Tagazoc à tous,

Je suis heureuse de voir que ça vous plait toujours autant ; voici un nouveau chapitre, le plus long à ce jour : 15 pages Word. A ce propos, je voulais faire un petit sondage d'opinion : préférez-vous des chapitres longs mais moins fréquents, ou des chapitres plus courts (comme les 3 premiers) que je mettrais en ligne plus rapidement ?

En attendant vos conseils, voici les réponses aux reviews, merci à ceux qui m'en ont laissé !

Ptronille : tu as raison, il vaut amplement mieux être addict aux reviews qu'à la coke… Je me suis dépêchée d'écrire ce long chapitre, c'est le service après vente qui traîne : comme ma Bêta-readeuse a repris les cours, elle a mis du temps à faire son boulot… Mais je lui en veux pas (on t'aime Bratha !) Je suis contente de voir que l'homosexualité de Art a été bien accueillie, pour moi c'était sa première caractéristique quand je l'ai inventé, avant même que je définisse son physique ou sa personnalité… Mais évidemment il fallait faire durer le suspense. Merci aussi pour la minute psy…

La Folleuh : le voilà ! le voilà ! le voilà ! En plus ce nouvel épisode est super long. Pour l'adage troll je dois avouer qu'il n'est pas de moi, en fait c'est mon frère, fan de jeux de rôles, qui me l'a appris : c'est en fait un dicton Nain… lol j'imagine bien Gimli dire ce genre de choses. Du reste, merci pour lire mon blabla, au moins je ne parle pas dans le vide…

Lazoule : En fait petite vengeance deviendra grande… tu pourras constater que le trio de filles est plutôt barbare. Pour ce qui est de ta question, c'est vrai qu'il peut sembler étrange que Ginny ne connaisse pas le nom de Lily, mais en fait je ne pense pas que celle-ci soit si connue dans le monde de la magie : au début du tome 1, Dumbledore dit que le jour où Voldemort a été déchu deviendra peut-être la fête de HP, mais ça n'est pas le cas ; en outre, on apprend le nom de Evans qu'à la fin du 5eme tome, donc je suppose qu'il n'est pas si connu que ça, c'est plutôt celui de James Potter que les gens auront retenu… Enfin je suis pas sûre d'avoir été très claire. Lol

Luffynette : bonne année à toi aussi, merci pour tes petits commentaires, voilà la suite.

Edwige : je sais, le chapitre 7 éclipsait un peu Ginny mais on la retrouve dans le 8 ! Avec de nouvelles interrogations et de nouveaux doutes…

Guézanne : je suis rassurée de voir que mes passages guimauve te « déculpabilisent »… Contente également de voir que la mort de Binns t'a plu (tu es la seule à avoir réagi).

Agel of Shadow : merci beaucoup pour ton enthousiasme ! Comme je l'expliquais à Ptronille, le nom de Lily Evans n'apparaît pour la 2ere fois ds HP que dans le tome 5, donc je pense qu'il est plausible que Ginny ne le connaisse pas. Et puis, le principe des fics est de modifier un minimum l'univers de départ, non ?

Lunécume : salut ma grande, encore merci ! Bonne chance dans le boulot (Normale Sup, nous vaincrons !)

Voilà voilà ! Comme il y a au moins trois personnes qui prennent la peine de lire mes entrées en matière, je vais blablater encore un peu… J'appréhendais pas mal la scène de Quidditch, je dois vous avouer ; mais finalement je me suis laissée prendre au jeu et j'en suis plutôt fière même si je ne suis pas sûre qu'elle fonctionne… Vous suivez ?

Quoiqu'il en soit, je vous souhaite à tous une bonne lecture !

Disclaimer : l'univers d'HP appartient à JKRowling.

Par contre je dois vous prévenir de la violence verbale de certains passages ; ce chap est donc classé en PG-13.

Encore merci à Brathanaelle, ma bêta-readeuse !

Chapitre 8 : Cognards à tous les étages !

Les trois filles se faufilèrent discrètement jusqu'aux vestiaires du terrain de Quidditch. L'air de la nuit était froid et piquant, et Lucy songea qu'il neigerait d'ici quelques semaines.

C'était elle qui avait eu l'idée de la vengeance qu'elles s'apprêtaient à perpétrer contre les Serpentards. Elles s'étaient munies de la cape d'invisibilité que Léna avait héritée de sa grand-mère, et avaient également emprunté celle de James Potter en lui promettant que lorsqu'il saurait quel usage elles en feraient, il les remercierait à genoux.

A l'accoutumée, toutes trois préféraient se tenir à l'écart des vexations que les deux maisons rivales s'infligeaient mutuellement. Mais cette fois, c'était différent. L'honneur de Art était en jeu ; si les Serpentards osaient s'en prendre au plus doux, au plus pacifique des Gryffondors que Poudlard ait connu, il allait y avoir du sang sur les murs.

Lorsqu'elles eurent trouvé ce qu'elles étaient venues quérir, elles traversèrent à nouveau le Parc, à coups de petites foulées énergiques, traînant leur butin derrière elles.

La seconde partie du plan de Lucy était plus corsée à mettre en œuvre : il s'agissait d'entrer dans la Salle Commune des Serpentards tout en s'assurant qu'elle était parfaitement déserte.

Là encore, Léna eut recours aux combines de sa généalogie tordue. Comme elle appartenait à une lignée prestigieuse, nombre de ses ancêtres étaient représentés dans divers tableaux à travers l'école. Elle avait appris à les connaître au cours des années passées, et ce fut sans hésitation qu'elle s'adressa à un portrait du premier étage : celui de l'arrière-arrière-arrière-arrière-petit-cousin de sa grand-mère, Melanchthon de Lusignan-Kyrdys, dit Melo le Placide. L'affaire lui fut expliquée en peu de mots, et la figure couperosée du petit homme disparut bientôt de son cadre. Il revint quelques minutes plus tard, une expression de triomphe sur son visage jovial.

- Et voilà le travail ! Rhadamanthe Borgia est pété comme un coing, je n'ai pas eu à le cuisiner longtemps pour lui extorquer le mot de passe : c'est Manticore. Et j'ai fait un crochet par le cadre de Mnémosyne Carmine au retour, joli brin de fille, celle-là… enfin bref, tout ça pour dire qu'il n'y a pas âme qui vive dans la Salle Commune des Serpentards… Ils sont encore tous en train de bâfrer…

- Super, Melo, merci beaucoup ! s'exclama Léna à l'adresse de son aïeul.

- T'es un pro, Melo ! Renchérit Lucy.

- Euh… merci infiniment Monsieur, conclut timidement Lily.

- Allez, Mesdemoiselles, à l'assaut ! reprit Lucy d'un air décidé.

Les trois Gryffondors gagnèrent l'entrée du cachot des Serpentards ; effectivement, le portrait qui en gardait l'entrée semblait complètement torché. Il ne prêta pas la moindre attention à leur identité lorsque Lily annonça « Manticore ! » d'une voix ferme. L'instant suivant, elles étaient dans une pièce basse de plafond, aux sièges tendus de velours vert sombre. Un feu ronflait dans l'âtre orné du blason de Salazar, mais les lieux étaient absolument déserts : même Mnémosyne Carmine avait quitté son cadre.

Les adolescentes retirèrent la seconde cape d'invisibilité, qui avait servi à dissimuler trois coffres trapus en ronce de noyer.

- Un pour chacune, murmura Lucy d'une voix fébrile. Dépêchons, dépêchons…

La petite blonde dégaina sa baguette et entonna une incantation que les deux autres reprirent devant leurs malles respectives.

Dans les coffres de bois, de légers cognements enthousiastes leur apprirent que leurs sortilèges avaient fonctionné. Parfait.

- Allez, on reste pas là, dit vivement Lily.

- Juste un instant, intervint Léna.

Elle prononça une nouvelle formule, en faisant décrire à sa baguette une courbe gracieuse dans les airs.

- Comme ça, expliqua-t-elle, si l'un des coffres est ouvert, les deux autres l'imiteront aussitôt.

- Parfait, dit Lucy. Décampons vite avant que…

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase ; des bruits de voix derrière le portrait de Borgia la firent sursauter. Elle eut le réflexe de se draper dans la cape d'invisibilité de James juste à temps. Un coup d'œil affolé lui apprit que Lily et Léna avaient fait de même avec la cape de cette dernière.

Le tableau pivota, et une clique de Serpentards s'engouffra dans la Salle Commune. Elle en reconnut certains, qui étaient en septième année : Antonin Dolohov, Bellatrix Black, Klaus Mulciber, Asmodée Malfoy…

Lucy s'empressa de repasser de l'autre côté du cadre avant que l'ouverture ne se referme. Elle demeura un instant immobile, adossée au mur, n'osant pas se manifester : d'autres Serpentards arrivaient déjà dans le long corridor.

Elle sentit un coup assez brutal porté à son épaule : apparemment, Léna la cherchait à tâtons avec sa délicatesse habituelle.

- Lu' ? Interrogea la voix de sa meilleure amie, à peine perceptible.

- Je suis là… recule, recule, tu as le pied sur le bord de ma cape, regarde, on voit mes pompes qui dépassent !

- Je peux pas, Lily est collée à moi… Lily, recule doucement… Voilà. Pas trop quand même, attends-moi…

-Allez, coupa Lucy, on décampe !

Elle remonta le couloir à toute vitesse, bousculant au passage quelques Serpentards mal embouchés, parmi lesquels Severus Snape.

En courant, les trois jeunes filles regagnèrent leur Tour, encore excitées comme des Lutins de Cornouailles.

- Art, déclara sombrement Lily lorsqu'elles se furent réfugiées dans leur dortoir, tu es vengé !


Severus Snape se laissa choir sur un canapé de la Salle Commune, un peu à l'écart des autres, mais prêtant une oreille attentive aux propos d'un groupe de Septième Année. Ceux-ci parlaient de leur dernier morceau de bravoure : se mettre à neuf pour passer un Gryffondor à tabac. Sous ses airs indifférents, Snape se délectait d'autant plus de ce récit que le Gryffondor en question était Artus Stetson. Il n'avait jamais pu encadrer cette petite fiotte, ce pauvre con toujours pendu aux basques de Lucy Lightfire…

- Vous auriez dû voir la tête de cette tarlouze quand Rosier l'a chopé par derrière, ricanait Kurt Nott. Une vraie pucelle. Remarquez, ça a dû lui plaire… Il aurait sans doute aimé que tu ailles plus loin…

- Arrêtes, tu vas me faire gerber, grimaça Rosier.

- En tout cas, on lui a bien abîmé sa petite gueule d'ange… Pas vrai Malfoy ?

- Du grand art, confirma Asmodée Malfoy, qui régnait en maître dans la Salle Commune des Serpentards depuis que son frère Lucius avait quitté l'école, trois ans auparavant. Les petites grues qui lui servent de copines vont avoir du mal à recoller les morceaux… La nouvelle va se rendre compte qu'elle s'est choisie de sales fréquentations… Kyrdys va encore piquer une crise… Et Lightfire…

Severus se leva d'un bond et couvrit la distance qui le séparait de l'escalier des dortoirs. Il ne souhaitait pas en entendre davantage. Foutre sur la gueule d'une tapette comme Stetson, c'était une chose, et il se moquait pas mal de ce qu'ils pouvaient dire sur cette Sang-de-Bourbe d'Evans. Mais Léna Kyrdys était une Sang Noble, et cela forçait le respect même si elle appartenait à la Maison Gryffondor : nul doute qu'en temps voulu, le Seigneur des Ténèbres tenterait de la rallier à sa cause. Quant à Lucy Lightfire… il avait depuis longtemps renoncé à la haïr : la blessure qu'elle infligeait à son âme était de celles auxquelles on se soumet sans lutter.

Au moment où il allait gravir les premières marches, un grand fracas retentit. A travers le voile de ses sombres ruminations, Snape avait vaguement entendu la petite voix aigrelette d'un deuxième année, Regulus Black (le frère de l'autre con), qui demandait : « Tiens, c'est quoi, ça ? ». L'instant suivant, ce qu'il identifia d'abord comme une pluie d'obus s'abattit sur la Salle Commune.

Par réflexe, le cinquième année se jeta douloureusement dans les escaliers, roulé en boule. Des exclamations hystériques se mirent à fuser à travers la crypte. Snape risqua un regard entre ses deux bras qui couvraient son visage. Les projectiles qui fendaient l'air en tous sens étaient en fait des Cognards. Un, deux, trois… six ! Six Cognards déchaînés, ensorcelés sans aucun doute, qui rebondissaient à l'infini sur les parois des cachots, mais également sur les tables, les sièges qu'ils brisaient en morceaux –et sur les élèves affolés.


Il était plus de minuit. Les trois jeunes filles, encore saturées d'adrénaline après leur expédition punitive, s'étaient barricadées bien au chaud derrière les tentures du lit de Lily (le plus pratique car le plus proche des toilettes.) Elles chuchotaient fébrilement, à toute vitesse, partagées entre le sentiment d'avoir pris la bonne décision et leur inquiétude pour Art.

Lucy se frappa soudainement le front.

- Ma Vache Molle ! Je l'ai oubliée dans la Salle Commune!

Mildred était une vache en peluche défraîchie, remplie de petites billes qui la rendaient particulièrement souple. (1) Lucy s'endormait toujours en malaxant l'une des pattes de sa mascotte.

- J'y vais ! Lança-t-elle avant d'émerger d'entre les rideaux rouges.

Elle était en train de dévaler le grand escalier en colimaçon (leur dortoir se trouvait, très logiquement, au cinquième étage de la Tour) quand des protestations lui parvinrent depuis la Salle Commune.

Lorsqu'elle fut en bas, elle découvrit les Maraudeurs aux prises avec McGonnagal. Leur professeur de Métamorphose portait une robe de chambre matelassée en tartan, d'où dépassait le bas de sa chemise de nuit. Ses cheveux noirs étaient couverts d'une coiffe en dentelle.

- Un problème, Miss Lightfire ? demanda-t-elle un peu abruptement en levant le regard sur Lucy.

- Euh… non, professeur. J'avais juste oublié quelque chose ici…

Elle ne souhaitait pas spécialement que McGo fasse connaissance avec Mildred, mais ses craintes furent confirmées lorsqu'elle se vit intimer :

- Eh bien, prenez le et remontez dans votre dortoir. Et vous, Messieurs, vous allez me faire le plaisir de me suivre immédiatement chez le Directeur.

- Mais professeur, s'insurgea Sirius, puisqu'on vous dit que pour une fois on a rien fait !

- C'est la vérité, professeur McGonnagal, intervint Remus d'un ton plus posé, mais assez inquiet. Nous n'avons rien fait qui puisse justifier une visite chez le professeur Dumbledore…

- C'est toujours la même rengaine, coupa la directrice de Gryffondor d'un ton sec. Il se produit une catastrophe dans la Salle Commune de Serpentard, comme par hasard vous êtes les seuls Gryffondors encore levés, et vous niez effrontément… Allez, chez le Directeur, je ne le répèterais pas !

- Euh… professeur ? Risqua Lucy d'une petite vois timide.

- Quoi encore, Lightfire ?

- Euh… les Marau… les garçons ne sont pas responsables de ce qui se passe à Serpentard.

McGonnagal fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qui vous faire dire ça, Miss ?

- Eh bien, bafouilla la petite blonde, je le sais parce que… parce que nous avons passé toute la soirée avec eux, Léna, Lily et moi.

Les yeux des Maraudeurs s'arrondirent. La prof de Métamorphose eut une moue dubitative.

- Vraiment ?

- Absolument, fit une voix dans le dos de Lucy.

Lily venait d'apparaître au bas de l'escalier, Léna sur ses talons.

- Nous étions ici tous les sept, reprit la rouquine avec aplomb. Les garçons nous ont réconfortées parce que nous étions inquiètes pour Artus… Et puis, nous nous sommes raconté des histoires d'Halloween, vous savez, le conte avec la tête réduite dans la boite à chapeaux, ce genre de chose… Mais on s'est arrêtés parce que Peter avait peur. Nous sommes montées il y a à peine quelques minutes, voyez : nous ne sommes même pas en pyjama…

- Léna ? Interrogea McGonnagal.

- C'est la vérité, affirma la petite Française sans ciller. Pour quelle raison est-ce qu'on mentirait ? Je suis préfète, après tout.

- Certes, mais Monsieur Lupin l'est également, ce qui ne l'empêche pas de se jouer des règlements… enfin, peu importe. Si tu le dis, Léna, je n'ai rien à ajouter…

Minerva McGonnagal avait été la meilleure amie de la grand-mère de Léna lorsqu'elles étaient étudiantes, et elle était très attachée à la jeune fille en qui elle avait une confiance absolue.

- Vous voyez bien, professeur, remarqua James avec insolence. On ne sait même pas ce qui s'est passé à Serpentard. Il faut toujours qu'on soit tenus pour responsables de tout ce qui va de travers dans cette école.

- Oh, ça ira comme ça, Potter. Bon, puisqu'il s'avère que j'ai fait erreur, je vous présente mes excuses… Maintenant, filez vous coucher.

McGo quitta la pièce d'un air digne.

Les Maraudeurs se tournèrent vers leurs trois comparses sans comprendre ce qui venait de leur arriver.

- Wow, merci les filles, dit Sirius. Je n'ai aucune idée de ce qui s'est passé chez ces Mangemorts en puissance, mais en tout cas on était à deux doigts de se faire épingler pour une connerie qui n'a rien à voir avec nous.

- Mais pourquoi avez-vous fait ça? Interrogea Remus avec gravité. Rien ne vous y obligeait…

Les trois amies se contemplèrent un instant en silence. Léna avait pris une teinte rose vif, et Lucy devinait le trouble que suscitait chez elle le regard inquisiteur de son homologue masculin. Ce fut pourtant la petite préfète qui répondit avec défi :

- Parce qu'on allait pas vous faire accuser à notre place.

- Hein ? s'exclama Potter. C'est vous qui avez foutu la zone chez les Serpentards ? C'est pour ça que vous m'avez emprunté ma cape ?

- Ecoute, James, dit brusquement Lily, une bande de crétins s'est amusée à cogner Art… Tu crois qu'on allait laisser passer ça sans réagir ?

-Mais loin de moi l'idée de critiquer, ma chère Lily ! S'enthousiasma le garçon, ravi de voir que la jeune fille lui ré adressait la parole. Ces abrutis de Serpentards ne méritent pas mieux !

- Et, euh… on peut savoir ce que vous avez fait ? Interrogea Remus, partagé entre son âme de Maraudeur et son badge de préfet.

Ce fut à nouveau Léna qui lui répondit, comme pour lui rendre des comptes, en tant que « collègue ». Elle expliqua comment elles avaient ensorcelé les Cognards, laissé traîner négligemment les coffres dans un coin du cachot, et résuma les effets produits (d'après leurs calculs).

- Géniaaaal ! S'enthousiasma Sirius.

- C'est brillant ! Renchérit James.

- Mais enfin, coupa Remus, vous vous rendez compte que des gens ont été blessés alors qu'ils n'avaient rien à voir avec Artus ? Des première année, des élèves qui n'embêtaient personne…

- Moony, risqua Potter, les Serpentards sont par définition embêtants.

- Ca n'est pas la question ! Tu imagines la quantité d'yeux pochés, de bras cassés ou de côtes fêlées, par rapport au petit nombre de crétins qui s'en sont pris à Stetson ?

Léna, à présent rouge comme une pivoine, les interrompit vivement.

- Ah, ça va, hein ! Oui, c'est vrai, on a fait quelque chose de dangereux et de parfaitement injuste, mais pas plus que ceux qui ont démoli Art !

- Léna, lâcha Lupin dans un murmure, tu ne devrais pas t'abaisser au niveau de ces types…

- Ouais, et ben… peut-être que toi aussi, tu serais tenté de faire des trucs pas très glorieux si on s'en prenait à quelqu'un que tu aimes !

Le visage de Remus se décomposa. Un instant, il parut vouloir répliquer quelque chose, mais il se ravisa et demeura silencieux.

Léna tourna les talons et s'engouffra dans les escaliers. Telle que Lucy la connaissait, elle devait déjà regretter amèrement ses paroles.

Le préfet se détourna également, et gravit pesamment les marches vers son propre dortoir.

- Bah, faites pas gaffe à ces rabat-joie, reprit gaiement James. Remus a toujours eu des principes à la con, et Léna doit avoir ses ragnagnas…

- Pffff... T'es vraiment trop stupide ! Le fustigea Lily, qui avait soudain retrouvé son aversion pour le garçon.

Elle vida les lieux à son tour.

- Bon ben… bonne nuit les mecs ! Lâcha Lucy en prenant son air le plus innocent.

- Ouais, bonne nuit… maugréa James.

- Eh, Lucy ! Interpella Sirius juste avant qu'elle ne disparaisse.

- Oui ?

- Merci d'avoir pris notre défense face à McGo. Rien ne t'y obligeait.

- Oh, euh, de rien…

Le beau brun lui adressa son sourire le plus mystérieux, celui qui faisait fondre plus d'une fille à Poudlard, et la petite blonde se sentit soudain l'âme d'une midinette.

Lorsqu'elle regagna le dortoir, Léna, assise sur son lit, sanglotait doucement sur l'épaule de Lily. Comme à l'accoutumée, elles ne tinrent pas compte des commentaires désobligeants de Ceridwen et de Malory depuis leurs baldaquins respectifs.

- Comment j'ai pu faire une chose pareille ? Se lamentait Léna (qui avait toujours tendance à dramatiser lorsqu'il était question de ce que Remus pouvait penser d'elle). Je lui ai carrément gueulé dessus… Bordel, pourquoi faut-il que je sois autant amoureuse de lui ?

- De qui elle est amoureuse ? Interrogea Ceridwen, trop intéressée pour continuer à râler.

- T'occupe, Ballantine, aboya Lucy. Et toi, Léna, arrête de te faire du mauvais sang. Tout sera oublié demain…

- Tu parles, il doit me détester…

- Ca, ça m'étonnerait, répliqua Lily avec assurance. Tu as juste un peu haussé le ton, pas de quoi en faire un drame ! Et si tu doutes de sa, hem, sympathie à ton égard, tu n'auras qu'à lui demander pardon… Qu'est-ce que tu en penses ?

Léna ravala un soupir.

- Mais s'il m'en veut toujours ?

-Il ne t'en voudra pas. Tu peux me croire, certifia la rouquine.

- M-merci Lily… fit Léna dans un souffle. C'est sans doute toi qui as raison… J'irai lui faire mes excuses.


- Euh, Léna ? Je… je voulais te présenter mes excuses. A propos d'hier soir… Je n'aurais pas dû…

Le sang affluait aux joues de Remus et il bafouillait. Lucy ne perdait pas une miette de la scène qu'elle observait du coin de l'œil, tout en faisant mine de parcourir la rubrique nécrologique de la Gazette du Sorcier.

Léna était toute rose, également. Elle interrompit le garçon.

- Non, Remus, c'est moi qui te demande pardon… J'allais justement venir t'en parler. Tu avais raison, on n'aurait jamais dû faire quelque chose d'aussi barbare. Je suis désolée, avec le recul je ne sais vraiment pas quoi dire pour ma défense…

- C'était pour la bonne cause… lui accorda Lupin. Je sais bien que vous n'avez pas fait ça par méchanceté. Et je comprends parfaitement… ce que tu peux ressentir pour Artus.

Visiblement, le Maraudeur n'était pas enchanté de reconnaître une chose pareille, mais au moins il ne jetait pas la pierre à la jeune Française.

- C'est vrai ? demanda celle-ci d'une toute petite voix.

- Oui, fit Remus avec une gravité presque sinistre.

Son visage s'éclaira un peu, cependant, lorsqu'il ajouta :

- Et puis, c'était des Serpentards, pas de quoi en faire un drame non plus ! McGonnagal m'a dit ce matin que Mme Pomfresh avait tout arrangé…

Léna éclata de rire.

- Merci, Remus.

Les deux préfets se serrèrent cordialement la main.

- Bon, je vais rejoindre mes amis infernaux… déclara un Lupin encore empourpré.

- C'est ça, intervint vivement Lucy, et nous on va voir Art à l'infirmerie, hein Léna ?

- Hein, euh, oui, certainement, balbutia l'intéressée.

La blonde agrippa son amie par le bras pour l'entraîner dans le couloir.

- Alors, madame l'inquiète, on se sent mieux ? Tu ne culpabilises plus ?

- Plus trop, admis Léna.

- Rhalàlà… en tout cas, t'as du goût, Lupin n'est peut-être pas le canon du siècle, mais il est bien élevé, ce petit… Je pourrai être témoin à votre mariage ? Et aussi la marraine du premier de vos quatorze bébés ?

- Arrête ! Lui intima vivement l'adolescente, comme quelqu'un approchait dans la direction opposée.

Il s'agissait en fait de Lily, qui surgit au détour d'un couloir.

- Quoi quoi, qu'est ce que j'entends ? Mariage ? Quatorze bébés ? Dois-je en conclure que notre petit préfet a accepté tes excuses ?

- Lily, tu ne vas pas t'y mettre, toi aussi ? Bougonna Léna, mais sa voix fut couverte par celle de Lucy qui répondait :

- Mieux que ça ! C'est lui-même qui est venu lui demander pardon… Tout timide, vraiment très touchant…

- Ca suffit, Lu' !

- Bon, allons raconter nos mésaventures à Art, coupa la rouquine.

- Merci, Lily ! s'exclama Léna.

- A ton avis, reprit la jeune Evans, il préfèrera être parrain du premier des quatorze Lupin Junior, ou marraine du troisième ? Parce que je me réserve le deuxième !

Lucy fut secouée d'un énorme fou rire.

Comme elles arrivaient aux abords de l'infirmerie, Léna voulut changer de sujet.

- Alors, euh, Lu'… quelles sont les nouvelles ? demanda-t-elle en désignant le journal que son amie avait emporté.

- Binns est raide mort, répondit l'intéressée en pointant un encart du Carnet de la Gazette.

- En voilà un scoop… Fais voir ça… Eh, Art, t'es encore vivant ! S'époumona la Française en brandissant le quotidien. T'es pas encore là dedans en tout cas !

Les trois filles s'approchèrent du chevet de leur ami. Art était pâle, son visage était encore marqué de contusions diverses et il portait une attelle au bras gauche, mais il arborait un large sourire.

- Vous ne vous débarrasserez pas si facilement de moi, mes chieuses.

- J'espère bien, le gronda gentiment Lucy en le serrant précautionneusement contre elle, prenant garde de ne pas lui faire mal. Le grand blond n'avait jamais été particulièrement épais, et vêtu d'une simple chemise d'hôpital, il paraissait plus vulnérable encore.

- Ma jolie vache, lui dit affectueusement le garçon en lui plantant une grosse bise claquante sur la joue. Et toi ma chouette, reprit-il à l'adresse de Léna, en l'étreignant à son tour.

Lily s'approcha un peu plus timidement ; jusqu'à présent, elle n'avait pas partagé avec Art la même intimité que ses deux amies.

- Tu me fais un câlin aussi, chaton ?

- Chaton ? Interrogea la rouquine en s'exécutant de bonne grâce. C'est mon nouveau nom ?

- C'est un gentil surnom de gentille copine, fit le blond avant de lui murmurer à l'oreille quelque chose que Lucy n'entendit pas.

- Et toi, c'est quoi ton nom de code ? Le charria la jeune Evans.

- Lui ? répondit Léna à sa place. C'est Tutus l'Increvable !

- Vous auriez pu m'apporter des chocolats, remarqua celui-ci d'un ton badin. J'aime ça, moi, les chocolats…

- Eh, tu serais pas le fils de la Grande Chiante, des fois ?

- Dites donc, vous, intervint Mme Pomfrey, si vous ne cessez pas votre boucan immédiatement, vous décampez illico ! Je vous signale que l'infirmerie est un lieu de silence, surtout avec le surcroît actuel de blessés !

- Surcroît qui ne nous est pas étranger, murmura Lucy avec des airs conspirateurs.

Le garçon se calla confortablement dans ses oreillers, et elle lui raconta sa vengeance dans les moindres détails. Il plaisanta :

- J'apprécie l'intention, et l'ardeur que vous avez mise à la tâche, mes puces… Mais je persiste à dire que votre « cadeau » ne vaut pas une bonne boîte de chocolats suisses !


Le vendredi de Toussaint fut très calme en comparaison de la journée précédente.

Le samedi matin, Ginny et Lucy allèrent cueillir Art à la sortie de l'infirmerie avec une belle paire de béquilles toutes neuves.

- Quidditch ! Annonça joyeusement la blonde.

- Léna a promis de foutre la pâtée aux Serpentards en ton honneur, renchérit la rouquine. C'est pour ça qu'elle n'est pas là, elle se prépare psychologiquement. Physiquement, l'équipe est déjà au top… James les a fait trimer comme des damnés toute la journée d'hier, ils sont parfaitement au point.

- Ca va être un beau match, se réjouit Artus par avance.

- Dépêchons nous, on a chargé Remus et Peter de nous garder des places dans les tribunes, mais on va avoir du mal à y accéder…

Effectivement, les gradins grouillaient déjà de monde lorsque les trois amis arrivèrent aux abords du stade. Chez les Lions comme chez les Serpents, c'était l'effervescence : on avait déployé de grands calicots animés pour fêter la reprise de la saison sportive, et les élèves s'étaient munis de rosettes et de fanions aux couleurs de leurs maisons respectives. Une bande de groupies de troisième année avaient confectionné une pancarte où les mots We love U Captain clignotaient en rouge et or, en alternance avec James Potter Rules. Cela exaspérait profondément Ginny, qui devinait que les chevilles du garçon devaient avoir doublé de diamètre. Elle n'avait pas renoncé à soutenir son équipe, cependant, et avait revêtu l'écharpe, le bonnet et les gants rayés de sa Maison, plutôt que des vêtements Moldus.

Parmi les Serdaigles et les Poufsouffles, un certain nombre de personnes portaient également du rouge. En revanche, peu d'entre eux affichaient leur sympathie pour Serpentard.

Dans un souci d'impartialité, les commentaires du match étaient assurés par Barthelemy Bartok, le Préfet-en-Chef.

Le Serdaigle était flanqué de Flitwick, son directeur de maison, ainsi que de McGonnagal.

-Chers amis, annonça-t-il dans son porte-voix doré, bienvenue à vous pour ce premier match de la saison de Quidditch 1975/1976 ! Ce n'est un secret pour personne, les Gryffondors remettent en jeu leur titre de champions pour la troisième année consécutive ! Autant vous dire que les Serpentards ont l'intention de se démener pour les détrôner. Sans plus attendre, je vous demande d'accueillir l'équipe verte !

Des acclamations retentirent dans la tribune des Serpentards, mais les applaudissements furent plutôt tièdes par ailleurs comme Bart énumérait :

- Le Capitaine Asmodée Malfoy ! Les jumeaux Amphion et Zethos Pucey ! Hyperion Baddock ! Sigismond Sozë ! Rodolphus Lestrange ! Et Klaus Mulciber, qui joue pour la première fois au poste d'Attrapeur !

A côté de Ginny, Art serrait les poings : la plupart des joueurs qui venaient d'apparaître sur le terrain avaient participé au passage à tabac qu'il avait subi l'avant veille. Il se détendit, néanmoins, comme le présentateur continuait :

-Et voici les actuels détenteurs de la Coupe ! Le Capitaine James Potter ! (des hurlements féminins hystériques envahirent le stade comme James effectuait un tour d'honneur en faisant de petits signes de la main. En passant près de Ginny, il lui envoya un baiser et elle sentit ses entrailles se nouer). Elwood Jacobs ! Léna Kyrdys, la seule demoiselle présente sur le terrain aujourd'hui ! Sirius Black ! Ludovic Verpey ! Joachim Summerset ! Et l'Attrapeur Luke Solomon !

La rumeur parmi les spectateurs s'amplifiait à l'arrivée de chaque nouveau joueur. Les Gryffondors étaient de toute évidence beaucoup plus populaires que l'équipe adverse.

Seule Ginny demeurait silencieuse dans les gradins, tandis que Art et Lucy, qui l'encadraient, sautaient sur leurs bancs en faisant de grands signes à l'adresse de Léna.

A la seconde où elle avait aperçu James sur son balai, toutes les illusions de la rouquine avaient été réduites en miettes : non, elle ne le haïssait pas, elle n'arrivait plus à trouver exaspérantes sa confiance en lui et sa vanité. La façon dont il évoluait dans les airs sur son Stardust Number One était en tout point comparable à l'habileté de Harry, mais le père possédait une prestance et un charisme qui reléguaient le fils au rang de pâle copie.

Ginny était définitivement amoureuse, et cela la terrifiait.

Potter et Malfoy se serrèrent la main comme s'ils essayaient de broyer une noix à la seule force de leur poing. Puis O'Sullivan, le professeur de vol, siffla le coup d'envoi. Le Souaffle passa des mains du Capitaine de Serpentard à celles de Zethos Pucey ; lorsque celui-ci voulut envoyer la balle à son jumeau, James l'intercepta. Il louvoya avec grâce entre ses adversaires et envoya négligemment le Souaffle dans l'anneau central.

Un petit « ding » retentit et les dix premiers points de Gryffondor apparurent sur le tableau d'affichage, derrière Barthelemy Bartok.

Ignorant le poing levé dont le menaçait Rodolphus Lestrange, le Gardien vert, James marqua deux autres buts dans le premier quart d'heure.

Il était incontestablement la vedette, mais bénéficiait de la parfaite cohésion au sein de son équipe, où chacun connaissait sa fonction et la remplissait avec méthode.

Elwood Jacobs était toujours prêt à recevoir les passes du Capitaine lorsque celui-ci était cerné par l'adversaire. Léna était bien moins maladroite en vol que sur la terre ferme, mais ne touchait pas beaucoup au Souaffle : son rôle était de foncer comme une furie sur les Poursuiveurs adverses pour les forcer à dévier de leur trajectoire, afin de dégager l'une ou l'autre zone stratégique. Elle prenait cependant garde d'éviter toute collision, afin de ne pas être accusée de Boutenchoc (2) et pénalisée. Sirius suivait d'assez près celui des Poursuiveurs qui détenait le Souaffle, afin d'en détourner les Cognards (ou de les envoyer sur lui lorsque la balle passait dans le camp opposé.) Luke Solomon (leur Attrapeur) était couvert par l'autre batteur, Ludo Verpey (Ginny l'avait déjà repéré parmi les élèves de sixième année, et avait été stupéfaite lorsque, la veille, Art lui avait confié qu'il était son petit ami du moment…). Ludo excellait à la tâche: pas étonnant qu'il fût destiné à passer pro.

Enfin, leur Gardien, Joachim Summerset, volait au-dessus des anneaux. Lorsque d'aventure un Serpentard approchait de la zone de buts, il avait tout le temps de calculer selon quel angle il allait tirer, et il était très rare qu'il laisse passer une balle.

Au bout d'une heure et demie, les Gryffondors avaient effectué pour ainsi dire un sans-faute, et menaient 140 à 30. La seule raison pour laquelle ils ne remportaient pas la victoire était le fait que les Serpentards s'étaient assez bien débrouillés pour empêcher Luke d'approcher du Vif d'Or. Comme les Lions agissaient de la même manière (une ou deux fois, Léna était allée jusqu'à poursuivre Mulciber en poussant des cris de poulet), la partie promettait d'être encore longue.

Ginny ne prêtait qu'une attention très vague à tout cela : elle était subjuguée par James depuis l'instant où il lui avait envoyé un baiser, et les oreilles de la jeune fille l'échauffaient furieusement. Son sens du devoir était mis à rude épreuve, et elle songea qu'elle ne pourrait plus repousser bien longtemps les avances du Maraudeur.

Elle émergea brusquement de sa rêverie lorsque le garçon fut frappé de plein fouet par un Cognard ; ses lunettes furent écrasées contre son nez, qui se mit à saigner abondamment. La jeune Weasley avait plaqué ses deux mains sur sa bouche pour réprimer un cri.

- SIRIUS ! Hurla le Poursuiveur lorsque la boule noire se fut éloignée. QU'EST CE QUE TU FOUS ?

Aveuglé, il battait l'air de ses bras, soudain beaucoup moins charismatique. Son meilleur ami n'eut pas le temps de se justifier : le Cognard n'avait rebondi sur le crâne de Potter que pour mieux venir frapper celui de Black. Ce dernier, estomaqué par ce qui venait d'arriver à James, ne fut pas assez vif pour esquiver.

Un murmure parcourut la foule, et se mua en un brouhaha affolé : les Cognards, soudain déchaînés, ne choisissaient que des Gryffondors comme cibles.

Les Serpentards, nullement troublés par le tour que prenait la situation, ricanaient tranquillement, et marquèrent quelques buts.

A travers la rumeur, Ginny entendit confusément Léna s'époumoner :

- LUDO ! COUVRE-MOI !

Verpey abandonna le sillage de Solomon en lui faisant signe d'être prudent, et rejoignit Léna qui s'était elle-même approchée de James. Il dévia plusieurs Cognards avec la virtuosité qu'on lui connaissait tandis que la jeune fille lançait un sort de Reparo sur les lunettes du Capitaine. Celui-ci insista aussitôt pour continuer à jouer, sans tenir compte du sang qui tachait sa robe.

- ON SE RESSAISIT ! Intima-t-il à son équipe.

Les Lions reprirent leurs postes respectifs avec une détermination redoublée. A la surprise générale, ce fut Léna qui récupéra le Souaffle ; comme les Serpentards avaient groupé leurs effectifs autour de Potter, elle traversa la moitié du terrain sans rencontrer le moindre obstacle, et envoya la balle rouge dans l'anneau de gauche. Elle exécuta un demi-tour serré pour lever les bras vers son équipe en signe de triomphe, mais à peine avait-elle fait volte face qu'un Cognard la frappa à l'estomac. L'adolescente fut projetée en arrière en dessinant dans les airs une série de boucles, et passa à travers l'anneau même où elle venait de marquer un but.

A la droite de Ginny, Lucy laissa échapper une exclamation stridente ; à sa gauche, Art s'affaissa sur son banc. A côté de lui, Remus était aussi pâle que le fantôme de Binns, et se bouffait les ongles en suivant du regard la trajectoire de la petite Française.

Heureusement, Léna avait eut la présence d'esprit d'agripper son balai. Elle sembla un instant tomber en chute libre, mais parvint à redresser le manche de son Colibri une seconde avant de percuter le sol. Elle remonta en chandelle, comme si elle venait d'improviser une feinte de Wronski.

- FAUTE ! Y'A FAUTE !!! Brailla Rodolphus Lestrange. Y'A REMBARRAGE ! (2 bis)

Remus, oubliant ses bonnes manières de préfet, s'était juché sur son banc et s'exclama :

- J'm'en vais te rembarrer, moi, tu vas voir, espèce de sale petit…

Le reste de sa phrase fut noyé par le flot de protestations mêlées d'acclamations qui montaient du public.

Léna avait rejoint son côté du terrain ; elle avait eu le souffle coupé par le choc du Cognard, et peinait encore à respirer. Elle parvint cependant à s'insurger contre Lestrange avec sa verve habituelle :

- TU DECONNES ??? CA N'A RIEN À VOIR AVEC UN REMBARRAGE !!! JE SUIS PAS PASSEE DANS L'ANNEAU POUR EMPECHER LE SOUAFFLE DE TRAVERSER ! C'EST ARRIVE UNIQUEMENT PARCE QUE VOTRE CONNARD DE BATTEUR M'A BALANCE UN PUTAIN DE COGNARD DANS LE BIDE, ALORS LA RAMENE PAS, SALE ENFOIRE DE FILS DE…

Elle se tut, secouée par une quinte de toux visiblement douloureuse. Le professeur O'Sullivan sifflait avec acharnement.

- Un penalty en faveur de Serpentard pour insulte aux joueurs !

- Quoi ? S'énerva Lucy. Mais il est pas bien celui là ! C'est les Gryffondors qui en prennent plein la gueule depuis tout à l'heure ! Poufsouffle de base, va !

Le penalty fut tiré par Amphion Baddock, et Joachim Summerset l'arrêta sans difficulté.

L'affrontement repris avec acharnement. Les Lions tiraient toujours leur épingle du jeu, mais il était de plus en plus évident que les Cognards ne s'en prenaient qu'à eux, ce qui n'était absolument pas naturel. Dans les tribunes, McGonnagal et Neptune Dalton, le directeur de Serpentard, semblaient prêts à s'entredéchirer. Ginny devinait que leur professeur de Métamorphose cherchait à faire arrêter le match, au moins le temps de vérifier ce qui clochait, mais que le prof d'Astronomie s'y refusait tant il souhaitait voir son équipe gagner.

L'attention de la jeune rouquine fut à nouveau attirée par James : celui-ci était couvert de sang mais luttait comme un damné pour ne pas perdre l'avantage.

Sa détermination suscitait chez Ginny une admiration éperdue, mais la jeune fille ne pouvait s'empêcher de songer qu'un simple sport ne valait pas la peine qu'on se mette dans des états pareils. Remus partageait visiblement son point de vue : il répétait sans cesse à mi-voix :

- Jeu de tarés, non mais quel jeu de tarés…

Entre Lupin et la cadette Weasley, Art hurlait des directives à Ludo Verpey, à la droite de Ginny, Lucy faisait de même à l'intention de Sirius.

Le match se prolongea dans cette effervescence malsaine : il durait depuis près de trois heures à présent, et la menace se faisait de plus en plus pesante sur les épaules des Lions. Chacun d'entre eux avait été frappé de nombreuses fois par les impitoyables balles noires, et ils seraient à coup sûr couverts d'ecchymoses le lendemain. De fait, les Serpentards, toujours épargnés, avaient rattrapé leur retard, et menaient 180 à 160.

Le ciel s'était assombri, et bien qu'il ne fut que 5 heures du soir, il faisait presque nuit. Pour couronner le tout, une bruine glaçante s'était mise à tomber. Dans les tribunes, les spectateurs grelottaient quand ils n'étaient pas complètement ankylosés par le froid. Un certain nombre d'entre eux avait préféré rentrer au château.

Alors que Ginny désespérait de ne jamais connaître à nouveau la moindre sensation de chaleur, la partie s'acheva en un éclair.

Le Vif d'Or, que l'on n'avait pas beaucoup vu jusqu'à présent, se mit à batifoler au milieu du terrain. Si ces objets avaient pu être dotés de sentiments, la jeune Weasley aurait juré que celui-là avait l'air guilleret. Ou, pour parler comme Léna, on s'attendait à ce qu'il dise « Eh oui, vous en prenez plein la gueule et je vous emmerde ! »

Quoiqu'il en fût, des centaines de regards vinrent s'accrocher à la petite boule brillante. Au sein des équipes, ce fut la ruée générale.

Les quatorze joueurs se précipitèrent dans le tas. Un Cognard choisit ce moment précis pour s'acharner sur Léna, rebondissant sans cesse à l'arrière de son crâne sans songer à aller voir ailleurs. L'adolescente, à moitié assommée, glissa de son balai et fut rattrapée de justesse par Ludo.

Les Serpentards profitèrent de ce bref divertissement : Sigismond Sozë se tenait tout près du Vif et lui donna un grand coup de batte pour l'envoyer dans la direction de Mulciber. Au moment où l'Attrapeur vert allait le saisir, une tornade rouge lui passa sous le nez. A la seconde suivante, Luke Solomon levait un poing victorieux d'où émergeaient deux petites ailes d'argent ébouriffées. Une immense clameur monta des gradins.

Chez les Gryffondors, l'humeur était à la folie furieuse. Lucy trépignait sur son banc en poussant des hurlements déchaînés, imitée par Peter. Remus, qui avait définitivement renoncé à faire honneur à son badge, avait sauté au cou d'Artus et serrait le grand blond dans ses bras comme s'il venait de lui sauver la vie. Celui-ci, loin de s'en formaliser, lui rendait son accolade en gueulant copieusement dans les oreilles du préfet.

Ginny avait fondu en larmes et des sanglots hystériques secouaient ses épaules. A sa joie se mêlait l'inquiétude qu'elle avait accumulée pendant ces trois heures et demie : le souci qu'elle s'était fait pour Léna, bien sûr, mais par dessus tout le trouble suscité par James. Elle l'avait observé toute l'après-midi sans pouvoir détourner le regard, et à chaque seconde l'idée qu'elle l'aimait s'était enfoncée un peu plus douloureusement dans son esprit.

Ginny, Lucy, Art, Remus et Peter eurent toutes les peines du monde à quitter le stade, tant la foule était dense et lente à vider les lieux. Dès qu'ils furent hors de l'enceinte, ils remontèrent le parc à toutes jambes, se précipitèrent dans une enfilade de pièces et de corridors et arrivèrent à l'infirmerie hors d'haleine. Les joueurs avaient regagné le château sur leurs balais, et s'y trouvaient déjà.

Des rideaux blancs séparaient les lits occupés ; Léna fut la première de leurs amis sur laquelle ils tombèrent. Encore vêtue de sa robe de Quidditch (ornée du chiffre 3), elle paraissait un peu abrutie par les coups répétés qu'elle avait reçus sur le crâne, et plusieurs bleus étaient déjà apparus sur son visage. Elle affichait cependant un sourire rayonnant.

Ludo, qui l'avait soutenue jusque-là, était assis à la tête du lit de l'adolescente, également ravi. Comme il était Batteur il avait moins pâti de l'affluence de Cognards que les autres.

- T'inquiètes, Art, l'amour de ta vie va bien ! Plaisanta-t-il en jouant sur l'ambiguïté des termes employés, afin que Remus et Peter ne comprennent pas qu'il parlait en fait de lui-même.

- Ma pauvre chouette ! Se lamenta Stetson en prenant les mains de la jeune fille. Qu'est-ce que tu as morflé !

- Bah, y'a pas mort d'homme, je sens déjà plus rien…

- C'est parce que les Cognards ont détruit toutes tes terminaisons nerveuses, crétine, la charria Lucy.

- Ouais, ben en attendant, qu'est ce qu'on leur a mis… Vous avez vu, j'ai même marqué des buts ! Je vous avais bien dit qu'on leur foutrait une br… la pâtée ! Enfin, je suis contente de vous voir…

Elle leva le regard vers Remus et Peter.

- James et Sirius sont juste derrière, leur indiqua-t-elle en désignant du menton le paravent déployé à sa droite.

Lupin, déjà empourpré par leur course, devint plus rose encore.

- Ah, euh… merci…

Ginny devina que ce n'était pas vraiment pour eux deux qu'il se faisait du souci ; néanmoins, il s'éloigna sans rien ajouter, précédé de Pettigrew qui avait glapi « Oh, mon Dieu, James, quelle catastrophe… »

- La vache, souffla Léna en se calant dans ses oreillers. Y'a pas à dire, c'était un beau match, sans vouloir nous jeter des fleurs…

- Un peu barbare quand même, remarqua une Ginny encore très ébranlée.

- Ah, ça, t'as pas dû en voir souvent des comme ça en Afrique du Sud… Madame Pomfrey a failli avoir une attaque quand elle a vu James débarquer, tout dégoulinant d'hémoglobine…

La rouquine sentit le sang refluer de ses joues.

- Pareil pour Elwood, il s'est ouvert le menton…Et Sirius a plusieurs doigts cassés. Il ne s'en était même pas rendu compte, il n'a rien dit jusqu'à ce qu'on arrive ici.

- Tu oublies tes trois côtes fêlées, acheva Ludo.

- Ouais… maintenant que tu m'en parles, ça fait un mal de chien…

- N'empêche, intervint Lucy, y'a quelque chose de pas clair… Comment se fait-il que les Cognards ne s'en soient pris qu'à vous ?

Ils n'eurent pas à attendre longtemps pour avoir la réponse. Minerva McGonnagal fit une entrée fracassante dans l'infirmerie, tirant par l'oreille Evan Rosier d'un côté, Antonin Dolohov de l'autre. Les Serpentards de septième année, courbés en deux, gémissaient abondamment. Un Neptune Dalton fulminant les suivait de près.

- Voilà l'explication aux pénibles incidents de cet après-midi, déclara McGo à son équipe. Je souhaitais vous mettre au courant immédiatement. Le professeur Dalton n'a pas jugé utile d'interrompre le match, mais les faits sont là : ces jeunes gens ont ensorcelé les Cognards de façon à les diriger depuis leurs gradins… C'est bien entendu un comportement inadmissible, qui aurait pu avoir des répercussions catastrophiques si nos joueurs avaient été moins talentueux (une nuance de fierté teintait sa voix exaspérée). Rosier et Dolohov vont passer en conseil de discipline, et font d'ores et déjà perdre cinquante points chacun à leur Maison. En outre, Serpentard est disqualifié pour la Coupe de cette année.

- Vous voulez dire interdits de Quidditch ? Intervint Sirius d'un air incrédule. La classe…

La Directrice de leur Maison ne fit aucun commentaire, et repris :

- Je tenais à vous dire que je suis extrêmement fière de vous sept : grâce à votre sang froid et à votre sportivité, vous avez su remporter la victoire malgré tout, et je dirais même une triple victoire, puisque non seulement monsieur Solomon a attrapé le Vif d'Or alors même que vous étiez défavorisés par la veulerie de l'adversaire, mais qu'en outre une faute discriminatoire a été commise par monsieur Söze lorsqu'il a touché le Vif avec sa batte… Encore une fois, je vous adresse toutes mes félicitations.

La joie de l'équipe gagnante éclata derechef, conjuguée à quelques plaintes douloureuses.

Lorsque McGo eut quitté l'infirmerie, entraînant à sa suite les truqueurs de Cognards, James profita de ce que Mme Pomfrey avait le dos tourné pour quitter son lit.

Les entrailles de Ginny se nouèrent lorsqu'elle le vit approcher. Le nez du garçon avait doublé de volume et arborait une belle couleur violette, mais le Poursuiveur ne se départissait pas de ses airs conquérants ni de son sourire charmeur.

-Alors, Evans, un petit mot de réconfort pour le héros du jour ?

La rouquine se fit violence pour ne pas se jeter à son cou en sanglotant de plus belle. Au lieu de cela, elle lâcha froidement :

-La prochaine fois, arrange-toi donc pour tomber de ton balai, Potter, ça me fera des vacances.

Elle tourna les talons et quitta l'infirmerie d'un pas digne, le laissant planté là comme le con qu'il était.


Bilan de la semaine d'Halloween :

-Prof mort:1

-Comings out : 2

-Kilos de sucreries ingurgitées pas les Gryffondors de 5eme année: 3,7

-Engueulades : 16

-Vengeances : 2

-Cognards ensorcelés : 8

-Victoire au Quidditch : 1 (Gryffondor)

-Patients à l'infirmerie : 41

-Ecchymoses : 99

-Fractures : 13

-Mensonges racontés à McGonnagal : 6

-Hiboux brutalisés : 5

-Soupirs de Ginny : 66

-Fous rires de Lucy : 4 -Grossièretés prononcées par Léna : 213

-Sourires charmeurs de James : 25

-Blagues de Sirius : 28

-Retenue donnée à Remus : 1 (pour avoir mis un pain à Rodolphus Lestrange, samedi soir.)

-Chaussettes perdues par Peter : 3

-Regards furtifs entre nos héros des deux sexes: 91

-Points gagnés par Gryffondor : 360

-Points retirés à Gryffondor : 35

-Points gagnés par Serpentard : 50

-Points retirés à Serpentard : 155

-Points gagnés par Poufsouffle : on s'en fout !


Novembre 1996

Léna Kyrdys-Lupin se démène pour tourner le bouton de la porte d'entrée, au 12 Square Grimmaud, sans laisser échapper les sacs en papier kraft dont ses bras sont chargés. Elle pousse de l'épaule le lourd battant, se glisse à l'intérieur et laisse traîner un pied dans l'embrasure pour éviter que le claquement ne réveille le portrait de la vieille Mrs Black.

Elle traverse le couloir sur la pointe des pieds ; les lieux doivent être à peu près déserts en ce milieu d'après-midi.

Toujours de l'épaule, elle pousse la porte du salon.

Remus est là. Elle lui sourit par réflexe mais se fige devant le regard peiné qu'il lève vers elle.

Il n'est pas seul, Molly est assise près de lui sur le canapé. Le mari de Léna a passé un bras autour des épaules de Mrs Weasley. La petite femme a enfoui son visage dans ses mains ; les spasmes qui la secouent agitent sa masse de boucles rousses mal peignées.

- Molly…

Léna pose précipitamment ses sacs sur une console. L'un d'entre eux s'affaisse et s'écrase sur le parquet dans un craquement qui laisse deviner que c'était précisément celui qui contenait les œufs. Sans y accorder la moindre attention, l'Auror vient s'agenouiller près de son amie.

- Molly, allons, Molly…

Les mots peinent à sortir de la bouche de Mrs Weasley. Entre deux sanglots, elle articule péniblement :

- Ma fille… ma… ma toute petite…

Les époux Lupin se regardent en silence, consternés.

Ginny a disparu depuis quatre mois déjà, du jour au lendemain. Un soir, elle est montée se coucher, et le lendemain, Violette s'est réveillée seule dans la chambre qu'elles partageaient.

- Molly, intervient Remus, ça va aller… Je… je suis persuadé que tout va s'arranger…

Ignorant le regard furieux de sa femme, il tire son mouchoir de sa poche et le mets d'office dans la main de Mrs Weasley. Celle-ci se mouche bruyamment.

-Merci… murmure-t-elle, un peu calmée.

Léna se redresse vivement.

-'Faut que je retourne bosser… dit elle sans conviction.

L'Auror gagne la porte. Au moment de disparaître, elle se tourne à nouveau vers les deux autres.

- Remus, je peux te parler, s'il te plait ?

Celui-ci la rejoint et elle l'attire à l'écart.

- C'est impossible, Remus, j'en peux plus… Je ne veux plus jouer cette comédie !

- Léna…

- Ecoute, Lily… Ginny… nous savons très bien ce qui va arriver. Ce qui est arrivé. Nous ne pourrons pas mentir éternellement à Molly, à Arthur, aux enfants.

- Chérie, soupire Lupin, le fait est que nous ne pouvons rien faire d'autre… Je viens de passer une demie-heure à tâcher de la réconforter… Ces gens ont besoin d'espoir. Sans ça, nous avons perdu d'avance.

- Quoi, alors ? Tu te tairas jusqu'à la fin, comme Dumbledore ? J'ai dis à mon oncle ce que je pensais de tout ça, et je te jure que s'il ne m'en empêchait pas, je…

-…tu annoncerais de sang froid à Molly et Arthur que leur fille est… morte ?

Léna frappa du poing contre le mur.

- Bordel, Remus, ça pourrait être la nôtre… Qu'est ce qu'on ferait s'il arrivait quelque chose à Violette, ou à Danilo ? Tu préfèrerais rester dans l'incertitude ?

L'Auror fond brusquement en larmes et vient nicher son nez dans le cou de son époux.

- Je sais, chérie… je sais, c'est intenable, mais que veux tu qu'on dise aux Weasley ? Et Harry, Léna, Harry! Comment le prendrait-il s'il apprenait que la petite soeur de son meilleur ami n'est autre que… sa mère !


(1)Toute ressemblance avec une vache existant ou ayant existé est entièrement pas fortuite. Pour plus de renseignements, je vous renvoie à mon célèbre ouvrage « comment offrir des cadeaux débiles à sa bêta-readeuse ».

(2) L'une des dix fautes les plus fréquentes au Quidditch… Perso je ne possède pas « Le Quidditch à travers les âges » mais vous pouvez trouvez ces infos sur Avada Kedavra, l'un des sites francophones sur HP les plus complets.

Voilà ! laissez moi vos impressions !

Couvrez vous bien, n'ouvrez à personne, prenez bien soin du rock'n'roll…

Léna.