Doloris

Par Maria Ferrari

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Base : Harry Potter tomes 1 à 5

Disclaimer : Les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, ils sont la propriété de J.K. Rowling . Je ne tire aucun profit financier de leur utilisation.

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—Chapitre 7—

Il venait régulièrement à Poudlard, prétextant qu'il tenait à s'assurer en personne que Lucius restait dans le droit chemin ; c'était lui qui l'avait mêlé à l'Ordre du Phénix, il était donc normal qu'il se sente responsable s'il s'avérait que Lucius les avait trompés. Il dupait ainsi tout le monde, sa femme, ses enfants, Lucius… il se dupait lui-même, se convainquait que c'était la vraie raison de ces visites.

Une seule personne y voyait clair, la même personne qui faisait en sorte – sauf cas de force majeure – d'être toujours avec lui et Lucius pour les chaperonner sans en avoir l'air : Dumbledore. Le directeur de Poudlard regardait ce manège d'un très mauvais œil, il n'avait cependant rien trouvé à redire ; les arguments d'Arthur étaient censés et sonnaient justes, il n'avait pas de parades à leur opposer et ne pouvait lui interdire l'accès de Poudlard sans attirer l'attention de Molly et des enfants. Il ne pouvait que renouveler les avertissements qu'il avait déjà formulés au Terrier… sans succès jusqu'ici.

Arthur y était hermétique, il vivait désormais pour les quelques minutes qu'il passait une ou deux fois par mois avec Lucius. Celui-ci ne lui accordait guère d'attention, quelquefois il était aimable, daignait faire la conversation, d'autres fois il cachait à peine son agacement et restait muet. Cela n'incommodait pas Arthur, il se gavait des rares paroles de Lucius, se gargarisait de la vue de son visage, de sa peau, de ses cheveux, s'arrangeait pour le frôler quand il en avait l'occasion. Il s'assurait de garder un visage impassible ; il était devenu expert en ce domaine, tant au Terrier – pour ne pas que Molly s'inquiète – qu'à Poudlard – pour ne pas apporter de l'eau au moulin de Dumbledore, ni éveiller la suspicion de Lucius.

La vie était étrange. Il l'avait côtoyé pendant des années sans jamais lui trouver une seule qualité, l'avait supporté, détesté, haï ! Et il avait suffi d'une nuit pour tout bouleverser, pour faire de Lucius un être troublant, attachant, fascinant, un être qu'il avait plaisir à regarder et à écouter, qu'il aimait aider, pour rien, comme ça. Pas même une nuit, juste quelques minutes, juste le temps pour Arthur de s'apercevoir de la détresse de Lucius, cette détresse qui révélait une face cachée de lui et qui lui avait fait découvrir la beauté… et l'émoi.

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Lucius s'appliquait à supporter Weasley en vertu de ce que celui-ci avait fait pour lui… et en l'honneur du soutien qu'il lui avait apporté certaines nuits. Son sentiment était d'ailleurs mitigé à cet égard, c'était entre reconnaissance et honte ; il aurait préféré que personne n'assiste à la démonstration de sa faiblesse, surtout Weasley ! Néanmoins, il savait combien c'était difficile quand il se retrouvait tout seul avec son mal et combien cela lui avait fait du bien à chaque fois qu'il avait senti la main d'Arthur Weasley se poser sur son dos. A chaque fois que son mal le prenait, il regrettait de ne plus être au Terrier et de ne plus pouvoir compter sur sa présence réconfortante.

~oOo~

Arthur se présenta un mardi à seize heures, il avait terminé son travail plus tôt et en profitait pour passer à Poudlard en semaine. Il trouva un Rogue et un Dumbledore en plein conciliabule dans le hall, l'inquiétude se voyait sur le visage du maître des potions, il était tellement rare d'y lire un sentiment qu'Arthur sut immédiatement qu'il était arrivé quelque chose de grave. Il pensa aussitôt à Lucius car c'était l'un des rares amis du maître des potions ; de toute manière, Arthur pensait quasiment tout le temps à lui.

« Que se passe-t-il ? »

Arthur aurait tout donné pour avoir tort, pour qu'on démente ses pensées, pour qu'il ne s'agisse pas de Lucius.

« Lucius est introuvable », répondit Albus.

Il arrive que les vœux soient exaucés ; souvent non.

Enfin, il n'avait que disparu ; Arthur s'était imaginé bien pire.

« Il serait parti ?

— Certainement pas de son plein gré, précisa Severus.

— Vous voulez dire…

— Oui, ils ont eu l'audace de venir le chercher ici.

— C'est impensable !

— Sirius a réussi à rentrer dans les murs pendant la troisième année d'Harry malgré la protection renforcée dont disposait Poudlard à ce moment-là.

— Parce que Sirius est un animagus !

— Qui empêche le Seigneur des Ténèbres de compter des animagi dans ses rangs ? intervint Severus.

— Et pendant la quatrième année, Barty Croupton a séjourné à Poudlard à notre nez et à notre barbe sous l'apparence de Fol'œil, ajouta Albus.

— Vous pensez que quelqu'un s'est introduit ici en utilisant le Polynectar ?

— Je n'en sais rien, de toute façon, ce n'est pas le plus préoccupant actuellement, il est clair qu'il faudra s'en soucier car l'idée qu'un Mangemort puisse entrer si facilement à Poudlard m'est insupportable ! Il faut retrouver Lucius rapidement et en un seul morceau, c'est ce qui m'importe le plus. Vous savez comme moi ce qu'il représente pour l'Ordre du Phénix… Voldemort le sait aussi – nous avons déjoué absolument tous ses plans depuis que Lucius est avec nous –, c'est pour cela qu'il a eu l'audace de venir le chercher.

— Nous aurions dû le garder chez moi ! » lui reprocha Arthur. Il détestait Dumbledore soudainement, il ne s'était pas contenté de lui enlever la compagnie de Lucius, il l'avait mis en danger !

« Il est trop tard pour revenir sur ce qui a été fait », se défendit le directeur. Il savait qu'Arthur disait vrai, mais comment aurait-il pu penser que Voldemort aurait cette audace ? A l'instant où il avait pris sa décision, le risque de briser la famille Weasley lui avait semblé beaucoup plus probable et concret qu'une hypothétique visite de Tom Jedusor à Poudlard.

Il avait eu tort.

« Ils vont le tuer, souffla Arthur.

— Sans aucun doute… il faut agir vite. Encore faudrait-il savoir comment !

— Vous ne pouvez rien faire ?

— J'y réfléchis ! » s'exclama sèchement Dumbledore, agressif. Son impuissance paraissait l'excéder lui-même.

Arthur se tourna vers Severus.

« Vous ne savez pas où ils pourraient se trouver ?

— Ils peuvent aussi bien être à l'autre bout du monde qu'à deux pas d'ici. »

Rogue essayait de cacher sa tristesse sous un masque d'indifférence mais y parvenait à peine. Il avait déjà dû envisager toutes les possibilités et n'en avait pas conçu un grand optimisme.

~oOo~

Ils étaient trois dans le bureau de Dumbledore, trois impuissants, trois angoissés, tous par la disparition de Lucius mais pour des raisons différentes. Dumbledore ne se remettait pas d'avoir perdu la meilleure façon de déjouer Voldemort. Severus ne supportait pas l'idée d'avoir perdu la première personne à lui avoir accordé de l'attention, la seule personne qui l'estimait et qu'il estimait, son seul ami. Arthur, pour sa part, ressentait un vide insondable en lui.

« Par Merlin, va-t-on faire quelque chose ! s'exclama Arthur en se levant soudainement.

— Si nous demandions à Potter ? proposa Severus. Il est relié à Voldemort, il a peut-être…

— Vous avez raison ! » l'interrompit Albus en sortant du bureau.

Cet espoir fraîchement allumé fut bien vite éteint. Harry put juste dire à Dumbledore que Voldemort paraissait satisfait, mais qu'il ne savait pas où il se trouvait. Dumbledore l'annonça à Severus et Arthur et retomba dans son fauteuil, la mine basse.

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Les heures passaient. Le directeur avait prévenu d'autres personnes, la femme de Lucius notamment, et des membres de l'Ordre du Phénix. Fol'œil entra dans le bureau suivi de Lupin.

« Alors ? interrogea Albus.

— Rien de plus, répondit sobrement Remus.

— Comment vais-je annoncer ça à Drago ? » murmura Narcissa, assise dans un coin. Elle connaissait si bien son fils, il ne s'en remettrait jamais.