Je suis de retour ! Eh oui, malgré les apparences je suis toujours en vie, et j'envoie à tous ceux qui réclamaient la suite très vite mes plus plates excuses pour ma longue absence… Pardon, pardon, pardon !
Je précise que je n'ai jamais envisagé d'arrêter l'écriture de « La Vérité sur Lily Evans », j'ai simplement été très occupée au 2ème semestre.
J'ai un Live-journal tout neuf ! Le lien est dans ma bio ! Venez nombreux me faire des coucous !
J'ai d'ailleurs mis à jour mon PROFIL, pour ceux que ça intéresse… Dorénavant, vous pouvez y trouver, en bas de page, un paragraphe intitulé INFO-FIC, où je rends compte de l'avancée de mon travail pour les plus impatients d'entre vous.
Réponse aux reviews :
Yoann : Je suis contente que la scène finale t'ait fait réagir… Evidemment la situation est délicate, de temps en temps je glisserai un nouveau passage sur ce qui se passe en 1996 tandis que Ginny patauge chez les Maraudeurs… J'aurais plutôt tendance à être d'accord avec Léna, mais le point de vue de Remus et Dumbledore se justifie également : pas évident d'expliquer à des parents que leur fille est morte, surtout dans de telles circonstances…
Severia Dousbrune : effectivement, quand on part du postulat GinnyLily, on voit tout l'univers de HP d'une façon complètement nouvelle… C'est ce qui m'intéressait quand j'ai commencé cette fic. Je suis contente que le Quidditch t'ait plu, j'appréhendais l'écriture de cette scène mais finalement j'ai pris beaucoup de plaisir à la mettre en place.
Edwige : En fait Lily/Ginny est déjà attirée par James, mais elle ne peut pas se permettre de le lui montrer… Je continue de développer ce problème dans ce nouveau chapitre. Merci pour ta participation au sondage, malheureusement je n'aurai pas pu me tenir au principe des « chapitres courts mais réguliers ». Pour me faire pardonner, ce nouvel épisode fait 10 pages…
La Folleuh : merci pour ton enthousiasme qui met du peps dans mon espace review ! C'est un plaisir d'écrire pour de tels lecteurs, voilà (enfin) la suite ! Je suis heureuse que Art te plaise, c'est aussi l'un de mes préférés… On ne le voit pas beaucoup dans ce chapitre 9 mais il sera bcp plus présent dans le suivant.
Guézanne : ouille, depuis le temps je ne suis plus sûre d'avoir répondu à ta revue par mail… Quoiqu'il en soit, si je l'ai fait, il devait en ressortir d'une part que Léna et ses comparses avaient commis une erreur de jeunesse qu'ils s'empressent de regretter, et d'autre part qu'il n'y aura pas suite… Malgré les vieilles rancunes Gryffondor/Serpentard qui persistent. Enfin, trêve de violence (malgré une altercation un peu brutale au début de ce nouveau chapitre, mes personnages apprennent à se contenir), je vais passer à des choses plus légères. Quant à la douche froide du retour en 96, eh bien, c'était un peu mon but…
Lazoule : merci ! Pour répondre à ta question, Léna et Remus auront 2 enfants : Violette, qui aura un an et demie de plus que Harry, et Danilo, qui aura cinq ans et demi de moins que sa grande sœur (dans l'univers alternatif qui est désormais le mien, il entre en 1ere année à Poudlard quand Harry est en cinquième année). D'autre part, Ginny est désagréable (doux euphémisme) avec James parce qu'elle est attirée par lui mais qu'elle sait très bien qu'elle ne peut pas s'engager avec quelqu'un qui n'appartient pas à son époque et dont elle sait qu'il va mourir. Elle pense encore qu'elle arrivera à rentrer en 1996, et bien sûr elle ignore qu'elle est la mère d'Harry. Du coup, rejeter James est la seule solution qu'elle a trouvée pour résister à la tentation de sortir avec lui, sa colère lui fait un rempart qui commence quand même à se fissurer…
Riri : merci de continuer à me lire et à m'encourager ! Effectivement, Sirius ne connaît pas Ludo dans le tome 4, mais ma fanfic est définitivement à classer dans la série des Univers Alternatifs… Donc, dans cette version du monde potterien, ils se connaissent. Voilou !
Sinwen : c'est ma première demande en mariage, snif, mon œil se mouille… mais, euh… je suis une fille ! Lol, désolée… Concernant Ginny, elle continue d'angoisser, ça sera d'ailleurs présent dans ce chapitre… Elle est obligée de faire bonne figure la plupart du temps, mais elle ne vit pas bien du tout ce retour dans le passé. En revanche, elle est encore persuadée qu'elle trouvera une solution pour rentrer dans son époque, ce qui lui permet de relativiser un minimum. A mesure que le temps va passer, bien sûr, la déprime va augmenter… Wait & see…
Hem : J'accepte tes excuses et j'ajoute que je n'effacerai jamais une review, sauf si elle contenait un paquet d'injures. Ca n'était pas le cas de la tienne et je suis prête à accepter tous les points de vue sur mon travail, y compris les critiques, le contraire serait hyper prétentieux… Tes remarques apportaient sur ma fic un nouvel éclairage et évidemment je me suis posé des questions (est-ce que j'écris des trucs obscènes sans m'en rendre compte?) Moi non plus, je n'aimerais pas du tout que mon père me regarde de cette façon, mais ce n'est pas une première : Phèdre est quand même l'un des sommets de la littérature classique, et traite de la question de l'inceste (évidemment les deux textes sont incomparalbes)… Finalement, je pense que dans la mesure où ce n'est pas la dimension sexuelle qui prévaut dans cette histoire, je n'ai pas vraiment de souci à me faire…
Ptronille et Lufynette : Merci les filles ! (ou les mecs qui ont des noms de filles !) Merci infiniment !
Alinemcb54 : Merci beaucoup ! Je suis contente que tu apprécies Léna, j'adore écrire pour elle et lui faire dire plein de conneries… Voilà la suite !
Zyvin : bon, toi tu as eu une réponse par mail, pistonné que tu es… Si tu passes par là, je t'envoie plein de bisous, bonne chance pour la prépa, et à bientôt j'espère (autrement que sur le Net je veux dire)!
Fée : même topo que pour Zyvin je t'ai répondu par mail… Merci d'être revenue faire gonfler mon reviewomètre. Merci aussi pour ta participation au sondage, mais en fin de compte je n'ai pas réussi à écrire la suite rapidement… Voilà un grand chap pour me faire pardonner.
OCB : je doute fort que tu viennes lire ma réponse mais je la mets quand même… Cette fic n'a pas la prétention d'être autre chose qu'un Univers Alternatif, et j'ajoute que les fanfictions qui respectent en tout point l'univers défini par JKR, y compris du point de vue de la crédibilité des personnages, sont quand même rare. Mon histoire n'est là que pour faire passer un bon moment à ceux qui l'apprécient ; si ça n'est pas ton cas, j'accepte tout à fait ton point de vue mais personne ne t'a obligé(e) à te farcir tous les chapitres. Quoi qu'il en soit, ça n'est pas une raison pour être désagréable : je suis ouverte aux critiques, mais si tu as besoin de te défouler, fais-le ailleurs que sur mon espace-review. Merci.
Angel Black : Merciiii ! Voilà la suite, pardon pour le retard!
Lily : merci pour tes encouragements… et tes conseils !
A tous : Merci à ceux qui lisent mon bla-bla, vous êtes mes préférés ! Voilà un long chapitre pour me faire pardonner mon retard ; la bonne nouvelle, c'est que les deux chapitres suivants sont FINIS ! Ils viendront dès que Bratha les aura corrigés !
Le chapitre 9 est encore assez sombre, il met surtout en avant Sirius et Ginny. Le suivant sera plus axé Léna-Remus.
Comme vous avec eu le temps de zapper les détails en 4 mois, je vous fais un petit mémo… J'emprunte sa technique à l'inégalable Alohomora ; si d'aventure elle s'en apercevait, ça voudrait dire qu'elle a pris le temps de lire ma fic et dans ce cas, je ne peux que la remercier et m'excuser platement pour mon plagiat…
Résumé général : Ginny a décidé d'utiliser un Retourneur de Temps trouvé Square Grimmaud pour revenir au Ministère le soir de l'attaque et sauver Sirius. Suite à une erreur de manipulation, elle se retrouve quelques 20 ans auparavant, et, avec la complicité de Dumbledore, se voit contrainte de continuer ses études à Poudlard dans la classe des Maraudeurs. Afin de ne pas attirer les soupçons, le Directeur lui a attribué une famille adoptive moldue dont elle prend innocemment le nom « Evans ». Elle complète sa nouvelle identité par son deuxième prénom, « Molly », qui est vite abrégé en « Lily ». James Potter, le tombeur de ces dames, a tôt fait de succomber au charme de la rouquine, mais celle-ci refuse de s'attacher à ce garçon dont elle sait qu'il mourra bientôt. Elle feint donc de le détester ; ses sentiments s'en mêlent, et la situation n'est pas de tout repos…
Résumé du chapitre précédent : Après qu'Art a été agressé par des Serpentards (à la fin du chapitre 7), Ginny, Lucy et Léna ont organisé une vengeance et libéré six Cognards enragés dans la Salle Commune de leurs rivaux. Leur culpabilité n'a pas été découverte, mais elles réalisent rapidement qu'elles ont eu une conduite irresponsable. Deux jours après Halloween a eu lieu le premier match de Quidditch de la saison ; les Rouges ont gagné contre les Verts, malgré les coups bas de ces derniers.
Rappel des personnages originaux évoqués dans le chapitre ci-dessous :
(ceux-là, ils sont à moi, pas à JKR !)
Léna Kyrdys : élève de cinquième année, elle est Préfète de Gryffondor avec Remus Lupin ; elle appartient également à l'équipe de Quidditch où elle joue au poste de Poursuiveuse. Malgré sa nationalité française, elle est issue de l'une des lignées de Sorciers Britanniques les plus prestigieuses : les Kyrdys sont les descendants de Merlin, et Léna a hérité des pouvoirs de son ancêtre, comme en témoigne le dragon tatoué sur sa nuque. En dépit de sa puissance, elle ne manque jamais l'occasion de faire une gaffe et sa maladresse est légendaire à Poudlard.
Lucy Lightfire : Cette blonde aux yeux bleus est également en 5ème année à Gryffondor.
D'un naturel plus qu'enjoué, elle ne perd jamais une occasion de charrier ses amis.
Artus Stetson : surnommé « Art » en hommage au chanteur Art Garfunkel, ce grand blond bouclé forme avec Léna et Lucy un trio inséparable auquel s'est jointe Ginny-Lily. Gryffondor de 5ème année, Art ne vit, semble-t-il, que pour le rock'n'roll. A moitié suisse, il parle français couramment. Il a récemment avoué son homosexualité à Ginny ; son petit-ami est Ludo Verpey (Bagman en VO).
Marina Kyrdys : la sœur cadette de Léna est en première année à Gryffondor, tout comme les jumeaux Marty et Sunny Stetson, le frère et la sœur d'Artus.
Barthélémy Bartok : Ce Serdaigle est Préfet-en-chef ; sa collègue est la Poufsouffle Nathanaëlle Saint-Patrick. Ils sont plus connus sous les noms de Bart et Nat Saint-Pat.
Forester : prof de Soin aux Créatures Magiques.
Byrnes :prof de Potions.
Disclaimer : Le reste est à JKR, pas à moi !
Un petit mot pour finir : un grrrrrrand merci à Brathanaëlle, qui a toujours la gentillesse de faire la bêta-lecture de mon travail, en pistant les incohérences et en me laissant des commentaires hilarants… Elle a du mérite, vous savez, de continuer à me supporter alors que je la harcèle quotidiennement sur MSN… MERCI BRATHA! MUCH LOVE TO MY DARK-VACHE !
Bonne lecture !
Chapitre 9 : Sombres frères et petites annonces.
La semaine suivante, tout était revenu à la normale (dans la mesure du possible). Les Serpentards avaient plutôt tendance à faire profil bas, soit au sens figuré, par honte après leur défaite cuisante au Quidditch, soit au sens propre pour cacher les coquards infligés par les Cognards vengeurs.
L'humeur était nettement plus joyeuse chez les Gryffondors, qui avaient fêté la victoire tard dans la nuit du samedi, ainsi qu'une bonne partie du dimanche où les Maraudeurs avaient effectué quatre ou cinq allers-retours entre les cuisines et la Salle Commune pour obtenir de quoi sustenter les troupes.
Le lundi matin, Ginny n'était qu'à moitié réveillée lorsqu'elle descendit prendre son petit déjeuner, encadrée de ses désormais meilleurs amis.
Sa tartine en l'air au-dessus d'un bol de chocolat, elle écoutait d'une oreille distraite les plaisanteries qu'échangeaient Art et Léna ; cette dernière avait tendance à oublier qu'elle s'était pris un Cognard dans le ventre deux jours plus tôt, et toutes les trente secondes, elle partait d'un grand éclat de rire qui se muait aussi sec en un « Aïe, ouille, bordel ! » douloureux.
Les Maraudeurs firent une de ces entrées fracassantes dont ils avaient le secret, l'un derrière l'autre par ordre de taille (Peter en tête, suivi de James, de Sirius et de Remus), en chantant ce qui ressemblait à s'y méprendre à un refrain troll. Ils en avaient néanmoins modifié les paroles, remplaçant les « blörk » et les « agroumph » par quelques considérations rimées et peu flatteuses sur les Serpentards.
Ils s'interrompirent en arrivant à la hauteur de leurs comparses de cinquième année, et Sirius déclara d'une voix triomphante :
"Byrnes est malade !"
"Pas de Potions ce matin !" renchérit James.
"Ca vient d'être épinglé sur le Babillard", justifia Remus.
Peter conclut, non sans anxiété :
"On pourra réviser l'Histoire de la Magie pour le devoir sur table de demain"…
Et tous quatre reprirent leur chant de plus belle.
Comme ils prenaient place, leurs voix furent couvertes par le « wouishhhhhhhhh » de milliers d'ailes de hiboux : c'était l'heure du courrier.
A la gauche de Ginny, Lucy se pencha d'un air soucieux sur l'exemplaire de la Gazette du Sorcier que venait de lui remettre Amphimore. La jeune Weasley y risqua un coup d'œil en biais et frémit. La première page avait pour titre principal Deux Aurors assassinés : Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom impliqué ?
Elle avait déjà noté qu'à l'époque, le nom de Voldemort était n'employé qu'avec crainte ; le Seigneur des Ténèbres était monté en puissance au cours des trois ou quatre années passées, et le Ministère commençait à mesurer l'ampleur du danger.
"Tiens", remarqua Lucy, "on dirait qu'Amphi a quelque chose pour toi aussi".
Ginny sourit ; quelques jours auparavant, elle avait remis au faucon de son amie une lettre pour sa famille adoptive, et il lui apportait une réponse.
La rouquine posa sa tartine pour ouvrir l'enveloppe moldue ornée de deux timbres à l'effigie de la Reine Elizabeth. Au moment où elle allait entreprendre la lecture des trois longues pages rédigées de la main de Jane Evans, un hurlement strident retentit, plongeant la Grande Salle tout entière dans un silence absolu.
Ginny se figea : elle ne connaissait que trop bien cette voix, pour l'avoir entendue des dizaines de fois dans le hall du 12, Square Grimmaud. C'était la mère de Sirius.
Tous les regards se tournèrent en même temps vers le jeune Black ; une enveloppe rouge sombre voletait devant son visage livide.
"Sirius Edward Mordred Black, de quel droit salis-tu notre nom de la sorte? Je te jure que cette fois aura été une fois de trop ; je sais que c'est toi qui es responsable de ce qui est arrivé à ton frère, et tu ne perds vraiment rien pour attendre ! Si tu avais vu la rage de ton père quand…"
Ginny, Lucy, Léna et Art échangèrent un regard consterné tandis que la Beuglante continuait à débiter des remontrances agrémentées d'injures.Ils ne mirent pas longtemps à comprendre que les parents Black avaient appris que leur petit dernier avait été blessé par leurs Cognards ensorcelés, et qu'ils tenaient Sirius pour responsable de leur expédition punitive. Pour une fois que ce n'étaient pas les Maraudeurs qui s'en prenaient aux Serpentards, c'était bien leur veine…
La diatribe s'acheva sur un « J'ignore comment j'ai pu mettre au monde un être aussi vil et indigne » retentissant. Après que l'enveloppe eut disparu dans une gerbe d'étincelles, un silence assourdissant continua de peser sur l'ensemble du réfectoire.
Sans un mot, Sirius se leva. Très raide, le visage encore pâle, il remonta l'allée d'un pas lourd qui se voulait néanmoins digne.
Lorsqu'il eut franchi la porte, les conversations reprirent à toute allure, d'abord murmurées, puis de vive voix.
Ginny croisa le regard de Remus.
"On est… vraiment désolés. Tous les quatre."
Son futur professeur eut un sourire triste.
"Vous n'y êtes pour rien. Ce n'est la faute de personne si Sirius a des parents aussi…"
Sa phrase demeura en suspens, mais le sens était parfaitement clair.
"C'est vrai que sa mère est terrifiante", intervint Léna, qui pour le coup ne riait plus du tout. "Je me rappellerai toujours de la fois où je l'ai rencontrée… Ca m'aura traumatisée à vie, je crois."
"Je me souviens"… acquiesça Lucy. "Il y avait Sirius, Remus, Peter, Léna et moi… C'était une semaine avant notre rentrée en troisième année, on s'était retrouvés sur le Chemin de Traverse en faisant nos achats et on avait décidé de manger une glace à une terrasse…"
"On discutait tranquillement," reprit la préfète, "et d'un coup, je vois arriver cette espèce de harpie, le chignon de travers… Elle s'arrête devant nous, elle me toise un long moment sans rien dire, super froidement, et finalement elle lâche « C'est vous Kyrdys ? ». Et quand j'ai eu le malheur d'approuver, elle est partie dans une espèce de discours sans fin sur mes illustres ancêtres, et sur mon devoir de toujours faire honneur à mon sang si pur… Je n'ose même pas imaginer sa réaction si elle avait su que j'ai une mère Cracmol et un père Moldu…"
"Elle serait sans doute morte sur le coup", répondit Lupin, pince-sans-rire. "Tu as perdu une occasion de rendre service à la Communauté Magique"…
"Toutes mes confuses."
Sirius hâta le pas en franchissant le seuil de la Grande Salle. Sa première idée était de sortir prendre un peu l'air, peut-être même de faire un tour en bordure de la Forêt Interdite en attendant le cours de Soin aux Créatures Magiques. Mais il changea d'avis en apercevant deux gamins de première et deuxième année, dans un coin du Hall. Pas n'importe quels gamins.
Sirius couvrit en un instant la distance qui le séparait d'eux et laissa tomber une main pesante sur l'épaule du jeune garçon qui lui tournait le dos.
Celui-ci laissa échapper une petite exclamation étouffée ; sa main gauche lâcha le col de la fillette de première année, et la baguette qu'il pointait sur elle de son autre main s'abaissa.
"Tu trouves que tu n'as pas fait assez de conneries comme ça ces derniers temps ? "gronda Sirius en maintenant sa poigne. "Allez, rends-lui ce que tu lui as pris".
Le garçon sortit à contrecoeur de sa poche un paquet de Fondants du Chaudron, ainsi que quelques Mornilles qu'il avait extorquées à la petite fille.
"Merci, Sirius", murmura celle-ci.
"De rien, Marina".
La sœur de Léna détalla aussitôt en serrant ses biens entre les replis de sa robe.
Le garçon de deuxième année se dégagea de l'emprise de Sirius, mais sans chercher à s'enfuir. Avec une lenteur calculée, il se tourna pour lui faire face, un sourire chafoin en travers du visage.
"Il paraît que Mère t'envoie ses amitiés", remarqua-t-il en feignant la nonchalance. "On l'entendait d'ici."
"Regulus, petit con".
"Oh, j'aurais aimé assister à la scène, voir la tête de tes chers amis au moment où le grrrrand Sirius s'en prenait plein la gueule, mais j'avais à faire avec cette sale Sang-de-Bourbe de Kyrdys. Sa garce de sœur sera certainement ravie que tu lui aies sauvé la mise…"
Sirius saisit son jeune frère au collet et le pressa contre le mur, tout en menaçant sa glotte de sa baguette magique, reproduisant ainsi la posture que Regulus avait adoptée face à Marina Kyrdys.
"Un conseil, cafard : pour une fois dans ta vie, ne perds pas une bonne occasion de te taire".
Son cadet ne se démonta pas pour autant.
"Vois-tu, Sirius," rétorqua-t-il (et une note de mépris persistait sans sa voix quelque peu étranglée), "je pense que tu n'aurais pas intérêt à m'abîmer davantage. Qui sait de quoi Père serait capable s'il apprenait que tu as tenté de m'achever à coups de sortilèges ? Il n'a que modérément apprécié le fait que j'aie le poignet cassé par ta faute la semaine passée..."
"Je n'ai rien à voir avec cette histoire, sombre crétin, murmura Sirius entre ses dents."
Le sourire de son frère s'élargit un peu plus.
"Vraiment ? Dans ce cas, c'est encore plus drôle".
"Espèce de sale petit…"
Sirius appuya le garçon un peu plus fort contre la muraille mais refoula son mouvement de colère. Les Gryffondors étaient réputés pour agir d'abord et poser des questions ensuite, et à plus forte raison les Maraudeurs. Pourtant, il savait qu'il aurait tous les torts s'il tentait quoi que ce soit à l'encontre de ce satané Serpentard qui lui tenait lieu de frère.
Lentement, Black relâcha son étreinte. Regulus se dégagea vivement et s'éloigna en direction de la Grande Salle d'un pas conquérant. Sirius pivota sur lui-même pour le suivre des yeux ; en passant la porte du réfectoire, le deuxième année croisa deux élèves de Gryffondor et lança à l'une d'entre eux :
"Embrasse ta sœur de ma part, Kyrdyssss !"
Le regard de Léna passa du jeune Serpentard à son aîné. Elle s'approcha de ce dernier, Remus à ses côtés.
"Sirius… est-ce que tout va bien ?"
"Disons que j'ai connu mieux, mais je survivrai."
Pour appuyer ses dires, Black leur adressa le sourire le plus convainquant qu'il put.
"Eh bien… on se voit plus tard, alors", fit la jeune fille un peu gênée avant de tourner les talons.
Remus demeura face à son ami.
"Padfoot, tu es sûr que…"
"Ca baigne, je te dis. T'inquiète donc pas pour moi, tu as mieux à faire pour l'instant."
"C'est-à-dire ?"
"Eh bien… escorter Léna en cours de Runes, par exemple," proposa Sirius avec un clin d'œil.
Moony bafouilla quelque chose d'inintelligible, avant de s'éloigner d'un pas vif pour rattraper la préfète.
Le hall se peuplait à mesure que de petites grappes d'élèves quittaient la Grande Salle pour regagner leurs classes. L'incident de la Beuglante semblait oublié ; la plupart d'entre eux discutaient des contrôles à rendre ou de la prochaine sortie à Pré-au-Lard.
En attendant ses amis, Sirius s'adossa au mur, là où s'était trouvé Regulus quelques minutes plus tôt. Pourtant, à son grand étonnement, avant même que James et Peter aient paru, ce fut la silhouette drapée de turquoise de Dumbledore qui écarta la foule d'étudiants pour se frayer un chemin… jusqu'à lui.
"Monsieur Black", commença le vieux sorcier avec bienveillance, accepteriez-vous de monter un instant dans mon bureau ?
Ginny suivit Lucy et Art le long du pont (1), puis sur la grande pente herbeuse qui menait aux enclos. Le professeur Forester avait accéléré la cadence afin que ses élèves soient fin prêts pour leurs BUSEs. Les cours de Soins aux Créatures Magiques portaient cette semaine sur les Griffons.
Une dizaine de ces créatures mi-aigles mi-lions, à peine plus hautes que des teckels, avaient été rassemblées derrière les barrières de bois, et contemplaient les nouveaux arrivants d'un air digne.
"Qu'est-ce qu'ils sont beaux"… soupira Lucy, à peine essoufflée après avoir dévalé la colline en riant.
"Mouais", ironisa Art à côté d'elle, "je parie qu'ils auraient encore plus fière allure dans un grand plat en terre cuite, au milieu de pommes de terres frites… Avec des petits champignons, ou peut-être quelques marrons…"
"Art, on sort de table !" le morigéna Ginny. "Tu n'es qu'un ventre sur pattes, mon cher."
"Par définition, le Artus Stetson a toujours faim."
"Re-salut !" claironna une voix dans leur dos.
Les trois Gryffondors se retournèrent de concert. James et Peter venaient de les rejoindre.
"Sirius n'est pas là ?" interrogea Potter en cherchant le regard de Ginny.
"Mais si, tu vois bien," dit Art en désignant Lucy, "il est là, il s'est même fait des couettes aujourd'hui."
James eut un petit sourire mais semblait toujours inquiet.
"On ne sait pas où il a pu passer… On s'en fait pas vraiment pour lui, mais étant donné… enfin bref, on voulait juste lui remonter le moral."
"Il va probablement arriver," intervint Lucy avec optimisme.
Sirius n'était pourtant pas là lorsque Forester déboula, cinq minutes plus tard.
"Vous allez vous mettre en binôme", déclara sans autre préambule le prof de Soins. "Vous, les deux pies jacasseuses, continua-t-il à l'adresse de Ginny et Lucy, il est hors de question que je vous voie ensemble."
Les deux amies se regardèrent en piquant un fard. Au cours précédent, elles avaient été prises d'un tel fou-rire qu'elles avaient renversé de la bouillie énergisante pour Kukrapoks partout, excepté dans leurs auges.
"Bon", continua l'enseignant, "Lightfire, vous allez avec Stetson, et au moindre chahut, je vous flanque quatre heures ! Puisque Black n'est pas là, ce qui nous fera des vacances, Evans, vous irez avec Potter, et Pettigrew ira avec Miss Croupton."
Ginny et Circé Croupton protestèrent en cœur.
"Hein, quoi ?"
"Pas question que je me mette avec ce…"
"…préfère encore un Veracrasse comme partenaire…"
"Ah, ça suffit, vous deux !" coupa le prof. "Si vous n'êtes pas contentes, faites un échange, mais je vous conseille de baisser d'un ton !"
Ginny n'avait guère plus envie de se retrouver avec ce traître de Peter qu'avec James, et comme de son côté Circé ne semblait pas particulièrement disposée à faire équipe avec celui qui leur avait infligé une défaite cuisante au Quidditch l'avant-veille, toutes deux firent profil bas.
La première partie du cours était théorique ; Forester partit dans de longues explications sur les habitudes alimentaires des Griffons en habitat naturel. La jeune Weasley, qui avait déjà étudié ces créatures avec Hagrid lors de sa deuxième année, mit ce temps à profit pour considérer une énième fois ce qu'elle nommait, avec une dérision amère, le Problème James.
Elle s'efforçait de ne pas y penser la plupart du temps, mais ses sentiments la rattrapaient au galop. Plus jeune, elle s'en était voulu d'être amoureuse du meilleur ami de son frère ; à présent, être attirée par le propre père de Harry suscitait en elle une honte profonde, d'autant plus désespérée qu'elle avait conscience de la complexité de la situation et de la totale impossibilité de répondre aux avances de James.
Ses nouveaux amis semblaient avoir fini par accepter son apparente animosité envers le Poursuiveur, malgré leur propre affection pour lui. Lorsqu'elle se trouvait à proximité des Maraudeurs, elle s'efforçait de les ignorer, malgré la tentation de partager leurs frasques et leurs fous-rires. Il lui arrivait, à l'occasion, d'être aimable avec Lupin ; elle aurait adoré pouvoir passer plus de temps avec Sirius, sachant le sort qu'il allait connaître, mais s'en gardait bien.
Un jour où elles faisaient ensemble des recherches pour un devoir d'Histoire de la Magie, Léna lui avait raconté l'histoire de Cassandre, cette voyante troyenne (2) destinée à connaître l'avenir, mais à n'être jamais crue lorsqu'elle énonçait une prophétie. D'une certaine manière, Ginny avait conscience de connaître une situation similaire. Lorsqu'elle s'autorisait à y songer un peu trop longtemps, une bouffée d'angoisse prenait possession de sa cage thoracique… comme à cet instant précis.
"Lily ?"
James avait posé une main sur son épaule.
"Lily, tu te sens bien ? Tu es toute pâle…"
Elle se dégagea, mais sans brutalité.
"Ca va", répondit-elle, la bouche sèche.
"Bon… Tu viens ?"
"…de quoi ? "questionna-t-elle après une hésitation.
"Ben… jeter des campagnols morts aux Griffons. Forester vient de nous demander de le faire, mais si ça te dégoûte de les toucher, je peux m'en occuper, vu que (---clin d'œil charmeur---) on est dans le même groupe"…
"Pfff… qu'est-ce que tu crois, Potter, il en faut plus pour m'impressionner."
"Plus comment ?"
Tu n'as pas idée, songea la jeune fille mais elle s'abstint de formuler quelque réponse que ce fût.
Sirius s'était retrouvé maintes fois dans le bureau du directeur ; plus souvent, en fait, que la plupart des autres élèves réunis, exception faite de ses trois inséparables. Pourtant, il appréciait rarement ces visites, vu qu'il ne s'était pas souvent trouvé dans cette pièce en n'ayant rien à se reprocher.
Comme c'était le cas ce matin, il profita du mieux qu'il put cette occasion d'éviter un cours passablement chiant. L'impression désagréable liée à l'épisode de la Beuglante ne l'avait pas totalement abandonné, mais il se trouva un peu rasséréné quand Fumseck quitta son perchoir dans un bruissement d'ailes pour se poser sur ses genoux.
Dumbledore prit place derrière son bureau, face à lui, un sourire bienveillant dans sa barbe grisonnante.
"Thé ? Café ? Porridge ? Un petit toast à la confiture de pastèque, peut-être ? J'ai cru comprendre que votre petit déjeuner avait été quelque peu écourté, mais un grand jeune homme en pleine croissance, tel que vous, ne doit pas sauter le repas le plus important de la journée…"
Un peu mal à l'aise, le Maraudeur accepta une tasse de café.
Le directeur plongea son regard toujours vif dans le sien.
"Comment allez-vous, Monsieur Black ?"
Au ton de l'homme, Sirius devina qu'il ne s'agissait pas d'une simple question de courtoisie, et que Dumbledore savait très précisément où il voulait en venir. Le garçon se sentait toujours un peu démuni face à la sollicitude du directeur, qu'il trouvait à la fois rassurante et exaspérante.
Le Gryffondor caressa le plumage de Fumseck et pris son temps pour répondre. Il s'appliqua néanmoins à paraître assuré lorsqu'il affirma :
"Je vais bien, Monsieur."
"Tant mieux, Monsieur Black, tant mieux. Nous avons tous été un peu remués par les évènements de ces derniers jours…"
Effectivement, la semaine passée avait été franchement mouvementée. De la mort de Binns à un match de Quidditch des plus sanguinaires, en passant par l'attaque des Cognards dans la Salle Commune de Serpentard…
"Il se passe des choses graves, au-dehors," reprit Dumbledore beaucoup plus sérieusement. "Des rivalités se creusent pour de mauvaises raisons, et j'entends bien empêcher mes élèves de les reproduire à Poudlard. La vieille vendetta entre Gryffondor et Serpentard est bien sûr la plus évidente et la plus vivace, mais si les choses venaient à dégénérer…"
"Je n'ai rien à voir avec cette histoire, Monsieur," répondit Sirius à toute vitesse en se rappelant que sa mère lui reprochait dans sa Beuglante d'avoir lui-même ensorcelé les Cognards dans la Salle Commune des Serpents.
Dumbledore sourit, il avait saisi l'allusion implicite dans les propos du cinquième année.
"Je vous crois, Monsieur Black."
Sirius se sentit immédiatement soulagé d'un poids. Il aurait préféré crever que de dénoncer ses amies, mais il était plutôt satisfait de se défendre sans mentir, ce qui ne lui arrivait pas si souvent.
"Croyez-le ou non, Monsieur Black, j'ai une plus grande confiance en vous que l'on pourrait penser, poursuivit le vieillard non sans malice."
Cette fois, Sirius se détendit franchement et eut même un petit rire.
"En revanche, c'est votre frère qui m'inquiète."
Le jeune homme se tendit à nouveau.
"Vous savez peut être que malgré son jeune âge, il a déjà écopé de moult retenues, et pas pour des histoires de pétards mouillés ou de craies farceuses. Regulus semble être passé maître dans l'art de martyriser les élèves des autres Maisons, des première-années, bien sûr, mais pas seulement…"
"Je regrette, Monsieur de Directeur," dit le Maraudeur d'une voix sombre. "Je regrette sincèrement."
"Vous n'y êtes pour rien, Sirius", répondit doucement le vieil homme en abandonnant l'usage du patronyme. "Au contraire. Je ne suis pas sans savoir l'importance qu'attache votre famille aux anciennes traditions, et en particulier à la prétendue pureté du sang magique. Et de ce point de vue, je dois dire que je vous admire. Vous avez renoncé très jeune aux valeurs de vos parents, vous avez su voir quelles failles elles comportaient, et vous osez défendre vos convictions. Je puis vous assurer que je suis très fier de vous. C'est pour cela que je vous ai demandé de venir. Le message de votre mère ne m'a pas échappé, bien entendu… Je voulais vous dire de ne pas vous en formaliser."
L'adolescent eut un sourire sans joie.
"Merci, Monsieur."
Puis, après un silence, il ajouta :
"Pensez-vous… pensez-vous qu'il y aura la guerre ?"
"Nous ferons tout pour l'empêcher, " Sirius. "Tout ce qui est en notre pouvoir. Y a-t-il quelque chose d'autre dont vous souhaiteriez me parler ?"
"Non, Monsieur le Directeur."
"Bien. Dans ce cas, vous pouvez vous en retourner à vos Griffons," dit Dumbledore avec un clin d'œil. "Et ce-faisant, seriez-vous assez aimable pour m'envoyer Miss Evans ?"
"Bien sûr Monsieur."
Sirius quitta le bureau du vieillard et prit tout son temps pour rejoindre le cours de Soin aux Créatures Magiques.
Pour un peu, Ginny aurait embrassé Sirius lorsqu'il débarqua en cours de Soin pour informer le professeur que le Directeur souhaitait voir Molly Evans. Sans un regard pour son coéquipier, elle s'éloigna des enclos le plus rapidement possible. Il lui fallut traverser tout le parc ainsi qu'une bonne partie du château, ce qui lui prit un gros quart d'heure durant lequel elle eut tout le loisir de se lamenter sur son sort.
Le passage derrière la gargouille était déjà ouvert lorsqu'elle arriva, et l'adolescente se permit de monter directement les escaliers.
Dumbledore l'accueillit avec un sourire bienveillant.
"Ah ! Miss Evans ! Vous arrivez à point nommé. Thé ? Café ? Porridge ? Un petit toast à la confiture de pastèque, peut-être?"
Ginny refusa ; elle avait encore l'estomac noué, comme toujours lorsque James s'était trouvé à proximité.
"Je songeais ce matin", dit le Directeur, que vous et moi n'avions plus eu l'occasion de discuter depuis un moment. "Je ne voudrais pas que vous songiez que je me désintéresse de votre sort, loin de là. Comment vous accommodez-vous de votre… situation ?"
Pour la énième fois depuis son arrivée dans les années 70, Ginny éclata en sanglots.
Elle ne quitta le bureau du vieil homme qu'une heure plus tard. Il l'avait laissée pleurer tant qu'elle en avait eu besoin ; en désespoir de cause, la jeune fille lui avait confié certaines raisons de son chagrin, le mal du « pays », le vide laissé par l'absence de sa famille, le sentiment qu'elle demeurerait toujours prisonnière de cette époque qui n'était pas la sienne, la peur des années à venir, dont elle savait combien elles devaient être sombres pour les sorciers britanniques… Elle ne dit rien, en revanche, de ce qu'elle éprouvait à l'égard de James Potter : la situation était bien assez compliquée comme ça, et Dumbledore n'aurait rien pu faire de plus que de l'inciter à renoncer à ses sentiments.
Le Directeur s'était efforcé de trouver les mots appropriés pour apaiser la jeune fille. Il l'avait assurée qu'ils finiraient par trouver une solution, qu'il avait mis un Auror dans la confidence et qu'il l'avait chargé de trouver un moyen de la renvoyer dans le futur… Les yeux de Ginny redevinrent secs, et elle finit par s'en aller en considérant les évènements de la façon la plus optimiste possible.
Au bas de l'escalier en colimaçon, Ginny consulta sa montre. Il était dix heures vingt, il lui était donc inutile de redescendre pour les dix dernières minutes de Soin aux Créatures Magiques. Au lieu de cela, elle traversa une partie de l'école et se rendit au deuxième étage, jusqu'à une tapisserie de Dame à la Licorne à qui elle donna un mot de passe, Camelot et Tintagel. Un coin de la tenture se retroussa comme un rideau, révélant une petite porte. Le bois lustré du battant était frappé d'un blason orné d'un dragon ; la poignée était de verre pourpre, et taillée de façon à figurer un rubis. La Gryffondor la saisit et déclama un deuxième mot de passe :
Plus flamboyant et plus vermeil
Que n'est au matin le soleil.
La poignée consentit à tourner, et Ginny entra dans les appartements Kyrdys.
Il s'agissait de l'ancienne chambre de la grand-mère de Léna, qu'elle avait habitée lorsque, toute jeune, elle avait précédé Binns au poste de professeur d'Histoire. D'autres Kyrdys avaient d'ailleurs été enseignants et occupé ces appartements auparavant. A onze ans, lorsque le Dragon était apparu sur sa nuque et que Léna s'était retrouvée en possession des pouvoirs de Merlin, Dumbledore lui avait révélé l'existence de ce lieu et l'avait autorisée à en disposer à sa guise. La Gryffondor y avait trouvé, outre de nombreux effets personnels de ses ancêtres, des centaines de livres absents de la bibliothèque de l'école qui s'étaient révélés fort utiles pour ses dissertations.
Lorsqu'ils avaient appris, au petit déjeuner, que leur professeur de Potion était absent ce matin-là, Lucy, Léna, Art et Ginny avaient décidé qu'ils mettraient ce temps à profit pour réviser leurs cours d'Histoire sur les druides et enchanteurs du Moyen-Age. La préfète avait déjà dressé mentalement une liste d'ouvrages susceptibles de les aider dans leur travail, et ils avaient convenu d'un rendez-vous après leurs cours d'option respectifs.
Ce fut justement Léna qui arriva la première, peu après dix heures trente : la salle de Runes n'était pas loin. Elle ne posa aucune question à la rouquine lorsqu'elle constata qu'elle était déjà là, et la jeune Weasley lui en sut gré.
Lucy et Artus arrivèrent cinq minutes plus tard, les joues rendues toutes roses par le grand air.
"Re-salut, les jeunes", les accueillit Léna dont on ne voyait pas la tête derrière la pile de livres poussiéreux qu'elle avait dans les bras. "Au boulot, on sera pas trop de quatre pour éplucher tout ça. C'est pas parce qu'on a un prof mort que je compte me prendre des sales notes."
"Justement", commença timidement Lucy, "il se trouve qu'on s'est vu offrir un peu d'aide pour le partage des fiches de lecture"…
"Oui ? " s'intéressa Léna. "Vous avez accepté, j'espère."
"Ben en fait, euh…"
"On ne savait pas si Lily serait d'accord," intervint Art, "mais le fait est qu'on a quatre Maraudeurs qui font le planton derrière la porte."
L'estomac de Ginny se noua derechef.
"C'est Sirius qui nous a proposé de travailler ensemble", expliqua Lucy, "comme… eh bien, comme avant. On a récupéré Remus en route et ils nous ont demandé tellement gentiment qu'on a pas osé leur interdire de nous suivre…"
La rouquine s'empourpra. Comment diable avait-elle fait pour atterrir dans un tel cauchemar ?
"Lily…" interrogea doucement Lucy. "Qu'est-ce que tu en dis ? Tu veux bien qu'ils entrent ?"
Ginny soupira. Que répondre à une telle requête ? Difficile d'opter pour la négative…
"Faites comme vous voulez", marmonna l'adolescente.
"Lily, si tu nous disais pourquoi"…
"Allez-y, je vous dis !" Je sais qu'ils sont vos amis, je ne vais pas vous empêcher de passer du temps avec eux…
Léna réprima un soupir lorsqu'elle alla ouvrir la porte. Elle semblait avoir oublié le fait qu'elle avait des bouquins plein les bras jusqu'au moment où elle tourna la poignée : la pile d'ouvrage dégringola au pieds des quatre nouveaux arrivants. Remus fut le plus prompt à réagir, et se baissa pour venir en aide à la jeune Kyrdys qui rougissait en balbutiant des excuses et éternuait abondamment à cause de la poussière.
Ginny se tint un peu à l'écart pendant cette fin de matinée. Les huit Gryffondors s'étaient installés dans le petit salon des appartements Kyrdys, assis sur le tapis devant un bon feu. A la vérité, ils passèrent moins de temps à prendre des notes pour leurs fiches de lecture qu'à plaisanter. La plupart des livres qu'ils consultaient étaient vieux de plusieurs siècles et rédigés dans un anglais moyenâgeux qui les amusait beaucoup.
"Eh, écoutez ça !" s'exclama Artus secoué d'un fou-rire. "Chevalier de Lupin ai nom, ainsi m'appellent les Bretons…"
"Ouaiiis !" renchérit James. "Notre Lup-Lup national est nobliau !"
Remus rit.
"C'est pas comme les Potter, des gueux tous autant qu'ils sont !"
"Gueux, peut-être, mais fortuné, Monseigneur…" intervint Lucy.
A l'heure du déjeuner, ils rivalisèrent encore d'expressions désuètes sur le chemin de la Grande Salle.
"Allez, maroufles, tendez-moi vos auges !" leur intima Léna en se saisissant d'une louche qu'elle plongea dans une soupière.
Sirius frappa plusieurs fois ses couverts sur la table et grogna :
"Sert-moi, femme !"
Il ne récolta qu'un coup de louche dégoulinant de velouté d'artichaut sur le crâne.
L'après-midi fut éprouvant, entre un double cours de Métamorphose et un autre d'Astronomie. Après le repas, les Gryffondor regagnèrent leur Salle Commune dans un calme relatif. Ginny continua de réviser son contrôle d'Histoire avec Art tandis que Lucy rédigeait une petite annonce à envoyer à la Gazette du Sorcier, afin de se trouver un correspondant étranger. Non loin de là, Léna tirait les tarots à Sirius en prenant des notes pour leur prochain cours de Divination. James aidait Peter à mettre en ordre son devoir de DCFM sur les Sortilèges Impardonnables. Seul Remus manquait à l'appel ; lorsqu'il revint, il tenait à la main un parchemin d'aspect très officiel. Ginny le suivit du regard lorsqu'il s'approcha de sa collègue préfète avec une légère hésitation.
La rouquine l'entendit commencer :
"Euh, Léna ? Je viens de croiser Bart, et il m'a remis ça…"
Il tendit la feuille à la jeune fille, mais Sirius fut plus rapide et s'en saisit d'un geste brusque.
"Padfoot !" laissa échapper Lupin. "Rend-moi ça immédiatement !"
"Oh oh," commenta le Maraudeur sans répondre, "c'est fort intéressant, tout ça !"
Il se leva d'un bond et déclara d'une voix forte :
"Oyez, oyez bonnes gens ! Le Chevalier Lup-Lup va faire une annonce céans !"
Remus lui reprit le papier en le lui arrachant presque, et en murmurant quelque chose que Ginny n'entendit pas. Au lieu de le lire à voix haute, il jeta un regard incertain à Léna.
"Affichons-le", proposa celle-ci.
Elle prit le parchemin, tâcha de le défroisser, et alla le punaiser sur le babillard de la Salle Commune.
Tous les Gryffondors présents, alertés par les hauts cris de Sirius, se pressèrent devant le panneau. Les cinquième-années ne firent pas exception.
Art, qui dépassait tout le monde d'une tête, hissa Ginny sur ses épaules et la rouquine put lire à son tour le texte suivant :
ANNONCE
Nous fêterons le mois prochain le millénaire de notre Ecole.
Afin de célébrer un tel événement comme il se doit, j'ai le plaisir de vous apprendre que les élèves, toutes années confondues, sont conviés à un dîner de gala le soir du 22 Décembre, à partir de vingt heures.
En outre, les élèves à partir de la quatrième année sont invités à prendre part au Bal de l'An Mil, qui aura lieu le même soir à partir de vingt et une heures trente. Il leur est possible d'être accompagné d'un cavalier appartenant à une année inférieure.
Au cours du mois et demi à venir, les Préfets des différentes Maisons seront amenés à participer à l'organisation des festivités.
Albus Dumbledore, Directeur, le 4 Novembre 1975.
Fin du chapitre 9…
(1) Ce pont est la grande passerelle de bois utilisée sans le film du Prisonnier d'Azkaban, je trouve cet élément de décor intéressant, très « Poudlaresque».
(2) NON, ceci n'est pas un hommage à la bouse sortie sur nos écrans l'an dernier, que je n'ai même pas vue d'ailleurs (la bande-annonce était suffisamment éloquente). Je refuse de cautionner ce genre de super productions pseudo-historiques et je suis loin de trouver les mollets de Brad Pitt affriolants. En revanche, je remercie Guézanne, qui m'a suggéré le lien Ginny/Cassandre (je ne serai pas une helleniste repentie pour rien !)
La prochaine fois : Chevalier Lup-Lup s'en va-t-en guerre… N'oubliez pas les review, elles font tjs plaisir... vous pouvez aussi venir discuter sur mon nouveau LiveJourna...
Bises, Léna.
