Doloris

Par Maria Ferrari

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Base : Harry Potter tomes 1 à 5

Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de J.K. Rowling . Je ne tire aucun profit financier de leur utilisation.

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—Chapitre 3—

Lucius fit deux pas à l'intérieur de la chambre des jumeaux. Deux mètres sur trois, des lits superposés faits avec plusieurs sortes de bois différents – récupération –, un bureau bancal, une chaise tout aussi bancale – parfaitement assortie donc – et une tapisserie défraîchie déchirée à maints endroits, voilà en quoi consistait la pièce où il allait devoir dormir.

« C'est étroit, c'est laid, c'est vieux, c'est usé… délabré même. En un mot, c'est pauvre. Cependant, c'est toujours plus confortable qu'Azkaban. Tout de même, en être réduit à de telles extrémités, je suis tombé bien bas ! » songea-t-il après son observation.

Au moins, tout était propre.

Une fois jeté ce bref regard circulaire pour approuver ou non l'habitabilité des lieux, il entreprit d'examiner consciencieusement la chambre, centimètre par centimètre, ouvrant les tiroirs, soulevant les divers objets, prenant maintes précautions pour le faire. Il ne faisait pas cela par curiosité ou pour découvrir des choses dont il pourrait se servir contre Arthur, il voulait juste s'assurer une fois pour toutes qu'il n'aurait pas de mauvaises surprises. En effet, si ce que lui avait dit Drago était exact, les jumeaux Weasley étaient les spécialistes des farces et attrapes en tout genre – ils avaient d'ailleurs ouvert un magasin spécialisé là-dedans –, Lucius refusait d'être victime d'une invention qu'ils auraient oubliée ici en partant s'installer sur le Chemin de Traverse.

~oOo~

Le lendemain matin, Arthur vint frapper à la porte, espérant qu'il ne réveillait pas son "locataire".

« Entrez. »

Lucius était debout devant la fenêtre. Arthur jeta un œil aux lits superposés qu'il avait lui-même fabriqué pour les jumeaux ; ils étaient tous les deux faits. Lucius n'étant pas du genre à s'abaisser à faire un lit – dans l'idée d'Arthur en tout cas –, cela signifiait qu'il n'y avait pas couché, donc qu'il n'avait pas dormi de la nuit. Sans doute était-il trop préoccupé pour y parvenir.

Arthur avisa la poubelle remplie d'objets hétéroclites, il reconnut dans le lot une baguette farceuse, création de ses facétieux enfants. Lucius avait dû remarquer la direction de son regard :

« Connaissant la spécialité de vos jumeaux, j'ai préféré faire le ménage, expliqua-t-il, dressant un sourcil.

— Vous avez eu raison, il vaut mieux être prudent, approuva Arthur en souriant, l'air bonhomme. Je vais mettre ça de côté, je leur rapporterai, ajouta-t-il en prenant la corbeille à papiers. Dumbledore est là. Il vient de m'informer que votre femme et votre fils sont sous la protection du Professeur Rogue à Poudlard.

— Bien, approuva laconiquement Lucius.

— Je n'avais pas prévu d'informer Dumbledore si tôt. J'aurais d'abord voulu m'assurer de votre parfaite bonne foi.

— Je ne vous cache pas que j'ai hésité avant de vous donner mon accord pour le prévenir. Je ne crois pas qu'il me porte dans son cœur – c'est réciproque, remarquez. Je craignais qu'il refuse.

— Il a conscience de l'utilité que vous pouvez avoir ; et comme vous, il sait faire prévaloir son intérêt.

— Son côté Serpentard », ironisa Lucius.

Arthur s'apprêta à sortir, Lucius ne semblait pas vouloir le suivre et lui tournait à nouveau le dos.

« Il voudrait vous voir, vous descendez ?

— Dois-je redouter un quelconque piège ?

— J'aurais eu dix fois l'occasion de vous arrêter. Quant à Dumbledore, connaissant ses pouvoirs, et connaissant les vôtres actuellement, il n'a aucunement besoin de ruser pour vous faire retourner en prison. »

Lucius se tourna lentement et resta les yeux fixés sur lui pendant de longues secondes ; il retroussa le nez, méprisant, et sortit de la chambre pour aller voir Dumbledore.

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Arthur regagna sa chambre où sa femme paressait toujours, sereine, ignorante de ce qui se tramait sous son toit et du bouleversement que n'allait pas tarder à connaître son paisible ménage.

« Molly ? Oh ! Molly ! » fit-il doucement.

Madame Weasley cligna plusieurs fois des yeux avant de les ouvrir à moitié et de les pointer, emplis de reproches, sur son mari. Ses cheveux ébouriffés cachaient en partie son visage où les marques des plis du drap étaient visibles.

« Pourquoi me réveilles-tu ? Je dormais si bien ! Pour une fois que je n'ai pas grand-chose à faire ! » Elle regarda la pendule. « Et il est si tôt !

— Il faut que je te parle. C'est important. »

Arthur lui raconta tout : l'arrivée inopinée de Lucius, sa demande concernant Harry, son malaise, la pitié qu'il avait ressentie à le voir ainsi souffrir, le besoin de l'aider, l'arrivée dans la grange à une heure de marche du Terrier, Lucius réticent et traîné par les cheveux, l'accord qu'ils avaient conclu. Il n'omit rien, lui confessa la moindre de ses pensées – mise à part évidemment celle qui concernait la beauté de Lucius.

« As-tu pensé à moi et aux enfants ? » fut la première réaction de Molly à la fin du récit de son mari. Cette histoire avait achevé de la réveiller et elle était restée bouche bée et yeux écarquillés tout le long ; elle ne revenait pas de ce qui s'était passé sous son propre toit pendant son sommeil.

« ça y est, c'est arrangé avec Dumbledore, je suis déjà devenu le gardien du secret. J'aurais préféré t'en parler avant, mais Dumbledore a jugé qu'il fallait agir vite. Les Mangemorts ne sauront pas que Malefoy est là. Ne t'inquiète pas, il ne nous arrivera rien.

— Ce ne sont pas les autres Mangemorts qui me font peur, mais Malefoy lui-même ! Tu fais entrer le loup dans la bergerie. »

Molly n'arrivait pas à croire que son mai ait pu prendre pareille décision, surtout sans la consulter.

« On peut lui faire confiance. Il va toujours là où est son intérêt. Vu sa situation actuelle, il ira dans notre sens.

— Qu'est-ce qui te fait croire qu'il ne changera pas d'avis ?

— J'en ai la certitude au fond de moi. Il est guidé par son intérêt, son intérêt n'est plus d'être Mangemort : V… Vol… Voldemort lui fait subir des Doloris ! »

Molly retint un frisson, entendre les mots "Voldemort" et "Doloris" dans la même phrase, curieuse façon de commencer une journée. A sa connaissance, c'était la première fois que son mari prononçait le nom tu. Elle-même n'avait jamais trouvé le courage de le dire à voix haute. En son for intérieur, de temps en temps, elle ne pensait pas "Celui-dont…" mais "Voldemort", c'était assez rare et elle se sentait mal à l'aise rien que de prononcer mentalement ce nom.

Elle resta silencieuse quelques instants.

« Tu as conscience que tu vas être considéré comme son complice si des gens du ministère découvrent le pot aux roses ? »

Arthur se mordit la lèvre inférieure, cet aspect du problème ne l'avait pas effleuré. Ce qu'il faisait était décidément risqué.

« J'avoue ne pas y avoir songé. Garder le secret servira aussi pour ça ; et Albus est au courant, si Fudge venait à apprendre ce qui se passe, il prendrait ma défense ainsi que celle de Malefoy. Après ce qui s'est passé dernièrement, le ministre n'osera pas trop contrarier le Directeur de Poudlard. »

Arthur avait trouvé les arguments tout en parlant, cela prouvait que les obstacles n'étaient pas bien hauts. Molly hocha la tête, rassurée.

« Bien, puisque Dumbledore et toi paraissez lui faire confiance, je vais faire de même. Tu me garantis que Ron et Ginny seront en sécurité ?

— Personne ne pourra divulguer l'endroit où il se trouve à part moi. Je distribuerai cette information avec le plus grand discernement. Quant à lui, il lui manque une partie de ses pouvoirs, et – comme je te l'ai déjà expliqué – il sait où est son intérêt.

— Comment vas-tu annoncer ça aux enfants ?

— Comme à toi. Ça s'est bien passé, non ? »

Molly eut un léger sourire. Elle repoussa les draps, découvrant une chemise de nuit bleue et froissée – elle ne dormait jamais nu ou en petite tenue, même en pleine chaleur, ça n'était pas dans ses manières. Elle se leva, planta ses deux poings sur ses hanches et regarda son mari de l'air qu'elle prenait toujours pour mettre les choses au point.

« Aux dernières nouvelles, Lucius Malefoy n'est pas toujours aimable, et ce n'est pas le genre à lever le petit doigt. Comme je vais être contrainte de lui faire à manger et peut-être même de lui parler, j'espère qu'il fera des efforts pour être convenable avec moi… ainsi qu'avec les enfants. J'espère aussi qu'il ne m'obligera pas à faire sa chambre et qu'il s'en débrouillera, car il est hors de question que je fasse son lit, comme il est hors de question que cette chambre soit en bazar sous prétexte que Messire Malefoy ne veut pas la ranger lui-même car il estime que c'est en dessous de son rang.

— Nous verrons ça. Je lui en parlerai au besoin », répondit Arthur, souriant, heureux que sa femme prenne cette situation incongrue de telle manière.

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L'entretien se terminait entre Lucius et Dumbledore lorsque le couple descendit.

« Pendant que j'y pense – et si ça peut vous faire plaisir –, l'éducation que vous avez donnée à votre fils a porté ses fruits. Heureusement que j'ai réussi à convaincre sa mère qui l'a convaincu à son tour, sans ça, il ne m'aurait jamais suivi, il n'y a que lorsque nous sommes arrivés à Poudlard et qu'il a vu Rogue qu'il a consenti à desserrer les lèvres. Félicitations : il ne me fait absolument pas confiance ! » s'exclama Dumbledore, les yeux rieurs.

Lucius consentit à sourire, fugacement.