L'Archer
Disclaimer : Bon ben je ne gagne rien en écrivant cette fic, mais c'est pas grave, je suis tout de même très contente de l'écrire ! JKR rocks !
Résumé : Sirius est mort et découvre perplexe le Paradis des Sorciers. Harry entre en Sixième Année à Poudlard et va de surprises en surprises, de rencontres en rencontres. Voldemort s'intéresse de trop près à une mystérieuse créature appelée l'Archer, clé de la toute-puissance. Que se passera-t-il si le puissant mage noir s'empare des pouvoirs de l'Archer ? Le monde des morts et celui des vivants s'en relèveront-ils jamais ? Fin avant la sortie du Tome 6.
Mot de Wam : Merci à mes testeuses habituelles, et aux reviewers du chapitre précedent : Ilys, Kazy et Karine (un peu la flemme de faire des réponses personnalisées, et comme il n'y avait pas de remarques particulières ni d'explications à donner, je me contenterai de vous dire que ça m'a fait beaucoup plaisir !). Voilà sinon, je n'ai rien de particulier à dire sur ce chapitre 3, à part que je l'aime bien (Mumuuuuuuuuuuus) et que j'ai pris beaucoup de plaisir à l'écrire. Voici enfin les prêtres Arcadians et vous en saurez un peu plus sur l'Archer ! Ah, et puis sinon, aux lecteurs de mon autre fic en cours, Chatte Noire Chat Blanc, normalement, le chapitre 9 sera en ligne le week-end prochain, et le 10 devrait suivre rapidement. Voilà ! Bonne lecture, R&R please !
CHAPITRE 3
LES ARCADIANS
Harry s'écrasa lourdement dans l'herbe. Sans prêter garde à son mal de dos aigu, causé par la chute, il porta instinctivement sa main à son ventre, comme pour s'empêcher de vomir. Il détestait les portoloins, c'était encore plus désagréable que de voyager par la Poudre de Cheminette. C'était vrai qu'il adorait toutes les astuces et habitudes des sorciers, mais les moyens de transport, ça, il ne s'y ferait jamais. Il préférait de loin un bon train, une bonne voiture, voire même le métro ou le bus. Bon, il y avait bien le balai également, mais il aimait plutôt à le chevaucher pour jouer au Quidditch. Et sur de longues distance, même son Éclair de Feu finissait par être inconfortable.
" Pas de mal, Harry ? " s'enquit Lupin en lui tendant la main pour l'aider à se relever.
L'adolescent saisit cette main charitable sans broncher, et ne répondit qu'une fois debout, dépoussiérant son jean trop grand, ayant autrefois appartenu à Dudley.
" Ca va, mais j'ai hâte d'apprendre à transplaner ... maugréa-t-il.
- Crois-moi, au début, le transplanage n'épargne pas plus nos pauvres estomacs. C'est une question d'habitude. "
Harry hocha la tête, un tantinet sceptique, puis se rendit compte qu'il tenait toujours le portoloin, une statuette en bronze représentant un gobelin, dans sa main droite.
" Cache-le dans un de ces buissons, veux-tu ? lui demanda Lupin tout en fouillant dans ses poches pour retrouver sa montre à gousset. Cet endroit n'est pas très fréquenté par les Moldus français, mais sait-on jamais ? "
L'adolescent s'exécuta tout en regardant tout autour de lui. Alors c'était ça, la France ? Pas de quoi en faire tout un plat, ça n'avait rien de très différent de l'Angleterre. Harry se demandait vraiment pourquoi Hermione s'extasiait toujours sur ce pays, et encore plus pourquoi les Granger souhaitaient chaque année y passer les vacances. Après tout, le paysage n'était pas si différent, et les arbres qui l'entouraient dans ce petit bois étaient les mêmes que ceux qu'on pouvait trouver chez eux. Il haussa les épaules et s'assura que le buisson dans lequel il avait camouflé le portoloin était assez touffu.
" Dites-moi Lupin, je croyais que c'était très compliqué d'installer un portoloin ?
- Ca l'était avant, parce qu'il faut rendre des comptes au Ministère. Mais maintenant, Dumbledore et les membres de l'Ordre peuvent obtenir ce dont ils ont besoin plus facilement. Et je t'ai déjà dit de m'appeler Remus.
- Pardonnez-moi, c'est l'habitude. "
Lupin esquissa un sourire qui s'effaça rapidement derrière un masque de gravité.
" Bon, tu es prêt ? "
Harry sentit son estomac se contracter. Depuis la minute où son ancien Professeur était venu le chercher au saut du lit à Privet Drive pour l'emmener avec lui, il avait été tellement pris par l'idée de quitter enfin les Dursley, et par les contraintes du voyage, qu'il en avait presque oublié le but de cette escapade matinale. L'enterrement de Sirius.
Il croyait que ça lui ferait mal, très mal, mais en fait, il se sentait plutôt calme. Stressé et angoissé à l'idée de mal faire les choses, de paraître idiot devant les mystérieux Arcadians, et de mal accompagner son Parrain, mais bizarrement, depuis que Lupin lui avait dit que le corps de Sirius avait été retrouvé, il se sentait comme soulagé d'un poids. Sans doute parce que jusque-là, il n'arrivait toujours pas à se faire à l'idée de sa mort. Il allait pouvoir lui dire vraiment au revoir, même si c'était à contrecœur, mais ce serait déjà mieux que de se morfondre toutes les nuits dans son lit, et de rêver de l'Arcade, s'attendant à le voir ressurgir sans crier gare.
Au moins, à présent, sa disparition était définitive, et il pourrait commencer à s'y habituer, même si au fond de lui, il ne le voulait pas.
" Je suis prêt, finit-il par répondre à Lupin, fermement. Où allons-nous ?
- Les Arcadians ont un temple, ici, au fond des bois. Dissimulé aux regards des Moldus, qui, si par mégarde tombent dessus, le prennent pour un tumulus.
- C'est quoi un tumulus ?
- Une sorte de très vieux caveau, qu'utilisaient des Moldus autrefois. Mais je ne m'y connais pas très bien en coutumes funéraires moldues, surtout si elles sont très anciennes ... "
Harry haussa les épaules. Lupin était vraiment très instruit, puisqu'il connaissait même de vieilles traditions moldues dont Harry n'avait jamais entendu parler. Il fallait dire que même à l'époque où Harry était scolarisé dans une école moldue, étant petit, il n'était pas très assidu. D'ailleurs, il ne se rappelait plus grand-chose de ce qu'on lui avait enseigné. A présent, pour lui, le seul savoir qui comptait était celui des sorciers. Il se demanda si Hermione, avec sa grande passion des livres, continuait à dévorer tout ce qu'elle trouvait sur l'histoire des Moldus, ou si elle se contentait du savoir sorcier.
Après avoir traversé le bois aux arbres dénudés par la sécheresse, Lupin fit signe à Harry de s'arrêter et lui désigna une sorte de dôme de terre plutôt imposant percé d'une ouverture rectangulaire assez basse, mais suffisamment haute et large pour laisser entrer un homme de haute taille, courbé en deux.
" C'est là. Le Temple des Arcadians est dissimulé dans ce tumulus. "
Harry haussa un sourcil, assez perplexe. Ce n'était vraiment pas imposant, mais il se rappelait que l'entrée du Ministère de la Magie était une cabine téléphonique défaillante, alors pourquoi pas ? Harry acquiesça puis se tourna vers Lupin, afin de lui faire face.
" Alors, j'y vais ?
- Adrian Shackelbolt, le frère de Kingsley, t'attend à l'intérieur. C'est Kingsley lui-même qui lui a demandé de procéder à l'office. Il nous fallait quelqu'un de confiance. Tu sais, Sirius n'a pas encore été innocenté officiellement. Maintenant, presque tout le monde au Ministère de la Magie se doute qu'il n'a jamais été Mangemort, mais personne n'a d'élément assez important pour faire rouvrir son procès et laver son honneur. "
Lupin marqua une longue pause, et Harry lut dans son visage grave et réfléchi, qu'il s'était promis d'innocenter Sirius, même si c'était à titre posthume. Ce qui approfondit encore l'estime et la reconnaissance que l'adolescent éprouvait pour l'ami de son père. Il était soulagé de savoir qu'un jour ou l'autre, le monde saurait qui était vraiment Sirius. Et il ferait tout pour aider Lupin à le prouver.
" En attendant, finit par reprendre Lupin, Sirius doit être enterré dans la clandestinité. Les condamnés et évadés d'Azkaban, sont tous enterrés là-bas, d'ordinaire. Mais c'est très déshonorant. Alors Adrian Shacklebolt nous a promis de nous aider. C'est un type bien tu verras, il a réuni plusieurs autres Arcadians de son Temple, en qui il a une grande confiance, et leur a demandé de venir ici pour procéder à la cérémonie.
- Les Arcadians sont donc contre Voldemort ? demanda Harry.
- En fait, non. Ils sont censés être neutres. Ils ne s'occupent que des morts, sans distinction, qu'ils soient Mangemorts ou Aurors, bons ou mauvais. Mais Adrian sympathise officieusement pour l'Ordre du Phénix. "
Remus soupira et posa sa main sur l'épaule de Harry.
" Je regrette de ne pas pouvoir assister à la cérémonie ... J'aurais aimé lui dire au revoir ... "
Harry esquissa un demi-sourire.
" Je le ferai pour vous, si vous voulez. "
Le regard d'une profonde tristesse de Lupin luisit d'une lueur douce.
" Tu es quelqu'un de bien Harry. Sirius était très fier de toi, tu sais ... "
Harry baissa les yeux, incapable de soutenir le regard de son ancien professeur, et de plus en plus gagné par le chagrin. C'était trop difficile de parler de Sirius au passé. Ca l'était même simplement de parler de lui, de ce qu'il faisait, de ce qu'il pensait, parce qu'à chaque fois, il se disait qu'il ne le verrait plus jamais parler, agir ou penser. Il avait tellement de mal à le supporter qu'il se demandait vraiment si un jour ça irait mieux.
" Allez va maintenant. Je t'attendrai de l'autre côté. "
Harry ne répondit pas, toujours préoccupé à garder ses larmes pour lui, par fierté, et se détourna sans un regard de Lupin, pour traverser l'ouverture du tumulus. A l'intérieur tout était sombre, et la lumière de l'extérieur peinait à s'engouffrer dans ce couloir de terre. Pour se guider, Harry devait poser chacune de ses mains contre les parois rugueuses, et avançait à tâtons, tentant de se guider à l'oreille. Arrivé à mi-parcours, il aperçut une vague lueur dans l'obscurité, et s'y guida.
La lumière devint de plus en plus forte à mesure qu'il avançait, et au bout du couloir, Harry déboucha sur une immense pièce en forme de demi-cercle, bien plus grande que le dôme lui-même qu'il avait aperçu de l'extérieur, et illuminée par une demi-douzaine de torches flamboyantes accrochées au mur. Impressionné par la majesté et la grandeur de l'endroit dans lequel le sombre couloir débouchait, Harry se tourna sur lui-même pour mieux l'examiner, sous toutes ses coutures. Mais après avoir contemplé de façon panoramique l'endroit, et revenant à son point de départ, il tomba nez à nez avec un homme, grand et noir, aux cheveux crêpés coupés courts et au visage doux. Harry ne put s'empêcher de sursauter.
" Hey ! sourit l'homme, parlant d'une voix posée. Je t'ai fait peur ? "
Harry cligna plusieurs fois les yeux, se remettant de sa surprise, puis tenta de sourire maladroitement.
" Vous êtes Adrian Shackelbolt ? "
Le jeune homme lui tendit la main.
" Enchanté de te rencontrer, cher Harry Potter, lui dit-il tout en lui serrant fermement la main. J'ai beaucoup entendu parler de toi, par mon frère. Enfin, par mon frère, par la presse, et par le monde entier en fait. "
Adrian sourit à pleine dents, ce qui dissipa légèrement le malaise de Harry. Il s'offrit alors le loisir de le détailler physiquement. Le frère de Kingsley Shackelbolt était beau garçon, grand, mais beaucoup moins imposant que son frère, qui avec son crâne chauve luisant et sa boucle d'oreille ressemblait un peu à une sorte de pirate moderne. Mais comme chez son frère, il se dégageait d'Adrian une force tranquille et calme, rassurante, et ses petits yeux profonds, identiques au regard perçant de Kingsley, étaient remplis de bonté et de bienveillance. En fait, Adrian, par son gabarit, était beaucoup moins imposant que son aîné, mais sa robe sombre et brillante d'Arcadian, traversée de deux bandes rouges se croisant sur sa poitrine, lui faisait ressembler à une sorte de samouraï, ce qui n'était pas moins impressionnant.
" Alors, vous êtes un prêtre Arcadian ?
- Tout à fait. Tu n'en avais encore jamais rencontré ?
- Non, avoua Harry. Je ne savais même pas que vous existiez.
- C'est plutôt courant. Les sorciers issus du monde moldu continuent à en apprendre jusqu'au jour de leur mort. Ce qui d'ailleurs les rend souvent plus sages que les leurs au savoir instinctif.
- Si vous le dites. "
Adrian invita Harry à le suivre et tous deux firent quelques pas pour traverser la salle en forme de demi-cercle afin d'emprunter un escalier descendant dans les entrailles de la terre.
" Bon écoute, tes amis de l'Ordre du Phénix ont fait emmener le corps de Sirius Black ici dans la nuit. Nous l'avons préparé, et il repose sur l'autel cérémonial. Tu peux te recueillir quelques instants auprès de lui, avant qu'on ne commence. "
Harry resta paralysé et se sentit comme s'il avait avalé quatre litres d'eau glacée. Il ne laissa rien paraître, mais il était effrayé à l'idée de se confronter au corps de Sirius ainsi qu'à l'inéluctabilité de sa mort. Comme s'il avait lu dans ses pensées, Adrian lui adressa un sourire bienveillant.
" Tu sais, Harry, je comprends parfaitement ce que tu ressens. Depuis que je suis un Arcadian, j'ai rencontré beaucoup de personnes pleurant leurs défunts. Toutes ces personnes étaient envahies par le chagrin, et souffraient douloureusement. Mais aucune n'avait peur. Parce que la mort n'a rien d'effrayant, elle est au contraire très naturelle. Tu n'as plus de souci à te faire pour Sirius Black. Il est en paix maintenant.
- Peut-être que je m'inquiète plus pour ma propre paix.
- Nous en sommes tous là, Harry. C'est le propre de l'humain. Allez, viens, c'est par là. "
Après avoir franchi les dernières marches de l'escalier en colimaçon, ils aboutirent dans une salle immense, toujours en forme de demi-cercle. Un Amphithéâtre, pareil à ceux qu'utilisaient les grecs pour jouer des spectacles dans l'Antiquité. D'après ce qu'avait dit Lupin à Harry, les Arcadians existaient de puis très longtemps, mais s'étaient surtout imposés à la Communauté des Sorciers pendant l'Antiquité. Ces locaux étaient peut-être d'époque, ou alors les prêtres gardaient une architecture grecque par tradition. Adrian emmena Harry près des longues marches des gradins couvrant la pièce sur 180° et lui désigna un autel simple en surélévation sur une estrade hexagonale entourée de six portes, une pour chaque côté. Sur l'autel, il y avait un corps allongé.
" Sirius ... "
Harry retint son souffle en contemplant le corps de son Parrain, recouvert d'un drap noir qui se mouvait légèrement, comme si un courant d'air venu d'on ne sait où dans cet endroit clos et sous-terrain tentait de le réveiller. Adrian soupira tout en le conduisant plus près vers l'autel.
" Tu entends ce silence Harry ? Ca m'attriste toujours lorsqu'une personne part seule ... Heureusement que tu es là pour Sirius Black. "
Harry se sentit alors un peu conforté, et gonflé par les paroles d'Adrian. Il avait raison. Sirius partait seul, alors au moins lui devait être présent du mieux qu'il le pouvait pour lui dire au revoir. Il commençait à saisir l'importance de son rôle dans le départ définitif de Sirius du monde des vivants et voulait se montrer digne de lui. Accompagné d'Adrian, Harry monta sur l'estrade et dès lors qu'il fut face à l'autel, le drap noir recouvrant le corps de son Parrain se souleva doucement, comme si la brise d'air le secouant depuis le départ n'avait attendu que ça. Le tissu, ondulant, et sifflant légèrement, s'éleva au-dessus de leurs têtes, mais resta bien présent, attendant son heure.
Adrian laissa Harry seul, lui murmurant de l'appeler lorsqu'il serait prêt, puis disparut par l'une des six portes entourant l'estrade. Harry revit alors le visage de Sirius. Il se sentit comme avalé dans un gouffre. Il avait l'air tellement paisible, palpable, il était là près de lui. On aurait dit qu'il s'était simplement endormi. Il avait le visage un peu plus pâle, comme lorsqu'il s'était évadé d'Azkaban, mais il semblait à Harry qu'il allait ouvrir les yeux d'un instant à l'autre, qu'il était bien vivant. Puis il se rappela.
Sirius n'était pas si distant avec lui. Il ne l'avait jamais été. Sirius ne resterait pas paisiblement endormi, inaccessible et froid, si Harry était près de lui. Et l'adolescent sut alors, du plus profond de ses entrailles, qu'il était mort. Sirius ne serait plus jamais là pour lui. C'est fini. Et il fallait lui dire au revoir.
Une sorte de détresse l'envahit alors peu à peu. Pas une détresse désespérée, il ne l'était plus, il acceptait. Mais elle était tout de même forte. Très forte. A tel point qu'il sentit soudain sa cicatrice brûler. Voldemort. Il essayait de profiter de sa faiblesse pour entrer dans sa tête. Harry le savait parfaitement dorénavant, il avait fait un peu d'occlumancie l'année précédente avec Rogue. Et même s'il n'était pas très doué, il commençait à s'habituer à tout ça. Il sentait qu'à ce moment précis Voldemort tentait de s'introduire dans sa tête en utilisant ses dons de legilimens. Harry songea qu'il devait se reprendre. Il ne fallait pas qu'il sache où il se trouvait. Il ne fallait pas que des Mangemorts viennent ici pour le tuer et pour tout gâcher. Il fallait que Sirius parte dans la dignité.
Harry se concentra, ferma son esprit du mieux qu'il le pouvait et fixa ses pensées sur Sirius et sur son devoir envers lui.
" Je suis prêt. " dit-il à haute voix.
Et aussitôt, le drap noir qui flottait sans bruit au-dessus de l'autel, redescendit paisiblement, en virevoltant, pour recouvrir de nouveau le corps de Sirius. Tout autour de l'estrade, les six portes s'ouvrirent lentement, laissant apparaître six prêtres Arcadians dont certains avaient les visages masqués d'un voile. Trois d'entre eux, des femmes d'après leur taille et leurs formes, étaient vêtues d'une tenue semblable à celle que portait Adrian à l'arrivée de Harry, sauf qu'elles n'étaient pas noires avec des bandes rouges, mais blanches avec des bandes noires. Les trois autres prêtres, qui n'étaient pas voilés, étaient des hommes et étaient vêtus du même costume cérémonial qu'Adrian. Celui-ci s'approcha de Harry, le prit par le bras pour l'emmener tranquillement à l'écart.
" Nous allons former un cercle tout autour de Sirius, expliqua dans un murmure Adrian en le faisant descendre de l'estrade. C'est pourquoi il faut t'écarter un peu. Tu n'as qu'à t'asseoir sur les marches de l'amphithéâtre.
- Euh ... D'accord ... murmura Harry, la bouche sèche.
- Ne t'en fais pas, tout va bien se passer. Tu es prêt à le laisser partir ?
- Faites ce que vous devez."
Adrian acquiesça puis rejoignit les cinq autres prêtres sur l'estrade. La cérémonie commença. Les trois femmes se mirent à chanter tout doucement une mélopée poignante tout en formant un triangle autour de Sirius. Leur plainte était tellement belle, pure et leurs voix si magnifiques, que le cœur de Harry se serra malgré lui. Puis les trois hommes, dont Adrian, formèrent un autre triangle, à la pointe opposée à celle du premier. Les deux formes triangulaires enlacées l'une dans l'autre ressemblaient un peu à une étoile de David, même si Harry était persuadé que la cérémonie n'avait aucun rapport avec la religion juive moldue. Les trois femmes unies avec les trois hommes devaient symboliser le lien de la vie, et la présence de Sirius au milieu sur l'autel, était la mort qui venait briser l'union. Les hommes ne chantaient pas, mais écartaient les bras et murmuraient des incantations magiques pour produire une sorte de dôme de lumière autour du corps de Sirius.
Harry, qui était pourtant absorbé par le spectacle étrange, à la fois fasciné et terrifié à l'idée de ce qu'ils allaient faire à Sirius, détourna les yeux, ébloui par la lumière éclatante que dégageait le dôme. Et c'est en se retournant qu'il l'aperçut. Une jeune fille d'à peu près son âge se tenait tout au fond de la pièce de cérémonie, les mains sagement croisées devant son ventre, et regardait le dôme sans détourner les yeux, fixe et concentrée. Harry ne sut exactement qui elle était, et se demandait quand elle était entrée dans la pièce, mais à sa façon pragmatique de regarder la cérémonie, il se dit qu'elle aussi devait être là pour le rituel, même si elle n'était pas vêtue comme un Arcadian, et même si elle lui semblait un peu jeune.
Il cligna des yeux, éberlué, puis préféra reporter son regard sur la cérémonie. Il ne voulait pas manquer une seule seconde de ce qui allait arriver à son Parrain. Les femmes continuaient à psalmodier leur doux chant, mais le dôme formé par les trois hommes devenait de moins en moins brillant. Il devenait même terne, et sombre, il s'épaississait, et bientôt, Harry ne put plus distinguer la silhouette de Sirius à l'intérieur. Sans pouvoir se retenir, il se leva d'un bond et s'avança d'un pas, comme s'il pouvait l'aider. C'était stupide, mais il n'avait pas pu s'empêcher d'avoir ce réflexe.
Le dôme devenait à présent très sombre, et plus aucune trace de la lumière éclatante qu'il dégageait au départ ne subsistait. En fait, à mesure que le dôme grossissait et s'assombrissait, la lumière même de l'amphithéâtre s'amenuisait. Une sorte de courant froid parcourut la peau de Harry qui frissonna et eut la chair de poule. Plus la pièce devenait froide et sombre, plus il avait l'impression qu'elle rétrécissait. Il tenta de se fier à son ouïe puisqu'il voyait de moins en moins bien, mais la sorte de courant froid qu'il ressentait s'accompagnait d'un sifflement aigu, comme si une bourrasque de vent s'était introduite inexplicablement dans la pièce close. Un sifflement de plus en plus strident qui couvrait les chants des femmes, (d'ailleurs chantaient-elles toujours ?) et qui couvrait même sa respiration saccadée.
Le dôme finit par absorber toute la lumière de l'amphithéâtre pour laisser place aux ténèbres. Et ce fut dans une obscurité profonde et effrayante que le silence revint. Harry déglutit difficilement. Ses yeux écarquillés tentaient d'apercevoir quelque chose dans le noir, mais la magie des Arcadians avait absorbé la moindre parcelle de lumière ou d'ombre. Le noir était complet et glacial, comme s'il était mort. Le silence plus que l'obscurité était déstabilisant. Les femmes ne chantaient plus, les hommes ne faisaient plus de magie, il n'entendait plus rien, à part sa propre respiration. Une respiration haletante. Une angoisse insidieuse s'empara de lui. Et si ça ne se passait pas comme prévu ?
Il écouta dans la direction de la jeune fille qu'il avait aperçue plusieurs minutes auparavant, mais elle était totalement silencieuse, un vrai fantôme. Peut-être avait-il tort de s'angoisser ? Après tout, il ne connaissait pas la coutume, si ça se trouvait tout se passait bien. Et la seconde suivante lui donna raison. Soudain, la lumière revint dans la pièce, comme une coulée de lave sur une colline, se répandant doucement, glissant sur les marches de l'amphithéâtre, pour rejoindre l'estrade et l'autel. Harry cligna des yeux, oppressé, et il chercha du regard des formes humaines rassurantes. Il vit la jeune fille, qui n'avait pas bougé d'un pouce, debout devant les marches, les mains dans la même position. Il la regarda droit dans les yeux. Elle n'était pas très grande et ne semblait pas très belle à Harry. Avec ses longs cheveux noirs et raides, sa peau blanche, et ses grimaces sur son visage, elle lui faisait penser à Rogue.
Détournant bien vite les yeux avant qu'elle ne remarque son regard insistant, il chercha du regard les Arcadians. Ils ne faisaient plus rien et restaient immobiles à contempler l'autel. Les hommes n'invoquaient plus et gardaient leurs bras baissés. Les femmes avaient cessé de chanter depuis un moment et retiraient les voiles qui les couvraient. L'une d'elle avait de très beaux cheveux blonds et était très belle. Les deux autres femmes semblaient par contre plutôt âgées. Tous fixaient sans ciller le dôme entourant l'autel qui à présent était devenu translucide et qui semblait s'éteindre, se liquéfier au fur et à mesure, pour finalement disparaître. Sirius n'était plus à l'intérieur. Le drap noir qui l'avait recouvert gisait sur la pierre, toujours ondulant légèrement et bizarrement, mais il ne subsistait plus aucune trace du corps de son Parrain.
Voilà, c'était fini. Une tristesse insondable envahit Harry, qui ressentait à présent de douloureuses crampes à l'estomac. Plus rien ne serait comme avant désormais. L'un des Arcadians, Adrian, brisa le cercle, une fois le dôme tout à fait dissipé, et se dirigea vers l'autel. Il souleva le drap noir et Harry remarqua que reposait sur la pierre blanche de l'autel un objet oblong de couleur noire. Adrian le saisit délicatement, puis quitta l'estrade et s'approcha de Harry pour le lui tendre.
" C'est le Don de l'Archer, expliqua l'Arcadian, la voix douce et posée. Il symbolise ton Parrain. Accepte-le. "
Harry regarda l'objet étendu entre les deux mains du prêtre, tendues vers lui et paumes vers le ciel. Une dague noire, d'environ trente centimètres, qui était gravée sur le manche d'inscriptions en argent dans une langue que Harry ne connaissait pas. L'adolescent déglutit puis la saisit assez maladroitement entre ses mains moites, sans la quitter du regard. Elle était lourde et étrangement chaude.
" Tu dois la garder et en prendre soin, expliqua Adrian. Elle représente tout ce qu'était Sirius Black. Elle est le symbole de sa vie passée sur terre, comme une urne funéraire ou une pierre tombale chez les moldus. "
Harry hocha la tête, et la garda précieusement, l'appuyant contre sa poitrine. Puis le cercle autour de l'autel fut définitivement brisé et les autres Arcadians repartirent là d'où ils étaient venus, par les cinq portes. Adrian ne les suivit pas tout de suite et sourit d'un air bienveillant à Harry. L'adolescent se retourna vivement vers l'endroit où la jeune fille aux cheveux corbeau se trouvait l'instant d'avant mais elle n'était plus là.
" La jeune fille qui était ici, elle faisait partie du rituel ? demanda-t-il aussitôt.
- Une jeune fille ? Quelle jeune fille ?
- Vous ... Vous ne l'avez pas vue ?
- Il n'y a que six Arcadians pour procéder à une cérémonie, expliqua Adrian. Personne d'autre. La personne que tu as vu assistait à l'enterrement au même titre que toi. "
Harry était stupéfait. Seule la famille ou un être lié par une cérémonie magique au défunt peut assister à un enterrement sorcier. Il se demanda qui était cette jeune fille. Une famille oubliée ? Pourtant Sirius lui avait décrypté son arbre généalogique, l'année précédente, et les rares membres de sa famille susceptibles de venir, c'est-à-dire qui ne le méprisaient pas, Harry les connaissait. Il s'agissait de membres de l'Ordre du Phénix, et aucun n'avait pu venir. Et même si c'était une consanguine de Sirius que Harry ne connaissait pas, comment avait-elle su qu'il était décédé ? En travaillant au Ministère ? Non, elle était trop jeune ... Elle devait encore faire ses études. Encore que Harry ne l'ait jamais vue à Poudlard.
" Harry ? Ca ne va pas ? s'enquit Adrian rompant le silence.
- Je me demandais ... Comment cette personne a pu savoir que l'enterrement avait eu lieu ici. Ca s'est décidé au dernier moment pour que les Mangemorts ne puissent pas être au courant.
- Probablement un membre de la famille qui a été informé par l'Ordre du Phénix.
- Peut-être. " fit Harry peu convaincu.
Il reporta son regard sur la dague noire que lui avait remise Adrian.
" Adrian .. Je me demandais ... Il y a dû avoir des Dons de l'Archer pour les enterrements de mon père et de ma mère, non ?
- A dire vrai, mon frère Kingsley a pensé que tu aimerais le savoir, et m'a demandé de les rechercher pour toi. Celui de ta mère n'a jamais été réclamé. Elle était issue d'une famille moldue qui ne connaissait pas nos coutumes, et le seul sorcier auquel elle était liée par une cérémonie magique, était ton père. Dans ces rares cas, les Arcadians conservent les Dons, dans les cryptes des Temples. J'ai pris la liberté d'emmener pour ce voyage celui de ta mère, afin de te le remettre. "
Harry resta chancelant pendant une fraction de seconde. Il réalisa avec horreur que jusqu'à l'enterrement de Sirius, il ne s'était jamais interrogé sur celui de ses parents, ni sur ce qui avait bien pu advenir de leurs dépouilles. A l'idée de s'y confronter, il fut submergé par des émotions glaçantes qui lui donnèrent des sueurs froides. Ca lui faisait peur.
"Et celui de mon père ?
- Comme tu le sais, puisque tu as été confié à la famille de ta mère, ton père n'avait plus non plus de famille encore vivante. Ton grand-père et ta grand-mère, les parents de James, ont été tués pendant la Première Guerre contre Tu-sais-qui. Mais, il était lié magiquement à un homme qui a assisté à son enterrement, et qui a pris le Don de l'Archer. J'ignore ce que c'était, nous ne conservons pas de traces de ces choses-là.
- Et qui est l'homme qui s'est vu remettre le Don ?
- Je ne connais pas son identité. Mais des amis de ton père doivent le savoir, demande à ce cher Remus Lupin. En attendant, je vais te remettre celui de ta mère. "
Adrian fit signe à Harry de le suivre, jusque sur l'estrade, puis il se dirigea vers l'une des six portes, de laquelle Adrian avait lui-même débouché pour procéder au rituel. Harry le suivit gauchement et hésita légèrement sur le pas de la porte. Il se demandait ce que pouvait bien cacher cette mystérieuse pièce, mais après l'avoir embrassée du regard, il fut plutôt déçu. La porte menait sur une toute petite pièce exiguë, et faiblement éclairée, une sorte de loge rudimentaire. Celle d'Adrian avait le gros de son espace complètement absorbé par une grosse malle imposante avec laquelle il voyageait probablement et dans laquelle devaient se trouver toutes ses affaires.
A gauche de la porte, une penderie à laquelle étaient accrochés une robe de sorcier passe-partout, et un autre vêtement de prêtre Arcadian plus rudimentaire que la tenue de cérémonie que portait à cet instant Adrian. A droite, une maigre étagère bancale sur laquelle reposaient tout un tas d'instruments ésotériques. Harry en avait déjà vu certains à Poudlard ou dans les boutiques du Chemin de Traverse, mais il devait avouer qu'il ignorait la nature comme l'usage de la plupart d'entre eux. Adrian ouvrit la malle et sur la pile de linge du dessus se trouvait une sorte de chiffon sombre que le jeune prêtre saisit. Il défit le morceau de tissu soyeux pour découvrir à l'intérieur un pendentif.
" Tiens, prends-le. C'est ce qu'a remis l'Archer en échange du corps de ta mère. Il te revient. "
Harry saisit le pendentif et tandis qu'il pendait au bout de sa main, il réalisa qu'il ne s'agissait pas tout à fait d'un pendentif, mais plutôt d'une amulette. Une amulette verte et brillante, comme l'espoir. Un objet protecteur, comme l'avait été sa mère dans sa mort. Le cœur de Harry lui chuchota une complainte de reconnaissance muette tandis qu'il serrait entre ses doigts ce qui représentait si bien sa mère : réconfort, protection et mélancolie. Harry soupira. Tout cela, c'était peut-être un peu trop pour la même journée.
" Cet ... Archer ... Qu'est-ce qu'il fait d'eux ?
- Je ne peux pas te le dire Harry.
- Pourquoi gardez-vous tout ce que vous faites secret ?
- Pour protéger les gens. Percer les secrets qui résident entre le monde des vivants et le monde des morts est une affaire délicate. Ce n'est pas donné à tout le monde. Et tout le monde ne peut pas supporter la vérité. Tout ce que je peux t'assurer, t'assurer avec une certitude telle que je le jurerais sur ma vie et sur celle des miens, c'est que ta mère, ton père, et Sirius Black, sont en paix là où ils sont. Et qu'ils aimeraient que toi aussi tu vives en paix.
- Ca, c'est impossible. "
Harry soupira, et passa l'amulette autour de son cou. Puis il se redressa, serrant fort entre ses doigts la dague noire de Sirius.
" Adrian, j'ai été heureux de vous rencontrer, mais je vais y aller à présent. On m'attend. "
Adrian hocha la tête, soucieux.
" Tu veux bien rester encore un moment ?
- Il y a quelque chose que je dois faire ?
- Non, la cérémonie est bien terminée. Mais il y a des personnes ici qui souhaitent te rencontrer.
- Moi ?
- Ca ne sera pas long. Fais-moi confiance. "
D'ordinaire, Harry se méfiait des gens qui lui demandaient de leur faire confiance, mais Adrian lui inspirait beaucoup de sympathie. Et puis c'était bien le frère de Kingsley Shackelbolt non ? Lupin le lui avait confié et lui avait même assuré qu'il était sympathisant de l'Ordre du Phénix. Il n'avait rien à craindre de lui. Harry hocha alors la tête.
" Oui d'accord, si c'est rapide. "
Harry quitta alors la loge à la suite d'Adrian, par une porte dérobée dissimulée dans le décor qu'il n'avait pas remarquée. Ils traversèrent quelques couloirs, l'adolescent s'étonnant de l'immensité du Temple sous la terre. Après un court moment à dévaler les couloirs en silence, Adrian l'intima à s'arrêter devant une large double porte faite d'un bois sombre. Il frappa solennellement et une voix chevrotante de vieille femme l'invita à entrer.
Les deux lourds battants s'ouvrirent alors comme par enchantement et Harry et Adrian se retrouvèrent sur le seuil d'une salle pas très grande mais très longue. Décorée plutôt fastueusement, comparée aux autres pièces que Harry avait pu apercevoir, il lui sembla que c'était un endroit important, d'ailleurs occupé par des gens importants. Il y avait devant lui six personnes. Harry avait déjà vu cinq d'entre elles, des prêtres qui avaient officié lors de la cérémonie. D'ailleurs, ils étaient toujours en tenue, sauf une femme assez âgée, au visage sévère, aux cheveux noirs, parsemés ici et là de cheveux gris et blanc. Face à elle, deux autres femmes, une très âgée, à qui, le supposait Harry, appartenait la voix qui les avait invités à entrer. A ses côtés, la jolie prêtresse aux cheveux blonds et au beau visage qu'il n'avait pas pu s'empêcher de regarder avec insistance à l'issue de la cérémonie. Le jeune garçon surprit d'ailleurs sans le vouloir un regard intense entre elle et Adrian.
" Entrez je vous en prie, ne restez pas sur le pas de la porte ... " dit la vieille femme à la voix chevrotante.
Harry fit un pas en avant tandis qu'Adrian ordonnait aux portes de se refermer derrière eux. L'adolescent poursuivit son inspection des Arcadians présents dans la pièce et assis autour d'une longue table noire ovale qui remplissait presque toute la pièce. A côté de la belle blonde qui faisait un certain effet à Adrian Shacklebolt, se trouvait un homme grand et maigre, au visage maussade, qui ne cessait de fixer Harry. Ou plutôt, le devinait-il, qui ne cessait de regarder fixement sa cicatrice. Le jeune homme éprouva aussitôt en conséquence une forte antipathie pour lui. De l'autre côté de la table ovale, assis près de la prêtresse peu commode aux cheveux noirs et gris, un homme petit et massif, à demi-chauve, qui avait le regard fuyant. Harry se sentit également mal à l'aise avec lui. Son attitude lui faisait penser de façon nauséeuse à celle de Peter Pettigrow. Il avait appris à se méfier des gens qui ne le regardaient pas dans les yeux.
Et puis, tout au bout de la table noire et ovale, comme présidant à la réunion, un homme très âgé, très grand et très mince. Il avait les cheveux courts et blancs, mais son visage se cachait derrière une immense barbe, aussi longue que celle de Dumbledore. D'ailleurs, le vieil homme lui faisait étrangement penser au directeur de Poudlard, avec son nez également aquilin, et ses petits yeux bleus intelligents. Il portait une tenue d'Arcadian entièrement blanche et ornée d'inscriptions que Harry ne comprenait pas, mais il lui sembla que cela voulait dire qu'il était un personnage important. C'était idiot à dire, mais d'après son expérience chez les notables sorciers, plus on avait de barbe, plus on était sage. Et plus on était sage, plus on était important. Raisonnement un peu bancal, qu'un jour ou l'autre il devrait s'efforcer de réviser. Après, tout, si on prenait le cas de son ami Ron, il pouvait se laisser pousser une barbe de deux mètres que ça ne lui ferait pas prendre de plomb dans la cervelle ...
" C'est le Conseil des Arcadians, lui murmura Adrian à l'oreille, interrompant ses pensées. Des gens très importants. Le Grand Prêtre a tenu à te rencontrer.
- Moi ? Pourquoi ? "
Adrian ne répondit pas, et tapota amicalement l'épaule du jeune garçon avant de se diriger vers la table ovale et de s'installer à droite, aux côtés du petit homme au regard fuyant. Harry vit à l'autre bout de la table l'homme très âgé et ressemblant à Dumbledore se lever, avec majesté. Il pensa qu'il s'agissait probablement du Grand Prêtre dont Adrian venait de lui parler. Il lui sourit et l'invita d'un geste à s'asseoir.
" Harry Potter, c'est un grand plaisir de te rencontrer. "
Harry s'assit de l'autre côté de la table, face au Grand Prêtre, assez gauchement, embarrassé par tous les regards qui le dévisageaient. Certains curieux, d'autres ravis, et d'autres beaucoup moins ravis. Assez classiques, en somme, comme réactions devant sa " célèbre et néanmoins empoisonnante cicatrice " ...
" Merci Adrian de nous l'avoir amené, poursuivit le Grand Prêtre en parlant assez solennellement. Tu dois te demander ce que nous te voulons, mon jeune garçon. Tu aimerais probablement qu'on te laisse tranquille, après l'épreuve que tu viens de subir.
- Pour être franc, oui, j'aimerais bien qu'on me fiche la paix. Mais ça n'est pas prêt d'arriver. "
Harry avait mis plus d'agressivité dans sa voix qu'il ne l'aurait voulu, ce qui se remarqua d'ailleurs et fut surligné par quelques murmures indignés parmi les Arcadians assis tout autour de lui et qui le dévisageaient. Ainsi la prêtresse au visage sévère et aux cheveux noirs et gris s'était redressée, piquée au vif, ainsi que le petit homme au regard fuyant. L'Arcadian grand et maigre, au visage maussade, fixait Harry d'un regard mauvais. Mais le Grand Prêtre ne s'en formalisa pas et esquissa même un sourire.
" Je te comprends parfaitement. Aussi serai-je bref. Mais laisse-moi d'abord te présenter aux humbles membres de cette assistance. Voici la noble Lekara Terona, l'une des sept Arcadianes du Cercle, nos protectrices, dit-il en désignant la femme à l'allure stricte, qui inclina tout de même la tête vers Harry, par signe de respect. Et voici Rachel Parkinson et Juhny Teaspoon, qui ont procédé à la cérémonie d'accompagnement de ton Parrain, aux côtés de Lekara. "
Harry regarda les deux autres prêtresses, assises à sa gauche, qui le saluaient en souriant. Il supposa que la plus âgée, au regard avenant, était la prêtresse se nommant Rachel Parkinson, et qu'au contraire, la belle femme blonde ayant l'air de plaire particulièrement à Adrian, était Juhny Teaspoon. A sa droite, Lekara Terona, avec ses cheveux noirs et gris serrés dans un chignon, le mettait toujours mal à l'aise, même si en somme, elle lui faisait penser à McGonagall.
" Parmi les trois hommes qui ont participé à la cérémonie, poursuivait le Grand Prêtre, tu connais déjà Adrian, et voici, Jules Winsfield et Patric Doggett. Ils sont des Prêtres du Cercle, des figures importantes de la communauté des Arcadians, tout comme les Arcadianes protectrices du Cercle. L'un d'eux sera mon successeur à ma mort. "
Harry regarda attentivement les deux hommes. Jules Winsfield était cet Arcadian grand et maigre au visage maussade qui n'inspirait pas du tout confiance au jeune homme et qui de toute façon le fixait d'un air franchement hostile. Quant au dénommé Patric Doggett, Harry ne put croiser son regard, puisque celui-ci persistait à vouloir le fuir. Il pensa vaguement qu'il ne souhaitait pas voir l'un ou l'autre succéder au Grand Prêtre, son instinct lui commandant fortement de se méfier d'eux.
" Tu dois te demander pourquoi nous t'avons fait venir, cher Harry Potter, lui demanda alors le Grand Prêtre.
- Effectivement.
- As-tu entendu parler des troubles agitant notre communauté ? "
Harry haussa les sourcils, un peu perplexe, et chercha du regard le soutien de Adrian, qui malheureusement ne lui fut pas d'un très grand secours, puisqu'il observait fixement Juhny Teaspoon.
" Euh ... Non ... finit-il par avouer.
- Par contre, j'imagine que tu dois savoir que Lord Voldemort est de retour ? "
Harry se sentit un peu mal à l'aise. Il se demandait vraiment où le Grand Prêtre voulait en venir. Il remua nerveusement sur son fauteuil qui grinça.
" Oui bien sûr que je le sais, répondit-il un peu agressivement, ce qui provoqua une toux nerveuse chez Lekara Terona. C'est à cause de lui que Sirius est mort.
- Et tu sais sûrement que Voldemort tente de regagner en puissance, pour reprendre le pouvoir, comme lors de la première guerre.
- Pourquoi vous me dites tout cela ? "
Le Grand Prêtre se rassit à sa place, à l'autre bout de la table ovale, face à Harry. Jules Winsfield le dévisageait toujours de son regard perçant et hostile, Adrian et Juhny avait cessé de se regarder pour se concentrer sur le Grand Prêtre, Patric Doggett jouait nerveusement avec ses mains évitant tous les regards. Seules Lekara Terona et Rachel Parkinson demeuraient calmes et attentives.
" Parce qu'il semblerait, reprit alors lentement le Grand Prêtre, que l'Ordre du Phénix soupçonne certains Arcadians de vouloir se lier à Voldemort. "
Harry écarquilla les yeux, tout en sentant son cœur s'emballer. Il ne savait pas grand-chose des Arcadians, mais d'après ce qu'il avait vu lors de la cérémonie, et d'après ce que lui en avait dit Lupin, les prêtres étaient extrêmement puissants. Il n'osait s'imaginer ce qu'il adviendrait s'ils se liaient avec Voldemort.
" Écoutez ... articula-t-il faiblement. Je ne vois pas pourquoi vous me dites ça à moi ... Je suis trop jeune pour faire partie de l'Ordre. Je suis juste ici pour enterrer mon Parrain. Si vous avez un problème aussi grave, vous devriez en parler à Dumbledore. "
Le Grand Prêtre eut un sourire et ses yeux brillèrent d'une lueur étrange.
" Sais-tu que la politique des Arcadians est de rester neutre quoi qu'il arrive, et peu important la crise qui traverse la communauté magique ? Sais-tu que nous existons et vivons ainsi depuis plus de trois mille ans ?
- Oui je le sais.
- Nous tenons à notre neutralité. Cela va de pair avec notre fonction. Nous procédons à des cérémonies pour tout sorcier, peu importe ses origines, et ce qu'il a pu faire dans sa vie, nous le faisons sans distinction. Raison pour laquelle nous avons procédé à la cérémonie pour Sirius Black, peu important ce qu'il a pu faire de son vivant, ni ce que l'a amené à Azkaban. Et c'est par souci de neutralité que je ne veux pas contacter ce cher Albus. Et c'est aussi pour ça, que je te parle à toi. De plus, nous autres Arcadians, de par notre position entre les deux mondes, et j'entends par là le monde des morts et le monde des vivants, sommes au courant de beaucoup de choses. Nous connaissons la prophétie te concernant. Et nous savons que tu es au centre de ce conflit, donc bien placé pour entendre ce genre de choses. "
Harry déglutit péniblement. Lui qui avait passé tout l'été à tenter d'oublier cette fichue prophétie, il n'appréciait pas franchement qu'on vienne la lui jeter à la figure.
" Vous voulez que je dise à Dumbledore que vous tenez à rester neutre dans le conflit ? tenta Harry, mal à l'aise à l'idée de parler de choses si importantes avec un homme de cet influence.
- Entres autres choses oui. Tu dois transmettre notre position à l'Ordre du Phénix. Nous ne sommes pas, n'avons jamais été et ne seront jamais au service de quiconque. Que ce soit Lord Voldemort, ou Albus Dumbledore.
- Je ne crois pas que Dumbledore veuille que vous vous mettiez à son service, protesta aussitôt Harry, se sentant le besoin de répliquer. Ce n'est pas son genre. Mais il a besoin d'aide, nous en avons tous besoin si nous ne voulons pas que le monde soit envahi par les Ténèbres. "
Le Grand Prêtre sourit doucement.
" Tu as beaucoup de conviction et de force morale pour un garçon de ton âge. C'est très admirable. Mais comme je te l'ai dit, la neutralité est inhérente à notre fonction. Nous ne pouvons faire de distinction sur les gens que nous envoyons à l'Archer, et c'est pour la même raison que nous ne pouvons prendre aucune position politique. Même si en tant qu'hommes, nous éprouvons toujours certaines obédiences, nous les masquons. Les Arcadians agissent de la sorte depuis la nuit des temps.
- Je crois que je comprends ... murmura Harry avec peu de conviction.
- Bien. Je veux donc que tu transmettes deux choses à l'Ordre ainsi qu'à Albus. La première, c'est que nous refusons une Alliance entre les Arcadians et l'Ordre du Phénix. Cette décision est irrévocable.
- Je vois. Et la deuxième ?
- La deuxième concerne d'éventuels liens que certains d'entre nous auraient avec Voldemort. Comme Albus le sait très bien, la discipline au sein des Arcadians est gérée par le seul et unique Conseil des Arcadians, géré par les Arcadians du Cercle dont tu as deux représentants devant toi et présidé par le Grand Prêtre, à savoir moi-même. Si nous nous apercevions que l'un des nôtres, ce dont je doute profondément, complote avec Lord Voldemort, nous nous chargerions alors de lui faire cesser ses activités allant à l'encontre de notre politique. Et par souci de justice et d'équité seulement, en ferions part à l'Ordre du Phénix. Je répète, si cela arrivait. En échange de quoi, j'exige au nom du Conseil des Arcadians, que l'Ordre du Phénix cesse de nous poser des questions et de nous surveiller sans cesse.
- Je ... Je n'ai pas de pouvoir sur ce que fait l'Ordre ... tenta Harry.
- Tu es notre messager. Ils entendront ce que nous avons à dire par ta bouche. Une dernière chose. Dis à Albus, qu'aucun secret ne sera dévoilé. N'oublie pas. Dis-le lui bien de ma part. "
Harry fronça les sourcils, et la question qui brûlait ses lèvres depuis qu'il avait posé son regard sur cet homme imposant et barbu, sortit par mégarde de sa bouche.
" Et qui êtes-vous au juste ?
- Aledore Pomfred Dumbledore. Son frère. "
Harry resta bouche bée. Il savait que Dumbledore avait au moins un frère, puisqu'il avait entendu parler de Abelforth, qui avait même fait partie de l'Ordre du Phénix, mais il devait avouer qu'il ne savait pas grand-chose de la famille du directeur de Poudlard.
" Nous sommes sept frères, l'éclaira alors Aledore avec un de ces sourires joyeux qui rappelait le directeur de Poudlard à Harry. Que des garçons, ah ça, notre mère a souffert ! Trois d'entre nous nous ont malheureusement quitté. Et il est vraiment dommage que nos fonctions et convictions respectives nous séparent, Albus et moi. Maintenant ... "
Aledore Dumbledore se leva majestueusement et d'un geste magistral désigna les deux lourdes portes à battant qui s'ouvrirent en grand dans son dos.
" Tu peux y aller Harry Potter. Nos vœux t'accompagnent. Sois courageux et tout se passera bien. Et surtout, n'oublie pas de transmettre mon message à Albus : aucun secret ne sera dévoilé. "
Harry, toujours sous le choc des informations importantes qu'il venait d'écouter, eut un moment de flottement, au cours duquel il eut du mal à savoir ce qu'il devait faire. Apercevant Adrian saluer d'un hochement de tête la belle Juhny Teaspoon avant de se lever pour le raccompagner, il décida de se décoller de son siège. Ne sachant que dire au juste, il se contenta de saluer d'un hochement de tête les membres de l'assistance, puis emboîta le pas d'Adrian qui déjà franchissait le seuil.
" Tu vois, ça s'est bien passé, lui dit Adrian après qu'ils se soient engagés dans un nouveau couloir, mettant de la distance entre eux et la salle du Conseil.
- Je ne vois vraiment pas pourquoi il m'a dit tout ça à moi ... " bougonna Harry, dont la tête tournait légèrement.
Harry vit le regard sombre d'Adrian luire dans la semi-obscurité des couloirs qu'ils foulaient d'un pas rapide.
" Kingsley m'en avait parlé ... Il n'arrive pas bien à savoir si tu te sous-estimes ou si tu n'arrives pas à comprendre ton importance ... "
Harry ne releva pas et suivit Adrian, dans une sorte de galerie sombre qui ressemblait à celle qu'il avait empruntée pour entrer dans le Temple. Shackelbolt saisit une torche et partit en premier, guidant l'adolescent. Sur le parcours, il remarqua des gravures et des dessins très anciens sur les parois. Il y voyait une figure bizarre, qui revenait très souvent, représentée sur plusieurs scènes. Un homme très grand, faisant deux fois la taille des autres hommes représentés, qui était tout vêtu de noir et masqué.
" Adrian ... Qui représente cette étrange icône qui revient tout le temps ?
- C'est l'Archer, Harry. C'est la créature avec laquelle nous sommes en contact. Celle à laquelle nous remettons les destins de nos pauvres défunts.
- Elle existe vraiment ?
- Bien sûr. Sinon, que ferions-nous ici ? "
Harry s'arrêta et observant de plus près, il aperçut sur l'Archer, à demi-dissimulés dans son costume sombre et difforme, un carcan et des flèches. La créature, sur une autre représentation, tirait même à l'arc, pointant une flèche brillante contre d'horribles créatures que Harry ne connaissait pas et qu'il ne pouvait réellement décrire puisque les peintures étaient très anciennes et difficilement déchiffrables. Tout en songeant avec perplexité à l'Archer, il se sentit frissonner, un malaise, et sa cicatrice se mit à le brûler horriblement.
Voldemort ... songea Harry. Voldemort, il essaie encore une fois d'entrer dans ma tête. Il doit savoir que je ne suis plus chez les Dursley, et il veut entrer dans ma tête pour surveiller ce que je fais. Saleté de mage noir, sors de ma tête !
Et sans vraiment s'en rendre compte, Harry fit ce qu'il identifia plus tard avec le recul, comme étant de l'occlumancie. Il ferma son esprit, complètement, totalement, le vida, et ne laissa plus aucune pensée subsister en lui, plus une seule jusqu'à ce que la présence étrangère se soit évanouie. Sa cicatrice cessa soudain de lui brûler, et il se rendit compte qu'il était à genoux. Un peu dans le coton, il tâta instinctivement les Dons de l'Archer qu'il avait récupérés, l'amulette protectrice de sa mère qu'il portait autour de son cou, et la dague de Sirius dans sa main, ferme, chaude et réconfortante. Il se sentit alors plus en confiance. Et, toujours les yeux fermés, il murmura " apprendre ".
" Harry ? Harry ça va ? "
Adrian venait de s'apercevoir que le jeune garçon ne le suivait plus, et était à genoux sur le sol terreux du couloir sombre. Il s'approcha de lui, inquiet, et l'aida à se relever.
" Tu as l'air si pâle, que t'est-il arrivé ? "
Harry secoua la tête, blasé, et esquissa un sourire qu'il voulut ironique.
" Oh rien ... Voldemort était dans ma tête, mais je l'ai gentiment et fermement raccompagné vers la sortie. "
A Suivre ...
CHAPITRE 4 : AMBROLISE ET IRMA
POV Harry, où Lupin lui présente des personnages hauts en couleur, où il retrouve de vieilles connaissances et où on rit un peu ! (l'en a besoin, le gamin)
