Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets de modifier certains détails d'ordre corporel et chronologique, ainsi que quelques incohérences et/ou anachronismes.
Disclaimer : les lieux et les personnages sont la propriété de Rowling, mais cette version de l'histoire m'appartient.
Rating : R (car violence physique, morale et sexuelle à venir)
Résumé : Quand Tanuki décide de refaire l'histoire en dotant Cho Chang d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la VF des noms des maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor §§§ Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin - Serpentard §§§ Hufflepuff - Poufsouffle §§§ Hogwarts - Poudlard §§§ Hogsmeade - Pré-au-Lard §§§ Argus Filch & Miss Norris - Argus Rusard & Miss Teigne §§§ Severus Snape - Severus Rogue §§§ Professor Hooch - Professeur Bibine §§§ Fang - Crockdur.

--- CLAIR OBSCUR ---
05
La face cachée de la Lune

Le Professeur Snape avait continué son cours, ignorant le silence stupéfait des élèves. Harry et Hermione s'échangeaient des regards curieux et bientôt, quelques murmures discrets s'élevèrent. Tout le monde avait les yeux rivés sur Cho qui s'empourprait. Les poings serrés, le garçon cherchait à retenir ses éclats. Sa pulsion première avait été de répondre au Maître des Potions comme il se devait. Puis il avait été tenté de briser toutes les fioles si précieuses d'un coup de chaudron. Enfin, l'idée de quitter le cours à toutes jambes lui avait effleuré l'esprit. Mais il se contentait de rester là, assis sur sa chaise, la tête haute malgré cette honte qui le rongeait.
Draco fronçait les sourcils. Il devinait ce que préparait son père et un sentiment d'impuissance le gagnait. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était soutenir Cho avant la convocation. Les mains crispées, l'esprit ailleurs, il ne fit guère attention aux consignes du Professeur et sursauta brusquement quand un jet de flammes vertes jaillit de son chaudron. Les autres élèves tressaillirent à leur tour, mais personne n'osa rire face à l'erreur du jeune Malfoy. À vrai dire, tous étaient très préoccupés par l'Asiatique et ce qui l'attendait dans le bureau de Lucius.
Harry sentait ses doigts vibrer de colère. Comme beaucoup d'autres Gryffindors et Ravenclaws, il éprouvait une vive rancune envers Snape. Pourquoi avoir annoncé cela au beau milieu de la classe ? Pour l'humilier ?
Le salaud... il n'a pas changé... il aurait pu lui parler en privé, ça ne lui coûtait rien de le faire !
Il jeta un coup d'œil courroucé au Professeur puis glissa son regard sur Cho. Ce dernier avait baissé les yeux vers son chaudron pour finir sa solution. Ses mains tremblaient légèrement, mais il n'y prêta aucune attention et continua sa préparation sous le regard attentif du Maître des Potions. Il ne pouvait cacher que cette nouvelle l'avait anéanti. Se faire convoquer au Ministère n'annonçait jamais rien de bon, surtout quand il s'agissait d'un face-à-face avec Lucius Malfoy.
Tout le monde à Hogwarts avait eu connaissance de la relation que Draco entretenait avec le Ravenclaw. La plupart des Professeurs de l'École, sans compter Albus Dumbledore, avaient lu comme chaque matin la Gazette des Sorciers. Et tous affectionnaient plus particulièrement les papotages en fin de journal... De ce fait, grâce à la photographie de Colin Creevey, tous avaient assisté au baiser que les deux jeunes avaient échangé durant le week-end. C'était d'ailleurs assez gênant d'imaginer que plusieurs centaines de personnes à Hogwarts avaient scruté ce geste intime... des personnes parfois peu appréciables ou à la langue bien pendue.
Certes, jamais ils n'auraient dû s'embrasser à découvert... Draco et Cho avaient fait une erreur et ils le reconnaissaient. Mais à ce moment-là, ils étaient apparemment seuls. Alors pourquoi Creevey avait-il eu la mauvaise idée d'immortaliser cet instant pour le compte du journal le plus lu de toute l'Angleterre ? Le Chinois nourrissait une sévère animosité envers Colin. Son intimité avait été bafouée et même si cette idée de les photographier ne partait pas d'un mauvais sentiment, il était pleinement exposé à la critique. À présent, il était condamné à passer un sale quart d'heure dans le bureau de Lucius.
Severus Snape observa sa montre et annonça la fin du cours. Tous les élèves rangèrent leurs affaires dans le silence. Harry se dépêcha pour rejoindre Cho, mais ce dernier courait pour fuir la salle, ignorant les appels de son ami. Ses longs cheveux devant le visage pour cacher ses yeux rougis, il quittait la pièce sans demander son reste. Harry observa longuement la porte, peiné et hypnotisé par le regard larmoyant que le Chinois avait cherché à dissimuler. Sans doute avait-il fui la salle pour se cacher et pleurer sans honte.
Le Gryffindor cessa de contempler la sortie et ses yeux hagards croisèrent ceux de son éternel rival. Pour une fois, Draco et lui partageaient la même confusion. Il s'agissait là du premier regard sans haine qu'ils s'échangeaient depuis longtemps.
Malfoy reporta son attention sur la porte et quitta hâtivement la salle. De son côté, Harry rassembla ses derniers parchemins éparpillés sur la table. Il fixait Severus avec colère, ne prenant pas garde à la mine fatiguée de l'homme. Ce dernier frottait son visage de ses paumes avec lassitude. Il était visiblement exténué... Joignant ses mains pour y appuyer son menton, il posa négligemment son regard sur chaque élève. Harry attendit, aux aguets, le souffle coupé. Et si Snape regardait dans sa direction ? Verrait-il quelque changement dans ces yeux noirs qui lui confirmerait les dires de Cho ?
Semblant répondre inconsciemment à cet appel, Severus dirigea lentement ses pupilles vers la silhouette du jeune homme brun, sans même prêter attention à la personne qu'il dévisageait. Intimidé, le Gryffindor rassembla son courage et soutint ce regard, le scrutant attentivement pour y trouver quelque indice. Mais c'était faire fi de la perception surdéveloppée de l'homme qui analysa le comportement insolite du jeune Potter. Ses traits étirés se durcirent aussitôt, ne manquant pas d'effrayer Harry et lui faire hérisser les cheveux. Les paroles de Cho dans la douche refirent surface et le Gryffindor empoigna son sac pour fuir à toutes jambes. Le cœur battant, il se rua vers un groupe d'amis pour partir vers la salle du cours suivant. Dans cet élan de panique, il bouscula Pansy qui protesta en un cri suraigu.
– Tu pourrais faire attention ! siffla-t-elle avec agressivité.
Mais Harry était déjà trop loin pour faire attention à elle. La Slytherin adopta son allure la plus hautaine et renifla d'un air méprisant. Enfin, elle leva fièrement le visage et entra dans les toilettes réservées aux filles. Elle se planta alors à côté de Cho et le défia du regard.
Le Chinois frottait ses yeux et passait un peu d'eau claire sur son visage. Il avait eu la force de retenir ses cris et ses sanglots, mais pour une fois, les larmes avaient été plus fortes et avaient roulé silencieusement sur ses joues. Trop de pression... Et une vie malsaine à supporter quotidiennement. Si seulement il pouvait être reconnu pour ce qu'il était... Harry Potter avait certes été manipulé, mais il avait eu cette chance de pouvoir rester lui-même.
Il se redressa de l'évier et croisa alors à travers le miroir les yeux furieux de Pansy. Ses mâchoires se crispèrent alors que son hostilité croissante le consumait petit à petit. Les deux nouveaux ennemis s'observèrent un long moment par le biais de cette glace, puis Cho consentit enfin à se tourner vers la jeune fille pour un regard franc.
– Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il d'un ton peu aimable.
Non, décidément, il n'avait pas la patience requise pour nourrir ce conflit stupide qui naissait entre lui et cette élève.
– Je ne veux plus que tu t'approches de Draco... murmura la jeune fille en serrant les poings.
– Tes histoires de cœur ne m'intéressent pas, riposta le Ravenclaw d'un ton cassant. C'est à Draco et moi de choisir ce qu'il adviendra de notre relation. Garde tes piaillements de poule offensée pour d'autres... moi, je n'aurai plus la constance de t'entendre te lamenter dans ton océan d'égoïsme.
La jeune fille blonde ouvrit la bouche, stupéfiée par ces paroles outrageantes envers la descendante d'une des plus grandes familles de Sang-Pur. Avec une rage maîtrisée, elle s'approcha de Cho et brandit sa baguette sur la gorge pâle de son rival.
– Ose poser ton regard pervers sur lui et je ferai tout pour qu'on t'envoie à Sainte-Mangouste !
La menace inconsidérée de Pansy avait achevé le moral de Cho. Il se sentait parvenu à un point de non-retour ; une colère noire grondait dans son cœur. Au diable le règlement ! Il en avait plus qu'assez de toujours laisser courir les ragots sur lui ; il était grand temps de remettre certains sujets à leur place. Pourquoi se retenir plus longtemps alors qu'il n'éprouvait aucune pitié pour ces pions ?
Pansy sembla remarquer le changement d'humeur de celui qu'elle considérait comme sa pire ennemie. Retenant un tremblement et serrant un peu plus sa baguette, elle recula et lissa une mèche blonde derrière son oreille d'un air qu'elle souhaitait nonchalant.
– Parkinson, grogna Cho d'une voix étonnamment grave. Lève encore une fois ta baguette vers moi et je te la plante entre les fesses avant de lancer un Endoloris... Crois-moi que tu marcheras comme un danseur folklorique jusqu'à la fin de tes jours...
L'avertissement sembla suffire car Pansy quitta les toilettes en pressant le pas. Le Ravenclaw s'autorisa un soupir exaspéré et leva un regard pauvre vers la glace pour observer son reflet. Ses yeux étaient encore rouges... D'un geste impatient, il les frotta et reprit son cartable en main. Ses doigts libres poussèrent la porte en bois et il tomba nez à nez avec Draco dans le couloir. Tout d'abord surpris, il força ses lèvres pour un sourire qu'il voulait convaincant. Manifestement, il n'était pas le seul à être mal à l'aise ; son ami se massait la nuque d'un air embarrassé et ses yeux exprimaient le doute.
Draco ne savait que dire en de pareilles circonstances. Les premiers mots qui lui venaient étaient des excuses... Mais s'excuser de quoi ? Il n'était pas son père, il n'avait rien à se reprocher. Et de toute manière, un Malfoy ne se justifiait jamais, même s'il était en tort.
Troublé par ces pensées qui le plongeaient toujours plus dans la confusion, il demeurait immobile, le regard fixe. Alors Cho lâcha son cartable et s'approcha. Avec une infinie douceur, il se blottit contre son torse et ferma les yeux.
– Serre-moi dans tes bras, Draco... chuchota-t-il.
L'interpellé sentit ses pommettes se colorer... Même si le couloir était à présent désert, une telle situation le désarmait complètement. Cependant, il ne put décliner cette requête et d'un geste maladroit, il posa ses mains crispées sur les épaules du jeune homme. Cho était capable de murmurer ces petites phrases intimes si facilement... Draco lui enviait presque cette aisance certes un peu naïve mais tellement charmante.
L'Asiatique ne put s'empêché de sourire, partagé entre l'amusement et la résignation. Il reconnaissait bien là l'éducation et la contenance de la famille Malfoy. Cependant, au fond de lui, il aurait souhaité un peu plus de chaleur dans cette étreinte. Il soupira et profita simplement de cette émotion qui le gagnait en écoutant les battements du cœur de Draco sous sa chemise.
– Tu as quel cours, à présent ? demanda ce dernier pour rompre le silence.
– Mmh... Arts Divinatoires avec Trelawney... répondit Cho après un petit temps de réflexion.
– Tu me diras à quelle heure tu dois mourir ?
Les deux adolescents partagèrent un rire complice et le Chinois posa sa tête sur une épaule offerte. Taquin, il harcela de son souffle une mèche blonde derrière l'oreille.
– Allons, j'adore ce professeur. Elle est un peu déjantée, elle vit dans son au-delà, mais elle reste gentille. Et toi ? Quel cours as-tu maintenant ?
– Métamorphose... on se retrouve à la récréation ? (Rougissant à ses propres paroles, Draco s'empressa d'ajouter :) Comme ça... on ira ensemble au cours de Soins des Créatures Magiques...
Cho leva un regard surpris, puis il sourit et acquiesça vivement. Ces paroles auraient pu paraître anodines pour d'autres oreilles, mais lui savait pertinemment que les Malfoy possédait une sorte de langage codifié. Ces mots prenaient un tout autre sens ; cette fois, c'était Draco qui cherchait la compagnie de Cho et non l'inverse. Ce rôle inhabituel était lourd de sous-entendus quant aux sentiments du Slytherin.
Encore sous le coup de la surprise, le Chinois acquiesça vivement. Même si son Mentor lui avait inculqué la dignité et une certaine tenue, il avait ressenti l'espace d'un instant l'envie de se serrer un peu plus contre son ami... une envie qui s'était aussitôt évaporée lorsque l'éducation rigide d'un homme avait refait surface, devançant même ses réflexes premiers.
Le couple s'échangea un sourire pudique avant de se séparer et Cho s'en retourna vers la salle des Arts Divinatoires. Plus il s'approchait de l'échelle, plus il songeait à la convocation de Lucius Malfoy. Déjà, il appréhendait leur rencontre... Il avait beau ne rien craindre face à des gens de la haute société, il n'en était pas moins intimidé.
Cette heure avec Trelawney l'intéressa à moitié. C'était le deuxième cours consécutif qui le laissait indifférent malgré son attrait pour les Arts Divinatoires. Il ne s'en inquiétait guère, mais il n'aimait pas se sentir d'humeur maussade. Il appréciait beaucoup trop ce professeur pour admettre son laisser-aller. À la fin de la leçon, il se leva de table et se dirigea vers la femme aux lunettes énormes. Mal à l'aise, il se dandina un instant et murmura d'une voix penaude :
– Je souhaitais vous présenter mes excuses pour avoir quitté le cours de la semaine derrière sans votre autorisation... J'ai été victime d'une hallucination et j'ai pris peur...
Pieux mensonge. Mais malgré son troisième œil, Trelawney était bien trop aveugle pour remarquer la manipulation du collégien. C'était mieux ainsi, pour tout le monde.
– Une hallucination ? répéta Sybil. Oh ! Aurez-vous l'occasion de m'en dire un peu plus ? Je m'intéresse à ce sujet et justement, je prépare une thèse sur les différences entre les hallucinations et les visions...
Cho se permit un rire et acquiesça. Si cela pouvait faire plaisir, il n'avait rien contre. Trelawney était trop souvent mal jugée et plus d'une fois le garçon avait pris en pitié la pauvre femme qui avait toujours été source de moqueries.
Soulevant son cartable, il salua le Professeur et quitta la salle aux odeurs d'encens, non sans tituber. Une fois ses poumons remplis d'un air plus sain, il s'en alla vers la cour de récréation pour profiter de sa pause. Aussitôt, il remarqua Draco qui l'attendait un peu plus loin. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il se hâta pour le rejoindre. Il posa son sac et s'assit sur le banc aux côtés du Slytherin. Déjà des regards curieux se tournaient vers eux comme pour guetter l'instant où un geste, une posture, un clin d'œil les trahirait... Au moindre doute, plusieurs élèves s'agglutineraient autour d'eux pour les assaillir de questions.
Cette sensation d'être épié de tout côté renfrogna Cho qui ferma son visage, ne laissant place qu'à un masque parfaitement impassible. Son expression peu avenante découragea les étudiants qui s'en retournèrent à leurs bavardages.
Draco soupira et son partenaire fit basculer sa tête en arrière. Exprimer ses sentiments était déjà une tâche compliquée pour les deux adolescents, mais la pression qu'apportaient la convocation de Lucius et la surveillance intempestive des élèves et des enseignants sur leur relation ne les aidaient absolument pas.
Tous deux se murèrent dans le mutisme, sachant que seule cette option leur permettait de partager un moment intime sans prendre le risque d'attirer un peu plus l'attention des autres. Cette froideur apparente entre eux aux yeux des autres était un leurre. Cho et Draco n'avaient guère besoin de gestes ou de paroles pour se comprendre et profiter pleinement de cet instant. Ils faisaient partie de ces rares personnes qui trouvaient bien plus de révélations en un long silence qu'avec des mots parfaitement superflus et stériles.
Comme beaucoup d'élèves, Harry fixait attentivement le couple. Hermione cherchait par tous les moyens de l'intéresser à autre chose, mais ses efforts restaient vains.
– Harry... je pense pas qu'ils apprécient vraiment qu'on les scrute de cette façon...
Mais son ami ne l'écoutait plus. Sans faire attention aux grommellements de la jeune fille, il quitta le groupe et se dirigea vers le banc. Draco le vit arriver et se raidit imperceptiblement, les yeux assombris par une vague de colère. La tension pourtant imperceptible sembla ramener Cho à la réalité car il cessa de fixer le ciel et jeta un regard farouche au Gryffindor. Harry comprit aussitôt qu'il n'était pas le bienvenu. Malgré son embarras, il ne se démonta pas.
– Bon courage... pour demain, déclara-t-il.
Cho tressaillit, un peu dérouté par cet élan d'amitié inattendu. Bien forcé de sourire pour rassurer Harry, il hocha la tête d'un air convaincant et répondit :
– N'exagérons rien, Lucius Malfoy n'est pas pire que le Professeur Snape, je devrais m'en sortir sans trop de mal.
Il savait pertinemment que ce qu'il avançait était faux. Il connaissait assez bien les deux personnages pour savoir qu'il valait mieux faire face à un ennemi comme Severus plutôt qu'affronter Lucius. Mais il préférait afficher une certaine assurance et dissimuler ses angoisses profondes.
Harry soupira et acquiesça. Il se tourna vers Draco et soutint son regard un moment. Finalement, il fit demi-tour et les quitta après un bref « Bonne chance ». Les autres élèves dans la cour avaient longuement étudié cet instant entre le Gryffindor et le couple. Chacun avait retenu son souffle en espérant apprendre plus pour nourrir les prochaines rumeurs. Potter était-il jaloux de Malfoy ? Éprouvait-il toujours des sentiments pour l'Attrapeur des Ravenclaws ?
Malheureusement, personne n'avait obtenu ce qu'il désirait pour satisfaire son désir. Et voir Harry s'écarter si vite des deux adolescents laissait dans la gorge des spectateurs le goût amer d'une curiosité inassouvie.
Silencieusement, Cho et Draco se levèrent du banc pour se diriger vers la cabane du semi-géant qui s'apprêtait à donner son cours. Les élèves de septième année les suivirent, à la fois intrigués et frustrés de ne pas en savoir davantage.

§§§

Dix heures et demie.
Cho n'avait quitté son lit que pour se doucher et s'habiller. Il s'était ensuite recouché et avait passé des heures à fixer le plafond, absorbé par ses pensées et ses appréhensions. Plus qu'une demi-heure et il ferait face à Lucius Malfoy.
Il avait préféré ne pas aller en cours. De toute façon, il n'avait pas l'esprit aux études. Certes il aurait été présent physiquement, mais il n'aurait pas été en mesure de profiter pleinement des leçons étudiées. Répondre présent et ne pas être apte à suivre un cours était selon lui un manque de respect beaucoup plus grave et moins justifiable qu'une simple absence. Il jeta un regard blasé à son réveil. La veille au soir, une angoisse soudaine lui avait serré le cœur et l'avait condamné à passer une nuit blanche. En ce jour nouveau, il éprouvait toujours un sentiment d'anxiété, mais son humeur maussade prédominait sa peur première.
De mauvaise grâce, Cho se leva et s'étira. Il s'enferma dans la salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage, puis il lissa ses cheveux et les coiffa soigneusement. Il étudia son reflet dans le miroir avec sévérité pour juger s'il était présentable ou non aux portes du Ministère. Finalement, il ferma les yeux et se concentra.
Il détestait le Transplanage... Se transformer en corneille aurait été tellement plus simple pour lui. Mais une telle distance à parcourir serait au-dessus de ses moyens, sans compter le danger qu'il courait si un rapace venait à le prendre en chasse.
Cette fois-ci, il n'avait d'autre choix que d'opter pour le Transplanage. Le Chemin de Traverse n'était pas assez fiable selon lui, et sa légère claustrophobie l'empêchait d'être à l'aise dans le foyer étroit d'une cheminée enduite de suie.
Un court moment, il se sentit quitter sa dimension et à peine eut-il cligné des yeux qu'il se trouvait déjà à Londres, dans une ruelle située à quelques pas des marches du grand bâtiment du Ministère de la Magie. Le temps de réajuster son col, il chercha à ne plus penser qu'à ses meilleurs moments en compagnie de ses amis à Hogwarts. Il n'avait pas l'intention de créer et nourrir des angoisses par rapport à sa rencontre avec Lucius Malfoy. L'appréhension était un sentiment inutile. « Rien ne se passe jamais comme on l'espère et jamais comme on le redoute... » avait dit un jour son Mentor. Et Cho avait une confiance totale en cet homme et en ses paroles. Il ne devait pas laisser Malfoy sentir sa peur.
Après une longue inspiration pour retrouver son calme, il sortit de sa cachette et gravit les marches de l'édifice imposant. Tous les sorciers les plus haut placés se drapaient fièrement dans leurs capes, déambulant dans les corridors et agrémentant leurs discussions animées de gestes larges. De son côté, Cho leur glissait des regards condescendants alors qu'il s'approchait d'une réceptionniste.
– Le bureau de Monsieur Malfoy, s'il vous plaît.
La jeune femme lui répondit et pointa du doigt un couloir. Après un rapide « merci », il suivit la direction indiquée d'un pas hâtif. Il gravit un nouvel escalier, s'engagea à droite et parcourut les derniers mètres avant de s'arrêter devant la porte, le cœur battant. Son regard étudia un instant la plaque dorée, puis il leva la main et frappa à la porte. Sans plus attendre, il abaissa la poignée et entra dans le bureau.
– Je ne pense pas avoir donné l'autorisation d'entrer...
Cho se raidit à ces paroles et fixa le grand homme blond assis à son bureau. Enfin, il reprit le contrôle de ses émotions et referma la porte derrière lui avec un sourire :
– Pourquoi devrais-je attendre une autorisation ? Je n'attends d'autorisation que si la personne qui me fait face est d'un rang supérieur au mien, Lucius...
Malfoy crispa ses mâchoires et releva fièrement la tête. Il caressa innocemment le pommeau de sa canne et se contenta de répondre par un rictus forcé. Il n'avait pas imaginé une seconde que l'on répondrait immédiatement à son attaque sur un ton aussi sec et hautain. Tout compte fait, Severus avait peut-être eu raison de le mettre en garde contre Cho.
– Que vois-je ? Une petite peste sans aucune éducation qui compte fréquenter mon fils ?
Il secoua négativement la tête en poussant un soupir d'exaspération.
Vexé, Cho préféra ignorer la réplique cinglante et se diriger vers la bibliothèque de Lucius. Occultant parfaitement la présence de l'homme, il se mit à la recherche d'un titre et feuilleta un livre. Alors, faisant mine d'être plongé dans sa lecture, il répliqua :
– Pour quelle raison m'avez-vous dérangé ? N'oubliez pas que le règlement de Hogwarts m'oblige à être assidu aux leçons de mes professeurs. Je n'ai pas envie de subir des représailles de mon très cher Maître des Potions.
– Je te conseille de perdre cette attitude, Chang. Je ne suis pas d'humeur patiente, murmura Malfoy d'une voix sinistre.
Cho lui retourna un regard furieux et rangea le livre d'un geste impatient.
– Capricieuse et orgueilleuse avec ça...
– ...comme tout Ravenclaw qui se respecte, Lucius ! Moi-même, je ne suis pas d'humeur patiente, alors expliquez-moi pourquoi vous m'avez convoquée ici.
Les deux hommes s'évaluèrent du regard un long moment, dans un silence parfait. Aucun n'avait l'intention de baisser les yeux. S'incliner signifiait s'avouer vaincu devant l'autre ; cette idée était parfaitement incompatible face à l'orgueil des deux antagonistes.
Le menton relevé, Malfoy s'amusa un instant à dévisser la baguette de sa canne, ne manquant pas de faire sursauter le collégien.
– Angoissée ? murmura-t-il, les commissures retroussées en un sourire dédaigneux.
Cho quitta du regard cette baguette qui le tourmentait et plongea ses yeux dans les iris froids de Lucius. Malgré une célébrité certaine, cet homme était encore une source de mystère pour beaucoup et nul ne pouvait appréhender ses réactions avec exactitude. Nerveux et mal à l'aise, l'Asiatique commençait à saisir que sa situation n'était pas des plus enviables. Tous ses sens étaient en alerte, comme s'il craignait une attaque.
– Je refuse que mon fils continue à ternir l'image de notre famille en fréquentant une Sang-de-Bourbe. Je te demande donc de ne plus fréquenter Draco.
– Lucius, mes origines ne sont pas moldues et vous le savez très bien. Ma mère était une Sang-Pur reconnue dans notre région de Zhejiang.
– Il est hors de question que tu t'approches à nouveau de mon fils, coupa Malfoy d'un ton sans réponse.
Cho se raidit et leva fièrement la tête.
– Mal élevée, origines du père plus que confuses... Tu crois vraiment pouvoir prétendre au nom des Malfoy ? Je n'admettrai rien d'autre sous mon toit qu'une Anglaise de haut rang. Mon fils n'épousera pas une femme typée. Les représentants de ton peuple sont déjà bien assez nombreux.
Le jeune homme tremblait de rage. Il avait rarement eu affaire à ce genre d'hostilités. En règle générale, les émigrés asiatiques connaissaient peu de problèmes avec le racisme des sociétés occidentales. Ils parvenaient à s'intégrer doucement, parfois même sournoisement, pour se faire une place respectable dans les pays qui les accueillaient. Silencieux, travailleurs, efficaces, fins économes... Ils avaient toutes les qualités nécessaires pour s'implanter dans un continent plus riche sans jamais créer de révoltes haineuses à leur égard.
Grâce à tout cela, les Orientaux n'avaient pas été les premières victimes d'un quelconque mouvement xénophobe. Mais les paroles de Lucius avaient littéralement refroidi le jeune Chinois.
– Je n'attends pas de ma descendance qu'elle ait des cheveux noirs et des yeux bridés, Chang. N'espère même pas un minimum de respect de ma part...
– Je n'espère rien d'un Malfoy ! s'écria Cho en balayant brusquement l'air de sa main.
Le sourire conquérant de Lucius le rappela à l'ordre. Perdre patience face à cet homme ne faisait que le discréditer davantage. Inspirant profondément, le travesti retrouva son calme et déclara avec un sourire mauvais :
– Je ne me suis jamais fait d'illusions quant à mon histoire avec Draco. Mais comme tous les adolescents de ce monde, j'ai bien envie de profiter un peu de ma jeunesse... D'ailleurs...
Cho s'approcha du bureau en se déhanchant délicieusement et s'accouda lascivement sur le bois massif, ne laissant plus que quelques centimètres entre son visage et celui du Mangemort :
– Qu'en a-t-il été de votre adolescence, Lucius ? Vu votre droiture, je doute que vous ayez connu grand-chose en dehors de votre épouse... N'est-ce pas un peu frustrant pour un homme ?
Malfoy serra les mâchoires alors que Cho s'aventurait sur un terrain sensible. Il avait beau garder un port noble et une retenue exemplaire, au fond de lui il reconnaissait n'être qu'un homme qui avait le besoin physique et moral de s'accomplir dans sa sexualité. Ce qu'il n'avait jamais pu faire...
– Comment cela se passe avec Narcissa ? Partagez-vous toujours le même lit depuis toutes ces années ? J'imagine que lorsqu'elle accepte vos gestes sur elle et votre désir, tout cela doit se faire la nuit, dans le noir complet et exclusivement dans le lit conjugal, elle allongée sur le dos et vous au-dessus d'elle... Une position bien banale et peu appétissante, n'est-ce pas ? Vous a-t-elle déjà permis d'autres positions, d'autres lieux plus excitants ? Non... je pense plutôt qu'elle est une femme bien trop prude pour vous accorder vos petits fantasmes. D'ailleurs, vous a-t-elle déjà caressé ? Oh, mais j'y pense ! A-t-elle au moins accepté que vous lui fassiez l'amour une nouvelle fois depuis la naissance de votre fils ?
Ça suffit ! hurla Malfoy.
Il repoussa violemment l'adolescent et dégaina aussitôt sa baguette, les yeux étincelants de haine. Cho atterrit douloureusement sur les fesses et secoua la tête, un peu étourdi. Il savait qu'il avait été trop loin... Mais il avait éprouvé un puissant plaisir à admirer le visage de Lucius se décomposer à ses paroles. Il leva la tête, le regard brûlant et le sourire machiavélique.
– Ah, enfin vous me visez ? Le Professeur Snape a plus de répondant que vous, tout de même.
– Quelle audace... marmonna l'homme avec une rage contenue. Je vais te faire perdre cette attitude insolente une bonne fois pour toute. Crois-moi que tu vas regretter ton impertinence...
Le visage de Cho se crispa à ces mots et pâlit brusquement. Déjà, le grand sorcier contournait son bureau, sa baguette rivée sur lui, prêt à l'immobiliser à la première tentative de fuite. Un rire incertain secoua les épaules du garçon qui répliqua d'un ton mal assuré :
– N'avez-vous pas l'impression de vous exposer à des dangers en menaçant un élève de Hogwarts ici, au sein du Ministère de la Magie ? Votre place serait remise en question...
– Je doute fortement que l'on prenne ta défense. Si justice il y a, tous les juges seront à ma botte lorsque je leur tendrai une bourse de Gallions, siffla l'homme à voix basse.
Cho blêmit à nouveau. Sa position était de plus en plus délicate et risquée. Ses yeux affolés étudiaient les moindres gestes de Lucius. Il demeurait assis sur le sol, immobile. Il n'avait plus d'autre solution que d'attendre. Attendre sans bouger pour éviter d'être pétrifié... Attendre tout en prenant conscience qu'il ne s'en sortirait pas indemne cette fois.
La baguette noire se leva avec lenteur et majesté. Une fois à son apogée, elle s'arrêta un court instant, puis plongea littéralement en direction de Cho :
Endoloris !

§§§

Harry revenait de son entraînement de Quidditch. Si le cours de vol qui l'avait précédé avait été une catastrophe, le jeu en lui-même avait été une véritable hécatombe pour lui et son équipe. S'il ne s'améliorait pas très vite, jamais ils ne gagneraient la Coupe en fin d'année.
C'était la deuxième fois qu'il perdait sa concentration et cela le perturbait d'autant plus. Ses coéquipiers le dévisageaient avec inquiétude alors qu'ils entraient dans les vestiaires. D'humeur maussade, Harry opta pour le silence et s'assit sur un banc. C'était ce qu'il avait de mieux à faire, vu sa position au sein du groupe. Avec un peu de chance, peut-être se ferait-il oublier de ses camarades ?
– Harry ?
Apparemment, il n'était pas chanceux.
Un soupir d'exaspération lui échappa et lui leva un regard fatigué vers Ron. Massant ses tempes du bout des doigts, il marmonna avec insistance :
– Oui, Ron ?
– Qu'est-ce qui t'arrive ? Je veux dire... depuis la rentrée, tu agis bizarrement. D'abord tu t'en prends à Cho, ensuite tu l'ignores, puis tu t'en prends au Professeur Snape alors qu'il devient enfin supportable... pourquoi rejettes-tu d'emblée tout ce qui pourrait te rendre le sourire ?
Harry soupira une deuxième fois et baissa la tête. Que pouvait-il répondre ? Il n'allait pas trahir Cho et crier à tout le monde que la coqueluche des Ravenclaws était un travelo. Il n'allait pas non plus prendre le risque de répéter ses paroles à propos des éventuels sentiments de Snape à son égard.
– Je ne sais pas, répondit-il simplement.
Il refusa d'en dire plus. Ron comprit aussitôt que son ami n'avait pas l'intention de parler. Tous deux hochèrent la tête pour abandonner la discussion et Harry se déshabilla en se dirigeant vers les douches. Il avait presque envie d'y retrouver Cho, comme la dernière fois lorsque celui-ci l'avait sermonné sous le jet d'eau. Mine de rien, ce genre de remontrances avait toujours l'effet d'un coup de fouet et à chaque fois, il retrouvait l'envie de s'affirmer. Finalement, peut-être que fréquenter ce travesti avait du bon ?
D'ailleurs, je me demande s'il est revenu du Ministère...
Il ferma les yeux alors qu'une eau tiède ruisselait le long de son corps, le nettoyant de toute cette sueur qu'il avait transpirée en deux heures de vol et de sport. Il mouilla ses cheveux et les massa pour se détendre, puis ses mains glissèrent sur sa nuque qu'il apaisa de la même façon. Il ferma le robinet et s'enveloppa dans sa serviette.
J'espère qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux... Déjà qu'en deuxième année, j'ai échappé de peu à l'Avada Kedavra de Malfoy grâce à Dobby. On était quand même à quelques mètres du bureau de Dumbledore... Alors ce ne serait pas le milieu du Ministère qui l'empêcherait de s'attaquer à Cho.
Il s'empourpra et secoua vivement la tête.
Ce ne sont pas mes affaires, Cho se débrouillera très bien tout seul.
D'après ce qu'il avait accepté de raconter, le Chinois avait réussi à cacher sa véritable identité au monde entier, dont Voldemort. Harry n'avait donc aucune raison de s'inquiéter pour lui à cause d'une simple convocation.
Il se rhabilla hâtivement et quitta les vestiaires en compagnie de Ron. Pendant que l'horloge sonnait l'heure du repas, ils se dirigèrent vers le réfectoire et s'attablèrent aux côtés d'Hermione. Celle-ci engagea la discussion et murmura :
– Vous saviez qu'on a vu Cho Chang revenir à Hogwarts ? Il paraît qu'elle n'a pas voulu sortir de sa chambre après son avertissement au Ministère...
Manifestement plus préoccupé par le cri de famine de son estomac que par l'anecdote, Ron marmonna machinalement un « ah ouais ? » tout en continuant de manger goulûment. De son côté, Harry suspendit son geste et manqua de faire tomber sa fourchette. Outragée de voir le jeune homme roux poursuivre son repas, Hermione poussa un soupir agacé et se détourna de lui pour fixer son autre ami.
– Il faudra surveiller les cours, voir si elle y va ou pas... Je ne pense pas que ce soit son genre de rater les leçons, en tant que Ravenclaw, et surtout en tant que doublante.
Harry hocha la tête, un peu embarrassé. La jeune fille chercha son regard et le fixa longuement avant d'ajouter :
– Vous avez presque les mêmes options, toi et elle. Moi, je ne suis quasiment jamais avec vous, sauf pour les cours élémentaires. Je peux compter sur toi pour me prévenir si elle est présente aux leçons ?
– Euh... oui, bien sûr mais... depuis quand tu t'inquiètes pour Cho ? demanda le jeune homme, intrigué.
Hermione lui présenta un livre énorme qui tenait à peine dans son sac distendu. Avec un sourire radieux, elle expliqua :
– Elle m'a donné ça pour m'aider en arithmancie, et encore un autre pour l'étude des runes... Ce sont des livres très anciens qui ne sont plus réédités. Ils ont plus de deux siècles ! Elle me les a donné il y a quelques jours, en me disant que ce serait utile pour moi... et cette lecture est vraiment passionnante !
Harry s'abstint de commentaire, mais un réflexe lui fit recourber un coin de ses lèvres à la vue de son amie pleine d'enthousiasme. Il en fallait peu pour charmer Hermione. Mais il ne doutait pas que Cho avait été sincère dans son cadeau. Après tout, n'avait-il pas dit un jour qu'il aurait aimé fréquenter des filles aussi intelligentes que la jeune Granger ?
– Bon, je vérifierai si elle vient en cours. Sinon, j'irai la voir dans sa chambre... répondit-il avec un sourire. (Voyant le regard ébahi d'Hermione, Harry se reprit et balbutia :) Je veux dire, elle m'a déjà invité dans sa chambre... mais sans arrière-pensée, hein ! Elle est avec Malfoy, n'oublie pas... On est juste amis...
À ces mots, le Gryffindor se tourna discrètement et jeta un regard par-dessus son épaule en direction de la table des Slytherins. Il chercha des yeux son rival et l'aperçut à l'écart de ses amis, le regard sombre, accoudé à côté de son assiette à peine entamée. Ce visage anxieux et fermé, sans trace de mépris, lui était si peu commun que Harry en éprouvait presque de la peine. Draco avait beau être égoïste et parfois cruel avec tout ce qui n'était pas de Sang-Pur, il n'était guère difficile au Survivant de comprendre qu'il avait pu trouver un certain équilibre avec Cho. Car Cho avait changé de comportement et n'agissait plus comme la petite Reine de Ravenclaw...
Connaissant le vrai Cho Chang, ça a dû lui être difficile de se supporter dans un tel rôle pendant tant d'années...
À présent, le caractère doux et posé du Chinois ne pouvait que plaire à un adolescent arrogant en mal de relations. Draco avait beau être extrêmement séduisant, rares étaient les personnes capables de le temporiser, de le comprendre et de se sentir égales à son rang. Ce sentiment de parité presque insolent qui émanait de Cho était sans doute une des clés de la réussite de leur relation. Draco semblait enfin avoir trouvé ce dont il avait besoin auprès d'une femme.
Mais ce n'est pas une femme, soupira intérieurement le Gryffindor alors qu'il détournait les yeux de son adversaire.
Comment Cho voyait-il l'issue de cette relation ? Draco n'admettrait jamais une telle tromperie. Or, si l'Asiatique était vraiment amoureux, peut-être chercherait-il à lui dévoiler la vérité ?
Malfoy serait fou de rage...
Hermione avait suivi le regard de son ami et elle lui murmura :
– Tu penses qu'il était au courant de ce qui attendrait Cho là-bas ?
Harry acquiesça lentement.
– Mais à côté de ça, Cho est quelqu'un de très fort. Elle ne laissera pas Lucius la malmener. J'ai confiance... murmura-t-il pour se rassurer.
Il piqua à nouveau dans son assiette et porta un morceau de viande à sa bouche qu'il mâcha longuement. Il devait admettre que l'absence du Ravenclaw au déjeuner ne le laissait pas indifférent. Sa curiosité et son inquiétude croissaient de minute en minute. Finalement, à la fin du repas, il quitta la table avec ses amis et tous se séparèrent dans le hall. Chacun s'en allait à son option facultative, et sachant que lui et Cho partageaient le même cours, Harry se mit à scruter chaque visage dans le couloir avant d'entrer dans la salle. Mais le travesti ne répondit pas présent pour cette leçon...
Peut-être qu'il viendra pour le prochain cours...
Harry cherchait à se persuader qu'il n'était pas inquiet pour son ami, que tout allait bien, que le garçon était revenu sans encombre à Hogwarts, qu'il avait simplement besoin de repos... Il se répéta mentalement cette litanie jusqu'au début du deuxième cours de l'après-midi. Cho n'était toujours pas là... Finalement, il était contraint de reconnaître que son inquiétude tenait plus à présent de l'angoisse.
Lorsqu'il partagea son dernier cours de la journée avec Hermione, il lui annonça l'absence du Chinois. Voyant son amie baisser les yeux en triturant nerveusement sa plume, il lui offrit un sourire un peu forcé et lui chuchota :
– Au pire, si elle ne vient pas dans le réfectoire, j'irai la voir pendant le dîner...
Les deux élèves hochèrent la tête et se concentrèrent enfin sur la leçon afin d'éviter les foudres du Professeur Flitwick.
Finalement, ce que redoutait Harry se produisit ; Cho ne se présenta pas non plus pour le dîner. Les professeurs et Dumbledore faisaient mine de ne rien remarquer, mais tous les élèves de septième année, toutes tables confondues, ne parlaient plus que de ça, avançant maintes et maintes rumeurs à propos de l'entrevue, du Ravenclaw, de Lucius. Accablé par les accusations outrageantes portées sur son père et par l'absence obsédante de Cho, Draco demeurait silencieux, le visage dur et fermé. Comme il l'avait fait pour le déjeuner, il était assis en bout de table à l'écart des autres et une fois de plus, il avait à peine touché à son repas. Harry soupira, tiraillé entre la désolation et l'agacement. Certes, son ennemi lui faisait mal au cœur à agir ainsi, mais le Gryffindor ne supportait pas cet abattement soudain. Même si tout le monde reconnaissait que Draco gardait sa superbe, son regard tracassé n'échappait à personne.
Harry se contenta de boire un peu pour se désaltérer, puis il quitta discrètement la salle, prétextant honteusement une envie pressante. Mais au lieu de prendre le chemin des toilettes, il emprunta celui des escaliers qui le menaient jusqu'à la chambre isolée de Cho. Il évita soigneusement de se faire remarquer par les tableaux et s'immisça dans le couloir gris et froid qui le dirigeait vers une lourde porte.

§§§

Cho s'était douché pour la quatrième fois de la journée. Cette fois-ci, il avait ravalé sa fierté et des sanglots lui avaient échappé sans qu'il cherche à les retenir. Son absence prolongée avait certainement été remarquée, peut-être même considérée comme irrespectueuse, mais aujourd'hui, il n'avait vraiment pas eu le cœur à ménager les susceptibilités de chacun et à se présenter aux cours. Cette fois, il comptait bien faire preuve d'un peu d'égoïsme et prendre le temps de vivre à son rythme pour la journée.
Un frappement à sa porte le fit sursauter alors qu'il démêlait pensivement ses cheveux un peu humides à l'aide de ses doigts. Le regard farouche rivé sur l'entrée, il ne répondit rien et attendit, le souffle coupé.
Cho ? fit une voix de l'autre côté de la porte. C'est Harry...
Cho soupira et quitta sa serviette de bain pour s'emmitoufler dans un peignoir. Il s'approcha de la poignée, l'abaissa et ouvrit la porte sans prendre la peine de regarder son ami.
– Entre... marmonna-t-il en retournant s'asseoir sur le lit.
Harry obéit et referma la porte derrière lui. Il scruta l'Asiatique à quelques pas de lui et fit une petite moue embarrassée. Que pouvait-il lui dire à présent qu'il était là ? Que pouvait-il lui demander sans paraître trop curieux ? D'ailleurs, cette visite n'était-elle pas un peu déplacée ?
– Euh... ça va ? murmura-t-il d'un air penaud en chassant ses doutes d'un revers de la main.
Le regard accablé que lui jeta Cho le fit baisser la tête. Sa question était parfaitement idiote.
– Ça pourrait aller mieux... répliqua simplement le Chinois.
Le Gryffindor s'assit à ses côtés et ses yeux furetèrent le sol, comme si la moindre rainure des dalles pouvait révéler des paroles réconfortantes. Ses doigts craquèrent nerveusement et il se racla la gorge. Son angoisse contagieuse gagna l'autre garçon qui se leva de son matelas pour faire les cent pas. Alors, ignorant son sentiment de culpabilité, Harry inspira profondément :
– Comment ça s'est passé avec Malfoy ?
Un soupir lui fit relever la tête. Debout à quelques centimètres de la fenêtre, Cho fixait l'horizon. Ses yeux brillaient de larmes qu'il retenait difficilement et ses mâchoires serrées tentaient de calmer les tremblements incessants de son menton.
– Je ne dois plus fréquenter Draco, expliqua-t-il enfin.
– Quoi ?
Tout d'abord surpris, Harry repensa à son ennemi. Il lui serait sans doute difficile d'admettre une rupture avec Cho. Personne encore ne l'avait vu dans cet état à la fois anxieux et agressif. Colin avait échappé de peu à un sort interdit lors de la récréation durant l'après-midi. Seule Hermione avait trouvé le courage de s'interposer et de prendre Creevey par le col. Certes, elle avait jeté un regard noir à Draco pour lui faire comprendre que cette violence ne menait à rien, mais c'était surtout le reporter en herbe qui avait été réprimandé pour avoir dévoilé une intimité qui n'appartenait qu'au couple révélé.
– ... Draco ne l'acceptera jamais... chuchota-t-il.
– Et moi je n'accepterai jamais de subir d'autres Endoloris avec son père, répliqua Cho d'une voix chargée de colère.
Le visage de Harry blêmit soudainement et se décomposa à ces mots. Les deux adolescents s'échangèrent un bref coup d'œil, mais le silence s'imposa une nouvelle fois. Chacun s'en retourna à sa contemplation pour ignorer l'atmosphère lourde, presque tendue entre eux.
– Ce n'est pas étonnant... il était à deux doigts de réussir un Avada Kedavra sur moi, il y a cinq ans. C'est un elfe de maison qui m'a protégé.
Cho se permit un mince sourire pour la première fois depuis son retour. Il avait tout de même eu la chance de ne pas connaître un tel sort après une vive confrontation avec Malfoy. Bien sûr, il savait qu'il n'avait eu que ce qu'il méritait. Provoquer Lucius de cette façon sur un sujet délicat, c'était s'exposer à la colère d'un Mangemort.
Finalement, je suis peut-être plus chanceux que je ne l'ai cru en revenant ici...
– Que comptes-tu faire à présent ? demanda finalement Harry.
– Rompre avec Draco... j'aurais aimé pouvoir éviter cela, mais Lucius a été trop loin. Je ne peux plus continuer. Il a manifesté très clairement son hostilité envers mes origines asiatiques. Il m'a fait comprendre qu'il ne voulait pas de moi auprès de son fils...
– Tu vas abandonner ? s'écria le Survivant avec rage. Mais tu aimes Draco, non ?
– Mes responsabilités et mes devoirs vont au-delà de mon libre-arbitre.
Harry bondit sur ses pieds et saisit Cho par l'épaule. Il l'obligea à lui faire face, mais le travesti le repoussa du revers de la main.
– Ne me touche pas. Ta dureté ne me plaît pas, et même si la douleur n'est pas visible, j'ai gardé des séquelles du sort de Lucius. J'ai encore mal, alors évite de me brutaliser.
– Je ne te brutaliserais pas si tu ne laissais pas Malfoy gagner aussi facilement !
Aussi facilement ? Après plus de trois quarts d'heure d'Endoloris, tu dis que j'abandonne trop facilement ?
Le jeune homme brun se raidit et fit un pas en arrière, reconsidérant totalement ce personnage un peu désinvolte qu'il avait toujours cru fragile. Supporter une souffrance atroce aussi longtemps était à la limite du potentiel humain. Cho devait sans doute tenir énormément à Draco et à leur relation pour être parvenu à endurer la douleur aussi longtemps.
– Harry... cette douleur... J'ai cru que j'allais devenir dingue ! chuchota l'éphèbe d'une voix entrecoupée de sanglots. J'ai flirté avec les frontières de la folie quelques secondes avant le terme de ma punition...
Toujours impressionné et un peu plus respectueux, Harry haussa les épaules avec simplicité. Il retourna s'asseoir sur le lit et son ami l'imita quelques minutes plus tard.
– De toute façon, ma relation avec Draco était vouée à l'échec... murmura Cho en baissant tristement les yeux. Je ne suis pas une femme... je ne le serai jamais, sauf au moyen d'une potion. Mais ce serait une enveloppe éphémère... et je ne veux pas lui mentir.
Il se recroquevilla et remonta les genoux contre son torse, les yeux fermés pour mieux retenir de nouvelles larmes. Pourquoi s'était-il laissé prendre dans cette histoire ? Pourquoi s'était-il bercé d'illusions en sachant que la chute serait rude ? Et surtout, pourquoi éprouvait-il ce sentiment de meurtrissure qui lui serrait le cœur et la gorge ? Il avait beau savoir théoriquement ce que pouvait représenter une peine de cœur, jamais il n'avait pu imaginer la douleur émotionnelle que ces histoires provoquaient lorsqu'elles se terminaient mal. En ce moment précis, il portait deux formes de blessures en lui ; l'une corporelle, l'autre morale. Cette addition douloureuse lui enlevait presque le souffle...
Harry tendit la main vers le visage fin de son ami et l'obligea à lever la tête. Délicatement, il posa ses lèvres sur une joue et l'embrassa chastement. Cho se sentir rosir et il détourna honteusement le regard, comme si ce baiser pudique laissait sous-entendre bien plus.
– C'est gentil de me réconforter, dit-il au bout d'un moment.
Sans un mot, le Gryffindor poussa le travesti et l'allongea sur le matelas. En un geste protecteur, il étala le drap de soie sur ce corps frêle que Malfoy avait malmené, puis il s'étendit à son tour, se calant confortablement sur son camarade.
– Harry ! souffla ce dernier en cherchant à le repousser. C'est indécent ! Et puis tu n'es pas léger !
– Ce soir, je dors avec toi... murmura simplement l'interpellé qui fermait déjà les yeux, entrelaçant ses doigts à ceux de Cho.
Incapable de répondre face à cette volonté, l'hôte soupira d'exaspération. Apparemment, son invité se permettait certaines libertés et avait appris à s'imposer... Quelques jours auparavant, jamais il n'aurait osé se montrer si impérieux dans son ton et dans ses actes.
Un peu confus de n'avoir qu'un mince drap pour séparer leurs corps, l'Asiatique soupira et gigota un instant. Il remarqua alors qu'un sourire étirait les lèvres de Harry.
– Quoi ? bouda-t-il en faisant une petite moue.
– Ne bouge pas trop les hanches... ça risquerait de me mettre dans une position délicate...
Comprenant au bout d'un moment la portée de ces paroles, le rouge de la honte colora les pommettes de Cho qui s'exclama :
– Tu n'as qu'à quitter mon lit ! Je ne t'ai pas demandé de te coucher sur moi, que je sache !
Harry se permit un petit rire et roula sur le côté. Il s'en voulait un peu d'avoir si longtemps maudit ce garçon après avoir découvert son secret. Finalement, c'était un bon compagnon. Un peu obstiné, très moralisateur, parfois un peu trop caractériel... Mais c'était justement cette force de caractère qui permettait au jeune homme brun d'évoluer. Depuis le début de cette nouvelle année, Harry se sentait différent. Les remontrances de Cho et sa maturité exemplaire y étaient pour beaucoup. En fin de compte, fréquenter quelqu'un de la trempe de Cho avait des conséquences pour le moins positives... même si le Gryffindor avait encore quelques difficultés à apprécier un corps masculin un peu trop efféminé.
Certes il avait toujours été plus ou moins le rebelle, le « hors norme » aux yeux des Dursley. Il se savait ouvert d'esprit, contrairement à sa famille d'adoption, mais son éducation pieuse faisait que l'androgynéité de son compagnon était un peu trop dérangeante à ses yeux.
Ce n'était pas pour rien qu'il s'était permis de s'étendre sur Cho ce soir. S'il avait agi ainsi, ce n'était pas plus pour plaisanter que pour se tester. Il avait dû vaincre ses appréhensions et son dégoût afin d'en avoir le cœur net ; était-il possible pour lui d'être attiré par quelqu'un du même sexe ? Apparemment non. Cette petite expérience fraîchement menée venait de lui prouver qu'un garçon trop efféminé ne l'attirait pas.
Il soupira, fatigué de ressasser tant de questions existentielles quant à son orientation sexuelle.
– Cho... murmura-t-il. À ton avis... qu'est-ce que je dois faire avec Snape ?
– Tout dépend du type de relation que tu souhaites entretenir avec lui.
Un nouveau silence s'établit et Harry se perdit dans ses pensées. Ce qu'il voulait ? Il ne le savait pas encore. Il n'avait pas pris le temps d'y réfléchir d'ailleurs.
– Si tu ne veux pas de lui, tu ne fais rien et vous gardez vos distances. Si tu veux apprendre à mieux le connaître, alors tu devras faire frémir tes neurones pour le pousser dans ses derniers retranchements. Il faudra attaquer. Son point sensible, c'est ton père. Si tu veux en savoir plus sur ce qui s'est passé, à toi de trouver les mots pour que Severus accepte de te le raconter.
Harry leva un regard suspicieux et étudia le visage de Cho.
– Tu as l'air d'en savoir beaucoup...
– Ne te méprend pas, Harry. Je connais bien Severus, son passé d'étudiant, son passé aux côtés de Voldemort. À présent, il est un homme digne de confiance. Mais tu apprendras que ton père n'est pas étranger dans cette histoire de Mangemort.
Le Gryffindor sentit un frisson lui parcourir l'échine. Comment son père aurait-il pu pousser Snape à suivre Voldemort ? Lui qui avait toujours été le premier à combattre les idées de ce sorcier nuisible et destructeur ? Non. Cho allait trop loin. Même si James Potter avait fait quelques erreurs de jeunesse et qu'il s'en était pris à Severus Snape, ce n'était pas suffisant pour mener un jeune magicien, même un Slytherin, dans les bras d'un Mage Noir. Le Maître des Potions était le seul responsable de ses actes et de ses erreurs.
– Mon père... Il a toujours été un être loyal et bon ! De quel droit salis-tu son nom et son image ? Ne parle pas comme ça de mon père !
– Ne parle pas de quelqu'un que tu n'as jamais connu, rétorqua Cho en lui retournant un regard acéré.
Harry se mordit la lèvre et abandonna toute idée de dispute. Comme à son habitude, le Chinois avait su mettre le doigt sur la corde sensible. Ce côté un peu trop lucide agaçait le Gryffindor qui, dans ces situations, venait à douter de la gentillesse de son ami. Il soupira impatiemment et ferma les yeux.
– Merci de me rappeler que je n'ai jamais connu mes parents... bougonna-t-il. Tu es cruel.
Mais Cho ne l'écoutait plus, trop préoccupé par la douleur vicieuse qui lui brûlait le dos. Il savait que l'Endoloris n'y était pour rien dans cette sensation... Il se prit le front d'une main et soupira profondément pour retrouver une respiration moins saccadée. Harry perçut son malaise et releva la tête avec inquiétude.
– Qu'est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il.
Cho se sentit rougir.
– La marque que Voldemort a laissée sur moi... elle est dans mon dos. Ça me brûle parfois... un peu comme toi et ta cicatrice, tu comprends ?
– Oui... tu veux que je te masse un peu ? Ça soulagerait peut-être la douleur...
Le Chinois secoua négativement la tête et se contenta de sourire. Après tout, la douleur n'était jamais bien tenace. Elle se contentait de venir par à-coups, sans doute selon l'humeur de Voldemort. En tout cas, avec le caractère si changeant du Mage Noir, cette hypothèse pouvait expliquer les périodes de souffrance alors qu'aucune menace réelle ne se profilait...
Harry ? fit une voix derrière la porte.
Les deux adolescents sursautèrent brusquement en rougissant, comme s'ils avaient été surpris au milieu d'une étreinte amoureuse. Ils scrutèrent l'entrée et la poignée s'abaissa, entrouvrant la porte et dévoilant une chevelure rousse.
– Ron ! Tu aurais pu prévenir que c'était toi ! souffla son ami en quittant le lit. Et ne me regarde pas comme ça ! On ne faisait rien !
D'un geste impatient, Harry ouvrit un peu plus la porte et empêcha Ron d'entrer par sa carrure. Les pupilles rétrécies par l'irritation, il marmonna :
– Qu'est-ce qu'il y a ?
– C'est l'heure du vote pour élire notre capitaine d'équipe pour le Quidditch. Tu es obligé de participer.
Harry ouvrit de grands yeux ; comment avait-il pu oublier cette réunion si importante pour lui ? Alors que ça faisait des jours que lui et Ron débattaient sur les capacités de chaque joueur qui se présentait pour endosser le rôle du chef de l'équipe. Pas mal de jeunes de quatrième année se montraient audacieux et ambitieux dans leurs entraînements, mais la confiance des aînés se tournait plutôt vers les septième année. D'ailleurs, Harry avait été proposé comme candidat, mais il avait refusé. Connaissant son niveau en cours et le travail à fournir pour réussir cette dernière année, il avait préféré éviter de s'ajouter de nouvelles responsabilités. Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait de mener une équipe et d'être sous les feux de la rampe.
– Vas-y Harry, murmura Cho avec un sourire, assis en tailleur sur son lit. Tu risques d'y arriver en retard. Moi, je vais me reposer un peu ce soir...
Il baissa les yeux et s'étira paresseusement.
– La journée a été assez éprouvante comme ça. J'ai tout intérêt à récupérer pour demain.
Le Gryffindor hocha la tête et après un simple signe de main, il quitta la chambre et referma la porte derrière lui. Le Chinois écoutait d'une oreille attentive les bruits de pas qui s'amenuisaient petit à petit. Songeur, il releva ses genoux contre lui et y posa son menton. Même si l'atmosphère entre Harry et lui était souvent tendue, une compagnie n'était pas désagréable. Surtout pour ce soir, après une telle épreuve face à Malfoy... il aurait aimé se confier à quelqu'un.
Tac-tac-tac !
Cho sursauta et bondit de son lit. Il ouvrit hâtivement la fenêtre, autorisant la pie à venir se poser sur son bras. L'oiseau se cramponna à son poignet et leva sa patte écailleuse pour présenter une petite lettre. Le jeune homme la déplia et lut attentivement. Des larmes perlèrent ses paupières... Mais cette fois-ci, il s'agissait de larmes de joie et non de douleur comme il en avait laissé couler tout au long de cette abominable journée. Ému, il serra le papier contre son cœur.
La pie se posa sur le porte-plume et le jeune homme s'enferma dans la salle de bain, se vêtant d'un pantalon de soie et d'une longue chemise à col mao. Il se coiffa consciencieusement et retourna à la fenêtre au pas de course. L'oiseau à ses côtés battit des ailes avec impatience et s'envola vers le ciel d'encre. Alors Cho se métamorphosa en corneille et quitta la chambre de la même façon.
Cette lettre n'aurait pas pu mieux tomber... Enfin son Mentor l'autorisait à venir lui rendre visite. Plus que tout, il avait besoin de revoir cet homme bon qui, malgré sa froideur et sa dureté, avait toujours été une source de stabilité pour l'orphelin asiatique. Il était sans doute le seul être au monde que Cho aimait du plus profond de son cœur... le seul être pour lequel le jeune homme se sentait prêt à sacrifier sa vie...

§§§

Arrivé à l'entrée du palais, le Chinois se présenta aux gardes qui lui ouvrirent la porte. Le port altier, le regard lumineux et conquérant, il entra dans le vaste hall et s'arrêta à quelques pas d'un serviteur. Il se contenta de lui sourire et l'homme hocha la tête. Sans adresser un mot à l'adolescent, le vieillard se dirigea vers une grande salle et se courba respectueusement.
– Li-Lian Zhao est arrivé.
– Faites-le entrer.
Cette voix grave, un peu traînante et cynique, enleva un frisson à l'Asiatique. Il se présenta dans le salon et s'inclina à son tour, la main sur le cœur. Les paupières fermées mais le corps tremblant de joie et d'émotion, il murmura :
– Je suis heureux de vous revoir, Mylord.
Le cœur battant, il leva les yeux pour affronter le regard de son tuteur posté à la fenêtre.
– Miss Zhao ! intervint le serviteur inquiet. Les liens entre vous et le Maître sont peut-être étroits, mais on ne fixe pas impunément un Mage Noir ! Un peu de retenue je vous prie...
Mais l'interpellé ne prêta aucune attention à ses conseils. Il connaissait son Mentor mieux que quiconque, et son statut privilégié lui permettait certaines familiarités que le maître appréciait tout particulièrement. Ignorant les avertissements plaintifs du domestique, le jeune homme se redressa et se joignit aux côtés de Lord Voldemort qui prenait place sur son siège.

à suivre...


Voilà-voilà ! Chapitre 5 terminé ! Je suis vraiment désolée d'avoir mis tant de temps pour pondre ces quinze pages, mais j'ai fait une série malaise/déprime/malaise/etc... donc il a été difficile pour moi de continuer. Maintenant que ça va mieux, j'espère pouvoir retrouver un rythme plus rapide :-)
Bon, vu la fin que je vous ai laissée, je crois qu'il n'y a rien d'autre à ajouter à propos de ce chapitre. Notez que tout désir de vengeance, de violence (verbale ou physique) envers la nautrice qui vous aurait bluffé en beauté sur son personnage principal est à proscrire XD ! (s'enfuit lamentablement et s'enterre dans son terrier)
Au fait, pour ceux qui laisseront une review, j'ai un petit sondage à faire ;

Comment dois-je appeler notre petit Chinois à présent ?
1) on laisse le patronyme Cho Chang partout (y compris en-dehors des dialogues), sauf quand son mentor et ses subordonnés s'adresse à lui.
2) on met à présent son véritable prénom partout (y compris en-dehors des dialogues), en sachant que les élèves de Hogwarts l'appelleront toujours Cho Chang du fait qu'ils ne connaissent pas sa véritable identité.

Voilà, je ne sais pas si je suis très claire... bref, je vais doucement m'enfuir avant de subir votre courroux !
Bzu-bzu ! Réponses aux reviews right now !

Tanuki qui couine pathétiquement au fond de son terrier.

Onarluca : il n'empêche que j'avoue, sur le coup, voir ton nom parmi les reviewers m'a fait louper un battement de cœur ! Mais ça, c'est normal ! Paraît que je fais un complexe d'infériorité XD ! Bref, certes, Cho ne prend pas de gant avec Harry, et pourtant vu sa situation il est tout de même un peu gonflé de donner des leçons :-) mais je crois que justement, j'aime bien ce caractère que je lui donne petit à petit (va finalement tomber amoureuse de « son » personnage). Sinon, je pense qu'il y aura d'autres remontrances, car même si j'adore le personnage de Harry, je ne peux que dire une chose sur lui ; c'est vraiment un sale morveux qui mérite d'être rééduqué :-D

Vif d'or : je dois avoir un fond sadique pour avoir casé Draco avec Pansy selon les projets de Lucius... bah, advienne que pourra ! Surtout que finalement, Cho est peut-être plus néfaste que Parkinson ! oO ... Pour ce qui est de Severus et Harry, en effet, il m'attend beaucoup de boulot, mais j'aime les défis. Je n'aime pas les fics où ce couple se jette dans les bras de l'un et de l'autre sans raison particulière :-) alors ici, je prends mon temps... mais je pense que même si y'a du travail qui m'attend avec eux, ça me viendra facilement. Il reste de l'espoir XD !

Petrol kiwi : Ouh-là ! tu n'avais donc plus internet ? Je comprends mieux pourquoi je ne te retrouvais plus :-) entre nous, j'aurais mal supporté de ne plus avoir internet. Je suis une web-addict et j'en arrive à un stade irrécupérable je crois bien oO ... mais bon, je suis heureuse que tu aies pu rattraper ta lecture, et je suis d'autant plus heureuse que tu sembles vraiment apprécier cette histoire ! Pour un début sur FFNet, je dois reconnaître que je suis vraiment flattée de voir ma première fic Harry Potter connaître un mini-succès ! Sinon, pourquoi ne s'est-il rien passé dans les douches ? Sans doute parce que Cho a plus d'attirance pour Draco que pour Harry :-D (imagine déjà Petrol kiwi hurler un « NAAAAAN » derrière son écran). Plus sérieusement, il n'avait vraiment pas la tête à admirer la vue, si je puis dire ! Et je pense que Harry était un peu trop mis à nu (dans tous les sens du terme) pour penser à autre chose qu'à sa remontrance ! Mdr, c'est étonnant car même s'il ne s'est rien passé, j'ai l'impression que le passage des douches a fait un certain succès dans ce chapitre 4 !

Luuslynn : hé-hé, et bien ce que tu appelles un « long blabla qui ne sert à rien » s'appelle chez moi un « coup de fouet » ! Car sérieusement, chaque fois que je lis tes reviews, je me sens revigorée ! Et tu as vraiment l'air d'apprécier cette fic ! En tout cas, c'est l'impression que tu donnes à chacun de tes commentaires ! Pour ce qui est de la relation Draco/Cho, je sais plus ou moins comment cela évoluera, il me reste juste certains détails à approfondir avant de continuer tout ça. Ce qui est sûr c'est qu'il y a des sentiments des deux côtés, mais aussi un énorme mensonge que Cho entretient :-/ ... on verra. Pour ce qui est de Snape et de sa rancune, il a vraiment de quoi en vouloir à Cho... Déjà, les dernières lignes de ce chapitre suffiront à éclairer un peu plus sur cette relation particulière qu'entretiennent Snape et Cho, le pourquoi de cette familiarité entre eux... J'espère juste qu'avec la fin de ce chapitre 5, tu n'auras pas un goût amer !

Lululle : oui, c'est vrai qu'on a l'impression que Cho se jette sur Harry dans le tome 5, mais déjà dans le tome 4, quand Harry l'invite pour le bal et qu'elle est contrainte de refuser l'offre, on voit qu'il y a déjà une attirance :-) je pense qu'il y a une attirance respective, malgré le fait qu'elle soit avec Cedric (bah oui, malheureusement, il arrive parfois qu'une femme soit amoureuse de deux hommes à la fois :-/ ...). Donc ça va encore, la relation dans le tome 5 reste cohérente ! Enfin j'imagine que même cette façon de voir Cho ne te plaît pas trop hein ? lol ! Mais bon, du moment que tu supportes Cho dans cette fanfic, c'est l'essentiel :-D je n'aimerais pas que tu raies ton écran à coup de couteau à chaque fois que tu vois son nom dans mes chapitres ! (Enfin c'est bizarre que le seul passage du chapitre 4 mentionné dans vos reviews soit la scène dans la douche ! ... ;-)