Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets de
modifier certains détails d'ordre corporel et chronologique,
ainsi que quelques incohérences et/ou anachronismes.
Disclaimer : les lieux et les personnages sont la
propriété de Rowling, mais cette version de l'histoire
m'appartient.
Rating : R (car violence physique, morale
et sexuelle à venir)
Résumé : Quand
Tanuki décide de refaire l'histoire en dotant Cho Chang
d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la
VF des noms des maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor
§§§ Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin
- Serpentard §§§ Hufflepuff - Poufsouffle §§§
Hogwarts - Poudlard §§§ Argus Filch & Miss Norris
- Argus Rusard & Miss Teigne §§§ Severus Snape -
Severus Rogue §§§ Professor Hooch - Professeur Bibine
§§§ Fang - Crockdur.
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CLAIR OBSCUR ---
03
Aveux à mi-mots...
Cho frotta ses
yeux mal éveillés et jeta un regard à la
fenêtre. Le soleil venait de se lever, et toutes les filles du
dortoir s'étiraient paresseusement. Aujourd'hui, c'était
le premier cours de balai avec le professeur Hooch pour les septième
année, et certaines adolescentes sentaient la peur tenailler
leur ventre.
– Il paraît que ses entraînements et
ses examens sont très durs... murmura une élève
en passant la main devant sa bouche pour bailler.
– Plutôt,
oui... confirma Cho en serrant l'oreiller tout contre son torse.
Les autres filles s'échangèrent un sourire
complice et l'une d'elles susurra doucement :
– C'est
Harry que tu devrais serrer ainsi, pas ton oreiller !
Le
Chinois fit la moue et lâcha la taie à contrecœur. Il
se gratta pensivement le crâne et ouvrit de tout petits yeux.
Il bailla une troisième fois depuis son réveil et se
débattit furieusement de ses draps.
– Je hais les draps
en coton ! marmonna-t-il avec colère en bondissant de son lit.
Les jeunes filles se permirent un éclat de rire.
–
Tu es bizarre avec ta fixation sur les draps, toi !
Cho
retourna un sourire à ses amies et haussa les épaules
en signe d'impuissance. Après tout, que pouvait-il dire ? Il
avait toujours eu des goûts de luxe, et plus particulièrement,
il avait toujours eu certains tissus en horreur. Les chemises de
l'École de Hogwarts étaient un véritable
calvaire. Dire qu'en Chine, l'uniforme de l'École de
Ming-Hô prônait la soie...
Il s'en alla dans
la salle de bain et s'y enferma. Avec une certaine excitation, il
pensait à sa nouvelle chambre que Dumbledore lui avait
promise. Il avait hâte de la découvrir, et il lui
semblait que cette journée serait interminable. Il retira le
ruban au bout de sa longue natte et brossa ses cheveux à
présent ondulés. Remarquant cette particularité,
Cho jeta un regard au miroir face à lui et étudia
l'effet que cela donnait. Pas trop mal... Plutôt joli même
! Il s'étonnait de ne jamais avoir pensé à ce
détail esthétique. Après tout, pour un éventuel
bal, il n'était pas interdit d'être coquet ou de
vouloir être attirant.
S'arrachant à ces
pensées superficielles, le jeune homme s'empressa de prendre
une douche pour ensuite se revêtir de son uniforme. Il sortit
de la salle de bain, se rua sur un morceau de parchemin qu'il
griffonna rapidement, puis il quitta la chambre et se mit à
courir vers la cours de récréation. Elle était
toujours déserte, à cette heure...
Une pie
vint se poser sur la petite fontaine, comme si elle s'était
attendue à porter ce message. Cho s'assit à ses côtés
et lui flatta la gorge d'un doigt. L'animal croassa de plaisir et
fit frémir ses ailes pour manifester son contentement. Alors
l'humain présenta sa courte lettre et l'oiseau carnassier
accepta la requête implicite. Il se laissa faire quand on lui
noua le parchemin autour de la patte, puis il voleta sur l'épaule
de Cho et lui taquina les oreilles.
– Eh, doucement ! Coquine
va !
Cho connaissait bien cette pie qui lui était
très proche. Elle était un allié fidèle
et lui avait permis de garder secret son lien avec le Sorcier qui
l'avait pris sous sa tutelle. L'oiseau semblait sous le charme de
son jeune propriétaire. Un jour, sous le ton de la
plaisanterie, ce dernier l'avait soupçonnée d'être
tombée sous le charme de sa forme Animagus. Finalement, cette
hypothèse n'était peut-être pas inexacte.
–
Je vais avoir ma chambre... murmura le jeune homme à l'ouïe
de la pie. Va le prévenir...
L'oiseau s'envola
aussitôt et disparut dans la brume matinale. Alors le jeune
Chinois revint sur ses pas et entra dans un des larges couloirs de
l'École. Le cœur battant et le sourire aux lèvres,
il sautilla de marche en marche pour retourner vers la Salle Commune
des Ravenclaws et aller chercher son balai dans la chambre qu'il
partageait.
§§§
Harry avait pris
son Éclair de Feu, les joues rougies par l'excitation. Il
avait hâte de connaître le programme que réservait
le Professeur Hooch pour cette dernière année.
Puisqu'il était reconnu pour son talent sur un balai, il
savait qu'il n'avait absolument rien à craindre de cette
matière.
Ron ne montrait guère le même
enthousiasme, et son teint aurait pu faire concurrence à la
blancheur de sa chemise. Tenir sur un balai et tourner en rond pour
surveiller les buts en arrêtant un Souaffle, c'était
une chose. Prendre de la vitesse, faire une série de figures
dignes des acrobaties moldues sans perdre le contrôle du balai
et se rétablir sans encombre, debout, les jambes droites,
c'était vraiment une autre paire de manches !
De
son côté, Hermione allait à ce cours en
nourrissant quelques complexes d'infériorité. Certes,
elle n'avait pas à s'inquiéter si on venait à
la comparer à Ron... ou même à côté
de Neville. Surtout à côté de Neville ! Oh oui, à
côté de Neville... Telle une prière, la jeune
fille répétait mentalement cette phrase, suppliant
Merlin de se montrer clément pour ce cours qu'elle abordait
toujours avec appréhension.
Du coin de l'œil,
Harry remarqua Cho qui trottinait joyeusement, serrant son balai
contre son cœur et se dirigeant vers le terrain d'entraînement
où le cours se déroulerait. Lui aussi avait les
pommettes roses et la lueur d'excitation dans les yeux. Tous deux
partageaient cette même passion du Quidditch. Tous deux
ressentaient cette même ivresse lorsqu'ils chevauchaient un
balai et qu'ils filaient à toute allure pour fendre le vent.
Après tout, peut-être n'y avait-il aucune raison d'en
vouloir à Cho... Ils se ressemblaient plus qu'il ne l'avait
cru au début de cette nouvelle année.
Tous
parvinrent au terrain et Harry se plaça volontairement à
côté de lui. Il ne lui jeta aucun regard, ne sachant
comment faire pour amorcer une discussion. Il se sentit soudain
gauche et tout particulièrement stupide. Qu'est-ce que Cho
allait penser ? Qu'il venait à ses côtés pour
lui imposer un silence aussi lourd ? Il paniquait de plus en plus à
l'idée de ne pas trouver un sujet de conversation... Une
fois de plus, ce fut le jeune Chinois qui entama naturellement le
dialogue.
– Ça doit être merveilleux de posséder
le balai le plus rapide du monde ! s'exclama-t-il alors qu'il
dévorait des yeux l'objet en question.
Harry
s'empourpra à ces mots et haussa maladroitement les épaules.
Il ne savait trop que répondre à cela... Un peu
embarrassé, il se massa la nuque et baissa le regard sur son
Éclair de Feu.
– Ouais... c'est pas mal...
marmonna-t-il enfin.
Un nouveau silence s'installa.
Devinant que sa réponse n'avait rien de bien intéressant,
il s'empressa d'ajouter :
– Et... et toi ? Tu as un Nimbus
2001, c'est ça ?
– Oui, on me l'a offert cet été...
expliqua le Ravenclaw avec un large sourire, comme si ce cadeau
valait tout l'or du monde.
Harry fouilla dans sa tête,
à la recherche d'un commentaire à faire, un
compliment, une question intéressante... Bien vite, il se
sentit penaud et complètement perdu. Avec un sourire pâle,
il se contenta de répondre :
– C'est... c'est pas
mal...
Il croisa le regard surpris de Cho et se sentit
rougir jusqu'aux oreilles. Il se reprit aussitôt en
balbutiant :
– Euh... je veux dire, il est très bien, ce
balai ! Et puis sa couleur se marie avec celle de tes yeux et de tes
cheveux... vraiment, il te correspond...
Cho le fixait
intensément, les yeux malicieux, et devait se mordre la lèvre
inférieure pour ne pas éclater de rire. Mais il ne put
se contenir plus longtemps et se vit obligé de détourner
la tête pour réprimer ses éclats.
– Tu n'es
vraiment pas à l'aise avec moi, Harry ! dit-il entre deux
rires. Ne te force pas...
Il glissa un clin d'œil au
jeune homme brun et reporta son attention sur le cours de Hooch qui
entamait un long discours à propos du programme à
suivre cette année. Il remarquait le teint des élèves
de plus en plus livides au fur et à mesure que sa liste de
figures, d'entraînements et d'examens s'allongeait.
–
Ne prenez pas ces mines maladives ! s'exclama soudain le professeur
en rivant ses yeux jaunes sur les étudiants. Ce n'est pas
compliqué, vous verrez... Cho étant doublante, elle
pourra même vous faire quelques démonstrations ! Vous
verrez bien que ce n'est pas difficile...
– Oui, mais elle a
quelques années de Quidditch derrière elle... marmonna
Hermione en serrant son balai avec anxiété.
Six
années de Quidditch, ce n'était pas rien. Cho avait
pu développer ses qualités innées d'Attrapeur
et ainsi répondre aux attentes des enseignants en cours de
Vol. De plus, la génétique ne s'étant point
montrée avare envers lui le jour de sa conception, il avait
toujours eu une certaine aisance à voler sur un balai. Hooch
avait laissé sous-entendre qu'il s'agissait là d'un
de ses meilleurs élèves depuis le début de sa
carrière. Apparemment, seul Harry pouvait faire ombrage à
Cho, mais ce dernier ne cherchait pas à garder jalousement son
titre de premier de la classe. Il n'avait d'esprit compétitif
que lorsqu'il s'agissait de Quidditch. En dehors de ce sport, il
se fichait bien d'être classé avant ou après la
coqueluche des Gryffindors.
– Bien, reprit le Professeur.
Maintenant, vous allez procéder par duo. Trouvez-vous un
partenaire et je vous donnerai des consignes.
Les élèves
obéirent et brisèrent le rang pour chercher un
compagnon selon les affinités. Intimidé face à
ces élèves qu'il ne connaissait pas, Cho préféra
se taire et attendre que quelqu'un vienne à lui. Il croisa
avec stupeur le sourire avenant de Harry... le premier depuis ce qui
lui semblait être une éternité.
– On fait
ça ensemble ? demanda le Gryffindor avec entrain.
Cho
hocha vivement la tête et lui rendit son sourire. Une fois les
couples formés, Hooch donna les instructions, mais il y fit à
peine attention. Il avait en tête le sourire que lui avait
offert son partenaire... Ses joues rosirent et une douce chaleur
naquit dans son ventre tandis que son cœur battait à tout
rompre. Après tout, peut-être que tout allait s'arranger
? Certes, Harry faisait sans doute un effort énorme. Il se
forçait sûrement à renouer le dialogue entre eux.
Mais peut-être qu'avec le temps, tous deux pourraient
reconstruire leur relation amicale qui avait été si
durement brisée.
Hermione s'était jetée
sur Neville et Ron, qui avait secrètement compté sur
Harry, venait de se retrouver de paire avec Draco. Étant le
seul Slytherin de septième année à avoir pris
cette option, le jeune Malfoy n'avait pas pu s'allier à
l'un de ses compères. Et puisque les Hufflepuffs et les
Ravenclaws avaient pris l'habitude de partager les mêmes
cours durant les premières années, il ne leur était
pas difficile de se trouver un partenaire pour cette leçon...
Malfoy n'avait d'autre choix que se mettre aux côtés
d'un Gryffindor.
Ll jeta un regard courroucé à
son adversaire roux. Il cherchait à ne pas trahir son
inquiétude malgré les farces des jumeaux Weasley qu'il
avait subies. Mais à voir l'expression stupide sur le visage
du rouquin, Draco comprit bien vite qu'il n'avait aucune raison
de rester sur ses gardes. Le dernier fils des Weasley était
certainement le plus benêt de tous. Il suffisait de contempler
ses moues stupides pour se rendre compte qu'il n'était
rien de plus qu'un sorcier perdu, aussi miteux et illuminé
que son père.
– Je te préviens, Weasley...
marmonna-t-il en glissant un coup d'œil furibond à son
adversaire. La moindre bizarrerie, la moindre attaque envers moi et
tu ne pourras plus jamais mâcher une tranche de bacon !
Il
enfourcha son balai et tous les couples s'envolèrent à
trois ou quatre mètres d'altitude afin de suivre
attentivement les instructions du Professeur Hooch. Pour la première
fois depuis longtemps, Cho se sentait aussi léger qu'une
plume, heureux de sentir Harry à ses côtés...
Cette journée commençait bien. Il avait l'impression
que rien ne pouvait briser cet instant de bonheur.
§§§
Cette impression
apparemment indestructible fondit comme neige au soleil lorsqu'il
fallut se rendre au cours de Potions. Il ne fit guère preuve
du même enthousiasme qu'en début de matinée. Le
commentaire du Professeur Snape sur sa copie le faisait traîner
les pieds. Par ailleurs, il n'était pas le seul à
redouter ce cours ; tous les autres Ravenclaws, les Hufflepuffs et
les Gryffindors s'échangeaient des regards anxieux. Certains
avaient beau être sûrs d'avoir réussi
l'interrogation surprise, ils se doutaient que le Maître des
Potions les défavoriserait au profit des Slytherins. Ceux-ci
étaient sans aucun doute les seuls à se diriger vers la
salle avec assurance et fierté.
Les élèves
s'installaient à leurs tables quand le Maître des
Potions entra et referma brusquement la porte derrière lui.
Quelques Gryffindors lui lancèrent un regard chargé de
colère, Harry en premier.
– Autant commencer par le plus
agréable... marmonna le Professeur au cynisme glacial. Du
moins, pour moi... Je pense que certaines personnes ici ne
partageront pas ce plaisir.
Le visage fermé, il
prit les parchemins des élèves et les distribua un par
un, ne manquant jamais de grogner des remarques cinglantes dès
qu'il en avait l'occasion --- à peu près tout le
temps. Il passa près de Ron et lui déposa la copie
agrémentée d'un « P » rouge vif.
–
Par générosité... siffla Snape en soutenant le
regard ahuri du jeune Weasley.
Le rouquin préféra
garder le silence alors qu'il déchiffrait le commentaire à
côté de la note ; « Vous ne valez même pas
l'encre de cette appréciation ». À côté
de lui, Hermione ouvrait des yeux ronds, stupéfaite de voir un
« E » orner son parchemin. Un long moment, elle s'assura
de ne pas se tromper de note et vérifia lettre par lettre s'il
s'agissait bien de son patronyme en tête de copie. Bien vite,
Harry réagit pareillement alors qu'il étudiait le «
A » dans la marge.
Légèrement en
retrait par rapport à ses camarades de maison, Cho observait
les Gryffindors installés sur l'autre rangée de
tables. Comme il l'avait prédit, Neville avait échappé
de peu au malaise et ses joues prenaient d'ores et déjà
une jolie teinte prune. L'Asiatique se permit un sourire presque
attendri. Après tout, ce pauvre élève trop
souvent dénigré avait bien besoin de d'être
complimenté dès le début de cette dernière
année.
La silhouette noire de Severus aux côtés
de Cho coupa court ses rêveries, et la copie blanche tomba
telle une masse de plomb sur son pupitre. Tristement, il contempla la
remarque griffonnée.
– Dites-moi, Mademoiselle Chang,
c'est vous qui aviez tendance à sécher les cours
l'année dernière, n'est-ce pas ? D'après
mes souvenirs, vous préfériez aller à la Tête
de Sanglier boire des pintes de Bièraubeurre en compagnie
d'amis douteux, certains ont même cru vous voir fumer
plusieurs fois de l'Herbarêve et cette année vous
revenez à Hogwarts... (Snape se pencha vers lui d'un air
menaçant, les mains posées sur la table :) Avez-vous ne
serait-ce qu'une parcelle de projet pour votre avenir professionnel
?
– Maître des Potions ? s'enquit Cho d'un ton
audacieux, son regard hautain bravant effrontément le
Directeur des Slytherins.
Un silence insoutenable
s'instaura dans la salle. Harry et ses amis, comme tout le monde
dans la classe, écoutaient attentivement l'échange
entre le Professeur et l'élève. Ils étaient
tous mal à l'aise et même les Slytherins craignaient
la réaction de leur Directeur. Mais celui-ci se contenta de se
pencher un peu plus, un rictus mauvais aux lèvres et le regard
avide comme s'il avait attendu cette riposte depuis des années
:
– Vous resterez ici après le cours, Mademoiselle
Chang.
Harry perçut immédiatement
l'insistance anormale sur le titre de « mademoiselle ».
Discrètement, il leva son regard par-dessus l'épaule
pour scruter Cho. Heureusement, les élèves ne pouvaient
comprendre la subtilité, mais il se demandait craintivement si
Snape était au courant à propos du secret du travesti.
Et si cet homme sinistre était toujours de mèche avec
Voldemort ? Cho serait alors en danger... au même titre que
Harry.
– Si vous avez un quelconque problème avec moi,
je vous prierai de bien vouloir le régler en privé,
Professeur Snape, répliqua enfin Cho en retournant le
même sourire mesquin.
Bien dit ! s'exclama
intérieurement le Gryffindor.
Le Ravenclaw avait eu
la brillante idée de jouer le même jeu d'accentuation
que le Professeur. Bien sûr, cette insolence avait valu une
vingtaine de points en moins pour sa Maison, mais il estimait que son
honneur était sauf aux yeux de la classe entière. Mieux
encore, les autres élèves qui honoraient l'Aigle sur
leur blason ne semblaient pas lui en vouloir pour cet excès de
colère parfaitement justifié. Une fois Severus parti
pour reprendre sa distribution des copies, la sœur de Parvati Patil
se pencha vers Cho et lui glissa :
– Quel cran !
Embarrassé
d'avoir attiré l'attention sur lui, Cho entortilla
maladroitement une mèche de ses cheveux noirs et baissa la
tête. Il s'en voulait d'avoir été si vif
envers Snape. Secrètement, il admirait beaucoup cet homme mûr
qui portait quotidiennement son lot de souffrance sans jamais s'en
plaindre. D'ailleurs, le Maîtres des Potions s'était
certainement rendu compte de cette fascination qu'il suscitait...
Cho commençait à soupçonner Snape de
l'avoir fait sortir de ses gonds dans l'unique but de le garder
après le cours et lui parler ; l'homme était assez
stratège pour élaborer ce genre de plan... et par la
suite, cela pourrait peut-être expliquer pourquoi l'ancien
Mangemort l'avait si longuement fixé depuis les jardins de
la cour, l'avant-veille.
Qu'est-ce que tu me veux,
Severus ? se demandait Cho en observant le Professeur avec
curiosité et appréhension.
L'homme
entamait la correction orale de l'interrogation surprise. Préférant
ne plus attirer l'attention, le Chinois retranscrivit
scrupuleusement les réponses à l'encre rouge sur un
parchemin. Il savait qu'il était temps pour lui de se mettre
à l'étude des potions, car cela lui serait peut-être
utile plus tard. On sous-estimait trop souvent la puissance de
certains élixirs. D'ailleurs, les élèves de
Hogwarts semblaient méconnaître la force destructrice
que le Professeur Snape pouvait posséder à tout moment.
Les Slytherins avaient perdu leur bonne humeur. La
notation avait été impartiale, ce qui n'était
pas dans l'habitude de leur Directeur de Maison. Aussi venaient-ils
de constater de façon plutôt abrupte l'ampleur de leur
ignorance pour cette matière qu'ils adoraient autrefois.
Jolie revanche pour les autres Maisons. Ils ne voulaient pas le
montrer, mais les Gryffindors jubilaient. On pouvait presque leur
deviner une aura rayonnante, et Cho ne pouvait s'empêcher de
garder le sourire. Même si l'angoisse lui tenaillait le
ventre à l'idée de se confronter à Severus
Snape, il éprouvait un sentiment de réconfort à
voir Harry et ses amis retrouver de l'intérêt pour ce
cours.
Les minutes se succédaient, égales à
elles-mêmes, et bientôt le Maître des Potions
signala le terme de la leçon. Tous rangèrent leurs
affaires, prenant leur temps comme pour espérer entendre le
début du règlement de compte entre le Ravenclaw et leur
enseignant. Mais dans un accord tacite, Snape et Chang attendaient
que tous quittent la salle. L'ancien Mangemort s'occupait en
rangeant quelques ingrédients et des fioles au liquide
douteux. Le Chinois demeurait assis sur sa table, le regard fixé
sur cet homme maniaque.
Les élèves se firent
une raison et reprirent un rythme normal pour sortir de ce cours. Au
moins, ils profiteraient de leur récréation à
faire courir quelques rumeurs sur cet événement.
En
passant, certains élèves soutenaient Cho. Un peu à
la traîne, Harry, Ron et Hermione l'encouragèrent à
leur tour. Visiblement, ils étaient peinés pour lui,
mais ce dernier leur retourna un sourire plein d'assurance. La
porte se referma derrière eux, laissant enfin seuls le Maître
des Potions et son élève.
Cho prit son
courage à deux mains. Malgré cette peur au ventre, il
se leva, s'avança vers le Professeur et s'arrêta à
deux mètres de son bureau. L'homme s'assit sur son
fauteuil et lui glissa un regard sombre.
– Alors, Severus, que
vous arrive-t-il ? demanda le travesti en s'accoudant de l'autre
côté de la table en bois massif.
Snape ne put
retenir une grimace alors que cet adolescent l'appelait par son
prénom. Même s'ils ne s'étaient jamais
adressés la parole, ils étaient malheureusement trop
intimes pour qu'un jeune homme aussi arrogant que Cho le gratifie
du titre de « Monsieur » ou de « Professeur ».
Hématites contre hématites, ils s'étudièrent
silencieusement. Enfin, le Maître des Potions croisa les doigts
et répliqua :
– Ne te montre pas trop familier...
Cho
frémit en constatant que l'homme parlait de lui au masculin.
Il redressa fièrement le visage en réprimant un
tremblement de colère, dévisageant farouchement son
interlocuteur. Finalement, il détourna la tête d'un
mouvement dédaigneux et marmonna :
– J'aimerais que
vous soyez plus discret... Je n'ai pas envie de prendre de risque
inutile, alors parlez de moi au féminin.
Severus se
cala confortablement dans son fauteuil et l'observa, une lueur
amusée éclairant son faciès.
– Crois-tu
être en situation de me parler à l'impératif ?
murmura-t-il d'un ton doucereux. Je sais énormément
de choses à ton sujet. Je pourrais profiter de cet avantage,
tu ne crois pas ?
– Vous êtes réduit au silence,
Severus !
Les yeux de l'ancien Mangemort étaient
réduits à deux minces fentes qui fusillaient
littéralement le jeune homme. Il se garda bien de répondre
à la fureur contrôlée de l'élève
et ne se contenta que d'un grognement :
– Je ne te laisserai
pas tranquille, Cho. Tu as toujours eu un niveau nettement
supérieur à celui que tu as bien voulu nous montrer...
Malheureusement, il n'avait pas tort. L'intéressé
croisa les bras sur son torse et son visage mima une moue boudeuse.
Vaincu, il chuchota avec une certaine mesquinerie dans la voix :
–
Sauf en Potions...
– En effet, et ce n'est rien de le dire !
grimaça Snape d'une voix cassante. Mais tu ne me tromperas
pas comme tu as su tromper les autres. Ton doublement est peut-être
passé inaperçu aux yeux des Professeurs, mais en ce qui
me concerne, j'ai vu clair dans ton jeu.
Cho soupira
impatiemment et s'en alla examiner les petits bocaux sur une
étagère, tapotant le verre qui contenait un vipéreau
dans un étrange liquide verdâtre. Il se hissa sur la
pointe des pieds, cherchant à fixer ses pupilles dans les yeux
de l'animal conservé. Fasciné par le reptile, il
continua un moment son petit manège sans se soucier de la
présence de son interlocuteur. Pourtant, il sentait dans son
dos le regard intense de son Professeur stoïque, mais ce détail
lui importait peu. Il savait que même s'ils n'entretenaient
pas de bons termes, il ne risquait rien de grave en la compagnie de
l'ancien Mangemort.
Snape réprima un soupir
agacé. Cho agissait toujours ainsi quand une discussion ne
tournait pas à son avantage.
– Que comptes-tu faire, Cho
? demanda-t-il enfin d'une voix terriblement calme. Que cherches-tu
avec ce Potter ? As-tu l'intention de doubler à nouveau si
lui-même venait à rater ses ASPICs ?
– Mes
desseins ne vous regardent pas, Severus...
– N'oublie pas, je
suis un adepte du chantage... murmura sombrement le Maître des
Potions.
Cho se tourna brusquement vers l'adulte. Le
sourire radieux qui étirait doucement ses lèvres enleva
à Snape un reniflement méprisant. Ce jeune garçon
était bien trop lunatique à son goût, par
conséquent trop imprévisible et trop difficile à
cerner ; il lui suffisait d'une fraction de seconde pour passer
d'un extrême à l'autre.
Même si
l'homme n'appréciait guère ce garçon
efféminé aussi variable que le vent, il ne pouvait
renier le sentiment de fascination qu'il éprouvait à
l'égard de Cho. Cela n'avait rien de physique, malgré
la beauté naturelle de cet adolescent ; ce que Severus lui
admirait, c'était son intelligence. Cho était pétri
de capacités et de qualités brillantes que peu de
personnes pouvaient prétendre posséder. Il était
parfaitement conscient de cette supériorité, mais il
avait toujours rappelé avec une certaine sagesse que cette
aisance ne le dispensait pas de faiblesses, tout comme n'importe
quel humain. Modestie sincère... mais ce qui attirait d'autant
plus le Maître des Potions, et qui parallèlement était
le point fort incontestable de Cho, c'était son sens de la
répartie. Cette vélocité d'esprit était
suffocante. Severus en avait plusieurs fois entendu parler ; ce
garçon face à lui était bien différent du
personnage de l'adolescente capricieuse et stupide qu'il
incarnait à Hogwarts.
– Dites-moi, Severus , s'exclama
soudain Cho. Vous croyez-vous infaillible au point de pouvoir faire
du chantage avec moi ?
L'ancien Mangemort préféra
retenir un grognement de mauvaise humeur. Il joua la carte de
l'impassibilité et haussa un sourcil circonspect.
– Et
toi, te crois-tu capable de faire du chantage avec moi ? demanda-t-il
évasivement. On ne peut faire de chantage que lorsque l'on a
connaissance des failles de son adversaire, n'est-ce pas, Cho
?
Le jeune homme lui renvoya un sourire malveillant, ses
prunelles brillant d'excitation. Snape se figea et fouilla
nerveusement ce regard démoniaque, cherchant à deviner
s'il s'agissait là d'un coup de bluff ou de la vérité.
– Harry Potter... lâcha soudain Cho avec un sourire
triomphant.
Severus crispa ses doigts sur les accoudoirs
de son fauteuil.
– N'est-ce pas là votre talon
d'Achille, Professeur ?
– Quoi ! gronda l'homme avec une
fureur mal contenue.
– Vous l'aimez ! hurla Cho pour
couvrir la voix de l'homme.
Calmement, l'ancien
Mangemort se leva et contourna la table de bois massif. Malgré
un mouvement de recul, l'élève ne se démonta
pas et reprit de plus belle :
– Vous avez toujours prétendu
le contraire, pourtant vous avez protégé Harry chaque
fois qu'il était en danger. (Cho recula une nouvelle fois et
se posta de l'autre côté du bureau pour se préserver
du courroux du Professeur :) Vous vous en êtes rendu compte
quand il était en cinquième année, quand il
commençait à devenir un homme ! Sa réaction
quand il vous a reproché de ne pas avoir appelé l'Ordre
assez vite pour sauver Sirius Black... sa rancune injustifiée
vous a meurtri, mais elle vous a surtout permis de vous rendre compte
que cet ennemi que vous haïssiez était en fait un être
cher à vos yeux ! Vous cherchez à nier ou à
contester cette évidence... Vous vous refusez ces sentiments
envers un collégien, envers la progéniture d'un
ennemi du passé. Ainsi vous avez vu clair dans mon jeu, mais
j'ai vu clair dans le vôtre, Severus !
Adossé
contre la vitrine d'un placard, le jeune homme sentait les
battements de son cœur s'accélérer. Il était
à bout de souffle, comme s'il revenait d'une course
d'endurance. La main de Snape claqua violemment le verre à
quelques centimètres de son visage et il tressaillit. Les iris
du Directeur des Slytherins flamboyaient de rage. Cho rassembla alors
son courage et affronta ce regard haineux et douloureux à la
fois, avant de conclure lentement d'un ton impitoyable :
–
Vous l'aimez comme vous avez aimé son père.
Le
visage de Severus se décomposa à ces mots. Incapable
d'articuler un mot, l'échine courbée comme un
cheval se résignant au fouet de son maître, il baissa la
tête et ne réprima plus les spasmes nerveux qui
secouaient son corps.
Cho comprit qu'il valait mieux
quitter la salle au plus vite. Le Maître des Potions
n'attenterait plus rien contre lui, il n'avait aucune inquiétude
à ce sujet. Simplement, cet homme détruit avait besoin
de rester seul pour accuser le coup que l'on venait de lui assener
par le simple pouvoir des mots.
L'Asiatique s'éclipsa
sur le côté, empoignant au passage l'anse de son
cartable en cuir et filant vers la sortie au pas de course. Il
s'était montré dur... très dur. Beaucoup trop
sans doute, et il n'était pas impossible que Severus vînt
à le haïr à tout jamais. Après tout, la
carapace de son intimité la plus profonde avait été
percée. Mais paradoxalement, ces paroles douloureuses
sauraient se montrer salvatrices pour le futur.
Abattre
ainsi un Professeur était un acte cruel, surtout quand il
s'agissait de celui que l'on estimait le plus. Mais Cho savait
aussi qu'à briser la glace, il aidait énormément
Severus.
Je déteste avoir ce mauvais rôle...
gronda-t-il intérieurement, la gorge serrée par l'émoi
alors qu'il repensait à l'expression défaite d'un
Snape courbé devant lui.
Plongé dans ses
pensées, il en oublia de regarder son chemin.
– Aïe
! couina-t-il en heurtant quelqu'un. (Il frotta une tempe
douloureuse et leva les yeux :) Draco !
– Cho ? s'exclama le
jeune Malfoy, étonné. Tu as déjà réussi
à te dépêtrer de Snape ?
Mal à
l'aise, Cho s'empourpra et hocha machinalement la tête.
Derrière le jeune homme blond se tenaient Crabb et Goyle, le
visage fermé et la mine décidément toujours
inspirée...
Électroencéphalogramme
plat... pensa le travesti avec un sourire intérieur.
–
Laissez-moi tranquille, ordonna leur jeune chef les en fusillant du
regard.
Ceux-ci obéirent et bien vite, ils
disparurent au détour d'un couloir. Le Slytherin soupira
avec mépris et répliqua :
– Ces types sont des
imbéciles... Parfois, je me demande ce que je fais avec eux...
– Tu les manipules à ton avantage, tout simplement,
expliqua le petit Chinois avec un sourire.
S'apercevant
non sans surprise que le Ravenclaw n'était pas outré
par cette vérité, Draco se permit un sourire. Alors Cho
sentit son cœur bondir brusquement et il admira le visage clair du
jeune homme. Jamais encore il n'avait vu un Malfoy sourire avec
sincérité, sans moquerie ni dédain dans ses
expressions. Une fois, il avait assisté de loin à un
étrange conflit alors que Ron cherchait à envoyer un
sortilège de Crache-limace. Sortilège qui s'était
retourné contre lui. L'équipe de Quidditch des
Slytherins était hilare, bien évidemment... Pourtant,
même s'il s'agissait d'un rire mesquin, Cho avait trouvé
Draco absolument séduisant. Et aujourd'hui, il lui adressait
son premier sourire authentique.
Qu'il est beau... et
ce pansement sur sa joue rehausse sa beauté...
Alors
qu'ils vagabondaient tous deux dans les larges corridors en
attendant la fin de la récréation, le Chinois fronça
les sourcils.
Un pansement ? Mais quand... ? Oh Merlin
! C'est sans doute mon coup de bec...
– Tu t'es fait
mal ? demanda-t-il d'un ton innocent en passant un doigt là
où il l'avait piqué la veille.
– Mmh... un
oiseau... marmonna Malfoy.
Soudain, sa main blanche saisit
les doigts de son partenaire et les entrelaça aux siens. Son
regard autoritaire ne laissait aucun choix... Et pour être
honnête, l'Asiatique n'éprouvait point l'envie de
contrer la volonté de Draco. Il avait toujours été
sensible à son charme. Certes, la façon de faire était
un peu abrupte, mais ce côté péremptoire était
appréciable. Sans doute nourrissait-il des fantasmes
masochistes, mais Cho ressentait toujours une excitation singulière
à l'idée d'être séduit par un homme au
caractère implacable. Le cœur aussi léger qu'une
plume, il en oublia Severus, la douleur qu'il devait ressentir au
même moment... Pour un instant de bonheur égoïste,
il occulta tout ce qui faisait ombre à sa bonne humeur et se
contenta de savourer l'étreinte de la main de Draco autour
de la sienne.
Le jeune homme blond entra dans un couloir
étroit et sombre. Observant attentivement le lieu, il s'assura
que personne ne les dérangerait. Ses appréhensions
envolées, il poussa délicatement Cho contre le mur et
se pencha vers son visage. Le Chinois eut un vague mouvement de
panique et se recula le plus possible dans l'angle des parois
pierreuses. Mais l'instinct se fit plus fort... Les lèvres
du Slytherin se refermèrent sur les siennes pour les
emprisonner, les posséder. Cho ferma les yeux, oubliant toute
idée de résistance, et ses bras enlacèrent
timidement la nuque de Malfoy alors qu'il s'abandonnait
totalement à cette étreinte.
§§§
– Ron, arrête
de trembler... Neville, ressaisis-toi bon sang ! Harry, dis quelque
chose...
Hermione désespérait.
Manifestement, les notes du Professeur Snape avaient produit un
certain choc auprès des élèves. Longbottom avait
frôlé le malaise à la vue de son « A ».
Ron contemplait tristement son « P » et frémissait
de peur à l'idée d'être moins doué que
le plus maladroit des Gryffindors. Harry, de son côté,
gardait le silence en observant sa note... Il était dans le
même cas que Neville ; jamais il n'avait obtenu de note
supérieure à « D ». Plus que tout, ces
changements de comportement chez le Maître des Potions
l'intriguaient. Il aurait aimé comprendre les nouveaux
motifs du Directeur des Slytherins. Mais poser une question aussi
délicate avec sa gaucherie naturelle n'aurait pour
conséquence que de froisser le Professeur, et donc le pousser
à reprendre ses habituelles humiliations publiques.
–
C'est quand même bizarre... murmura-t-il enfin. Il passe d'un
extrême à l'autre... Je ne comprends pas. Malfoy n'a
pas eu de « O » ni de « E » pour une fois.
C'est comme si... (Il hésita un instant, comme s'il
craignait dire une bêtise :) C'est comme s'il se montrait
impartial...
– Tu trouves, toi ? marmonna Ron d'un ton amer.
– La consigne était « Répertoriez selon
leurs propriétés magiques les ingrédients
naturels de la Forêt Interdite essentiels à la
préparation de Potions de second cycle », coupa
Hermione, agacée. Ce n'était pas une dissertation sur
la protection des palmiers d'Égypte !
– Tu exagères
! s'offusqua le jeune Weasley. Je n'ai pas vraiment écrit
ça.
– Tu étais hors sujet, alors estimes-toi
heureux de ne pas avoir eu un « D » !
Le
rouquin s'empourpra et préféra s'avachir sur la
table de la bibliothèque pour marmonner sa mauvaise humeur.
–
Mais Harry a raison de se poser des questions. Il faudrait en parler
au Professeur Snape.
– Oh oui ! grinça Ron d'un ton
narquois. Tu nous vois arriver devant lui ? « Bonjour
Professeur ! Dites, pourquoi êtes-vous supportable maintenant ?
»
Hermione leva les yeux au ciel, mais dans le fond,
son ami avait raison. Tenter un dialogue avec le Maître des
Potions ne leur attirerait que des ennuis. Pourtant, la curiosité
des Gryffindors, et sans doute celle des autres Maisons, avait été
exacerbée par la remise de ces notes satisfaisantes dans
l'ensemble.
– Il faudra se faire oublier, profiter de ce
nouveau début, rattraper notre retard en Potion et faire
gagner le plus de points possibles à Gryffindor ! déclara
la jeune fille en ramassant son parchemin. Pas la peine d'en faire
trop non plus. Et puis McGonagall sera heureuse de voir que ses
élèves font de réels efforts aux cours du
Professeur Snape.
Elle roula soigneusement sa copie et la
fourra dans son cartable. Un signe de tête à l'intention
des trois garçons et elle s'en alla à son cours
d'arithmancie. Harry passa une main sur son « A » et
relut l'appréciation à côté : «
Soyez plus rigoureux ». Après avoir lu les commentaires
sur les copies de certains autres élèves, le jeune
homme était presque déçu que Snape ne se soit
pas montré plus cynique dans ses propos. Après tout,
les élèves avaient pu remarquer dans les appréciations
que l'homme ne manquait pas d'humour.
Mouais, il
reste quand même très froid avec moi, en comparaison
avec les autres... pensa le Gryffindor avec une certaine
amertume.
De toute façon, pouvait-il s'attendre à
mieux avec ce Professeur ingrat ? Certainement pas. Le Directeur des
Slytherins se contentait de se montrer impartial, mais il restait
tout de même très austère envers les collégiens.
Malgré ce changement considérable, Harry considérait
qu'il y avait du favoritisme. Lui aussi aurait souhaité
qu'on lui accorde une remarque ironique ! Pourquoi l'humour
avait-il été accordé aux autres ? Pourquoi pas à
lui, Harry ? Parce qu'il descendait des Potter, il n'était
pas l'égal des autres Gryffindors aux yeux de Snape ?
Les
pensées de Harry le firent frémir. Ses yeux fixés
sur la copie s'agrandirent d'horreur. Après tout, pourquoi
vouloir être sujet à l'humour de l'ancien Mangemort
? Tant mieux si ce dernier avait choisi de l'ignorer, c'était
beaucoup mieux ainsi ! De toute façon, ils n'avaient
absolument rien en commun, aucun terrain d'entente...
Je
ne tourne pas rond... Envier les autres d'avoir eu ce genre de
phrase ? C'était plus cinglant que drôle après
tout. Il faut être stupide pour y voir de l'humour... et si
c'est en effet de l'humour, il est très mal placé !
Sa main se crispa sur son parchemin. Il n'avait pas
envie de ressembler à ses camarades, il n'avait pas non plus
l'intention de connaître ce traitement de faveur ! Il était
bien au-dessus de ça. Il venait même à se
demander comment il avait pu jalouser ses amis pour des appréciations
aussi stupides !
Harry fourra le devoir dans son sac d'un
geste impatient. S'excusant auprès de Ron et Neville, il
quitta la bibliothèque et s'en alla vers la cabane de Hagrid
pour passer le temps. Après tout, il ne reprenait les cours
que dans une heure. Sur le chemin, il repensa à Cho. S'en
était-il sorti avec Snape ? Il fallait espérer que le
Ravenclaw saurait se préserver et ne jamais laisser quelqu'un
d'autre découvrir son identité. Harry culpabilisait
un peu de l'avoir poussé vers les Licornes, au risque de se
dévoiler son secret le plus intime...
Il m'a
dit qu'il était vierge. Bizarre pour un garçon de son
genre... et pour un travesti. Mais d'un côté, ça
pourrait expliquer pourquoi les yearlings l'ont accepté...
Songeur, il s'était arrêté devant
les marches de la cabane et avait machinalement frappé la
porte. Il sursauta presque quand le semi-Géant lui ouvrit et
leva un regard perdu vers celui qui avait été son tout
premier allié à Hogwarts.
J'irai voir
Cho ce soir...
Satisfait de cette décision, il
retrouva enfin le sourire et ses yeux pétillèrent.
Cette expression rassura Hagrid. La mine un peu trop sérieuse
qu'avait arboré le jeune garçon l'avait inquiété
un court instant.
– Heureux de te voir Harry ! Nous n'avons
pas pu nous parler le soir de la rentrée... Entre, je t'en
prie, j'ai quelque chose à te montrer.
Le jeune
homme obéit et entra dans la cabane de pierres et de bois. Il
passa une main affectueuse sur la tête de Fang. Le chien aux
lourdes babines leva un regard qui se voulait sûrement doux,
mais ses yeux tombants lui donnaient plus un air larmoyant et
profondément pathétique.
– On dirait que tu lui
as manqué ! s'exclama Hagrid avec un sourire derrière
son opulente barbe. Alors, quoi de neuf ? L'emploi du temps n'est
pas trop chargé ?
– Si, un peu... admit Harry en se
redressant. Aujourd'hui ça va, j'ai une petite heure pour
souffler avant de reprendre avec Flitwick.
Il se garda
bien de rappeler à son ami géant son comportement
envers Cho durant le cours de Soins aux Créatures Magiques. Il
se sentait tellement méprisable qu'il ne laissa pas le temps
à Hagrid de placer un mot.
– Ah si ! Il y a quelque
chose qui a vraiment changé ! C'est la réaction de
Snape... Il est plus vivable maintenant ! Il ne nous a toujours pas
retiré de points depuis la rentrée, il a été
impartial dans la notation des copies... (Il ne put retenir un
reniflement méprisant :) On lui découvre même un
certain humour, grinça-t-il d'un ton sarcastique en
grimaçant presque de dégoût.
Le Géant
se permit un petit rire et il secoua doucement la tête. Tous
avaient remarqué le changement de Severus, et cela n'était
pas pour déplaire dans la majorité des cas. McGonagall
avait même été ravie de remarquer le Directeur de
la Maison adverse montrer enfin un peu de fair-play dans son rôle
d'enseignant...
– Mmh, je ne suis pas convaincu que ce
changement tiendra, finit Harry pour lui-même.
§§§
Cho s'était
installé dans sa nouvelle chambre depuis la veille. Il n'avait
pas eu de réponse avec la pie qu'il avait envoyée, et
il nourrissait quelques angoisses à l'idée que l'on
ait pu intercepter les messages. Heureusement, il s'était
toujours arrangé pour que le corps de ses lettres soit neutre
et qu'il n'y ait aucune signature. On n'était jamais
trop prudent...
Le deuxième soir, étendu sur
son lit, il se remémorait les cours et les anecdotes de sa
journée. Pas très intéressant. Il n'avait pas
revu Draco depuis la veille... Et heureusement pour les élèves
de septième année, ils n'avaient plus cours de
Potions avant la semaine suivante.
Une douce paresse
l'engourdit quand le souvenir de Malfoy l'embrassant dans les
couloirs refit surface. Un sourire tendre recourba ses commissures et
il ferma les yeux. Il se mordilla doucement les lèvres pour se
remémorer les sensations que Draco avait diffusées dans
son corps la veille. Contre toute attente au vu de sa bienséance,
il s'était permis de suçoter la lèvre
inférieure de Cho... ce genre de succion incroyablement
excitante qui avait provoqué un frisson de désir le
long de leurs colonnes vertébrales.
Jamais personne
n'avait osé embrasser Cho de cette façon. Très
peu de personnes l'avaient embrassé par ailleurs... Cedric
Diggory avait toujours été très doux dans ses
baisers. Très conventionnel, mais d'une tendresse infinie
dans ses gestes. Et hormis Cedric... il n'y avait eu que Harry.
Rien à voir avec la sensualité de Draco, son
autorité, son assurance...
Tac-tac-tac !
Le
travesti sursauta, cruellement arraché à ses rêveries,
et jeta un regard affolé à la fenêtre. Quand il
reconnut la silhouette de deux pies, il leva les yeux au ciel et
soupira, rassuré et quelque peu accablé d'avoir été
dérangé.
Tac-tac-tac !
Les
oiseaux semblaient s'impatienter. Le jeune homme se leva et s'en
alla ouvrir la fenêtre. Les pies s'engouffrèrent dans
cette nouvelle chambre et se posèrent sur le lit, un paquet
entre leurs pattes écailleuses. Vu la taille du colis, deux
corvidés n'avaient pas été trop pour
l'apporter jusque ici. Une fois débarrassés des
ficelles nouées à leurs pattes écailleuses, les
deux oiseaux s'enfuirent sans demander leur reste en un battement
d'aile agacé. Sans doute avaient-ils eu ordre de ne pas
s'attarder sur les terres de Hogwarts.
Curieux, Cho
déchira le papier kraft. Il fronça un instant les
sourcils, puis un petit rire secoua ses épaules. Délicatement,
il serra contre son cœur les draps de soie qu'on venait de lui
offrir... La jolie couleur bordeaux l'avait aussitôt charmé.
Tel un enfant à la recherche de tendresse, il enfouit un
instant son visage empreint de bonheur dans la douceur du tissu
précieux.
Il s'empara de sa baguette et retira
aussitôt les draps de coton pour installer à la place
les nouvelles étoffes. Avec un plaisir évident, il se
coucha sur le lit et se recroquevilla, appréciant le toucher
si particulier que la soie lui procurait.
Alors que ses
pensées dérivaient une fois de plus vers Draco et que
Cho étreignait son nouvel oreiller si doux...
Toc-toc-toc
!
Il marmonna un chapelet de jurons dans sa langue
natale et sauta du lit. D'une foulée impatiente, il se
dirigea vers la porte et s'arrêta une fois la main posée
sur la poignée. Il inspira profondément pour retrouver
son calme et enfin, il ouvrit la porte.
Personne...
Un
coup de vent passa près de lui et il referma aussitôt
l'issue.
– Harry ! s'écria-t-il avec surprise.
L'interpellé retira sa cape d'invisibilité.
Il la plia sur la chaise à côté du bureau et
déposa la Carte des Maraudeurs. Avec un sourire maladroit, il
se massa la nuque et salua son hôte. Face à ce visage
penaud, Cho oublia aussitôt sa colère et s'exclama
avec une joie mal contenue :
– Mais qu'est-ce que tu fais ici
?
Harry s'empourpra à ces mots. À vrai
dire, il n'avait eu aucune motivation précise pour venir
jusqu'à la nouvelle chambre de Cho. Il haussa les épaules
et se dirigea vers la fenêtre sans savoir que répondre.
– Jolie vue...
Il observa la pièce tout
autour de lui et sourit :
– C'est génial que tu aies
pu avoir ta chambre individuelle. J'avais peur de devoir aller dans
la chambre commune des filles de Ravenclaw... (Son visage se ferma en
une expression anxieuse :) En fait, je voulais te parler en tête
à tête.
Cho l'invita à s'asseoir
sur le lit et son ami s'arrêta à la vue des draps de
soie, manifestement surpris. L'Asiatique ne cacha pas sa fierté
et expliqua évasivement qu'il s'agissait d'un présent.
Alors Harry se plaça sur le matelas et appuya ses coudes sur
ses genoux, le dos courbé et la tête basse. Il sentait
ses mains trembler et, mine de rien, il les joignit pour cacher sa
nervosité.
– De quoi voulais-tu parler ? demanda Cho,
non sans inquiétude.
Le jeune homme brun garda le
silence un moment. Il ne savait plus vraiment où il en était.
Quelques minutes auparavant, il s'était parfaitement
remémoré les questions qu'il aurait à poser. À
présent, il avait tout oublié tant il se sentait
angoissé. Il se retrouvait sans repère, ridicule à
souhait et sans doute ennuyeux au possible. Plongé dans des
pensées de plus en plus sombres, il tressaillit à la
sensation d'une main sur sa cuisse. Il fixa les doigts de l'éphèbe
sur sa jambe et leva un regard effrayé. Ce dernier cessa tout
contact et sourit simplement.
– Tu peux parler à cœur
ouvert, Harry... Tant que tu ne poses pas de questions sur ce que je
suis, je n'ai aucun tabou.
Harry hocha la tête, la
gorge serrée. Il chercha à rassembler ses esprits et
demanda enfin :
– Au fait, je n'ai pas eu le temps de te le
demander. Comment ça s'est passé avec Snape ?
Cho
fit la moue et haussa les épaules. Que pouvait-il dire de vrai
? Pas grand-chose... Il ne pouvait pas lui avouer que Severus était
une vieille connaissance.
– Nous avons eu une longue
discussion, et je m'en suis sorti sans trop de problème. Je
n'ai pas eu de lignes à faire, ni d'heures de sanction...
C'est une chance, connaissant Snape.
Il avait horreur de
mentir. Il trompait déjà le monde entier en prenant une
identité pour le couvrir, aussi cherchait-il à rester
le plus honnête possible avec les autres.
Un nouveau
silence s'installa, et bientôt, la mystérieuse
appréhension de Harry déteignit sur le moral de Cho. Il
se surprenait à éprouver un mal-être, comme s'il
se sentait coupable d'un crime qu'il n'avait pas commis. Un
sentiment étrange, presque malsain...
Ça
va pas dans ma tête... je ne tourne pas rond...
–
Cho...
Ce fut au tour du Chinois de sursauter. Agité,
les nerfs à fleur de peau, il se tortilla nerveusement sur le
lit et prêta une oreille attentive à la voix de son ami.
– Dis-moi... comment as-tu fait pendant toutes ces années
? À faire semblant... comment as-tu pu garder un lourd secret
aussi longtemps ?
Cho laissa ses yeux se perdre dans le
vague et il sourit tristement. Lui-même s'était
demandé autrefois comment il était parvenu à
berner son entourage de cette façon. Tout simplement parce
qu'il était très minutieux et très
précautionneux quant au réalisme du personnage de «
Cho Chang ». Depuis sept longues années, il avait passé
ses journées entières à vivre sous ce nom, à
modeler petit à petit le caractère d'un personnage
fictif, au point de regretter parfois cette couverture bien plus
complexe qu'un simple rôle théâtral. Il n'avait
jamais l'occasion d'être lui-même. Sauf peut-être
durant les grandes vacances, quand il retournait chez son tuteur.
–
Déjà, je suis aidé par mon physique...
souffla-t-il en jetant un regard critique à son corps
efféminé.
Même lorsqu'il était
seul, il cachait ses formes douces et rondes sous de longs vêtements
amples dès qu'il en avait l'occasion. Il ne pouvait
cracher sur ce corps, il ne pouvait maudire la Fortune d'avoir été
si généreuse avec lui. Après tout, il possédait
ce genre de beauté asexuée qui attirait les regards des
hommes et des femmes sans distinction. Tout était harmonie
dans sa démarche, dans ses gestes, dans ses sourires et ses
clins d'œil. Perfection, aurait dit le commun des mortels.
Mais
Cho savait que la perfection n'existait pas dans le monde
organique, auquel cas elle serait froide et insipide. Non... il
n'était pas parfait, et il n'avait jamais eu cette
prétention de le croire malgré les compliments
incessants. Il détenait simplement cette beauté presque
parfaite, adoucie et rehaussé par un millier de charmes.
–
Raconte-moi, Cho...
Le petit Chinois leva le regard vers
Harry. Ce dernier l'étudiait du regard, comme pour chercher
à percer les mystères de cette mascarade.
–
Raconte-moi tes années à Hogwarts...
Cho
acquiesça et se laissa tomber en arrière pour s'affaler
sur le matelas. Pensif, il se perdait dans la contemplation du
plafond sans se rendre compte du bien-être que son dos
éprouvait à la sensation du lit drapé de soie.
Il fit une petite moue et murmura rêveusement :
– Déjà,
il avait fallu que je me crée une identité, et que je
me façonne un passé, une famille, une histoire, tout
cela en restant crédible. J'ai réussi à me
faire connaître petit à petit sur les terres
d'Angleterre. Assez en tout cas pour recevoir ma lettre
d'inscription à Hogwarts. (Un petit rire le secoua et il
ajouta :) Tu aurais dû me voir, j'étais tout excité
à l'idée d'être admis !
Il
replongea dans ses souvenirs de première année, la
gorge serrée par l'émotion quand il se remémora
l'instant où il avait dépassé les portes du
Manoir de Hogwarts. Il passa distraitement une main sur ses yeux
humides et continua d'un ton égal :
– Pour les deux
premières années, ce n'était pas difficile.
Les filles n'avaient pas de poitrine à l'âge de dix
ou douze ans, donc je restais tel quel. La seule petite difficulté
était de prendre l'habitude de croiser les jambes comme
elles... (Il se permit un second rire devant la mine surprise du
Gryffindor et expliqua doucement :) Les filles ont un réflexe
physique qui fait que croiser les jambes leur est pratiquement inné.
Mais pour un garçon, même un travesti comme moi, ça
fait mal. Tu devineras aisément pourquoi...
Harry
s'empourpra et hocha vivement la tête, portant sa main sur
son entrejambe comme s'il craignait sentir une douleur de ce genre.
– J'ai réussi à m'y faire au bout de quelques
mois, rassura Cho en prenant une mimique coquine. Bon, arrivée
la troisième année, il a fallu changer certaines
choses. Je devais entre autre simuler la poitrine... ça, je
t'ai déjà expliqué comment je devais procéder.
– Oui... donc ça va, ce n'est pas si compliqué
en fin de compte ? fit remarquer le jeune homme brun. Je veux dire,
pour un imberbe comme toi...
Cho fit une petite grimace et
secoua négativement la tête, s'attirant un haussement
de sourcil étonné. Il se redressa et s'assit à
la hauteur de son camarade, le regard toujours plongé dans le
vide. Il laissa planer un petit silence, puis il reprit :
–
Malheureusement, tout ce personnage que j'ai construit ne se
résumait pas qu'à cela pour être crédible.
Il faut avoir le réflexe de parler de soi au féminin,
de jouer les coquettes, de prendre le rôle de la jeune fille un
peu stupide qui rit pour un rien avec ses amies. Il faut aussi
s'habituer à se diriger vers les toilettes des filles, les
vestiaires des filles, s'habiller comme elles, bien sûr.
Parfois aussi, tu dois te maquiller, acheter des parfums pour
femmes...
Harry ouvrait des yeux ronds au fur et à
mesure que la liste s'allongeait. Il commençait à
deviner à présent combien Cho avait été
méticuleux et stratège depuis son plus jeune âge
; il en était stupéfait. Il ressentait à présent
pour ce « garçon-fille » un profond respect. Même
s'il l'avait voulu, jamais il n'aurait été
capable de tenir un tel rôle avec tant d'application.
–
Et heureusement pour moi, je suis Asiatique, donc pratiquement
imberbe... (Le Ravenclaw s'empourpra quand il remarqua le regard
curieux de son ami et il s'étendit maladroitement sur le
sujet :) En fait... je suis même complètement imberbe.
Mon système pileux est l'incarnation même du néant.
De ce fait, je n'ai rien sur les jambes, ni sous les aisselles, ni
même sur le visage, contrairement à vous, les Européens.
C'est pratique quand on se fait passer pour une fille... mais
lorsqu'on prétend au fond de soi être un individu de
sexe masculin... c'est parfois frustrant.
Il décida
de changer rapidement de sujet pour calmer ses rougissements
intempestifs et continua d'un air détaché :
–
Pour passer inaperçu parmi la gent féminine, tu dois
penser à parler de garçons tout le temps, car c'est
le sujet de discussions préféré de beaucoup de
filles... J'aurais aimé avoir de vraies amies. Des personnes
mûres, qui ont autre chose en tête que ça.
Quelqu'un comme ton amie Hermione, tu vois ? Sa soif de
connaissance est pour moi source de fascination...
– C'est
parfois agaçant... confia Harry avec un sourire résigné.
Oui, je vois ce que tu veux dire.
Cho se contenta de
hocher la tête silencieusement. Il rit doucement et leva les
yeux au ciel :
– J'ai oublié le plus important ! Les
périodes de règles. Pendant les vacances avant de
rentrer en troisième année, je m'étais plongé
dans l'étude de la menstruation. Il fallait avoir les cycles
en tête, rester régulier, savoir que quelques jours
avant ladite période, on devait se montrer un peu plus nerveux
et susceptible, que quelques jours après, on devait être
en grande forme et dans la phase réceptive de la femme.
–
Réceptive ? questionna craintivement le Survivant.
–
Draguer, répondit le travesti en le fixant avec un sourire. Du
moins vouloir plaire.
– Ah... euh... je vois... oui en effet,
ça devait être... très difficile... balbutia
Harry qui ne pouvait s'empêcher de rougir à ces
propos.
Troublé, il évitait soigneusement de
croiser les yeux de Cho. Deux hématites... deux perles noires,
profondes, fascinantes... Il avait toujours aimé les regards
sombres, à la fois énigmatiques et ensorcelants. Plus
que le sourire pourtant charmant du Chinois, c'était ces
prunelles d'encre qui avaient charmé son cœur d'adolescent.
Il se souvenait encore du frisson qu'il avait ressenti la première
fois que Cho avait posé son regard sur lui. À ce
moment-là, il avait senti son cœur faire un bond et ses
intestins se nouer... Cette émotion était toujours
présente, et jamais il n'oublierait sa première
sensation de chaleur et de désir, née d'un simple
coup d'œil.
– Et... euh... tu faisais comment pour imiter
les règles ? demanda-t-il machinalement.
Cho se
mordit la lèvre inférieure et observa son ami avec
malice.
– Es-tu sûr de vouloir le savoir ?
Harry
secoua négativement la tête. Après mûre
réflexion, il valait mieux ne pas chercher à connaître
toutes ces astuces. Il en avait assez entendu pour ce soir de ce
côté. À présent, il avait d'autres
questions en tête... Moins importantes sans doute, mais plus
obsédantes à ses yeux.
– Et... ça ne te
dérange pas de... de sortir avec des garçons alors que
tu en es un ?
– Harry ! souffla le Ravenclaw en
détournant la tête, les pommettes rosies par l'embarras.
Cela ne me dérange pas puisque je suis... je suis homosexuel.
Ne s'attendant pas à parler de sexualité,
le Gryffindor s'empourpra. Cependant, à chaque fois qu'il
en découvrait un peu plus sur Cho, il sentait son esprit se
vider de ses pensées les plus sinistres. Profitant de la
tournure de leur discussion, il se permit des questions plus intimes.
– Avant Cédric... tu avais déjà embrassé
quelqu'un ?
Cho secoua négativement la tête,
se murant dans le silence pour ne pas parler de ce garçon.
Cette disparition avait été une douleur, mais son
fatalisme le laissait penser qu'il s'agissait là d'un
caprice de la Fortune. En adoptant cette vision des choses, la mort
du jeune Diggory était plus facile à supporter.
Harry
se grattait pensivement la gorge. Il paraissait affreusement gêné.
Cho posa une main sur la sienne pour l'encourager et le jeune homme
brun apprécia la chaleur qui se diffusait dans son corps. Dans
un regain de courage, il demanda :
– Et... notre baiser...
quelle a été ton impression ?
Cho comprenait
l'anxiété que son ami pouvait ressentir. Les hommes
avaient une forme d'orgueil qui les poussait à s'inquiéter
à chaque chose qu'ils entreprenaient pour la première
fois. Il sourit simplement et chuchota :
– Beaucoup de
tendresse maladroite. Il faut dire que je t'avais pris au dépourvu,
je m'en excuse. Inconsciemment, j'avais besoin de ton étreinte
et de tes lèvres... (Il demeura silencieux quelques secondes
avant de reprendre :) J'ai aimé cet instant entre toi et
moi. Je n'avais jamais ressenti cette délicatesse un peu
timide avant notre baiser. C'était émouvant.
Le
jeune homme brun se sentait à la fois honteux et soulagé.
Manifestement, Cho n'avait pas gardé un mauvais souvenir de
leur étreinte, et cela le rassurait. Sans même se rendre
compte de ses gestes, il prit le travesti à bras-le-corps et
le fit basculer en arrière. Le nez enfoui dans son cou, il
s'enivrait de ce parfum à la fois subtil et entêtant.
– Harry... murmura le garçon sous lui.
L'interpellé
se redressa à la hauteur de son visage.
– Savais-tu
qu'une personne à Hogwarts t'aime beaucoup ? Énormément,
même...
Deux prunelles de jade scrutèrent Cho
attentivement, comme pour lire à travers son regard
insondable. Comprenant qu'il n'arracherait de renseignements
qu'en posant des questions :
– Elle s'appelle comment ?
–
Il... rectifia le travesti d'une toute petite voix.
Ce
n'était pas gagné.
– Quelqu'un que tu n'aimes
pas trop d'ailleurs... que tu déteste même...
–
Ce n'est pas Malfoy, j'espère...
– Vois plus
vieux...
Les yeux de Harry s'agrandirent d'horreur.
Pas très sûr de bien cerner le sous-entendu particulier
de Cho, il l'étudia du regard, cherchant à lui
soutirer une information qui mettrait fin à ses craintes.
Non... La seule personne à Hogwarts plus âgée que
Draco et qu'il détestait était sans aucun doute cet
affreux Professeur aux cheveux graisseux et au nez crochu. Le simple
fait de voir ce visage maigre et blafard se dessiner dans sa tête
le fit frémir de dégoût.
Il se releva
brusquement et, la Carte des Maraudeurs en main, il s'enveloppa de
sa cape d'invisibilité pour retourner dans son dortoir.
Profondément choqué, il quitta Cho sans un mot.
À suivre...
Moueh-héhé, je n'ai pas été aussi longue pour le chapitre 3 ! à vrai dire, la confrontation Severus-Cho et les aveux entre Harry et notre petit travesti me passionnaient ! Surtout les aveux en fait. La maladresse de deux adolescents qui tentent de se redécouvrir, je trouvais ça intéressant (oui bon... ça c'est perso, j'imagine... tout le monde n'y sera peut-être pas sensible !).
Avec ces deux passages, je ne voyais pas les heures défiler en écrivant... Par contre, le coup de Draco embrassant Cho n'était pas du tout prévu o.O ... une lubie, une envie soudaine, un désir irrépressible, un caprice ou un problème d'hormones de l'auteur... je ne sais pas comment ça s'appelle exactement, mais le fait est que ces deux-là se sont embrassés... Va falloir que j'arrange le coup pour les prochains chapitres, histoire de ne pas sortir du plan que mon petit cerveau délabré a charpenté si difficilement -.-" ... M'enfin bon, j'arriverai toujours à retomber sur mes pattes.
En espérant que vous ne m'en voudrez pas pour cette digression Draco/Cho, je vous fais de gros poutoux et vous souhaite une bonne journée/soirée :D !
Réponses aux
reviews ci-dessous !
Bzu-bzu à tous !
Tanuki qui se retourne dans sa maison troglodyte.
Anonymous : ouh-ouh ! un fan anonyme ! ça excite mes neurones tout ça :-D en tout cas, merci pour ces éloges... (rougit derrière son écran et se trémousse sur sa chaise) pour ce qui est de l'originalité de l'histoire, je te remercie ! Pour tout t'avouer, j'avais très peur des réactions des gens par rapport au nouveau « Cho ». Mais pour l'instant, j'en suis heureuse, le petit connaît un léger succès ! Pour ce qui est du style d'écriture, je suis vraiment toute émue de lire ton compliment, ça me fait énormément plaisir ! J'attache énormément d'importance à la qualité d'écriture ! En tout cas, avec cette review, je me sens revigorée pour le chapitre suivant ! yeeeepieee ! allons-y XD !
pétrol kiwii : wouaaah je suis heureuse de te revoir toâ ! (je ne manquerai pas de rougir au joli titre que tu m'as attribuée ! lol, merci !) hihi ! j'aurais jamais pensé lire un jour la review d'une yaoiste disant qu'elle aime Cho de plus en plus ! Bon pour ce qui est de Harry, c'est clair qu'il est plutôt... « agaçant » je dirais. Mais il change petit à petit ! Imagine un adolescent en pleine crise qui apprend que son premier baiser a été échangé avec un garçon... hum ! ... en tout cas, t'inquiète pas pour ça, je continuerai cette fic :-D je ne sais pas encore combien de chapitres cela fera... advienne que pourra ! (sinon pour répondre à ton PS, je suis une yaoiste depuis l'âge de 6 ans... ça va donc bientôt faire 15 ans de « yaoisme » à mon actif ! fière de moi je suis, bientôt je pourrais fêter nos noces d'argent !)
Cholera : en effet, comme je l'ai dit à pétrol kiwii, j'ai fait de Harry un jeune garçon plutôt irritant pour ne pas dire autre chose ! Mais je n'aime pas les héros trop parfaits, je veux le rendre plus « humain », plus « réaliste ». S'il était parfait, la fic serait moins intéressante à mes yeux, et ce serait un peu morne... Sinon, j'avais oublié que le nom de famille de Wufei était « Chang » ! Bien vu, tu m'as rappelé ce détail ! Mais comme le laisse sous-entendre Cho dans le premier chapitre, « Cho Chang » n'est pas son véritable prénom. Simple pseudonyme... Donc non, dans son vrai prénom (si je trouve l'occasion de le glisser dans la fic, c'est pas dit) il n'y aura ni « Cho » ni « Chang », donc pas de clin d'œil à Wufei (G-boy que j'apprécie énormément d'ailleurs ! rhaaa, enlevez-lui sa petite queue de cheval, je veux le voir avec les cheveux lâchés XD !)
