CHAPITRE 2 : La spirale
Christine se réveilla dans le lit d'acajou dans la maison du lac d'Erik. La veilleuse sur la commode était allumée et dans la douce lumière, la pièce semblait entièrement normale, ainsi qu'elle l'était toujours quand la jeune diva y passait la nuit, et elle eut la forte impression qu'il n'y avait aucun problème au monde. Pourtant, elle se sentait bizarre : désorientée, étourdie et à bout de souffle. Elle remarqua qu'elle portait encore sa robe de la veille. Pourquoi ne s'était-elle pas changée avant d'aller se coucher ? Il y avait un énorme problème, mais elle n'arrivait pas à se souvenir quoi. Son esprit nageait dans un océan de confusion et tout ce dont elle se rappelait, c'était d'avoir chanté. C'était Erik, l'ange, qui lui chantait une berceuse d'une voix légère pleine d'amour, d'un ton complètement différent de l'affection opprimante qu'il exprimait normalement, et cela la calmait, et la mettait à l'aise. Cela semblait très réel, même si ce n'était qu'un rêve et Christine se demanda un bout de temps s'il ne l'avait pas vraiment bercé la nuit précédente après une leçon fatigante. C'était la raison pour laquelle elle était encore habillée. C'était quoi la leçon ? Elle répétait Faust. Non, la première de Faust s'était déroulé la veille ! Et après… l'enlèvement, la descente, et la pièce aux miroirs. Seigneur dieu, elle s'était promise à Erik !
L'horreur et la panique la saisirent quand elle se souvint brusquement. Qu'était devenu Raoul ? Elle sortit du lit, en tomba presque et se précipita dans la pièce mitoyenne. Elle était vide et la maison silencieuse. La porte de la mort était de l'autre côté de la pièce. Elle était close et la petite fenêtre en haut, qui avait si furieusement rayonné la veille, était noire. En montant l'échelle, Christine regarda dedans mais ne put rien voir. Il n'y avait que noirceur. Elle frappa à la porte et appela doucement. Aucune réponse. Bien sûr, pensa-t-elle. Il était improbable que Erik ait laissé son fiancé dans la pièce d'à côté. Mais où étaient-ils ?
En redescendant, elle se dirigea vers le divan et s'y assit, incertaine quant à ce qu'elle devait faire. Le salon, comme sa chambre, était tout à fait normal… Sauf que le tapis manquait à l'appel. Que c'était étrange ! Qu'était-il devenu ? Elle regarda encore la porte de la chambre des tortures comme si celle-ci pouvait donner un indice et ce fut à ce moment là qu'elle se souvint de l'eau. Raoul n'était plus dans la petite pièce, ce qui signifiait que la porte avait dû être ouverte à un moment ou un autre. Peut être que le tapis avait été recouvert d'eau, détrempé au point de perdre sa beauté.
Mais si Raoul n'était plus dans la chambre des tortures, soit il s'était échappé, soit il avait été relâché (s'il était toujours vivant), quoique le fait d'échapper au monstre semblait complètement improbable. Erik avait-il succombé à ses suppliques et avait donc sauvé son ami ? Elle n'arrivait pas à se souvenir, elle ne se rappelait que du bruit d'eau tonnante, des appels aux secours de Raoul et de son compagnon, et des hurlements sauvages de Erik, fou d'amour et de jalousie. Avait-il pu laisser mourir Raoul ? Un autre homme était mort, noyé dans le lac, la nuit dernière. Erik avait chanté son requiem. Mais il avait semblé triste de le faire, il n'avait pas eu l'air d'apprécier la mort après tout. Et il n'avait eu aucune raison de tuer Raoul maintenant qu'elle avait accepté de l'épouser. Mais Erik avait été follement enragé, et elle s'était aperçu cette nuit qu'il était capable de tous les pêchés. Un froid profond envahit son cœur quand elle considéra la possibilité de la mort de Raoul et ce froid se propagea dans tout son corps comme une vague paralysante. Qu'allait-elle faire maintenant ? Par la mort ou par la force, Erik avait visiblement fait sortir Raoul de sa vie à jamais et avait pris la place du Vicomte. Pouvait-elle être sa femme, à ce monstre qui lui avait enlevé son fiancé ? Pourrait-elle supporter de le toucher, avec sa terrifiante peau décomposée et ses mains tâchées de sang, et de l'embrasser, même dans le noir ?
Non ! Ce serait pire que la mort ! Il ne faisait que la terrifier maintenant ! Sa seule présence était oppressante et horrible, comme si elle était enterrée vivante dans cette sombre tombe souterraine, incapable de hurler, incapable de fuir. Elle devait lui échapper ! Elle ne pourrait jamais supporter de le regarder. Et peut-être, si elle revoyait un jour la lumière du soleil, elle trouverait Raoul en train de l'attendre et il l'emmènerait loin de cette nuit perpétuelle et ahurissante.
Mais où était Erik ? La maison était silencieuse, peut-être était-il sorti ? Discrètement, elle alla jusqu'à la porte de sortie. Elle l'avait vu entrer et sortir de nombreuses fois, mais il ne lui avait jamais montré comment l'ouvrir et elle ne l'avait jamais découvert. Mais là ! Un pan de mur était ouvert comme une petite fenêtre et montrait un bouton. Etait-ce le moyen d'ouvrir la porte ? Ça ne ressemblait pas à Erik d'être aussi imprudent. Pourquoi laisserait il cela ouvert ? Puis elle se souvint du tapis : il avait dû le sortir de la maison et peut être que dans ce déménagement encombrant, il ne lui avait pas été commode de refermer le panneau derrière lui. Ou bien était-ce un piège ? La sauterelle les aurait tous tués, prétendait Erik. Peut être que ce bouton déclenchait également une catastrophe. Mais Christine était désespérée et la mort n'était pas nécessairement malvenue. Elle appuya sur le bouton. La porte s'ouvrit.
La distance entre la maison et le lac n'était que de quelques mètres et Christine sortit, l'oreille aux aguets ; mais le seul son était l'écho du clapotis du lac dans la vaste caverne souterraine. Elle n'avait jamais réellement passé de temps dehors, Erik l'avait toujours transférée très vite dans la maison ou dans la barque, et elle ne savait pas sur quelle distance s'étendait la rive du côté de la maison. En prenant le bas de sa robe dans ses mains pour ne pas glisser et tomber dans les eaux de la sirène, elle décida de suivre la berge à gauche et commença à partir. Puis soudainement, il sortit des ténèbres et lui barra le chemin, à cinquante centimètres d'elle.
Erik l'avait attrapée ! Terrifiée par sa rage presque certaine, Christine hurla et courut dans la seule direction possible, vers la maison. Elle se jeta sur le divan, enfouit son visage dans les coussins et pleura. Elle voulait croire qu'il ne pouvait pas l'atteindre, et, puérilement, que tant qu'elle ne le voyait pas, elle était en sécurité. Mais il parla dans sa tête, même si sa voix n'était pas coléreuse, comme elle s'y attendait.
"Ne pleure pas, Christine", disait la voix. "Tu sais que je ne te ferais jamais de mal. Ton jeune homme est en sécurité maintenant. Je l'ai juste ramené à la lumière du jour. Je suis désolé qu'on en soit arrivé là"., continuait cette voix en se rapprochant ! "Mais tu as promis d'être ma femme donc tu dois abandonner ton autre amant. Tu ne vois pas que c'est le seul moyen ?"
Et quelque chose toucha le bas de sa robe. Dans son esprit, elle vit sa main de cadavre agripper son vêtement et elle se dégagea vivement et fuit dans sa chambre.
Mais la voix suivit et ce ne fut plus seulement la voix mais le monstre, sur le seuil de sa chambre ! Et il s'approchait d'elle, l'espoir dans ses yeux ; l'espoir de la toucher, de poser sur elle ses mains meurtrières ! Mais elle était totalement paralysée de peur, incapable de bouger maintenant que ses yeux brûlants la fixaient et se rapprochaient d'elle. Elle ne put bouger quand il prit son poignet dans sa poigne glacée et le leva, tandis que son autre main fouillait sa poche à la recherche de quelque chose. Mais quand il la retira, et qu'elle vit ce qu'il tenait, la vie lui revint. Elle se battit comme un animal sauvage pour libérer son poignet, pour l'empêcher de mettre à son doigt l'anneau doré qu'il avait retrouvé dieu sait où. Mais il la tenait solidement et il ne la lâcha pas. Elle le frappa, lui écrasa les pieds, lui jura sa haine éternelle, mais rien n'y fit, l'anneau était de nouveau à son doigt.
"Vous êtes ma femme", dit il. "Vous ne quitterez plus Erik maintenant."
Et il la lâcha si soudainement qu'elle tomba par terre.
Pas d'échappatoire possible, pas d'échappatoire pour la femme du monstre ! Ces mots résonnaient à ses oreilles encore et encore. Elle ne pouvait les arrêter, ni les faire sortir de son esprit, même quand ses pleurs devinrent des hurlements, même quand elle tira ses cheveux. Elle avait basculé de l'autre côté, hors de contrôle, et elle resta assise à pleurer jusqu'à ce que les mains la touchent encore et que la voix s'insinue dans la furie de son esprit.
"Bois ça. Ca ira mieux."
Un verre de vin fut mis dans sa main tremblante, et guidé jusqu'à sa bouche. Pas d'échappatoire continuait l'écho de la voix dans son esprit et, résignée et brisée, elle le laissa lui faire boire le liquide, vaguement consciente d'un goût étrange, pas du tout comme du vin. Mais là, doucement, l'écho disparut. Son esprit se remplit d'un brouillard doux et chaud, son corps se relaxait. Le monde devenait rose et même quand le monstre s'agenouilla à côté d'elle et la tint pour qu'elle ne glisse pas au sol, ça ne lui sembla pas si terrible que ça. Même quand son visage se pencha sur le sien, et que ses yeux l'examinèrent, elle réussit à se souvenir d'un temps fort lointain, où son ange lui parlait et qu'elle était en paix.
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RAR :
Link9 : Une fois de fois, ton VOCABULAIRE a le don de m'étonner.
Blue eyes at night : Hi ! Thank you for your review. You French is very good if you managed to read the story. I know some of my friends who would die speaking English as you speak French.
Miliem : On ne lit pas la suite en anglais ! On attend la suite en Français et on joue le jeu ! part en ralant pète toi le cul à traduire des trucs pour des gens qui parlent anglais... gnagnagnagnagna ! lol
Siryanne : Toi ! La seule ! l'unique ! Fantasme de mes jours et délice de mes nuits ! AARrrrghhh !
