Tagazok à tous ! Merci de continuer à me lire !
Voici enfin le chapitre 4, qui a un peu tardé, mais autrement plus long que ses prédécesseurs… Un grand merci à ma bêta-readeuse Brathanaëlle, qui m'a donné de nombreux et précieux conseils au cours de la rédaction de ce chap…
Au fait, toutes mes confuses (), j'ai oublié de mettre le disclaimer dans mon chapitre 3.
DISCLAIMER : le monde d'HP appartient à JKR et blablabla… Léna, Lucy, Art, Marina, Sunny, Marty, Bart, Nat et tutti quanti sont à moi, en revanche !
Et sans plus tarder, les réponses aux reviews !
Yoann : Hermione mère de Krum ???!!! Je ne connaissais pas du tout cette fic! Comme quoi y'a encore plus tordu qu'un Ginny Lily… Je suis contente que ça te plaise, voilà la suite !
Gabrielle TLM : Non, je ne suis pas de la Ciotat mais de Béziers/Montpellier (la 1ere ville est celle de mes parents, la deuxième celle où je vais à la fac) ; en revanche ma bêta-readeuse et collaboratrice de charme, Bratha, habite à la Ciotat et va… au Lycée Lumière! C'est marrant comme hasard… Pour la littérature enfantine… BIIIIIIP ! tu as perdu ! Try again ! la réponse est située plus bas…
Raphou : merci bcp, voilà ton vœu exauc ! Merci aussi pour ta review sur Aube, je suis contente que ça t'ait plu… si tu aimes ma façon d'écrire, sache que j'ai aussi écrit un roman, qui s'appelle la Prophétie des Magicyans, et est paru aux éditions Milan… Bisous !
Riri : merci ! Tu as bien compris le pb qui se pause pr Ginny par rapport à James, ne t'en fais pas j'ai pensé à tout ! Tu verras par la suite comment leur relation évolue… Dans ce chapitre, on a déjà droit au coup de foudre de James pr Ginny.
Smoke : merci ! bonne lecture !
Charli : whaaaa ! je suis lue jusqu'au Québec ! Trop fière! En fait en France, la « place du mort », c'est une expression très ironique qui désigne la place du passager avant, à côté du chauffeur. Ca a été exploité dans La Cité de la Peur, le film des Nuls (je sais pas si tu connais), où on a un gag au moment où la femme dit à un mec « prenez la place du mort », et l'autre ouvre le coffre et commence à en sortir un cadavre… mais bien sur c'est plus drôle à voir qu'à entendre
Sinwen : Voilà, James arrive enfin ds ce chapitre ! par contre, bien sûr, je n'ai pas fait de Ginny une Préfète, ça n'aurait pas été logique… de toutes façons, à aucun moment dans les romans il n'est dit que Lily l'a été, c'est juste ce que supposent la plupart des auteurs de fics… J'ai également fait une ellipse sur le moment où Pétunia découvre la vérité, on reparlera d'elle plus tard mais pour le moment je ne trouvais pas primordial d'insérer un tel passage, vu que tout le monde se doute plus ou moins de sa réaction
Guézanne : resalut ! (le re c'est parce que je viens de répondre à ton mail… je précise qu'au moment où j'écris ces lignes on est vendredi matin) ok pr l'explication du style punchy… dans ce chapitre je m'amuse à mélanger les styles, qques expressions familières, surtout dans les dialogues, et par moment un ton plus ampoulé à lire de façon décalée… Pour la littérature jeunesse, comme pour Gabrielle, la réponse est située plus bas. Quand à « La vérité sur Lorin Jones », je n'avais jamais entendu parler de ce roman… Pur hasard, donc ; en fait je ne trouve pas mon titre terrible terrible mais c'était ce qui s'approchait le plus du contenu de la fic…
Xaebhal : merci ! voilà la suite !
Corinne : ok alors ! voilà le 4 ! bisous
Enfin, pour ce qui est de la référence dans la note 3 du chap3, il s'agissait d'une allusion aux Désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire, de Lemony Snicket… Sympa à lire mais un peu répétitif, et bien sûr pas du niveau d'HP… Ils viennent d'en faire un film qui sortira en décembre. J'y fais une autre référence dans ce chap, ms bcp plus implicite : « Sunny », qui est dans ma fic la petite sœur d'Art, est le prénom de la benjamine des Orphelins dans la VO ; en français, ils ont traduit par Prunille.
Et voici donc le chapitre 4 ! Quelques dernières précisions : je me suis finalement décidée à donner des titres à mes chap… les premiers ne sont pas terribles, je vous promet de m'appliquer pour la suite ! Vous remarquerez que j'alterne les PoV de plusieurs personnages, à la 3eme personne mais en focalisation interne. Je ne vous ferai pas l'affront de préciser à chaque fois à travers quels yeux on perçoit la scène, je préfère miser sur l'intelligence du lectorat (que celui qui a crié "démago!" dans le fond se dénonce...) Donc, quand je désigne notre héroine par "Ginny", c'est qu'il s'agit de son PoV, et quand c'est "Lily", on a affaire à qqun d'autre.
Bonne lecture à tous !!!
Chapitre 4 : Rentrée et rencontres.
Remus Lupin allongea le pas, puis se mit à courir carrément, poussant le chariot devant lui de toutes ses forces. Voie 5… voie 6… fichu Magicobus, incapable d'arriver au bon endroit au bon moment…et ces Moldus, indifférents, qui débouchaient sur son chemin à tout instant et lui bloquaient le passage !
-Pardon… excusez-moi, pardon…
Voie 7, voie 8, voie 9. Il franchit dans sa lancée la barrière ensorcelée, et déboucha sur une voie 9 ¾ vide de tout élève. Seuls des parents se tenaient sur le quai, agitant qui la main, qui un mouchoir vers les vitres du train à l'ancienne. Par les fenêtres du Poudlard Express s'alignaient des frimousses rieuses ou déconfites. Il était soulagé de ne pas en faire partie. Il y avait bien longtemps que ses parents ne l'emmenaient plus à la gare, ni nulle part, d'ailleurs. Remus hissa sa malle dans le train et sauta sur le marchepied au moment où la locomotive lançait une trille pour célébrer le départ. Les rouages de la machine se mirent lentement en branle, et l'adolescent claqua vivement la porte après avoir manqué de retomber sur le quai.
-Locomotor Barda !
Haletant, il entreprit de trouver le point de rendez-vous des Préfets, traînant derrière lui ses bagages qui lévitaient à quelques centimètres du sol. Il lui semblait se rappeler que le compartiment se trouvait à l'avant du train, mais l'atteindre ne fut pas chose aisée, car le couloir était étroit, et parcouru par des flopées d'élèves surexcités.
-Pardon… (impression de déjà-vu…) Pardon, excusez-moi… Pardon, laissez-moi passer, s'il vous plait, je suis préfet… pardon…
Lui qui n'aimait pas spécialement se mettre en avant, il ne pensait pas avoir à faire si tôt usage de son nouveau titre (il avait d'ailleurs été le premier surpris à recevoir le badge : il était persuadé que le nouveau préfet de Gryffondor serait Artus Stetson, et certainement pas un Maraudeur…) Quoi qu'il en fût, cela se révéla utile : les gens lui cédaient plus volontiers le passage, soucieux de ne pas s'attirer dès le départ les foudres de l'autorité dirigeante. Il parvint enfin au compartiment des Préfets, encore essoufflé par le sprint qu'il avait dû piquer dans King's Cross. Comme si la dernière pleine lune, qui remontait à peine à deux jours, ne s'était pas déjà chargée de rendre son corps douloureux et courbaturé.
D'un geste las, il se passa une main sur le front, tant pour en essuyer la sueur que pour remettre de l'ordre dans les mèches qui lui tombaient devant les yeux. Les joues lui cuisaient, il ne devait pas avoir fière allure…
Il fit coulisser la porte, et la première chose sur laquelle son regard se posa se révéla être la seule qui puisse le faire rougir encore davantage. Quoique le mot « chose » ne fût pas des plus appropriés, loin de là.
Léna Kyrdys lui fit un grand sourire lorsqu'elle l'eut reconnu. Pourquoi est-ce qu'après tout ce temps, ses entrailles avaient encore la mauvaise habitude de se tortiller furieusement à chaque fois qu'elle se trouvait dans le périmètre ?
-Ah, le voilà ! Un instant, on a eu peur de t'avoir oublié à Londres ! plaisanta-t-elle.
-Je… euh, je suis désolé.
-Pas grave, dit Barthélemy Bartok, de Serdaigle, le nouveau Préfet-en-Chef. Ta « collègue » t'a gardé une place.
-Euh… merci, balbutia encore Remus en prenant place à côté de la Gryffondor qui lui sourit de plus belle. Salut !
Ils échangèrent une poignée de main, mais Remus ne soutint son regard qu'un court instant, avant de se plonger dans la contemplation du bout de ses chaussures.
Léna Kyrdys… Ainsi, c'était elle la préfète ? Décidément, les pronostics de l'année précédente se révélaient mauvais. Tout le monde donnait Ceridwen Ballantine gagnante. Léna était plus douée que Ceridwen en classe, mais n'avait pas vraiment le profil de l'élève modèle.
-Bien, nous sommes au complet, cette fois, annonça la nouvelle Préfète-en-Chef (la Poufsouffle Nathanaëlle Saint-Patrick). Avant tout, nous vous souhaitons la bienvenue à vos nouveaux postes. Nous espérons, et plus, nous sommes sûrs, Bart et moi, que vous ferez honneur à la longue tradition qui nous a précédés.
-Est-ce que ça implique le fait de ne pas frauder pendant nos BUSEs ? demanda innocemment Léna.
Nathanaëlle rit et continua à leur donner leurs instructions pour la journée. Remus écoutait d'une oreille distraite, absorbé dans des pensées plus importantes… Le fait que ses amis, après trois ans d'effort, avaient enfin mené à bien leur projet, par exemple, ou encore une certaine jeune fille en robe blanche assise à quelques centimètres de lui. Non pas que ce rapprochement fût exceptionnel. Après tout, ils étaient amis… Mais malgré cela, malgré les nombreuses heures passées côte à côte les années précédentes, à faire leurs devoirs ou, plus rarement, en classe, il n'y avait pas moyen de s'y accoutumer. Tiens, les autres allaient bien se marrer, lorsqu'il leur aurait dit…
-Encore une chose, dit Barthelemy Bartok, après que Nathanaëlle leur eût expliqué que les emplois du temps de leurs maisons respectives leur seraient remis le lendemain matin. Nous avons appris ce matin qu'une nouvelle élève allait rejoindre l'école.
-Tu veux dire, plus nouvelle que les cinquante nouveaux annuels ? demanda Scott Silverstone, le préfet de Serdaigle.
-Oui, car elle va entrer directement en 5eme année. D'après la note laissée par le Professeur Mac Gonagall, son dossier a été transféré d'une école de sor…
Il fut interrompu par un timide cognement à la porte.
-Oui ?
Bart ouvrit et dix regards se braquèrent dans la direction de la nouvelle arrivante. C'était une jeune fille rousse à l'air intimidé.
-Euh… Bonjour… je suis Molly Evans.
-Ah, parfait ! J'étais justement en train de leur expliquer… mais viens, entre. Je suis Barthelemy Bartok, le Préfet-en-Chef, mais tu peux m'appeler Bart, comme tout le monde… Et voilà mon homologue féminin, Nathanaëlle Saint-Patrick.
-Nat Saint-Pat, rectifia l'intéressée en serrant la main de la nouvelle.
Celle-ci la regarda à peine un instant, avant de reporter son attention sur… lui, Remus Lupin !Lui et Léna, en fait…
-Tu connais un peu le système des Maisons? Questionna Bart.
-Euh, oui, j'ai… lu l'Histoire de Poudlard pendant l'été.
-Bien… Voici donc les préfets de Gryffondor, Léna Kyrdys et Remus Lupin… Ceux de Serdaigle, Galatée Williams et Scott Silverstone… Ceux de Poufsouffle, Lydia N'Guyen et Winston Abbott… Et ceux de Serpentard, Circé Croupton et Severus Snape.
Remus, n'avait pas prêté grande attention à Snape jusque là, mais entendre ce nom à voix haute le ramena brusquement à la réalité : il allait falloir faire de sérieuses concessions pour que les relations inter-préfets ne virent pas au règlement de comptes et aux effusions de sang.
La nouvelle venue serra la main de chacune des personnes qui lui étaient présentées.
-Bien, comme je le disais avant que tu n'arrives, tu viens d'Afrique du Sud, c'est bien ça ?
-Euh… oui… Mon père avait un poste à Johannesburg et j'allais à l'école de sorcellerie de là-bas… Il vient d'être muté à Londres.
-OK, dit Nat Saint-Pat. J'espère que tu te plairas à Poudlard ! Vous tous, continua-t-elle à l'adresse des huit préfets, je compte sur vous pour l'aider à s'acclimater.
-Pas d' souci, chef, dit Léna avec un salut militaire.
-Bon, au boulot ! Je propose que vous fassiez tout de suite une première inspection du train, pour vérifier que tout est en ordre… Molly, tu sais où t'installer ?
-J'ai déjà posé mes bagages dans un compartiment… merci !
Remus et Léna passèrent le Poudlard Express en revue en échangeant quelques banalités.
-Comment étaient tes vacances ? Lui demanda gentiment la jeune fille entre deux coups de gueule à l'égard d'une bande de Serpentards de troisièmes années qui expérimentaient un sort de Crache-Limaces sur une première année traumatisée.
Remus lança un Evanesco nonchalant sur les gastéropodes, sans quitter du regard une Léna qui, sur le moment, n'en menait pas large : il savait qu'elle avait toujours eu la phobie des créatures rampantes.
-Merci, dit-elle sans se départir de son teint verdâtre. Alors, ces vacances ?
-Normales. Je n'ai pas bougé de chez moi.
Comment aurait-il pu en être autrement ? Ils n'étaient pas partis en vacances depuis au moins huit ans. Depuis…
Ils tirèrent la première année du compartiment de ses persécuteurs et, après quelques mots rassurants, Léna l'envoya dans un autre wagon.
-Tu as dû en profiter pour bouquiner à longueur de journées, je parie !
-Tout juste. D'ailleurs, j'ai tous tes livres dans ma valise (il désigna la malle qui le suivait toujours docilement).
-Tu n'es pas obligé de me les rendre tout de suite…
-Et toi ?
-Oh, moi aussi je t'ai ramené ceux que tu m'as prêtés…
-Non, je veux dire, tes vacances ?
Léna rit.
-Ah ! Euh, oui, c'était sympa. J'ai passé le mois de juillet avec Lucy … Et je suis allée voir un concert de Cat Stevens avec Art ! C'était génial ! EH, TOI, QU'EST-CE-QUE TU AS L'INTENTION DE FAIRE, EXACTEMENT, AVEC CETTE BOMBABOUSE ???
Ah, oui, Art. Forcément...
Il suivit Léna dans le compartiment où des deuxièmes années faisaient l'inventaire d'un impressionnant arsenal de farces et attrapes.
-Confisqu ! Tous ces objets figurent sur la liste des artefacts parias de Mr Picott !
Un instant plus tard, ils ressortaient dans le couloir avec un butin impressionnant.
-Et hop ! Une généreuse contribution à la communauté. C'est toujours ça d'économisé chez Zonko…
-Heureux de voir que tu prends ton rôle de Préfète à cœur.
-On partage équitablem… Marina ?
Uh? Equitablemarina?
Un peu plus loin dans le couloir, une élève de première année se faisait réprimander vertement par un Préfet qui n'était autre que Severus Snape.
Léna couvrit d'un pas vif la distance qui les séparaient, et adressa quelques mots en français à la petite fille en larmes.
-Tu… tu la connais ? Interrogea Snape, décontenancé.
-C'est ma sœur !
-Oh… désolé, je…
-C'est bon, laisse tomber.
Elle se remit à parler en français, et tentait visiblement de rassurer l'enfant.
-Tant que tu es là, précisa Snape, Potter et sa clique ont élu résidence dans ce compartiment (il désigna une porte un peu plus loin). Peut-être que toi, tu arriveras à calmer ces abrutis…
-Je m'en charge, soupira Remus. Occupe-toi de ta sœur.
Snape posa sur lui un regard empreint d'un profond mépris avant de tourner les talons.
Léna lui sourit.
-Merci, Remus… Un problème ?
Un problème, lui ? Non, tout va le mieux du monde, merci de ta sollicitude…
Comme il ouvrait la bouche pour répondre quelque chose d'approchant, il réalisa que Léna ne s'adressait pas à lui, mais à la fille rousse qui venait de sortir d'un compartiment en traînant sa malle derrière elle. Il reconnut la nouvelle, Molly… comment déj ? Ah, oui, Molly Evans.
-Je crois que je vais chercher un coin un peu plus accueillant, répondit celle-ci, visiblement énervée.
-Je t'embarque, si tu veux. Comme ça, j'aurai sauvé deux vies aujourd'hui ! Plaisanta Léna.
-D'accord ! Merci…
-Remus, dis aux autres que je viendrai leur dire bonjour tout à l'heure, ok ?
Il acquiesça, et sourit en réponse à la jeune fille. Son sourire demeura encore accroché un moment à ses lèvres comme il la regardait s'éloigner, le bras sur l'épaule de sa petite sœur et Molly sur ses talons. Parce qu'un sourire et une parole amicale, c'était déjà beaucoup pour un loup-garou.
Lorsqu'elle était montée dans le Poudlard Express, sous l'œil ému de ses parents adoptifs, Ginny avait déposé ses bagages dans le premier compartiment de libre, avant de se mettre en quête du wagon des préfets.
Même si elle s'attendait vaguement à les voir à cet endroit, se trouver face aux jeunes Lupin et Léna lui avait fait un sacré choc… Elle avait eu un mal fou à détourner le regard des deux adolescents, c'en était devenu gênant. Lupin, enfin, Remus, était incroyablement plus jeune que celui qu'elle avait connu comme professeur. Ou plutôt, c'était le professeur qui avait vieilli prématurément, du fait de sa lycanthropie. Le garçon qu'elle avait vu aujourd'hui paraissait un peu plus âgé que ses condisciples, mais seulement à cause de la gravité de son regard. Son visage pâle était déjà barré des fines cicatrices qui ne devaient jamais s'estomper…
La Léna de 15 ans, en revanche, ressemblait assez à celle de 35. Elle portait une longue robe en lin blanc, des sandales en cuir tressé et des fleurs dans les cheveux. En fait, elle correspondait assez bien à l'ambiance flower power de l'époque, et c'était précisément cet état d'esprit, qu'elle avait conservé à travers les deux décennies suivantes, qui faisaient d'elle une femme enjouée et optimiste.
Apparemment, les deux préfets de Gryffondor ignoraient tout de leur avenir matrimonial, ce qui amusait Ginny.
Après que les Préfets lui eurent été présentés, l'adolescente regagna son compartiment. A son grand déplaisir, une bande de Serpentards, visiblement plus âgés qu'elle, y avaient élu domicile en son absence. Elle se cala dans un petit coin de banquette, soucieuse de se faire oublier, mais les regards curieux des élèves présents ne se firent pas attendre. Il la dévisagèrent en silence un moment, puis :
-Tu es qui, toi ? Questionna un grand maigre au visage dévoré par l'acné, au bout d'un bon quart d'heure.
-Je suis… Molly Evans.
-Comment ça se fait qu'on t'ait jamais vue ? fit une blonde à l'air dédaigneux. Ginny la reconnut : elle l'avait vu une fois, dans la Tribune de la Coupe du Monde de Quidditch : il s'agissait de la future Mrs Malfoy.
-J'arrive d'Afrique du Sud… Mon père a été muté à Londres cet été.
-Ton père ? Il fait quoi, ton père ?
-Il, euh… travaille au Ministère de l'Intérieur. Relations Sorciers/Moldus.
-Tu veux dire que ton père est un Moldu ? Et ta mère aussi ?
Ginny ne put qu'acquiescer faiblement.
-Ainsi donc, tu es… une Sang de Bourbe ? Et tu ignores ce qu'on leur fait, nous, aux sales petites Sang de Bourbe dans ton genre ?
La clique de Serpentards s'était levée et se resserrait autour d'elle en un étau menaçant.
Ginny ne fit ni une ni deux. Elle tira vivement sa baguette hors de sa poche et balança au hasard quelques sortilèges de Chauve-Furie, sa spécialité.
Sans attendre une seconde, elle se saisit de sa malle et sortit sans demander son reste. Elle fut bousculée au passage par un grand type qu'elle identifia comme son futur professeur de potions. Snape ne prit pas même la peine de s'excuser.
-Un problème ? Lui demanda une voix familière comme elle claquait la porte du compartiment.
Léna Lupin, euh, non, Kyrdys (elle n'était pas encore une Lupin), Léna, donc, se tenait à quelques pas de là, en compagnie de Remus et d'une petite fille en larmes, sans doute une première année qui avait déjà le mal du pays.
Ginny, encore sous le coup de la colère, s'efforça de sourire à la Gryffondor.
-Je crois que je vais chercher un coin un peu plus accueillant.
-Je t'embarque, si tu veux, proposa joyeusement la jeune fille. Comme ça, j'aurai sauvé deux vies aujourd'hui !
Pourquoi pas ? Songea Ginny. Comme ça, elle était en terrain connu, certaine de passer le reste du voyage avec quelqu'un qu'elle avait toutes les chances d'apprécier.
-D'accord ! Merci…
Léna dit à Lupin qu'elle irait saluer les « autres » plus tard, et la jeune Weasley ne devinait que trop qui étaient ces fameux autres. Même si elle avait eu l'occasion d'y songer maintes fois pendant l'été, l'idée de voir le père de Harry, ainsi que le jeune Sirius, lui semblait toujours aussi étrange. Sans parler de Peter Pettigrew, qu'elle n'avait jamais rencontré, mais dont elle savait parfaitement ce qu'il allait devenir…
-Ah, ben, c'est pas trop tôt, on se demandait justement si on allait pas envoyer une équipe d'Aurors à ta recherche. Tu t'es faite prendre à revers par des Mangemorts ?
-C'est marrant, Art, parce que ton humour, il n'est que moyennement drôle… Ah, voilà mon Garfunkel!
-Ouais, ben en parlant de ça, ta saleté de chat d'amûûûûûûr a encore essayé de bouffer Amnésia !
Léna avait guidé Ginny et la première année jusqu'à un compartiment où se trouvaient déjà quatre personnes. Le garçon qui venait de s'adresser à elle était grand et mince, avec des cheveux bouclés, couleur de paille, et des yeux d'un bleu très clair. Il était assis face à une jeune fille du même âge, dont la longue chevelure lisse, blonde également, tirait légèrement sur le roux.
-Vous deux, dit la Préfète de Gryffondor, qui serrait à présent dans ses bras un gros chat angora, je vous présente Molly Evans, qui nous vient tout droit d'Afrique du Sud et entre aussi en 5eme année. Molly, voici Artus Stetson et Lucy Lightfire.
-Vous pouvez m'appeler Lily, corrigea Ginny en serrant la main des deux adolescents.
Les deux autres occupants du compartiment étaient à l'évidence des 1ere années, un garçon et une fille qui se ressemblaient comme deux gouttes d'eau qui auraient ressemblé à Artus Stetson.
-Eh bien, Lily, moi c'est Art, et voilà mes jumeaux de frangin-frangine, Marty et Sunny.
-Salut-salut, piaillèrent les petits jumeaux.
-C'est une chance que tu les aies gardés avec toi, grand-frère poule, remarqua Léna en grattant la tête de Garfunkel-le-chat. Regarde sur qui je suis tombée alors qu'elle se faisait incendier par Severus Snape…
-Marina ! dit Artus en s'apercevant de la présence de la petite sœur de Léna.
Il ajouta quelque chose, que Ginny ne comprit pas.
-Ce brave Snape, ironisa Lucy. Toujours à fond dans la déconne ?
-Plus que jamais, approuva Léna, avant d'ajouter quelque chose en français à l'adresse de sa sœur.
Ginny s'installa en face d'elle, et la Préfète lui expliqua :
-Quand je suis arrivée à Poudlard, je ne parlais pas un traître mot d'anglais… une vraie galère. J'ai eu la chance de tomber dans la même Maison que Art, qui est bilingue et qui m'a aidée à me dépatouiller avec votre langage barbare. Aujourd'hui, les jumeaux vont pouvoir faire la même chose avec Marina…
-Comment ça se fait que tu sois à Poudlard, si tu es Française ? Tu devrais être à Beauxbâtons, non ?
Bien sûr, Ginny connaissait la réponse, Léna le lui avait déjà expliqué une fois, mais elle ne pouvait décemment pas le lui dire.
-Les membres de ma famille vont à Poudlard depuis sa création, c'est une tradition, dit Léna. Je suis une Kyrdys, tu vois ?
-Tu veux dire une descendante de Merlin ? demanda Ginny.
Le nom de Kyrdys était aussi connu dans le monde de la Magie que celui de l'Enchanteur lui-même.
-Il paraît. Personnellement, j'ai toujours trouvé ça dingue… Mon père est un Moldu et ma mère une Cracmol, tu comprends ? Avant de recevoir ma lettre de Poudlard, je n'avais aucune idée de l'existence de la Magie...
-Je connais… mentit Ginny. Ca a été la même chose pour moi.
-Pas toujours évident, hein ? Depuis que j'ai avoué à ma grand-mère paternelle que je fréquentais une école de Sorcellerie, elle est persuadée que je vénère Satan.
Ginny rit et se tourna vers Art.
-Et donc, tu es français aussi ?
-Oh, non, certainement pas, répliqua le garçon avec l'air de quelqu'un qui reste digne alors qu'on vient de l'offenser. Moi, je suis suisse ! Enfin, à moitié. Mon père est anglais et ma mère, suissesse. C'est pour ça que je suis bilingue.
-Ca aurait pu être pire, pouffa Lucy. Il aurait pu être belge. (1)
Art roula le magazine qu'il lisait avant leur arrivée (le dernier numéro de « Rolling Stone ») et en assena un coup sur la tête de Lucy ; il s'ensuivit une bataille acharnée où Lucy se défendit à grands coups du carnet à dessin qu'elle avait jusque-là gardé sur ses genoux. Chaque coup était agrémenté d'un joyeux nom d'oiseau.
-Crétin visqueux !
-Blondasse !
-Enflure !
-Saleté!
-Imbécile intersidéral !
-Sac à baffes !
-BANANE MENTALE !!! (2)
Les autres demeurèrent un moment de simples spectateurs amusés.
-Bon, c'est pas bientôt fini, vous deux ? Intervint finalement Léna, qui riait un peu trop pour être convaincante.
Ce fut elle qui se ramassa le dernier coup de « Rolling Stone », ce qui fit fuir Garfunkel de ses genoux dans un miaulement strident. Le chat se réfugia sous la banquette, le plus loin possible des quatre adolescents.
-Ah, mais oui ! s'exclama Art. Mademoiselllllle est préfète, maintenant ! Mademoiselllllle veut faire la loi !
Léna se leva pour faire face au garçon, mais elle lui arrivait à peine à l'épaule, ce qui compliquait un peu les choses. Finalement, Art se rassit de son propre chef, encore hilare.
-Alors, dis-moi, qui est ton acolyte ? James ?
-Tu plaisantes ? Tu imagines Jimmy préfet ?
-Je m'imaginais moi, préfet, rétorqua Art, mi-rieur, mi-boudeur. Vu que ce n'est pas le cas, et qu'on m'a préféré un Maraudeur, je m'attends à tout. Ca me dépasse. Sirius, peut-être ?
-C'est Remus, le préfet, andouille.
Art perdit aussitôt sa mine renfrognée, et ses yeux se mirent à briller comme Lucy laissait échapper un « ahiiinnnn… » des plus éloquents.
-Sans blague ? Mais en voilà, une bonne nouvelle, tu…
-No comment, Art, l'interrompit Léna.
-C'est quoi, un Maraudeur ? Intervint Ginny, qui se sentait un peu en reste.
-Aaaaah, ça, ma chérie, dit Lucy d'un ton mystérieux digne du professeur Trelawney, tu ne pourras pas rester longtemps à Poudlard en ignorant qui sont les Maraudeurs… Ces mecs sont les grands farceurs de l'école, ce qui, bien sûr, leur vaut une grande popularité, ainsi qu'une inimitié sans limite de la part des Serpentards… Ils sont à Gryffondor, comme nous, et aussi en 5eme année. En fait, le seul garçon de 5eme année de Gryffondor qui ne fasse pas partie de leur petite bande, c'est le joyeux crétin installé à ta droite.
-Tu sais ce qu'il te dit, le crétin ? Maugréa Art.
- Il me dit qu'il est bien content de ne pas passer tout son temps avec eux, parce que comme ça, c'est nous qui profitons de son amitié, repartit Lucy d'un ton enjôleur.
Les quatre adolescents éclatèrent de rire.
-Mais ils sont comment, ces garçons ? Continua Ginny. Ils sont sympas, quand même ?
-Bien sûr ! dit Léna. On est potes avec eux, mais entre eux quatre, il y a vraiment un truc spécial… comme entre Art, Lu et moi, ou entre Ceridwen et Mallory, les deux autres filles de notre classe.
-Même si Art est persuadé qu'elles deux restent ensemble uniquement parce qu'elles ne sont pas fichues de se faire d'autres amis, commenta Lucy.
-Tu t'égares un peu, là, remarqua Léna. Bon, comment résumer les Maraudeurs…Il y a James Potter, star de l'équipe de Quidditch, le tombeur de ces dames… Son inséparable, c'est Sirius Black, qui prétend au titre de plus grand déconneur de Poudlard…
-Et c'est qu'à force, il va finir par y arriver, le bougre, intervint Lucy en se marrant.
-Remus Lupin, tu le connais déjà, c'est l'autre Préfet de Gryffondor.
-Mouais, dit Artus, qui n'avait pas encore digéré qu'un Maraudeur puisse être Préfet à sa place.
-Il n'avait pas l'air très… facétieux, tout à l'heure, pourtant, remarqua Ginny. Sympa, mais pas « à fond dans la déconne », comme dit Lucy.
-C'est parce qu'il cache bien son jeu ! C'est vrai que c'est le plus réfléchi et, hem, « raisonnable » du quatuor infernal, si tant est qu'un Maraudeur puisse être raisonnable. Mais en matière de farces, il a quelques coups de maîtres dans son palmarès personnel.
-Et Peter Pettigrew, finit Léna, ben, heu… Disons que si le chaos absolu se traduisait par la foudre, ce type-là serait du genre à se tenir debout au sommet d'une colline, en armure de cuivre mouillée, à brailler « Tous les dieux sont des salauds ! »
Ginny pouffa, mais l'idée de fréquenter Peter Pettigrew ne la mettait pas spécialement à l'aise.
Les premières heures de la matinée s'écoulèrent joyeusement dans le compartiment. Léna et Artus, tous deux musiciens, avaient sorti leurs guitares et offrirent à Ginny un petit échantillon de leur répertoire, à base de Beatles, de Simon et Garfunkel, de Cat Stevens, de Leonard Cohen… Ginny se félicita d'avoir passé l'été dans une famille Moldue, et d'être ainsi au fait des standards musicaux des seventies. Lucy, de son côté, chantonnait avec eux en exécutant diverses esquisses dans son grand carnet. Dans leur coin, Sunny et Marty Stetson avaient entrepris d'apprendre à Marina Kyrdys quelques mots d'anglais indispensables (parmi lesquels Ginny nota distraitement « plume », « pétard mouill », et, pour une obscure raison, « sauce Gribiche »).
Après le pique-nique du déjeuner (où, bizarrement, ils firent plus honneur aux Chocogrenouilles et aux Plumes en Sucre qu'à leurs sandwiches-maison), Léna proposa d'aller rendre visite aux Maraudeurs, comme elle l'avait promis à Lupin, et de leur présenter « Lily » par la même occasion. Ginny se sentit soudain à la fois très excitée et très anxieuse à l'idée de rencontrer enfin le père de Harry, ainsi que le jeune Sirius… Passer la matinée avec une Léna de 15 ans était déjà étrange.
-Je marche ! s'exclama joyeusement Lucy.
-Pas moi, fit Art. Allez-y, je surveille la marmaille… en faisant un petit somme réparateur. Léna, transmet mes félicitations à ton petit préfet…
-Ce n'est pas mon petit préfet ! S'étrangla la jeune fille.
- Vroum, vroum, vavavoum ! C'est trop facile de te faire démarrer au quart de tour, ma chouette.
Léna lui donna un coup de baguette sur le crâne, avant de quitter le compartiment d'un pas digne, suivie de Ginny et de Lucy.
Les trois adolescentes traversèrent le train. Elles arrivèrent aux abords du wagon où Snape leur avait indiqué la présence des Maraudeurs, et furent accueillies par un chant dont elles purent saisir toute la profondeur et la délicatesse lorsqu'elles ouvrirent la porte du compartiment des quatre garçons.
« A l'enterrement de Potter,
J'étais devant, j'étais derrière,
J'étais derrière, j'étais devant,
J'étais tout seul à l'enterrement ! » (3)
Sirius Black, puisque c'était lui, était assis à califourchon sur un garçon étendu par terre, à plat ventre. Bien qu'il maintînt le visage de sa « victime » contre le sol, Ginny identifia immédiatement la tignasse noire que Sirius avait agrippée à pleines mains : il ne pouvait s'agir que d'un parent de Harry.
-Gentlemen, bien le bonjour ! Les salua Léna en entrant dans le compartiment.
-Salut, Léna ! s'exclama Sirius sans relâcher son étreinte sur James. Salut, Lucy ! Mes hommages, Belle Inconnue !
-Les gars, voici Lily Evans, dit Lucy après avoir refermé la porte coulissante. Lily, voilà donc les Maraudeurs… Sirius Black, Peter Pettigrew, Remus Lupin…
-Nous avons déjà été présentés, rappela Ginny.
-Et cette serpillière humaine, c'est James Potter, compléta Sirius en daignant enfin se lever.
James put enfin relever le visage. Son regard croisa celui de Ginny, dont le cœur eut une ratée. Malgré l'évidence ressemblance entre le père et le fils, les yeux de James n'avaient rien à voir avec ceux de Harry. De couleur noisette, ils avaient un éclat malicieux que Ginny n'avait jamais vu chez le garçon dont elle était amoureuse. Elle ne lui avait jamais connu non plus le sourire charmant, enjôleur, séducteur, que James lui adressa l'instant suivant.
-Bonjour, dit-il en se relevant, avant de lui tendre une main qu'elle serra distraitement.
Il lui fit un clin d'œil en se passant la main dans les cheveux pour les ébouriffer encore davantage (si tant est que cela fut possible).
-Enchanté, Miss.
-Attention, mode « drague » enclenché, remarqua Sirius qui s'était laissé retomber sur la banquette.
Hein, quoi ? S'insurgea intérieurement Ginny en rougissant. « Drague » ? Pas de doute, il est d'une autre trempe que son fils…
Les trois jeunes filles furent invitées à s'asseoir. James s'installa le plus près qu'il le pût de Ginny, sans se départir de son sourire charmeur. Les garçons lui posèrent un grand nombre de questions sur l'Afrique du Sud et son « ancienne école », auxquelles la jeune fille s'efforça de répondre tant bien que mal. Heureusement que la vie avec Fred et George lui avait apporté une grande science du mensonge, et un sacré sens de l'improvisation.
James intervenait peu, mais ne la quitta pas un instant du regard, et semblait boire chacune de ses paroles.
-Au fait, Jimmy, intervint innocemment Léna au bout d'un moment (lorsque la curiosité des Maraudeurs à l'égard de Ginny se fut un peu atténuée), comment va Galatée ?
-Hein ?
-Hello-ow! Galatée, tu te souviens ? A moins que tu aies changé de copine pendant les vacances ?
-Hein, heu, ah, non, je... elle va bien… je crois…
-Toujours élégant, James, commenta Remus.
L'intéressé, soucieux de changer de sujet, questionna :
-Et sinon, est-ce que tu, heu… joues au Quidditch ?
-Eh eh, il perd pas le nord, le nouveau cap'tain, s'amusa Lucy.
-Eh bien… un peu, reconnut Ginny. L'an dernier, j'ai remplacé un Attrapeur qui s'est fait interdire de Quidditch.
Son propre fils, d'ailleurs…
-Interdire de Quidditch ?! S'étrangla James, qui frissonnait rien qu'à cette idée. Quelle horreur… Je joue Poursuiveur, comme Léna, et Sirius est Batteur.
-Vas-y, James, dis-le, que vous avez remporté la coupe trois fois de suite, le taquina Remus. Tu en crèves d'envie.
Peter, qui lançait à James des regards éperdus d'admiration depuis le début, réserva à l'impertinent qui s'était autorisé ce sarcasme une œillade effarouchée.
-Hem, c'est toi qui l'as dit, pas moi, se défendit un James Potter légèrement rougissant.
Léna éclata de rire.
-J'ai hâte que la saison reprenne, remarqua-t-elle.
-Je suis sûr que tu dis ça uniquement parce que ça t'a manqué, de ne plus nous voir nous déshabiller dans les vestiaires, ironisa Sirius.
-Qu'est-ce qui faut pas entendre… j'ai bien peur que tu ne te fasses des illusions, mon cher. Même si être la seule fille de l'équipe de Gryffondor n'a pas que des inconvénients…
-Les premières années, par ici ! Suivez-moi ! Miss Evans ? Par ici, les première année… Est-ce que Miss Evans est ici ?
Ginny n'eut pas de mal à repérer Hagrid dans la foule, et fut étonnée qu'il l'appelle. D'habitude, les nouveaux n'étaient pas reçus individuellement. Mais, bien sûr, on ne pouvait nullement parler d'habitude dans son cas.
-A plus tard, dit-elle à Lucy, Léna et Art (qu'elles avaient rejoint après avoir quitté les Maraudeurs.) Oui ! Je suis là !
Hagrid ne paraissait pas tellement plus jeune que celui qu'elle connaissait.
-Vous êtes Miss Evans ? Très bien, vous devez vous joindre à nous, nous devons vous répartir comme si vous étiez en première année.
La répartir ? C'était donc nécessaire ? Et si…si elle ne se retrouvait pas à Gryffondor ?
Cette idée, si brutale, lui gâcha en partie la joie que lui procurait la traversée du lac en barque, même si elle était consciente que c'était un privilège de connaître ce moment deux fois. Un « Ooooooh » général retentit lorsque l'Ecole apparut devant eux, et cela mit un peu de baume au cœur de Ginny : la vue du vieux castel était la première chose qui la réconfortait vraiment depuis son arrivée en 1975, deux mois plus tôt.
Quelques minutes plus tard, lorsqu'elle pénétra dans la Grande Salle en compagnie des premières années, guidés par McGonagall, elle sentit son cœur se serrer un peu plus. La tablée de Serpentard lui réservait des regards menaçants (l'histoire des Sortilèges de Chauve-Furie avait dû circuler dans le Poudlard Express). A l'opposée, à la table de Gryffondor, elle aperçut des visages amicaux. Art lui fit un clin d'œil, Lucy un signe de la main ; Léna et Sirius, installés côte à côte, s'étaient redressés et mimaient une chorégraphie de pom-pom girls pour la faire rire. James lui fit un nouveau sourire qui la mit mal à l'aise. Peter, lorsqu'il se fut assuré que James manifestait de la sympathie à l'égard de la jeune fille, lui sourit à son tour. Remus, toujours calme, eut un petit hochement de tête.
Aux côtés de Ginny, dans les rangs de nouveaux élèves, elle avait repéré Marina, Sunny et Marty, qui eux non plus n'en menaient pas large.
A la grande table des professeurs, Dumbledore eut un imperceptible clignement d'yeux dans sa direction, et Ginny sut qu'il lui souhaitait bonne chance.
Minerva McGonnagal déposa sur un tabouret le vieux Choixpeau, et celui-ci, s'animant brusquement, entonna son chant de l'année. Ginny n'y prêta guère attention, pas plus qu'aux premiers noms qui furent énoncés par la sous-directrice. A mesure que la liste se déroulait et que la lettre E approchait, elle sentait ses entrailles se tordre un peu plus. Enfin, après que Emile Donnovan eut été envoyé à Serpentard, et Georgina Eliot à Serdaigle…
-Evans, Molly ! Appela McGonnagal.
Ginny prit une profonde inspiration et s'avança. Elle prit place sur le tabouret et le professeur de métamorphose laissa le Choixpeau lui tomber devant les yeux.
Ahaaaa… fit la petite voix au creux de son oreille. Que voilà un cas étrange…Je ne crois pas en avoir jamais connu de semblable, et pourtant, depuis que je répartis des élèves, j'en ai vu passer, des énergumènes ! Tu nous viens de bien loin, mon enfant, et il te reste encore bien des épreuves à affronter… Tu as fait preuve jusqu'ici d'une grande bravoure…Ta place ne peut être qu'à...
-GRYFFONDOR !
Un tonnerre d'applaudissement monta de la table de ses nouveaux amis comme elle allait les rejoindre.
Remus se joignit aux acclamations qui saluèrent l'arrivée de la nouvelle, Molly Evans, à la table des Gryffondor. Pour ce qu'il avait pu en juger dans l'après-midi, c'était une gentille fille, intéressante et intelligente. Jolie, aussi… Bien entendu, cela n'influençait pas son jugement, mais elle semblait avoir fait un sacré effet à James.
Léna et Lucy accueillirent leur petite protégée entre elles-deux, comme « Franklin, Julia ! » était envoyée à Serdaigle.
Un instant plus tard, le cœur de Lupin se serra comme McGonnagal appelait « Kyrdys, Marina ! » Il n'avait jamais rencontré la petite fille, tout juste l'avait-il entrevue ce matin, mais il devinait l'anxiété de Léna qui attendait le verdict pour sa petite sœur.
« GRYFFONDOR ! » s'écria le Choixpeau, et un large sourire fendit le visage de la Préfète.
A la fin de la Répartition, les derniers appelés furent envoyés à Gryffondor eux aussi. Il s'agissait de « Stetson, Martin ! » et « Stetson, Sunny !». Tiens, il ignorait que Artus Stetson avait des frères et sœurs qui entraient également à Poudlard. C'était incroyable, ce que ces petits jumeaux pouvaient ressembler au meilleur ami de Léna.
Mouais. Enfin, « meilleur ami », il fallait le dire vite. Il avait toujours trouvé suspect la proximité des deux jeunes gens . Nul doute qu'un jour ou l'autre…
Mais il ne voulait pas y penser. Pas ce soir. C'était la rentrée, il était enfin de retour à Poudlard après deux interminables mois d'étés, il avait retrouvé ses amis, pour la première fois, il n'appréhendait pas la prochaine pleine lune, et il était préfet, ce qui impliquait un excellent prétexte pour passer du temps avec Léna.
Le festin fut joyeux, Sirius avait aussitôt repris ses vieux réflexes pour amuser la galerie, et débitait blague sur blague. James avait du mal à détourner le regard de Lily, et ignorait royalement les coups d'œil plein d'espoir que lui lançait Galatée, sa petite amie du moment, depuis la table des Serdaigle. Ce mec ne changerait donc jamais ? Lily, pour sa part, ne semblait pas y prêter attention, et discutait avec Lucy. Léna expliquait quelque chose de visiblement palpitant à Artus, avec les grands gestes un peu maladroits dont elle avait le secret (elle renversa au passage un pichet de jus de citrouille, et, dans un moment d'inattention, frappa du poing au milieu d'un bol de purée.) Le grand blond riait d'un air niais et… « Arrête de voir tous les défauts chez ce type ! Il est sympa et tu le sais parfaitement. Ce n'est quand même pas sa faute s'il risque de réussir là où tu n'as jamais eu la moindre chance, Remus John Lupin ! »
-Génial ! s'exclama soudain Léna. Des spaghettis ! Dire que j'ai failli passer à côt ! Remus, tu peux me passer les spaghettis, s'il-te plaît ?
Remus sursauta ; il était occupé à écouter distraitement ce que racontait la jeune fille l'instant d'avant, et ne s'attendait pas à ce qu'elle s'adresse à lui. Il lui fit passer le plat en bredouillant un vague mbiensurtienlévla… Léna lui sourit, de son sourire qu'il aimait tant parce qu'il n'était ni enjôleur, ni séducteur, ni rien ; juste un sourire amical qui n'attendait aucune contrepartie.
-C'est bien, Léna, de t'intéresser aux spécialités locales, la taquina Artus en se resservant une généreuse portion de panse de brebis farcie.
-T'as raison, la bouffe écossaise m'a beaucoup manqué. Le climat aussi, d'ailleurs… Je me demande pourquoi je m'obstine à passer l'été au bord de la Méditerranée.
Remus sourit ; Léna était connue pour frissonner au moindre coup de vent.
Après un festival de tartes, de soufflés, de cakes, de flans, de crèmes et de sorbets, les élèves repus commencèrent à songer que, peut-être, il était temps de quitter la Grande Salle.
-Au boulot, Remus ? Questionna Léna par-dessus la table.
-Hein? Euh, oui...
-Vas-y, si tu veux... Je peux fermer la marche et vérifier que l'on en perd aucun en cours de route…
-Ok… Les premières années… Les premières années ! Suivez moi, s'il vous plait ! Par ici, les Gryffondors !
Les petits nouveaux se regroupèrent peu à peu, s'alignèrent pour le suivre. Il les guida à travers les couloirs, en s'appliquant à lancer un nouvel appel de temps à autre, et en réprimandant Sirius et James, qui s'amusaient à marcher sur les genoux, au milieu des gamins, en faisant mine de sucer leur pouce. (Ils n'admirent qu'ils étaient ridicules et ne se relevèrent qu'au moment où ils se retrouvèrent au bas d'un escalier d'une centaine de marches.)
Le groupe arriva devant la Grosse Dame ; Remus se souvint que ce n'était pas à lui qu'on avait donné le mot de passe.
-J'arrive ! Lui dit Léna en fendant la foule de premières années. Je cours ! Je vole ! Je… me casse la gueule ! Finit elle comme elle trébuchait. Voilà (elle décacheta l'enveloppe), le mot de passe est… tadadam ! Mephistophélès (4)! Tiens, c'est bizarre, ça. Finalement, ma grand-mère a peut-être raison de penser que les sorciers ont une relation privilégiée avec le Démon.
-Bon, intervient la Grosse Dame, quand vous aurez fini vos petites considérations, vous pourrez peut-être libérer le passage… Je vous signale qu'il y a des gens qui attendent !
Léna rosit.
-Oups… Désolée… Si on a même plus le droit de discuter avec ses amis…
Une fois dans la grande salle, les premières années se regroupèrent en attendant le briefing des préfets.
-A toi l'honneur, proposa Remus.
-Merci, vous êtes bien urbain, mon cher… Heu… les enfants ? Un peu d'attention, je vous prie… Eh, bordel, ça vous intéresse pas, quand je vous cause ?
-Laisse tomber, Léna, intervint Sirius en rejoignant les deux préfets, c'est pas un problème de respect, que t'as, c'est un problème d'altitude.
Les Maraudeurs éclatèrent de rire. La petite taille de Léna avait toujours été sujette aux plaisanteries.
-Bon, aux grands maux… Accio !
Léna agita sa baguette et la table la plus proche lévita jusqu'à elle. La jeune fille s'y jucha ; elle dominait à présent toute la Salle Commune.
-Bon ! Donc, bienvenue à tous, nous sommes très fiers de voir tant de nouvelles recrues à Gryffondor, et nous espérons tous que vous ferez honneur à notre Maison. Dans le cas contraire, les préfets sont faits pour vous remettre dans le droit chemin, j'ai nommé le jeune homme ici présent, qui s'appelle Remus Lupin, et moi-même : Léna Kyrdys. En cas de besoin, si vous avez le moindre problème que ce soit, n'hésitez pas à vous adresser à nous – et là, Remus, je me permets de parler en ton nom…
Le garçon acquiesça.
-Bien. Les dortoirs sont indiqués en haut de ces escaliers ; les filles passent à droite, les garçons à gauche. Le petit déjeuner est servi le matin à partir de 7h00 ; les cours commencent à 9h00. Vous aurez vos emplois du temps demain matin. Nous vous remercions d'avoir choisi nos services, bonne nuit, et à demain !
Sous les applaudissements enthousiastes mais solitaires de Sirius, Léna sauta à bas de sa table et, par miracle, ne se cassa rien (elle ne se tordit même pas la cheville, un exploit la concernant.)
-Il nous reste encore deux-trois trucs à voir, dit elle à Remus en sortant de son sac la pochette en maroquin, frappée aux armoiries de Gryffondor, qu'on leur avait remise le matin.
-Eh, ben moi, je vais me pieuter, intervint Artus, qui les avait rejoints. Bonne nuit, ma chouette, ajouta-t-il en plantant un gros baiser sur le front de la petite préfète.
(Remus serra les poings, et s'efforça de ne pas penser à quel serait le supplice le plus approprié pour cet impudent.)
-On est crevées aussi, ajouta Lucy à sa suite. Je montre le dortoir à Lily, une bonne douche, et dodo !
-A tout à l'heure, répondit Léna avant d'ouvrir la pochette et d'en sortir une liasse de parchemins.
-On t'attend, Remus ? demanda innocemment James, en battant langoureusement des cils dans le dos de Léna.
-C'est bon, les mecs, dit Lupin en s'efforçant d'avoir l'air décontracté. Je crois que je retrouverai le chemin du dortoir tout seul.
-Bonne nuit, Maman, bonne nuit, Papa ! Lança Sirius.
Léna lui envoya une boulette de papier à la tête, mais le garçon esquiva et disparut dans l'escalier en se marrant.
Un léger sourire flottait sur les lèvres de la jeune fille lorsqu'elle reporta son attention sur les parchemins de la pochette. Tous deux se penchèrent dessus, côte à côte, et sur le moment, Remus eut un peu de mal à se concentrer sur ses devoirs de préfet…
(1) Alors là, on se méprend pas, hein, je suis pas xénophobe ! J'adore les Suisses, j'adore les Belges, et même les Québécois… C'est juste une blague !
(2) Les trois dernières insultes sont des suggestions de ma bêta readeuse… Bratha, ça t'apprendra à raconter n'importe quoi… j'espère que t'as honte !
(3) A chanter sur un air connu de chansons de Feria… Si vous connaissez pas la Feria, venez donc à Béziers en août prochain. (ajout de Bratha: « les ogres sont parfois poètes… » cf. Naheulbeuk)
(4) Petite résurgence de mon TD sur « le diable à l'Opéra »…
C'est fini pour aujourd'hui ! Prochain chapitre: « Happy Hour chez les Maraudeurs »… A bientôt, et n'oubliez pas la petite case en bas à gauche !
Léna Léonyde, pour vous servir.
