Texte original : « Bodies on the shore » par Elcie. Que l'on peut trouver sur ce site avec le numéro de l'histoire à changer dans la barre URL : 2218253
Traduction : Ripper de la Blackstaff.
Disclaimer : Domaine public, domaine public ! Nananananèreuuuuh !
Synopsis : Cette fic est basée sur Leroux. A la fin du livre, Nadir et Raoul sont enfermés dans la chambre des tortures et agonisent. Erik donne le choix à Christine : soit elle l'épouse, soit il fait exploser l'opéra. Elle accepte et par conséquent, noie la poudre retenue sous la chambre des tortures. Mais dedans, l'eau monte, monte et Christine ne jure pas de ne pas se suicider…
Merci à mes bêtas Titus de Mystique et Siryanne.
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DES CORPS SUR LA RIVE.
CHAPITRE 1 : Les ponts brûlés.
Victime d'une pression insoutenable, Christine fit son choix.
"Erik, j'ai tourné le scorpion !" dit elle.
Pendant un bref instant, elle crut que sa décision – la première de sa vie – sauverait son fiancé, même si elle signait sa propre perte. Mais à cet instant, alors qu'elle se tenait fière et droite, sûre de sa décision, le bruit d'eau commença. Doucement au début, elle l'entendait tourner autour d'elle, de plus en plus fort, jusqu'à masquer les appels au secours désespérés provenant de la chambre des tortures. Ce qui arrivait était clair et elle comprit brutalement et douloureusement que Raoul et son mystérieux compagnon allaient bientôt se noyer.
"Erik, arrête l'eau", pleura-t-elle. "J'ai tourné le scorpion. Ils peuvent vivre maintenant."
"Oh mais ma chère, vous avez accepté d'être ma femme, et vous n'avez pas besoin de deux fiancés."
"Je ferai partir Raoul. Je peux lui rendre sa bague. Il nous laissera en paix, mais s'il te plaît, ne le laisse pas mourir ! S'il te plaît ! J'ai promis d'être ta femme !"
"Oh mais pas ma femme vivante. Tu vois, je suis très généreux. Je te laisse une raison d'en finir avec la vie avant que le cadavre vivant ne puisse toucher sa femme froide."
"Non non, je te donnerai ce que tu voudras !"
Mais il n'y avait aucune conviction dans sa voix. L'hystérie commençait à monter et cette fois, Christine ne put la contrôler. Des idées terribles encombraient sa tête. Si l'eau provenait du scorpion, alors c'était elle la responsable. Comment pourrait elle vivre avec le sang de Raoul sur les mains ? Et pourrait-elle tenir sa promesse et endurer le contact d'Erik ? Elle ne savait absolument rien de l'intimité : c'étaient des images hautement obscènes qui lui venaient à l'esprit, qui la répugnaient et l'excitaient à la fois. Ses supplications devinrent des gémissements frénétiques et elle tomba par terre, tremblante, en larmes. Mais Erik était au-delà de la pitié, aveuglé par la jalousie et la déception et il se moquait amèrement de la perte qui pesait sur les épaules de la jeune fille. Que pouvait-elle faire pour sauver Raoul ? Qu'est ce qui convaincrait Erik ? Submergée par la terreur face aux conséquences mortelles de son choix, effrayée par le fait de prendre une autre décision, Christine était pétrifiée. La réalité était trop pour elle. Elle devait se détourner ou alors, la folie la saisirait, elle devait cacher son visage dans ses mains, elle devait bloquer le monde extérieur. Elle ne pouvait plus regarder le monstre. Elle ne pouvait plus penser à son fiancé en train d'agoniser dans les eaux tourbillonnantes. C'était trop pour son esprit et les fissures qui s'étaient développées depuis la mort de son père craquèrent complètement. Mais elle n'arrivait pas à bloquer Erik. Il se tenait au dessus d'elle, enragé par sa retraite, hurlant comme un fou.
"Mais tu pleures encore pour lui !" criait-il. "Tu devrais ne plus t'inquiéter pour lui maintenant ! je vais être ton mari et tu ne peux même pas me regarder !"
Il s'arrêta pour éclater d'un rire horrible.
"Mais comment pourrais tu ? Je ne suis qu'un monstre ! Rien qu'un animal sauvage à enfermer, à battre et à humilier, même à tes yeux…"
Et la rage folle s'évapora quand sa voix se brisa, triste et misérable.
"Même à tes yeux, Christine. Et pourtant tu es mon monde. Et je ne serai jamais aimé pour moi-même."
Erik aussi se pencha. S'agenouillant devant elle, il prit le bas de sa robe dans ses mains, et y enfouit son visage. Il essuya ses larmes dans cette chaleur douce en rêvant que ce n'était pas de la soie qui le réconfortait mais un corps doux.
L'indécision est paralysante ainsi que l'envie non comblée. Le couple resta figé dans leur horreur respective bien trop longtemps. Peut être que le bruit de l'eau ne pénétrait plus la brume de leurs esprits. Ou peut-être que si, mais qu'ils n'avait ni le pouvoir, ni la volonté de le reconnaître. Mais ce fut seulement lorsque l'eau déborda de la porte de la mort, et qu'elle atteignit les genoux d'Erik que ce dernier bougeât.
Pour la première fois de sa vie, il était stupéfait. Toute sa vie, il avait eu le contrôle de tout : de lui-même, des actions des autres, même parfois la Nature lui obéissait. Mais pour un instant de négligence, il avait perdu tout pouvoir – Raoul, son otage, était perdu – et son droit de vie et de mort aussi. Car il savait que les deux hommes dans la chambre des tortures étaient morts et il ne pouvait rien faire pour changer ça.
Il n'y avait aucun retour en arrière possible maintenant. Il était tout ce que Christine avait ; même si elle voulait le fuir, elle n'avait personne vers qui se tourner. Il était le seul qu'elle avait pour la réconforter, s'occuper d'elle et extraire son âme de la tristesse où elle s'était enlisée. Même maintenant, elle gisait sans défense par terre, dans une stupeur immobilisante. Elle avait besoin de lui, elle n'avait personne d'autre que lui vers qui fuir, et par conséquence, elle ne devait pas fuir. Et , par la mort de son rival, étaient détruit ses espoirs d'avoir son obéissance et son amour. Donc elle devait continuer à penser qu'il vivait mais qu'il était parti. Elle devait penser qu'elle avait tenu sa promesse et qu'elle avait sauvé son ami. Elle ne devait jamais savoir qu'il était mort.
Erik arriva à cette conclusion et se mit au travail à une vitesse incroyable. En quelques secondes, il posa un mouchoir sur le visage de Christine, pour l'endormir avec le parfum de Mazenderan. Il appuya sur un bouton sur le manteau de la cheminée pour arrêter l'eau et la renvoyer d'où elle venait. A cet instant, la flaque avait atteint la chanteuse et il était clair que la chose la plus importante à faire était de la faire quitter la pièce. Avant qu'elle ne se mouille et ne prenne froid. Avant qu'elle ne se mouille et que l'humidité ne lui dise que la chambre des tortures avait été entièrement remplie. Il souleva son corps mou, et ne put s'empêcher de ressentir de la joie en l'emportant dans sa chambre et en la posant sur le lit, aussi gentiment qu'un amant. L'expression de dureté qui avait troublé son visage avait disparu, et elle rayonnait de nouveau de cette beauté naïve qu'il trouvait si attirante. Comment ne pouvait il pas l'embrasser ? Elle l'enchantait et le tentait bien trop. Et un baiser n'était qu'une toute petite chose. Il l'avait souvent vue embrasser le petit jeune homme. Ce ne serait qu'une bagatelle pour elle et pour lui, ce serait tout. Ses lèvres, roses et humides, un peu entrouverte semblait attendre les siennes. Ses lèvres à lui. A lui ! Comment avait il pu oublier ? C'était lui, son contact, qui la menait droit à l'hystérie, son contact qui la faisait fuir jusqu'aux confins du monde, et peut-être dans la mort. N'avait-elle pas raison de faire cela ? S'il pouvait, lui-même fuirait son corps répugnant. Mais, après tout, ne pouvait il pas la modeler pour qu'elle oublie sa laideur ? N'y avait il pas toujours de l'espoir ?
Tant de pensées inutiles ! Rien ne pourrait changer son destin ou celui de Christine maintenant et cela ne servait à rien de s'appesantir là-dessus. Des affaires importantes l'attendaient, dont il devait s'occuper immédiatement. L'eau qui était sortie de la chambre des tortures s'était répandue dans la pièce. L'antique tapis en soie qui couvrait le sol était trempé et bon à jeter. Un jardin y était peint, une image de toute beauté délicatement gravée avec amour dans le tissu. Cela faisait mal à Erik de le regarder : les couleurs se mélangeaient les unes aux autres, les oiseaux disparaissaient pour toujours. Ca faisait mal de penser que ce tapis était une victime malheureuse de l'obstination du garçon, du caractère mêle-tout de ce maudit persan, et de Christine, cette pauvre Christine, qui ne pouvait jamais être honnête et qui n'avait pas la force d'esprit de voir au-delà de son horrible faciès. Pour le moment. Mais l'eau s'évapore et le temps efface les blessures. Christine n'avait d'autre choix que de l'accepter. Il y avait encore de l'espoir, tant qu'elle restait avec lui et qu'est ce qui l'emmènerait loin de lui maintenant ? Il devait y avoir de l'espoir.
La chambre des tortures était vide et ses victimes gisaient par terre, sans vie et le regard fixe quand Erik ouvrit la porte. Le garçon était tel qu'il l'imaginait dans ses innombrables rêves : mort et inoffensif. Cela le rendit presque heureux. Mais le persan était à côté de lui, et ses yeux sortaient. Pour une fois, Erik fut victime d'un tour de son esprit : il imagina que son ami mort pouvait parler. Ses yeux semblaient dire : « Tu m'as tué ! Tu es sûrement damné ! » Perdu, il se pencha, ferma les yeux du persan et commencé la tâche ardue de bouger leurs corps. L'énorme stress de la journée commençait à se faire sentir et il trouva difficile de traîner jusqu'à sa gondole les corps gonflés d'eau de deux hommes adultes, un par un, et de leur faire traverser le lac. Le corps du Comte reposait sur la berge éloignée, près de la rue Scribe, où Erik l'avait laissé moins de cinq heures auparavant. Comme il était logique que les deux frères fassent leur entrée dans l'éternité côte à côte ! Il n'y avait qu'une chose pire que de mourir seul et qu'Erik ne connaissait que trop bien, c'était de vivre seul ! Et le jeune Vicomte avait noblement mis fin à ces deux tragédies. Son frère avait un compagnon dans la mort et Erik en avait un dans la vie.
Une compagne ! C'était plus que ce qu'il avait osé espérer ! Christine avait accepté de devenir sa femme en tournant le scorpion. Et maintenant, elle était couchée, attendant le retour de son mari, dans le lit qu'un jour, avec de la persévérance et de la chance, ils partageraient.
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Et on laisse sa petite review pour la traductrice et l'auteur. Allez ! Vous en avez envie, je le sais.
