Note pour Cybélia : Allez, arrête de grogner et je promets – d'essayer – de finir cette fic avant mes vacances !
ooOOoo
6 – Ils s'étaient mis en route immédiatement.
Sheppard ne s'interrogeait même pas sur la défaillance du Jumper. Il était complètement concentré sur sa mission : retrouver McKay et Grodin.
Ils suivaient les souterrains ou avaient été emmenés leurs compagnons. Le détecteur pouvait être réglé pour identifier la chaleur dégagée par des corps humains ou des animaux, mais aussi pour celle provenant d'installation électrique par exemple (15).
Et le scan avait immédiatement détecté des impulsions électriques sous leurs pieds. Comment avaient-ils pu rater ça ?
Il faisait une chaleur terrible mais ils continuaient à marcher quand même. John jetait de temps à autre un regard en direction du Lieutenant Ford. Il était un peu pâle mais avait l'air de tenir le coup.
De toute manière, ils n'avaient pas tellement le choix. Sans Jumper et à plusieurs jours de marche de la porte, ils ne pouvaient pas faire grand chose. Récupérer McKay et Grodin était leur priorité.
Il marchait depuis environ une bonne heure lorsque Teyla le rejoignit. « Major. »
Il lui répondit sèchement. « Oui, quoi. » Il s'en voulait un peu de ne pas être plus aimable. Elle le regardait l'air compréhensif.
« Désolé Teyla, c'est juste que, » Il fit un signe de la main en direction du désert, « Tout ça … Tout ça est de ma faute, si seulement j'avais … »
« Non. Ce n'est pas de votre faute. Nous avons tous pensé que cet endroit était sans danger. Nous avons été négligents. »
« Mais je suis le leader de cette équipe, j'aurais du … »
« Et justement, c'est ce qui est important, Major. Nous sommes une équipe. Et aucun d'entre nous n'a tout à fait réalisé ce qui se passait. »
Elle avait raison, dès qu'il était question de générateur ou d'énergie, ils perdaient tout sens commun. Et cela ne concernait pas que McKay.
« Major ! »
Teyla et John se retournèrent d'un bloc au cri du Lieutenant. Il était agenouillé par terre près d'une petite formation rocheuse. Il arborait un sourire radieux.
« J'ai failli m'étaler en me prenant les pieds là dedans. » Il désignait du doigt une dénivellation dans la roche. A y regarder de plus près, il ne s'agissait pas de roches, du moins certainement pas d'une formation naturelle. On aurait dit qu'une très forte chaleur avait aggloméré le sable. En dessous, on pouvait deviner, à semi ensevelie, une espèce de dalle.
Ils se mirent à creuser frénétiquement. Il ne leur fallu pas longtemps pour dégager la dalle. John se demandait de quel matériau il pouvait s'agir. C'était lisse au toucher comme du métal, mais cela ne résonnait absolument comme l'aurait fait du métal.
« Bien et maintenant ? » Ford se tenait à ses côtés.
« Maintenant, on trouve un moyen de soulever ou d'ouvrir ce truc. »
Teyla examinait la dalle attentivement. « Ce ne sera peut-être pas nécessaire. Regardez. » Elle leur désignait du doigt la partie gauche de l'étrange dalle. Une encoche. Assez large pour la main d'un homme.
John mit sa main dedans et tira. La dalle résista un instant. Ford se joignit à ses efforts. La dalle finit par s'ouvrir en grinçant.
Une trappe.
Il leur fallait un levier.
« Major. » Teyla lui tendait son bâton. Celui qu'elle tenait de son père. Il le prit avec révérence. Il inséra la partie la plus épaisse dans l'entrebâillement qu'il avait réussi à créer. Et il poussa. La trappe finit par s'ouvrir suffisamment pour les laisser passer.
Arrivé en bas, John regarda autour de lui. Ils se trouvaient effectivement dans une sorte de souterrain. Quelques néons fonctionnaient encore, éclairant faiblement le large couloir.
McKay serait extatique s'il voyait ça : après des centaines d'années, un générateur quelque part continuait à alimenter cette partie de l'ancienne cité détruite par les wraith.
John soupira. Il espérait que Rodney allait bien. L'idée de le perdre le rendait malade.
Le perdre ? D'où lui venait cette expression ? Bon, oui, il était attaché à McKay. C'était son ami. Il n'en avait pas eu depuis un bail. A l'armée, il avait eu des potes, mais pas d'amis. Pas avant McKay.
Okay, il fallait qu'il se reprenne, parce que là, dans le genre non professionnel ! Il se tourna vers Ford et Teyla. Chacun d'eux étaient concentrés. Ford avait l'air d'avoir récupéré et se tenait en alerte, son P-90 à l'épaule.
Apparemment, il était le seul dont l'esprit vagabondait.
Il secoua la tête, comme pour s'éclaircir les idées, et continua son avancée à travers le long souterrain.
ooOOoo
Elle avait suivi leur avancée.
Et elle avait senti son angoisse. Il pensait à lui.
Elle était furieuse. Peut-être était-il temps de rendre une petite visite au docteur McKay.
Peut-être que le voir souffrir épancherait sa fureur.
ooOOoo
Rodney avait arrêté de hurler.
A un moment, il avait senti sa voix se casser. Peut-être s'agissait-il de ses cordes vocales. De toute manière, cela n'avait pas beaucoup d'importance. Et puis, c'était peut-être mieux ainsi. Il ne servait à rien, d'effrayer davantage Grodin.
Il savait qu'il était là. Ils l'avaient obligé à regarder quand, après avoir déchiré ses vêtements, ils l'avaient brutalement jeté, face la première, contre l'autel.
Maintenant, Rodney pouvait à peine distinguer les formes devant lui. Tout était brouillé. Il aurait au moins voulu pouvoir voir Peter. Au début, il s'était littéralement accroché à son regard, mais rapidement la douleur l'avait empêché de se concentrer sur quoique ce soit. Il regrettait de n'avoir pas eu assez de courage pour retenir ses cris. Mais bien sûr, il n'était pas Sheppard et il s'était rapidement mis à crier.
Quelque chose coulait sur sa joue. Quelque chose de chaud. De la sueur. Des larmes. Ou du sang. Il aurait voulu pouvoir s'essuyer mais il était solidement attaché, bras et jambes ecartelés, comme un supplicié sur une croix.
Chaque coup le laissait un peu plus vidé de ses forces. Au début, il les avait combattus. Il avait essayé de desserrer les liens en cuir qui le retenait sur la pierre froide. Mais il avait vite abandonné. Maintenant, il ne se concentrait plus que sur une seule chose : respirer. Expirer, inspirer, expirer, inspirer. Ce geste simple, automatique, c'était transformé en une épreuve surhumaine.
Il ignorait ce qu'ils utilisaient. Une espèce de fouet ou une sorte de martinet multi lanières. Ou quelque chose dans ce genre là. Et ils le maniaient avec dextérité. Comme des experts. Jamais il n'avait autant souffert. Ils avaient commencé par ses jambes et ses fesses, puis ils avaient frappé ses bras et enfin son dos et la base de son cou. Ils étaient consciencieux dans leur punition, repassant plusieurs fois au même endroit, comme si leur but était de couvrir la totalité de son corps de lacérations. Au début, il n'y avait pas eu de sang, mais rapidement il avait commencé à sentir les lanières déchirer la peau.
Woosh, Clac !
Inspirer, expirer.
Woosh, Clac !
Il ferma les yeux. Il fallait qu'il se concentre sur des pensées agréables. Le sourire du Major Sheppard. John.
Le Major l'appelait souvent Rodney, mais lui ne l'appelait jamais par son prénom. Il avait toujours pensé que le prénom recelait une force. Un peu comme ses tribus primitives d'Amazonie dont les membres de dévoilent pas leur nom de naissance, de peur que leur force ne leur soit volée, en même temps que leur identité (16). Il avait peur d'appeler les gens par leur prénom. N'était-ce pas le signe d'une certaine intimité ? Du moins, ça l'était pour lui. Appeler quelqu'un par son prénom, c'est lui dévoiler ce qu'il représente pour vous. C'était devenir vulnérable. Non, il n'avait jamais appelé le Major par son prénom. C'était tout simplement impossible (17).
C'était curieux de se dire qu'il allait mourir en pensant à quelqu'un qu'il ne connaissait que depuis quelques mois. Et pourtant, il lui semblait qu'il le connaissait depuis des années. Un peu comme s'il avait retrouvé un vieil ami d'enfance, perdu de vu.
Bon sang, ça faisait si cliché !
Woosh, Clac !
P-E-N-S-E-E-S A-G-R-E-A-B-L-E-S.
John. Son corps. Il aimait son corps. Il l'avait entr'aperçu un jour dans l'infirmerie, juste après une mission. Il n'était pas un Shwartzeneger, mais il avait un corps compact, bien équilibré. Rodney avait l'impression d'être un vilain petit canard à côté de lui. Il n'avait quasiment aucun poil sauf sur la poitrine, alors que lui était couvert d'une espèce de duvet ridicule, même pas des poils d'homme. Rodney détestait son propre corps.
Il avait souvent fantasmé sur le corps du Major, s'imaginant en train de le caresser, d'en dessiner les courbes avec sa main. Des rêves. De merveilleux rêves.
Il n'entendait plus le fouet.
A travers le sang qui coulait dans ses yeux et dans sa bouche, il pouvait voir le Major. Il lui souriait, de ce sourire qu'il réservait au seul personnel féminin d'Atlantis.
Il allait mourir avec cette image devant les yeux.
L'image d'un rêve impossible.
TBC
(15) Enfin, je suppose que cela doit être possible.
(16) J'ai lu un truc comme ça un jour, il faudra que le je vous le retrouve.
(17) McKay appelle le docteur Weir par son prénom, mais c'est surtout par respect. Il voit un égal en elle, enfin, autant que sa personnalité lui permet de voir qui que ce soit comme tel !
