L'ARCHER
Disclaimer : Tout ce que je retire de cette fanfiction se résume à de la pure satisfaction personnelle, or ce n'est pas quantifiable en terme d'argent.
Résumé : Sirius est mort et découvre perplexe le Paradis des Sorciers. Harry entre en Sixième Année à Poudlard et va de surprises en surprises, de rencontres en rencontres. Voldemort s'intéresse de trop près à une mystérieuse créature appelée l'Archer, clé de la toute-puissance. Que se passera-t-il si le puissant mage noir s'empare des pouvoirs de l'Archer ? Le monde des morts et celui des vivants s'en relèveront-ils jamais ? Le trio inséparable résoudra-t-il toutes les énigmes ? L'Ordre emmené par Dumbledore saura-t-il protéger les secrets des Arcadians ? Que pourra faire Sirius auprès des Anges du Monde d'En-Dessous ? Les réponses à ces questions dans les pages à venir, mêlant mystères, humour, action, drame, romance et folie ! (si si promis, il y aura tout ça) Fin avant la sortie du Tome 6 (prions le Dieu des Facs de Droit et le Saint Patron des auteurs de fics Gilles de la Mante Paradule que je n'aie pas trop de boulot ...)
Résumé du prologue : Sirius Black a été emmené hors de l'Arcade par la Mort Elle-même, soi-disant car on a besoin de lui En-Dessous. Sa dépouille s'échappe en même temps du voile, et se retrouve au Département des Mystères.
Mot de Wam : Merci à Kmi pour ses correcs, à Minip et Karine pour avoir testé, encore. Merci beaucoup aux reviewers, et même si ce n'est pas mon truc, je vous souhaite des tas de bonnes choses pour l'année 2005 et pour les autres !
CHAPITRE UN
UN ADIEU A UN AMI
Privet Drive était calme et déserte ce matin-là. Il était tôt, à peine neuf heures, et le dimanche matin, les Moldus ont pour coutume de faire la grasse matinée. Il faisait frais. La chaleur du mois d'août commençait à plier bagages, septembre et ses couleurs fauves du temps qui se rafraîchit allait montrer le bout de son nez. Dans la rue déserte de la très proprette et très cosy banlieue de Little Whinging, Surrey, il n'y avait pas un chat. Façon de parler puisqu'un petit chaton trottait gaiement sur le trottoir. De vagues murmures provenaient de certains des pavillons aux pelouses parfaites, parfois ornées de nains de jardin et toujours bordées de barrières blanches, signe que les Moldus les plus matinaux émergeaient des bras de morphée. Tout était tranquille.
Un « pop » vint troubler la quiétude de la petite rue d'ordinaire sans histoire. Un « pop » bien vite résorbé par le silence régnant en maître. Un « pop » discret que personne n'avait remarqué, sauf peut-être le chaton qui mettait le nez dans une poubelle, et qui tentait de l'éventrer à l'aide de ses petites griffes. Les yeux jaunes et ronds fixèrent le coin de la rue d'où provenait le « pop ». Une silhouette haute mais voûtée venait d'apparaître comme par enchantement au beau milieu de la rue. Le chaton se désintéressa totalement de la poubelle et avança de quelques centimètres.
L'homme qui venait de transplaner dans Privet Drive, troublant sa tranquillité, ne prêta pas attention à la bête mais regarda tout autour de lui pour s'assurer que personne ne l'avait vu. Constatant que la petite rue restait immuable et indifférente à sa présence, le sorcier prit de l'assurance et se mit à marcher en direction d'une maison sans caractère qui portait le numéro 4. Lorsqu'il passa devant le chaton au pelage hérissé, celui-ci se mit à gronder sombrement. Il venait de sentir son odeur. Une odeur menaçante, glaçante, de celles qui inquiètent les animaux et effraient les humains.
Le sorcier jeta vers le chaton un regard noir presque bestial qui fit trembler la bête. Celle-ci partit alors se cacher, traversant la rue en courant aussi vite que ses petites pattes maladroites le lui permettaient. L'homme eut un sourire mince, puis s'arrêta devant la barrière blanche des Dursley. Une odeur alléchante de bacon, d'œufs brouillés et de toasts grillés s'échappait de la fenêtre entrouverte de la cuisine. La maisonnée était réveillée. Tant mieux, il n'aurait pas à attendre. Le sorcier ouvrit la porte de la barrière, et franchit le petit chemin tracé entre deux parcelles de pelouse humide d'avoir été rafraîchie par l'arrosage automatique. Les rosiers parfaits entretenus avec amour par Mrs Dursley inondaient le jardin d'une odeur sucrée qui ravissait ses narines.
Il s'arrêta en silence sur le pas de la porte et frappa deux coups sonores et distincts. Le petit brouhaha à peine perceptible que son ouïe développée captait l'instant d'avant cessa tout d'un coup. Remus Lupin pouvait saisir toute la tension qui naissait dans la maison à la pensée qu'un visiteur tôt le dimanche matin, à quelques jours de la rentrée pour Poudlard, était forcément de mauvais augure. Surtout considérant le passé troublé du pavillon de banlieue depuis une nuit, quinze années plus tôt, où un bébé avait été déposé sur le pas de leur porte.
Un instant après que Remus ait frappé, et au moment où il levait de nouveau le poing pour réitérer, la porte s'ouvrit sur le visage méfiant de Pétunia Dursley, la tante de Harry Potter. Grande et maigre, les traits pincés en une expression mêlant la défiance et la peur, elle ne prit pas la peine d'adresser la parole à l'homme miteux debout sur son pallier et le laissa s'exprimer avec un sourd mépris. Lupin esquissa un pauvre sourire et s'empêcha de rire ouvertement de l'attitude ridicule de la tante de Harry, cintrée dans une robe de chambre immonde à fleurs, des rouleaux dans les cheveux lui rappelant les descriptions moqueuses qui lui en avait déjà faites Harry, et se contenta de la saluer.
« Bonjour Mrs Dursley. Pardonnez mon intrusion à une heure si matinale, commença-t-il d'une voix douce.
- Qui êtes-vous ? Qu'est-ce que vous nous voulez ? Nous ne donnons rien aux mendiants ! le coupa-t-elle avec agressivité.
- Je m'appelle Remus Lupin, poursuivit-il sans se démonter. Je suis un ami de Harry. »
Pétunia fronça les sourcils et l'examina avec un suprême dégoût.
« Oh, vous êtes comme lui ... cracha-t-elle.
- Je ne tiens pas à vous déranger, reprit Lupin, toujours poli. Il faut que je m'entretienne brièvement avec Harry.
- Et en quel honneur ?
- J'ai des informations à lui faire parvenir. C'est très important.
- Je ne laisse pas n'importe qui entrer chez moi sous de faux prétextes ! aboya-t-elle, la peur claironnant dans sa voix.
- Nous nous sommes déjà rencontrés, expliqua Remus avec patience. Fin juin, à la gare. J'accompagnais Harry, avec quelques amis. »
A l'évocation de cette fameuse scène, le jour du retour de Poudlard de Harry, où Lupin, Tonks, Maugrey et les Weasley avaient gentiment, mais fermement, convaincu les Dursley qu'il était préférable pour leur santé de bien traiter Harry durant les vacances d'été, Pétunia pâlit tellement que Lupin crut la voir défaillir. Sans bouger d'un pouce, ou peut-être n'en était-elle pas capable, elle appela d'une voix faible son époux, Vernon, qui de toute façon apparaissait dans le vestibule. Il s'était visiblement habillé à la va-vite pour accueillir le visiteur. Pétunia lui présenta en quelques mots, la voix anormalement aiguë, l'identité du visiteur, mais au regard bourru et frustré de Vernon, nul doute ne faisait qu'il l'avait reconnu.
« Que nous voulez-vous ? Il vous a écrit quelque chose pour pleurnicher ? Avec ce maudit hibou ?
- Non. Je suis venu le voir pour lui parler d'une chose très importante.
- Importante ? Ah oui ? »
Vernon croisait les bras et gonflait sa poitrine pour se donner de la contenance tandis que Pétunia tremblait d'appréhension en dévisageant Lupin. La femme avait une trouille monstrueuse des sorciers. Et encore, songeait Lupin, elle ignorait qu'il était un loup-garou.
« Et quelle est cette chose importante dont vous devez lui parler ? insista Vernon, bien décidé à lui faire subir un interrogatoire.
- C'est personnel.
- Personnel ? »
Mr Dursley renifla de mépris. Apparemment il devait considérer qu'il était censé tout contrôler dans la vie de Harry, et il n'était pas décidé à laisser Lupin lui parler si facilement. Remus pensa furtivement qu'il pouvait forcer Vernon à lui amener Harry, et ce sans se fatiguer, mais il se retint à grand-peine. Il était raisonnable, pas impulsif. Il n'était pas Sirius. Et puis il savait que s'il se laissait aller à se défouler contre les Dursley, Harry en paierait le prix cher. Il n'avait pas l'intention de lui causer des ennuis, il en avait suffisamment, notamment en restant vivre dans cette famille. Reprenant son souffle, il affronta tranquillement le regard agaçant de Vernon.
« Écoutez, par le passé vous avez déjà tenté de vous opposer au monde des sorciers, ou d'empêcher Harry de faire ce qu'il était appelé à faire. Toutes ces tentatives ont échoué. Je n'ai ni l'envie, ni l'intention de vous forcer à me laisser lui parler, alors coopérez. Plus vite je lui parlerai, plus vite je repartirai. »
Mr Dursley jaugea un instant Lupin, méfiant, semblant procéder à une quelconque réflexion personnelle, puis, grommelant, et de très mauvaise grâce, il s'écarta du pallier juste assez pour faire passer Remus dans le corridor. La Tante Pétunia le fuit aussitôt comme la peste, se précipitant pour faire chercher Harry. Dudley émergea de la cuisine, un toast à la main, dévisageant avec une appréhension muette le visiteur, et Vernon, au summum de l'impolitesse, laissa Remus dans l'entrée, sans l'inviter à passer au salon.
Tout en lorgnant d'un air condescendant la parure miteuse dont était vêtue Lupin, l'oncle de Harry lui expliqua que quoi qu'il ait à annoncer à son neveu, il assisterait à la conversation. Mr Dursley paraissait tenir à l'écouter, comme s'il pressentait que Lupin venait avec une mauvaise nouvelle pour Harry, ce qui était vrai. D'ailleurs, même Dudley, qui pourtant craignait les sorciers, s'était rapproché insensiblement, agité à l'idée qu'un nouveau malheur puisse frapper son cousin.
Finalement, suivant nonchalamment sa tante, Harry descendit. Lupin sentit sa gorge se serrer en revoyant l'adolescent, à la fois parce que la dernière fois qu'il l'avait vu, Sirius venait tout juste d'être perdu dans l'Arcade, mais aussi parce que plus il prenait de l'âge, plus le garçon ressemblait à son père. Pendant l'été, il avait encore grandi, et maigri, ce qui était paradoxal puisqu'il avait parallèlement forci : en contraste avec sa taille haute et maigre, il avait acquis des muscles noueux en jouant au Quidditch. Les traits de son visage s'étaient affirmés et avaient durci. Il devenait un homme. L'adolescent avait définitivement perdu toute trace enfantine, toute innocence que ce soit dans ses traits ou dans son regard.
Il paraissait seul, tourmenté, mais aussi résigné d'une certaine façon. Une lueur passa dans son regard quand, arrivé au bas de l'escalier, il aperçut Lupin. Il lui adressa un demi-sourire, un peu fatigué, mais le cœur y était. Le loup-garou sentait que c'était un soulagement pour le jeune homme de retrouver quelqu'un de son monde, en qui il avait confiance, après avoir été entouré de l'unique présence des Dursley pendant l'été. Du soulagement, mais également de la surprise, car la présence de Lupin était inattendue, eues égard à ses activités importantes au sein de l'Ordre du Phénix.
Comme s'il percevait le cheminement du processus de réflexion du jeune garçon, Remus vit les traits du visage de Harry se déconfire à mesure qu'il comprenait que si Remus venait le voir entre deux missions, en plein jour, chez les Dursley, cela signifiait que quelque chose de grave était arrivé. Après avoir eu un geste vers Remus pour lui serrer la main chaleureusement, Harry se ravisa, et laissa sa main le long de son corps, le dévisageant d'un air méfiant et las. Lupin hocha la tête en dissimulant sa tristesse. Il était fier de voir que le fils de son ami était très intelligent et intuitif, mais c'était souvent pour son malheur.
« Bonjour Harry, dit-il d'une voix rauque.
- Professeur Lupin ? »
La voix de Harry lui parut étonnamment forte, masculine, assurée. Il n'avait pas prononcé son nom pour le saluer mais pour l'interroger. Derrière ces mots se cachait quelque chose comme « qui est-ce cette fois ? ». Il observa son maintien et constata qu'il se tenait plus droit que d'ordinaire. Droit et contracté, prêt à encaisser.
« Professeur ? répéta avec dégoût Pétunia en posant ses petits yeux de fouine sur l'aspect miteux de Lupin.
- Vous ne nous avez pas dit que vous étiez Professeur dans son école de fous ! protesta l'Oncle Vernon, comme si cette information changeait les données.
- Je ne le suis plus, expliqua d'une voix douce Lupin. Mais Harry continue à m'appeler Professeur, ce qui est très flatteur. »
Lupin détourna ses yeux clairs des regards inquisiteurs des Dursley, et fit de nouveau face à Harry.
« Surtout considérant l'élève. »
Harry ne cilla pas, soutenant la gravité du regard de Lupin, tandis que Vernon reniflait de mépris. Pétunia mettait nerveusement les mains sur les épaules de son fils, restant derrière sa carrure imposante, même si celui-ci aurait probablement préféré se cacher loin hors de portée de Lupin, considérant sa malchance lors de ses rencontres précédentes avec les sorciers. Une queue de cochon, une langue d'un mètre, la visite de Détraqueurs, tout cela avait de quoi traumatiser un Moldu à vie.
« Que se passe-t-il Professeur Lupin ? insista Harry, de cette même voix forte et déterminée à laquelle Lupin ne se faisait pas.
- J'ai des nouvelles à te donner.
- Vraiment ? »
Le ton de Harry était sarcastique. Tout comme l'été précédent, Harry avait été tenu à l'écart des activités de l'Ordre du Phénix car il devait rester chez les Dursley pour sa protection et qu'il était trop dangereux de communiquer par hibou. A mesure qu'il grandissait, prenait de la maturité, et en raison des événements d'il y avait quelques mois, il appréciait encore moins.
« Si c'est pour me dire que quelqu'un a encore été tué, ce n'était pas utile de vous déplacer, marmonna Harry. On m'apporte la Gazette du Sorcier tous les matins. C'est sûr que le ton a changé. L'année dernière, ils niaient tout en bloc, et à présent ils donnent dans le ton film-catastrophe. A croire que c'est Fudge qui écrit lui-même la ligne éditoriale. »
Lupin hocha la tête sombrement. Il regarda vaguement les Dursley, qui ne comprenaient rien à leur conversation. Mais il constata toutefois que Pétunia serrait beaucoup plus fort les épaules de Dudley, au point que celui-ci s'en plaigne en gémissant doucement.
« Il est vrai que la communauté des sorciers se laisse gagner par la panique. La Gazette leur livre des articles sans nuance, donnant l'impression que Voldemort est au plus fort de sa puissance. Ce qui est faux. Mais pourquoi s'en priveraient-ils ? Le nombre d'abonnement a doublé en deux mois. Les gens sont obsédés par l'information. Le point positif, c'est qu'il nous est plus facile de recruter des membres.
- Vous agissez toujours dans la clandestinité ?
- C'est plus sûr. Les Mangemorts ne savent pas ce que nous faisons exactement. Et puis Fudge en veut toujours à Dumbledore, il se fait violence pour collaborer avec lui.
- Splendide. »
Harry détourna les yeux, serra les poings de colère et de frustration, puis après avoir jeté un coup d'œil indifférent aux Dursley, reporta son regard vers Lupin.
« Pouvez-vous me dire la raison pour laquelle vous êtes ici, s'il vous plaît ? Qu'on en finisse ?
- Bien. Tu veux t'asseoir ?
- Non, répondit Harry sèchement. Allez droit au but. C'est Ron ? Hermione ? Un Weasley ? Un Professeur ? Un membre de l'Ordre ? »
Lupin soupira gravement.
« Non, c'est Sirius. »
Harry parut interloqué l'espace d'un instant, puis esquissa un sourire sans joie.
« La scène a déjà été jouée, Professeur. Il a perdu, et nous sommes passés à l'acte suivant.
- On a retrouvé son corps, poursuivit Lupin sans noter l'ironie amère derrière les paroles de Harry. L'Arcade l'a rejeté.
- Après deux mois ?
- Nous n'avons pas d'explication. »
Remus vit Harry se contenir difficilement pour ne pas exploser, puis affronter durement le regard de l'ancien ami de son père. Ses yeux d'un vert émeraude profond ne ressemblaient alors plus du tout à ceux de sa mère, car Lupin n'y avait jamais vu briller pareille lueur au cours de toutes ces années à la côtoyer.
« Quelqu'un va-t-il se décider à me dire ce qu'est cette fichue Arcade ? Et qu'on ne vienne pas me dire que je suis trop jeune, ou qu'il faut me préserver ! Ca n'a réussi à personne jusqu'à présent ! »
Lupin nota entre les lignes la colère que Harry semblait toujours éprouver à l'encontre de Dumbledore. Ses paroles donnaient l'impression qu'il le tenait pour responsable de la mort de Sirius. Mais quelque part, les sens affinés de loup-garou de Remus sentaient une grande, profonde et douloureuse culpabilité. Si Harry en voulait à quelqu'un, c'était surtout à lui-même.
« Pour être honnête avec toi, Harry, reprit-il, doucement, et sincèrement, je ne sais pas très bien ce qu'est cette Arcade. C'est un secret bien gardé par les Langues-de-plomb du Département des Mystères. Tout ce que je sais, c'est que toute personne prise au piège du voile n'en est jamais revenue.
- Sauf Sirius ? »
Remus sourit, même si c'était un sourire de tristesse, un peu désespéré.
« Sirius tout craché. Il faut toujours qu'il se distingue des autres. »
La remarque parut absorber une partie de la colère de Harry, même si son visage demeurait crispé, et ses yeux emplis de chagrin.
« Dumbledore m'a confié qu'il pensait que même les Langues-de-plomb ignorent tout des secrets de l'Arcade. On l'a probablement retrouvée au cours d'anciennes fouilles, constaté sa dangerosité, puis archivée au Département des Mystères, à l'étude et à l'abri de tous. Des tas d'hypothèses farfelues circulent sur sa nature. Dumbledore, lui, pense qu'il s'agit d'un « espace ».
- Un espace ? Quel genre d'espace ?
- Un espace différent du nôtre, emprisonné derrière le voile par la magie, pour éviter qu'il ne prenne de l'ampleur, ni se répande dans notre espace sous peine de ... De nous engloutir et de nous faire tous disparaître.
- Et pourquoi cet espace aurait rejeté le corps de Sirius après deux mois ?
- Je l'ignore. Je n'ai pas vu son corps, mais on m'a dit qu'il était indemne, à part la blessure laissée par Bellatrix Lestrange quand elle a frappé Sirius. Rien n'indique physiquement qu'il soit mort depuis deux mois.
- Mais il est bien mort ?
- Malheureusement. »
Il y eut une légère agitation, parcourant les Dursley comme un courant électrique, et Vernon ne put s'empêcher d'intervenir, en souriant.
« Sirius Black est mort ? Son Parrain ? Le tueur fou évadé ? Bien fait ! Une vermine en moins. »
Ce qui se passa par la suite n'avait pas été prévu par Vernon et échappa totalement au contrôle de Lupin. Harry, échaudé par la remarque répugnante de son oncle, et contenant déjà bien difficilement sa colère, s'était jeté sur lui pour l'attaquer, en rugissant d'un air furieux. Bien qu'en apparence plus imposant que Harry, Vernon avait vacillé sous le choc de la soudaine agression, puis était tombé sur le sol. Penché au-dessus de lui, son neveu levait le poing pour le frapper, mais il fut retenu par Lupin qui tenta de le tirer en arrière en le prenant par les épaules. Dudley et Pétunia n'avaient pas bougé d'un pouce, stupéfaits.
« Lâchez-moi Lupin ! Laissez-moi faire ! criait Harry en se débattant tandis que son ancien Professeur le forçait à s'écarter.
- Ne fais pas de choses que tu regretteras ... marmonna-t-il entre ses dents.
- Je ne le regretterai pas, j'en rêve depuis toujours !
- Ca suffit ! »
Lupin mit beaucoup plus de force dans sa prise sur Harry et le dégagea totalement de son oncle étendu et éberlué qui était resté paralysé par la stupeur. Le loup-garou plaqua le fils de son ami contre le mur du vestibule, en grondant imperceptiblement, les yeux menaçant, puis tourna la tête sèchement vers les Dursley.
« Vous devriez nous laisser. »
Sa voix était rauque et méconnaissable. De sombres instincts d'ordinaire endormis s'étaient réveillés en lui par l'affrontement. Pétunia retint un gémissement et se précipita vers son mari pour l'aider à se relever. Dudley, laissant tomber son toast par terre, regardait d'un air ébahi le Lupin menaçant qui la minute d'avant semblait n'être qu'un pauvre homme faible et fragile. L'Oncle Vernon, une fois debout, se dépoussiérant les vêtements, lança un regard incendiaire à Harry.
« Attends un peu, toi, sale gamin ! Tu vas regretter amèrement ce ...
- J'ai dit laissez-nous ! »
Vernon fut interrompu par la voix menaçante pareille à un grondement sourd de Lupin. Il le dévisagea, bouche bée.
« Je suis tout de même chez moi ! tonna Vernon, même s'il était moins assuré.
- Effectivement, reprit Remus, toujours menaçant, mais plus calme. Mais Harry est un sorcier. Un sorcier en ce moment fou de rage. Veuillez, pour votre sécurité, vous retirer afin que je puisse le calmer. »
Le ton de Lupin, ferme et froidement calme, ne souffrait aucune discussion, et le regard vert dément qu'un Harry ulcéré et retenu par son ancien Professeur lançait vers son oncle, étaient suffisamment impressionnants. Vernon ravala son fiel et avec humeur, fit signe à son fils et à sa femme, d'aller dans le salon. Les Dursley disparurent, conseillant tout de même à Lupin de ne pas tarder, et de les débarrasser de Harry si c'était possible. Remus ne leur prêta aucune intention et reporta son regard sur Harry. L'adolescent, plus tourmenté que jamais, tentait sans grand résultat de ravaler sa rage. Sa famille se retira, et dès qu'ils furent hors de portée de son regard, il finit par bousculer un meuble du vestibule en grondant de colère, puis tapa du poing sur le mur, les yeux fermés, concentré sur sa haine.
« Ca va mieux ? s'enquit sombrement Lupin.
- Non ! hurla Harry. Qu'ils aillent tous au diable ! Je ne les supporte plus ! Si seulement j'avais Sirius ... Mais c'est fini ! Ca n'ira plus jamais mieux ! Je suis en colère Professeur ! Toujours ! Et rien ne semble vouloir la calmer ... »
Le garçon semblait commencer à se calmer, mais Remus ne pouvait se réjouir de sentir du chagrin en lieu et place de sa colère. Il esquissa un faible sourire alors que son attitude lui rappelait un vieil ami à lui, aujourd'hui disparu.
« Harry, murmura-t-il, je sais que depuis toujours on te dit que tu ressembles étonnamment à ton père. Mais en ce moment même, tu me fais plutôt penser à Sirius. »
Harry se figea tout net, éberlué, et se retourna vers Lupin. Le poing qu'il avait frappé contre le mur était en sang mais il n'y prêta pas attention.
« Il aurait réagi de la même manière que toi. C'était un impulsif, très courageux, combatif, qui ne supportait pas les injustices. Ton attitude avec les Dursley me rappelle celle que Sirius avait avec sa propre famille. »
Harry poussa un profond soupir. Épuisé et découragé, il s'adossa au mur, le calme totalement retrouvé. Lupin s'approcha de lui et posa sa main sur son épaule.
« Je comprends ce que tu ressens Harry. Sirius était mon meilleur ami, on se connaissait depuis toujours. Il était comme un frère pour moi. Et il était aussi le vestige unique de la meilleure époque de ma vie. Crois bien que ma tristesse et mon manque rivalisent facilement avec les tiens.
- Je sais ... soupira Harry d'une voix rauque. Mais Sirius n'était pas votre seul parent. »
Remus ouvrit la bouche pour parler mais se ravisa.
« Regardez-moi, Professeur. Je ne suis qu'un gamin. Et je suis tout seul. D'après Dumbledore, j'ai même un « destin » à accomplir, rajouta-t-il avec frustration. J'ai besoin de Sirius. J'ai besoin d'une famille.
- Mais tu en as une ... lui répondit Remus sur un ton réconfortant. Pas par les liens du sang, mais par d'autres liens spirituels et affectifs, peut-être plus forts. Sirius n'était pas de ton sang, mais ça ne changeait rien entre vous. Tu peux compter sur beaucoup de personnes, à Poudlard, tes amis, les Weasley, et Dumbledore aussi.
- Je ne crois pas qu'il faille me parler de Dumbledore en ce moment ...
- Je comprends ta colère contre lui. Lui aussi certainement. Mais essaie juste d'imaginer une chose. Essaie d'imaginer qu'on laisse entre tes mains le sort d'un jeune garçon, dont il faut à tout prix assurer la protection. Essaie d'imaginer que sa vie ou sa mort, son bonheur ou son malheur dépendent de toi. Et maintenant, imagine que tu dois faire des choix. Ce n'est pas si facile.
- J'en ai conscience. Mais ça ne change rien à ce que je ressens. »
Remus hocha la tête et serra un peu plus fort son épaule. Il faudrait du temps à Harry avant de pouvoir faire de nouveau confiance au puissant mage. D'un côté, c'était inquiétant, à cause des nombreux dangers qui guettaient Harry depuis le retour de Voldemort. Mais d'un autre côté, il n'était pas si mal qu'il apprenne à se débrouiller seul et à s'assumer, surtout s'il venait à affronter en duel le Seigneur des Ténèbres.
Chaque fois que Lupin repensait à cette prophétie, il ne pouvait s'empêcher de frissonner. Dans un sens, elle n'avait rien de très surprenant : c'était Harry qui avait causé la chute de Voldemort la première fois. Rien que pour cela, le Mage Noir le provoquerait en face à face un jour ou l'autre. Mais se le voir confirmer par la prophétie avait un côté glaçant, inéluctable. Et Remus pensait que c'était le genre de responsabilité malsaine qui ne devrait jamais incomber à un garçon de son âge. Surtout quand le garçon en avait déjà trop vu.
Lupin avait toujours espéré après la mort de James et Lily que Harry vivrait bien. Il avait toujours gardé un oeil sur lui, de loin, sachant que ses parents morts, et Sirius à Azkaban, il restait l'une des seules personnes à s'intéresser « vraiment » à lui, pas seulement parce qu'il était Celui-qui-a-survécu. Et puis il avait deviné ce qui risquait de lui arriver entre les mains des Dursley, puisque Lily lui avait souvent parlé du mépris de sa sœur Pétunia pour elle et sa famille.
Mais Remus n'avait pas pu faire grand-chose pour lui, à la fois parce qu'il avait du mal à assurer ses propres moyens de subsistance, mais aussi car Dumbledore insistait farouchement pour laisser Harry aux bons soins des Dursley. Même s'il avait envisagé que le fils de son ami ne devait pas être heureux dans la famille de sa mère, il avait espéré que dès son entrée à Poudlard à onze ans, tout irait mieux pour lui. Il s'épanouirait au milieu des siens, comme cela avait été son cas à lui, Lupin, quand il avait fait connaissance avec les Maraudeurs.
Il avait imaginé, tous avaient imaginé, que le miraculeux garçon ayant survécu aurait une belle vie prospère au milieu des siens qu'il avait « sauvés ». On avait pensé qu'il deviendrait probablement un sorcier très puissant. Comment pouvait-il en être autrement après avoir été le responsable de l'anéantissement de Voldemort si jeune, même s'il n'avait pas été conscient de son exploit ? On avait pensé qu'il ferait de grandes choses, qu'il aurait une vie étincelante ...
Et quinze ans après, Remus Lupin avait devant lui un adolescent tourmenté, mal dans sa peau, méprisé par sa famille de sang, endeuillé de sa famille de cœur et d'âme, victime impuissante d'un destin contre lequel il ne pouvait rien. Et même s'il existait un moyen de le faire échapper à cette prophétie, qui le ferait ? Inconsciemment, même si c'était fou, même si on savait qu'il n'était qu'un gamin, tout le monde pensait réellement qu'il était la clé de la chute de Voldemort, et tout le monde voulait qu'il l'affronte.
Lupin s'aperçut que tandis qu'il était plongé dans ses pensées, Harry le dévisageait et tentait désespérément de comprendre le mutisme de son ancien Professeur. Remus scruta ce regard vert sans espoir et perdu et songea qu'il ne voulait pas que Harry affronte Voldemort. Il se promit même que si cela arrivait sous ses yeux, il s'interposerait.
« Je vous déçois ? hasarda alors Harry, devant le mutisme complet de Lupin.
- Non Harry, sourit celui-ci. Tu ne me décevras jamais. Depuis des années, tu fais bien plus que ce qu'on attend de toi. Tu te surpasses.
- Pas assez pour sauver Sirius.
- Harry, tu dois savoir que chacun a son destin sous son contrôle. On peut s'occuper de celui des autres mais il ne faut pas espérer changer ce qui ne peut l'être. Sirius a toujours agi comme il le voulait. Personne ne pouvait espérer lui faire changer sa conduite. Personne ne peut contrôler notre destin si nous ne le voulons pas.
- Et moi ? Je peux contrôler mon destin ? »
Lupin ne lui répondit que par le silence, mais le regard triste et évocateur de Harry le poussa à chercher quelque chose à dire.
« Tu peux faire comme tout le monde, Harry. Tu peux essayer. Ni plus, ni moins.
- Il faut que je sois prêt ... murmura-t-il. Toutes les fois où j'ai échappé à Voldemort, j'ai eu de la chance. Il ne faut pas trop la tenter. Vous savez qui sera Professeur de Défense contre les Forces du Mal cette année ?
- Non. Dumbledore n'a pas trouvé. Pas encore.
- Vous pourriez revenir ...
- Malheureusement, l'opinion des parents d'élèves sur un professeur loup-garou n'a certainement pas changé depuis deux ans. Surtout en cette période troublée où plus personne ne se fait confiance. De toute façon, Dumbledore dit qu'il a besoin de moi à l'Ordre.
- Vous devez être un membre important. Dites-moi, que faites-vous exactement dans l'Ordre ?
- Harry, je ...
- Non, je ne suis pas trop jeune pour savoir. Vous avez vu le résultat pour m'avoir caché la vérité toute l'année dernière ? »
Remus soupira d'un air coupable. Il savait que le garçon n'avait pas apprécié d'être mis à l'écart. Le loup-garou avait fait confiance à Dumbledore, comme il le faisait toujours, mais il fallait avouer que l'affaire avait montré les quelques failles du puissant sorcier.
« Et puis, reprit Harry, c'est bien moi qui suis censé tuer Voldemort, non ? Alors c'est moi qu'on devrait songer plus que quiconque à informer, non ?
- Sans doute. »
Remus se redressa, arrangea ses vêtements moldus qu'il avait froissés en retenant Harry de frapper son oncle, et fit quelques pas vers la porte d'entrée, mettant sa main sur la poignée, comme s'il s'apprêtait à s'en aller.
« Rassure-toi, Dumbledore est un homme qui sait tirer des leçons de ses erreurs. Il t'informera dorénavant de tout ce que tu dois savoir.
- Vous vous en allez ?
- Je suis attendu. Je repasserai te chercher demain matin, ne t'en fais pas pour ton oncle et ta tante, je me charge de les faire coopérer.
- Coopérer pour quoi ? Où allons-nous demain ? Au QG ?
- Non, voyons, Harry. Demain je t'emmène à l'enterrement de Sirius.
- Qu ... Quoi ?
- C'est pour ça que je suis venu te dire que sa dépouille a été retrouvée. Nous l'enterrons demain. »
Harry ne pipa mot, un peu sous le choc même si les paroles de Lupin coulaient de source.
« Je ne suis jamais allé à un enterrement sorcier ... avoua-t-il. J'étais trop jeune quand mes parents ont été tués, et j'imagine que les Dursley n'ont pas voulu y aller. Et quand Cedric Diggory est mort, je n'ai pas été invité ... Je ...
- C'est normal. Les cérémonies d'enterrement des sorciers répondent à un rituel très différent de celui des Moldus. Seules les personnes du même sang que le défunt peuvent y assister.
- Mais ... Nous n'avons pas le même sang, Sirius et moi ?
- Il était ton Parrain. C'est un lien très fort qui s'acquiert par une cérémonie magique particulière. C'est presque comme si tu étais de son sang. D'ailleurs la coutume du Parrain est très ancienne et vient des sorciers. Ce sont les chrétiens moldus qui ont ensuite repris la tradition à leur compte. Mais notre conception du Parrain est très différente. En fait, toi seul pourra assister à la cérémonie demain. Sirius n'est lié magiquement à personne d'autre, et il n'a plus de famille. Du moins de famille qui souhaite assister à son enterrement. Les Weasley sont de lointains cousins à lui, ainsi que Tonks, mais ils seront en mission demain, et donc ne pourront y assister. Tu devras accompagner sa dépouille, mais on t'expliquera comment faire, ne t'inquiète pas. Moi je t'y emmènerai et je t'attendrai dehors. »
Remus vit une lueur de panique traverser le regard de Harry. C'était une certaine responsabilité d'accompagner le corps d'un défunt, particulièrement pour le garçon qui ne connaissait pas grand-chose aux coutumes en la matière. Lupin lui esquissa un demi-sourire qui se voulait confiant.
« Tu n'auras rien à faire à part regarder les Arcadians procéder à la cérémonie et garder ton calme pour ne pas les déconcentrer.
- Les Arcadians ? Qui sont-ils ?
- Tu n'as pas non plus entendu parler d'eux ? murmura Lupin. Ce sont des sortes de prêtres. C'est à eux que sont confiés les sorciers décédés, pour qu'ils passent « ailleurs ».
- Où ça ailleurs ? Au Paradis ? s'enquit Harry avec un brin de scepticisme.
- Non, c'est différent. Les sorciers ne peuvent pas se faire enterrer dans le sol comme le font les Moldus.
- Pourquoi cela ? s'étonna Harry.
- A cause de la Magie. Le corps meurt mais pas la Magie qui l'a habité toute sa vie. Et une magie à l'état brut, sans rien pour la contrôler, c'est dangereux. Pourquoi crois-tu que nous utilisions des baguettes pour en maîtriser notre usage ? Depuis toujours il existe des lois très strictes interdisant aux sorciers de se faire enterrer dans le sol.
- Mais ... Sirius m'avait dit un jour que les sorciers décédés à Azkaban étaient enterrés dans l'enceinte ?
- C'est parce qu'elle est protégée. Mais il existe peu de terres au monde qui soient suffisamment protégées pour pouvoir accueillir des dépouilles de sorciers. Et généralement on y enterre des notables ou des gens très importants, qui ont révolutionné la Magie d'une façon ou d'une autre. Il en existe huit, il me semble, dont Azkaban. Si un sorcier se fait enterrer dans une terre non protégée, les conséquences peuvent être désastreuses. Tu as déjà entendu parler des zombies ?
- J'en ai vu dans des films d'horreur moldus ...
- Ils existent. Enfin ont existé. Une communauté très minoritaire d'illuminés en Haïti avait décidé de se libérer des lois basiques du monde de la Magie. Ils faisaient de la magie à la main, avaient dédaigné l'usage des baguettes, et ils se faisaient enterrer dans le sol. Ca a causé des catastrophes, et des Moldus qui étaient décédés récemment, enterrés près de leurs tombeaux, ont été touchés par les ondes magiques dégagées par leurs corps. Ce qui les a « ranimés ».
- C'est horrible ... souffla Harry.
- C'est pour ça que cette communauté a été fortement réprimée. Un peu trop fortement d'ailleurs ... Mais personne ne prétend que l'histoire des sorciers soit exemplaire ... Tu n'écoutes pas beaucoup les cours du Professeur Binns, je me trompe ? Enfin, cette affaire a servi d'exemple et plus aucun sorcier ne fait la folie de vouloir être enterré dans le sol. Sauf quelques originaux ou des séniles. Et nous ne pouvons pas non plus être incinérés. Ce pourquoi nous avons besoin des Arcadians. Leur communauté existe depuis près de trois mille ans.
- Et qui sont-ils au juste ?
- Des émissaires. Ils accompagnent les sorciers jusqu'à leur dernière demeure.
- Et c'est quoi cette dernière demeure ? »
Lupin se sentit mal à l'aise. Il ne savait pas vraiment au juste par quoi commencer, parler des Arcadians à un novice était vraiment complexe car, malgré leur utilité et leur présence importante dans la communauté magique, personne ne savait au juste ce que ces prêtres faisaient, ni qui ils étaient. Un sujet tabou en somme, qui avait donné lieu à de nombreuses théories farfelues, ou croyances futiles. Lupin prit une profonde inspiration. Quand il enseignait à Poudlard, il avait pris l'habitude de toujours diviser par séquences simplifiées ses explications lorsqu'il voulait apprendre à ses élèves des points délicats. Il n'avait qu'à tenter d'appliquer cette méthode.
« On dit que les corps des sorciers sont confiés à une créature appelée l'Archer, commença-t-il d'un ton docte mais un peu vague. On en sait très peu sur cette créature, car les Arcadians gardent sa nature secrète de génération en génération. Personne ne peut découvrir les secrets de l'Archer sans devenir un Arcadian. Et tout Arcadian doit le rester jusqu'au jour de sa mort, emportant le secret dans sa tombe. On suppose que l'Archer est une créature qui emporte les corps des sorciers et qui pour une raison inconnue arrive à les faire disparaître avec leurs ondes magiques, ou alors à séparer les ondes magiques des dépouilles. Personne ne le sait précisément en fait. D'ailleurs pour certains, l'Archer n'est pas une créature, mais un sorcier puissant et immortel, qui aurait fondé les Arcadians. Et d'autres pensent que l'Archer n'est ni une créature, ni un sorcier, mais une sorte de lieu encore plus sûr que les rares terres protégées accueillant ponctuellement des dépouilles. Mais si c'est le cas, personne ne sait où se situe cet endroit.
- C'est bizarre, put seulement dire Harry, ahuri par ces révélations étranges sur les coutumes funéraires des sorciers. Et si cet Archer n'existait pas ? Si les Arcadians avaient juste trouvé un moyen de priver d'onde magique un corps sans vie ?
- C'est aussi une théorie récurrente. A titre personnel, c'est celle que je trouve la plus crédible. Ca expliquerait que les Arcadians agissent dans le secret. Car s'ils ont trouvé le moyen de contrôler des ondes magiques, et donc la Magie, ça fait d'eux des êtres très puissants. Une puissance très convoitée.
- Par des mages noirs ?
- Par exemple. Quoiqu'il en soit, la communauté des sorciers fait une confiance irréprochable aux Arcadians qui sont des êtres simples et inoffensifs. Ils restent neutres et cohabitent avec le reste de la communauté sans aucun problème. S'ils existent depuis trois mille ans c'est qu'il y a une raison. D'ailleurs, si tu veux tout savoir, le frère de Kingsley Shacklebolt est un Arcadian.
- Vraiment ? J'ignorais qu'il avait un frère ...
- C'est lui qui officiera pour la cérémonie de Sirius. Il te guidera. Écoute, les Arcadians sont très admirés et très respectés. Il faudra leur montrer la plus grande déférence. Tu n'auras pas grand-chose à faire, tu marcheras à côté de la dépouille de Sirius, puis les Arcadians procéderont à la cérémonie. Tu ne verras pas grand-chose, au moment final leur magie absorbe la lumière. Quand ils auront fini, le corps se sera volatilisé, et ils te feront un présent. Ca s'appelle le Don de l'Archer, la légende dit que la créature offre un objet symbolisant le défunt à son plus proche parent en échange du corps qu'il vient de prendre. Accepte le Don, et puis on t'accompagnera à la sortie où je t'attendrai.
- Où ça se déroulera ?
- En France. Nous devrons utiliser un portoloin.
- En France ? explosa Harry. Pourquoi si loin?
- Par sûreté. Voldemort et ses Mangemorts sauront que tu assisteras à l'enterrement de ton Parrain. Ils pourraient attaquer. »
Harry ouvrit la bouche pour réagir vivement mais Lupin l'arrêta d'un geste.
« Nous reprendrons cette conversation demain Harry, dit-il fermement mais doucement. Pour l'heure je suis attendu pour une mission. Alors fais-moi confiance, d'accord ? On se reverra demain.
- Bien sûr. A demain. »
Lupin acquiesça, et coupable de devoir laisser Harry seul avec les Dursley après l'éclat qui venait d'avoir lieu, hésita sur le seuil de la porte, regardant fixement le fils de son ami, en apparence calme, mais troublé par leur conversation.
« Bonne chance, Harry.
- Vous aussi, Professeur. Pour votre mission. »
Le loup-garou eut un faible sourire.
« Ne m'appelle plus Professeur, mais Remus. D'accord ?
- D'accord. A demain Remus. »
Lupin hocha la tête puis se décida à quitter le 4 Privet Drive.
A Suivre …
CHAPITRE 2 : LA MORT ET LA VIE
Réponses aux reviews :
Ilys : Salut ! Assez rapide la suite ? Lol. Les updates se feront toutes les semaines, voire toutes les deux semaines si pour X-raison je n'ai pas pu avancer ma fic … Et oui, comme tu as l'air de très bien le connaître, je ne m'épancherai pas plus sur l'enfer des facs de droit …
Nanou : Merci beaucoup pour ta review ! Je ne compte pas m'arrêter en si bon chemin, alors j'espère que l'Archer continuera à t'intéresser et à te faire sourire (de toute façon, je n'ai pas le choix, j'ai du mal à rester totalement sérieuse quand j'écris dans l'univers HP. C'est tellement … Abracadabrantesque !)
Kazy : Yo Minip ! (pourquoi je te parle comme ça moi ?) Bon alors déjà, mettons les choses au clair : tu n'as pas embrassé Sirius Black. Pas de protestations ! No more of this, comme le dirait Bill à Sophie Fatale. J'ai écrit un prologue où la Mort emportait l'Ame de Sirius Black par un baiser, et c'est après que tu t'es mise à te prendre pour la Mort. Bon. Alors naturellement, comme dans le Disque-Monde, dès lors qu'il y a quelqu'un pour croire en une chose, cette chose se met à exister et tu es devenue a posteriori la Mort. Seulement, ce n'est pas rétroactif ! Conclusion : tu es la Mort mais ça ne te sert à rien car tu n'as jamais roulé de pelle à Sirius Black. Fin de la démonstration. Ah je m'aime. Quant à Tu-Sais-Qui qui aime les blondes avec les seins qui pointent (non, pas Voldemort vous autres …) rappelle-toi de ce précepte de Mike Myers dans Wayne's World « Beeeep (waw ça fait comme dans Kill Bill, quand on censure le nom de Beatrix Kiddo, impressionnant !) n'est pas ton ami. Beeeeeeeeeep est un suppositoire ». Réconfortée ? Bref, merci pour ta review, et je suis sûre que j'arriverai à la boucler avant la sortie du Tome 6 (baveuuuuuuuuuh).
Ada : Merci beaucoup pour ta review, et voici la suite, en espérant que tu aimes ! (ça fait carte de vœux non ? Pas grave, c'est l'époque)
Karine : Ah ma Karinounette, ça t'a marquée, hein, que je t'acoquine avec la Mort dans DA3 ? (texte somptueux, bien qu'inachevé … La fin d'une époque quoi …) Bon la Mort n'est pas censée être très présente dans la fic, mais si j'ai l'occasion de la faire revenir, je n'hésiterai pas, promis ! Bon moi, je ne sais pas si j'aimerais qu'on vienne me chercher comme ça, mais j'aime bien l'idée que l'au-delà soit un endroit joyeux. Après tout c'est vrai, quand on est morts on n'a plus de soucis. Ca me fait penser au prochain film d'animation chapeauté par Tim Burton « The Corpse Bride ». Ca va être terrible. Bref. Bon sinon entre nous, il reste encore pas mal de chemin à parcourir et de chapitres à découvrir, alors si tu vois la Mort entre-temps, tu fais comme ce vieux photographe dans l'épisode Tithonus d'X Files : tu fermes les yeux et tu l'ignores. Allez, je te laisse, vive Pratchett, vive Kirouac, vive Caro des Cantons, vive les Frils !
Soph : Hello Good Lady ! Merci d'avoir pris le temps de reviewer, malgré ton emploi du temps de ministre … Mais je comprends très bien le coup des bouquins qu'on t'offre à Noel et que tu as envie de dévorer dans l'immédiat … Euh sauf que cette année on m'en a offert un seul, une biographie de Radiohead. Pas pressé, donc (pourquoi personne n'a voulu m'entendre quand je réclamais des bouquins d'Eugenides ?). Plus les projets d'écriture, évidemment, je connais que ça … (Note pour plus tard : prochaine fois que voyons Grand Génie de la Lampe, si jamais avons chance de voir Grand Génie de la Lampe, demandons à rallonger les journées ou à vivre de son écriture, serait très bénéfique pour santés financière et mentale). Passons, comme le disait Richard Fish. Suis pétrifiée d'humilité devant énorme compliment me désignant comme héritière de Pratchett. L'accepte en me flagellant et en jurant de ne plus avoir cette prétention sur ma Bible « Les Petits Dieux » (euh oui, mon frangin m'a perdu mon exemplaire de « De Bons Présages »). Bon, je vais arrêter de parler comme dans le journal de Bridget C'estcommentdéjàsonnom … Moi aussi j'adore que les auteurs que j'adore adorent les auteurs que j'adore, valable aussi pour réalisateurs et musiciens. Et par extension j'adore que mes lecteurs adorent les auteurs que j'adore. Par contre j'adore pas mon mal de crâne naissant à l'écriture de cette réponse à ta review, donc je vais conclure, si tu veux bien. Comme tu as pu le constater dans ce chapitre 1, le ton ne sera pas 100 humoristique dans la fic, mais comme je ne peux pas m'empêcher de me pratchettiser compulsivement ben … Tu verras au chapitre 2 … Quant à CNCB, prends ton temps, le chapitre 9 ne sera pas mis en ligne avant, mettons, deux semaines. J'ai encore quatre exams à passer, puis un trou avant la rentrée, j'en profiterai pour en finir l'écriture. Voilà sur ce, espérons que tu as passé bonnes fêtes, que 2005 sera grandiose et autre bla bla de ce genre. Pouvons à présent conclure Réponses aux Reviews. Syndrome Bridget machin refait surface. Consulter spécialiste promptement.
