Hello!

Oulah, y'a pas foule pendant les vacances... Tant pis, je mets quand même la scène du Bal, vu que je ne reviendrai ensuite que le 15 août de San Francisco...

Réponse aux reviews :

Ninou: c'est chouette ça! tu habites où exactement? je suis contente que la fic te plaise...

Guézanne: contrairement à toi, j'ai du mal à supporter les gens qui ne doutent pas d'eux même, je préfère ceux qui manquent de confiance en eux... Ne t'interroge pas plus loin sur ta libido, la scène avait effectivement un caractère un peu érotique, même si j'ai voulu que ça reste léger... Quant à la coupe au bol, c'est ma faute, c'est ma très grande faute... Je vois Remus adolescent comme un type très classique et pas plus soucieux que ça soucieux de son apparence (le style qui laisse encore sa môman lui acheter ses chemises) Léna va faire bouger les choses, je te rassure...

Morgane la Fée: je suis d'accord avec toi... vive les fics féministes!

Lazoule: pas d'autre sens caché que celui décelé par Guézanne: j'avais envie d'écrire un petit épisode mettant en scène les Maraudeurs, et où je pouvais creuser un peu les sentiments de Remus pour Léna d'une façon légèrement sensuelle... J'ai choisi de faire James un petit génie des potions car dans les romans, parmi les Maraudeurs, c'est lui le concurrent direct de Snape. Et puis ça changeait du cliché "Potionmatière de méchants" contre "DCFMmatière de gentils", puisque Snape est également un champion en "Défense" (hum hum) contre les forces du Mal.

Je tenais à développer la relation entre Léna et Remus, et il se trouve qu'on en est à un point de l'histoire central pour ces deux persos... mais rassure toi, Ginny va vite réapparaître, elle est très présente dans le chapitre 12 et le chapitre 13 lui est entièrement consacré. Quant à James/Lily, j'essaie de les confronter à nouveau sans faire trop de redites, vu qu'il ne se passera pas grand chose de positif entre eux avant la septième année... Ne t'inquiète pas, je ne les oublie pas!

Lunécume: je t'en prie ma chère, tu peux causer tout ton saoul à des personnages de fiction si tel est ton bon plaisir... lol Sans aucun rapport, je reste à Montpellierà la rentrée donc il va y avoir du sang sur les murs de Paul Valéry... Je crois que Lili (la nôtre, pas celle de James) a de grands projets pour nous... Bisous!

Voilà! Et comme le tome 6 sort demain en anglais, disons que je dédie ce chapitre à tous ceux qui ne l'achèteront pas et seront contraints d'attendre la version française, ou la version anglaise de poche, pour connaître la suite des aventures de notre sorcier balafré. (Ce n'est évidemment pas mon cas, pour ma part je courrai demain à la première heure au Bookshop de ma ville pour avoir un exemplaire du "Half Blood Prince" tout frais pondu...)

Bonne lecture!

Disclaimer (que j'oublie une fois sur deux): comme toujours, tout appartient à JKRowling...


Chapitre 12 : Le Bal de l'An Mil.

A sept heures et demie, lorsque les Maraudeurs descendirent dans la Salle Commune, la première chose que remarqua Remus fut Artus Stetson. Le grand blond était nonchalamment avachi dans un fauteuil, la nuque sur un accoudoir et les jambes sur l'autre. Il portait un improbable habit de velours violet, des plus tapageurs aux yeux de Lupin, et avait agrafé une orchidée à sa boutonnière. Il discutait avec Ludovic Verpey (complet blanc), et le meilleur ami de ce denier, Alistair Willoughby (veste anthracite, pantalon noir).

Peter (costume brun-taupe et chemise à jabot) s'éclipsa le premier, pour retrouver Eglantine à qui il avait donné rendez-vous en bas du Grand Escalier. Les autres restèrent près de la cheminée, et Remus était sans conteste le plus nerveux des trois. Sa redingote bleue le gênait aux entournures, et toutes les vingt secondes, il réprimait l'envie de se tortiller. Il tripotait nerveusement le nœud de sa cravate qui faisait pression sur sa glotte. Régulièrement, il avait le tic de passer la main dans ses cheveux, dont la longueur inhabituelle lui procurait une sensation étrange.

James et Sirius étaient surexcités, mais pas mal à l'aise. Ils échangeaient des plaisanteries auxquelles le lycanthrope ne prêtait qu'une oreille distraite. Plus convaincu que jamais qu'inviter Léna avait été une erreur monumentale, il enviait l'insouciance de ses amis. Leur allure aussi ; tous les regards féminins de la pièce étaient braqués sur les deux inséparables. Padfoot portait un trois-pièce noir, et une chemise blanche sans cravate ni nœud quelconque. La veste et le pantalon de Prongs étaient noirs également, mais il avait opté pour un gilet rouge orné de vifs d'or, et pour une cravate assortie.

Des rires résonnèrent dans l'escalier du dortoir des filles, et le pouls de Remus s'accéléra ; ce ne fut pourtant qu'une flopée d'élèves de quatrième année qui apparut en gloussant. Quelques minutes plus tard, Ceridwen et Malory firent leur entrée, la première en mauve, la deuxième en blanc cassé. James et Sirius leur offrirent leurs bras respectifs, mais ne paraissaient pas disposés à décamper. Leurs regards, un brin ironiques, passaient sans cesse de Moony à l'escalier d'où avaient surgi leurs cavalières. Le quatrième Maraudeur était partagé entre l'envie de les étrangler sur place et la peur de se retrouver à attendre tout seul.

« Tu accompagnes une fille de notre classe, Lupin ? » demanda la partenaire de Black.

« Ouais », répondit l'intéressé, avec assez de sécheresse pour que l'autre s'abstienne de demander toute précision supplémentaire.

« Oh. Et Pettigrew, il n'est pas avec vous ? »

« Il y va avec une Poufsouffle, il est allé l'attendre en bas. »

Visiblement, ces dernières paroles n'avaient pas échappé à Alistair Willoughby, qui se leva d'un bond.

« Eh ! Mais c'est vrai que j'y vais avec une Serdaigle, moi, faut que j'aille la récupérer… »

Très élégant, commenta intérieurement Remus.

« A plus tard, les mecs, » continua le sixième-année à l'intention de Stetson et Verpey avant de disparaître.

« Euh… On pourrait y aller, non ? » risqua Ceridwen qui l'avait suivi du regard.

« On attend Remus », répondit James avec un sourire d'excuse.

« Eh », intervint Stetson en faisant reluire sa bottine du revers de sa manche, « si vous voulez y aller, Lupin peut attendre avec nous ! De toutes façons, nos nénettes vont arriver ensemble, c'est garanti… »

Remus ne savait pas trop comment il devrait prendre cette proposition. Pourquoi tu t'obstines à être sympa avec moi alors que je me donne tant de mal pour te détester secrètement depuis quatre ans, espèce de buse ? songea-t-il, mais il jugea préférable de ne pas énoncer son sentiment à voix haute.

« On peut attendre encore cinq minutes », objecta Padfoot.

Néanmoins, deux minutes trente plus tard, le même Padfoot ne contenait plus son impatience. Il abandonna le bras de sa cavalière et gagna d'un pas résolu l'escalier du dortoir des filles.

« Sirius, » commença Lupin de plus en plus inquiet, « tu sais que tu ne peux pas monter là. »

Sans lui prêter attention, Black fit mine de prendre de l'élan et s'élança dans l'escalier en colimaçon où il disparut. Ses pas résonnèrent sur la pierre ; au bout d'une dizaine de secondes, James commenta tranquillement :

« Eh, il n'avait jamais tenu aussi longtemps avant… »

Trois secondes plus tard, néanmoins, ils entendirent un bruit de dégringolade ; les degrés s'escamotèrent pour devenir un toboggan, et Sirius glissa au bas de celui-ci à plat-ventre, les jambes en avant.

« Wow ! Bonnes pioches, les mecs, bonnes pioches ! » s'exclama-t-il en se relevant, secoué d'un fou-rire.

Son costume noir était à présent barré de grandes traînées de poussière sur le devant.

Dans un doux frou-frou, une première jupe apparut ; velours bleu. Sa propriétaire s'appliquait ne pas glisser, en avançant très précautionneusement sur le toboggan de pierre. Remus reconnut Lucy Lightfire, très élégante avec ses cheveux blonds relevés en couronne. Suivait une robe de soie verte ; Lily Evans. Elle s'était fait un chignon gracieux, composé de volutes élaborées. Et derrière elle…

Le regard de Léna parcourut la Salle Commune pour s'arrêter pile sur lui. Elle eut un sourire doux, un peu timide. Il y répondit par réflexe.

Léna portait une robe d'un rouge soutenu, d'une matière dont il n'était pas fichu de se rappeler le nom, mais qui paraissait douce, très douce. Le sage décolleté et les coutures du bustier étaient rebrodées de motifs floraux jaunes et verts. Elle avait ramené quelques mèches de cheveux en arrière, en y piquant deux ou trois fleurs pour dissimuler les épingles qui les retenaient, mais ses boucles tombaient ensuite librement jusque sous sa taille.

Sirius saisit la jeune fille par la taille, ce qui la contraignit à détourner les yeux de Remus. Padfoot, un sourire goguenard aux lèvres, fit de même avec Lucy de son bras libre.

« Mesdames, vous êtes ravissantes. »

« Merci », fit l'héritière de Merlin. « J'aimerais tant pouvoir te dire la même chose… C'est exprès, que tu t'es tout cochonné ? Je sais que tout dandy qui se respecte est un brin négligé, mais là…»

Elle appuya ses dires en donnant de petites tapes sur la poitrine du garçon pour en faire partir la poussière.

Pendant que Black s'efforçait du mieux qu'il le pouvait de faire disparaître les traînées blanches de ses vêtements, les deux amies rejoignirent leurs cavaliers respectifs. Lily avait déjà foncé droit sur Stetson et se cramponnait à sa manche violette. Ludovic Verpey offrit son bras à la jolie blonde, et Lupin tâcha d'imiter son geste en ayant l'air le plus naturel et le plus galant possible lorsque Léna se fut approchée de lui.

« Mon dieu », la charria Stetson, « mais Remus va être obligé de danser à genoux pour être à ton échelle… »

Avec un tel rapprochement, la différence de taille entre eux était plus évidente encore qu'à l'ordinaire : la petite préfète lui arrivait à peine à l'épaule. Elle rétorqua quelque chose en français que Lupin ne comprit pas.

« Oh, Léna » remarqua Lily Evans en avisant quelque chose sur le tapis, « tu as perdu ça, attends… »

La rouquine ramassa une fleur qui s'était échappée des cheveux de son amie, mais au lieu de la lui rendre, elle se tourna vers Remus.

« Je peux ? »

Avant qu'il ait répondu quoi que ce soit, Lily avait épinglé la fleur à sa boutonnière, là où il arborait d'ordinaire son badge de préfet. Elle lui fit un clin d'œil au passage, et le garçon s'abstint de tout commentaire.


Les adolescents quittèrent finalement la Salle Commune. Au bas du Grand Escalier, Peter attendait au bras d'Eglantine qui faisait une bonne demi-tête de plus que lui, et était ce soir-là enveloppée de soie rose rehaussée de volants dorés.

Au moment où ils allaient passer dans la Grande Salles, Moony reconnut la voix de Bart qui l'interpellait quelque part sur sa gauche.

« Eh, Remus ! Une petite minute, s'il te plaît. Et tu ne saurais pas où est Léna ? »

« Mais je suis là ! » s'exclama cette dernière en se montrant, sans lâcher néanmoins le bras droit de son cavalier.

« Oh, pardon », fit le préfet-en-chef avec un sourire d'excuse. « Je ne t'avais pas vue, derrière Lupin. J'ignorais que vous veniez ensemble. »

« Et j'ignorais le côté commère de ta personnalité », ironisa la jeune fille.

« J'ai juste besoin de vous deux petites minutes », expliqua Barthélemy. « Dumbledore a demandé à ce qu'on fasse quelques photos du staff des préfets pour, je cite, commémorer cet événement historique. »

Les deux Gryffondors s'excusèrent auprès de leurs amis et emboîtèrent le pas au septième-année.

La séance de pose eut lieu dans la Salle des Trophées, et dura en fait un bon quart d'heure. Remus vit venir le moment où Snape allait faire un esclandre, rageur à l'idée de voir un cliché de lui, en compagnie d'un Maraudeur qui plus est, consigné dans les annales de Poudlard pour l'éternité. Lorsqu'ils en eurent fini, le Serpentard chopa littéralement au vol sa cavalière qui l'attendait dans un coin, une pauvre gamine de deuxième année qui avait dû accepter de l'accompagner uniquement pour avoir une chance d'assister au Bal.

La Grande Salle était décorée aux couleurs des Quatre Maisons, et l'on avait tendu sur les murs des tapisseries (habituellement dispersées à divers endroits du château) représentant des épisodes notoires de la vie des Fondateurs de l'école.

Mis à part la table des professeurs, la disposition habituelle du réfectoire avait été abandonnée, et l'on trouvait à la place de petites tables rondes de six à huit personnes, joliment décorées. La plupart étaient déjà occupées, mais certains élèves arrivaient encore, et les préfets n'étaient pas les derniers.

Remus avait timidement posé sa main gauche sur celles de Léna qui tenaient son bras droit. Lorsqu'il avait eu ce geste, sa cavalière avait souri sans faire mine de se retirer.

Ils embrassèrent tous deux la Grande Salle du regard. Au fond à gauche, les trois autres Maraudeurs flanqués de leurs partenaires de fortune avaient investit une table de huit, et adressaient de grands signes à Moony pour qu'il les rejoigne.

A l'opposée, sur la droite, les amis de Léna faisaient de même à l'égard de celle-ci.

Aïe, dilemme… on fait quoi, maintenant ? songea le préfet.

Tous deux parurent avoir la même pensée au même moment, et ce fut Remus qui, pris d'un élan de témérité, l'énonça à voix haute.

« On les snobe ? »

« Ouais ! » répondit la jeune fille avec enthousiasme.

Ils avisèrent une table de six qui n'avait jusque là que quatre occupants : Lancelot Attenborough, que personne, hormis les professeurs, n'appelait jamais autrement que « Lance », et qui était à Serdaigle en sixième année. Sa compagne était Caprice Greene, une Serpentard de quatrième année moins revêche que les autres membres de sa Maison. Les deux autres étaient des Serdaigles de septième année, Nimue Woodbridge et Earl Clearwater.

« On peut se joindre à vous ? » demanda poliment Remus.

Les quatre élèves parurent surpris de voir un Maraudeur leur adresser une telle requête, mais tous sourirent gentiment en leur faisant signe de s'asseoir.


« Oh, les chacals, ils font bande à part ! » s'exclama Lucy lorsqu'elle vit les préfets de Gryffondor s'installer à une table qui n'était ni la leur, ni celle des Maraudeurs. « Qu'on les pende haut et court sur le port aux mouettes, préalablement enduits de crème d'anchois ! »(1)

Ginny sourit, très satisfaite de voir que son initiative avait porté ses fruits.

« Bah, laisse-leur donc un peu de tranquillité… et d'intimité. »

Son amie approuva.

« Sérieusement, tu penses que ces deux-là vont finir ensemble ? » interrogea Art, qui était assis à côté d'elle.

La cadette Weasley sourit.

« Les paris restent ouverts, mais j'ai ma petite idée sur la question. »

Alistair, le meilleur ami de Ludo, qui avait pris place à la même table qu'eux, intervint :

« Si vous voulez êtres sûrs de vos pronostics sur un couple, demandez-donc à Sybille, elle a choisi la Divination comme spécialité cette année. »

Ginny retint un éclat de rire ; elle avait été surprise de constater que la Serdaigle qui tenait lieu de cavalière à Alistair n'était autre que le futur professeur Trelawney. Elle s'efforça d'être aimable lorsqu'elle demanda à la sixième-année :

« C'est vrai ? Alors, Sybille, quelles sont tes prévisions pour Léna Kyrdys et Remus Lupin ? »

La jeune fille se tourna dans la direction des deux préfets, et cligna des yeux derrière ses double-foyers comme si elle les jaugeait du regard.

« Oh, je doute fort qu'il se passe quoi que ce soit entre ces deux-là. Si j'en crois mon Troisième-Œil, Lupin a un faible pour Kyrdys, mais son cœur à elle est pris ailleurs… »

Voyez-vous ça ? songea Ginny.

« En revanche, vous deux vous marierez et aurez quatre filles », ajouta Trelawney à l'intention de Lucy et Ludo.

Ceux-ci s'esclaffèrent.

« Honnêtement, j'en doute», fit le Batteur.

Ginny sursauta en sentant un pied déchaussé lui caresser la cheville. Elle lança un regard éloquent à Verpey, qui était assis précisément en face d'elle. De toute évidence, le pied en question était bien le sien, puisqu'il le retira précipitamment, et prit une mine confuse.

« Pour un Batteur, tu devrais apprendre à viser un peu mieux », remarqua la rouquine d'un ton badin. Ludo fut bien sûr le seul à saisir l'allusion. Elle le devina qui continuait d'explorer sous la table, plus à droite, pour trouver le pied d'Artus. Amusée, l'adolescente fit un clin d'œil à son cavalier qui le luit rendit.

Lucy s'était tournée vers la table des professeurs.

« C'est qui, ces mecs ? »

Ginny regarda à son tour. Effectivement, quelques sorciers inconnus, tous en costume d'apparat, s'étaient joints au personnel de l'école.

Dumbledore choisit ce moment pour ouvrir les festivités. Il fit tinter sa fourchette dorée sur son verre, et la salle se tut. Le Directeur commença avec les banalités d'usage :

« Chers élèves, chers professeurs et très chers hôtes, c'est pour moi un immense privilège de présider ce gala. Il y a mille ans de cela, ce château ouvrait pour la première fois ses portes à de jeunes magiciens avides de savoir, et c'est avec une émotion particulière que je salue votre présence ce soir. Au fil des siècles, notre établissement a su conforter sa brillante réputation et bon nombre de ses étudiants ont fait honneur à l'enseignement qu'ils y avaient reçu. »

Malgré la tonalité festive de la soirée, le visage de Dumbledore se fit soucieux.

« D'aucuns m'ont reproché de célébrer cet évènement. Certaines personnes pensent qu'étant donné la situation, la guerre qui couve au-dehors (il y eut des sursauts, le terme de guerre avait jusque là été évité malgré les affrontements de plus en plus nombreux avec des mages noirs), la lutte de tous les instants que nous avons engagés contre Voldemort (nouveau tressaillement quasi-général), certaines personnes pensent, disais-je, que nous ne pouvons plus nous permettre de nous réjouir, et que nous ne pouvons plus nous permettre de vivre. Nous sommes vivants ce soir. C'est en acceptant cette vie, et en l'aimant malgré ses travers, que nous garderons le courage de nous battre. Jusqu'à la victoire. Chers élèves, chers professeurs et très chers hôtes, je déclare ouvert le Gala de l'An Mil, et je vous souhaite à tous un excellent appétit. »

Le Directeur se rassit. Une poignée de secondes s'égrena dans un silence absolu.

Puis une salve d'applaudissement s'éleva sous le plafond enchanté. Peu à peu, des élèves se levèrent en battant des mains à tout rompre, et en quelques instants, presque toute la Grande Salle fut debout.

Un quart d'heure plus tard, le calme était revenu et des mets raffinés étaient apparus sur les tables.

« Pas mauvais, ce pâté » remarqua Verpey la bouche pleine.

« Ludo, c'est pas du pâté, c'est du foie gras. » rectifia Art, qui était toujours pointilleux lorsque de la nourriture était en jeu.

« Rhôôô, regardez, Remus et Léna se murmurent des trucs à l'oreille, c'est-y pas mignon ? » commenta Lucy, à moitié juchée sur sa chaise pour espionner ses amis.

« Vous pensez que Dumbledore a dit vrai ? » intervint Alistair, qui demeurait soucieux. « Vous pensez qu'une guerre ouverte aura lieu ? »

« Il en semble convaincu » dit Art. « Il sait sans doute mieux que personne comment les choses peuvent évoluer. »

« C'est absurde », répliqua Sibylle Trelawney. « J'interroge souvent la Sphère à ce sujet, et jamais je n'ai eu la vision de la moindre bataille rangée. »

« Eh bien ça n'est pas très efficace, on dirait », rétorqua Ginny avec humeur. « Peut-être que tu devrais lire l'avenir dans les balles de Quidditch, ça ne sera jamais pire que le cristal de toute manière. »

La Serdaigle prit un air pincé et passablement vexé. La rouquine s'en voulut aussitôt d'avoir été aussi peu aimable.

« Excuse-moi », soupira-t-elle. « Je ne voulais pas te blesser. Je pense juste que les évènements parlent d'eux même, et que le Troisième-Œil n'a rien à voir avec ça. Tu ne lis pas les journaux ? Depuis cinq ans, le Seigneur des Ténèbres cherche à étendre son pouvoir, il trouve sans cesse de nouveaux alliés, les attaques se font à chaque fois plus rapprochées, des gens souffrent et meurent… » Ginny reprit son souffle ; elle avait soudain la bouche très sèche et avala une longue gorgée de jus de citrouille.

« J'ai peur pour l'avenir », acheva-t-elle dans un souffle. « Mais je vous demande pardon, loin de moi l'idée de gâcher cette soirée. Comme l'a dit Dumbledore, nous sommes vivants aujourd'hui, alors amusons-nous. Nous nous battrons bien assez tôt. »

La jeune Weasley s'en voulut d'avoir jeté un froid, mais le malaise fut de courte durée. La conversation reprit rapidement, plus joyeuse qu'auparavant, et bientôt, elle-même parvint à mettre de côté ses inquiétudes.


A neuf heures trente, lorsque toutes les assiettes eurent été vidées et raclées jusqu'à la dernière miette, Dumbledore se leva à nouveau pour demander aux élèves de première, deuxième et troisième année qui n'avaient pas de cavalier plus âgé de bien vouloir regagner leurs dortoirs. Leur sortie fut conjuguée à des soupirs, des bruits de chaises, des traînements de pieds… Apollon Picott, le concierge, était campé devant la porte et les compta jusqu'au dernier.

Les élèves des années supérieures se levèrent également, et d'un geste nonchalant, le directeur fit disparaître l'ensemble des tables. Celle des professeurs fut muée en un buffet chargé de confiseries et de carafons de jus de fruit ; les chaises allèrent s'aligner le long des quatre murs.

Encore un geste du Directeur, et une estrade tendue de bleu se dressa contre un pan de mur. Une guitare, une contrebasse, un piano et une batterie, tous laqués blanc, y attendaient leurs propriétaires qui firent leur entrée sous un tonnerre d'applaudissements. Les Wicky Wacky Kiddos étaient très populaires chez les jeunes sorciers.

Sur un geste de Dumbledore, tous se turent malgré l'excitation ambiante.

« Très chers tous », déclara le vieil homme en se délectant de leur faire ce plaisir, « je crois qu'il est temps pour nos préfets d'ouvrir le Bal de l'An Mil avec leurs cavalières ! »

Les élèves se rangèrent sur les bords, excepté ceux concernés par cette première danse.

Ginny et ses comparses guettaient Léna, qui gagnait le milieu de la salle au bras de Remus.

« 'Sont mignons, pas vrai ? » dit une voix près de son oreille. Beaucoup trop près au goût de la jeune fille. Elle fit un pas de côté.

« Tout le monde ne peut pas en dire autant, Potter. »

Le garçon ne parut pas blessé outre mesure.

« Même un soir de fête, tu ne voudrais pas te montrer un peu charitable à mon égard ? Je fais des efforts, pourtant, je comptais même t'inviter à danser.»

Ginny grimaça.

« Qu'est ce que tu as fait de ta cavalière ? » grogna-t-elle en guise de réponse.

« Elle peut se passer de moi cinq minutes » répliqua James en haussant les épaules. « Ou peut-être pas… la voilà justement ».

Ceridwen Ballantine les rejoignit, accompagnée de Malory, Sirius, Peter et Eglantine.

Black ne fit pas grand cas de la tension qui régnait entre son meilleur ami et « Lily » ; il adressa un retentissant « Vas-y Remus, c'est toi l'plus beau ! » à l'adresse du préfet en mimant une chorégraphie de pom-pom girl. Ginny s'interdit de montrer son amusement devant l'expression gênée de Lupin, qui leur tourna le dos avant de saisir la main de Léna d'un côté, et sa taille de l'autre. Le loup-garou avait fière allure dans son costume bleu (ciel pour le gilet et la cravate, plus soutenu pour le pantalon et la redingote). Sa nouvelle coiffure lui seyait, et il attirait plus d'œillades féminines qu'à l'ordinaire, ce dont, par ailleurs, il ne semblait absolument pas conscient. Toute son attention à lui paraissait concentrée sur sa cavalière ; une fois de plus, la rouquine se félicita d'avoir pu donner un coup de pouce à ces deux grands timides.

Le pianiste des Wicky Wacky Kiddos entonna une valse, et les deux Gryffondors furent les premiers à réussir à se caler sur le tempo enjoué. Tous les préfets n'évoluaient pas avec la même aisance sur la piste ; certains couples trouvèrent leur rythme, mais d'autres peinaient, Snape en tête.

« La vache », commenta Sirius qui semblait disposé à éviter de faire le mariole pendant deux minutes, « Remus sait danser ! Qui l'eut cru ?»

« Ouaip », renchérit James, « notre Lup-Lup cache bien son jeu, le félon. Je me demande où il a appris.»

« Sa mère était danseuse quand elle était jeune, non ? » interrogea Peter.

« Oui, mais elle a arrêté il y a des années… Et puis, elle appartenait à un corps de ballet, ça n'a rien à voir », fit le Poursuiveur.

« Mais quand même, il s'en sort bien. »

Le premier morceau s'acheva au bout de quelques minutes ; les musiciens, cette fois-ci au complet, embrayèrent sur quelque chose de radicalement différent, une chanson rock'n'roll.

« Tu viens danser, Lily ? » l'invita son cavalier.

Elle sourit à Art en lui prenant le bras, et lui était secrètement reconnaissante de lui permettre de s'éloigner de James.

Le grand blond était totalement dans son élément. Il mena la première danse en douceur, et Ginny n'avait qu'à suivre chaque nouveau mouvement qu'il amorçait. De cette manière, ça n'avait rien de bien difficile.

La rouquine se surprit à bien s'amuser, et s'interdit du mieux qu'elle put d'éprouver du regret à chaque fois qu'elle apercevait James en train de danser avec Ceridwen, Malory, Lucy, ou même, pour faire l'idiot, avec Sirius. De leur côté, Léna et Remus semblaient indécollables, quelque fût la nature des morceaux enchaînés.


Un peu avant onze heures du soir, Ginny et Lucy s'octroyèrent une pause bien méritée et allèrent s'installer dans un coin pour siroter une citronnade. Léna ne tarda pas à surgir de la foule de danseurs pour les rejoindre. C'était la première fois qu'elle leur parlait depuis le début de la soirée, et ses deux amies, loin de s'en formaliser, interprétaient ça comme un signe positif.

« Ca va ? » leur demanda joyeusement l'héritière de Merlin, qui avait encore les joues toutes roses et le souffle court. « Vous êtes toutes seules ? »

Ginny sourit.

« Nos chevaliers servants respectifs nous ont faussé compagnie pour aller se peloter dans un coin sombre. »

Léna éclata de rire.

« Vous saviez que c'était un risque à courir quand vous vous êtes choisi des cavaliers gays… »

« Et le tien ? » interrogea Lucy.

« Oh, lui il est juste allé nous chercher du jus de fruits. »

« Hétéro et serviable… Tout pour plaire, ce Lup-Lup ! » rigola la blonde.

« Ca se passe bien, alors ? » s'enquit la rouquine.

« Mais, oui, très bien… Remus est vraiment un amour.» confessa la préfète en rougissant un peu plus.

« Il t'a embrassée ? »

« Mais non, enfin ! »

Lucy lui fit un clin d'œil appuyé.

« Ca viendra. Crois-moi, c'est une affaire qui roule. Je pourrai être témoin à votre mariage ? Ou demoiselle d'honneur ? »

Léna lui fit signe de se taire, mais l'adolescente poursuivit :

« Faire un discours à l'apéritif pour dire à quel point je savais que vous étiez faits l'un pour l'autre? Chanter une petite chanson? Jouer du tambourin ? »

« Du tambourin ? Qu'est-ce qui cloche chez toi, Lightfire ?»

« Oh, par la barbe du prophète, Léna, tu ne vas quand même pas m'interdire l'accès à ton église le jour de tes noces ? »

« Si tu ajoutes un seul mot, c'est indubitablement ce qui va se produire.»

« Rhôôô, des menaces… tiens, c'est exactement le genre d'anecdotes que je pourrai mentionner dans mon speech de demoiselle d'honneur. »

Ce fut le moment que choisit Lupin pour les rejoindre, deux verres dans une main, une carafe pleine dans l'autre. Il avait abandonné sa redingote et desserré un brin sa cravate ; il semblait un peu plus à l'aise en gilet et bras de chemise.

« Eh, Remus », l'interpella une Lucy exultante, « tu aimes le tambourin ? »

« Euh… je suppose… » répondit le garçon comme si on venait de lui poser une question-piège. « Et toi, tu aimes le nectar de fruits exotiques ? »

Il se tourna vers Léna pour se justifier :

« J'ai vu que tu les avais rejointes et qu'elles avaient déjà des verres, alors j'ai pris un carafon entier… »

« C'est très gentil à toi » le remercia Ginny.

Le préfet servit sa cavalière, remplit les verres que ses deux amies avaient vidés, puis le sien.

« A quoi est-ce qu'on trinque ? » demanda la cadette Weasley.

« Bah, aux mille ans de l'école, j'imagine » dit le loup-garou.

« Et à l'amour ! » renchérit Lucy en rigolant comme une petite folle.

« Lily » intervint la jeune Kyrdys, « tu es sûr qu'elle n'a bu que de la citronnade jusqu'à présent ? Elle n'aurait pas siphonné la réserve de champ' des profs en douce, des fois ? »

« Oh, non, je crains fort qu'elle soit dans son état normal. »

Au moment où ils allaient goûter leur jus de fruits, Artus fit irruption de Merlin savait où, les cheveux en bataille et sa chemise mal boutonnée. Ginny vit Lupin froncer le nez devant sa dégaine de tueur.

Le grand blond se pencha pour parler à l'oreille de Léna, et la rouquine, qui se tenait juste à côté, perçut ses propos murmurés.

« Dis, ma chouette, je peux utiliser les appartements Kyrdys ? »

La jeune fille fit mine d'hésiter, et son ami lui adressa son meilleur regard suppliant.

« S'il-te-plaiiiit... »

« Mmmm… Tu promets de changer les draps, cette fois ? »

« C'est juré… et je te promets aussi de rincer la baignoire. »

« Art, je t'en prie, épargne-moi les détails ! » s'insurgea la préfète en haussant un peu le ton.

« Merci ! » s'exclama Stetson de vive voix, avant de lui planter un gros baiser sur le front. Sans attendre de réponse plus explicite, il repartit précipitamment. Dans son enthousiasme, il faillit s'emplafonner Dumbledore qui s'approchait d'eux en compagnie de deux sorciers inconnus.

« Bonsoir, jeunes gens, les salua le Directeur. Nous ne vous importunerons que deux petites minutes ; ces personnes souhaitaient vivement te rencontrer, Léna. Voici Hérode Halamass, l'ancien Ministre de la Magie, et Regis Nightingale, Général des Aurors. »

Léna parut soudainement très mal à l'aise.

« Enchanté, Miss » commença Nightingale, un homme grand et carré aux cheveux blonds. « C'est un plaisir de rencontrer une nouvelle génération de Kyrdys. Votre famille manquait au monde magique. »

L'adolescente dansait d'un pied sur l'autre, de plus en plus embarrassée.

« Hem… merci, Général… Mais je ne pense pas que mon nom suffise à faire de moi une personne digne d'intérêt… »

« Ne soyez donc pas si modeste, Albus me dit que vous excellez en Défense Contre les Forces du Mal. Bon nombre de vos ancêtres étaient Aurors, et si l'envie vous prenait d'embrasser cette carrière… »

« Oh, euh, sans vouloir vous vexer, je ne pense vraiment pas me diriger dans cette voie. »

Regis Nightingale sourit et n'insista pas.

« Une Kyrdys, hein ? » interrogea Hérode Halamass avec un temps de retard. « La fille de Daniel Kyrdys ? »

« Sa nièce. »

« Oh. Je l'ai connu tout bébé, vous savez, sa mère était une amie… Comment va-t-il ? »

« Il s'est suicidé en 49 » répliqua froidement Léna. « Je ne l'ai pas connu. »

Ginny frissonna devant la mine sombre de son amie. Derrière l'ancien Ministre, Dumbledore semblait désolé de la tournure que prenait la situation.

Regis Nightingale enchaîna :

« Vous êtes préfète, n'est-ce pas Miss Kyrdys ? J'ai moi-même été préfet de Gryffondor. Mes félicitations pour l'organisation de cette soirée, elle est très réussie. »

L'héritière de Merlin lui parut reconnaissante d'avoir embrayé sur un sujet plus futile, et remit aussitôt son sens de l'humour en marche.

« Je vous remercie… Et j'ajoute que la Léna est toutes-options : j'anime aussi les goûtés d'anniversaire, enterrements de vie de jeune-fille, noces de rubis et autres bar-mitsvas… Remarquez, ce n'est pas à moi que doit revenir le mérite, tous les préfets ont mis la main à la pâte, à commencer par mon homologue masculin de Gryffondor, Remus Lupin ici-présent… »

Elle désigna son cavalier qui eut un sourire timide et un petit signe de tête.

Le Général lui serra la main.

« Excellent travail, jeune homme… »

« Lupin, dites-vous ? » intervint derechef Hérode Halamass. « Votre nom ne m'est pas inconnu… »

« Mon père était Premier Secrétaire dans votre Cabinet durant votre second mandat, il y a dix ans, Monsieur. Bruce Lupin. »

« C'est vrai, Bruce, cela me revient… Bruce et Miranda Lupin, des gens charmants. Ainsi, vous êtes l'un de leurs fils ? Votre frère est également à Gryffondor ?»

Ginny vit Remus tressaillir, et pâlir du même coup.

« Je… je suis enfant unique, monsieur. »

« Bruce avait deux garçons lorsqu'il travaillait pour moi », rétorqua l'ancien ministre d'un ton catégorique.

Ce fut Dumbledore qui répondit :

« Vous faites erreur, Herod. Vous devez confondre. »

« Je sais très bien ce que je dis, alors n'allez pas m'accuser de démence sénile, Abelforth ! »

« Jeunes gens, si vous voulez bien nous excuser… » coupa le directeur.

Dumbledore et Nightingale entraînèrent le vieil homme un peu plus loin.

« La vache », commenta Léna, « ce type est carrément à l'ouest. »

« Complètement torché » commenta Lucy.

Remus ne dit rien, mais remplit son verre de jus de fruits à ras-bord et le vida d'un trait.


Ils tâchèrent de détendre l'atmosphère en échangeant des plaisanteries pendant quelques minutes, puis :

« Oh, j'adore ce morceau ! » s'exclama Ginny lorsque les Wicky Wacky Kiddos entonnèrent les premières mesures de Dancing Cheek to Cheek, de Frank Sinatra. « Remus, tu veux bien danser avec moi ? »

« Euh… bien sûr… »

Elle l'attira sur la piste où quelques couples étaient déjà enlacés avec plus ou moins d'aisance.

Au bout de quelques mesures, la rouquine fit un clin d'œil au préfet.

« Remus, tu es vraiment un amour. »

« Euh… c'est gentil…», répondit Lupin qui ne savait pas trop ce qu'il devait faire d'une telle information.

« Oh, mais ce n'est pas moi qui le dit, c'est Léna. Merci qui ?»

Le loup-garou regarda la jeune fille droit dans les yeux.

« Qui es-tu, Molly Evans ? Qui es-tu vraiment ?»

Ginny frissonna mais prit la chose avec humour.

« Je suis une petite fée pour les amoureux timides… Ou bien le Père Noël, qui serait passé un poil en avance. »

Remus eut un sourire triste.

« C'est un peu plus compliqué qu'une histoire de timidité. »

« Je croyais les Maraudeurs sans peur et sans reproches ? »

Il rit. Ginny sut qu'elle avait gagné.


Les préfets furent les derniers à remonter à la Tour de Gryffondor ce soir là. Il était près de deux heures du matin, et ils s'étaient attardés avec les responsables des autres maisons pour remettre un peu d'ordre dans la Grande Salle. Le nettoyage, en revanche, relevait des compétences des Elfes de Maison.

Dans le couloir qui menait au portrait de la Grosse Dame, Remus serra un peu plus fort la main de Léna dans la sienne, et l'attira derrière une colonne. La jeune fille rit en se pressant contre lui, et elle se dressa sur la pointe des pieds lorsqu'il l'embrassa.

Ce geste semblait simple à Lupin, à présent. En cet instant, agir ainsi était tellement naturel, tellement évident.

Leur premier baiser avait eu lieu dans le parc, une heure ou deux auparavant. Au moment où leurs camarades de classe avaient commencé à se trémousser sur la piste en dansant la queue-leu-leu, ils avaient jugé préférable de s'éclipser et étaient sortis prendre l'air. Lorsqu'ils avaient été à l'écart, à l'abri des regards indiscrets, Remus s'était remémoré les paroles de Lily et s'était enhardi à prendre la jeune Kyrdys entre ses bras. Elle lui avait timidement rendu son étreinte, et c'était arrivé tout doucement.

Lupin gardait ce souvenir tout neuf au chaud dans un petit coin de son esprit, avec les autres baisers qu'ils s'étaient dérobés par la suite sans que personne ne les voie. Comme en ce moment-même.

Lorsque leurs visages s'écartèrent l'un de l'autre, Léna alla nicher son nez au creux du cou de Remus, une marque de tendresse qui deviendrait familière par la suite.

Sans un mot, les deux adolescents se donnèrent à nouveau la main et remontèrent à la Salle Commune. Les quartiers des Gryffondors étaient totalement déserts à cette heure avancée de la nuit. La cire de quelques chandelles oubliées dégoulinait sur le sol, et le feu de cheminée n'était plus qu'un petit tas de cendres incandescentes.

A mi-chemin entre les escaliers des deux dortoirs, Lupin serra sa petite préfète contre lui une nouvelle fois.

« Bonne nuit » murmura-t-il entre deux baisers.

« Mmm… Dors bien. »

Encore un bisou… Et encore un petit, parce que mine de rien, ça n'était pas facile de se séparer pour de bon.

« Je le savais ! Je le savais, j'en étais sûr !» glapit une voix que Remus ne connaissait que trop bien.

Dans l'escalier, côté garçons, Sirius surgit du néant, suivi de James qui replia tranquillement sa cape d'invisibilité.

« Non mais vous êtes pas bien, vous deux ? » s'insurgea Remus sans lâcher la taille de sa petite amie.

« Vous trois !» corrigea Peter en émergeant de sous une deuxième cape.

« Eh ! » s'exclama Léna à son tour. « La cape de ma grand-mère ! Où est-ce que tu as trouvé ça ? »

Pettigrew haussa les épaules.

« C'est Artus qui me l'a passée. Il m'a dit qu'il avait ta permission pour entrer dans les appartements Kyrdys. »

« Art, sale traître, pourquoi est-ce que ce genre de trucs me surprennent encore de ta part? » maugréa la jeune fille. « La seule chose qui devrait m'étonner, c'est le fait que ce chacal ne se soit pas joint à vous… »

« Il pionce comme un bienheureux. Je ne sais pas ce qu'il a fait ce soir, mais il était deux fois plus crevé que nous quand il est rentré au dortoir… »

« Merci pour ces précisions, Peter. A présent, est-ce que vous auriez l'amabilité de vous arracher dans la seconde ? » gronda Lupin.

Les autres Maraudeurs s'exécutèrent en le gratifiant au passage de moult clins d'œil narquois.

« Wow, quel homme » plaisanta Léna en se serrant un peu plus contre lui.

Il sourit et reprit là où il en était lorsque ses insupportables meilleurs amis les avaient interrompus.


Il regagna le dortoir quelques minutes plus tard ; le parfum de Léna s'était accroché à ses vêtements et l'accompagnait pas à pas.

Imaginer que ses amis se seraient couchés sans faire d'histoires aurait été de la naïveté, aussi il ne fut nullement surpris de les trouver en train de l'attendre.

« Salut, tombeur » l'accueillit Sirius.

« Dégage de mon lit, Padfoot, j'ai sommeil. »

« Quoi, tu tires la gueule pour une simple petite blague ? Ta bien-aimée a meilleur caractère que toi, elle ne s'est pas vexée, elle. »

Remus réprima un frisson. La douceur des moments passés avec Léna s'était subitement évaporée, seule restait une douloureuse pointe de culpabilité au creux de son ventre. Le retour a la réalité était pour le moins brutal.

Il s'assit sur son matelas avec lourdeur, et enfouit sa tête dans ses mains.

« Qu'est-ce que j'ai fait ? » se sermonna-t-il. « Comment est-ce que j'ai pu être aussi con ? »

James jeta un sortilège de silence autour du lit de Stetson (le blond ronflait comme un bûcheron, mais mieux valait ne pas courir de risque). Il s'approcha de Moony et intervint calmement :

« Bon. Dis-nous tout. »

« Je ne sais vraiment pas comment j'en suis arrivé là… On a beaucoup discuté pendant le dîner, et je n'ai pas tout de suite réalisé que je m'étais mis à flirter. Je l'ai fait rire, elle semblait heureuse, et moi je me sentais tellement bien auprès d'elle. Et une chose en en entraînant une autre… Merlin, c'est une catastrophe. Une véritable catastrophe. »

« Elle embrasse si mal que ça ? » questionna Sirius.

Remus ne goûta pas la plaisanterie.

« Non » répondit-il très sérieusement. « Ca, c'était formidable. »

« Alors de quoi tu te plains ? »

« Padfoot, je reste un loup-garou, nom de Dieu ! Je suis amoureux d'elle, plus encore qu'auparavant si tant est que cela soit possible, mais qu'est-ce que je suis supposé faire maintenant ? L'emmener en balade au clair de lune ? Graver nos initiales sur le Saule Cogneur ? »

Fin du chapitre 12.

(1)Expression sous copyright : elle appartient à Bratha, ma bêta, qui m'a inspiré le personnage de Lucy. Evidemment.


Voilà! la suite sera pour mon retour de vacs, le chapitre 13 est d'ores et déjà écrit, et le 14 bien avancé... Bises à tous!

Léna Léonyde