CHAPITRE 7 : DES FONDATIONS QUI S'EFFONDRENT

Les plans de la maison étaient à la vue de tous sur le bureau d'Erik, enfin finis. Il se pencha au dessus d'eux, les examina une dernière fois avant de les plier et de les mettre dans une enveloppe pour les envoyer à un entrepreneur. Il ne savait pas encore lequel. Il n'avait pas osé laisser Christine seule, et pourtant il le devait. Sa vision de la maison et de la vie parfaite qu'elle abriterait avait continué à grandir dans son esprit, et Erik ne pouvait plus contenir son impatience à la voir construite. Elle devait devenir réalité dans l'année. Et quand ils partageraient la même chambre comme un couple normal, peut-être deviendrait-elle vraiment sa femme.

Erik n'avait pas encore dévoilé ses plans à Christine. Il avait voulu attendre jusqu'à ce que ses ébauches soient complètes, en partie pour la surprendre et pour lui donner le recul nécessaire pour guérir sans se soucier du futur. Mais depuis qu'il avait commencé les plans deux semaines auparavant, la condition de la diva s'était continuellement améliorée, et maintenant, non seulement elle s'habillait tous les jours et lui faisait joyeusement la conversation comme avant, mais il avait réussi à diminuer sa dose de laudanum à la moitié de la dose originale. Et à la fin de la soirée, après un dîner spécial, il lui révèlerait les dessins et leur nouvelle vie.

Au début, quand il avait commencé à penser à cela, il s'inquiétait de la façon dont elle recevrait pareille proposition. La rejetterait-elle, comme elle rejetait toute intimité physique la journée ? Afficherait-elle son bonheur secret et son excitation à la pensée d'un nouveau commencement ? Mais le temps passait, ils étaient de plus en plus à l'aise l'un avec l'autre lors de leurs conversations journalières et leurs interactions nocturnes étaient de plus en plus passionnées ; son anxiété s'amenuisait car il était sûr que quelque part, Christine savait qu'elle se donnait à lui, Erik, et pas à un fantôme du passé. Et si elle se donnait à lui de plein gré, alors elle serait certainement disposée à vivre dans la lumière et à dormir à ses côtés comme une vraie épouse.

Erik ne pouvait qu'espérer et exécuter ses plans comme prévu. L'horloge sur la cheminée indiquait dix-sept heures. Il était bien temps de préparer le dîner. En posant l'enveloppe contenant les plans, et en roulant les plans qu'il avait gardés pour Christine, Erik commença à faire du mieux qu'il put avec ce qu'il leur restait de nourriture. Dans la pièce d'à côté, Christine dormait et il travailla en silence pour ne pas la déranger. Il n'y avait presque plus rien dans la réserve, et entrepreneur ou pas, il devrait bientôt remonter à la surface pour renouveler leurs provisions ou ils mourraient de faim. En mettant la table, il fit une pause pour réfléchir à la meilleure journée pour partir et soupira : il ne voulait pas y aller, besoin ou pas. Malgré la joie qu'il ressentait en pensant à l'avenir, le présent lui apportait plus de bonheur qu'il en avait rêvé, et il ne voulait pas le risquer.

Mais à quoi servait le scepticisme à ce moment-là ? Sa belle allait bientôt le rejoindre, et il pourrait la regarder, la voir sourire, et rire avec elle. Rien d'autre ne comptait. Il finit rapidement sa tâche, alla à la porte de la chambre, et ajusta nerveusement son col avant de frapper.

"Je suis bientôt prête, Erik" , répondit-elle de l'autre côté de la porte.

Sa voix résonnait de bonne humeur, et ce fait soulagea Erik. Apparemment, elle n'avait toujours pas changé d'avis à propos de lui et de leurs petits arrangements. Il s'assit pour attendre sur une chaise, et il imagina ce qu'elle pouvait faire dans sa chambre. Peut-être assise devant la commode, dans son petit corset, les épaules pâles et nues. Peut-être se brossait-elle les cheveux, une mèche s'échappant et tombant dans la courbe de son dos. Et il s'avançait pour caresser la mèche rebelle et il touchait sa peau. Elle le regardait dans le miroir, bien qu'il ne pouvait pas se voir, et elle lui souriait, l'invitant par là même à l'aider. Mais là, elle se levait, et lui faisait face, le visage relevé pour le regarder dans les yeux, et elle murmurait je t'aime Erik. Et elle prenait ses bras pour lui faire enserrer sa taille et elle lui tendait les lèvres…

"Je suis prête", dit Christine et il sursauta, tellement il était absorbé par son fantasme. "Quoi, je suis horrible ?" demanda-t-elle en riant.

Elle portait une robe noire, au décolleté plongeant et aux manches longues pour ne laisser apparaître que les poignets. C'était une des premières robes qu'il lui avait achetées et elle était dans la penderie bien avant que Christine ne mette les pieds dans sa maison. Mais elle ne l'avait jamais portée jusque là. C'était terriblement provocateur, et il pensait qu'elle était la sensualité féminine personnifiée.

"Mon dieu, Christine, comme vous êtes belle !" dit il d'une voix tremblante.

Il avait l'impression d'être un gamin maladroit en présence d'Aphrodite. Comment la vie qu'il voulait pouvait-elle être assez bien pour cette créature magique ? Comment pouvait-il justifier ses mains à lui contre le corps de cette déesse ? Mais il n'en eut nul besoin car, voyant son hésitation, elle s'avança et prit sa main.

"Viens, allons manger."

Et elle le mena à la table. Christine était d'une excellente humeur, parlait de tout et de rien, Et Erik se demanda si elle se rendait compte de sa nervosité et si elle essayait de le détendre. Mais il ne pouvait pas s'en empêcher, il ne pouvait pas oublier, elle était une déesse et méritait la maison qu'il allait lui offrir. Et il savait que s'il la perdait maintenant, la mort serait la seule issue possible.

La mort ! Pour lui, la libération. Si elle le rejetait, il n'attendrait pas le temps et la nature, mais le ferait lui-même, là, ce soir. Mais Christine ! Il ne pourrait jamais la mettre en danger. Il devrait la rendre à la vie, la placer en de bonnes mains, cette Giry, peut-être. Et un jour, elle trouverait un autre amant, l'épouserait et serait heureuse. Et cet homme l'emmènerait au théâtre ou à l'opéra, et elle porterait une robe comme celle qu'elle portait à présent, et elle serait la déesse de cet homme. Mais elle ne le rejetterait pas, non ! Il serait beau, un dieu lui-même, l'égal en beauté, et la nuit, ses mains caresseraient ses épaules et enlèveraient le velours noir, et ses lèvres se poseraient sur son corps, tandis que les yeux de Christine, pleinement consciente, le supplieraient de lui en donner plus. Et Erik serait impuissant, incapable d'empêcher ça depuis son tombeau, seul et froid dans son donjon pour l'éternité. Il ne pouvait pas laisser cela arriver. Elle était à lui ! Déjà deux hommes innocents étaient morts à cause d'elle. Si elle partait, ils seraient morts en vain et il aurait leur sang sur les mains. Il serait responsable de la mort du Persan, son seul ami. C'était insupportable – insupportable ! Ses mains froides couvertes de sang tandis que sa femme se donnait, donnait le cadeau suprême, celui qu'il n'avait jamais reçu, à un autre ! Il ne pouvait pas laisser cela arriver. Il ne pouvait pas la laisser vivre tandis que lui était mort et donc, il ne mourrait pas. Ce terrible rejet qui le terrifiait serait ignoré, si jamais il venait, et Christine vivrait dans sa maison et dormirait dans sa chambre. Elle partagerait son lit et serait son épouse, même si elle pleurait, même si elle hurlait tellement fort que tous les anges du ciel entendraient sa misère, parce qu'il ne pourrait pas lui faire de mal. Et si elle fuyait, il l'attraperait. Et si elle se cachait, il la retrouverait. La robe lui disait, dans sa jalousie aveuglante, qu'elle lui était liée à jamais.

Pour toujours, Christine, pensa-t-il, tu m'appartiens, à moi et pas à un autre !

"Erik, vous êtes silencieux ce soir, vraiment. A quoi pensez-vous qui soit visiblement plus intéressant que moi ?"

Elle avait l'air un peu blessée, bien qu'il puisse dire qu'elle était prête à le pardonner, à cause du sourire au coin de ses lèvres.

"Ce n'est rien, ma chère", dit-il, et il s'aperçut que sa nervosité fondait comme neige au soleil. "C'est juste qu'il faille que je sorte bientôt. Nous avons besoin de certaines choses, et vous savez comme je hais la foule."

"Je pourrais y aller pour vous", proposa-t-elle, un peu trop rapidement au goût de l'homme.

"Non, j'irai. Je me demandais juste si vous vous sentiez capable de rester ici seule, quelques heures ?"

Christine sourit et se leva. Elle alla près de lui, s'agenouilla et posa sa main sur la sienne.

"Evidemment, Erik. Je sais que vous ne laisseriez rien de mauvais m'arriver. Je vous fais confiance."

"Vous avez raison. Je ne vous ferai jamais de mal."

Il passa sa main dans les cheveux brillants de la diva et lui sourit gentiment.

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RAR :

Miliem : j'update quand je veux ! Non mais ! Oh pitié maître ! Noooon pas de vêtements ! Ripper sera sage ! Ripper sera sage ! Pitié ! Sérieux, je suis en train de bosser sur une phic Leroux-based sur les 15 jours que passe Christinechez Erik et sur une traduction d'un modern-time. Et bien le modern time. Comme si je traduisais de la merde. Bisous !

Titus : Ouais, c'est clair qu'il y a un malaise qui planne sur toute la fic. T'es limite à les imaginer, les animaux empaillés dans la clairière. Je croyais que t'avais des collants et pas un tutu ! Remarque, JE VEUX LES PHOTOS !

Et on laisse sa review ! Merci ! Alors happy ending or not ?