Disclaimer : L'Univers de Dame Jikaère ne m'appartient pas, pas plus que celui de l'Arme Fatale, de Starsky et Hutch ni de Cagney et Lacey. Voilà, c'était pour le dire.

Note de Wam : Un chapitre que je n'aime pas du tout, et qui fut laborieux à écrire. Le seul passage que j'aime c'est lorsque Remus évoque le passé avec les Maraudeurs, j'aime son point de vue et le ton des dialogues. Sinon, c'est un chapitre de bla bla bla, pas très exaltant, mais malheureusement nécessaire pour plus tard. Alors j'espère que vous ne vous endormirez pas dessus ! Merci à Minip et à Karine. Merci aux reviewers !

CHAPITRE 12

ARCADIANS SOUS SURVEILLANCE

Remus Lupin transplana discrètement dans les environs de l'Auberge des Mordus. Après s'être assuré que personne ne faisait attention à lui, il se dirigea vers l'accueillante bâtisse et franchit la porte tranquillement. Accroché plus qu'assis au comptoir du bar, le vieux Gregor picolait allègrement et Remus fit son possible pour l'éviter. Il n'était pas forcément un grand fanatique des discussions philosophiques aux vapeurs d'alcool et même doté de cette patience d'ange qui lui avait fait supporter des années durant l'amitié chaotique de James Potter et Sirius Black, il se sentait véritablement trop épuisé pour faire des efforts. L'évitant précautionneusement, il se dirigea discrètement vers les escaliers pour rejoindre les étages où il espérait pouvoir s'écrouler dans son lit et dormir quelques centaines d'années.

« Remus, enfin de retour ! »

Lupin se tourna vers Kingsley Shacklebolt, qui venait de l'interpeller. L'Auror avait l'air à peu près autant sur les genoux que lui. Des jours et des semaines et des mois à surveiller sans relâche les activités des prêtres Arcadians, une succession de nuits blanches et de journées noires, voilà qui occupait toutes leurs forces et toute leur énergie. Lupin sourit à son partenaire de l'Ordre, et se traîna plus qu'il ne marcha vers sa table pour prendre place à ses côtés.

« Tu reviens d'une nuit de garde ? » Demanda le grand noir avec un sourire compatissant.

« De trois nuits, en réalité. J'ai pas mal d'endurance, depuis le temps. Et toi ? »

« Je suis rentré aussi ce matin. Je ne supporte pas cette fouine de Winsfield ! Tout en lui respire la lâcheté et l'obséquieux. Comment un type comme ça a pu devenir un Arcadian ? Comment a-t-il pu devenir un membre du cercle ? Le Grand Prêtre Aledore Dumbledore ne vaut pas son frère … »

« Albus a aussi commis des erreurs, rappelle-toi de Quirrell par exemple, ou de Barty Croupton Junior. Les hommes sont faillibles, même les meilleurs. »

« Je sais, mais il ne m'inspire pas une telle confiance que son frère … poursuivit gravement Kingsley. En fait, c'est toujours difficile de juger un Arcadian, car leur vie même ne peut être jugée. Ils vivent sans cesse dans le secret et sont maîtres dans l'art de la dissimulation. Même Adrian, qui est mon petit frère, que j'aime et que je protège depuis toujours … Je ne sais plus vraiment quoi penser de lui. Je sais qu'il est toujours le même brave garçon, mais je ne sais rien de ce à quoi il a dédié sa vie. C'est très perturbant. Que penses-tu des Arcadians, toi ? »

« Moi ? Ils existent depuis si longtemps, et ils sont utiles à la société. Que se passerait-il si on enterrait les sorciers avec leur magie ? Le monde des Moldus deviendrait fou, et ce serait là la moindre des conséquences. C'est frustrant de ne pas savoir ce qu'ils font exactement, de ne pas connaître les secrets de l'Archer, mais sans doute le cachent-ils pour une bonne raison. »

« Je me souviens des jours qui ont suivi l'intronisation de mon frère, murmura Kingsley, pensif. Lors de la cérémonie d'intronisation, les jeunes prêtres Arcadians découvrent pour la première fois le secret véritable de l'Archer. Adrian avait été incapable de parler pendant plusieurs jours après. »

« Je crois que nous n'en savons pas assez pour imaginer ce que ça peut faire … » répondit Lupin avec sagesse.

« Ce Winsfield, j'ai appris qu'après son intronisation il était resté six semaines au lit, malade. Ca ne m'étonne pas vraiment de lui. Il a l'air plutôt faible de caractère. Il m'a repéré plusieurs fois, pendant mes filatures des dernières semaines, et à chaque fois il tremblait comme s'il avait le spectre de la mort après lui. En fait, il agit en permanence comme si la Mort le suivait dans chaque pas. D'après Adrian, le secret des Arcadians le pèse. »

« C'est pour ça que nous le soupçonnons de vouloir se décharger de ce poids auprès de Voldemort … nota sombrement Lupin. Il a de nouveau rencontré des Mangemorts ? »

« Non, rien depuis deux semaines. Mais ce gars-là n'a pas la conscience tranquille. Et de ton côté ? Alors, comment cela se passe avec Patric ? »

« Comme toujours. Il a l'air tellement normal que c'en devient suspect. J'ai rarement vu des suspects se comporter aussi innocemment. C'est d'autant plus perturbant qu'on sait qu'il a toujours épousé les convictions de Voldemort, notamment lors de la première guerre. Mais officiellement il ne l'a jamais rejoint, et n'a jamais trahi sa fonction d'Arcadian. Difficile de l'accuser de quoi que ce soit. Il sait que je le suis, et il brouille les pistes. Je n'arrive pas à lire dans son jeu. »

« Et que penses-tu du rêve de Harry ? Cela a-t-il un rapport ? »

Lupin ne répondit pas tout de suite et croisa les mains, songeur, tandis que Kathy la serveuse lui apportait une boisson chaude. Dès qu'elle eût tourné les talons, il reprit le fil de la conversation.

« Probablement. Voldemort ne lui a pas envoyé cette image pour rien. Il veut provoquer quelque chose, cela dit il est difficile de déterminer s'il veut provoquer Harry, Dumbledore, tout l'Ordre ou seulement moi. Veut-il nous induire en erreur ? Détourner nos soupçons sur Patric, puisque c'est moi qui le surveille ou au contraire les renforcer ? »

« Toi, quelle est ton opinion ? »

« Je crois qu'il veut nous embrouiller et détourner notre attention. Peut-être que nous avons déjà tout faux et qu'il veut qu'on persiste dans cette voie. Peut-être sait-il déjà comment s'emparer des pouvoirs de l'Archer et nous fait-il croire à une trahison d'un prêtre Arcadian. Ou peut-être que l'Archer n'est pas sa cible véritable. Comment savoir ce qu'il y a dans son esprit ? »

« On pourrait demander à Harry. »

« Quoi ? » Sursauta Lupin, incompréhensif.

« Il apprend l'Occlumancie, eh bien Rogue pourrait aussi lui enseigner l'art du legilimens … »

« Tu voudrais forcer Harry à entrer dans la tête de Voldemort ? L'interrompit le loup-garou d'une voix sévère. Après tout ce qu'il a vécu, et tout ce qu'il est encore appelé à vivre, je crois que ce serait trop lui demander. »

Devant le ton sans appel de Lupin, Kingsley hocha la tête et n'alla pas plus loin, même s'il n'en pensait pas moins. Il parut juger préférable de ne pas insister, car il changea de sujet.

« Harry a dû s'inquiéter pour toi après cette vision … Tu lui as parlé ? »

« Oui, je l'ai contacté pour le rassurer. Et il m'a parlé de quelque chose d'intriguant. Tu sais, la jeune fille dont il nous avait parlé, celle qui avait assisté à la cérémonie de Sirius ? Il se trouve qu'il l'a retrouvée à Poudlard, en Cinquième Année. »

« Il lui a parlé ? » S'intéressa Kingsley.

« Oui mais il n'a rien pu tirer d'elle, elle l'a fui comme la peste. Mais je m'interroge … Cette jeune fille s'appelle Isibeal Carter, et c'est la fille d'Aquene Carter. »

« La langue-de-plomb ? Soupira vaguement l'Auror après un instant de réflexion. Je n'aime pas vraiment ce genre de coïncidence … »

« Moi non plus, j'ai demandé à Harry de la surveiller. Quant à Aquene Carter, je … Cette femme me donne une impression très étrange. Je suis allé la voir pour lui en parler mais, j'ai ressenti une sorte de vide et d'hostilité. Il faut dire aussi que c'était un jour après la pleine lune … Mes sensations ont peut-être été faussées. Et plus j'essaie de me rappeler de quoi nous avons parlé, moins mes souvenirs sont clairs. »

« Elle se protège avec des sorts ? »

« C'est l'impression que ça me donne. Mais de quoi se protège-t-elle ? En tout cas, elle a nié catégoriquement que sa fille ait pu aller à l'enterrement de Sirius. Pour elle, il y a erreur sur la personne. Et elle persiste à dire qu'elle n'a jamais eu le moindre lien avec lui avant que son corps ait été rejeté de l'Arcade. »

« Elle mentirait selon toi ? »

« Bien sûr, sinon pourquoi sa fille se serait-elle montrée à la cérémonie ? Et il y a autre chose. Cette femme a à peu près mon âge. Ce qui signifie qu'elle était forcément à Poudlard pendant que Sirius et moi y faisions nos études. Que je puisse ne pas me rappeler d'elle, c'est une chose, mais qu'elle, elle me jure sur ses grands dieux qu'elle n'a jamais connu Sirius, c'est impossible. Toute l'école le connaissait, il aimait trop parader, faire son malin, plaire aux jeunes filles … Et puis il venait d'une grande famille, il était brillant … Non, je suis certain qu'elle ment. »

« Dans quel but ? »

« Au départ je pensais qu'elle nous cachait quelque chose parce qu'elle ne voulait pas qu'on se mêle des études des langues-de-plomb sur l'Arche, mais maintenant j'ai l'impression que c'est plus gros que ça … répondit-il après un silence. Pour l'heure, je suis trop fatigué pour être capable d'y réfléchir … J'en parlerai à Dumbledore quand j'en aurai l'occasion, qui sait, c'est peut-être plus important qu'on le pense … Mais j'y rechigne, il a déjà tant à faire … »

« Je le trouve particulièrement soucieux ses derniers temps. Et il prend de l'âge. Sans lui, je crains que tout s'écroule. »

« Voldemort a encore peur de lui, il n'osera pas l'affronter pour le tuer. Pas encore. Mais … S'il s'empare des pouvoirs de l'Archer, il n'aura plus peur de rien. »

« Je m'inquiète aussi pour les Moldus, soupira Kingsley. Pas seulement parce qu'ils sont la cible des Mangemorts, mais parce que nous pourrions devenir leur cible. Lors de la première guerre contre Voldemort, les gouvernements moldus ont été avertis de la situation, on ne pouvait pas faire autrement, il y avait trop de morts et de disparitions pour les maintenir dans l'ombre. Mais il a été délicat de pousser les gouvernants à garder le secret auprès de la population. Tu te souviens des conseils secrets que tenaient les gouvernements moldus juste avant la chute de Voldemort ? S'il n'y avait pas eu Harry, s'il n'était pas tombé à ce moment-là, la vérité aurait fini par éclater. La situation aurait été catastrophique, et quand Dumbledore a averti leur Premier Ministre du retour de Voldemort, il a bien senti que le secret de notre existence ne serait pas gardé bien longtemps à moins de faire tomber promptement Voldemort. »

« Crois-moi, si Voldemort s'empare des pouvoirs de l'Archer, ce sera le cadet de nos soucis … Essaie d'imaginer les événements qui en découleraient : briser le lien entre les prêtres Arcadians et l'Archer, c'est briser nos rites funéraires. Tu te souviens d'Haïti il y a deux siècles ? Des cadavres de Moldus touchés par la magie sortiraient de sous terre, nos morts ne seraient plus vraiment des morts … C'est pire qu'une menace. C'est aller contre la Nature, or la Nature finit toujours par réclamer son dû. C'est une folie. Une folie qui ne peut même pas atteindre Voldemort. Il n'a rien à perdre et rien à craindre. On ne sait même pas ce qu'il est devenu au juste : est-il plus mort que vivant ou l'inverse ? Qu'est-il ? Sa survie ne lui est due qu'à deux éléments : la magie noire qui a dévoré son corps et le sortilège de mort qui a frappé Harry et auquel ils ont survécu tous deux, comme s'ils étaient sur le fil d'un même rasoir. Qu'a-t-il encore d'humain, de vivant, de mort ? C'est ce qui le rend dangereux. Son état fait qu'il n'a aucune peur d'invoquer l'Archer quitte à créer le chaos. »

« On pourrait tenter d'en profiter, murmura Shacklebolt, stratège. Si nous nous apercevons de la folie qu'il fait, ses Mangemorts le verront aussi. Certains pourraient prendre peur et se retourner contre lui : se lier aux Ténèbres pour détruire les Moldus et pour épouser le pouvoir, ce sont encore des notions que je peux comprendre, ou du moins qui sont humaines. Mais combien lui demeureront fidèles quand ils comprendront que ce qu'il veut faire va mettre en branle la nature et qu'on ne peut se défendre contre elle à moins d'être immortel ? »

« Même si cela arrivait, ce serait trop tard. Il y a une chose que j'ai du mal à concevoir … Malgré le risque et les catastrophes que le plan de Voldemort suscite, pourquoi les Arcadians ne nous aident-ils pas ? »

« Parce que pour eux aussi c'est inconcevable. Adrian m'en a beaucoup parlé. Il sait ce qu'est l'Archer, ce que sont ses pouvoirs, et a de vagues idées quant à leurs origines. Rien qu'à y penser, il est pris de frissons et de tremblements. S'il pense Voldemort malgré tout capable de vouloir franchir ces limites à son sens infranchissables, il ne peut par contre accepter qu'un Arcadian fasse cette folie. Ils sont jour après jour en contact avec cette magie, et ils ont la conscience de la vie et de la mort. Il m'a confié qu'aucun être humain possédant ce savoir ne pourrait l'utiliser comme Voldemort veut le faire. Selon il faudrait plus qu'un homme qui n'a rien à perdre, il faudrait un homme qui n'ait plus rien d'humain, il faudrait un être qui ne soit ni mort ni vivant. »

« Comme Voldemort. Dans ce cas, cela suffit à écarter de la liste des suspects Patric, Winsfield, et tous les Arcadians que nous avons mis sous surveillance. Et il nous faudrait revenir au point de départ : comment Voldemort peut-il s'emparer des pouvoirs de l'Archer ? S'il n'obtient pas ce savoir d'un Arcadian, de qui ? »

« Pour y répondre, il faudrait remonter aux origines des Arcadians. Comment sont-ils nés, qui leur a donné le savoir et cette source est-elle toujours accessible à Voldemort ? »

« Recherches impossibles à mener car il n'existe aucune archive sur les Arcadians, à part celles des Arcadians eux-même mais que personne ne peut consulter. »

« Si j'osais, je demanderais à mon frère de faire ces recherches, même si c'est pour ne rien nous révéler et faire son rapport au Grand Prêtre, mais je crains pour lui. Il parle déjà trop à l'Ordre et en fait trop pour nous. »

« Que pourrait-il lui arriver ? Les Arcadians sont des gens neutres et non violents. »

Kingsley secoua la tête péniblement et resta songeur et grave, puis se pencha discrètement vers Lupin.

« Ils ne sont pas forcément tels qu'ils se décrivent … Adrian m'a parlé un jour du Félon … En as-tu en entendu parler ? »

« Jamais. De quoi s'agit-il ? »

« Plutôt de qui. C'était il y a trente ans … Aledore Dumbledore venait tout juste d'être nommé Grand Prêtre des Arcadians. Connais-tu la hiérarchie des Arcadians ? »

« Pas vraiment. »

« Bien … Au sommet tu as le Grand Prêtre qui concentre tous les pouvoirs, et qui dirige le Conseil des Arcadians, composé des Prêtres du Cercle et des Arcadianes du Cercle. Les Prêtres du Cercle sont composés uniquement d'hommes, et ce sont eux qui choisissent des Novices et qui décident de ceux qui auront l'honneur de devenir des Arcadians. La façon dont ils choisissent les Novices est tenue secrète, mais nul Novice n'est tenu de devenir un Prêtre, c'est pour ça que le secret de l'Archer ne leur est révélé que lors de l'intronisation. Les Arcadianes du Cercle ont un rôle à part dans le Conseil, ce sont les Protectrices. C'est grâce à elles que leurs secrets sont préservés, et ce sont elles qui effacent tout souvenir des Novices qui ont choisi de ne pas devenir des Arcadians. Ce sont également elles qui suppriment la mémoire d'un Prêtre souhaitant quitter les ordres. »

« Ca arrive ? » S'étonna Lupin.

« C'est excessivement rare, généralement le Conseil ne font devenir des Arcadians que des Novices dont ils sont certains qu'ils épouseront cette vie jusqu'à la mort. Mais il est déjà arrivé par le passé qu'un Arcadian renonce à sa fonction. Or, renoncer à cette fonction, compte tenu des secrets qu'elle exige, c'est renoncer à sa mémoire. Les Arcadianes du Cercle font plus que lancer un sortilège d'Oubli, elles éradiquent la mémoire de l'individu concerné qui doit alors recommencer sa vie à zéro. Mais il y a trente ans, il y a eu l'histoire du Félon. »

« Un Arcadian qui a voulu quitter les ordres ? »

« Pas exactement. Cet homme, dont le nom a toujours été tenu secret, a brisé la règle fondamentale des Arcadians : il a écrit le secret de l'Archer sur un manuscrit. C'est une violation terrible, qui a été sévèrement punie par Aledore Dumbledore qui a exigé qu'on éradique sa mémoire et qu'on récupère le livre. Mais cet homme, surnommé le Félon par les Arcadians, n'a jamais révélé où se trouvait le manuscrit et … On raconte que pour le retrouver, le Grand Prêtre aurait ordonné qu'on lui inflige des supplices … D'après les rumeurs, le Félon serait mort sous les tortures sans révéler l'emplacement du manuscrit. »

Lupin écarquilla les yeux, choqué et incrédule.

« J'ai du mal à croire à cette histoire … Encore moins que le Grand Prêtre ait ordonné des supplices sur un Arcadian. »

« Ils leur effacent bien la mémoire quand ça les arrange … Je te le répète Remus, je ne fais guère confiance au Grand Prêtre. Pour tout dire, je n'ai jamais vraiment été d'accord avec le choix d'Adrian quand il est devenu l'un des leurs. Et en ces temps troublés, je crains encore plus pour sa vie. »

« Mais ce ne sont que des rumeurs … » poursuivit Remus, raisonnable.

« Des rumeurs que Dumbledore prend au sérieux. J'ai cru comprendre qu'il avait personnellement entrepris des recherches pour découvrir qui était le Félon, et où se trouve le manuscrit, s'il existe. Car il est possible que Voldemort cherche à percer le secret de l'Archer par ce moyen. »

« J'avoue que mon esprit logique et cartésien m'empêche d'aborder l'affaire sous tous ses aspects. J'ai beaucoup de mal à me laisser convaincre par ces rumeurs et dangers, et je n'y adhère que parce que Dumbledore semble y croire. J'ai le sentiment que plus nous avançons, moins la situation est claire. Je serais d'avis de prendre en otage un Prêtre Arcadian pour le faire parler. »

« Alors tu es d'accord avec Rogue sur ce point ? » S'étonna Kingsley.

« Plus le danger est grand, moins nous devons hésiter sur les méthodes à employer. Je crois que Sirius aurait été d'accord avec moi sur ce point. »

« Mais il n'est plus là. »

« J'espère que son âme, où qu'elle soit, veille sur nous. »

« Si Voldemort s'empare des pouvoirs des l'Archer, il y a des chances pour que tu converses bientôt avec l'âme de Sirius comme dans un salon de thé. »

« Très drôle. »

Lupin profita de la pause dans leur conversation et du silence cotonneux installé entre eux pour tirer de sa poche une bourse remplie d'un mélange d'herbe qu'il mélangea avec son thé.

« Les remèdes miracles de Salma Lagara ? » S'enquit Kingsley.

« Ce mélange d'herbes est très efficace pour consolider les os après une transformation. Plus je vieillis, moins mon corps supporte les pleines lunes. »

« Ca te fait vraiment du bien ? Poursuivit l'Auror en fronçant les sourcils. C'est très fort, ça ne crée pas une accoutumance ? »

« C'est ce que m'a dit Salma, mais je n'ai pas le choix : si je veux continuer les missions de surveillance pour l'Ordre, je dois pouvoir compter sur mon corps. »

« Je comprends, mais prends garde. L'Ordre n'a pas besoin d'un loup-garou drogué et amorphe dont les cycles de transformation sont troublés par ces décoctions … Tu pourrais finir par te transformer intempestivement … »

« Pas avec les mélanges de Salma, ils sont très bien dosés. Mais je dois veiller à ne pas devenir dépendant. De toute façon, elle me surveille de près. Elle a hésité avant de me laisser prendre ces herbes. »

« Quelle dévotion … Entre Salma et Tonks, tu fais l'objet d'une attention constante mon vieux … »

Lupin sourit vaguement malgré le goût immonde de son thé aux herbes curatives.

« Qu'insinues-tu au juste ? »

« Je me comprends … Mais il faut le voir pour le croire ! Je ne t'imaginais pas en bourreau des cœurs Remus … Je parie que lorsque tu enseignais à Poudlard, il y avait des tas de jeunes filles pour s'énamourer de toi … »

« Mince ! J'avais dit à Sirius de tenir sa langue à ce sujet … »

« Quoi ? C'est vrai ? »

« Mais non, je plaisante. Comment les jeunes filles auraient-elles pu en pincer pour moi alors qu'elles sont déjà subjuguées par le charisme de Severus. »

« Heureusement qu'il n'est pas là pour t'entendre … »

« De tout façon, sa rancune est tenace. Il n'oubliera jamais cette nuit où j'ai failli le tuer ... Je ne lui en tiens pas rigueur, d'ailleurs. »

« Tu n'avais aucun contrôle, tu étais un loup-garou. En vouloir à Sirius, je le comprends, mais ce n'est comme si tu y étais pour quelque chose … »

« Humm … En fait, c'était un peu de ma faute. »

« De quoi parles-tu ? »

« Rien, laisse tomber. »

Devant le regard insistant de Kingsley, Lupin comprit qu'il en avait trop dit et qu'il ne pouvait pas laisser courir.

« Nous étions des adolescents assez stupides, tant Sirius que moi, ou Severus. Je ne t'ai pas raconté que l'année dernière Harry était tombé par mégarde dans la Pensine de Rogue, quand il était dans son bureau ? »

« Merlin ! S'exclama Kingsley en riant. Il a dû en voir de belles ! »

« En fait, il nous a vus nous, son père, Sirius, Peter et moi … C'était un jour de notre Cinquième Année à Poudlard où James et Sirius s'étaient amusés à martyriser Severus, comme cela arrivait assez souvent. De véritables sales gosses. Même moi je ne faisais rien pour les en empêcher. »

« Tous les adolescents font des choses stupides … »

« C'était stupide et cruel. Et tu crois que Harry, Ron et Hermione feraient ça ? »

« Non, ce sont de braves gamins, c'est vrai. »

« Harry était tellement catastrophé par ce qu'il a vu qu'il nous a contactés Sirius et moi juste après par le réseau de Cheminette, pour nous en parler. Il n'y a pas toujours de quoi être très fier du passé ... Pendant qu'on le rassurait et qu'on lui expliquait le contexte, je ne pouvais pas m'empêcher d'être attristé par cette image du passé. Nous en avons reparlé longuement avec Sirius, après ça. Nous avons parlé de toutes les erreurs que nous avions faites. Il était hanté tu sais. Il disait toujours que s'il était resté gardien du secret, il serait mort pour protéger James et Lily et ils auraient eu la vie sauve. Harry aurait pu connaître ses parents. Il disait toujours ça. Il s'en voulait tellement de les avoir persuadés de choisir Peter comme gardien du secret, c'était comme s'il avait donné la baguette à Voldemort pour les tuer. »

« Il ne pouvait pas deviner. Vous étiez tous très liés. Comment pouviez-vous soupçonner votre meilleur ami ? »

« Oh non, Kingsley, tu n'y es pas. Le problème n'était pas qu'on était très liés, mais plutôt qu'on ne l'était pas assez. Quand nous étions gosses à Poudlard, tout était simple. Il y avait Sirius qui était toujours l'instigateur des mauvais coups, James qui le suivait avec enthousiasme parce qu'il était toujours soumis à l'adrénaline et qu'il aimait se faire remarquer, moi qui adorais me comporter en mauvais garçon parce qu'ainsi je pouvais oublier et Peter qui de toute façon disait amen à tout ce que nous faisions. On s'amusait sans penser au lendemain, on se sentait tous très forts et on pensait que notre amitié durerait éternellement. Mais elle n'était cimentée que par des fondations bien fragiles. Quand nous avons fini nos études, nous nous sommes éloignés. La guerre contre Voldemort nous laissait bien peu de temps pour nous amuser comme avant. Cette fois-ci il n'y avait plus de mauvais coups ou de stupides blagues, on se battait à la vie, à la mort. James s'est marié et est devenu père, Sirius qui l'aimait et qui aimait Lily et Harry plus que sa vie les surprotégeait et passait une bonne partie de son temps avec eux. Moi, je m'étais coupé d'eux. Je n'avais aucun moyen de subsistance et j'étais trop fier pour demander de l'aide. La vie était difficile parce que les loups-garous s'étaient liés à Voldemort et même au sein de l'Ordre du Phénix on ne me faisait qu'une confiance limitée. J'étais trop éloigné pour voir ce qu'il se passait. A cette époque il existait beaucoup de tensions entre Sirius et moi. De vieilles querelles sont remontées à la surface. Je ne pouvais plus exiger de lui qu'il me fasse confiance comme avant puisqu'il ne savait plus grand-chose de ma vie, ni où je vivais, ni ce que je faisais de mes journées. Je suppose aussi que Peter ajoutait de l'huile sur le feu dans mon dos. C'était bien commode pour lui, que Sirius ne me fasse plus confiance. »

« Et il t'a soupçonné d'être le traître. »

« Comment soupçonner Peter, qui avait toujours admiré béatement James ? »

« Mais tu aimais James également ? »

« Oh bien sûr, je l'adorais. J'adorais aussi Lily mais … Sirius pensait que …Enfin que je … »

Remus ayant du mal à poursuivre, et Kingskey voyant de quoi il parlait, l'encouragea calmement.

« Lily ? »

« Oui, Lily. »

« Je l'ignorais. Enfin … Je m'en étais un peu douté mais … »

« C'était fini depuis bien longtemps. Ce n'était même pas si important … James et Lily ont toujours été faits l'un pour l'autre, et cela je l'ai compris très vite. Mais Sirius n'a pas oublié. Il existait un lien très fort entre lui et James, un lien quasiment fraternel. Il était beaucoup plus proche de lui que de Peter ou moi, et cela avait toujours été ainsi. Non seulement il aimait James, mais en plus il se sentait redevable envers lui. Il a été le premier à lui offrir une amitié sincère. Quand nous sommes tous entrés à Poudlard, Sirius était considéré comme un pestiféré à Gryffondor. Tout le monde pensait que la place d'un Black était à Serpentard. James et Sirius ne pouvaient pas se supporter. Avec son arrogance, et son profil cent pour cent Gryffondor, James le provoquait souvent. Ils étaient rivaux, et puis un jour ils se sont reconnus. James a reconnu que Sirius était un véritable Gryffondor et il lui a offert son amitié. Après ce jour, il cassait la figure à tous ceux qui parlaient de la famille Black ou qui avaient des préjugés contre Sirius. Ils sont devenus les meilleurs amis. Peter a commencé à les suivre partout comme un petit chien parce qu'ensembles ils étaient très forts, et moi, qui étais plus réservé et peu habitué à être entouré, j'ai rejoint la bande beaucoup plus tard. Mais le noyau des Maraudeurs c'étaient James et Sirius. Les deux frères. James était le seul que Sirius écoutait et réciproquement. Et on ne pouvait pas faire de mal à l'un sans déclencher la colère de l'autre. »

« Alors Sirius t'en voulait à cause de Lily ? »

« Et comment ! Je me rappelle qu'il m'avait un jour trouvé à la bibliothèque et m'avait collé une beigne monumentale. Après on s'était battus comme des chiffonniers et on nous avait punis très sévèrement. James et Peter n'ont jamais su pourquoi on s'était battus. James en fait n'a jamais rien su, Sirius estimait le protéger en ne lui en parlant pas. Mais pendant très longtemps il m'en a voulu. J'aurais pu me défendre et dire qu'après tout je n'y étais pour rien, ce sont des choses qui arrivent et sur lesquelles on ne peut pas avoir le moindre contrôle, mais la vérité, c'était que je me sentais très mal. »

« Et Lily ? Est-ce qu'elle savait ? »

« Oui. »

« Et … ? Il faut t'arracher les mots. »

« Et il n'y a rien eu. Je ne voulais pas faire ça à James, ce n'était pas concevable. Pas après tout ce qu'il avait fait pour moi. Quant à Sirius et moi, on a fini par faire la paix, après cette stupide blague faite à Rogue. Il s'est rendu compte que même furieux contre moi, m'envoyer quelqu'un à la mort était particulièrement inconscient et cruel. D'un commun accord on en est restés là. Il ne m'a plus jamais parlé de Lily et je ne lui ai plus jamais parlé de cette nuit-là. Mais il faut croire que les choses n'ont pas vraiment été mises à plat. Il a toujours cru que je continuais à penser à Lily. Et quand il a fallu dénicher un traître, parmi nous trois, cela lui a sauté aux yeux. »

« C'est vrai que c'était un bon mobile … »

« Sauf que cela faisait longtemps que je n'éprouvais plus ce genre de sentiments pour elle … J'avais d'autres pensées à l'époque. J'enviais James. Pas parce qu'il avait Lily, mais parce qu'il était heureux, tout simplement. Et cette envie, cette jalousie, Sirius l'a sentie. A sa place, je me serais soupçonné également. »

« Et toi ? Tu soupçonnais Peter ou Sirius à l'époque ? »

« Non. Contrairement à ce que disait Dumbledore, il me semblait inconcevable que l'un de nous ait pu trahir James et Lily. Sirius les aimait trop pour ça et je pensais que Peter, même s'il avait des faiblesses, était trop gentil et loyal pour ça. Je n'y croyais pas. Je n'y ai jamais cru. Quand on m'a dit que Sirius avait trahi James et Lily et que Voldemort les avait tués, je n'ai pas pu y croire. Quand on m'a dit qu'il avait tué Peter et douze Moldus avant de se faire arrêter, je n'ai pas pu y croire. J'ai pensé qu'on parlait d'une autre personne. C'était tout sauf le Sirius Black que je connaissais. Après qu'il ait été envoyé à Azkaban, j'ai voulu aller le voir. J'ai voulu le voir pour qu'il me dise droit dans les yeux qu'il l'avait fait parce que j'étais incapable de le concevoir. Mais arrivé aux portes d'Azkaban, je n'ai pas pu les franchir. Les Détraqueurs ravivaient mes blessures et c'était insupportable. Après ça j'ai fui. J'ai beaucoup voyagé, parce que je n'avais nulle part où aller. Je pensais mettre mon passé loin derrière moi, mais il me poursuivait sans cesse. Je m'en suis voulu plusieurs fois de fuir ainsi, parce qu'il m'arrivait de penser que James aurait voulu que je veille sur son fils. Mais il m'était impossible de penser à Harry sans me dire que je ne parvenais pas à en vouloir et à croire coupable l'homme qui lui avait pris ses parents. Ce n'est que lorsque j'ai su que Sirius s'était évadé d'Azkaban que je suis revenu en Angleterre. J'ai demandé un poste à Poudlard, me disant que là-bas je pourrais faire ce que j'avais toujours fui : veiller sur Harry et me confronter à Sirius, car j'étais persuadé qu'il viendrait à Poudlard. J'ai caché à Dumbledore des informations sur Sirus, comme son état d'Animagus ou les passages secrets qu'il connaissait, à la fois par honte d'avoir trahi sa confiance par le passé, mais aussi parce que je continuais à penser au fond que Sirius ne pouvait pas tuer Harry. C'était une vérité que je n'avais pas totalement acceptée. »

« Et tu avais raison. »

« Oui, et j'ai encore eu des regrets. Si je n'avais pas fui, j'aurais pu entendre de la bouche de Sirius qu'il était innocent, et j'aurais pu chercher Peter pour le sortir d'Azkaban. »

« Peut-être aurais-tu eu du mal à le croire ? »

« Peut-être … Il a fallu que je vois le nom de Peter sur une carte des années après qu'on l'ait cru mort pour comprendre qu'on s'était tous faits avoir par lui. Le plus douloureux c'est que je ne comprends pas. Je ne sais pas comment cet homme qui était un de mes amis a pu en arriver là. Sirius, lui, ne cherchait pas à analyser. Il voulait juste le retrouver pour le tuer, et se venger, venger Lily et James, réclamer son dû pour toutes les années à Azkaban, pour toutes les vies détruites. Mais moi j'ai toujours voulu comprendre. Il y a toujours une raison aux agissements de quelqu'un, non ? »

« Celui qui croit pouvoir démêler la raison d'un être humain finira fou. Je vais te donner un conseil Remus. Si tu retrouves Peter Pettigrow, tu n'hésites pas et tu n'analyses pas. Tu suis ton instinct. »

« Je me demande ce qui sera le plus fort : mon désir de le tuer ou celui de réhabiliter Sirius ? »

« On finira par le savoir un jour ou l'autre, alors laisse aller. »

Un énorme boucan suivi de bris de verres et de cris étouffés éclata du côté du bar et attira l'attention de Lupin et de Shacklebolt. Gregor, l'ivrogne de service venait de tomber de son tabouret de bar, renversant au passage les quatre verres vides de scotch et les deux chopes de bière, vides également, qu'il s'était sifflés. Debout près de lui, une jeune femme aux longs cheveux noirs le regardait d'un air pensif et embarrassé, se mordillant l'index. Tonks. Depuis que Gregor l'avait vue transplaner devant lui deux semaines auparavant, la jeune femme lui flanquait une peur bleue.

« Euh vous allez bien Gregor ? »

« YAWWWWWWWWL ! » hurla l'ivrogne en se débattant sur le sol, les quatre fers en l'air.

Tonks paraissait confuse et tentait de l'aider à se relever, mais Gregor se démenait et glissait en bafouillant des phrases sans aucun sens et imbibées d'alcool. Agacée par tout ce tapage, la vieille Irma finit par venir y mettre un terme, poussant sans ménagement Tonks sur le côté et tirant Gregor par l'oreille afin de le forcer à se rasseoir.

« Aïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïeaïe … » marmonna-t-il en boudant.

« Ca va te dessaouler ça, voyou ? » Grogna Irma.

« Mais je ne suis pas saoul ! Protesta-t-il. C'est elle qui me fait peur ! »

Irma regarde Tonks, circonspecte, tandis que la jeune femme la saluait joyeusement, un sourire légèrement crispé.

« La crevette là te fait peur ? A part ces changements de couleurs de cheveux fréquents … Et ils sont noir corbeau aujourd'hui, ben voyons … Bref, je ne vois pas ce qu'elle a d'effrayant. Tu mériterais que je passe un coup de fil à ta femme Doris dès que tu franchis le seuil … Ce que je ferais volontiers si elle n'était pas aussi ivrogne que toi ! »

« Mais euh … »

« Pas de mais euh ! Gronda la vieille noire, terrassante. Et excuse-toi auprès de la crevette ! »

« Pardon … hips … Pardon Miss Crevette. » bougonna Gregor, confus.

« Oh mais il n'y a pas de mal ! Éclata joyeusement Tonks. Dites, vous n'auriez pas vu Riggs et Murtaugh ? »

« Hein ? » Aboya Irma en plissant son œil aveugle.

« Je parlais de Remus Lupin et Kingsley Shacklebolt, je devais les retrouver ici ce midi et … »

« Mwhaaaahahahaha ! Rit à grosses larmes Gregor. Riggs et Murtaugh, elle est bonne ! Moi je les aurais plutôt appelés Starsky et Hutch … »

« Il n'y a pas de noir dans Starsky et Hutch, sauf si vous comptez Huggy les bons tuyaux bien sûr. » renchérit Tonks qui apparemment venait de se trouver un nouvel ami.

« Peut-être, mais c'est mieux que de les appeler Cagney et Lacey. »

Il y eut un long silence consterné, sans doute le temps pour Gregor et Tonks d'imaginer Lupin et Kingsley dans la peau des deux femmes flics de la série des années quatre-vingt, puis une rafale de rires. Après s'être bien fendu la poire, Gregor finit par désigner le fond de la salle de restauration où s'étaient installés les deux sorciers, qui regardaient la scène amusés (bien qu'il ignorent qui pouvaient bien être Cagney et Lacey). Tonks le remercia, et se dirigea guillerette vers ses deux comparses de l'Ordre.

« Mes deux chouchous ! Sourit-elle en s'asseyant à leur table. Ca fait du bien de voir des visages familiers ! »

« J'ai failli ne pas te reconnaître. » dit Kingsley en visant ses longs cheveux noirs.

« Oh ça ? Oui, ben, pour des missions de surveillance c'est mieux que d'avoir des cheveux orange. Je crois que je vais les teindre en vert révolution maintenant … »

« Je préfère quand tu as une couleur plus naturelle, Tonks … » intervint Remus.

« Mais là je perds vingt pour cent de mon charme … »

« Si tu le dis … »

Tonks offrit un charmant clin d'œil à Lupin, puis soupira de soulagement en s'étirant sur sa chaise.

« Ah déjeuner avec deux beaux hommes rien que pour moi ! Le bonheur après une nuit de surveillance ! »

« Alors, mon frère a-t-il fait quoique ce soit de répréhensible ? » S'enquit Kingsley, avec un sourire confiant.

« Hum … Seulement répréhensible par les mœurs malheureusement. »

« Pardon ? »

« Ben il avait un rendez-vous amoureux avec Juhnny Teaspoon pendant ma garde alors … »

« Heureusement que ma mère ne sait pas qu'ils se voient avant le mariage, sinon ça me retomberait dessus … Elle dit que je lui donne un mauvais exemple avec ma soi-disante « vie dissolue de célibataire endurci ». »

« Si toi, tu as une vie dissolue, elle s'imaginerait sûrement que Remus est un débauché organisant des orgies au sein de l'ordre et … »

« Ca suffit Tonks, on a compris … »

« Oh j'aime bien quand tu fais ton petit garçon sage comme ça … Et si moi je t'en donnais de la débauche ? » Sourit Tonks d'un air taquin.

« C'est toi la plus obsédée de nous tous réunis ! » Éclata Kingsley.

« Ah Kingsley arrête, quand tu me traites d'obsédée, tu me fais penser à Sirius … Il m'accusait toujours d'en vouloir à l'intégrité corporelle de Remus. »

« C'était toujours le cas, je te rappelle ! » Plaisanta Lupin.

« Que veux-tu ? Cite-moi une personne censée qui résisterait à ton charme bestial ? »

« Molly ? »

« Irma. »

« Hermione. »

« Ambrolise ? »

« Je ne sais pas … réfléchit pensivement Remus. L'autre jour il m'a pris pour sa troisième épouse, Lola. »

« Aaaaah ! Arrêtez ! S'écria Tonks, je vais finir par avoir des cauchemars si j'y pense trop ! »

« Quand on parle du loup … » sourit Kingsley.

« Quoi ? » S'étonna Lupin.

« Pas toi, Ambrolise ! »

Les sorciers se retournèrent pour apercevoir à temps la robe rouge et flamboyante de Ambrolise Dumbledore fondre sur eux gaiement. Sortant de sa salle de bain dont les vapeurs d'eau bouillante s'enfuyaient vivement par la porte qu'il avait grande ouverte théâtralement, et sentant fort les diverses herbes et sels magiques que lui prescrivait Salma Lagara, il paraissait en pleine forme et saluait joyeusement chacun des clients dans l'auberge.

« Du poulet teryaki, oh excellent choix ! Papillonnait-il avec légèreté. Un habitué ! Comment allez-vous ? … Jolies demoiselles … Il est bon ce gratin ? … Oh Dame Constance, vous êtes en beauté aujourd'hui ! »

La vieille Irma, agacée de le voir se donner en spectacle, l'attrapa par le col de sa robe et le darda d'un œil sévère.

« Tu n'as pas un peu fini Ambrolise ? Ces gens aimeraient déjeuner en paix ! »

« Mais je me comporte en maîtresse de maison ! C'est mon rôle d'hôte ! » Protesta-t-il.

« Non ton rôle d'hôte c'est de me laisser charger de tes affaires, à moins que tu ne veuilles mettre la clé sous la porte ! Déjà qu'il se passe des choses étranges ici ! Ah si mon Félix était toujours en vie et voyait tout ce qu'il se passe de louche ici, je peux te dire qu'il y mettrait un terme ! »

« Mais quelles choses louches ? » S'étonna Ambrolise ébahi.

« Tous ces gens qui vont et viennent, pardi ! Explosa Irma en regardant délibérément Remus, Kingsley et Tonks. Ils chuchotent, font toujours des choses bizarres, surgissent de nulle part et entre nous je pense qu'ils complotent des trucs pas nets ! »

« Je ne te laisserai pas dire ça ! S'écria Ambrolise. Figure-toi que ces jeunes gens se battent pour nous, et pour que les Mold … »

« Oui, bon, Ambrolise, vous vous souvenez de ce que vous avez promis à votre frère ? » S'écria très nerveusement Kingsley qui s'était levé en même temps que ses deux comparses et avait eu le réflexe de mettre sa main devant la bouche du vieillard au moment où il allait dire « Moldus ».

« Hein ? Qu'est-ce que vous dites ? Bougonna-t-il après s'être dégagé. Quel frère ? Pas Aledore j'espère, je ne l'ai plus vu depuis que cette fouine est devenu un prêtre Arcad … »

« Euh oui, Aledore est entré dans les ordres quand il était jeune, le rattrapa maladroitement Remus, livide. C'est un orthodoxe, précisa-t-il à Irma qui les dévisageait d'un œil noir. Mais nous parlions de votre autre frère ? »

« Abelforth ? Hé hé hé … C'est vrai qu'il m'a donné des conseils quand j'ai ouvert cette auberge, mais entre nous j'ai préféré ne pas les suivre, quand on voit la façon désastreuse dont il tient la « Tête de Sanglier » à Pré-au-L … » (1)

« Nous ne parlions pas non plus d'Abelforth ! Le coupa vivement Tonks. Il est issu d'une famille nombreuse … » rajouta-t-elle pour Irma qui visiblement s'énervait qu'on se paie sa tête.

« Mais qui alors ? Andross, Antinoos et Agarol sont morts ! Enfin je crois … Ils sont morts, ma bonne Irma ? »

« Mais je ne connais pas toute ta famille, espèce de vieux fou ! Aboya-t-elle. Et ces trois-là essaient de me cacher quelque chose ! Je n'aime pas du tout ça ! »

« Mais non voyons ! Sourit Ambrolise. Ce sont des jeunes gens très bien ! Ils me rappellent mes chers vieux amis, Frior, Kweequeg et Anapurna avec qui je jouais dans ma jeunesse au Quidd … »

« Albus, le coupa calmement Remus. Souvenez-vous de ce que vous a dit Albus, Ambrolise. »

Soudain, et par un phénomène étrange car inattendu, la petite flamme folle et fantasque qui brillait dans le regard pétillant du vieil Ambrolise s'éteignit. Il reprit une sorte de contenance et eut un sourire un peu mélancolique.

« Oui, mon cher petit frère, Albus. La fierté de la famille, c'était un génie, déjà quand il était tout enfant. Lui, je me rappelle toujours de ce qu'il me dit … soupira-t-il. Même si entre nous, ce n'est pas toujours très marrant ! »

Il fit un clin d'œil aux trois sorciers, qui s'étaient tus et immobilisés, impressionnés par le soudain changement opéré chez Ambrolise. Le vieux sorcier posa une main réconfortante sur l'épaule de Remus.

« Oui, je me souviens parfaitement de ce qu'a dit Albus, jeune homme. Irma, ces gens sont mes hôtes, alors laisse les venir à leur guise. Et ne pose pas trop de questions, ma bonne amie. Tu finirais pas trouver des réponses qui ne te plairont pas. »

Irma demeura circonspecte un long moment, dévisageant les protagonistes avec scepticisme. Puis, sûrement déstabilisée par la soudaine lucidité d'Ambrolise, elle hocha la tête, et repartit vaquer à ses occupations. Remus se détendit à son départ, mais ne pouvait s'empêcher de s'interroger sur cet étrange homme qu'était Ambrolise. Etait-il vraiment sénile ou simulait-il en partie pour se couper du monde, et ne pas avoir à supporter les drames à venir de cette guerre, et du sort de l'Archer ? En tout cas, il était certain que les Dumbledore était une famille unique. Il fut tiré de ses pensées par un violent coup dans le dos que lui donna Ambrolise, ayant retrouvé d'un coup toute sa vitalité.

« Alors les jeunes, on joue au Strip-Quidditch ? » proposa-t-il avec entrain.

Remus ne contrôla pas bien de ce qu'il se passa ensuite : Tonks avait explosé de rire et avait trébuché contre lui, les faisant tomber sur le sol. Il ne savait pas bien si c'était nerveusement ou parce qu'il en avait envie, mais pour la première fois depuis très longtemps, lui aussi éclata joyeusement de rire.


(1) : Un Spoiler avéré, et confirmé par JKRowling, dans une interview que vous pouvez trouver sur son site officiel. Abelforth, le frère de Dumbledore, serait effectivement le patron de la Tête de Sanglier à Pré-au-Lard et que Harry aperçoit dans « L'Odre du Phénix ».


A Suivre ...


Réponses aux Reviews :

Ilys : Merci beaucoup pour ta review ! Elle fait chaud au coeur, puisque j'ai l'impression d'être dans un passage un peu ennuyeux avant le futur "gros événement". Tu me rassures un peu sur mon rythme. Ah et puis sinon, je te promets, JE ne tue pas Remus. Par contre, si quelqu'un d'autre le tue, je n'y peux rien ...

Ayako : Les frères Muñoz pires que Maugrey ? Alors là tu me flattes énormément ! Sinon pour Isibeal, je me répète un peu, mais on saura ce qu'elle fout là dans les chapitres 13 et 15. Elle aura un rôle à jouer plus tard, mais ça elle ne le sait même pas encore, la pauvre fille. Quant à Remus, même réponse qu'à Ilys. Je promets de ne pas le bousiller. Pas de ma faute après si un personnage le bousille sous mon nez ! Ou pire encore ... S'il se bousille lui-même ... Ahem. Bon, merci pour ton conseil sur la mise en forme, mais je n'ai pas word donc ça ne m'aide pas bcp ! Je garde ma solution des guillemets du coup ... A la prochaine !

Loyalbus : Ah la la ... Le suspens agaçant de Death Note, qui m'a fait m'énerver toute seule sur mon ordi pendant mes vacances de Noël. L Rules ! See you !

Kazy : Tu voulais pire que le "quoi hey moi" ? Eh bien je pense que tu as été servie avec le chapitre 13 ... Le chapitre 14 sera aussi édifiant je pense ... Quant au chapitre 16, j'en parle même pas ! Tu sais, Ron et Hermione devaient être mon couple de l'année, mais après le chapitre 13 je crois qu'il est évident qu'il est gay et qu'il finira dans les bras de Seamus. Ou au moins il écrira des romans pornos gays comme dans la fic de Lychee. Minimum. Un chef d'oeuvre cette fic d'ailleurs. Bon c'était pas une vrai question, mais je te réponds quand même sur le à quoi sert Hermione dans ma fic : 1) à réfléchir pour tout le monde (cf chapitre 15) et 2) à sortir avec Ron, lui briser le coeur et l'inciter à devenir gay. C'est déjà pas mal. Je nie toute relation entre les frères Muñoz et Ingrid, et clame ici haut et fort que l'Espagne est une grande nation. Et tu as effectivement une longue carrière toute tracée qui s'étend devant toi dans le domaine des génériques TV pourris. Regards, Hysteria.

Karmaa : Le "quoi hey moi" devient emblématique. Je devrais changer le résumé de la fic pour juste mettre ces trois mots. Ca attirerait probablement les foules. Tu sais, si mes chapitres te font du bien chaque semaine, c'est également le cas de tes reviews (et de celles des autres aussi bien sûr, elles me font toutes grandement plaisir), mais je vois que tu t'éclates bien à les écrire donc c'est délirant et génial quoi. Ah et fais attention au transfert de personnages : Jack is Jack, Ron is Ron (comment peut-on imiter mon boulet de toute façon ?). Ravie que le Couple de l'Année déclenche des rires souvent chez toi, car vraiment, ce n'est que le début. Ca va être pitoyable, mais drôle. Enfin j'espère. Il n'y aura plus beaucoup de scènes entre Harry et Cho je pense, maintenant, sauf pour expliquer deux ou trois trucs sur Isibeal, et puis pour faire de la figuration. Je n'ai pas encore vraiment entamé la partie "grande histoire d'amûûûûûr du crétin" mais ça sera pour bientôt. Ca devrait être moins drôle et plus mimi mais bon ... lol Je ne peux pas promettre des apparitions trop fréquentes des Frères Muñoz car ils ne sont pas faciles à gérer, mais je compte bien exploiter leur tempérament disons ... précis. Oui voilà, c'est ce qu'on va dire. Allez, encore merci pour tes remarques cinglées et tes compliments ! A bientôt ! (faudra que tu me dises comment tu as appris à transplaner, veinarde)

Chimgrid : Bon encore une réponse à ta review décalée, mais tu rattrapes ton retard lentement mais sûrement ! En tout cas merci encore de suivre ma fic, vraiment ! Tes remarques sur le camp de vacances de Ginny me font plaisir car je m'étais cassée la tête à inventer tous ces détails qui finalement ne vont quasiment pas me servir par la suite ! lol. Mais j'aime bien lâcher mon imagination ... Et pour te répondre, je suis effectivement fan des Nuls (Bruno Carette nouveau Ministre de la Magie, on y croit !), et j'aime bien Amélie Nothomb dont j'ai lu "L'hygiène de l'assassin" et "Antéchrista". Sinon le nom de Dahud a une petite histoire : une amie m'avait filé l'adresse d'un site de prénoms (adresse que j'ai paumée d'ailleurs) et j'avais vu que Dahud était un prénom de je-ne-sais-plus-quelle-langue qui signifiait "bonne magie". Quand j'ai créé ce personnage, j'ai eu envie de lui donner ce nom, à la fois parce qu'il était très positif, mais aussi en clin d'oeil à l'animal légendaire le Dahu car cette chère Dahud est une fille tout aussi improbable que cette créature ! lol ! Et pour le Sigfib, lol, non cela n'a aucun rapport avec toi, c'est tout simplement l'anagramme de Big Fish sans les "h" parce que j'aime bien ce film. (je sais, il faut chercher loin). Allez encore merci, et gros Kisses !


CHAPITRE 13 : AQUENE ET SIRIUS

POV Ron, où l'on entre dans la tête d'un boulet, où l'on découvre certaines vérités, où le passé a été oublié et où Dahud s'incruste !