette particularité, Cho jeta un regard au miroir face à lui et étudia l'effet que cela donnait. Pas trop mal... Plutôt joli même ! Il s'étonnait de ne jamais avoir pensé à ce détail esthétique. Après tout, pour un éventuel bal, il n'était pas interdit d'être coquet ou de vouloir être attirant.
S'arrachant à ces pensées superficielles, le jeune homme s'empressa de prendre une douche pour ensuite se revêtir de son uniforme. Il sortit de la salle de bain, se rua sur un morceau de parchemin qu'il griffonna rapidement, puis il quitta la chambre et se mit à courir vers la cours de récréation. Elle était toujours déserte, à cette heure...
Une pie vint se poser sur la petite fontaine, comme si elle s'était attendue à porter ce message. Cho s'assit à ses côtés et lui flatta la gorge d'un doigt. L'animal croassa de plaisir et fit frémir ses ailes pour manifester son contentement. Alors l'humain présenta sa courte lettre et l'oiseau carnassier accepta la requête implicite. Il se laissa faire quand on lui noua le parchemin autour de la patte, puis il voleta sur l'épaule de Cho et lui taquina les oreilles.
– Eh, doucement ! Coquine va !
Cho connaissait bien cette pie qui lui était très proche. Elle était un allié fidèle et lui avait permis de garder secret son lien avec le Sorcier qui l'avait pris sous sa tutelle. L'oiseau semblait sous le charme de son jeune propriétaire. Un jour, sous le ton de la plaisanterie, ce dernier l'avait soupçonnée d'être tombée sous le charme de sa forme Animagus. Finalement, cette hypothèse n'était peut-être pas inexacte.
– Je vais avoir ma chambre... murmura le jeune homme à l'ouïe de la pie. Va le prévenir...
L'oiseau s'envola aussitôt et disparut dans la brume matinale. Alors le jeune Chinois revint sur ses pas et entra dans un des larges couloirs de l'École. Le cœur battant et le sourire aux lèvres, il sautilla de marche en marche pour retourner vers la Salle Commune des Ravenclaws et aller chercher son balai dans la chambre qu'il partageait.

§§§

Harry avait pris son Éclair de Feu, les joues rougies par l'excitation. Il avait hâte de connaître le programme que réservait le Professeur Hooch pour cette dernière année. Puisqu'il était reconnu pour son talent sur un balai, il savait qu'il n'avait absolument rien à craindre de cette matière.
Ron ne montrait guère le même enthousiasme, et son teint aurait pu faire concurrence à la blancheur de sa chemise. Tenir sur un balai et tourner en rond pour surveiller les buts en arrêtant un Souaffle, c'était une chose. Prendre de la vitesse, faire une série de figures dignes des acrobaties moldues sans perdre le contrôle du balai et se rétablir sans encombre, debout, les jambes droites, c'était vraiment une autre paire de manches !
De son côté, Hermione allait à ce cours en nourrissant quelques complexes d'infériorité. Certes, elle n'avait pas à s'inquiéter si on venait à la comparer à Ron... ou même à côté de Neville. Surtout à côté de Neville ! Oh oui, à côté de Neville... Telle une prière, la jeune fille répétait mentalement cette phrase, suppliant Merlin de se montrer clément pour ce cours qu'elle abordait toujours avec appréhension.
Du coin de l'œil, Harry remarqua Cho qui trottinait joyeusement, serrant son balai contre son cœur et se dirigeant vers le terrain d'entraînement où le cours se déroulerait. Lui aussi avait les pommettes roses et la lueur d'excitation dans les yeux. Tous deux partageaient cette même passion du Quidditch. Tous deux ressentaient cette même ivresse lorsqu'ils chevauchaient un balai et qu'ils filaient à toute allure pour fendre le vent. Après tout, peut-être n'y avait-il aucune raison d'en vouloir à Cho... Ils se ressemblaient plus qu'il ne l'avait cru au début de cette nouvelle année.
Tous parvinrent au terrain et Harry se plaça volontairement à côté de lui. Il ne lui jeta aucun regard, ne sachant comment faire pour amorcer une discussion. Il se sentit soudain gauche et tout particulièrement stupide. Qu'est-ce que Cho allait penser ? Qu'il venait à ses côtés pour lui imposer un silence aussi lourd ? Il paniquait de plus en plus à l'idée de ne pas trouver un sujet de conversation... Une fois de plus, ce fut le jeune Chinois qui entama naturellement le dialogue.
– Ça doit être merveilleux de posséder le balai le plus rapide du monde ! s'exclama-t-il alors qu'il dévorait des yeux l'objet en question.
Harry s'empourpra à ces mots et haussa maladroitement les épaules. Il ne savait trop que répondre à cela... Un peu embarrassé, il se massa la nuque et baissa le regard sur son Éclair de Feu.
– Ouais... c'est pas mal... marmonna-t-il enfin.
Un nouveau silence s'installa. Devinant que sa réponse n'avait rien de bien intéressant, il s'empressa d'ajouter :
– Et... et toi ? Tu as un Nimbus 2001, c'est ça ?
– Oui, on me l'a offert cet été... expliqua le Ravenclaw avec un large sourire, comme si ce cadeau valait tout l'or du monde.
Harry fouilla dans sa tête, à la recherche d'un commentaire à faire, un compliment, une question intéressante... Bien vite, il se sentit penaud et complètement perdu. Avec un sourire pâle, il se contenta de répondre :
– C'est... c'est pas mal...
Il croisa le regard surpris de Cho et se sentit rougir jusqu'aux oreilles. Il se reprit aussitôt en balbutiant :
– Euh... je veux dire, il est très bien, ce balai ! Et puis sa couleur se marie avec celle de tes yeux et de tes cheveux... vraiment, il te correspond...
Cho le fixait intensément, les yeux malicieux, et devait se mordre la lèvre inférieure pour ne pas éclater de rire. Mais il ne put se contenir plus longtemps et se vit obligé de détourner la tête pour réprimer ses éclats.
– Tu n'es vraiment pas à l'aise avec moi, Harry ! dit-il entre deux rires. Ne te force pas...
Il glissa un clin d'œil au jeune homme brun et reporta son attention sur le cours de Hooch qui entamait un long discours à propos du programme à suivre cette année. Il remarquait le teint des élèves de plus en plus livides au fur et à mesure que sa liste de figures, d'entraînements et d'examens s'allongeait.
– Ne prenez pas ces mines maladives ! s'exclama soudain le professeur en rivant ses yeux jaunes sur les étudiants. Ce n'est pas compliqué, vous verrez... Cho étant doublante, elle pourra même vous faire quelques démonstrations ! Vous verrez bien que ce n'est pas difficile...
– Oui, mais elle a quelques années de Quidditch derrière elle... marmonna Hermione en serrant son balai avec anxiété.
Six années de Quidditch, ce n'était pas rien. Cho avait pu développer ses qualités innées d'Attrapeur et ainsi répondre aux attentes des enseignants en cours de Vol. De plus, la génétique ne s'étant point montrée avare envers lui le jour de sa conception, il avait toujours eu une certaine aisance à voler sur un balai. Hooch avait laissé sous-entendre qu'il s'agissait là d'un de ses meilleurs élèves depuis le début de sa carrière. Apparemment, seul Harry pouvait faire ombrage à Cho, mais ce dernier ne cherchait pas à garder jalousement son titre de premier de la classe. Il n'avait d'esprit compétitif que lorsqu'il s'agissait de Quidditch. En dehors de ce sport, il se fichait bien d'être classé avant ou après la coqueluche des Gryffindors.
– Bien, reprit le Professeur. Maintenant, vous allez procéder par duo. Trouvez-vous un partenaire et je vous donnerai des consignes.
Les élèves obéirent et brisèrent le rang pour chercher un compagnon selon les affinités. Intimidé face à ces élèves qu'il ne connaissait pas, Cho préféra se taire et attendre que quelqu'un vienne à lui. Il croisa avec stupeur le sourire avenant de Harry... le premier depuis ce qui lui semblait être une éternité.
– On fait ça ensemble ? demanda le Gryffindor avec entrain.
Cho hocha vivement la tête et lui rendit son sourire. Une fois les couples formés, Hooch donna les instructions, mais il y fit à peine attention. Il avait en tête le sourire que lui avait offert son partenaire... Ses joues rosirent et une douce chaleur naquit dans son ventre tandis que son cœur battait à tout rompre. Après tout, peut-être que tout allait s'arranger ? Certes, Harry faisait sans doute un effort énorme. Il se forçait sûrement à renouer le dialogue entre eux. Mais peut-être qu'avec le temps, tous deux pourraient reconstruire leur relation amicale qui avait été si durement brisée.
Hermione s'était jetée sur Neville et Ron, qui avait secrètement compté sur Harry, venait de se retrouver de paire avec Draco. Étant le seul Slytherin de septième année à avoir pris cette option, le jeune Malfoy n'avait pas pu s'allier à l'un de ses compères. Et puisque les Hufflepuffs et les Ravenclaws avaient pris l'habitude de partager les mêmes cours durant les premières années, il ne leur était pas difficile de se trouver un partenaire pour cette leçon... Malfoy n'avait d'autre choix que se mettre aux côtés d'un Gryffindor.
Ll jeta un regard courroucé à son adversaire roux. Il cherchait à ne pas trahir son inquiétude malgré les farces des jumeaux Weasley qu'il avait subies. Mais à voir l'expression stupide sur le visage du rouquin, Draco comprit bien vite qu'il n'avait aucune raison de rester sur ses gardes. Le dernier fils des Weasley était certainement le plus benêt de tous. Il suffisait de contempler ses moues stupides pour se rendre compte qu'il n'était rien de plus qu'un sorcier perdu, aussi miteux et illuminé que son père.
– Je te préviens, Weasley... marmonna-t-il en glissant un coup d'œil furibond à son adversaire. La moindre bizarrerie, la moindre attaque envers moi et tu ne pourras plus jamais mâcher une tranche de bacon !
Il enfourcha son balai et tous les couples s'envolèrent à trois ou quatre mètres d'altitude afin de suivre attentivement les instructions du Professeur Hooch. Pour la première fois depuis longtemps, Cho se sentait aussi léger qu'une plume, heureux de sentir Harry à ses côtés... Cette journée commençait bien. Il avait l'impression que rien ne pouvait briser cet instant de bonheur.

§§§

Cette impression apparemment indestructible fondit comme neige au soleil lorsqu'il fallut se rendre au cours de Potions. Il ne fit guère preuve du même enthousiasme qu'en début de matinée. Le commentaire du Professeur Snape sur sa copie le faisait traîner les pieds. Par ailleurs, il n'était pas le seul à redouter ce cours ; tous les autres Ravenclaws, les Hufflepuffs et les Gryffindors s'échangeaient des regards anxieux. Certains avaient beau être sûrs d'avoir réussi l'interrogation surprise, ils se doutaient que le Maître des Potions les défavoriserait au profit des Slytherins. Ceux-ci étaient sans aucun doute les seuls à se diriger vers la salle avec assurance et fierté.
Les élèves s'installaient à leurs tables quand le Maître des Potions entra et referma brusquement la porte derrière lui. Quelques Gryffindors lui lancèrent un regard chargé de colère, Harry en premier.
– Autant commencer par le plus agréable... marmonna le Professeur au cynisme glacial. Du moins, pour moi... Je pense que certaines personnes ici ne partageront pas ce plaisir.
Le visage fermé, il prit les parchemins des élèves et les distribua un par un, ne manquant jamais de grogner des remarques cinglantes dès qu'il en avait l'occasion --- à peu près tout le temps. Il passa près de Ron et lui déposa la copie agrémentée d'un « P » rouge vif.
– Par générosité... siffla Snape en soutenant le regard ahuri du jeune Weasley.
Le rouquin préféra garder le silence alors qu'il déchiffrait le commentaire à côté de la note ; « Vous ne valez même pas l'encre de cette appréciation ». À côté de lui, Hermione ouvrait des yeux ronds, stupéfaite de voir un « E » orner son parchemin. Un long moment, elle s'assura de ne pas se tromper de note et vérifia lettre par lettre s'il s'agissait bien de son patronyme en tête de copie. Bien vite, Harry réagit pareillement alors qu'il étudiait le « A » dans la marge.
Légèrement en retrait par rapport à ses camarades de maison, Cho observait les Gryffindors installés sur l'autre rangée de tables. Comme il l'avait prédit, Neville avait échappé de peu au malaise et ses joues prenaient d'ores et déjà une jolie teinte prune. L'Asiatique se permit un sourire presque attendri. Après tout, ce pauvre élève trop souvent dénigré avait bien besoin de d'être complimenté dès le début de cette dernière année.
La silhouette noire de Severus aux côtés de Cho coupa court ses rêveries, et la copie blanche tomba telle une masse de plomb sur son pupitre. Tristement, il contempla la remarque griffonnée.
– Dites-moi, Mademoiselle Chang, c'est vous qui aviez tendance à sécher les cours l'année dernière, n'est-ce pas ? D'après mes souvenirs, vous préfériez aller à la Tête de Sanglier boire des pintes de Bièraubeurre en compagnie d'amis douteux, certains ont même cru vous voir fumer plusieurs fois de l'Herbarêve et cette année vous revenez à Hogwarts... (Snape se pencha vers lui d'un air menaçant, les mains posées sur la table :) Avez-vous ne serait-ce qu'une parcelle de projet pour votre avenir professionnel ?
– Maître des Potions ? s'enquit Cho d'un ton audacieux, son regard hautain bravant effrontément le Directeur des Slytherins.
Un silence insoutenable s'instaura dans la salle. Harry et ses amis, comme tout le monde dans la classe, écoutaient attentivement l'échange entre le Professeur et l'élève. Ils étaient tous mal à l'aise et même les Slytherins craignaient la réaction de leur Directeur. Mais celui-ci se contenta de se pencher un peu plus, un rictus mauvais aux lèvres et le regard avide comme s'il avait attendu cette riposte depuis des années :
– Vous resterez ici après le cours, Mademoiselle Chang.
Harry perçut immédiatement l'insistance anormale sur le titre de « mademoiselle ». Discrètement, il leva son regard par-dessus l'épaule pour scruter Cho. Heureusement, les élèves ne pouvaient comprendre la subtilité, mais il se demandait craintivement si Snape était au courant à propos du secret du travesti. Et si cet homme sinistre était toujours de mèche avec Voldemort ? Cho serait alors en danger... au même titre que Harry.
– Si vous avez un quelconque problème avec moi, je vous prierai de bien vouloir le régler en privé, Professeur Snape, répliqua enfin Cho en retournant le même sourire mesquin.
Bien dit ! s'exclama intérieurement le Gryffindor.
Le Ravenclaw avait eu la brillante idée de jouer le même jeu d'accentuation que le Professeur. Bien sûr, cette insolence avait valu une vingtaine de points en moins pour sa Maison, mais il estimait que son honneur était sauf aux yeux de la classe entière. Mieux encore, les autres élèves qui honoraient l'Aigle sur leur blason ne semblaient pas lui en vouloir pour cet excès de colère parfaitement justifié. Une fois Severus parti pour reprendre sa distribution des copies, la sœur de Parvati Patil se pencha vers Cho et lui glissa :
– Quel cran !
Embarrassé d'avoir attiré l'attention sur lui, Cho entortilla maladroitement une mèche de ses cheveux noirs et baissa la tête. Il s'en voulait d'avoir été si vif envers Snape. Secrètement, il admirait beaucoup cet homme mûr qui portait quotidiennement son lot de souffrance sans jamais s'en plaindre. D'ailleurs, le Maîtres des Potions s'était certainement rendu compte de cette fascination qu'il suscitait...
Cho commençait à soupçonner Snape de l'avoir fait sortir de ses gonds dans l'unique but de le garder après le cours et lui parler ; l'homme était assez stratège pour élaborer ce genre de plan... et par la suite, cela pourrait peut-être expliquer pourquoi l'ancien Mangemort l'avait si longuement fixé depuis les jardins de la cour, l'avant-veille.
Qu'est-ce que tu me veux, Severus ? se demandait Cho en observant le Professeur avec curiosité et appréhension.
L'homme entamait la correction orale de l'interrogation surprise. Préférant ne plus attirer l'attention, le Chinois retranscrivit scrupuleusement les réponses à l'encre rouge sur un parchemin. Il savait qu'il était temps pour lui de se mettre à l'étude des potions, car cela lui serait peut-être utile plus tard. On sous-estimait trop souvent la puissance de certains élixirs. D'ailleurs, les élèves de Hogwarts semblaient méconnaître la force destructrice que le Professeur Snape pouvait posséder à tout moment.
Les Slytherins avaient perdu leur bonne humeur. La notation avait été impartiale, ce qui n'était pas dans l'habitude de leur Directeur de Maison. Aussi venaient-ils de constater de façon plutôt abrupte l'ampleur de leur ignorance pour cette matière qu'ils adoraient autrefois. Jolie revanche pour les autres Maisons. Ils ne voulaient pas le montrer, mais les Gryffindors jubilaient. On pouvait presque leur deviner une aura rayonnante, et Cho ne pouvait s'empêcher de garder le sourire. Même si l'angoisse lui tenaillait le ventre à l'idée de se confronter à Severus Snape, il éprouvait un sentiment de réconfort à voir Harry et ses amis retrouver de l'intérêt pour ce cours.
Les minutes se succédaient, égales à elles-mêmes, et bientôt le Maître des Potions signala le terme de la leçon. Tous rangèrent leurs affaires, prenant leur temps comme pour espérer entendre le début du règlement de compte entre le Ravenclaw et leur enseignant. Mais dans un accord tacite, Snape et Chang attendaient que tous quittent la salle. L'ancien Mangemort s'occupait en rangeant quelques ingrédients et des fioles au liquide douteux. Le Chinois demeurait assis sur sa table, le regard fixé sur cet homme maniaque.
Les élèves se firent une raison et reprirent un rythme normal pour sortir de ce cours. Au moins, ils profiteraient de leur récréation à faire courir quelques rumeurs sur cet événement.
En passant, certains élèves soutenaient Cho. Un peu à la traîne, Harry, Ron et Hermione l'encouragèrent à leur tour. Visiblement, ils étaient peinés pour lui, mais ce dernier leur retourna un sourire plein d'assurance. La porte se referma derrière eux, laissant enfin seuls le Maître des Potions et son élève.
Cho prit son courage à deux mains. Malgré cette peur au ventre, il se leva, s'avança vers le Professeur et s'arrêta à deux mètres de son bureau. L'homme s'assit sur son fauteuil et lui glissa un regard sombre.
– Alors, Severus, que vous arrive-t-il ? demanda le travesti en s'accoudant de l'autre côté de la table en bois massif.
Snape ne put retenir une grimace alors que cet adolescent l'appelait par son prénom. Même s'ils ne s'étaient jamais adressés la parole, ils étaient malheureusement trop intimes pour qu'un jeune homme aussi arrogant que Cho le gratifie du titre de « Monsieur » ou de « Professeur ».
Hématites contre hématites, ils s'étudièrent silencieusement. Enfin, le Maître des Potions croisa les doigts et répliqua :
– Ne te montre pas trop familier...
Cho frémit en constatant que l'homme parlait de lui au masculin. Il redressa fièrement le visage en réprimant un tremblement de colère, dévisageant farouchement son interlocuteur. Finalement, il détourna la tête d'un mouvement dédaigneux et marmonna :
– J'aimerais que vous soyez plus discret... Je n'ai pas envie de prendre de risque inutile, alors parlez de moi au féminin.
Severus se cala confortablement dans son fauteuil et l'observa, une lueur amusée éclairant son faciès.
– Crois-tu être en situation de me parler à l'impératif ? murmura-t-il d'un ton doucereux. Je sais énormément de choses à ton sujet. Je pourrais profiter de cet avantage, tu ne crois pas ?
– Vous êtes réduit au silence, Severus !
Les yeux de l'ancien Mangemort étaient réduits à deux minces fentes qui fusillaient littéralement le jeune homme. Il se garda bien de répondre à la fureur contrôlée de l'élève et ne se contenta que d'un grognement :
– Je ne te laisserai pas tranquille, Cho. Tu as toujours eu un niveau nettement supérieur à celui que tu as bien voulu nous montrer...
Malheureusement, il n'avait pas tort. L'intéressé croisa les bras sur son torse et son visage mima une moue boudeuse. Vaincu, il chuchota avec une certaine mesquinerie dans la voix :
– Sauf en Potions...
– En effet, et ce n'est rien de le dire ! grimaça Snape d'une voix cassante. Mais tu ne me tromperas pas comme tu as su tromper les autres. Ton doublement est peut-être passé inaperçu aux yeux des Professeurs, mais en ce qui me concerne, j'ai vu clair dans ton jeu.
Cho soupira impatiemment et s'en alla examiner les petits bocaux sur une étagère, tapotant le verre qui contenait un vipéreau dans un étrange liquide verdâtre. Il se hissa sur la pointe des pieds, cherchant à fixer ses pupilles dans les yeux de l'animal conservé. Fasciné par le reptile, il continua un moment son petit manège sans se soucier de la présence de son interlocuteur. Pourtant, il sentait dans son dos le regard intense de son Professeur stoïque, mais ce détail lui importait peu. Il savait que même s'ils n'entretenaient pas de bons termes, il ne risquait rien de grave en la compagnie de l'ancien Mangemort.
Snape réprima un soupir agacé. Cho agissait toujours ainsi quand une discussion ne tournait pas à son avantage.
– Que comptes-tu faire, Cho ? demanda-t-il enfin d'une voix terriblement calme. Que cherches-tu avec ce Potter ? As-tu l'intention de doubler à nouveau si lui-même venait à rater ses ASPICs ?
– Mes desseins ne vous regardent pas, Severus...
– N'oublie pas, je suis un adepte du chantage... murmura sombrement le Maître des Potions.
Cho se tourna brusquement vers l'adulte. Le sourire radieux qui étirait doucement ses lèvres enleva à Snape un reniflement méprisant. Ce jeune garçon était bien trop lunatique à son goût, par conséquent trop imprévisible et trop difficile à cerner ; il lui suffisait d'une fraction de seconde pour passer d'un extrême à l'autre.
Même si l'homme n'appréciait guère ce garçon efféminé aussi variable que le vent, il ne pouvait renier le sentiment de fascination qu'il éprouvait à l'égard de Cho. Cela n'avait rien de physique, malgré la beauté naturelle de cet adolescent ; ce que Severus lui admirait, c'était son intelligence. Cho était pétri de capacités et de qualités brillantes que peu de personnes pouvaient prétendre posséder. Il était parfaitement conscient de cette supériorité, mais il avait toujours rappelé avec une certaine sagesse que cette aisance ne le dispensait pas de faiblesses, tout comme n'importe quel humain. Modestie sincère... mais ce qui attirait d'autant plus le Maître des Potions, et qui parallèlement était le point fort incontestable de Cho, c'était son sens de la répartie. Cette vélocité d'esprit était suffocante. Severus en avait plusieurs fois entendu parler ; ce garçon face à lui était bien différent du personnage de l'adolescente capricieuse et stupide qu'il incarnait à Hogwarts.
– Dites-moi, Severus , s'exclama soudain Cho. Vous croyez-vous infaillible au point de pouvoir faire du chantage avec moi ?
L'ancien Mangemort préféra retenir un grognement de mauvaise humeur. Il joua la carte de l'impassibilité et haussa un sourcil circonspect.
– Et toi, te crois-tu capable de faire du chantage avec moi ? demanda-t-il évasivement. On ne peut faire de chantage que lorsque l'on a connaissance des failles de son adversaire, n'est-ce pas, Cho ?
Le jeune homme lui renvoya un sourire malveillant, ses prunelles brillant d'excitation. Snape se figea et fouilla nerveusement ce regard démoniaque, cherchant à deviner s'il s'agissait là d'un coup de bluff ou de la vérité.
– Harry Potter... lâcha soudain Cho avec un sourire triomphant.
Severus crispa ses doigts sur les accoudoirs de son fauteuil.
– N'est-ce pas là votre talon d'Achille, Professeur ?
– Quoi ! gronda l'homme avec une fureur mal contenue.
Vous l'aimez ! hurla Cho pour couvrir la voix de l'homme.
Calmement, l'ancien Mangemort se leva et contourna la table de bois massif. Malgré un mouvement de recul, l'élève ne se démonta pas et reprit de plus belle :
– Vous avez toujours prétendu le contraire, pourtant vous avez protégé Harry chaque fois qu'il était en danger. (Cho recula une nouvelle fois et se posta de l'autre côté du bureau pour se préserver du courroux du Professeur :) Vous vous en êtes rendu compte quand il était en cinquième année, quand il commençait à devenir un homme ! Sa réaction quand il vous a reproché de ne pas avoir appelé l'Ordre assez vite pour sauver Sirius Black... sa rancune injustifiée vous a meurtri, mais elle vous a surtout permis de vous rendre compte que cet ennemi que vous haïssiez était en fait un être cher à vos yeux ! Vous cherchez à nier ou à contester cette évidence... Vous vous refusez ces sentiments envers un collégien, envers la progéniture d'un ennemi du passé. Ainsi vous avez vu clair dans mon jeu, mais j'ai vu clair dans le vôtre, Severus !
Adossé contre la vitrine d'un placard, le jeune homme sentait les battements de son cœur s'accélérer. Il était à bout de souffle, comme s'il revenait d'une course d'endurance. La main de Snape claqua violemment le verre à quelques centimètres de son visage et il tressaillit. Les iris du Directeur des Slytherins flamboyaient de rage. Cho rassembla alors son courage et affronta ce regard haineux et douloureux à la fois, avant de conclure lentement d'un ton impitoyable :
– Vous l'aimez comme vous avez aimé son père.
Le visage de Severus se décomposa à ces mots. Incapable d'articuler un mot, l'échine courbée comme un cheval se résignant au fouet de son maître, il baissa la tête et ne réprima plus les spasmes nerveux qui secouaient son corps.
Cho comprit qu'il valait mieux quitter la salle au plus vite. Le Maître des Potions n'attenterait plus rien contre lui, il n'avait aucune inquiétude à ce sujet. Simplement, cet homme détruit avait besoin de rester seul pour accuser le coup que l'on venait de lui assener par le simple pouvoir des mots.
L'Asiatique s'éclipsa sur le côté, empoignant au passage l'anse de son cartable en cuir et filant vers la sortie au pas de course. Il s'était montré dur... très dur. Beaucoup trop sans doute, et il n'était pas impossible que Severus vînt à le haïr à tout jamais. Après tout, la carapace de son intimité la plus profonde avait été percée. Mais paradoxalement, ces paroles douloureuses sauraient se montrer salvatrices pour le futur.
Abattre ainsi un Professeur était un acte cruel, surtout quand il s'agissait de celui que l'on estimait le plus. Mais Cho savait aussi qu'à briser la glace, il aidait énormément Severus.
Je déteste avoir ce mauvais rôle... gronda-t-il intérieurement, la gorge serrée par l'émoi alors qu'il repensait à l'expression défaite d'un Snape courbé devant lui.
Plongé dans ses pensées, il en oublia de regarder son chemin.
– Aïe ! couina-t-il en heurtant quelqu'un. (Il frotta une tempe douloureuse et leva les yeux :) Draco !
– Cho ? s'exclama le jeune Malfoy, étonné. Tu as déjà réussi à te dépêtrer de Snape ?
Mal à l'aise, Cho s'empourpra et hocha machinalement la tête. Derrière le jeune homme blond se tenaient Crabb et Goyle, le visage fermé et la mine décidément toujours inspirée...
Électroencéphalogramme plat... pensa le travesti avec un sourire intérieur.
– Laissez-moi tranquille, ordonna leur jeune chef les en fusillant du regard.
Ceux-ci obéirent et bien vite, ils disparurent au détour d'un couloir. Le Slytherin soupira avec mépris et répliqua :
– Ces types sont des imbéciles... Parfois, je me demande ce que je fais avec eux...
– Tu les manipules à ton avantage, tout simplement, expliqua le petit Chinois avec un sourire.
S'apercevant non sans surprise que le Ravenclaw n'était pas outré par cette vérité, Draco se permit un sourire. Alors Cho sentit son cœur bondir brusquement et il admira le visage clair du jeune homme. Jamais encore il n'avait vu un Malfoy sourire avec sincérité, sans moquerie ni dédain dans ses expressions. Une fois, il avait assisté de loin à un étrange conflit alors que Ron cherchait à envoyer un sortilège de Crache-limace. Sortilège qui s'était retourné contre lui. L'équipe de Quidditch des Slytherins était hilare, bien évidemment... Pourtant, même s'il s'agissait d'un rire mesquin, Cho avait trouvé Draco absolument séduisant. Et aujourd'hui, il lui adressait son premier sourire authentique.
Qu'il est beau... et ce pansement sur sa joue rehausse sa beauté...
Alors qu'ils vagabondaient tous deux dans les larges corridors en attendant la fin de la récréation, le Chinois fronça les sourcils.
Un pansement ? Mais quand... ? Oh Merlin ! C'est sans doute mon coup de bec...
– Tu t'es fait mal ? demanda-t-il d'un ton innocent en passant un doigt là où il l'avait piqué la veille.
– Mmh... un oiseau... marmonna Malfoy.
Soudain, sa main blanche saisit les doigts de son partenaire et les entrelaça aux siens. Son regard autoritaire ne laissait aucun choix... Et pour être honnête, l'Asiatique n'éprouvait point l'envie de contrer la volonté de Draco. Il avait toujours été sensible à son charme. Certes, la façon de faire était un peu abrupte, mais ce côté péremptoire était appréciable. Sans doute nourrissait-il des fantasmes masochistes, mais Cho ressentait toujours une excitation singulière à l'idée d'être séduit par un homme au caractère implacable. Le cœur aussi léger qu'une plume, il en oublia Severus, la douleur qu'il devait ressentir au même moment... Pour un instant de bonheur égoïste, il occulta tout ce qui faisait ombre à sa bonne humeur et se contenta de savourer l'étreinte de la main de Draco autour de la sienne.
Le jeune homme blond entra dans un couloir étroit et sombre. Observant attentivement le lieu, il s'assura que personne ne les dérangerait. Ses appréhensions envolées, il poussa délicatement Cho contre le mur et se pencha vers son visage. Le Chinois eut un vague mouvement de panique et se recula le plus possible dans l'angle des parois pierreuses. Mais l'instinct se fit plus fort... Les lèvres du Slytherin se refermèrent sur les siennes pour les emprisonner, les posséder. Cho ferma les yeux, oubliant toute idée de résistance, et ses bras enlacèrent timidement la nuque de Malfoy alors qu'il s'abandonnait totalement à cette étreinte.

§§§

– Ron, arrête de trembler... Neville, ressaisis-toi bon sang ! Harry, dis quelque chose...
Hermione désespérait. Manifestement, les notes du Professeur Snape avaient produit un certain choc auprès des élèves. Longbottom avait frôlé le malaise à la vue de son « A ». Ron contemplait tristement son « P » et frémissait de peur à l'idée d'être moins doué que le plus maladroit des Gryffindors. Harry, de son côté, gardait le silence en observant sa note... Il était dans le même cas que Neville ; jamais il n'avait obtenu de note supérieure à « D ». Plus que tout, ces changements de comportement chez le Maître des Potions l'intriguaient. Il aurait aimé comprendre les nouveaux motifs du Directeur des Slytherins. Mais poser une question aussi délicate avec sa gaucherie naturelle n'aurait pour conséquence que de froisser le Professeur, et donc le pousser à reprendre ses habituelles humiliations publiques.
– C'est quand même bizarre... murmura-t-il enfin. Il passe d'un extrême à l'autre... Je ne comprends pas. Malfoy n'a pas eu de « O » ni de « E » pour une fois. C'est comme si... (Il hésita un instant, comme s'il craignait dire une bêtise :) C'est comme s'il se montrait impartial...
– Tu trouves, toi ? marmonna Ron d'un ton amer.
– La consigne était « Répertoriez selon leurs propriétés magiques les ingrédients naturels de la Forêt Interdite essentiels à la préparation de Potions de second cycle », coupa Hermione, agacée. Ce n'était pas une dissertation sur la protection des palmiers d'Égypte !
– Tu exagères ! s'offusqua le jeune Weasley. Je n'ai pas vraiment écrit ça.
– Tu étais hors sujet, alors estimes-toi heureux de ne pas avoir eu un « D » !
Le rouquin s'empourpra et préféra s'avachir sur la table de la bibliothèque pour marmonner sa mauvaise humeur.
– Mais Harry a raison de se poser des questions. Il faudrait en parler au Professeur Snape.
– Oh oui ! grinça Ron d'un ton narquois. Tu nous vois arriver devant lui ? « Bonjour Professeur ! Dites, pourquoi êtes-vous supportable maintenant ? »
Hermione leva les yeux au ciel, mais dans le fond, son ami avait raison. Tenter un dialogue avec le Maître des Potions ne leur attirerait que des ennuis. Pourtant, la curiosité des Gryffindors, et sans doute celle des autres Maisons, avait été exacerbée par la remise de ces notes satisfaisantes dans l'ensemble.
– Il faudra se faire oublier, profiter de ce nouveau début, rattraper notre retard en Potion et faire gagner le plus de points possibles à Gryffindor ! déclara la jeune fille en ramassant son parchemin. Pas la peine d'en faire trop non plus. Et puis McGonagall sera heureuse de voir que ses élèves font de réels efforts aux cours du Professeur Snape.
Elle roula soigneusement sa copie et la fourra dans son cartable. Un signe de tête à l'intention des trois garçons et elle s'en alla à son cours d'arithmancie. Harry passa une main sur son « A » et relut l'appréciation à côté : « Soyez plus rigoureux ». Après avoir lu les commentaires sur les copies de certains autres élèves, le jeune homme était presque déçu que Snape ne se soit pas montré plus cynique dans ses propos. Après tout, les élèves avaient pu remarquer dans les appréciations que l'homme ne manquait pas d'humour.
Mouais, il reste quand même très froid avec moi, en comparaison avec les autres... pensa le Gryffindor avec une certaine amertume.
De toute façon, pouvait-il s'attendre à mieux avec ce Professeur ingrat ? Certainement pas. Le Directeur des Slytherins se contentait de se montrer impartial, mais il restait tout de même très austère envers les collégiens. Malgré ce changement considérable, Harry considérait qu'il y avait du favoritisme. Lui aussi aurait souhaité qu'on lui accorde une remarque ironique ! Pourquoi l'humour avait-il été accordé aux autres ? Pourquoi pas à lui, Harry ? Parce qu'il descendait des Potter, il n'était pas l'égal des autres Gryffindors aux yeux de Snape ?
Les pensées de Harry le firent frémir. Ses yeux fixés sur la copie s'agrandirent d'horreur. Après tout, pourquoi vouloir être sujet à l'humour de l'ancien Mangemort ? Tant mieux si ce dernier avait choisi de l'ignorer, c'était beaucoup mieux ainsi ! De toute façon, ils n'avaient absolument rien en commun, aucun terrain d'entente...
Je ne tourne pas rond... Envier les autres d'avoir eu ce genre de phrase ? C'était plus cinglant que drôle après tout. Il faut être stupide pour y voir de l'humour... et si c'est en effet de l'humour, il est très mal placé !
Sa main se crispa sur son parchemin. Il n'avait pas envie de ressembler à ses camarades, il n'avait pas non plus l'intention de connaître ce traitement de faveur ! Il était bien au-dessus de ça. Il venait même à se demander comment il avait pu jalouser ses amis pour des appréciations aussi stupides !
Harry fourra le devoir dans son sac d'un geste impatient. S'excusant auprès de Ron et Neville, il quitta la bibliothèque et s'en alla vers la cabane de Hagrid pour passer le temps. Après tout, il ne reprenait les cours que dans une heure. Sur le chemin, il repensa à Cho. S'en était-il sorti avec Snape ? Il fallait espérer que le Ravenclaw saurait se préserver et ne jamais laisser quelqu'un d'autre découvrir son identité. Harry culpabilisait un peu de l'avoir poussé vers les Licornes, au risque de se dévoiler son secret le plus intime...
Il m'a dit qu'il était vierge. Bizarre pour un garçon de son genre... et pour un travesti. Mais d'un côté, ça pourrait expliquer pourquoi les yearlings l'ont accepté...
Songeur, il s'était arrêté devant les marches de la cabane et avait machinalement frappé la porte. Il sursauta presque quand le semi-Géant lui ouvrit et leva un regard perdu vers celui qui avait été son tout premier allié à Hogwarts.
J'irai voir Cho ce soir...
Satisfait de cette décision, il retrouva enfin le sourire et ses yeux pétillèrent. Cette expression rassura Hagrid. La mine un peu trop sérieuse qu'avait arboré le jeune garçon l'avait inquiété un court instant.
– Heureux de te voir Harry ! Nous n'avons pas pu nous parler le soir de la rentrée... Entre, je t'en prie, j'ai quelque chose à te montrer.
Le jeune homme obéit et entra dans la cabane de pierres et de bois. Il passa une main affectueuse sur la tête de Fang. Le chien aux lourdes babines leva un regard qui se voulait sûrement doux, mais ses yeux tombants lui donnaient plus un air larmoyant et profondément pathétique.
– On dirait que tu lui as manqué ! s'exclama Hagrid avec un sourire derrière son opulente barbe. Alors, quoi de neuf ? L'emploi du temps n'est pas trop chargé ?
– Si, un peu... admit Harry en se redressant. Aujourd'hui ça va, j'ai une petite heure pour souffler avant de reprendre avec Flitwick.
Il se garda bien de rappeler à son ami géant son comportement envers Cho durant le cours de Soins aux Créatures Magiques. Il se sentait tellement méprisable qu'il ne laissa pas le temps à Hagrid de placer un mot.
– Ah si ! Il y a quelque chose qui a vraiment changé ! C'est la réaction de Snape... Il est plus vivable maintenant ! Il ne nous a toujours pas retiré de points depuis la rentrée, il a été impartial dans la notation des copies... (Il ne put retenir un reniflement méprisant :) On lui découvre même un certain humour, grinça-t-il d'un ton sarcastique en grimaçant presque de dégoût.
Le Géant se permit un petit rire et il secoua doucement la tête. Tous avaient remarqué le changement de Severus, et cela n'était pas pour déplaire dans la majorité des cas. McGonagall avait même été ravie de remarquer le Directeur de la Maison adverse montrer enfin un peu de fair-play dans son rôle d'enseignant...
– Mmh, je ne suis pas convaincu que ce changement tiendra, finit Harry pour lui-même.

§§§

Cho s'était installé dans sa nouvelle chambre depuis la veille. Il n'avait pas eu de réponse avec la pie qu'il avait envoyée, et il nourrissait quelques angoisses à l'idée que l'on ait pu intercepter les messages. Heureusement, il s'était toujours arrangé pour que le corps de ses lettres soit neutre et qu'il n'y ait aucune signature. On n'était jamais trop prudent...
Le deuxième soir, étendu sur son lit, il se remémorait les cours et les anecdotes de sa journée. Pas très intéressant. Il n'avait pas revu Draco depuis la veille... Et heureusement pour les élèves de septième année, ils n'avaient plus cours de Potions avant la semaine suivante.
Une douce paresse l'engourdit quand le souvenir de Malfoy l'embrassant dans les couloirs refit surface. Un sourire tendre recourba ses commissures et il ferma les yeux. Il se mordilla doucement les lèvres pour se remémorer les sensations que Draco avait diffusées dans son corps la veille. Contre toute attente au vu de sa bienséance, il s'était permis de suçoter la lèvre inférieure de Cho... ce genre de succion incroyablement excitante qui avait provoqué un frisson de désir le long de leurs colonnes vertébrales.
Jamais personne n'avait osé embrasser Cho de cette façon. Très peu de personnes l'avaient embrassé par ailleurs... Cedric Diggory avait toujours été très doux dans ses baisers. Très conventionnel, mais d'une tendresse infinie dans ses gestes. Et hormis Cedric... il n'y avait eu que Harry.
Rien à voir avec la sensualité de Draco, son autorité, son assurance...
Tac-tac-tac !
Le travesti sursauta, cruellement arraché à ses rêveries, et jeta un regard affolé à la fenêtre. Quand il reconnut la silhouette de deux pies, il leva les yeux au ciel et soupira, rassuré et quelque peu accablé d'avoir été dérangé.
Tac-tac-tac !
Les oiseaux semblaient s'impatienter. Le jeune homme se leva et s'en alla ouvrir la fenêtre. Les pies s'engouffrèrent dans cette nouvelle chambre et se posèrent sur le lit, un paquet entre leurs pattes écailleuses. Vu la taille du colis, deux corvidés n'avaient pas été trop pour l'apporter jusque ici. Une fois débarrassés des ficelles nouées à leurs pattes écailleuses, les deux oiseaux s'enfuirent sans demander leur reste en un battement d'aile agacé. Sans doute avaient-ils eu ordre de ne pas s'attarder sur les terres de Hogwarts.
Curieux, Cho déchira le papier kraft. Il fronça un instant les sourcils, puis un petit rire secoua ses épaules. Délicatement, il serra contre son cœur les draps de soie qu'on venait de lui offrir... La jolie couleur bordeaux l'avait aussitôt charmé. Tel un enfant à la recherche de tendresse, il enfouit un instant son visage empreint de bonheur dans la douceur du tissu précieux.
Il s'empara de sa baguette et retira aussitôt les draps de coton pour installer à la place les nouvelles étoffes. Avec un plaisir évident, il se coucha sur le lit et se recroquevilla, appréciant le toucher si particulier que la soie lui procurait.
Alors que ses pensées dérivaient une fois de plus vers Draco et que Cho étreignait son nouvel oreiller si doux...
Toc-toc-toc !
Il marmonna un chapelet de jurons dans sa langue natale et sauta du lit. D'une foulée impatiente, il se dirigea vers la porte et s'arrêta une fois la main posée sur la poignée. Il inspira profondément pour retrouver son calme et enfin, il ouvrit la porte.
Personne...
Un coup de vent passa près de lui et il referma aussitôt l'issue.
– Harry ! s'écria-t-il avec surprise.
L'interpellé retira sa cape d'invisibilité. Il la plia sur la chaise à côté du bureau et déposa la Carte des Maraudeurs. Avec un sourire maladroit, il se massa la nuque et salua son hôte. Face à ce visage penaud, Cho oublia aussitôt sa colère et s'exclama avec une joie mal contenue :
– Mais qu'est-ce que tu fais ici ?
Harry s'empourpra à ces mots. À vrai dire, il n'avait eu aucune motivation précise pour venir jusqu'à la nouvelle chambre de Cho. Il haussa les épaules et se dirigea vers la fenêtre sans savoir que répondre.
– Jolie vue...
Il observa la pièce tout autour de lui et sourit :
– C'est génial que tu aies pu avoir ta chambre individuelle. J'avais peur de devoir aller dans la chambre commune des filles de Ravenclaw... (Son visage se ferma en une expression anxieuse :) En fait, je voulais te parler en tête à tête.
Cho l'invita à s'asseoir sur le lit et son ami s'arrêta à la vue des draps de soie, manifestement surpris. L'Asiatique ne cacha pas sa fierté et expliqua évasivement qu'il s'agissait d'un présent. Alors Harry se plaça sur le matelas et appuya ses coudes sur ses genoux, le dos courbé et la tête basse. Il sentait ses mains trembler et, mine de rien, il les joignit pour cacher sa nervosité.
– De quoi voulais-tu parler ? demanda Cho, non sans inquiétude.
Le jeune homme brun garda le silence un moment. Il ne savait plus vraiment où il en était. Quelques minutes auparavant, il s'était parfaitement remémoré les questions qu'il aurait à poser. À présent, il avait tout oublié tant il se sentait angoissé. Il se retrouvait sans repère, ridicule à souhait et sans doute ennuyeux au possible. Plongé dans des pensées de plus en plus sombres, il tressaillit à la sensation d'une main sur sa cuisse. Il fixa les doigts de l'éphèbe sur sa jambe et leva un regard effrayé. Ce dernier cessa tout contact et sourit simplement.
– Tu peux parler à cœur ouvert, Harry... Tant que tu ne poses pas de questions sur ce que je suis, je n'ai aucun tabou.
Harry hocha la tête, la gorge serrée. Il chercha à rassembler ses esprits et demanda enfin :
– Au fait, je n'ai pas eu le temps de te le demander. Comment ça s'est passé avec Snape ?
Cho fit la moue et haussa les épaules. Que pouvait-il dire de vrai ? Pas grand-chose... Il ne pouvait pas lui avouer que Severus était une vieille connaissance.
– Nous avons eu une longue discussion, et je m'en suis sorti sans trop de problème. Je n'ai pas eu de lignes à faire, ni d'heures de sanction... C'est une chance, connaissant Snape.
Il avait horreur de mentir. Il trompait déjà le monde entier en prenant une identité pour le couvrir, aussi cherchait-il à rester le plus honnête possible avec les autres.
Un nouveau silence s'installa, et bientôt, la mystérieuse appréhension de Harry déteignit sur le moral de Cho. Il se surprenait à éprouver un mal-être, comme s'il se sentait coupable d'un crime qu'il n'avait pas commis. Un sentiment étrange, presque malsain...
Ça va pas dans ma tête... je ne tourne pas rond...
– Cho...
Ce fut au tour du Chinois de sursauter. Agité, les nerfs à fleur de peau, il se tortilla nerveusement sur le lit et prêta une oreille attentive à la voix de son ami.
– Dis-moi... comment as-tu fait pendant toutes ces années ? À faire semblant... comment as-tu pu garder un lourd secret aussi longtemps ?
Cho laissa ses yeux se perdre dans le vague et il sourit tristement. Lui-même s'était demandé autrefois comment il était parvenu à berner son entourage de cette façon. Tout simplement parce qu'il était très minutieux et très précautionneux quant au réalisme du personnage de « Cho Chang ». Depuis sept longues années, il avait passé ses journées entières à vivre sous ce nom, à modeler petit à petit le caractère d'un personnage fictif, au point de regretter parfois cette couverture bien plus complexe qu'un simple rôle théâtral. Il n'avait jamais l'occasion d'être lui-même. Sauf peut-être durant les grandes vacances, quand il retournait chez son tuteur.
– Déjà, je suis aidé par mon physique... souffla-t-il en jetant un regard critique à son corps efféminé.
Même lorsqu'il était seul, il cachait ses formes douces et rondes sous de longs vêtements amples dès qu'il en avait l'occasion. Il ne pouvait cracher sur ce corps, il ne pouvait maudire la Fortune d'avoir été si généreuse avec lui. Après tout, il possédait ce genre de beauté asexuée qui attirait les regards des hommes et des femmes sans distinction. Tout était harmonie dans sa démarche, dans ses gestes, dans ses sourires et ses clins d'œil. Perfection, aurait dit le commun des mortels.
Mais Cho savait que la perfection n'existait pas dans le monde organique, auquel cas elle serait froide et insipide. Non... il n'était pas parfait, et il n'avait jamais eu cette prétention de le croire malgré les compliments incessants. Il détenait simplement cette beauté presque parfaite, adoucie et rehaussé par un millier de charmes.
– Raconte-moi, Cho...
Le petit Chinois leva le regard vers Harry. Ce dernier l'étudiait du regard, comme pour chercher à percer les mystères de cette mascarade.
– Raconte-moi tes années à Hogwarts...
Cho acquiesça et se laissa tomber en arrière pour s'affaler sur le matelas. Pensif, il se perdait dans la contemplation du plafond sans se rendre compte du bien-être que son dos éprouvait à la sensation du lit drapé de soie. Il fit une petite moue et murmura rêveusement :
– Déjà, il avait fallu que je me crée une identité, et que je me façonne un passé, une famille, une histoire, tout cela en restant crédible. J'ai réussi à me faire connaître petit à petit sur les terres d'Angleterre. Assez en tout cas pour recevoir ma lettre d'inscription à Hogwarts. (Un petit rire le secoua et il ajouta :) Tu aurais dû me voir, j'étais tout excité à l'idée d'être admis !
Il replongea dans ses souvenirs de première année, la gorge serrée par l'émotion quand il se remémora l'instant où il avait dépassé les portes du Manoir de Hogwarts. Il passa distraitement une main sur ses yeux humides et continua d'un ton égal :
– Pour les deux premières années, ce n'était pas difficile. Les filles n'avaient pas de poitrine à l'âge de dix ou douze ans, donc je restais tel quel. La seule petite difficulté était de prendre l'habitude de croiser les jambes comme elles... (Il se permit un second rire devant la mine surprise du Gryffindor et expliqua doucement :) Les filles ont un réflexe physique qui fait que croiser les jambes leur est pratiquement inné. Mais pour un garçon, même un travesti comme moi, ça fait mal. Tu devineras aisément pourquoi...
Harry s'empourpra et hocha vivement la tête, portant sa main sur son entrejambe comme s'il craignait sentir une douleur de ce genre.
– J'ai réussi à m'y faire au bout de quelques mois, rassura Cho en prenant une mimique coquine. Bon, arrivée la troisième année, il a fallu changer certaines choses. Je devais entre autre simuler la poitrine... ça, je t'ai déjà expliqué comment je devais procéder.
– Oui... donc ça va, ce n'est pas si compliqué en fin de compte ? fit remarquer le jeune homme brun. Je veux dire, pour un imberbe comme toi...
Cho fit une petite grimace et secoua négativement la tête, s'attirant un haussement de sourcil étonné. Il se redressa et s'assit à la hauteur de son camarade, le regard toujours plongé dans le vide. Il laissa planer un petit silence, puis il reprit :
– Malheureusement, tout ce personnage que j'ai construit ne se résumait pas qu'à cela pour être crédible. Il faut avoir le réflexe de parler de soi au féminin, de jouer les coquettes, de prendre le rôle de la jeune fille un peu stupide qui rit pour un rien avec ses amies. Il faut aussi s'habituer à se diriger vers les toilettes des filles, les vestiaires des filles, s'habiller comme elles, bien sûr. Parfois aussi, tu dois te maquiller, acheter des parfums pour femmes...
Harry ouvrait des yeux ronds au fur et à mesure que la liste s'allongeait. Il commençait à deviner à présent combien Cho avait été méticuleux et stratège depuis son plus jeune âge ; il en était stupéfait. Il ressentait à présent pour ce « garçon-fille » un profond respect. Même s'il l'avait voulu, jamais il n'aurait été capable de tenir un tel rôle avec tant d'application.
– Et heureusement pour moi, je suis Asiatique, donc pratiquement imberbe... (Le Ravenclaw s'empourpra quand il remarqua le regard curieux de son ami et il s'étendit maladroitement sur le sujet :) En fait... je suis même complètement imberbe. Mon système pileux est l'incarnation même du néant. De ce fait, je n'ai rien sur les jambes, ni sous les aisselles, ni même sur le visage, contrairement à vous, les Européens. C'est pratique quand on se fait passer pour une fille... mais lorsqu'on prétend au fond de soi être un individu de sexe masculin... c'est parfois frustrant.
Il décida de changer rapidement de sujet pour calmer ses rougissements intempestifs et continua d'un air détaché :
– Pour passer inaperçu parmi la gent féminine, tu dois penser à parler de garçons tout le temps, car c'est le sujet de discussions préféré de beaucoup de filles... J'aurais aimé avoir de vraies amies. Des personnes mûres, qui ont autre chose en tête que ça. Quelqu'un comme ton amie Hermione, tu vois ? Sa soif de connaissance est pour moi source de fascination...
– C'est parfois agaçant... confia Harry avec un sourire résigné. Oui, je vois ce que tu veux dire.
Cho se contenta de hocher la tête silencieusement. Il rit doucement et leva les yeux au ciel :
– J'ai oublié le plus important ! Les périodes de règles. Pendant les vacances avant de rentrer en troisième année, je m'étais plongé dans l'étude de la menstruation. Il fallait avoir les cycles en tête, rester régulier, savoir que quelques jours avant ladite période, on devait se montrer un peu plus nerveux et susceptible, que quelques jours après, on devait être en grande forme et dans la phase réceptive de la femme.
Réceptive ? questionna craintivement le Survivant.
– Draguer, répondit le travesti en le fixant avec un sourire. Du moins vouloir plaire.
– Ah... euh... je vois... oui en effet, ça devait être... très difficile... balbutia Harry qui ne pouvait s'empêcher de rougir à ces propos.
Troublé, il évitait soigneusement de croiser les yeux de Cho. Deux hématites... deux perles noires, profondes, fascinantes... Il avait toujours aimé les regards sombres, à la fois énigmatiques et ensorcelants. Plus que le sourire pourtant charmant du Chinois, c'était ces prunelles d'encre qui avaient charmé son cœur d'adolescent. Il se souvenait encore du frisson qu'il avait ressenti la première fois que Cho avait posé son regard sur lui. À ce moment-là, il avait senti son cœur faire un bond et ses intestins se nouer... Cette émotion était toujours présente, et jamais il n'oublierait sa première sensation de chaleur et de désir, née d'un simple coup d'œil.
– Et... euh... tu faisais comment pour imiter les règles ? demanda-t-il machinalement.
Cho se mordit la lèvre inférieure et observa son ami avec malice.
– Es-tu sûr de vouloir le savoir ?
Harry secoua négativement la tête. Après mûre réflexion, il valait mieux ne pas chercher à connaître toutes ces astuces. Il en avait assez entendu pour ce soir de ce côté. À présent, il avait d'autres questions en tête... Moins importantes sans doute, mais plus obsédantes à ses yeux.
– Et... ça ne te dérange pas de... de sortir avec des garçons alors que tu en es un ?
Harry ! souffla le Ravenclaw en détournant la tête, les pommettes rosies par l'embarras. Cela ne me dérange pas puisque je suis... je suis homosexuel.
Ne s'attendant pas à parler de sexualité, le Gryffindor s'empourpra. Cependant, à chaque fois qu'il en découvrait un peu plus sur Cho, il sentait son esprit se vider de ses pensées les plus sinistres. Profitant de la tournure de leur discussion, il se permit des questions plus intimes.
– Avant Cédric... tu avais déjà embrassé quelqu'un ?
Cho secoua négativement la tête, se murant dans le silence pour ne pas parler de ce garçon. Cette disparition avait été une douleur, mais son fatalisme le laissait penser qu'il s'agissait là d'un caprice de la Fortune. En adoptant cette vision des choses, la mort du jeune Diggory était plus facile à supporter.
Harry se grattait pensivement la gorge. Il paraissait affreusement gêné. Cho posa une main sur la sienne pour l'encourager et le jeune homme brun apprécia la chaleur qui se diffusait dans son corps. Dans un regain de courage, il demanda :
– Et... notre baiser... quelle a été ton impression ?
Cho comprenait l'anxiété que son ami pouvait ressentir. Les hommes avaient une forme d'orgueil qui les poussait à s'inquiéter à chaque chose qu'ils entreprenaient pour la première fois. Il sourit simplement et chuchota :
– Beaucoup de tendresse maladroite. Il faut dire que je t'avais pris au dépourvu, je m'en excuse. Inconsciemment, j'avais besoin de ton étreinte et de tes lèvres... (Il demeura silencieux quelques secondes avant de reprendre :) J'ai aimé cet instant entre toi et moi. Je n'avais jamais ressenti cette délicatesse un peu timide avant notre baiser. C'était émouvant.
Le jeune homme brun se sentait à la fois honteux et soulagé. Manifestement, Cho n'avait pas gardé un mauvais souvenir de leur étreinte, et cela le rassurait. Sans même se rendre compte de ses gestes, il prit le travesti à bras-le-corps et le fit basculer en arrière. Le nez enfoui dans son cou, il s'enivrait de ce parfum à la fois subtil et entêtant.
– Harry... murmura le garçon sous lui.
L'interpellé se redressa à la hauteur de son visage.
– Savais-tu qu'une personne à Hogwarts t'aime beaucoup ? Énormément, même...
Deux prunelles de jade scrutèrent Cho attentivement, comme pour lire à travers son regard insondable. Comprenant qu'il n'arracherait de renseignements qu'en posant des questions :
– Elle s'appelle comment ?
Il... rectifia le travesti d'une toute petite voix.
Ce n'était pas gagné.
– Quelqu'un que tu n'aimes pas trop d'ailleurs... que tu déteste même...
– Ce n'est pas Malfoy, j'espère...
– Vois plus vieux...
Les yeux de Harry s'agrandirent d'horreur. Pas très sûr de bien cerner le sous-entendu particulier de Cho, il l'étudia du regard, cherchant à lui soutirer une information qui mettrait fin à ses craintes. Non... La seule personne à Hogwarts plus âgée que Draco et qu'il détestait était sans aucun doute cet affreux Professeur aux cheveux graisseux et au nez crochu. Le simple fait de voir ce visage maigre et blafard se dessiner dans sa tête le fit frémir de dégoût.
Il se releva brusquement et, la Carte des Maraudeurs en main, il s'enveloppa de sa cape d'invisibilité pour retourner dans son dortoir. Profondément choqué, il quitta Cho sans un mot.

À suivre...


Moueh-héhé, je n'ai pas été aussi longue pour le chapitre 3 ! à vrai dire, la confrontation Severus-Cho et les aveux entre Harry et notre petit travesti me passionnaient ! Surtout les aveux en fait. La maladresse de deux adolescents qui tentent de se redécouvrir, je trouvais ça intéressant (oui bon... ça c'est perso, j'imagine... tout le monde n'y sera peut-être pas sensible !).
Avec ces deux passages, je ne voyais pas les heures défiler en écrivant... Par contre, le coup de Draco embrassant Cho n'était pas du tout prévu o.O ... une lubie, une envie soudaine, un désir irrépressible, un caprice ou un problème d'hormones de l'auteur... je ne sais pas comment ça s'appelle exactement, mais le fait est que ces deux-là se sont embrassés... Va falloir que j'arrange le coup pour les prochains chapitres, histoire de ne pas sortir du plan que mon petit cerveau délabré a charpenté si difficilement -.-" ... M'enfin bon, j'arriverai toujours à retomber sur mes pattes.
En espérant que vous ne m'en voudrez pas pour cette digression Draco/Cho, je vous fais de gros poutoux et vous souhaite une bonne journée/soirée :D !

Réponses aux reviews ci-dessous !
Bzu-bzu à tous !

Tanuki qui se retourne dans sa maison troglodyte.

Anonymous : ouh-ouh ! un fan anonyme ! ça excite mes neurones tout ça :-D en tout cas, merci pour ces éloges... (rougit derrière son écran et se trémousse sur sa chaise) pour ce qui est de l'originalité de l'histoire, je te remercie ! Pour tout t'avouer, j'avais très peur des réactions des gens par rapport au nouveau « Cho ». Mais pour l'instant, j'en suis heureuse, le petit connaît un léger succès ! Pour ce qui est du style d'écriture, je suis vraiment toute émue de lire ton compliment, ça me fait énormément plaisir ! J'attache énormément d'importance à la qualité d'écriture ! En tout cas, avec cette review, je me sens revigorée pour le chapitre suivant ! yeeeepieee ! allons-y XD !

pétrol kiwii : wouaaah je suis heureuse de te revoir toâ ! (je ne manquerai pas de rougir au joli titre que tu m'as attribuée ! lol, merci !) hihi ! j'aurais jamais pensé lire un jour la review d'une yaoiste disant qu'elle aime Cho de plus en plus ! Bon pour ce qui est de Harry, c'est clair qu'il est plutôt... « agaçant » je dirais. Mais il change petit à petit ! Imagine un adolescent en pleine crise qui apprend que son premier baiser a été échangé avec un garçon... hum ! ... en tout cas, t'inquiète pas pour ça, je continuerai cette fic :-D je ne sais pas encore combien de chapitres cela fera... advienne que pourra ! (sinon pour répondre à ton PS, je suis une yaoiste depuis l'âge de 6 ans... ça va donc bientôt faire 15 ans de « yaoisme » à mon actif ! fière de moi je suis, bientôt je pourrais fêter nos noces d'argent !)

Cholera : en effet, comme je l'ai dit à pétrol kiwii, j'ai fait de Harry un jeune garçon plutôt irritant pour ne pas dire autre chose ! Mais je n'aime pas les héros trop parfaits, je veux le rendre plus « humain », plus « réaliste ». S'il était parfait, la fic serait moins intéressante à mes yeux, et ce serait un peu morne... Sinon, j'avais oublié que le nom de famille de Wufei était « Chang » ! Bien vu, tu m'as rappelé ce détail ! Mais comme le laisse sous-entendre Cho dans le premier chapitre, « Cho Chang » n'est pas son véritable prénom. Simple pseudonyme... Donc non, dans son vrai prénom (si je trouve l'occasion de le glisser dans la fic, c'est pas dit) il n'y aura ni « Cho » ni « Chang », donc pas de clin d'œil à Wufei (G-boy que j'apprécie énormément d'ailleurs ! rhaaa, enlevez-lui sa petite queue de cheval, je veux le voir avec les cheveux lâchés XD !)