Auteur : Tanuki
Source : Harry Potter 1 à 5, mais je me permets de
modifier certains détails d'ordre corporel et chronologique,
ainsi que quelques incohérences et/ou anachronismes.
Disclaimer : les lieux et les personnages sont la
propriété de Rowling, mais cette version de l'histoire
m'appartient.
Rating : R (car violence physique, morale
et sexuelle à venir)
Résumé : Quand
Tanuki décide de refaire l'histoire en dotant Cho Chang
d'une paire de...
Traductions : (car je n'aime pas la
VF des noms des maisons et des personnages) Gryffindor - Gryffondor
§§§ Ravenclaw - Serdaigle §§§ Slytherin
- Serpentard §§§ Hufflepuff - Poufsouffle §§§
Hogwarts - Poudlard §§§ Hogsmeade - Pré-au-Lard
§§§ Argus Filch & Miss Norris - Argus Rusard &
Miss Teigne §§§ Severus Snape - Severus Rogue §§§
Professor Hooch - Professeur Bibine §§§ Fang -
Crockdur.
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CLAIR OBSCUR ---
05
La face cachée de la Lune
Le Professeur
Snape avait continué son cours, ignorant le silence stupéfait
des élèves. Harry et Hermione s'échangeaient
des regards curieux et bientôt, quelques murmures discrets
s'élevèrent. Tout le monde avait les yeux rivés
sur Cho qui s'empourprait. Les poings serrés, le garçon
cherchait à retenir ses éclats. Sa pulsion première
avait été de répondre au Maître des
Potions comme il se devait. Puis il avait été tenté
de briser toutes les fioles si précieuses d'un coup de
chaudron. Enfin, l'idée de quitter le cours à toutes
jambes lui avait effleuré l'esprit. Mais il se contentait de
rester là, assis sur sa chaise, la tête haute malgré
cette honte qui le rongeait.
Draco fronçait les
sourcils. Il devinait ce que préparait son père et un
sentiment d'impuissance le gagnait. Tout ce qu'il pouvait faire,
c'était soutenir Cho avant la convocation. Les mains
crispées, l'esprit ailleurs, il ne fit guère
attention aux consignes du Professeur et sursauta brusquement quand
un jet de flammes vertes jaillit de son chaudron. Les autres élèves
tressaillirent à leur tour, mais personne n'osa rire face à
l'erreur du jeune Malfoy. À vrai dire, tous étaient
très préoccupés par l'Asiatique et ce qui
l'attendait dans le bureau de Lucius.
Harry sentait ses
doigts vibrer de colère. Comme beaucoup d'autres Gryffindors
et Ravenclaws, il éprouvait une vive rancune envers Snape.
Pourquoi avoir annoncé cela au beau milieu de la classe ? Pour
l'humilier ?
Le salaud... il n'a pas changé...
il aurait pu lui parler en privé, ça ne lui coûtait
rien de le faire !
Il jeta un coup d'œil courroucé
au Professeur puis glissa son regard sur Cho. Ce dernier avait baissé
les yeux vers son chaudron pour finir sa solution. Ses mains
tremblaient légèrement, mais il n'y prêta
aucune attention et continua sa préparation sous le regard
attentif du Maître des Potions. Il ne pouvait cacher que cette
nouvelle l'avait anéanti. Se faire convoquer au Ministère
n'annonçait jamais rien de bon, surtout quand il s'agissait
d'un face-à-face avec Lucius Malfoy.
Tout le
monde à Hogwarts avait eu connaissance de la relation que
Draco entretenait avec le Ravenclaw. La plupart des Professeurs de
l'École, sans compter Albus Dumbledore, avaient lu comme
chaque matin la Gazette des Sorciers. Et tous affectionnaient
plus particulièrement les papotages en fin de journal... De ce
fait, grâce à la photographie de Colin Creevey, tous
avaient assisté au baiser que les deux jeunes avaient échangé
durant le week-end. C'était d'ailleurs assez gênant
d'imaginer que plusieurs centaines de personnes à Hogwarts
avaient scruté ce geste intime... des personnes parfois peu
appréciables ou à la langue bien pendue.
Certes,
jamais ils n'auraient dû s'embrasser à découvert...
Draco et Cho avaient fait une erreur et ils le reconnaissaient. Mais
à ce moment-là, ils étaient apparemment seuls.
Alors pourquoi Creevey avait-il eu la mauvaise idée
d'immortaliser cet instant pour le compte du journal le plus lu de
toute l'Angleterre ? Le Chinois nourrissait une sévère
animosité envers Colin. Son intimité avait été
bafouée et même si cette idée de les
photographier ne partait pas d'un mauvais sentiment, il était
pleinement exposé à la critique. À présent,
il était condamné à passer un sale quart d'heure
dans le bureau de Lucius.
Severus Snape observa sa montre
et annonça la fin du cours. Tous les élèves
rangèrent leurs affaires dans le silence. Harry se dépêcha
pour rejoindre Cho, mais ce dernier courait pour fuir la salle,
ignorant les appels de son ami. Ses longs cheveux devant le visage
pour cacher ses yeux rougis, il quittait la pièce sans
demander son reste. Harry observa longuement la porte, peiné
et hypnotisé par le regard larmoyant que le Chinois avait
cherché à dissimuler. Sans doute avait-il fui la salle
pour se cacher et pleurer sans honte.
Le Gryffindor cessa
de contempler la sortie et ses yeux hagards croisèrent ceux de
son éternel rival. Pour une fois, Draco et lui partageaient la
même confusion. Il s'agissait là du premier regard
sans haine qu'ils s'échangeaient depuis longtemps.
Malfoy
reporta son attention sur la porte et quitta hâtivement la
salle. De son côté, Harry rassembla ses derniers
parchemins éparpillés sur la table. Il fixait Severus
avec colère, ne prenant pas garde à la mine fatiguée
de l'homme. Ce dernier frottait son visage de ses paumes avec
lassitude. Il était visiblement exténué...
Joignant ses mains pour y appuyer son menton, il posa négligemment
son regard sur chaque élève. Harry attendit, aux
aguets, le souffle coupé. Et si Snape regardait dans sa
direction ? Verrait-il quelque changement dans ces yeux noirs qui lui
confirmerait les dires de Cho ?
Semblant répondre
inconsciemment à cet appel, Severus dirigea lentement ses
pupilles vers la silhouette du jeune homme brun, sans même
prêter attention à la personne qu'il dévisageait.
Intimidé, le Gryffindor rassembla son courage et soutint ce
regard, le scrutant attentivement pour y trouver quelque indice. Mais
c'était faire fi de la perception surdéveloppée
de l'homme qui analysa le comportement insolite du jeune Potter.
Ses traits étirés se durcirent aussitôt, ne
manquant pas d'effrayer Harry et lui faire hérisser les
cheveux. Les paroles de Cho dans la douche refirent surface et le
Gryffindor empoigna son sac pour fuir à toutes jambes. Le cœur
battant, il se rua vers un groupe d'amis pour partir vers la salle
du cours suivant. Dans cet élan de panique, il bouscula Pansy
qui protesta en un cri suraigu.
– Tu pourrais faire attention !
siffla-t-elle avec agressivité.
Mais Harry était
déjà trop loin pour faire attention à elle. La
Slytherin adopta son allure la plus hautaine et renifla d'un air
méprisant. Enfin, elle leva fièrement le visage et
entra dans les toilettes réservées aux filles. Elle se
planta alors à côté de Cho et le défia du
regard.
Le Chinois frottait ses yeux et passait un peu
d'eau claire sur son visage. Il avait eu la force de retenir ses
cris et ses sanglots, mais pour une fois, les larmes avaient été
plus fortes et avaient roulé silencieusement sur ses joues.
Trop de pression... Et une vie malsaine à supporter
quotidiennement. Si seulement il pouvait être reconnu pour ce
qu'il était... Harry Potter avait certes été
manipulé, mais il avait eu cette chance de pouvoir rester
lui-même.
Il se redressa de l'évier et
croisa alors à travers le miroir les yeux furieux de Pansy.
Ses mâchoires se crispèrent alors que son hostilité
croissante le consumait petit à petit. Les deux nouveaux
ennemis s'observèrent un long moment par le biais de cette
glace, puis Cho consentit enfin à se tourner vers la jeune
fille pour un regard franc.
– Quelque chose ne va pas ?
demanda-t-il d'un ton peu aimable.
Non, décidément,
il n'avait pas la patience requise pour nourrir ce conflit stupide
qui naissait entre lui et cette élève.
– Je ne
veux plus que tu t'approches de Draco... murmura la jeune fille en
serrant les poings.
– Tes histoires de cœur ne m'intéressent
pas, riposta le Ravenclaw d'un ton cassant. C'est à Draco
et moi de choisir ce qu'il adviendra de notre relation. Garde tes
piaillements de poule offensée pour d'autres... moi, je
n'aurai plus la constance de t'entendre te lamenter dans ton
océan d'égoïsme.
La jeune fille
blonde ouvrit la bouche, stupéfiée par ces paroles
outrageantes envers la descendante d'une des plus grandes familles
de Sang-Pur. Avec une rage maîtrisée, elle s'approcha
de Cho et brandit sa baguette sur la gorge pâle de son rival.
– Ose poser ton regard pervers sur lui et je ferai tout pour
qu'on t'envoie à Sainte-Mangouste !
La menace
inconsidérée de Pansy avait achevé le moral de
Cho. Il se sentait parvenu à un point de non-retour ; une
colère noire grondait dans son cœur. Au diable le règlement
! Il en avait plus qu'assez de toujours laisser courir les ragots
sur lui ; il était grand temps de remettre certains sujets à
leur place. Pourquoi se retenir plus longtemps alors qu'il
n'éprouvait aucune pitié pour ces pions ?
Pansy
sembla remarquer le changement d'humeur de celui qu'elle
considérait comme sa pire ennemie. Retenant un tremblement et
serrant un peu plus sa baguette, elle recula et lissa une mèche
blonde derrière son oreille d'un air qu'elle souhaitait
nonchalant.
– Parkinson, grogna Cho d'une voix étonnamment
grave. Lève encore une fois ta baguette vers moi et je te la
plante entre les fesses avant de lancer un Endoloris... Crois-moi que
tu marcheras comme un danseur folklorique jusqu'à la fin de
tes jours...
L'avertissement sembla suffire car Pansy
quitta les toilettes en pressant le pas. Le Ravenclaw s'autorisa un
soupir exaspéré et leva un regard pauvre vers la glace
pour observer son reflet. Ses yeux étaient encore rouges...
D'un geste impatient, il les frotta et reprit son cartable en main.
Ses doigts libres poussèrent la porte en bois et il tomba nez
à nez avec Draco dans le couloir. Tout d'abord surpris, il
força ses lèvres pour un sourire qu'il voulait
convaincant. Manifestement, il n'était pas le seul à
être mal à l'aise ; son ami se massait la nuque d'un
air embarrassé et ses yeux exprimaient le doute.
Draco
ne savait que dire en de pareilles circonstances. Les premiers mots
qui lui venaient étaient des excuses... Mais s'excuser de
quoi ? Il n'était pas son père, il n'avait rien à
se reprocher. Et de toute manière, un Malfoy ne se justifiait
jamais, même s'il était en tort.
Troublé
par ces pensées qui le plongeaient toujours plus dans la
confusion, il demeurait immobile, le regard fixe. Alors Cho lâcha
son cartable et s'approcha. Avec une infinie douceur, il se blottit
contre son torse et ferma les yeux.
– Serre-moi dans tes bras,
Draco... chuchota-t-il.
L'interpellé sentit ses
pommettes se colorer... Même si le couloir était à
présent désert, une telle situation le désarmait
complètement. Cependant, il ne put décliner cette
requête et d'un geste maladroit, il posa ses mains crispées
sur les épaules du jeune homme. Cho était capable de
murmurer ces petites phrases intimes si facilement... Draco lui
enviait presque cette aisance certes un peu naïve mais tellement
charmante.
L'Asiatique ne put s'empêché
de sourire, partagé entre l'amusement et la résignation.
Il reconnaissait bien là l'éducation et la contenance
de la famille Malfoy. Cependant, au fond de lui, il aurait souhaité
un peu plus de chaleur dans cette étreinte. Il soupira et
profita simplement de cette émotion qui le gagnait en écoutant
les battements du cœur de Draco sous sa chemise.
– Tu as quel
cours, à présent ? demanda ce dernier pour rompre le
silence.
– Mmh... Arts Divinatoires avec Trelawney... répondit
Cho après un petit temps de réflexion.
– Tu me
diras à quelle heure tu dois mourir ?
Les deux
adolescents partagèrent un rire complice et le Chinois posa sa
tête sur une épaule offerte. Taquin, il harcela de son
souffle une mèche blonde derrière l'oreille.
–
Allons, j'adore ce professeur. Elle est un peu déjantée,
elle vit dans son au-delà, mais elle reste gentille. Et toi ?
Quel cours as-tu maintenant ?
– Métamorphose... on se
retrouve à la récréation ? (Rougissant à
ses propres paroles, Draco s'empressa d'ajouter :) Comme ça...
on ira ensemble au cours de Soins des Créatures Magiques...
Cho leva un regard surpris, puis il sourit et acquiesça
vivement. Ces paroles auraient pu paraître anodines pour
d'autres oreilles, mais lui savait pertinemment que les Malfoy
possédait une sorte de langage codifié. Ces mots
prenaient un tout autre sens ; cette fois, c'était Draco qui
cherchait la compagnie de Cho et non l'inverse. Ce rôle
inhabituel était lourd de sous-entendus quant aux sentiments
du Slytherin.
Encore sous le coup de la surprise, le
Chinois acquiesça vivement. Même si son Mentor lui avait
inculqué la dignité et une certaine tenue, il avait
ressenti l'espace d'un instant l'envie de se serrer un peu plus
contre son ami... une envie qui s'était aussitôt
évaporée lorsque l'éducation rigide d'un
homme avait refait surface, devançant même ses réflexes
premiers.
Le couple s'échangea un sourire pudique
avant de se séparer et Cho s'en retourna vers la salle des
Arts Divinatoires. Plus il s'approchait de l'échelle, plus
il songeait à la convocation de Lucius Malfoy. Déjà,
il appréhendait leur rencontre... Il avait beau ne rien
craindre face à des gens de la haute société, il
n'en était pas moins intimidé.
Cette heure
avec Trelawney l'intéressa à moitié. C'était
le deuxième cours consécutif qui le laissait
indifférent malgré son attrait pour les Arts
Divinatoires. Il ne s'en inquiétait guère, mais il
n'aimait pas se sentir d'humeur maussade. Il appréciait
beaucoup trop ce professeur pour admettre son laisser-aller. À
la fin de la leçon, il se leva de table et se dirigea vers la
femme aux lunettes énormes. Mal à l'aise, il se
dandina un instant et murmura d'une voix penaude :
– Je
souhaitais vous présenter mes excuses pour avoir quitté
le cours de la semaine derrière sans votre autorisation...
J'ai été victime d'une hallucination et j'ai pris
peur...
Pieux mensonge. Mais malgré son troisième
œil, Trelawney était bien trop aveugle pour remarquer la
manipulation du collégien. C'était mieux ainsi, pour
tout le monde.
– Une hallucination ? répéta
Sybil. Oh ! Aurez-vous l'occasion de m'en dire un peu plus ? Je
m'intéresse à ce sujet et justement, je prépare
une thèse sur les différences entre les hallucinations
et les visions...
Cho se permit un rire et acquiesça.
Si cela pouvait faire plaisir, il n'avait rien contre. Trelawney
était trop souvent mal jugée et plus d'une fois le
garçon avait pris en pitié la pauvre femme qui avait
toujours été source de moqueries.
Soulevant
son cartable, il salua le Professeur et quitta la salle aux odeurs
d'encens, non sans tituber. Une fois ses poumons remplis d'un air
plus sain, il s'en alla vers la cour de récréation
pour profiter de sa pause. Aussitôt, il remarqua Draco qui
l'attendait un peu plus loin. Un sourire se dessina sur ses lèvres
et il se hâta pour le rejoindre. Il posa son sac et s'assit
sur le banc aux côtés du Slytherin. Déjà
des regards curieux se tournaient vers eux comme pour guetter
l'instant où un geste, une posture, un clin d'œil les
trahirait... Au moindre doute, plusieurs élèves
s'agglutineraient autour d'eux pour les assaillir de questions.
Cette sensation d'être épié de tout
côté renfrogna Cho qui ferma son visage, ne laissant
place qu'à un masque parfaitement impassible. Son expression
peu avenante découragea les étudiants qui s'en
retournèrent à leurs bavardages.
Draco
soupira et son partenaire fit basculer sa tête en arrière.
Exprimer ses sentiments était déjà une tâche
compliquée pour les deux adolescents, mais la pression
qu'apportaient la convocation de Lucius et la surveillance
intempestive des élèves et des enseignants sur leur
relation ne les aidaient absolument pas.
Tous deux se
murèrent dans le mutisme, sachant que seule cette option leur
permettait de partager un moment intime sans prendre le risque
d'attirer un peu plus l'attention des autres. Cette froideur
apparente entre eux aux yeux des autres était un leurre. Cho
et Draco n'avaient guère besoin de gestes ou de paroles pour
se comprendre et profiter pleinement de cet instant. Ils faisaient
partie de ces rares personnes qui trouvaient bien plus de révélations
en un long silence qu'avec des mots parfaitement superflus et
stériles.
Comme beaucoup d'élèves,
Harry fixait attentivement le couple. Hermione cherchait par tous les
moyens de l'intéresser à autre chose, mais ses
efforts restaient vains.
– Harry... je pense pas qu'ils
apprécient vraiment qu'on les scrute de cette façon...
Mais son ami ne l'écoutait plus. Sans faire
attention aux grommellements de la jeune fille, il quitta le groupe
et se dirigea vers le banc. Draco le vit arriver et se raidit
imperceptiblement, les yeux assombris par une vague de colère.
La tension pourtant imperceptible sembla ramener Cho à la
réalité car il cessa de fixer le ciel et jeta un regard
farouche au Gryffindor. Harry comprit aussitôt qu'il n'était
pas le bienvenu. Malgré son embarras, il ne se démonta
pas.
– Bon courage... pour demain, déclara-t-il.
Cho
tressaillit, un peu dérouté par cet élan
d'amitié inattendu. Bien forcé de sourire pour
rassurer Harry, il hocha la tête d'un air convaincant et
répondit :
– N'exagérons rien, Lucius Malfoy
n'est pas pire que le Professeur Snape, je devrais m'en sortir
sans trop de mal.
Il savait pertinemment que ce qu'il
avançait était faux. Il connaissait assez bien les deux
personnages pour savoir qu'il valait mieux faire face à un
ennemi comme Severus plutôt qu'affronter Lucius. Mais il
préférait afficher une certaine assurance et dissimuler
ses angoisses profondes.
Harry soupira et acquiesça.
Il se tourna vers Draco et soutint son regard un moment. Finalement,
il fit demi-tour et les quitta après un bref « Bonne
chance ». Les autres élèves dans la cour avaient
longuement étudié cet instant entre le Gryffindor et le
couple. Chacun avait retenu son souffle en espérant apprendre
plus pour nourrir les prochaines rumeurs. Potter était-il
jaloux de Malfoy ? Éprouvait-il toujours des sentiments pour
l'Attrapeur des Ravenclaws ?
Malheureusement, personne
n'avait obtenu ce qu'il désirait pour satisfaire son
désir. Et voir Harry s'écarter si vite des deux
adolescents laissait dans la gorge des spectateurs le goût amer
d'une curiosité inassouvie.
Silencieusement, Cho
et Draco se levèrent du banc pour se diriger vers la cabane du
semi-géant qui s'apprêtait à donner son cours.
Les élèves de septième année les
suivirent, à la fois intrigués et frustrés de ne
pas en savoir davantage.
§§§
Dix heures et
demie.
Cho n'avait quitté son lit que pour se
doucher et s'habiller. Il s'était ensuite recouché
et avait passé des heures à fixer le plafond, absorbé
par ses pensées et ses appréhensions. Plus qu'une
demi-heure et il ferait face à Lucius Malfoy.
Il
avait préféré ne pas aller en cours. De toute
façon, il n'avait pas l'esprit aux études. Certes
il aurait été présent physiquement, mais il
n'aurait pas été en mesure de profiter pleinement des
leçons étudiées. Répondre présent
et ne pas être apte à suivre un cours était selon
lui un manque de respect beaucoup plus grave et moins justifiable
qu'une simple absence. Il jeta un regard blasé à son
réveil. La veille au soir, une angoisse soudaine lui avait
serré le cœur et l'avait condamné à passer
une nuit blanche. En ce jour nouveau, il éprouvait toujours un
sentiment d'anxiété, mais son humeur maussade
prédominait sa peur première.
De mauvaise
grâce, Cho se leva et s'étira. Il s'enferma dans la
salle de bain pour se passer un peu d'eau sur le visage, puis il
lissa ses cheveux et les coiffa soigneusement. Il étudia son
reflet dans le miroir avec sévérité pour juger
s'il était présentable ou non aux portes du
Ministère. Finalement, il ferma les yeux et se concentra.
Il
détestait le Transplanage... Se transformer en corneille
aurait été tellement plus simple pour lui. Mais une
telle distance à parcourir serait au-dessus de ses moyens,
sans compter le danger qu'il courait si un rapace venait à
le prendre en chasse.
Cette fois-ci, il n'avait d'autre
choix que d'opter pour le Transplanage. Le Chemin de Traverse
n'était pas assez fiable selon lui, et sa légère
claustrophobie l'empêchait d'être à l'aise
dans le foyer étroit d'une cheminée enduite de suie.
Un court moment, il se sentit quitter sa dimension et à
peine eut-il cligné des yeux qu'il se trouvait déjà
à Londres, dans une ruelle située à quelques pas
des marches du grand bâtiment du Ministère de la Magie.
Le temps de réajuster son col, il chercha à ne plus
penser qu'à ses meilleurs moments en compagnie de ses amis à
Hogwarts. Il n'avait pas l'intention de créer et nourrir
des angoisses par rapport à sa rencontre avec Lucius Malfoy.
L'appréhension était un sentiment inutile. «
Rien ne se passe jamais comme on l'espère et jamais comme on
le redoute... » avait dit un jour son Mentor. Et Cho avait une
confiance totale en cet homme et en ses paroles. Il ne devait pas
laisser Malfoy sentir sa peur.
Après une longue
inspiration pour retrouver son calme, il sortit de sa cachette et
gravit les marches de l'édifice imposant. Tous les sorciers
les plus haut placés se drapaient fièrement dans leurs
capes, déambulant dans les corridors et agrémentant
leurs discussions animées de gestes larges. De son côté,
Cho leur glissait des regards condescendants alors qu'il
s'approchait d'une réceptionniste.
– Le bureau de
Monsieur Malfoy, s'il vous plaît.
La jeune femme
lui répondit et pointa du doigt un couloir. Après un
rapide « merci », il suivit la direction indiquée
d'un pas hâtif. Il gravit un nouvel escalier, s'engagea à
droite et parcourut les derniers mètres avant de s'arrêter
devant la porte, le cœur battant. Son regard étudia un
instant la plaque dorée, puis il leva la main et frappa à
la porte. Sans plus attendre, il abaissa la poignée et entra
dans le bureau.
– Je ne pense pas avoir donné
l'autorisation d'entrer...
Cho se raidit à ces
paroles et fixa le grand homme blond assis à son bureau.
Enfin, il reprit le contrôle de ses émotions et referma
la porte derrière lui avec un sourire :
– Pourquoi
devrais-je attendre une autorisation ? Je n'attends d'autorisation
que si la personne qui me fait face est d'un rang supérieur
au mien, Lucius...
Malfoy crispa ses mâchoires et
releva fièrement la tête. Il caressa innocemment le
pommeau de sa canne et se contenta de répondre par un rictus
forcé. Il n'avait pas imaginé une seconde que l'on
répondrait immédiatement à son attaque sur un
ton aussi sec et hautain. Tout compte fait, Severus avait peut-être
eu raison de le mettre en garde contre Cho.
– Que vois-je ? Une
petite peste sans aucune éducation qui compte fréquenter
mon fils ?
Il secoua négativement la tête en
poussant un soupir d'exaspération.
Vexé,
Cho préféra ignorer la réplique cinglante et se
diriger vers la bibliothèque de Lucius. Occultant parfaitement
la présence de l'homme, il se mit à la recherche d'un
titre et feuilleta un livre. Alors, faisant mine d'être
plongé dans sa lecture, il répliqua :
– Pour
quelle raison m'avez-vous dérangé ? N'oubliez pas
que le règlement de Hogwarts m'oblige à être
assidu aux leçons de mes professeurs. Je n'ai pas envie de
subir des représailles de mon très cher Maître
des Potions.
– Je te conseille de perdre cette attitude, Chang.
Je ne suis pas d'humeur patiente, murmura Malfoy d'une voix
sinistre.
Cho lui retourna un regard furieux et rangea le
livre d'un geste impatient.
– Capricieuse et orgueilleuse
avec ça...
– ...comme tout Ravenclaw qui se respecte,
Lucius ! Moi-même, je ne suis pas d'humeur patiente, alors
expliquez-moi pourquoi vous m'avez convoquée ici.
Les
deux hommes s'évaluèrent du regard un long moment,
dans un silence parfait. Aucun n'avait l'intention de baisser les
yeux. S'incliner signifiait s'avouer vaincu devant l'autre ;
cette idée était parfaitement incompatible face à
l'orgueil des deux antagonistes.
Le menton relevé,
Malfoy s'amusa un instant à dévisser la baguette de
sa canne, ne manquant pas de faire sursauter le collégien.
–
Angoissée ? murmura-t-il, les commissures retroussées
en un sourire dédaigneux.
Cho quitta du regard
cette baguette qui le tourmentait et plongea ses yeux dans les iris
froids de Lucius. Malgré une célébrité
certaine, cet homme était encore une source de mystère
pour beaucoup et nul ne pouvait appréhender ses réactions
avec exactitude. Nerveux et mal à l'aise, l'Asiatique
commençait à saisir que sa situation n'était
pas des plus enviables. Tous ses sens étaient en alerte, comme
s'il craignait une attaque.
– Je refuse que mon fils continue
à ternir l'image de notre famille en fréquentant une
Sang-de-Bourbe. Je te demande donc de ne plus fréquenter
Draco.
– Lucius, mes origines ne sont pas moldues et vous le
savez très bien. Ma mère était une Sang-Pur
reconnue dans notre région de Zhejiang.
– Il est hors de
question que tu t'approches à nouveau de mon fils, coupa
Malfoy d'un ton sans réponse.
Cho se raidit et
leva fièrement la tête.
– Mal élevée,
origines du père plus que confuses... Tu crois vraiment
pouvoir prétendre au nom des Malfoy ? Je n'admettrai rien
d'autre sous mon toit qu'une Anglaise de haut rang. Mon fils
n'épousera pas une femme typée. Les représentants
de ton peuple sont déjà bien assez nombreux.
Le
jeune homme tremblait de rage. Il avait rarement eu affaire à
ce genre d'hostilités. En règle générale,
les émigrés asiatiques connaissaient peu de problèmes
avec le racisme des sociétés occidentales. Ils
parvenaient à s'intégrer doucement, parfois même
sournoisement, pour se faire une place respectable dans les pays qui
les accueillaient. Silencieux, travailleurs, efficaces, fins
économes... Ils avaient toutes les qualités nécessaires
pour s'implanter dans un continent plus riche sans jamais créer
de révoltes haineuses à leur égard.
Grâce
à tout cela, les Orientaux n'avaient pas été
les premières victimes d'un quelconque mouvement xénophobe.
Mais les paroles de Lucius avaient littéralement refroidi le
jeune Chinois.
– Je n'attends pas de ma descendance qu'elle
ait des cheveux noirs et des yeux bridés, Chang. N'espère
même pas un minimum de respect de ma part...
– Je
n'espère rien d'un Malfoy ! s'écria Cho en
balayant brusquement l'air de sa main.
Le sourire
conquérant de Lucius le rappela à l'ordre. Perdre
patience face à cet homme ne faisait que le discréditer
davantage. Inspirant profondément, le travesti retrouva son
calme et déclara avec un sourire mauvais :
– Je ne me
suis jamais fait d'illusions quant à mon histoire avec
Draco. Mais comme tous les adolescents de ce monde, j'ai bien envie
de profiter un peu de ma jeunesse... D'ailleurs...
Cho
s'approcha du bureau en se déhanchant délicieusement
et s'accouda lascivement sur le bois massif, ne laissant plus que
quelques centimètres entre son visage et celui du Mangemort :
– Qu'en a-t-il été de votre adolescence, Lucius
? Vu votre droiture, je doute que vous ayez connu grand-chose en
dehors de votre épouse... N'est-ce pas un peu frustrant pour
un homme ?
Malfoy serra les mâchoires alors que Cho
s'aventurait sur un terrain sensible. Il avait beau garder un port
noble et une retenue exemplaire, au fond de lui il reconnaissait
n'être qu'un homme qui avait le besoin physique et moral de
s'accomplir dans sa sexualité. Ce qu'il n'avait jamais
pu faire...
– Comment cela se passe avec Narcissa ?
Partagez-vous toujours le même lit depuis toutes ces années
? J'imagine que lorsqu'elle accepte vos gestes sur elle et votre
désir, tout cela doit se faire la nuit, dans le noir complet
et exclusivement dans le lit conjugal, elle allongée sur le
dos et vous au-dessus d'elle... Une position bien banale et peu
appétissante, n'est-ce pas ? Vous a-t-elle déjà
permis d'autres positions, d'autres lieux plus excitants ? Non...
je pense plutôt qu'elle est une femme bien trop prude pour
vous accorder vos petits fantasmes. D'ailleurs, vous a-t-elle déjà
caressé ? Oh, mais j'y pense ! A-t-elle au moins accepté
que vous lui fassiez l'amour une nouvelle fois depuis la naissance
de votre fils ?
– Ça suffit ! hurla Malfoy.
Il
repoussa violemment l'adolescent et dégaina aussitôt
sa baguette, les yeux étincelants de haine. Cho atterrit
douloureusement sur les fesses et secoua la tête, un peu
étourdi. Il savait qu'il avait été trop
loin... Mais il avait éprouvé un puissant plaisir à
admirer le visage de Lucius se décomposer à ses
paroles. Il leva la tête, le regard brûlant et le sourire
machiavélique.
– Ah, enfin vous me visez ? Le Professeur
Snape a plus de répondant que vous, tout de même.
–
Quelle audace... marmonna l'homme avec une rage contenue. Je vais
te faire perdre cette attitude insolente une bonne fois pour toute.
Crois-moi que tu vas regretter ton impertinence...
Le
visage de Cho se crispa à ces mots et pâlit brusquement.
Déjà, le grand sorcier contournait son bureau, sa
baguette rivée sur lui, prêt à l'immobiliser à
la première tentative de fuite. Un rire incertain secoua les
épaules du garçon qui répliqua d'un ton mal
assuré :
– N'avez-vous pas l'impression de vous
exposer à des dangers en menaçant un élève
de Hogwarts ici, au sein du Ministère de la Magie ? Votre
place serait remise en question...
– Je doute fortement que
l'on prenne ta défense. Si justice il y a, tous les juges
seront à ma botte lorsque je leur tendrai une bourse de
Gallions, siffla l'homme à voix basse.
Cho blêmit
à nouveau. Sa position était de plus en plus délicate
et risquée. Ses yeux affolés étudiaient les
moindres gestes de Lucius. Il demeurait assis sur le sol, immobile.
Il n'avait plus d'autre solution que d'attendre. Attendre sans
bouger pour éviter d'être pétrifié...
Attendre tout en prenant conscience qu'il ne s'en sortirait pas
indemne cette fois.
La baguette noire se leva avec lenteur
et majesté. Une fois à son apogée, elle s'arrêta
un court instant, puis plongea littéralement en direction de
Cho :
– Endoloris !
§§§
Harry revenait
de son entraînement de Quidditch. Si le cours de vol qui
l'avait précédé avait été une
catastrophe, le jeu en lui-même avait été une
véritable hécatombe pour lui et son équipe. S'il
ne s'améliorait pas très vite, jamais ils ne
gagneraient la Coupe en fin d'année.
C'était
la deuxième fois qu'il perdait sa concentration et cela le
perturbait d'autant plus. Ses coéquipiers le dévisageaient
avec inquiétude alors qu'ils entraient dans les vestiaires.
D'humeur maussade, Harry opta pour le silence et s'assit sur un
banc. C'était ce qu'il avait de mieux à faire, vu
sa position au sein du groupe. Avec un peu de chance, peut-être
se ferait-il oublier de ses camarades ?
– Harry ?
Apparemment,
il n'était pas chanceux.
Un soupir d'exaspération
lui échappa et lui leva un regard fatigué vers Ron.
Massant ses tempes du bout des doigts, il marmonna avec insistance :
– Oui, Ron ?
– Qu'est-ce qui t'arrive ? Je
veux dire... depuis la rentrée, tu agis bizarrement. D'abord
tu t'en prends à Cho, ensuite tu l'ignores, puis tu t'en
prends au Professeur Snape alors qu'il devient enfin supportable...
pourquoi rejettes-tu d'emblée tout ce qui pourrait te rendre
le sourire ?
Harry soupira une deuxième fois et
baissa la tête. Que pouvait-il répondre ? Il n'allait
pas trahir Cho et crier à tout le monde que la coqueluche des
Ravenclaws était un travelo. Il n'allait pas non plus
prendre le risque de répéter ses paroles à
propos des éventuels sentiments de Snape à son égard.
– Je ne sais pas, répondit-il simplement.
Il
refusa d'en dire plus. Ron comprit aussitôt que son ami
n'avait pas l'intention de parler. Tous deux hochèrent la
tête pour abandonner la discussion et Harry se déshabilla
en se dirigeant vers les douches. Il avait presque envie d'y
retrouver Cho, comme la dernière fois lorsque celui-ci l'avait
sermonné sous le jet d'eau. Mine de rien, ce genre de
remontrances avait toujours l'effet d'un coup de fouet et à
chaque fois, il retrouvait l'envie de s'affirmer. Finalement,
peut-être que fréquenter ce travesti avait du bon ?
D'ailleurs, je me demande s'il est revenu du
Ministère...
Il ferma les yeux alors qu'une
eau tiède ruisselait le long de son corps, le nettoyant de
toute cette sueur qu'il avait transpirée en deux heures de
vol et de sport. Il mouilla ses cheveux et les massa pour se
détendre, puis ses mains glissèrent sur sa nuque qu'il
apaisa de la même façon. Il ferma le robinet et
s'enveloppa dans sa serviette.
J'espère
qu'il ne lui est rien arrivé de fâcheux... Déjà
qu'en deuxième année, j'ai échappé de
peu à l'Avada Kedavra de Malfoy grâce à Dobby.
On était quand même à quelques mètres du
bureau de Dumbledore... Alors ce ne serait pas le milieu du Ministère
qui l'empêcherait de s'attaquer à Cho.
Il
s'empourpra et secoua vivement la tête.
Ce ne
sont pas mes affaires, Cho se débrouillera très bien
tout seul.
D'après ce qu'il avait accepté
de raconter, le Chinois avait réussi à cacher sa
véritable identité au monde entier, dont Voldemort.
Harry n'avait donc aucune raison de s'inquiéter pour lui à
cause d'une simple convocation.
Il se rhabilla
hâtivement et quitta les vestiaires en compagnie de Ron.
Pendant que l'horloge sonnait l'heure du repas, ils se dirigèrent
vers le réfectoire et s'attablèrent aux côtés
d'Hermione. Celle-ci engagea la discussion et murmura :
–
Vous saviez qu'on a vu Cho Chang revenir à Hogwarts ? Il
paraît qu'elle n'a pas voulu sortir de sa chambre après
son avertissement au Ministère...
Manifestement
plus préoccupé par le cri de famine de son estomac que
par l'anecdote, Ron marmonna machinalement un « ah ouais ? »
tout en continuant de manger goulûment. De son côté,
Harry suspendit son geste et manqua de faire tomber sa fourchette.
Outragée de voir le jeune homme roux poursuivre son repas,
Hermione poussa un soupir agacé et se détourna de lui
pour fixer son autre ami.
– Il faudra surveiller les cours,
voir si elle y va ou pas... Je ne pense pas que ce soit son genre de
rater les leçons, en tant que Ravenclaw, et surtout en tant
que doublante.
Harry hocha la tête, un peu
embarrassé. La jeune fille chercha son regard et le fixa
longuement avant d'ajouter :
– Vous avez presque les mêmes
options, toi et elle. Moi, je ne suis quasiment jamais avec vous,
sauf pour les cours élémentaires. Je peux compter sur
toi pour me prévenir si elle est présente aux leçons
?
– Euh... oui, bien sûr mais... depuis quand tu
t'inquiètes pour Cho ? demanda le jeune homme, intrigué.
Hermione lui présenta un livre énorme qui
tenait à peine dans son sac distendu. Avec un sourire radieux,
elle expliqua :
– Elle m'a donné ça pour
m'aider en arithmancie, et encore un autre pour l'étude
des runes... Ce sont des livres très anciens qui ne sont plus
réédités. Ils ont plus de deux siècles !
Elle me les a donné il y a quelques jours, en me disant que ce
serait utile pour moi... et cette lecture est vraiment passionnante
!
Harry s'abstint de commentaire, mais un réflexe
lui fit recourber un coin de ses lèvres à la vue de son
amie pleine d'enthousiasme. Il en fallait peu pour charmer
Hermione. Mais il ne doutait pas que Cho avait été
sincère dans son cadeau. Après tout, n'avait-il pas
dit un jour qu'il aurait aimé fréquenter des filles
aussi intelligentes que la jeune Granger ?
– Bon, je vérifierai
si elle vient en cours. Sinon, j'irai la voir dans sa chambre...
répondit-il avec un sourire. (Voyant le regard ébahi
d'Hermione, Harry se reprit et balbutia :) Je veux dire, elle m'a
déjà invité dans sa chambre... mais sans
arrière-pensée, hein ! Elle est avec Malfoy, n'oublie
pas... On est juste amis...
À ces mots, le
Gryffindor se tourna discrètement et jeta un regard par-dessus
son épaule en direction de la table des Slytherins. Il chercha
des yeux son rival et l'aperçut à l'écart de
ses amis, le regard sombre, accoudé à côté
de son assiette à peine entamée. Ce visage anxieux et
fermé, sans trace de mépris, lui était si peu
commun que Harry en éprouvait presque de la peine. Draco avait
beau être égoïste et parfois cruel avec tout ce qui
n'était pas de Sang-Pur, il n'était guère
difficile au Survivant de comprendre qu'il avait pu trouver un
certain équilibre avec Cho. Car Cho avait changé de
comportement et n'agissait plus comme la petite Reine de
Ravenclaw...
Connaissant le vrai Cho Chang, ça a
dû lui être difficile de se supporter dans un tel rôle
pendant tant d'années...
À présent,
le caractère doux et posé du Chinois ne pouvait que
plaire à un adolescent arrogant en mal de relations. Draco
avait beau être extrêmement séduisant, rares
étaient les personnes capables de le temporiser, de le
comprendre et de se sentir égales à son rang. Ce
sentiment de parité presque insolent qui émanait de Cho
était sans doute une des clés de la réussite de
leur relation. Draco semblait enfin avoir trouvé ce dont il
avait besoin auprès d'une femme.
Mais ce n'est
pas une femme, soupira intérieurement le Gryffindor alors
qu'il détournait les yeux de son adversaire.
Comment
Cho voyait-il l'issue de cette relation ? Draco n'admettrait
jamais une telle tromperie. Or, si l'Asiatique était
vraiment amoureux, peut-être chercherait-il à lui
dévoiler la vérité ?
Malfoy serait
fou de rage...
Hermione avait suivi le regard de son
ami et elle lui murmura :
– Tu penses qu'il était au
courant de ce qui attendrait Cho là-bas ?
Harry
acquiesça lentement.
– Mais à côté
de ça, Cho est quelqu'un de très fort. Elle ne
laissera pas Lucius la malmener. J'ai confiance... murmura-t-il
pour se rassurer.
Il piqua à nouveau dans son
assiette et porta un morceau de viande à sa bouche qu'il
mâcha longuement. Il devait admettre que l'absence du
Ravenclaw au déjeuner ne le laissait pas indifférent.
Sa curiosité et son inquiétude croissaient de minute en
minute. Finalement, à la fin du repas, il quitta la table avec
ses amis et tous se séparèrent dans le hall. Chacun
s'en allait à son option facultative, et sachant que lui et
Cho partageaient le même cours, Harry se mit à scruter
chaque visage dans le couloir avant d'entrer dans la salle. Mais le
travesti ne répondit pas présent pour cette leçon...
Peut-être qu'il viendra pour le prochain
cours...
Harry cherchait à se persuader qu'il
n'était pas inquiet pour son ami, que tout allait bien, que
le garçon était revenu sans encombre à Hogwarts,
qu'il avait simplement besoin de repos... Il se répéta
mentalement cette litanie jusqu'au début du deuxième
cours de l'après-midi. Cho n'était toujours pas
là... Finalement, il était contraint de reconnaître
que son inquiétude tenait plus à présent de
l'angoisse.
Lorsqu'il partagea son dernier cours de la
journée avec Hermione, il lui annonça l'absence du
Chinois. Voyant son amie baisser les yeux en triturant nerveusement
sa plume, il lui offrit un sourire un peu forcé et lui
chuchota :
– Au pire, si elle ne vient pas dans le réfectoire,
j'irai la voir pendant le dîner...
Les deux élèves
hochèrent la tête et se concentrèrent enfin sur
la leçon afin d'éviter les foudres du Professeur
Flitwick.
Finalement, ce que redoutait Harry se produisit
; Cho ne se présenta pas non plus pour le dîner. Les
professeurs et Dumbledore faisaient mine de ne rien remarquer, mais
tous les élèves de septième année, toutes
tables confondues, ne parlaient plus que de ça, avançant
maintes et maintes rumeurs à propos de l'entrevue, du
Ravenclaw, de Lucius. Accablé par les accusations outrageantes
portées sur son père et par l'absence obsédante
de Cho, Draco demeurait silencieux, le visage dur et fermé.
Comme il l'avait fait pour le déjeuner, il était
assis en bout de table à l'écart des autres et une
fois de plus, il avait à peine touché à son
repas. Harry soupira, tiraillé entre la désolation et
l'agacement. Certes, son ennemi lui faisait mal au cœur à
agir ainsi, mais le Gryffindor ne supportait pas cet abattement
soudain. Même si tout le monde reconnaissait que Draco gardait
sa superbe, son regard tracassé n'échappait à
personne.
Harry se contenta de boire un peu pour se
désaltérer, puis il quitta discrètement la
salle, prétextant honteusement une envie pressante. Mais au
lieu de prendre le chemin des toilettes, il emprunta celui des
escaliers qui le menaient jusqu'à la chambre isolée
de Cho. Il évita soigneusement de se faire remarquer par les
tableaux et s'immisça dans le couloir gris et froid qui le
dirigeait vers une lourde porte.
§§§
Cho s'était
douché pour la quatrième fois de la journée.
Cette fois-ci, il avait ravalé sa fierté et des
sanglots lui avaient échappé sans qu'il cherche à
les retenir. Son absence prolongée avait certainement été
remarquée, peut-être même considérée
comme irrespectueuse, mais aujourd'hui, il n'avait vraiment pas
eu le cœur à ménager les susceptibilités de
chacun et à se présenter aux cours. Cette fois, il
comptait bien faire preuve d'un peu d'égoïsme et
prendre le temps de vivre à son rythme pour la journée.
Un frappement à sa porte le fit sursauter alors
qu'il démêlait pensivement ses cheveux un peu humides
à l'aide de ses doigts. Le regard farouche rivé sur
l'entrée, il ne répondit rien et attendit, le souffle
coupé.
– Cho ? fit une voix de l'autre côté
de la porte. C'est Harry...
Cho soupira et quitta
sa serviette de bain pour s'emmitoufler dans un peignoir. Il
s'approcha de la poignée, l'abaissa et ouvrit la porte
sans prendre la peine de regarder son ami.
– Entre...
marmonna-t-il en retournant s'asseoir sur le lit.
Harry
obéit et referma la porte derrière lui. Il scruta
l'Asiatique à quelques pas de lui et fit une petite moue
embarrassée. Que pouvait-il lui dire à présent
qu'il était là ? Que pouvait-il lui demander sans
paraître trop curieux ? D'ailleurs, cette visite n'était-elle
pas un peu déplacée ?
– Euh... ça va ?
murmura-t-il d'un air penaud en chassant ses doutes d'un revers
de la main.
Le regard accablé que lui jeta Cho le
fit baisser la tête. Sa question était parfaitement
idiote.
– Ça pourrait aller mieux... répliqua
simplement le Chinois.
Le Gryffindor s'assit à
ses côtés et ses yeux furetèrent le sol, comme si
la moindre rainure des dalles pouvait révéler des
paroles réconfortantes. Ses doigts craquèrent
nerveusement et il se racla la gorge. Son angoisse contagieuse gagna
l'autre garçon qui se leva de son matelas pour faire les
cent pas. Alors, ignorant son sentiment de culpabilité, Harry
inspira profondément :
– Comment ça s'est passé
avec Malfoy ?
Un soupir lui fit relever la tête.
Debout à quelques centimètres de la fenêtre, Cho
fixait l'horizon. Ses yeux brillaient de larmes qu'il retenait
difficilement et ses mâchoires serrées tentaient de
calmer les tremblements incessants de son menton.
– Je ne dois
plus fréquenter Draco, expliqua-t-il enfin.
– Quoi ?
Tout d'abord surpris, Harry repensa à son ennemi.
Il lui serait sans doute difficile d'admettre une rupture avec Cho.
Personne encore ne l'avait vu dans cet état à la fois
anxieux et agressif. Colin avait échappé de peu à
un sort interdit lors de la récréation durant
l'après-midi. Seule Hermione avait trouvé le courage
de s'interposer et de prendre Creevey par le col. Certes, elle
avait jeté un regard noir à Draco pour lui faire
comprendre que cette violence ne menait à rien, mais c'était
surtout le reporter en herbe qui avait été réprimandé
pour avoir dévoilé une intimité qui
n'appartenait qu'au couple révélé.
–
... Draco ne l'acceptera jamais... chuchota-t-il.
– Et moi je
n'accepterai jamais de subir d'autres Endoloris avec son
père, répliqua Cho d'une voix chargée de
colère.
Le visage de Harry blêmit
soudainement et se décomposa à ces mots. Les deux
adolescents s'échangèrent un bref coup d'œil, mais
le silence s'imposa une nouvelle fois. Chacun s'en retourna à
sa contemplation pour ignorer l'atmosphère lourde, presque
tendue entre eux.
– Ce n'est pas étonnant... il était
à deux doigts de réussir un Avada Kedavra sur moi, il y
a cinq ans. C'est un elfe de maison qui m'a protégé.
Cho se permit un mince sourire pour la première
fois depuis son retour. Il avait tout de même eu la chance de
ne pas connaître un tel sort après une vive
confrontation avec Malfoy. Bien sûr, il savait qu'il n'avait
eu que ce qu'il méritait. Provoquer Lucius de cette façon
sur un sujet délicat, c'était s'exposer à la
colère d'un Mangemort.
Finalement, je suis
peut-être plus chanceux que je ne l'ai cru en revenant ici...
– Que comptes-tu faire à présent ? demanda
finalement Harry.
– Rompre avec Draco... j'aurais aimé
pouvoir éviter cela, mais Lucius a été trop
loin. Je ne peux plus continuer. Il a manifesté très
clairement son hostilité envers mes origines asiatiques. Il
m'a fait comprendre qu'il ne voulait pas de moi auprès de
son fils...
– Tu vas abandonner ? s'écria le Survivant
avec rage. Mais tu aimes Draco, non ?
– Mes responsabilités
et mes devoirs vont au-delà de mon libre-arbitre.
Harry
bondit sur ses pieds et saisit Cho par l'épaule. Il
l'obligea à lui faire face, mais le travesti le repoussa du
revers de la main.
– Ne me touche pas. Ta dureté ne me
plaît pas, et même si la douleur n'est pas visible,
j'ai gardé des séquelles du sort de Lucius. J'ai
encore mal, alors évite de me brutaliser.
– Je ne te
brutaliserais pas si tu ne laissais pas Malfoy gagner aussi
facilement !
– Aussi facilement ? Après plus de
trois quarts d'heure d'Endoloris, tu dis que j'abandonne
trop facilement ?
Le jeune homme brun se raidit et fit un
pas en arrière, reconsidérant totalement ce personnage
un peu désinvolte qu'il avait toujours cru fragile.
Supporter une souffrance atroce aussi longtemps était à
la limite du potentiel humain. Cho devait sans doute tenir énormément
à Draco et à leur relation pour être parvenu à
endurer la douleur aussi longtemps.
– Harry... cette douleur...
J'ai cru que j'allais devenir dingue ! chuchota l'éphèbe
d'une voix entrecoupée de sanglots. J'ai flirté
avec les frontières de la folie quelques secondes avant le
terme de ma punition...
Toujours impressionné et un
peu plus respectueux, Harry haussa les épaules avec
simplicité. Il retourna s'asseoir sur le lit et son ami
l'imita quelques minutes plus tard.
– De toute façon,
ma relation avec Draco était vouée à l'échec...
murmura Cho en baissant tristement les yeux. Je ne suis pas une
femme... je ne le serai jamais, sauf au moyen d'une potion. Mais ce
serait une enveloppe éphémère... et je ne veux
pas lui mentir.
Il se recroquevilla et remonta les genoux
contre son torse, les yeux fermés pour mieux retenir de
nouvelles larmes. Pourquoi s'était-il laissé prendre
dans cette histoire ? Pourquoi s'était-il bercé
d'illusions en sachant que la chute serait rude ? Et surtout,
pourquoi éprouvait-il ce sentiment de meurtrissure qui lui
serrait le cœur et la gorge ? Il avait beau savoir théoriquement
ce que pouvait représenter une peine de cœur, jamais il
n'avait pu imaginer la douleur émotionnelle que ces
histoires provoquaient lorsqu'elles se terminaient mal. En ce
moment précis, il portait deux formes de blessures en lui ;
l'une corporelle, l'autre morale. Cette addition douloureuse lui
enlevait presque le souffle...
Harry tendit la main vers
le visage fin de son ami et l'obligea à lever la tête.
Délicatement, il posa ses lèvres sur une joue et
l'embrassa chastement. Cho se sentir rosir et il détourna
honteusement le regard, comme si ce baiser pudique laissait
sous-entendre bien plus.
– C'est gentil de me réconforter,
dit-il au bout d'un moment.
Sans un mot, le Gryffindor
poussa le travesti et l'allongea sur le matelas. En un geste
protecteur, il étala le drap de soie sur ce corps frêle
que Malfoy avait malmené, puis il s'étendit à
son tour, se calant confortablement sur son camarade.
– Harry !
souffla ce dernier en cherchant à le repousser. C'est
indécent ! Et puis tu n'es pas léger !
– Ce
soir, je dors avec toi... murmura simplement l'interpellé
qui fermait déjà les yeux, entrelaçant ses
doigts à ceux de Cho.
Incapable de répondre
face à cette volonté, l'hôte soupira
d'exaspération. Apparemment, son invité se permettait
certaines libertés et avait appris à s'imposer...
Quelques jours auparavant, jamais il n'aurait osé se montrer
si impérieux dans son ton et dans ses actes.
Un peu
confus de n'avoir qu'un mince drap pour séparer leurs
corps, l'Asiatique soupira et gigota un instant. Il remarqua alors
qu'un sourire étirait les lèvres de Harry.
–
Quoi ? bouda-t-il en faisant une petite moue.
– Ne bouge pas
trop les hanches... ça risquerait de me mettre dans une
position délicate...
Comprenant au bout d'un
moment la portée de ces paroles, le rouge de la honte colora
les pommettes de Cho qui s'exclama :
– Tu n'as qu'à
quitter mon lit ! Je ne t'ai pas demandé de te coucher sur
moi, que je sache !
Harry se permit un petit rire et roula
sur le côté. Il s'en voulait un peu d'avoir si
longtemps maudit ce garçon après avoir découvert
son secret. Finalement, c'était un bon compagnon. Un peu
obstiné, très moralisateur, parfois un peu trop
caractériel... Mais c'était justement cette force de
caractère qui permettait au jeune homme brun d'évoluer.
Depuis le début de cette nouvelle année, Harry se
sentait différent. Les remontrances de Cho et sa maturité
exemplaire y étaient pour beaucoup. En fin de compte,
fréquenter quelqu'un de la trempe de Cho avait des
conséquences pour le moins positives... même si le
Gryffindor avait encore quelques difficultés à
apprécier un corps masculin un peu trop efféminé.
Certes il avait toujours été plus ou moins
le rebelle, le « hors norme » aux yeux des Dursley. Il se
savait ouvert d'esprit, contrairement à sa famille
d'adoption, mais son éducation pieuse faisait que
l'androgynéité de son compagnon était un peu
trop dérangeante à ses yeux.
Ce n'était
pas pour rien qu'il s'était permis de s'étendre
sur Cho ce soir. S'il avait agi ainsi, ce n'était pas plus
pour plaisanter que pour se tester. Il avait dû vaincre ses
appréhensions et son dégoût afin d'en avoir le
cœur net ; était-il possible pour lui d'être attiré
par quelqu'un du même sexe ? Apparemment non. Cette petite
expérience fraîchement menée venait de lui
prouver qu'un garçon trop efféminé ne
l'attirait pas.
Il soupira, fatigué de ressasser
tant de questions existentielles quant à son orientation
sexuelle.
– Cho... murmura-t-il. À ton avis... qu'est-ce
que je dois faire avec Snape ?
– Tout dépend du type de
relation que tu souhaites entretenir avec lui.
Un nouveau
silence s'établit et Harry se perdit dans ses pensées.
Ce qu'il voulait ? Il ne le savait pas encore. Il n'avait pas
pris le temps d'y réfléchir d'ailleurs.
– Si
tu ne veux pas de lui, tu ne fais rien et vous gardez vos distances.
Si tu veux apprendre à mieux le connaître, alors tu
devras faire frémir tes neurones pour le pousser dans ses
derniers retranchements. Il faudra attaquer. Son point sensible,
c'est ton père. Si tu veux en savoir plus sur ce qui s'est
passé, à toi de trouver les mots pour que Severus
accepte de te le raconter.
Harry leva un regard suspicieux
et étudia le visage de Cho.
– Tu as l'air d'en
savoir beaucoup...
– Ne te méprend pas, Harry. Je
connais bien Severus, son passé d'étudiant, son passé
aux côtés de Voldemort. À présent, il est
un homme digne de confiance. Mais tu apprendras que ton père
n'est pas étranger dans cette histoire de Mangemort.
Le
Gryffindor sentit un frisson lui parcourir l'échine. Comment
son père aurait-il pu pousser Snape à suivre Voldemort
? Lui qui avait toujours été le premier à
combattre les idées de ce sorcier nuisible et destructeur ?
Non. Cho allait trop loin. Même si James Potter avait fait
quelques erreurs de jeunesse et qu'il s'en était pris à
Severus Snape, ce n'était pas suffisant pour mener un jeune
magicien, même un Slytherin, dans les bras d'un Mage Noir. Le
Maître des Potions était le seul responsable de ses
actes et de ses erreurs.
– Mon père... Il a toujours été
un être loyal et bon ! De quel droit salis-tu son nom et son
image ? Ne parle pas comme ça de mon père !
– Ne
parle pas de quelqu'un que tu n'as jamais connu, rétorqua
Cho en lui retournant un regard acéré.
Harry
se mordit la lèvre et abandonna toute idée de dispute.
Comme à son habitude, le Chinois avait su mettre le doigt sur
la corde sensible. Ce côté un peu trop lucide agaçait
le Gryffindor qui, dans ces situations, venait à douter de la
gentillesse de son ami. Il soupira impatiemment et ferma les yeux.
–
Merci de me rappeler que je n'ai jamais connu mes parents...
bougonna-t-il. Tu es cruel.
Mais Cho ne l'écoutait
plus, trop préoccupé par la douleur vicieuse qui lui
brûlait le dos. Il savait que l'Endoloris n'y était
pour rien dans cette sensation... Il se prit le front d'une main et
soupira profondément pour retrouver une respiration moins
saccadée. Harry perçut son malaise et releva la tête
avec inquiétude.
– Qu'est-ce qui ne va pas ?
demanda-t-il.
Cho se sentit rougir.
– La marque que
Voldemort a laissée sur moi... elle est dans mon dos. Ça
me brûle parfois... un peu comme toi et ta cicatrice, tu
comprends ?
– Oui... tu veux que je te masse un peu ? Ça
soulagerait peut-être la douleur...
Le Chinois
secoua négativement la tête et se contenta de sourire.
Après tout, la douleur n'était jamais bien tenace.
Elle se contentait de venir par à-coups, sans doute selon
l'humeur de Voldemort. En tout cas, avec le caractère si
changeant du Mage Noir, cette hypothèse pouvait expliquer les
périodes de souffrance alors qu'aucune menace réelle
ne se profilait...
– Harry ? fit une voix derrière
la porte.
Les deux adolescents sursautèrent
brusquement en rougissant, comme s'ils avaient été
surpris au milieu d'une étreinte amoureuse. Ils scrutèrent
l'entrée et la poignée s'abaissa, entrouvrant la
porte et dévoilant une chevelure rousse.
– Ron ! Tu
aurais pu prévenir que c'était toi ! souffla son ami
en quittant le lit. Et ne me regarde pas comme ça ! On ne
faisait rien !
D'un geste impatient, Harry ouvrit un peu
plus la porte et empêcha Ron d'entrer par sa carrure. Les
pupilles rétrécies par l'irritation, il marmonna :
–
Qu'est-ce qu'il y a ?
– C'est l'heure du vote pour
élire notre capitaine d'équipe pour le Quidditch. Tu
es obligé de participer.
Harry ouvrit de grands
yeux ; comment avait-il pu oublier cette réunion si importante
pour lui ? Alors que ça faisait des jours que lui et Ron
débattaient sur les capacités de chaque joueur qui se
présentait pour endosser le rôle du chef de l'équipe.
Pas mal de jeunes de quatrième année se montraient
audacieux et ambitieux dans leurs entraînements, mais la
confiance des aînés se tournait plutôt vers les
septième année. D'ailleurs, Harry avait été
proposé comme candidat, mais il avait refusé.
Connaissant son niveau en cours et le travail à fournir pour
réussir cette dernière année, il avait préféré
éviter de s'ajouter de nouvelles responsabilités.
Pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait de mener
une équipe et d'être sous les feux de la rampe.
–
Vas-y Harry, murmura Cho avec un sourire, assis en tailleur sur son
lit. Tu risques d'y arriver en retard. Moi, je vais me reposer un
peu ce soir...
Il baissa les yeux et s'étira
paresseusement.
– La journée a été assez
éprouvante comme ça. J'ai tout intérêt à
récupérer pour demain.
Le Gryffindor hocha
la tête et après un simple signe de main, il quitta la
chambre et referma la porte derrière lui. Le Chinois écoutait
d'une oreille attentive les bruits de pas qui s'amenuisaient
petit à petit. Songeur, il releva ses genoux contre lui et y
posa son menton. Même si l'atmosphère entre Harry et
lui était souvent tendue, une compagnie n'était pas
désagréable. Surtout pour ce soir, après une
telle épreuve face à Malfoy... il aurait aimé se
confier à quelqu'un.
Tac-tac-tac !
Cho
sursauta et bondit de son lit. Il ouvrit hâtivement la fenêtre,
autorisant la pie à venir se poser sur son bras. L'oiseau se
cramponna à son poignet et leva sa patte écailleuse
pour présenter une petite lettre. Le jeune homme la déplia
et lut attentivement. Des larmes perlèrent ses paupières...
Mais cette fois-ci, il s'agissait de larmes de joie et non de
douleur comme il en avait laissé couler tout au long de cette
abominable journée. Ému, il serra le papier contre son
cœur.
La pie se posa sur le porte-plume et le jeune homme
s'enferma dans la salle de bain, se vêtant d'un pantalon de
soie et d'une longue chemise à col mao. Il se coiffa
consciencieusement et retourna à la fenêtre au pas de
course. L'oiseau à ses côtés battit des ailes
avec impatience et s'envola vers le ciel d'encre. Alors Cho se
métamorphosa en corneille et quitta la chambre de la même
façon.
Cette lettre n'aurait pas pu mieux
tomber... Enfin son Mentor l'autorisait à venir lui rendre
visite. Plus que tout, il avait besoin de revoir cet homme bon qui,
malgré sa froideur et sa dureté, avait toujours été
une source de stabilité pour l'orphelin asiatique. Il était
sans doute le seul être au monde que Cho aimait du plus profond
de son cœur... le seul être pour lequel le jeune homme se
sentait prêt à sacrifier sa vie...
§§§
Arrivé à
l'entrée du palais, le Chinois se présenta aux gardes
qui lui ouvrirent la porte. Le port altier, le regard lumineux et
conquérant, il entra dans le vaste hall et s'arrêta à
quelques pas d'un serviteur. Il se contenta de lui sourire et
l'homme hocha la tête. Sans adresser un mot à
l'adolescent, le vieillard se dirigea vers une grande salle et se
courba respectueusement.
– Li-Lian Zhao est arrivé.
–
Faites-le entrer.
Cette voix grave, un peu traînante
et cynique, enleva un frisson à l'Asiatique. Il se présenta
dans le salon et s'inclina à son tour, la main sur le cœur.
Les paupières fermées mais le corps tremblant de joie
et d'émotion, il murmura :
– Je suis heureux de vous
revoir, Mylord.
Le cœur battant, il leva les yeux
pour affronter le regard de son tuteur posté à la
fenêtre.
– Miss Zhao ! intervint le serviteur inquiet.
Les liens entre vous et le Maître sont peut-être étroits,
mais on ne fixe pas impunément un Mage Noir ! Un peu de
retenue je vous prie...
Mais l'interpellé ne
prêta aucune attention à ses conseils. Il connaissait
son Mentor mieux que quiconque, et son statut privilégié
lui permettait certaines familiarités que le maître
appréciait tout particulièrement. Ignorant les
avertissements plaintifs du domestique, le jeune homme se redressa et
se joignit aux côtés de Lord Voldemort qui prenait place
sur son siège.
à suivre...
Voilà-voilà ! Chapitre 5 terminé ! Je suis vraiment désolée d'avoir mis tant de temps pour pondre ces quinze pages, mais j'ai fait une série malaise/déprime/malaise/etc... donc il a été difficile pour moi de continuer. Maintenant que ça va mieux, j'espère pouvoir retrouver un rythme plus rapide :-)
Bon, vu la fin que je vous ai laissée, je crois qu'il n'y a rien d'autre à ajouter à propos de ce chapitre. Notez que tout désir de vengeance, de violence (verbale ou physique) envers la nautrice qui vous aurait bluffé en beauté sur son personnage principal est à proscrire XD ! (s'enfuit lamentablement et s'enterre dans son terrier)
Au fait, pour ceux qui laisseront une review, j'ai un petit sondage à faire ;
Comment dois-je appeler
notre petit Chinois à présent ?
1) on laisse le
patronyme Cho Chang partout (y compris en-dehors des dialogues), sauf
quand son mentor et ses subordonnés s'adresse à lui.
2) on met à présent son véritable prénom
partout (y compris en-dehors des dialogues), en sachant que les
élèves de Hogwarts l'appelleront toujours Cho Chang
du fait qu'ils ne connaissent pas sa véritable identité.
Voilà, je ne sais
pas si je suis très claire... bref, je vais doucement m'enfuir
avant de subir votre courroux !
Bzu-bzu ! Réponses aux
reviews right now !
Tanuki qui couine pathétiquement au fond de son terrier.
Onarluca : il n'empêche que j'avoue, sur le coup, voir ton nom parmi les reviewers m'a fait louper un battement de cœur ! Mais ça, c'est normal ! Paraît que je fais un complexe d'infériorité XD ! Bref, certes, Cho ne prend pas de gant avec Harry, et pourtant vu sa situation il est tout de même un peu gonflé de donner des leçons :-) mais je crois que justement, j'aime bien ce caractère que je lui donne petit à petit (va finalement tomber amoureuse de « son » personnage). Sinon, je pense qu'il y aura d'autres remontrances, car même si j'adore le personnage de Harry, je ne peux que dire une chose sur lui ; c'est vraiment un sale morveux qui mérite d'être rééduqué :-D
Vif d'or : je dois avoir un fond sadique pour avoir casé Draco avec Pansy selon les projets de Lucius... bah, advienne que pourra ! Surtout que finalement, Cho est peut-être plus néfaste que Parkinson ! oO ... Pour ce qui est de Severus et Harry, en effet, il m'attend beaucoup de boulot, mais j'aime les défis. Je n'aime pas les fics où ce couple se jette dans les bras de l'un et de l'autre sans raison particulière :-) alors ici, je prends mon temps... mais je pense que même si y'a du travail qui m'attend avec eux, ça me viendra facilement. Il reste de l'espoir XD !
Petrol kiwi : Ouh-là ! tu n'avais donc plus internet ? Je comprends mieux pourquoi je ne te retrouvais plus :-) entre nous, j'aurais mal supporté de ne plus avoir internet. Je suis une web-addict et j'en arrive à un stade irrécupérable je crois bien oO ... mais bon, je suis heureuse que tu aies pu rattraper ta lecture, et je suis d'autant plus heureuse que tu sembles vraiment apprécier cette histoire ! Pour un début sur FFNet, je dois reconnaître que je suis vraiment flattée de voir ma première fic Harry Potter connaître un mini-succès ! Sinon, pourquoi ne s'est-il rien passé dans les douches ? Sans doute parce que Cho a plus d'attirance pour Draco que pour Harry :-D (imagine déjà Petrol kiwi hurler un « NAAAAAN » derrière son écran). Plus sérieusement, il n'avait vraiment pas la tête à admirer la vue, si je puis dire ! Et je pense que Harry était un peu trop mis à nu (dans tous les sens du terme) pour penser à autre chose qu'à sa remontrance ! Mdr, c'est étonnant car même s'il ne s'est rien passé, j'ai l'impression que le passage des douches a fait un certain succès dans ce chapitre 4 !
Luuslynn : hé-hé, et bien ce que tu appelles un « long blabla qui ne sert à rien » s'appelle chez moi un « coup de fouet » ! Car sérieusement, chaque fois que je lis tes reviews, je me sens revigorée ! Et tu as vraiment l'air d'apprécier cette fic ! En tout cas, c'est l'impression que tu donnes à chacun de tes commentaires ! Pour ce qui est de la relation Draco/Cho, je sais plus ou moins comment cela évoluera, il me reste juste certains détails à approfondir avant de continuer tout ça. Ce qui est sûr c'est qu'il y a des sentiments des deux côtés, mais aussi un énorme mensonge que Cho entretient :-/ ... on verra. Pour ce qui est de Snape et de sa rancune, il a vraiment de quoi en vouloir à Cho... Déjà, les dernières lignes de ce chapitre suffiront à éclairer un peu plus sur cette relation particulière qu'entretiennent Snape et Cho, le pourquoi de cette familiarité entre eux... J'espère juste qu'avec la fin de ce chapitre 5, tu n'auras pas un goût amer !
Lululle : oui, c'est vrai qu'on a l'impression que Cho se jette sur Harry dans le tome 5, mais déjà dans le tome 4, quand Harry l'invite pour le bal et qu'elle est contrainte de refuser l'offre, on voit qu'il y a déjà une attirance :-) je pense qu'il y a une attirance respective, malgré le fait qu'elle soit avec Cedric (bah oui, malheureusement, il arrive parfois qu'une femme soit amoureuse de deux hommes à la fois :-/ ...). Donc ça va encore, la relation dans le tome 5 reste cohérente ! Enfin j'imagine que même cette façon de voir Cho ne te plaît pas trop hein ? lol ! Mais bon, du moment que tu supportes Cho dans cette fanfic, c'est l'essentiel :-D je n'aimerais pas que tu raies ton écran à coup de couteau à chaque fois que tu vois son nom dans mes chapitres ! (Enfin c'est bizarre que le seul passage du chapitre 4 mentionné dans vos reviews soit la scène dans la douche ! ... ;-)
