L'ARCHER
Disclaimer : J'ai appelé mon banquier au cas où pour vérifier, mais de toute évidence, je ne gagne rien en écrivant cette fanfiction. Je ne fais qu'emprunter l'univers de JKR et franchement, ça me causerait beaucoup de soucis si elle en prenait ombrage. Voilà. Hyper convaincant ce disclaimer. Contente de moi du coup.
Résumé : Sirius est mort et découvre perplexe le Paradis des Sorciers. Harry entre en Sixième Année à Poudlard et va de surprises en surprises, de rencontres en rencontres. Voldemort s'intéresse de trop près à une mystérieuse créature appelée l'Archer, clé de la toute-puissance. Que se passera-t-il si le puissant mage noir s'empare des pouvoirs de l'Archer ? Le monde des morts et celui des vivants s'en relèveront-ils jamais ? Fin avant la sortie du Tome 6.
Mot de Wam : Merci à tous les reviewers et à mes testeuses ! Deux choses sur ce chapitre : on m'a d'abord signalé un point nébuleux concernant ce chapitre. Il se situe juste après que Sirius ait été rejeté de l'Arcade. En conséquence, le chapitre précédent, où Lupin l'annonce à Harry, se situe postérieurement à ce que vous allez lire. Vous me suivez ? Enfin bref, j'ai mes raisons pour situer ce chapitre après, lesquelles sont que Harry est le héros de l'Archer et la mort de Sirius me sert à introduire des éléments qui seront utiles à l'intrigue en temps voulu (et puis je trouvais amusant de décrire l'au-delà). Donc je ne pouvais pas commencer la fic par deux chapitres d'affilée concentrés sur Sirius. La seconde raison, est que de toute façon il est mort, donc les soucis de chronologie, et d'espace-temps, ne le concernent plus vraiment. Tout du long de la fic, les passages sur Sirius, seront en décalage (temporels et autres) à ceux suivant Harry. Voilà. L'autre chose que je voulais signaler, c'est que j'ai glissé trois répliques de Kill Bill dans ce chapitre. Pourquoi ? Parce que j'en avais envie. Vous ne les remarquerez probablement pas, à moins d'être fan, et dans ce cas-là, vous saurez que c'est fait exprès. Bref, trêve de bavardages et bonne lecture !
CHAPITRE 2
LA MORT ET LA VIE
Sirius se regardait.
Pas tous les jours courant, ça, de se regarder. A moins d'utiliser un miroir, sauf que là, ce n'était pas un reflet. Il se regardait vraiment. Ou plutôt son âme flottait au-dessus de son corps sans vie.
C'était étrange. Il avait posé ses lèvres sur La Mort, pour un baiser froid, un baiser qui avait aspiré son âme pour toujours (mais mieux valait la mort qu'une errance éternelle dans l'Arche) et puis il se retrouvait là, devant son cadavre. " Là " n'était pas le bon terme, il ne pouvait plus se trouver dans un endroit, même si cet endroit était " là " puisqu'il n'était plus. Mais sa conscience ne pouvait formuler de meilleur terme. Sa conscience ?
" Oui, vous en avez une ... marmonna La Mort avec lassitude, comme si on Lui posait sans arrêt cette question. C'est un truc sorcier. Quand les Moldus meurent, ils ... meurent. Et leur âme flotte dans ... Un truc. Je ne suis pas douée pour les descriptions, en fait Je ne suis pas très lyrique. C'est dingue ce qu'Edgar Allan Poe a pu se foutre de Moi quand J'ai pris son âme ... Bref, quand les Moldus meurent, ils n'ont plus que leur âme, qui rejoint ... euh ... l'air ... le ciel ... le vide ... Appelez ça comme vous voudrez. C'est banal, mais c'est comme ça. Mais vous les sorciers, vous ne pouvez pas vous contenter de mourir.
- Pourquoi ?
- Parce que. Vous pouvez toujours continuer à jouer un rôle chez le monde des vivants, en particulier celui des sorciers. De leur vivant, les sorciers ont conscience du monde des morts, avec les fantômes, les zombies, les vampires ... Les Détraqueurs, ces sales bestioles qui Me piquent Mes âmes et M'empêchent des les emmener vers la paix ...
- Pour les emmener où ? demanda Sirius, la voix étranglée.
- Vous ne voulez pas vraiment le savoir ... marmonna La Mort sombrement. Bref, vous connaissez les limites entre le vivant et la mort, et vous en connaissez les infractions. Vous pouvez même les pratiquer, par la magie noire. Vous avez la conscience de ce qu'est La Mort, et ce dès votre naissance. C'est pour ça qu'une fois votre âme séparée de votre corps, vous possédez toujours une conscience.
- Conscience de tout ce qu'on a fait de bien ou de mal dans sa vie ... dit Sirius d'une voix éteinte. La culpabilité ne meurt jamais. C'est pour ça qu'on ne baigne pas dans la félicité après sa mort ... "
La Mort éclata soudain d'un rire sonore. Sirius examina Son beau visage halé entouré d'une cascade de boucles rousses qui tremblaient sous les vibrations de Son rire. On aurait vraiment dit une belle jeune fille, ordinaire et attirante, que Sirius aurait tenté de séduire dans sa jeunesse. Mais lorsqu'il tentait de croiser Son regard, il était envahi par une sorte de sensation nauséeuse qui lui donnait le vertige, comme si La regarder dans Ses deux immenses yeux d'un noir profond et ténébreux équivalait à sombrer dans un vide spatial.
" Je Vous amuse ? fit-il, masquant son trouble.
- N'y voyez rien de personnel, J'adore Me payer la tête des nouveaux morts. C'est Ma seule distraction. "
Elle gratta du bout de l'index l'arête de Son charmant nez en trompette, d'un air amusé.
" Ils sont tous un peu tristes quand ils meurent. Parfois ils pleurent sur leur sort, parfois ils craignent pour ceux qu'ils laissent ... Comme vous, vous avez craint pour le-mioche-qui-ne-veut-jamais-mourir-correctement-comme-tout-le-monde ...
- Harry, Vous voulez dire ?
- Dans le milieu, on l'appelle le mioche-qui-ne-veut-jamais-mourir-correctement-comme-tout-le-monde.
- Nous on l'appelle Celui-qui-a-survécu.
- Exactement pareil, il est un peu rabat-joie à vouloir toujours vivre.
- Ca n'a rien de très excitant de mourir. Je parle d'expérience.
- Vous voulez rire ? Mourir c'est génial. Vous comprendrez bientôt pourquoi. "
Sirius émit une grimace sceptique, et pourtant il n'avait pas peur. Il se serait attendu à se sentir désespéré, angoissé, à devenir fou le jour où il mourrait, mais là, non. Rien. Il se contentait de discuter tranquillement avec La Mort, comme s'il était dans un vulgaire salon de thé. Ca lui rappelait d'ailleurs un peu son adolescence, quand il emmenait des filles en balade à Pré-au-Lard, lors des sorties pour " apprendre à mieux se connaître ". Ah que de jolis minois et prénoms enchanteurs lui revenaient : Desdémone, Kirstin, Matucia, Leeder, Avi, Mya, Aquene ... Aquene.
" C'est parce que vous êtes mort.
- Quoi ?
- Vous n'avez pas peur parce que vous êtes mort, siffla amusée La Mort. Et que vous ne ressentez rien de particulier à part un vague soupçon de nostalgie en pensant à vos anciennes petites copines.
- Comment Vous ... Vous lisez dans mes pensées ?
- Ne soyez pas crétin, Je n'ai pas besoin de lire dans les pensées. Je suis La Mort. Je suis dans les pensées de tout le monde.
- Évidemment. Donc je suis et mort, et crétin. "
La Mort eut un sourire plus doux, qui paraissait presque être de la compassion.
" Je vous aime bien, vous savez, Black. Ca ne M'arrive pas tous les jours d'escorter une âme qui Me plaît bien. Et vous savez ce que Je fais dans ce genre d'occasion ?
- Dans un grand geste de mansuétude, Vous ramenez ces âmes à la vie ? tenta sans trop y croire Sirius.
- Oui. "
Le sorcier parut estomaqué et dévisagea La Mort qui haussa les épaules en riant.
" Non voyons, Je n'ai pas ce pouvoir. Ou peut-être que si ... En fait J'ai jamais essayé ... Mais ce n'est pas le point important, J'aime trop La Mort pour en priver les gens. Non, ce que Je fais en réalité quand une âme Me plaît bien, c'est que Je lui accorde, une, disons, une petite faveur. Vous avez un regret, Sirius Black. Pas vrai ?
- J'ai des tas de regrets.
- Mais il en est un auquel vous pensez beaucoup plus, depuis que votre inéluctable destin a été scellé. Ne Me dites pas que Je Me trompe, c'est impossible.
- Et qu'y pouvez-Vous ?
- Regardez. "
Sirius se tut et renonça à chercher à comprendre. Indécis, il regarda tout autour de lui, et remarqua pour la première fois à quel point c'était étrange de voir sans regarder. Après tout, il n'avait plus rien pour ça, il s'agissait de quoi ? Du sentiment de ce qui était visible ? De la conscience de voir ? En tout cas c'était là, sans vraiment l'être, comme s'il voyait une scène de derrière une vitre sans tain. Ou comme s'il était dans une de ces salles de cinéma moldues qu'il avait visitée étant plus jeune avec Remus ou Lily et qu'il voyait son propre présent défiler sur un écran géant.
Un présent bien sombre. Un présent qui se limitait à la vision à la fois malsaine et fascinante de son cadavre, étalé vulgairement contre le sol froid et marbré du Département des Mystères, seul. Sirius avait longtemps pensé dans son désespoir, notamment à Azkaban, qu'il mourrait seul et abandonné. Et maintenant qu'il se regardait, fugitif oublié de tous, mort devant ce voile d'un rouge sombre qui se mouvait légèrement et d'où provenaient des appels de détresse que lui seul pouvait entendre, il réalisait avec tristesse à quel point il avait eu raison.
Et puis soudain des silhouettes surgirent. Il ne sut pourquoi exactement, mais il lui traversa pendant une fraction de seconde l'intuition qu'il s'agissait de Harry et de Remus, ou de membres de l'Ordre du Phénix qui venaient prendre soin de sa dépouille de " Héros ". Mais c'était impossible. Du temps avait probablement passé depuis la bataille contre les Mangemorts pour ne pas laisser se perdre la prophétie et pour sauver son filleul.
En fait, ceux qui foulaient avec stupeur, consternation et précipitation le sol du Département, étaient des Langues-de-Plomb, attirés comme des abeilles au miel, par les hurlements stridents de l'alarme déclenchée dès que le corps de Sirius avait été éjecté de l'Arche. A quoi Sirius s'attendait-il ? Il n'y avait que les énigmatiques employés du Département des Mystères qui pouvaient s'intéresser à cette Arche, couverte d'un voile couleur sang, et qui dissimulait le plus terrifiant des vides dans lequel une âme puisse passer son éternité.
Personne qu'il chérissait.
Et puis, bizarrement, petit à petit, comme s'il avait vu flou et que tout s'éclairait soudain, il reconnut parmi les ombres grises et anonymes des Langues-de-Plomb, un visage familier. Un visage de femme, long et lisse, à la peau blanche et aux belles boucles blondes. Un rayon de soleil. Sirius jeta un bref coup d'œil vers La Mort qui semblait satisfaite de Son coup bien qu'un peu barbée, puis il s'approcha de la belle femme en robe de sorcière pourpre. C'était sa couleur préférée ... lui rappela vaguement la conscience embrouillée de Sirius.
Il se posta bien face à elle, dubitatif. Pas ému. Il n'avait plus de cœur qui pourrait battre pour une émotion, mais il sentait des tas de souvenirs se bousculer en lui. Le visage qu'il observait par contre était crispé par les émotions. Elle se mordit violemment la lèvre et ses yeux humides peinaient à retenir ses larmes. Elle dévisagea son cadavre pendant un long moment, sans se rendre compte que les autres Langues-de-Plomb s'impatientaient derrière elle. Au bout d'un instant, elle leur aboya quelques ordres, plus agressive qu'elle ne l'aurait voulu, sans doute pour masquer ses sentiments.
Les sorciers se mirent à vaquer et à s'agiter pour exécuter ses commandements, et elle s'approcha du Sirius mort, accompagnée de deux autres Langues-de-Plomb, comme pour mieux voir. Elle s'agenouilla près de lui, tandis que les deux sorciers faisaient des commentaires que Sirius ne pouvait entendre. En fait il n'entendait rien, sans doute parce qu'il commençait à se détacher de plus en plus de ce monde. D'ailleurs la belle femme aux cheveux blonds comme les blés, ne les écoutait pas plus. Timidement, elle effleura le visage froid et sans vie de Sirius, et l'embrassa d'un regard désespéré et empli de regrets. Elle sembla murmurer quelque chose, mais il ne put entendre quoi.
Déboussolé, il se tourna vers La Mort qui regardait d'un air dédaigneux Ses ongles parfaitement manucurés. Sirius fit quelques pas vers Elle, brusquement et magistralement, comme l'aurait fait le héros tourmenté d'une pièce de théâtre, en La pointant du doigt.
" Vous ... Comment Vous avez fait ça ? s'exclama-t-il.
- Je n'ai rien fait. A part vous laisser rester assez longtemps pour la voir.
- C'est ... Elle est ... "
Sirius balbutia un instant, puis regarda de nouveau en direction de la belle femme agenouillée près de son corps sans vie.
" Elle s'appelle Aquene Carter, murmura-t-il. Et s'il n'y avait pas eu Azkaban ...
- Je suis au courant vous savez, l'interrompit La Mort, sarcastique. Je suis omnisciente. J'ai certaines capacités tout de même ... "
Sirius eut un demi-sourire.
" Je m'en doute. Mais je n'ai plus parlé d'elle depuis ... Depuis la mort de James et Lily Potter. Je ne savais même pas ce qu'elle était devenue ... Ainsi, elle est Langue-de-Plomb. Elle a l'air de commander les autres ...
- C'est elle qui dirige les études attenantes à l'Arche. Plutôt ironique, hein ? "
Sirius ne releva pas et regarda la femme ainsi nommée Aquene avec insistance. Il se sentit comme soulagé d'un poids, soudain.
" Alors elle va bien. Elle en a l'air en tout cas ... Et regardez-la ... Ma mort semble l'attrister. Oh, peut-être pleure-t-elle plus les souvenirs que ma personne, mais ... Je n'ai pas l'impression qu'elle me prend pour un monstre. Après mon évasion d'Azkaban, j'ai fui tous ceux qui étaient les miens, avant. Je craignais leur jugement. "
Il s'avança encore tandis qu'elle effleurait à peine ses cheveux, par pudeur, et s'agenouilla pour lui faire face.
" Elle est encore très belle. Elle semble plus distinguée. Elle est mariée ? demanda-t-il à La Mort.
- Non. "
Sirius soupira.
" Aquene ... J'aurais dû essayer de te revoir. Rien qu'une seule fois. "
Au moment où il finissait sa phrase, la sorcière frissonna et releva soudain le menton, regardant droit devant elle, et, elle l'ignorait, droit dans les yeux de Sirius. Il se plongea dans son regard vert une dernière fois, et sourit d'y retrouver tout ce qu'il disait déjà avant Azkaban. La vie l'avait épargnée, malgré tout ce qu'elle devait porter sur ses épaules, après l'assassinat de sa mère et de sa sœur par les Mangemorts pendant la première guerre. Et malgré son abandon, sa fuite et sa trahison envers elle en se laissant enfermer sans clamer son innocence, elle était toujours débordante de cette vie et de cette passion, ce qu'il admirait tant chez elle. Elle était toujours la même.
" Mon présent, pour vous ... susurra La Mort.
- Vous êtes plus généreuse qu'on ne le décrit dans le folklore.
- Merci de le reconnaître. Bon, vous êtes prêt maintenant ? fit La Mort en Se redressant et en lissant Sa délicate robe cramoisie.
- Oui. Encore merci. "
La Mort lui offrit un agréable sourire séduisant, qui ravirent Ses deux lèvres pleines et rouges.
" C'était un plaisir. Maintenant mon cher, prenez Mon bras et fermez les yeux. Le véritable excitant et fantasmagorique voyage commence. "
Sirius ouvrit la bouche pour rétorquer mais en réalité, il n'en eut pas vraiment l'occasion. En fait de voyage excitant et fantasmagorique, c'était peu de le dire. La Mort l'emmena dans un tourbillon enivrant qui lui fit tourner la tête, la dernière image des vivants qu'il avait, celle d'Aquene, tournoyait en lui, et s'éloignait, de plus en plus, vite très vite, et puis plus rien. Ca y était. Fini, foutu. Les rares sensations qui lui étaient restées à sa sortie de l'Arche, quand son âme était encore connectée au Monde des Vivants, étaient à présent anéanties. Il n'était plus, voilà. Il aurait bien aimé paniquer ou pleurer ou hurler de rage à cette idée, mais le problème, c'était qu'il ne pouvait plus.
Il voulut regarder La Mort d'un air accusateur, après tout Elle était la personne la plus idéale et la plus commode à blâmer dans ce genre de circonstances, mais il fut saisi de stupeur. La Mort était toujours là. Elle arborait toujours cette délicieuse enveloppe de jeune fille appétissante, de lolita galbée et rouquine, mais ce qui le stupéfiait, c'était l'endroit.
Les Moldus voyaient ça comme une sorte d'endroit dans le ciel, tout blanc, parmi les nuages. Les grecs comme un long fleuve sur lequel faisait naviguer un canotier effrayant avant d'arriver dans le souffre ou dans un cadre enchanteur. Et là, il découvrait un pont. Pas un pont de pacotille, mais pas non plus un pont sublime, immense et impressionnant. Un mignon petit pont, en bois, pas très en hauteur, pas très en longueur, qui enjambait à peine une jolie rivière limpide qui coulait en clapotant gaiement. Il ne voyait pas vraiment où la rivière commençait, ni où elle finissait. Il ne voyait pas vraiment d'horizon non plus, en réalité, à chaque fois qu'il regardait vers le lointain et tentait de se concentrer pour bien le distinguer, celui-ci apparaissait encore plus flou et lointain. Et plus il essayait, plus ça empirait, jusqu'à lui donner la nausée.
Résigné, il cessa de regarder de l'avant, après tout c'était inutile puisqu'il n'avait plus d'avenir. La notion d'avenir existait-elle encore au moins pour les ... les gens comme lui ? Les ... Hum ... Les morts, quoi ... Il observa donc ce qui était autour de lui. Il vit ses chaussures, celles qu'il portait ce jour-là et que, il s'en rappelait avec une précision nette et effrayante, il avait enfilées à la va-vite dès qu'il avait su que Harry avait fait la folie de quitter Poudlard pour se pointer au Ministère, et elles foulaient une herbe verte et fraîche. Tellement verte, tellement tendre, tellement rayonnante, qu'elle en était diablement suspecte. Il se demanda s'il y avait de petites fleurs, mais non. Il n'y avait rien d'autre que l'herbe verte (et depuis quand l'herbe, ça a des reflets bleus ?) la rivière, et le charmant petit pont.
Il renifla d'un air dédaigneux et jeta un coup d'œil vers La Mort qui dans ce décor panthéiste apparaissait comme une sorte de nymphe.
" Alors, je suppose que je dois traverser le pont, non ? "
La Mort haussa Ses ravissantes épaules fines.
" Je n'en sais rien. A votre avis, c'est ce que vous devez faire ?
- Vous m'avez accompagné ici !
- Oui. Mais Je ne vais jamais plus loin. Traversez-le ou pas, vous pouvez choisir.
- Que se passera-t-il si je préfère rester à batifoler dans l'herbe plutôt que d'aller peser mon âme dans la Grande Balance du Jugement des Hautes Divinités ? "
La Mort Se gratta le nez, perplexe.
" La Grande Balance du Jugement des Hautes Divinités ? C'est la première fois qu'on Me sort ça, dites donc !
- Ca m'est venu d'un coup. Je trouvais que ça sonnait bien.
- Moui pas mal. Pas très original, mais bon ... Regardez autour de vous.
- Déjà fait.
- Bon vous avez pu constater qu'à part cette fichue herbe toute mouillée, la flotte et le pont, il n'y a pas grand-chose.
- J'ai remarqué.
- Aucune autre âme à part la vôtre.
- Et après ?
- Ce qui veut dire, que même si vous décidiez de ne pas franchir le pont, l'option du batifolage dans l'herbe n'est pas envisageable.
- Pourquoi ?
- Si vous ne franchissez pas le pont, vous retournez en haut.
- Chez les vivants ?
- Tout juste, Albus.
- Comme fantôme, Vous voulez dire ?
- Oui. Fantôme, âme désincarnée, esprit frappeur, poltergeist, revenant, doigt de la Mort ... Tout ectoplasme confondu, sans savoir bien faire la différence, parce que Je les méprise. Vous savez, Je ne m'y connais pas très bien en fantômes, les âmes qui choisissent cette option perdent souvent Mon estime, alors Je les ignore, mais, il paraît que ce n'est pas folichon comme vie. Vous pouvez voir et percevoir la vie. Mais vous ne pouvez plus la vivre. La plupart sont rapidement déprimés. "
Sirius se sentit refroidi d'un coup, surtout en repensant à Nick-Quasi-sans-Tête ou au Baron Sanglant. Ou pire : Mimi Geignarde. Ce n'était pas vraiment le type d'existence éternelle auquel il aspirait. Et qu'adviendrait-il de lui ? Il passerait la nuit des temps à arpenter les locaux du Département des Mystères ? A traîner au Ministère ? A voir des Aurors agir en restant pathétiquement impalpable, impuissant, mort ? Ce n'était pas possible.
" Alors ? Toujours tenté par le batifolage dans l'herbe ? "
Sirius se sentit une nouvelle fois résigné, et regarda en direction du mignon petit pont.
" Donc, euh, je le franchis, et voilà, c'est fini.
- C'est comme ça que ça marche.
- Ouais. Et euh ... Il y a des pièges ? Si je le traverse trop à droite, je finis en Enfer ? Pour passer l'éternité à manger des grappes du meilleur des raisins entouré d'anges aux formes généreuses je fais comment ? Je saute à cloche-pied ? Je marche sur les mains ?
- Je vous l'ai déjà dit tout à l'heure. Je ne franchis jamais le pont.
- Ah oui. Donc en fait, Vous ne pouvez pas m'assurer que ce qui m'attend derrière n'est pas la damnation éternelle ? "
La Mort esquissa une moue impatiente.
" Oh c'est toujours la même rengaine avec tout le monde, Moi qui avais sottement pensé que vous seriez plus original ... Écoutez, si on M'a envoyée pour collecter votre âme jusque dans cette foutue Arche du Néant, c'est qu'on ne vous prédestine pas à la damnation éternelle. Dans ce cas, autant vous y laisser.
- On va dire que je Vous crois sur parole.
- Avez-vous vraiment le choix Black ?
- Je suppose que non.
- Et avez-vous vraiment à supposer que non ?
- Non, je n'ai pas vraiment à supposer que non. Je le sais. "
Sirius retroussa les manches de sa chemise blanche et regarda d'un air déterminé le pont.
" Bon, alors j'y vais. "
Il tourna la tête une dernière fois vers La Mort, s'attendant presque à La voir se volatiliser, ou prendre un visage hideux de squelette géant brandissant une faux, mais en réalité Elle S'était appuyée avec nonchalance sur le pont, et jouait à changer de teinte de rouge Son vernis à ongles, avec un sourire futile et plein d'amusement. Lorsqu'Elle sentit le regard de Sirius posé sur Elle, Elle leva paresseusement Sa main nouvellement vernie à la couleur cerise écrasée, et le salua vaguement.
" Bon ultime voyage !
- Trop généreux. "
Sirius haussa les épaules et ne prit pas la peine de saluer La Mort, se disant qu'après tout ça devait Lui être égal. Il n'était rien pour Elle, à part une âme de plus à escorter. Et Elle ne pouvait même pas comprendre à quel point c'était dur de ... de devenir mort. Il se décida alors à poser un premier pas sur le bois solide, lisse et brillant dont était fait le petit pont. Il s'attendait à se sentir un peu différent en franchissant le Grand Pont de la Mort, mais en fait, même si ça avait dû lui faire quelque chose, il n'était plus outillé pour. L'air renfrogné, il ignora La Mort qui sarcastique et moqueuse l'applaudissait avec véhémence pour son premier pas, et rentrant sa tête dans les épaules, il commença à le parcourir.
Pour trois pas.
Puis il s'arrêta tout net, saisi de stupeur. Quelqu'un venait dans l'autre sens. Un silhouette longiligne, blanche et noire. En fait, elle était plus que blanche et noire : elle était en noir et blanc. Elle n'avait pas de couleur. Sa peau était grise. Ses yeux, ses cheveux, sa bouche, ses vêtements. Elle semblait avoir été découpée dans un livre d'illustrations crayonnées en noir et blanc. Elle, car on aurait bien dit qu'il s'agissait d'une femme même si elle n'avait pas de formes. La silhouette était grande, maigre, si maigre, tellement maigre et plate, qu'on aurait dit qu'elle n'était pas plus épaisse qu'un fil. Une robe en haillons d'un blanc délavé, sombre, presque gris, pendouillait misérablement sur ses épaules basses. Prolongeant un cou immense, une tête qui semblait trop lourde pour son corps, maussade et sans expression, était à demi-dissimulée par des cheveux raides et fourchus aux pointes.
Sirius recula d'un pas, et d'un air méfiant, désigna du doigt l'apparition à La Mort.
" Qu'est-ce que c'est, ça ?
- Ca ? Ben, vous voyez bien. C'est La Vie. "
Sirius écarquilla les yeux.
" La Vie ?
- Oui, vous savez, La Vie, La Mort : équilibre ! " minauda La Mort en imitant les deux côtés d'une balance à l'aide de Ses mains, paumes vers le ciel.
Il allait objecter quelque chose, mais ne put que marmonner une série de balbutiements sans consistance. Tandis qu'il se remettait de sa frayeur/stupeur, La Vie les rejoignait tout benoîtement de l'autre côté du pont. La Mort passa Sa main délicate dans Ses magnifiques boucles rousses d'un air narquois et regarda de haut La Vie.
" Salut Vi.
- Salut M. "
Sirius frissonna. Contrairement à la voix charmante et enjôleuse de La Mort, celle de La Vie le glaçait sur place.
" Dites Les Filles, Vous êtes sûres qu'il n'y a pas confusion entre Vous deux ? L'une a piqué le costume de L'autre, c'est pas possible autrement ! "
Le visage gris de La Vie se mua brièvement dans une sorte de grimace et Elle hocha la tête vers La Mort.
" C'est qui ça, M. ? Il n'a pas l'air d'un Ange Noir ...
- Lui ? Tu rigoles ? C'est une âme que J'escorte.
- Ah bon ? Je croyais que Tu déléguais maintenant ...
- Je fais des exceptions pour les âmes de Héros. Tu sais, c'est à cause des nouvelles directives du Grand Intendant.
- Ah oui. Quel maboule celui-là.
- Fallait pas voter pour lui. Moi Je préférais Cerr.
- Un Ange d'Or qui a renié sa condition pour devenir un Ange Blanc ? Autant inviter Le Mal à gérer le Monde d'En-Dessous ! Et puis l'Alternance, M, l'Alternance ! Tu as toujours été inconsciente Ma pauvre M.
- Et Toi, Tu as toujours été barbante, Vi. "
Sirius, qui commençait à se sentir mal à l'aise parmi ces discussions ineffables entre entités immatérielles, émit un léger raclement de gorge.
" Euh écoutez, je crois que je vais ...
- Montre-Moi ton âme, toi ! "
La Vie S'était jetée sur Sirius avant qu'il n'ait pu faire le moindre geste et le regardait de si près qu'il crut que lui aussi allait se parer de nuances grises et perdre ses couleurs. A Sa façon de le scruter, Elle lui faisait étrangement penser à Ollivander, le vendeur de baguettes magiques, dont la science délicate le poussait à lire dans l'âme de ses clients avant de leur confier la baguette adéquate.
" Intéressant ... murmura La Vie de Sa voix rauque. Je Me rappelle de toi. Tu as été coriace à façonner. Surtout avec tes parents. J'ai voulu faire de toi une brebis galeuse. Je t'ai donné beaucoup de caractère, peut-être un peu trop. A force de ne pas savoir te contrôler, cette greluche a dû venir te prendre trop tôt.
- Euh ... put seulement murmurer Sirius, hanté par son regard noir et gris.
- Arrête, Vi, Tu vois bien que Tu le mets mal à l'aise, intervint La Mort. Tu fais toujours ça. Ne vous en faites pas Black, c'est Sa façon à Elle de montrer Son affection envers Ses âmes.
- Vous ... Vous façonnez des âmes ? s'enquit Sirius.
- A ton avis, que peut faire d'autre La Vie ? rétorqua-t-Elle agacée. Je t'avais pourtant fait assez intelligent ... Cela dit, Je te voyais bien mourir plus jeune que ça, c'est déjà ça.
- Oh, Vi, pitié ... soupira La Mort.
- La Pitié ? S'exclama La Vie. Où ça ? Elle Me doit trois âmes !
- Non, c'est une expression des Vivants ... Tu sais, Vi, Tu ne devrais pas Te contenter de les façonner et de les laisser aux bons soins du Destin, Tes âmes. Il cause de ces trucs parfois ... "
La Vie haussa les épaules, sceptique.
" J'ai déjà bien assez de boulot comme ça, et puis ce sont tous des ingrats. Tu sais quoi ? Je suis allée de l'autre côté du Pont pour rendre visite à Merlin. Je lui ai donné une âme de génie, il a vécu 564 ans adulé par toutes les communautés magiques, et ce fieffé saligaud se fiche éperdument de Moi ! Aucune reconnaissance !
- Bah Tu sais, une fois qu'ils sortent du nid ... Je Te l'ai dit, plus de suivi, Vi ! Regarde Moi, Mon boulot parfaitement chiadé avec Black. Il est pas tout content le grand garçon ? "
La Mort et La Vie posèrent simultanément leurs regards impénétrables vers Sirius, qui se sentit pris en sandwich.
" Euh oui, je suis très flatté par votre attention, Madame ... Mademoiselle Mort. Et vous, La Vie, je Vous suis très reconnaissant de m'avoir ... euh ... façonné.
- Au moins un qui réalise le cadeau que Je lui ai fait. Pourtant il a eu une vie minable ...
- C'est ce que Je lui disais tout à l'heure. Il était sceptique quand Je lui ai assuré que la mort c'était génial !
- Ca, c'est parce que Vous ne savez pas ce que c'est, la vie, marmonna Sirius.
- On fait toujours tout un foin de la vie, mais laissez-Moi vous dire Black que c'est une idée reçue. Regardez Moi et regardez La Vie. Ca fait une différence non ? Vous savez pourquoi Elle est grise et maussade et pourquoi Je suis fraîche et pimpante ? Parce que la vie, ce n'est pas une partie de plaisir. Bon, ok, Je l'admets, c'est bien de la vivre la vie, sur le coup. Sans la vie, la mort ne vaudrait pas la peine d'être vécue. Mais le problème de la vie, c'est que c'est difficile. La mort, par contre, c'est facile. C'est pour ça que Je suis fringante et qu'Elle est sinistre. "
La Vie hocha la tête.
" Ce que M. dit est plein de vérité. A présent que ton âme a quitté les Vivants, elle ne souffrira plus. Ce qui t'attend de l'autre côté de ce Pont, n'a rien d'effrayant, Je puis te l'assurer.
- Hmmm Vi ... La guerre ... baragouina mollement La Mort.
- Oui, enfin presque rien d'effrayant, corrigea alors La Vie. Mais de toute façon tu n'as pas le choix, à moins de vouloir retourner chez les Vivants sous forme d'ectoplasme ? "
Devant les grimaces communes que faisaient La Vie et La Mort à cette idée, Sirius opta pour une négation totale, rapide et déterminée.
" Alors franchis le Pont, fit La Vie. C'est là la dernière marche de ta destinée. Et crois-Moi, crois-Moi car Je t'ai fait, tu y trouveras ce que tu cherches. "
Sirius scruta l'autre bout du Pont, mais n'y vit rien de particulier.
" Ce que je cherche ... J'ignore ce que je cherche.
- Un guide t'attendra au bout du chemin. Les âmes de Héros sont toujours escortées. Tu verras, tu aimeras. "
Sirus hocha la tête. Il fit face aux deux entités.
" Bon, eh bien je vais y aller et Vous dire adieu.
- Pas trop tôt, J'ai un poker menteur avec le Destin, le Mal et l'Ineffable, marmonna La Mort.
- Un poker menteur ? s'écria La Vie. Mais pourquoi Vous ne M'invitez jamais ?
- Parce que Tu triches et que T'es mauvaise joueuse !
- C'est faux, Je triche pas, J'utilise juste Mes capacités naturelles, c'est tout. Et puis, plus mauvais joueur que Le Mal, là, Je vois pas.
- Ok, Les Filles, alors euh ... Je Vous laisse ... " marmonna Sirius.
Mais La Vie et La Mort continuaient à Se chamailler, ce qui fit étrangement penser Sirius à James et Lily avant qu'ils ne tombent amoureux l'un de l'autre. James et Lily ... Il allait sûrement bientôt les revoir ! Comme revigoré par cette perspective, il tourna les talons sans plus hésiter, et n'écoutant déjà plus les deux entités devenues soudain lointaines, hors de ses pensées, il traversa le pont de tout son long, d'un pas sûr et pressé.
Il ne savait pas à quoi il s'attendait au juste au bout de ce pont, à rien de particulier sans doute, mais tout de même, il se sentit plongé dans la perplexité après que ses pas aient foulé la dernière planche en bois du pont pour retrouver cette étrange herbe verte trop tendre aux reflets bleutés lorsqu'il vit se dresser devant lui une forêt d'arbres noirs. Rien de très accueillant. Se sentant floué, il s'apprêta à se retourner pour crier à La Vie de l'autre côté du Pont qu'Elle n'était qu'une fieffée arnaqueuse, sauf que dans son dos il n'y avait plus de pont. Plus de rivière chuchotante. Plus de Vie, pas plus de Mort. Elles s'étaient volatilisées comme le reste. Tout ce qu'il restait, c'était lui, l'herbe bleue-verte, et ces immenses arbres noirs inquiétants. Ne sachant trop au juste où aller, il scruta la forêt ténébreuse et fut attiré par deux lueurs brillantes et argentées.
N'ayant rien de mieux à faire et ne pouvant plus faire demi-tour, il s'approcha des arbres sombres, tentant de distinguer la nature des deux objets brillants qui l'attiraient irrémédiablement. Tellement irrémédiablement et irrésistiblement d'ailleurs que sans s'en rendre vraiment compte, il se mit à courir vers eux. Plus il courait, plus sa vision s'éclaircissait. Il pouvait à présent distinguer entre les végétaux géants à la noirceur majestueuse, deux chemins bien dégagés, tracés droits et profonds dans la touffe obscure de la forêt. Et plus il était proche, mieux il voyait : les deux chemins étaient pavés d'argent, raison pour laquelle ils brillaient de loin. Il courut encore plus vite, peut-être plus vite qu'il n'avait jamais couru dans sa courte vie, et se retrouva bientôt à la lisière de la forêt.
Il n'était pas essoufflé, sans doute en rapport avec le fait qu'il n'avait plus d'air à respirer, et il regarda avec perplexité les deux chemins qui s'offraient à lui. Une alarme interne retentit en lui et lui fit comprendre qu'il s'agissait d'un coup en traître. A tous les coups, s'il choisissait le mauvais chemin, il allait finir damné pour l'éternité.
" Rien d'effrayant ... Je Te retiens La Vie ... "
Une voix rauque et frissonnante retentit dans sa tête pour gronder un J'ai tout entendu mais Sirius n'en avait cure pour l'instant. Comment choisir ? Il examina les deux chemins, et remarqua qu'ils étaient tous deux ornés d'une double colonne portant une pierre blanche sculptée finement et très artistiquement. Sur chacun des deux blocs de pierre étaient gravées deux indications en somptueuses lettres d'argent. A gauche était écrit : Là. A droite : Ici.
" On se fiche de moi ... " marmonna Sirius, agacé.
Mais tandis qu'il se décidait pour aller à droite (il avait toujours préféré le mot Ici au mot Là), il fut aveuglé par une lueur dorée puissante qui émanait des arbres épais de la forêt obscure. Saisi sur place, les mots de La Vie lui revinrent soudain en tête. Un guide t'attendra. Sirius se sentit soudain plus à l'aise. Avec un peu de chance, il n'aurait pas à choisir entre les deux routes pavées d'argent. Attentif et sentant la tension monter d'un cran, il suivit des yeux la lueur dorée éclatante qui se mouvait dans les arbres noirs et qui s'approchait de lui. Quelle créature merveilleuse pouvait se cacher derrière cette aura fantastique et éblouissante ?
" Et merde ! "
Apparemment, une créature merveilleuse qui jurait. Sirius haussa un sourcil, étonné, et scruta l'orée de la forêt. Bientôt, une jeune femme de type asiatique, aux cheveux mi-longs, et toute vêtue d'une combinaison de cuir rouge, émergea d'entre deux massifs végétaux couleur ébène, se dépêtrant de branches d'arbustes qui lui bloquaient le chemin en pestant sèchement.
" Foutue Forêt Obscure à la mords-moi le nœud ! Je déteste traîner ici ...
- Euh bonjour ... " tenta Sirius, sans trop se mettre en avant.
La femme, qui à présent n'émettait plus aucune lueur dorée, cassa brutalement en deux la dernière branche qui l'empêchait de se sortir de son embarras. Elle leva ensuite un regard boudeur vers Sirius qui put l'observer plus en détail. Petite, à l'allure svelte et nerveuse, elle aurait pu être jolie si son visage maussade et crispé n'était pas défiguré par toutes sortes de grimaces peu avenantes.
" Ouais. Mort. Héros. Je sais, je suis en retard.
- Euh, non, c'est rien, je viens d'arriver.
- Si vous saviez ce que je m'en tape. "
L'asiatique dézippa la fermeture de sa veste en cuir rouge, et fouilla dans sa poche intérieure pour en retirer sèchement un parchemin.
" Alors, lut-elle machinalement, en vertu de l'acte 348 de La Grande Charte Héroïque du Grand Intendant Volker 8, élu pour la dix-septième Alternance du Monde d'En-Dessous, vous êtes, Cyrrus White ...
- Sirius Black. "
Elle fronça les sourcils, ce qui eut pour effet d'accentuer encore ses grimaces sur son visage, et brandit un stylo en or grâce auquel elle ratura frénétiquement son parchemin, avant de se remettre à sa lecture.
" Vous êtes, Sirius Black, disais-je, convié officiellement par Volker 8, à rejoindre le staff d'ordre V du Monde d'En-Dessous, sous ses commandements directs, et à valider votre statut de Héros, afin d'accéder au rang honorifique d'AO. Signez ici, s'il vous plaît. Précédé de la mention, clamé et approuvé. "
Devant le regard de feu de la femme, Sirius n'osa rien objecter, ni demander ce qu'était un staff d'ordre V ou un rang honorifique d'AO. Il signa son nom sur le parchemin de la jeune femme qui le reprit aussitôt pour continuer à déclamer.
" Vous êtes toutefois, en vertu des conditions de viabilité éternelle des âmes décidées par La Vie au Commencement, convié à choisir de renoncer à votre nomination honorifique, et à emprunter l'une des deux Voies Argentées pour y vivre votre éternité.
- Euh ... J'aimerais bien faire un choix, mais je ne comprends rien.
- Très simple, marmonna-t-elle. Ou vous choisissez d'être une âme de Héros pour l'éternité, ou vous choisissez d'être une âme tout court pour l'éternité.
- Si je décide l'une ou l'autre, je pourrais toujours voir James et Lily Potter ? "
Au vu de la mine navrée qui lui offrit la femme, il existait probablement des questions plus pertinentes à poser, mais Sirius était trop perdu pour penser à autre chose.
" James Potter et Lily Evans ont validé leur statut de Héros.
- Ah. Bon. Alors, jetons-nous à l'eau, je signe où ? "
La femme fouilla alors de nouveau dans sa combinaison rouge et en sortit un sorte de formulaire qu'elle donna à Sirius.
" Signez, c'est rempli au préalable. "
Sirius jeta tout de même un coup d'œil et constata que sur plusieurs pages, le formulaire contenait tout un tas de détails sur sa vie, depuis sa naissance jusqu'à sa mort, annoté de certifications d'âme héroïque signées des mains même de James et de Lily. Apparemment ses deux amis, depuis la mort, voulaient qu'il rejoigne leur club. Il haussa les épaules et signa. De nouveau, la femme lui arracha presque le papier des mains, puis ramassa toute sa paperasserie dans sa combinaison. Elle poussa un soupir, se força à esquisser un sourire, et croisa ses mains dans un attitude posée.
" Bienvenue au Monde d'En-Dessous. Je suis Bian, votre guide. Je vous aiderai à valider votre statut de Héros. Au préalable, vous devrez avoir un entretien avec le Grand Intendant. Suivez-moi.
- On prend le chemin Ici ou Là ? "
Bian haussa les épaules, dédaigneuse.
" C'est bon pour les autres. Vous, vous prenez la voie royale. "
Elle tendit bien raide son bras gauche vers la forêt noire, et suivant le sillon de son bras, des étincelles d'or jaillirent dans l'air et tracèrent au beau milieu des arbres obscurs tout un chemin dallé d'or.
" Allez on traîne pas.
- Waw, c'est ...
- J'AI DIT ON NE TRAÎNE PAS ! "
Bian se mit soudain en colère sans raison, et elle apparut toute auréolée d'une aura dorée, grandit, devint même presque immense, deux longues et majestueuses ailes d'or surgirent de ses flancs pour se déployer au-dessus de Sirius, tandis que sa chevelure prenait une teinte dorée et que ses deux yeux noirs et sévères devenaient ambrés. Sous la surprise, Sirius trébucha et se retrouva allongé dans l'herbe bleue-verte, ébloui par l'Ange d'Or qui paraissait très en colère après lui, inexplicablement.
" Tu te rappelles mon prénom ? cria-t-elle d'une voix aussi puissante et froide que l'or.
- Euh ... Bian ?
- Et tu sais ce que signifie Bian en chinois ?
- Non, je ...
- CA VEUT DIRE IMPATIENTE ! "
Aussitôt, toute lueur dorée se dissipa, Bian reprit une taille normale, et ses deux ailes d'or rentrèrent dans ses flancs, comme si de rien n'était. Elle arrangea sa combinaison rouge et soupira.
" Tu as compris ? Je n'aime pas perdre mon temps. Allons-y. "
Bouche bée, Sirius acquiesça et se releva en silence. Pensant fugitivement que si sa mère avait loué les services d'une Nounou comme elle quand il était petit, il serait devenu probablement un parfait petit Serpentard modèle, il la suivit, empruntant la voie pavée d'or. Lorsqu'ils s'enfouirent dans la Forêt Obscure, Sirius crut voir un des arbres lui faire un signe et il entendit des murmures amusés disant à peu près " elle a encore fait le coup des ailes à un nouveau ... ". Il ne releva pas, et se concentra pour suivre du mieux qu'il le pouvait les vacillements délicats et pressés de Bian qui ouvrait la marche. Après un voyage à la fois court et interminable, ponctué de remarques amusées ou dédaigneuses venant de créatures invisibles dans la Forêt Obscure que Sirius n'essayait même plus d'identifier, Bian s'arrêta tout net.
" Bouche-toi les oreilles, Héros. Ca va faire du bruit. "
Sirius ouvrit la bouche pour tenter de comprendre, mais Bian l'entraînait déjà à sa suite hors de la forêt. Là un bruit assourdissant ressemblant à une fanfare du tonnerre des cieux explosa dans ses oreilles. Il tenta de voir ce qu'il se passait au juste tout autour de lui, mais il était ébloui par la lumière intense après avoir erré un temps indéfini dans une forêt sans lumière. Il percevait tout juste une foule, par les silhouettes, et par leurs exclamations joyeuses. Il pleuvait des sortes de confettis, mais Sirius n'en avait jamais vu de tels, et puis il se trouvait bousculé de toutes parts, par Bian, qui continuait à le guider, comme un chien en laisse. L'envie de se transformer en Patmol lui chatouilla le ventre, mais il réalisa soudain qu'il ne pouvait plus. Une tristesse insondable l'envahit soudain, mais il n'eut pas le temps de se demander s'il avait toujours la capacité de pleurer, qu'une large silhouette se dressait devant lui.
" Sirius Black, je suis Volker 8, Grand Intendant du Monde d'En-Dessous. Bienvenue ! "
A Suivre au chapitre 3 : LES ARCADIANS
Réponses aux reviews :
Ilys : Salut ! Je suis ravie que tu aies accroché à ma fic ! Les updates seront rapides, toutes les une ou deux semaines, selon le travail que j'ai à abattre et le temps dont je dispose. J'espère que la suite sera à la hauteur de tes espérances !
Nanou : Merci beaucoup pour tes compliments ! Sinon pour répondre à ta question sur les Arcadians, ils sont effectivement tout droit sortis de mon imagination. Pour leur nom, je me suis juste inspirée des Arcadiens, peuple vivant autrefois en Arcadie, dans le Péloponnèse. Les poètes la décrivaient comme une terre d'accueil idéale où tout le monde vivait heureux (même si en fait c'était surtout une terre rocailleuse et bof quoi, pas très genre club med). Cela dit, je n'ai pas choisi ce nom en référence directe aux arcadiens, mais tout simplement pour les racines du mot : ARCADIens-ARCADIans-ARCADe-ARCher. Car tout est censé être lié dans l'histoire. Voilà ! Sinon, Remus est également un de mes personnages préférés (peut-être même mon préféré) et je compatis pour tes études de sciences, ça a l'air aussi palpitant que le droit !
Flammula : Oui je sais qu'il y a une grosse différence de tons entre le prologue et le chapitre 1, mais d'une manière générale, tout du long de l'histoire, les chapitres concernant Sirius seront un peu plus déjantés que ceux concernant Harry. Pour une simple et bonne raison : je voulais mettre en relief le fait que pour Sirius il ne subit pas la mort, il s'embarque dans une sorte de nouvelle aventure. Par contre pour Harry, comme pour tous ceux qui restent, il n'ont que le deuil, ce qui est beaucoup plus difficile à surmonter. Sinon je suis ravie (façon de parler) que tu aies été touchée par ce chapitre 1 ! Moi qui le trouvais trop méthodique et descriptif et pas assez émouvant ! L'enterrement aura lieu au chapitre 3 et j'ai effectivement une idée très précise de tout ce que va se dérouler dans la fic (j'ai un synopsis complet et même une chronologie des événements pour m'aider lol!). Encore merci pour ta review !
Ange de un cisme : Salut ! (je comprends rien à ton pseudo, lol) Merci pour ta review ! Effectivement on reverra la Mort, d'ailleurs tu as pu constater qu'elle était présente dans ce chapitre. Dans la suite de l'histoire, on ne la reverra pas beaucoup rapidement, mais elle reviendra, notamment régulièrement à la fin (comment ça, ça veut dire qu'il y aura des massacres ? Meuh non, vous êtes trop pessimistes …)
Karine : Merci pour ta review Karinounette ! C'est vrai que Harry n'est pas facile à ne pas rendre insupportable, alors j'ai essayé de le traiter le plus sobrement possible, mais avec un angle : adolescent mal dans sa peau qui lui va plutôt bien et le rend plus sympathique je crois. Quant à Lupin, c'est un bonheur de le faire parler ! Il est tellement … Lupin ! C'est-à-dire génial, lol. Je crains qu'on ne revoie plus les Dursley avant la fin de l'histoire à présent, ils ont fait un passage éclair dans ma fic, mais je ne voyais pas l'utilité de faire trop durer le passage vivons-gaiement-chez-les-moldus (sponsor, Harry Potter). Tes autres compliments sont bien trop élogieux pour que je les mérite, donc je n'y réponds pas lol ! Allez hold on, Karine, à bientôt !
Soph : Salut ! Bon, je te rassure ma crise Bridget Kiça ? m'est passée. Il se trouve que j'ai eu une envie de Colin Firth (mwaaaah) or je n'avais aucune envie de voir le Film 2 qui m'a l'air pourrave, ni le 1 parce que je ne savais pas où j'avais rangé ce DVD à la c, donc j'ai relu en diagonale le Journal de Machin. Y avait plus qu'à imaginer Mark Darcy avec la tronche de Colin et … Bref, je suis hors sujet. Mais tu sais que ma crise a duré plusieurs jours ? J'ai même commencé à écrire une fic sous forme de journal qui s'appelait « Grandeur et Décadence : l'épopée des Maraudeurs à Poudlard ». J'ai gratté cinq pages puis j'ai abandonné, réalisant que je n'avais pas que ça à faire ! Bref, l'Archer, ta review … Merci beaucoup pour tes compliments, et effectivement les délires sur les rites mortuaires sont importants dans l'intrigue. Ils tiennent même la place centrale donc … Ouf, c'est intéressant, je l'ai échappée belle ! Sur la question de l'Archer, à savoir qui ou ce qu'il est, je crains qu'il ne faille attendre le chapitre 9 pour avoir plus de renseignements à son sujet … Mais les MAJ sont rapides (toutes les semaines, hey, je m'étonne moi-même !). Tout ce que tu dis sur Harry me fait plaisir puisque c'est exactement ce que je voulais faire passer. Quant au bottage de fesses de Dumbledore, ce n'est pas prévu. A la place j'ai opté pour une indifférence froide qui va basculer au chapitre XX. Mais ce n'est pas central dans l'histoire, encore que déterminant dans le dénouement final. Mais je m'égare. (au moins mes digressions prouvent-elles que j'ai toute l'histoire précisément dans ma tête) Au sujet de Lupin (Mumuuuuuuuus !), j'avoue que j'ai un brin de groupisme en moi à son évocation, et il tiendra une place importante dans l'histoire. Quant au fait de lui apporter un peu de bonheur et de chance dans sa vie de triste louloup solitaire … Cf chapitre 4. Au fait, si tu adores détester les Dursley, Karine écrit une fic somptueuse en ce moment centrée sur eux ou plutôt sur ce cher Dudley et qui est irrésistible ! Je lui fais de la pub de suite, sinon je sais qu'elle ne la publiera pas, la chipie ! Et enfin, concernant les Arcadians, première apparition au chapitre suivant ! Valààààà j'ai tout dit, alors à bientôt !
PS : si je trouve le génie de la lampe, je t'enverrai des signaux de fumée codés. Chuis partageuse !
