Salut à tous !
Comme je le craignais, la fin de semestre a été assez lourde (9 partiels rien que pour les 2 dernières semaines, pour ne pas vous raconter ma vie), mais les vacances sont finalement arrivées et j'ai pu pondre un nouveau chapitre en un temps record… Je sais que certains trouvent le tps long mais je précise que je fais des efforts pour vous fournir des textes assez conséquents, que je travaille autant que possible, et sans fautes d'orthographe (sauf exceptions)!
Au départ, ce nouvel épisode devait s'appeler « Le garçon qui ressemblait au fils de James », mais Brathanaelle, bêta-readeuse intermittente, m'a fait remarquer que c'était passablement tordu… J'ai donc pris sa remarque en compte.
En parlant de Bratha, il se trouve que celle-ci est partie en vacs avant que j'achève ce chapitre : pas de bêta-lecture officielle, donc, mais comme ma collaboratrice a le droit de juger de l'avancée des travaux, elle a pu découvrir cet opus à mesure de l'écriture.
Nous étions en désaccord sur un point, le passage où Remus se met en colère plus précisément ; elle trouvait que cela intervenait trop tôt dans l'histoire, mais pour une fois j'ai préféré ne pas en tenir compte et faire à mon idée. Vous me direz ce que vous en pensez…
A nouveau dans ce chapitre, j'ai privilégié la réflexion par rapport à l'action, j'espère que vous apprécierez quand même. N'hésitez pas à me laisser des reviews constructives (ou, le cas échéants, un simple petit mot pour dire que vous avez lu ce chap !)
Réponse aux reviews du chapitre 5 :
La Folleuh : Avant de t'insurger, tu devrais lire un peu plus attentivement ! J'avais écrit que je SAVAIS ce qui allait se passer dans le chapitre 6, mais que je n'aurais pas le temps de le rédiger avant les vacs à cause des partiels… J'espère que tu n'as pas perdu patience ; voilà la suite.
Sinwen : Voilà la suite ! Bravo pour avoir reconnu mon allusion au formidable film d'Alain Resnais, bonne référence !
Smoke : merci pour ta patience ! promis je vais faire des efforts pour ne pas laisser des laps de tps aussi longs entre les MAJ, mais là c'était exceptionnel !
Lazoule : Si tu as survécu, j'espère que ce chap te plaira !
Lunécume : salut ma grande ! Bravo, les khâgneux qui vont lire des fics au CDI… a mon avis tu n'en es pas encore à ce chap mais si tu passes par là j't' envoie un bec internautique.
Punkine :merci ! Contente qu'on ait les même goût ; pas de musique ici, mais une scène de « pateaugeade »…
Guézanne : en effet, l'ambiance était plus détendue à Poudlard dans les seventies (l'influence hippie, peut-être ?) Quoiqu'il en soit, Ginny redescend sur terre de façon assez brutale… Pour ce qui est des petits-indiens, c'est vrai que je n'ai pas songé à « magiciser » cette pratique, mais la version amagique me semblait déjà assez cruelle… On aurait frisé les Unforgivable Curses en allant plus loin…
MPHDP : Salut à toi, amie de Lunécume ! Merci d'être passée du côté de ma modeste fic… Bonne lecture pour la suite…
Hem… : contrairement à ce que tu sembles penser, je suis une fictionneuse tolérante qui prend toutes ses reviews en compte. Voici donc ma réponse. C'est vrai que Ginny a été « amoureuse de son fils » dans ma version des faits, mais alors qu'elle était à peine plus qu'une petite fille ; pour moi, il n'y avait rien de sexuel là dedans, elle était trop jeune pour ça, c'était plutôt de l'admiration et l'envie qu'il la remarque … Je ne pense pas que ça soit de la naïveté de ma part, Ginny n'est pas franchement le genre de fille qui va commencer à s'intéresser concrètement à la sexualité avant au moins ses quinze ans… En revanche, si toi tu y vois inceste, et qu'en plus tu trouves ça fun, le problème viens de toi, tu ne crois pas ? En outre, il n'est dit nulle part que Ginny a les yeux marrons, elle peut très bien avoir les yeux verts sans que Harry y ait vraiment prêté attention (je ne suis ni la première ni la dernière à prendre des libertés avec le monde de JKR, c'est même le principe des fanfics, non?). Donc je ne prends pas mal le fait que tu trouves ma fic complètement « branque » ; simplement, je pense que tu as tiré des conclusions sans doute hâtives, et de toute manière contestables. Cela dit, je suis ouverte à tous les points de vue, les reviews sont faites pour ça.
Disclaimer: le monde de Harry Potter est la propritété de JK Rowling.
Voilà ! Bonne lecture à tous, n'oubliez pas les reviews !
Chapitre 6 : Chat échaudé craint l'eau froide
How happy is the blameless vestal's lot!
The world forgetting, by the world forgot.
Eternal sunshine of the spotless mind!
Each pray'r accepted, and each wish resign'd
Alexander Pope
Lucy fut la plus prompte à réagir. Ignorant les exclamations qui fusèrent depuis les lits de Mallory et de Ceridwen, elle saisit Ginny par le bras, l'attira sur son propre lit et tira vigoureusement les rideaux autour d'elle. Léna se glissa entre les tentures pour les rejoindre, et s'assit timidement face à la rouquine en larmes.
-Lily… dit doucement Lucy. Qu'est-ce qui t'arrive, petite puce ?
Pour toute réponse, la rouquine s'effondra dans ses bras. Lucy l'enserra dans une étreinte maternelle et se mit à la bercer doucement. Léna, toute proche également, serrait la main de la jeune Weasley.
-Chut… chut.
Mais Ginny, épuisée, ne se sentait plus la force de réprimer ses sanglots. Cela avait été inattendu mais fulgurant : en l'espace d'un battement de cœur, elle avait mesuré toute l'ampleur de sa situation, et la douleur s'était réveillée d'un coup.
Ces gens avec qui elle avait passé la soirée, qui ne demandaient qu'à devenir ses amis, ignoraient tout de ce qui les attendait, mais elle ne pouvait faire plus longtemps abstraction de sa connaissance du futur. James n'avait plus que sept ans à vivre, sept courtes années, un chiffre maudit ; Sirius serait détruit par la prison avant d'être assassiné à son tour. Peter, cet ignoble rongeur qui avait pris tant de plaisir à lui faire subir les Petits Indiens, allait trahir ceux qui l'aimaient et devenir l'âme damnée du Mage Noir le plus répugnant de tous les temps. Remus allait perdre en l'espace d'une nuit ses trois compagnons. Léna porterait toute sa vie durant la honte d'avoir été promue Général des Aurors pour avoir envoyé l'un de ses meilleurs amis à Azkaban (1). Quant à Lucy et Art… Elle ignorait ce qu'il allait advenir d'eux, mais ce dont elle était certaine, c'est qu'elle ne connaissait ni l'un ni l'autre dans les années 90. Seraient-ils tués, également ? Elle n'avait pas encore rencontré la future mère de Harry, elle ne connaissait pas même son nom, mais peut-être s'agissait-il de Lucy ? Quant à elle-même, elle ignorait ce qui l'attendait, mais Dumbledore lui avait fait comprendre qu'il n'y avait que peu d'espoir pour qu'elle retrouve un jour son époque et sa famille.
Alors, comment ne pas pleurer lorsqu'on est submergé par un tel flot de considérations catastrophiques ?
Léna lui tendit un mouchoir puis, dans la lueur de sa baguette, porta l'index à sa bouche.
-Chuuuut…
Ginny retint un instant les spasmes qui agitaient ses épaules. Tout était silencieux, à présent ; les remontrances de leurs deux camarades de chambrée s'étaient finalement évanouies.
C'était justement ce qui semblait perturber Léna. La jeune préfète, à quatre pattes sur le lit, s'immobilisa un instant avant de tirer violemment l'un des rideaux en brandissant sa baguette.
-ON SE DISPERSE, LES PINTADES ! vociféra-t-elle à l'adresse de Ceridwen et Mallory qui, juste au pied du lit, ne s'étaient tues que pour tenter de discerner ce qui se passait derrière les tentures.
Les tressaillements de Ginny la reprirent de plus belle.
-Allons, allons… murmura Lucy à son oreille. Ca va aller, Lily…
-C'est à cause des Maraudeurs que tu es triste ? interrogea Léna en se joignant au câlin.
Ginny eut un vague mouvement de la tête.
-Oui, non… Je sais pas… Je…
Elle inspira plusieurs fois, profondément, et reprit d'une voix vacillante :
-Mes amis me manquent tellement… Et eux… les Maraudeurs…
-Ils te les rappellent, mais ce n'est pas la même chose, c'est ça ?
Ginny acquiesça. C'était une conclusion simpliste, mais comment leur expliquer la véritable nature de son trouble ?
-Ne t'inquiète pas, dit Lucy. Je suis sûre que tu les reverras bientôt, même s'ils sont loin… Et en attendant, même si ça n'est qu'une piètre compensation… On est là, nous. On peut prendre soin de toi.
-Merci, lâcha Ginny dans un souffle. Je suis contente de vous avoir trouvées, les filles.
Tout était encore si confus dans son esprit… Elle aimait sincèrement Lucy et la version adolescente de Léna ; elle appréciait également Art, mais pour ce qui était des autres… C'était tellement compliqué ! A la grande rigueur, elle pouvait s'attacher à Lupin, mais il était intimement lié à Peter, James et Sirius.
Et eux, sa décision était prise, il n'était plus question qu'elle les fréquente. Elle ne voulait plus souffrir, jamais.
Art mâchonnait distraitement le bout de sa plume ; devant lui, son parchemin demeurait inexorablement vierge. La Défense contre les Forces du Mal n'était vraiment pas sa tasse de thé, Léna s'y entendait mieux que lui à toutes des histoires de Titans des Glaces Arctiques et de Cyclopes Troglodytes Tibétains. Et il fallait dire que ce dimanche n'était pas spécialement placé sous le signe de la concentration ; même s'il n'avait pas à proprement parler la gueule de bois, ses oreilles bourdonnaient encore après leur soirée agitée.
Ils étaient là tous les quatre: lui, vaguement comateux ; Léna, qui venait d'attaquer le troisième parchemin de sa dissertation, et Lucy qui tirait les cartes à Lily, leur nouvelle recrue. Il régnait un silence à peu près absolu dans la bibliothèque ; même les Maraudeurs, à une table voisine, se tenaient convenablement.
Art aimait cette ambiance un peu pesante, cette sérénité d'église, et l'air empli de la poussière des volumes.
Cependant, il dut se rendre à l'évidence : le calme n'allait pas durer bien longtemps.
-Merde, lâcha Léna en français, pour être comprise de lui seule.
Art leva le nez pour voir ce qui suscitait chez sa petite chérie une telle contrariété. La raison en question ne fut pas difficile à identifier : Eglantine Fitzgerald, de Poufsouffle, venait d'apparaître dans le périmètre.
-Tiens, mais voilà ta grande amie, ma chouette, ironisa Art, toujours dans la langue de Molière.
-Ah, toi, sois mignon, pas de sarcasmes. Elle est persuadée qu'elle est à deux doigts de mettre le grappin sur Remus, et je suis comme qui dirait son entremetteuse attitrée.
-Tu plaisantes ? s'étouffa à moitié le grand blond.
-J'en ai l'air ?
Sa « chouette » tirait une mine des plus sinistres.
-Ah, ça, c'est une mission pour Artus David Wolfgang Stetson Premier, dit le Bel ! s'exclama-t-il, tout heureux d'avoir une excuse pour s'extirper de son travail scolaire.
Au moment où la Poufsouffle lançait son « Salut, Léna ! » le plus niais, il reprit en anglais, d'une voix nettement plus forte :
-Eglantine ! Content de te voir ! Tu sais, je me disais justement qu'on avait jamais l'occasion de se parler, tous les deux ! Je crois qu'il est temps d'avoir une petite conversation enrichissante !
Avant que l'adolescente ait eu le temps de broncher, il s'était levé, avait passé un bras autour de son cou, et l'entraînait à l'écart. Au moment de disparaître entre deux rayonnages, il lança un regard par-dessus son épaule et eut un clin d'œil de connivence à l'adresse de sa petite chérie.
Il ne lui fut pas difficile de hisser ses points sur les « i » de la pauvre Poufsouffle. Quelques minutes plus tard, Eglantine, penaude, reconnut volontiers qu'elle faisait fausse route et consentit à se mettre en quête d'un nouveau Roméo. Elle s'éclipsa après un clin d'œil aguicheur qui donna froid dans le dos au grand blond.
Au même moment, quelqu'un lança à mi-voix, mais de façon parfaitement audible, « Moi, je préfère ne pas être témoin de ça ! », avant de s'engager précisément dans l'allée d'étagères où Art avait fait la leçon à l'adolescente. Ce quelqu'un n'était nul autre que Remus Lupin.
Le préfet de Gryffondor eut pour lui un regard suspicieux. Il avait sans doute croisé Eglantine en arrivant, et il devait se poser de drôles de questions.
Art le gratifia d'un immense sourire.
-Crois-moi si tu veux, mais je viens de te rendre un sacré service.
Lupin haussa un sourcil.
-Ah vraiment ?
Le préfet était toujours extrêmement poli avec lui, mais également très froid, même après avoir partagé le même dortoir quatre ans de suite. Peut-être qu'il avait des soupçons ?
-Uhu, je t'assure. Alors, de quoi tu ne veux pas être témoin ?
Lupin regarda un instant entre un rayonnage de livres et la planche de l'étagère supérieure.
-Précisément de ça, répondit-il avec une grimace qui plissa les fines cicatrices qu'il avait au visage.
Art observa à son tour par l'interstice. Dans l'allée voisine, avaient surgi James Potter et Lily Evans.
Apparemment, la rouquine s'était quasiment trouvée entraînée de force, et paraissait loin d'être ravie.
-Alors ? demanda-t-elle laconiquement.
James se passa une main dans les cheveux pour les ébouriffer, et son sourire caractéristique, réservé à la gent féminine, vint se plaquer sur son visage.
-Voilà, commença-t-il. Je voulais te dire que j'avais rompu avec Galatée.
-Oh, fit Lily que ne semblait pas trop savoir que faire de cette information. Eh bien, je suis désolée…
-Mais non ! rétorqua le capitaine de Quidditch comme s'il s'agissait d'une ineptie. C'est une bonne nouvelle, parce que, tu comprends… je suis libre !
Il appuya ces derniers propos en se passant une nouvelle fois la main sur la tête. Art entendit le soupir de Remus près de lui. C'était compréhensible, lui aussi, il aurait eu honte en cet instant d'avoir pour meilleur ami un ringard pareil.
-Oui, et … ?
-Eh bien… enfin, Lily, ne me dis pas que tu ne comprends pas ce que j'essaie de te dire… Enfin, si tu tiens vraiment à ce que je formule ça clairement… Je peux sortir avec toi, maintenant !
Derrière leur étagère, les deux Gryffondors eurent une grimace quasi identique, nez froncé, tête rentrée dans les épaules, devant un tel manque d'élégance.
-Aie aie aie, laissa échapper le blond dans un murmure.
Remus avait préféré se détourner d'un tel carnage ; adossé à la bibliothèque, il se tenait le front d'un air consterné. Et pas moyen de partir sans passer devant les « tourtereaux »…
-Euh, oui, mais tu oublies un léger détail, monsieur le tombeur, répliqua Lily avec un calme sans faille. Qu'est ce qui te fait croire que j'ai envie d'être ta petite amie ?
-Dans les dents… murmura Art derrière la muraille de bouquins.
-Mais, enfin, balbutia Potter, pris au dépourvu. Euh, pourquoi pas ?
-Alors comme ça, repris l'adolescente en haussant brusquement le ton, tu crois que parce que la moitié des… des… des petites dindes de cette école tombent en pâmoison à chaque fois que tu clignes de l'œil, j'allais automatiquement me précipiter dans tes bras ? Désolée, mais tu as tiré le mauvais numéro, Potter !
Dans un claquement de talons, la jeune fille fit volte-face et s'éloigna d'un pas vif.
-Oulà, dit Art en prenant soin de ne pas être entendu par James, ça chauffe.
-J'en reviens pas, approuva Remus. C'est la première fois que je vois James Potter se faire dédaigner par une fille. Sacré leçon d'humilité… Il ne va jamais s'en remettre.
-Ouais, ben en attendant, il a pas l'air de vouloir lever le camp…
Effectivement, dans son allée, James demeurait interdit et ne semblait pas disposé à rejoindre les autres. Art et Remus étaient, par conséquent, dans l'impossibilité de s'en aller sans qu'il ne comprenne qu'ils avaient assisté à la petite scène.
Le grand blond s'assit par terre, le dos contre un alignement d'encyclopédies de la Magie Blanche qui devaient être contemporaines de la première layette de Dumbledore. Lupin l'imita au bout d'un moment.
Il leur était difficile de parler sans attirer l'attention du Capitaine de Quidditch, et de toute manière, Artus savait que Remus n'était pas du genre à se confier à quelqu'un d'autre que ses trois inséparables. Pas à lui, en tout cas.
En désespoir de cause, Art dessina une grille dans la poussière du plancher. Une ombre de sourire passa sur les lèvres du préfet (un point pour toi, mon vieux Stetson ! songea le grand blond). Lupin dessina une croix dans une case, et ils se lancèrent dans une partie acharnée de morpion sorcier (autrement plus difficile que la version moldue, car leurs motifs respectifs pouvaient se déplacer ou disparaître sans crier gare). Lorsqu'il n'y eut plus un seul centimètre carré de poussière entre eux-deux, ils s'attaquèrent à un combat de pouces.
Finalement, James se décida à décamper ; après avoir laissé s'écouler un laps de temps suffisant pour ne pas éveiller les soupçons, les deux Gryffondors l'imitèrent.
Art regagna la table de ses trois amies, hilare.
-Ah, te v'là, toi ! l'interpella Lucy. Peut-être que toi, tu sais pourquoi Lily tire la gueule ?
Le garçon éclata de rire, juste assez fort pour se récolter un commentaire acerbe de Miss Whip, la jeune mais déjà aigrie bibliothécaire.
-Eh eh, dit Stetson sans se démonter, l'un des mecs les plus sollicités de Poudlard la poursuit de ses assiduités, et Mademoiselle s'offusque ! Bravo, Lily, c'était royal ! Rien à redire, malgré tout le respect que je dois à ce brave Poursuiveur chevelu.
La jeune fille semblait encore sous le coup de la colère, mais elle ne put s'empêcher de sourire à sa remarque.
-Tu as envoyé balader James ? questionna Lucy, excitée comme un Lutin de Cornouailles. Ouah, là, tu m'impressionnes ! Tu vas entrer dans la légende !
-Vous auriez dû voir comme elle l'a remis en place, ce péteux !
-Art, intervint Léna, tu vas me faire le plaisir de bannir à tout jamais le mot « péteux » de ton vocabulaire, ou je serai dans l'obligation de ne plus t'adresser la parole. Et toi, Lily, je n'ai qu'une chose à dire : c'est tout simplement…
Mais ils ne surent jamais quel adjectif emphatique la préfète allait choisir pour qualifier la conduite de leur nouvelle amie : Miss Whip les bouta littéralement hors de sa bibliothèque à grand renfort de vociférations.
Sirius aurait volontiers étranglé James, mais Remus lui avait fait remarquer avec raison qu'il s'agissait de son meilleur ami. D'après les informations qu'il avait extorquées au lycanthrope, le tombeur s'était pris un retour de flamme mémorable quand il avait fait sa, hem, déclaration à la petite nouvelle. Cela faisait trois jours maintenant que James tirait une tronche de six pieds de long.
-J'en peux plus, Moony, répétait Black pour la deux cent douzième fois de la soirée. J'en peu plus, j'en peux plus, j'en peux PLUS ! Il a fait exprès de verser d'un coup toute sa moelle de platypus dans sa potion de Métomol, pour faire exploser son chaudron !
-Padfoot, maugréa le préfet par-dessus son Traité d'Anatomie des Créatures Hybrides Eurasiennes, ne sois pas stupide.
-Je t'assure qu'il a essayé de se tuer, et moi avec !
-Ou si c'est trop te demander, essaie au moins d'être stupide en silence.
-N'empêche, s'il se suicide, qu'il ait le bon goût de ne pas vouloir nous faire partager son expérience, bougonna Sirius.
Puis, après une demie-minute de bouderie, il reprit d'un ton beaucoup plus conciliant :
-Il faudrait trouver quelque chose qui lui change les idées…
-Mais oui, mais oui, fais donc ça.
-Moi, j'ai déjà tout essayé, grogna l'Animagus.
-Apparemment, entonner L'Enterrement de Potter à tout bout de champ ne l'a pas spécialement déridé… Tires-en les conclusions qui s'imposent…
-Justement, Moony. C'est toi qui devrais trouver quelque chose. C'est toi le mec intelligent, je te rappelle.
-Bon, si tu as décidé de débiter des inepties toute la soirée, je crois que je ferais mieux de ne plus prendre la peine de te répondre à partir de maintenant. Tu m'excuseras, mais j'ai un bouquin sur le feu.
Comme il faisait mine de se replonger dans sa lecture, Sirius vint se planter devant lui et se laissa lourdement tomber à genoux. Les mains jointes, il lui fit son regard de chiot larmoyant le plus convainquant.
-S'il te plaîîîîîîît ! Je t'en suppliiiiie, Remus, sauve-nouuuus ! Toi seul peux nous aider, Remuuuuuus ! Trouve quelque chose !
-Sirius, tu es absolument ridicule, tu en es conscient ?
-Mais alleeeeez ! Je te demande ça pour le bien de la communauté !
La plupart des gens présents dans la Salle Commune avaient à présent tourné le regard vers eux, mais Sirius, loin de s'en formaliser, prenait au contraire cela comme un moyen de pression supplémentaire sur Remus : celui-ci cèderait plus facilement, juste pour s'épargner la honte d'être ainsi le centre d'attention.
Le petit manège de Sirius fonctionna au-delà de ses espérances, puisqu'à cet instant précis, le portrait de la Grosse Dame s'ouvrit pour laisser entrer Léna Kyrdys. Une expression sadique apparut sur le visage de l'Animagus.
-Eh, Léna, viens supplier Remus avec moi !
Il se ramassa un discret coup de pied de Remus, (« Je te hais, Padfoot » murmura le lycanthrope entre ses dents), mais la préfète semblait trouver le tableau que présentaient les deux Maraudeurs des plus amusant. Elle eut un large sourire.
-D'accord !
En moins de deux, elle avait rejoint Sirius et s'était agenouillée à ses côtés, devant un Remus soudain très rouge.
-S'il te plaît, Remus…
-Allez, Remus, pour faire plaisir à Léna !
Lupin eut un soupir.
-Bon, ok, je vais voir ce que je peux faire.
-Ouais ! s'exclama Léna. Super, merci Remus ! Au fait, pourquoi on te suppliait ?
-T'occupe, dit Sirius en se relevant. Merci pour le coup de pouce, Léna.
Celle-ci, cependant, ne semblait pas disposée à bouger. Remus contemplait avec une certaine gêne la jeune fille toujours à ses pieds.
-Eh, fit celle-ci en désignant la tranche de son livre, tu as trouvé le TACHE ! Je le cherche partout !
-Ah, euh, oui, je l'ai… acheté par correspondance.
-Ouais, dit Léna avec un sourire malicieux. C'est sans doute pour ça qu'il y a le tampon de la Réserve…
Comme le préfet rougissait encore davantage, elle éclata de rire.
-Eh, t'en fais pas, moi aussi je vais me servir là-bas ! Si tu veux, je te prêterai le Bestiaire des Expériences Magiques qui ont Mal Tourné en échange du TACHE…
-Tu as trouvé le Bestiaire ?
-Oui, il est formidable ! Tu savais qu'en croisant une licorne et un thestral (2), on obtenait un kukrapok ?
-C'est répugnant… et est-ce qu'ils parlent de l'influence du sang de Veracrasse quand il est associé aux gênes d'un Kloug de Blackpool ?
-Ouais, c'est carrément dégueu ; là j'en suis au passage sur les génisses ailées d'Asie Mineure, et je réalise subitement que je suis toujours agenouillée à tes pieds…
Sirius, assis près du feu, feignait d'être plongé dans Quidditch Mag mais ne perdait pas une miette de l'échange entre les deux préfets. Il sourit quand Léna fit cette dernière remarque, et qu'elle rejoignit Remus sur son canapé. Parler de Défense Contre les Forces du Mal était la seule façon de désinhiber le loup-garou en présence de la jeune fille. L'un et l'autre étaient intarissables sur le sujet.
Sirius sourit de plus belle en se remémorant une certaine journée de leur deuxième année. A cette époque, James avait commencé à loucher du côté des demoiselles (précoce, le binoclard ! ) ; Sirius et lui s'étaient lancé dans une grande discussion au sujet de leur futures conquêtes potentielles.
Black revoyait la scène comme si elle s'était déroulée la veille, ils se trouvaient ici-même, dans ce coin précis de la Salle Commune, devant l'âtre.
-Moi, disait James, je suis sûr que Lucy va devenir super belle d'ici pas longtemps ! Et aussi cette fille de Serdaigle, Prune, celle qui a de grands yeux noirs…
-Pas la peine de regarder si loin, avait renchéri Sirius. Prends Léna : quand elle a débarqué à Poudlard, tout le monde était persuadée qu'elle était moche et insignifiante (Remus avait tiqué à cet instant, il en aurait juré), et plus le temps passe, plus les gens se rendent compte qu'elle est sacrément mignonne. Crois-moi, d'ici moins de deux ans, y'en a plus d'un qui va commencer à lui tourner autour.
-Ah oui ? avait hasardé Remus, l'air faussement détaché.
-Oh, oui, avait rétorqué Black en plantant son regard droit dans celui de Lupin (dont ils avaient découvert la nature de lycanthrope deux mois auparavant). Mais même si elle me le demandait, je ne sortirais pas avec Léna Kyrdys. Jamais.
Le loup-garou avait pâli à vue d'œil à cet instant.
-Ah oui ? Euh… Pourquoi ?
-Mais, avait répondu son ami comme on énonce une évidence, parce que c'est toi qui es amoureux d'elle !
Le Sirius de 1975 éclata de rire à ce souvenir. Remus avait rougi, s'était maladroitement défendu, en vain : il ne put nier bien longtemps qu'il avait eu le coup de foudre pour la petite française avant même de poser un orteil à Poudlard, la première fois qu'il l'avait rencontrée sur le Chemin de Traverse. A l'époque, Léna portait des lunettes, une frange et une grande tresse ébouriffée, et elle était incapable d'aligner trois mots d'anglais. Elle n'avait commencé à changer qu'après, hem, un certain incident. Et les Maraudeurs, en bons copains, n'avaient jamais trahi la confiance de Lupin à ce sujet, pas plus qu'en ce qui concernait sa lycanthropie.
Un peu plus tard ce soir-là, les quatre Maraudeurs regagnèrent leur dortoir ; comme Stetson ne les avait pas encore rejoints, Sirius se permit une petite vacherie.
-Dites donc, les mecs, ça commence à m'inquiéter, d'être entouré d'une telle équipe de bras cassés… Toi Prongs (3), on a bien vu ce que ça a donné la dernière fois que tu as voulu déployer ta subtilité légendaire en matière de séduction, mais toi, Moony, tu vaux pas franchement mieux… « J'achète mes bouquins par correspondance », on a vu plus convainquant, comme technique de drague… Les filles aiment les aventuriers, bordel, tu avais tout à gagner en lui disant directement que tu n'hésitais pas à te risquer dans la Réserve, ou tout autre endroit interdit d'accès. C'est Léna, 'de dieu, pas une fichue préfète de Serdaigle à cheval sur la discipline ! T'arriveras jamais à la séduire si tu te mets pas un minimum en avant. Tu sais ce que tu veux, oui ou…
Avant même d'avoir terminé sa phrase, Sirius comprit qu'il était allé trop loin. Remus, qui s'était laissé tomber sur son lit à leur entrée, s'était redressé de toute sa stature, et rapproché de Black qu'il dominait amplement du haut de son mètre quatre-vingt-onze. Padfoot leva le visage vers son ami d'un air provocateur, mais ne put soutenir bien longtemps le regard furieux de Lupin. Dans ces moments (heureusement rares), le loup-garou devenait réellement terrifiant.
Il saisit vigoureusement le col de Padfoot et vint appuyer la pointe de sa baguette contre la glotte de l'Animagus.
-Ecoute-moi bien, Sirius, lâcha-t-il d'une voix rauque. Je ne le répèterai pas. Je n'ai en aucun cas l'intention de séduire Léna Kyrdys, je n'en ai ni la possibilité ni le droit, et tu sais parfaitement pourquoi, alors arrête de jouer au con. Tu percutes ?
Black, tétanisé, ne répondit rien. Remus prit tout son temps avant de relâcher son étreinte et de se détourner pour regagner son lit.
-Si tu veux un petit aperçu de la douleur que cela implique, n'hésite pas à me demander une démonstration, je commence à bien maîtriser les Sorts de Dépression, dit encore Moony avant de tirer autour de lui les rideaux de son baldaquin.
Contrairement à celle de James, la colère de Remus fut de courte durée ; il avait horreur de se laisser submerger par la part maudite de son être. Le lendemain matin, il n'y paraissait plus, et ce fut avec son flegme habituel que Moony rejoignit ses amis pour le petit-déjeuner. James lui-même semblait mettre moins d'ardeur dans sa bouderie (avait-il finalement compris qu'il y avait des cas plus désespérés que le sien sur terre ? Mmmh, sans tirer des conclusions aussi présomptueuses, Lupin se doutait que Prongs avait lui aussi eu une belle frousse la veille au soir.)
Suite à la demande de Sirius (et à la collaboration involontaire de Léna !), une idée avait commencé à germer dans un coin de son esprit, une petite distraction pour rendre sa bonne humeur au Poursuiveur. Et puis, ils étaient revenus à Poudlard depuis près de deux semaines, il était temps pour les Maraudeurs de reprendre du service.
Il ne pouvait mettre son plan à exécution que le samedi suivant ; en attendant, il ne voulut rien révéler à ses amis (et cette fois-ci, les supplications de Sirius demeurèrent vaines.)
Le samedi, donc, après le dîner, il fit signe à ses comparses de monter discrètement au dortoir.
-Gentlemen, déclara-t-il, nous sommes de sortie ce soir.
-Enfin ! s'exclama Peter qui frissonnait d'excitation. Il me reste un bon paquet de Pétards Mouillés, je vais les…
-Non non non, coupa Lupin, pas besoin de ça.
-Dis donc, le charria (prudemment) Sirius, c'est ton badge de préfet qui te rend aussi frileux ?
-Figure-toi, mon cher Padfoot, que c'est précisément mon badge qui nous permet notre petite escapade. Fais-moi confiance, tu veux ? Après le foin que tu as fait pour que je trouve quelque chose d'amusant à essayer, tu serais fort malvenu de critiquer. Donc, je disais : ni Pétards Mouillés, ni Bombabouses, ni chandelles romaines. Cette nuit, nous aurons pour seules armes nos shorts de bain.
-Pardon ? s'étrangla a moitié Wormtail. Qu'est-ce que tu proposes, exactement ?
-Oh, fit Remus d'un ton nonchalant, je me disais qu'on avait encore jamais testé le lac par une belle nuit d'automne…
-Mais ouiiiii ! renchérit Sirius avec un signe de connivence à l'égard du lycanthrope. En voilà une bonne idée ! Je suis sûr que le Calmar sera ravi que l'on aille lui présenter nos hommages en personne, après tous les visiteurs qu'on lui a « envoyés »…
-Mais, euh, c'est à dire… Je crois que vous feriez mieux d'y aller sans moi, les gars, fit Peter d'une voix chancelante, je… je dois couver un rhume, vous savez que j'ai, hem, les bronches fragiles (les trois autres eurent du mal à réprimer leur fou-rire). D'ailleurs, ma maman me dit tout le temps : « Peter, mets ta petite laine », alors je ne pense pas que le lac soit… une très bonne idée… vous me raconterez…
-Wormtail, gronda James en se dressant au-dessus du garçon, tu n'aurais pas… peur, des fois ?
-Peur, moi ? Tu… tu es fou, James ?
-Tu ne vas pas nous laisser tomber, n'est-ce pas, Wormtail ? continua le Poursuiveur sur le même ton emphatique et solennel.
-Euh… c'est à dire que…
-Hein, quoi, j'ai pas bien entendu ?
-Euh… non. Non, je ne vous laisse pas tomber…
-Bon ! s'exclama Remus en frappant dans ses mains, c'est parti ! Tout le monde dans le lac !
Les Maraudeurs fouillèrent dans leurs malles respectives à la recherche de leurs maillots de bain, qu'ils roulèrent en boule dans leurs serviettes, avant de s'aventurer discrètement hors du dortoir sous la cape d'invisibilité de James (Peter, sous sa forme de rongeur, avait pris place dans la poche de Remus, et celui-ci le sentait palpiter de terreur.)
Le plus discrètement possible, il les mena à travers les couloirs du château, jusqu'à la statue de Boris le Hagard. De là, il murmura le mot de passe (« Cochenille ») à la porte la plus proche, qui s'ouvrit pour leur laisser le passage. Lorsqu'elle se fut refermée dans leur dos, Lupin s'extirpa de sous la cape et présenta la grande pièce brillamment éclairée à ses amis avec une petite révérence.
-Wow, laissa échapper Sirius. Alors, c'est donc ça…
-Dis-donc, y'en a qui s'embêtent pas, renchérit James.
-Mais c'est quoi ? fit Peter de sa petite voix stridente. On est où, là ? On ne va plus au lac ?
-Peter, tu sais que tu es un cas désespéré ? remarqua Prongs qui, déjà allongé à plat ventre sur le rebord de la baignoire aux dimensions d'une petite piscine, testait différents robinets aux jets colorés, parfumés, bulleux ou rebondissants.
-Remu-u-us, on est où, là, exactement ?
-Dans la Salle de Bain des préfets, Wormtail. Pas la peine de paniquer, je ne pense pas qu'un de mes « collègues » ait une chance de débarquer à une heure pareille. Winston Abbott doit roupiller comme un bienheureux, et Scott Silverstone est sûrement plongé dans ses révisions.
-Quant à Snape, compléta James, il ne doit jamais mettre les pieds ici… Je parie que son dernier bain remonte à… disons la fin de sa deuxième année. Et encore, je suis sympa.
Peter s'était approché prudemment, mais avec intérêt, du bassin à présent rempli.
-Hey, Wormtail…
Sirius s'était approché en crabe.
-…mets ta petite laine ! compléta-t-il en envoyant Pettigrew à la flotte d'un roulement d'épaules.
Le garçon se débattit un instant dans le bouillonnement de mousse, puis sa tête émergea à la surface.
-Ca va, tes bronches ? s'enquit Padfoot, hilare.
-Sirius, t'es dégueu, remarqua Remus.
-Oh, ça va, Moony, notre Peter est un grand garçon, maintenant.
-Non, je voulais dire, tu aurais au moins pu lui laisser le temps de retirer ses godasses…
Un moment plus tard, les quatre Maraudeurs pataugeaient joyeusement dans le bassin (ils étaient même parvenu à l'élargir à l'aide d'un sort, afin de ne pas se trouver trop à l'étroit) ; James avait retrouvé toute sa bonne humeur, et Remus n'était pas loin de penser que tout allait pour le mieux.
Son enthousiasme retomba pourtant brutalement. Il venait de se faire une petite longueur en brasse coulée, et lorsqu'il sortit la tête de l'eau, son attention fut immédiatement attirée par quatre individus qui avaient surgi dans la Salle de Bains.
Léna Kyrdys, Lucy Lightfire, Lily Evans et Artus Stetson les observaient avec amusement. Malgré la tiédeur confortable de l'eau, le sang de Lupin se glaça dans ses veines. Pitié, tout mais pas ça…Son premier réflexe fut de vérifier que la mousse qui l'entourait était parfaitement opaque : il était en maillot, bien sûr, mais plutôt crever que de les laisser apercevoir les infâmes cicatrices qui zébraient son corps.
-Tiens tiens tiens, plaisanta Stetson, on trouve des spécimens très intéressants, par ici… La faune locale, peut-être ?
-Qu'est-ce que vous faites là ? demanda James avec nonchalance, accoudé au rebord du bassin.
-Dis donc, tu n'es pas franchement la personne la mieux placée pour poser la question, tu sais ? le charria Léna.
-Remus, tu n'aurais pas un tout petit peu omis le fait que cette Salle de Bains était également celle des préfètes par hasard? questionna Sirius.
-Euh, non, mais…
Devant son embarras, Léna éclata de rire.
-Mais tu me croyais au-dessus de tout soupçon, c'est ça ?
-En tout cas, conclut Lucy, c'est marrant que vous ayez eu la même idée le même jour…
-Mais je vous en prie, renchérit James, nous manquons à tous nos devoirs… Mesdemoiselles, et toi, Art, nous ferez-vous l'honneur de vous joindre à nous ?
Remus tressaillit. Comment avait-il pu espérer y couper, ne serait-ce qu'un bref instant ?
-Non, merci, lâcha sèchement Lily, la seule que la présence des Maraudeurs ne semblait pas amuser.
Puis, se tournant vers ses amis, elle ajouta :
-Vous faites ce que vous voulez, mais moi, je préfère ne pas rester. Non, non, pas la peine d'insister, je remonte à la Tour de Gryffondor.
-Tu es… tu es sûre ? s'inquiéta Lucy.
-Oui, oui, parfaitement sûre. Amusez-vous bien.
Elle claqua sèchement la porte derrière elle.
-Ouille, lâcha spirituellement Sirius.
-C'est… à cause de moi, c'est ça ? demanda James. Ecoutez, je sais que je n'ai pas été très fin la semaine dernière, mais ce n'est pas une raison pour qu'elle nous en veuille à ce point… On a passé une super soirée tous ensemble, et depuis, elle ne nous adresse plus la parole…
-Je sais pas, Jimmy, dit Léna. Honnêtement, je sais pas. Je crois qu'elle traverse une mauvaise passe, ses amis d'avant lui manquent… Ca s'arrangera sûrement avec le temps.
-Mais, euh… vous, vous êtes toujours nos amis, hein ? s'affola Padfoot.
-Bien sûr ! s'exclama Lucy, et les deux autres approuvèrent. Alors, c'est vrai, vous nous acceptez ?
-Claro que si, dit Sirius avec un accent plus autrichien que castillan, ce qui gâchait un peu son effet.
L'Animagus se hissa hors de la baignoire magique ; visiblement, il avait l'intention de réitérer le coup fait à Peter, et Léna semblait être sa victime désignée. Cependant, celle-ci se montra plus adroite que Wormtail. Lorsque Sirius fit mine de la bousculer pour l'envoyer à l'eau toute habillée, elle parvint à esquiver et à repousser son assaillant de telle manière que ce fut lui qui fut précipité dans le bassin.
-Wow, Léna, remarqua Black, tu te sens bien ? D'habitude, tu as des réflexes de… de… de belette morte ! Qu'est-ce que vous lui avez donné à bouffer, ce soir ?
-Du jambon, fit Stetson en réprimant un éclat de rire, mais je lui ai enlevé le rose. Elle aime pas.
Léna rit à nouveau, et Remus sentit le noeud familier de entrailles se serrer plus que jamais lorsque la préfète, imitant Lucy, se débarrassa de sa robe légère pour révéler un maillot de bain rouge des plus seyants.
Plus tard, au milieu de la nuit, lorsqu'ils eurent regagné leurs dortoirs respectifs, Léna eut du mal à trouver le sommeil. Bien sûr, si l'on exceptait le fait que Lily avait catégoriquement refusé de se joindre aux Maraudeurs, la soirée avaiteu un formidable arrière-goût de vacances. Particulièrement au moment où ils avaient entrepris des joutes acharnées, et où elle avait été invitée à monter sur les épaules de Remus pour affronter Lucy et Sirius, d'ailleurs…
Mais ce qui l'inquiétait, c'était un détail qui ne lui avait pas échappé, malgré les maladroites tentatives de Lupin pour le dissimuler. Plus qu'un détail, en fait : même si elle n'avait rien vu clairement, elle avait aperçu sur le torse, le dos et le bras droit du préfet de nombreuses marques, semblables aux stries qu'il portait au visage.
Elle avait toujours connu Remus ainsi, affublé de deux fines cicatrices, l'une au front et l'autre en travers de la joue. Elle n'avait jamais osé lui poser de question à ce sujet, mais Sirius lui avait confié une foisque Remus avait eu un accident de balai, un jour où, petit garçon, il volait en cachette au-dessus du jardin de ses parents : il avait été précipité tête la première à travers une fenêtre, et s'en était tiré avec ces deux coupures profondes.
Pourtant, ce qu'elle avait vu ce soir-là la poussait à douter de cette version des faits.
Léna frissonna en songeant à ce que sa mère, qui travaillait dans le service de pédiatrie d'un hôpital moldu, lui racontait parfois : était-il possible que Remus fut un enfant battu ?
(1) Pour comprendre cette allusion, je vous renvoie à mon autre fic, « Il n'y aura plus d'aube heureuse » (One shot)
(2) Thestral est le nom anglais des Sombrals (« sombraux » ?), je trouve la traduction française assez pitoyable.
(3) Je précise un peu tard que j'ai gardé les noms anglais des Maraudeurs… Donc ProngsCornedrue, PadfootPatmol, MoonyLunard, et Wormtaill'affreux campagnol, là, vous voyez de qui je veux parler…
Voili voilou ! Promis, juré, le prochain chapitre sera moins long à venir ; je peux déjà vous dire qu'il s'intitule « Les tristes sorts d'Igniatus Binns et d'Artus Stetson ».
En outre, je vais avoir pendant les vacances la visite de ma bêta-readeuse adorée, et nous avons décidé à cette occasion de nous lancer des défis de mini-fics. Donc, un ou des one-shot(s) humoristique(s) risquent de venir s'ajouter à la courte liste de mes productions potteriennes.
En attendant, je vous souhaite un joyeux Noël !
Bises à tous,
Léna.
