Note 1 : Encore merci pour les encouragements ! Je n'en reviens pas, ça marche comme un charme, la preuve, voici encore un petit chapitre, en livraison express !
Note 2 : Bravo Téli (bah oui c'est elle !).
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3 – Rodney fixait les flammes de leur feu de camp. Le crépitement avait un effet apaisant. Les nuits sur P4X-322 étaient froides et il se frotta les mains devant les flammes.
Ses mains.
Il regarda le pansement qui couvrait son entaille. Ce qu'il avait éprouvé lorsque le Major lui avait touché la main était étrange. Il n'était pas habitué à ce qu'on le touche comme ça. Aux gestes amicaux ou aux signes de tendresse. En fait, il fuyait les contacts physiques. Mais le Major lui était quelqu'un de touchy feeely (11). Une tape amicale sur l'épaule, une accolade. Il n'avait pas peur d'exprimer ses sentiments de manière « physique ». Peut-être était-ce un trait de caractère propre aux militaires ? Quelque chose qui se fait entre coéquipiers.
Rodney étendit ses doigts et s'amusa à ouvrir et à fermer le poing.
« Ca vous lance encore ? »
La voix le fit sursauter. « Non, je … » Avant qu'il n'ait le temps de réagir, le Major lui avait saisit la main pour l'examiner.
« Laissez-moi voir ça. Il faut certainement changer le pansement, avec tout le sable que vous avez remué aujourd'hui. Hum, oui, attendez une minute» Sheppard récupéra son medkit et s'installa aux côtés de Rodney. Ce dernier resta complètement immobile, osant à peine respirer. Les doigts du Major couvrirent une nouvelle fois les siens. Il frissonna.
C'était ridicule. Ce qu'il ressentait était ridicule. Sheppard aurait fait la même chose pour n'importe quel autre membre de son équipe. C'était juste sa manière d'être. Il fallait qu'il arrête de rêver tout éveiller, de voir des choses là où il n'y avait rien.
Là où il n'y aurait jamais rien.
Rodney retira brusquement sa main. « Je crois que ça ira Major. Je suis assez grand pour changer un sparadrap tout seul. » Il tendit la main et le Major, avec un petit haussement d'épaule, lui remit le medkit. « Comme vous voulez. »
Sheppard regarda Rodney regagner le jumper.
Un coup de vent le fit frissonner. Brrr. Cette fichue planète était vraiment comme l'Afghanistan : étouffante le jour et glaciale la nuit. Il leva les yeux vers le ciel. Les étoiles dessinaient d'étranges dessins dans la nuit. Mais aucun d'eux ne lui était familier. Il ne s'était pas encore habitué à ces constellations nouvelles.
Il entendit un petit juron étouffé et jeta un coup d'œil vers le jumper. Il pouvait voir le profil de McKay, penché sur sa blessure de guerre.
Le scientifique semblait fatigué et un peu à cran. Rodney n'avait pas pour habitude de le rabrouer pour rien. C'est vrai que leur relation reposait en grande partie sur des échanges un peu vifs, mais jamais rien de méchant. C'était plutôt agréable d'avoir quelqu'un qui ne se laissait impressionner par rien et qui avait une répartie bien sentie pour tout. Mais depuis quelque temps, il lui semblait que McKay l'évitait. Et quand enfin, ils étaient dans la même pièce, la conversation finissait invariablement de la même manière : Rodney ouvrait la bouche pour dire quelque chose et ce qui en sortait ne semblait curieusement pas être du tout ce à quoi il pensait quelque seconde plus tôt. Il finissait toujours par une banalité du genre « Certainement pas Major ». Court, net et précis. Sans humour. Et Rodney McKay avait une sacrée dose d'humour. Pas de ton ironique ou sarcastique. John ne pouvait pas s'empêcher de trouver Rodney un peu off, comme s'il n'était pas vraiment lui-même.
Il regarda à nouveau vers le jumper. Il avait pris le premier quart et tout le monde s'était installé pour la nuit. Rodney et Grodin dans le jumper, Teyla et Ford sous une tente. Il sourit. Teyla insistait toujours pour dormir ainsi. Et il ne lui aurait pour rien au monde proposer un autre arrangement. Il tenait à sa peau. Prendre Teyla pour une pauvre petite chose fragile, c'était vraiment agir de manière dangereuse. Elle trouverait un moyen de lui faire payer, lors d'un de leur entraînement.
Il revint à l'examen des étoiles. Il bailla et bu un peu de café. Froid. Il fit la grimace. La nuit allait être longue.
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Elle aimait le regarder dormir. Il était si différent lorsqu'il dormait, presque vulnérable. Mais elle savait que ce n'était pas le cas. John Sheppard était une de personnes les plus fortes, qu'elle ait pu rencontrer.
Il méritait de la rejoindre. De devenir lui aussi un être de lumière. De savourer la puissance de l'ascension.
Ses mains effleurèrent sa joue puis ses cheveux. Elle aurait aimé pouvoir le toucher.
Elle n'aurait plus longtemps à attendre. Bientôt, ils ne feraient plus qu'un.
ooOOoo
Leur seconde journée sur P4X-322 fut aussi monotone que la première.
John partit en Jumper avec Teyla chercher de l'eau.
Il y avait ce qui ressemblait à un lac de l'autre côté de la carrière. L'eau y était absolument glaciale, mais les analyses démontraient qu'elle était très pure. Quasiment aucun germe. L'idéal pour des explorateurs coincés sur une terre aride et sèche.
ooOOoo
Ford s'était planté devant les deux scientifiques.
Ils étaient enfin sortis de la carrière, encore plus blancs que la veille, et semblaient satisfaits de l'avancée de leur recherche. Enfin, Grodin semblait satisfait. Avec McKay s'était plus difficile à savoir. Il faut dire que McKay était un perpétuel grognon. A bien y réfléchir, Aiden ne se rappelait l'avoir jamais entendu rire. Ouais, bien sûr il l'avait déjà entendu se moquer, ça pas de problème, mais jamais rire. Un rire vrai, qui vienne du cœur ou des tripes.
« Parfait. Nous allons pouvoir commencer les analyses spectrométriques. » McKay se frotta les yeux avec sa manche. Il avait du sable et de la craie un peu partout.
« Hey Doc', vous avez fini ? »
Rodney le fixa un moment l'air interrogatif avant de lui répondre.
« Lieutenant, est-ce que je ne viens pas de dire que nous allions pouvoir « commencer » nos analyses ? »
« Heu, oui, mais ... »
« Et le verbe « commencer » n'est il pas parfaitement antinomique au verbe « finir » ? »
« Oui, bien sûr. »
« Alors, Lieutenant je crois que la réponse est claire, non ? »
Aiden allait répondre quand il se décida à se taire. De toute manière cela ne servait à rien quand McKay était de méchante humeur, mieux valait le laisser fulminer tout seul. Ford plaignait un peu Grodin. Encore que ce dernier ne se laissait pas marcher sur les pieds. Un peu comme le docteur Zelenka.
Il allait se lever lorsqu'un bruit le fit sursauter. Immédiatement sur ses gardes, il saisit son P-90. C'est alors qu'il les vit.
Il n'eu pas le temps d'atteindre sa radio.
TBC
(11) Touchy feely : se dit de quelqu'un qui n'a pas peur des contacts physiques et dont le mode de communication, bien au contraire, repose sur le toucher. Pas franchement d'équivalent en frenchie, dommage !
