Me revoilà avec un nouveau chapitre!

Bon, par contre, j'espère qu'il va vous plaire et vous avez intérêt à l'apprécier pace-ke le prochain ne viendra pas tt de suite! (boulot)

Merci pour vos reviews c'est super sympa (Untouchable, je suis honorée que ma fic française te plaise. Narcissia, je t'asore et tu sais pourkoi? Pace-ke t'adore ma fic! Pour une fois que quelqu'un apprécie une chose ke je fais je te dis un grand merci!)

Biz et bonne lecture!

Chapitre 3: Un dîner spécial

Fiona se se réveilla à l'aube avec une terrible migraine. Elle se leva péniblement sur un coude et essaya de se remémorer la soirée en se massant les tempes. Soudain, elle poussa un petit cri. Les souvenirs de la veille commençaient à remonter et elle se revit "soigner" la coupure de Jack. Se prenant la tête des deux mains, elle se maudit intérieurement et courut réveiller Mary pour tout lui raconter. Celle-ci écarquilla les yeux.

- C'est vrai? Tu l'as vraiment fait? Tu es sûre que tu ne l'as pas rêvé? demanda-t-elle sans grande conviction.

Fiona soupira et répondit non. Mary fronça les sourcils en signe d'intense réflexion.

- Oui, bon, finalement, c'est peut-être pas si grave que ça...

- Tu crois? Mais il a dû se poser plein de questions et maintenant il va devenir curieux et... il va peût-être nous espionner!

Mary essaya de la rassurer.

- Tu sais, il était aussi carabiné que toi hier soir, alors avec un peu de chance, il ne se sera aperçu de rien. Allez, t'inquiète pas, ça va aller...

Fiona leva vers elle un regard désespéré.

- Non, ça va pas aller. J'ai tout raté. Tout. Le seul objectif que je m'étais fixé, le seul but auquel je me raccrochais, il s'est envolé à cause d'un stupide tango.

- En parlant de ça, je sais que ça ne sert à rien mais, hier soir, tu étais magnifique. C'était absolument époustouflant. Je... je n'avais jamais vu quelque chose d'aussi... romantique. lâcha Mary en rougissant.

Fiona lui accorda un faible sourire.

- Merci. On va dire alors que le seul but auquel je me raccrochais s'est envolé à cause...

- D'un sublime et torride tango. finit Mary, l'air rêveur.

Fiona repensa à cette danse et pendant un instant, elle voulut être de nouveau transportée par la musique, dans les bras du capitaine. Elle chassa cette pensée aussitôt et se ressaisit.

- Bon, essayons de dédramatiser et de trouver une solution. On n'a pas de potion pour effacer la mémoire?

- Tu sais bien que si, mais il faut un cycle lunaire entier pour qu'elle mûrisse.

- Ah oui, c'est vrai. Alors concentrons-nous. ordonna Fiona en fermant les yeux.

Au bout d'un long moment de silence, Mary reprit la parole.

- En fait, plus j'y réfléchis, et plus je me dis que finalement, tout n'est pas perdu. Au contraire, dit la jeune fille dont les yeux brillaient d'un éclat étrange.

- Alors explique-moi comment lui faire oublier que je lui ai révélé nos pouvoirs?

- Il ne s'agit pas de ça. Ton plan peut encore marcher, et je dirais même qu'il risque de fonctionner encore mieux. Ce que tu as fait hier soir a dû le troubler, c'est presque certain. Mais, ça l'a peut-être troublé dans le bon sens du terme. Je veux dire... Imaginons que j'aie raison... Tu vas devenir une sorte de mystère pour lui. Il sera encore plus attiré par toi, s'il l'était déjà avant. Et alors...

- Au lieu de douter de moi et de me rejeter, il sera déjà séduit... Mon travail devrait donc s'en trouver facilité! s'exclama Fiona joyeusement.

- Exactement. approuva Mary en souriant. Bien, il n'y a plus qu'à espérer que ce que nous supposons soit vrai...

- Ca doit l'être, dit Fiona d'un air grave. Et si on choisissait la robe que je vais porter ce soir? poursuivit-elle, retrouvant son enthousiasme naturel.

- Bonne idée! Il doit y avoir des tas de belles tenues dans la malle de Madame la femme du gouverneur! s'écria Mary. Tiens, c'est étonnant qu'on n'y ait pas pensé plus tôt!

Elles cherchèrent pendant un long moment, rejointes par Eleanor, la plus calée de toutes dans le domaine de la mode. Alors que Fiona et Mary avaient tout étalé dans la cabine et n'arrivaient pas à se décider, Eleanor dénicha la tenue parfaite en un rien de temps. C'était une longue robe en satin pourpre raffiné, à la coupe parfaite. Lorsque Fiona la passa, ses deux amies ne purent réprimer un sifflement d'admiration.

- Tu es splendide, affirma Eleanor.

- Cette robe est faite pour toi, ajouta Mary. Dis donc, c'est bien d'être femme de gouverneur. Je devrais peut-être me recycler!

Un fou rire éclata dans la cabine exigue et quelques têtes curieuses apparurent à l'embrasure de la porte. Eleanor poussa Fiona hors de la pièce et l'équipage au complet put l'admirer et l'applaudir gaiement. Tout l'équipage ou presque.

- Où est Sarah? demanda Fiona d'un air inquiet. Elle n'est pas rentrée hier soir?

- Si, répondit Isabelle, une jeune femme élancée aux longs cheveux noirs bouclés. Ne t'inquiète pas, elle est seulement partie commander le rhum, comme tu lui as demandé hier.

Fiona soupira de soulagement. Même si ces filles n'étaient là que par pure consentement et qu'aucun engagement ne les retenait à elle, elle ne pouvait s'empêcher de s'en sentir responsable et tenait à chacune d'entre elles comme si elles étaient des membres à part entière de sa famille, ce qui était le cas en quelque sorte.

Après le déjeuner, Fiona et Mary se mirent au travail. Fiona retrouva Mary sur le pont. Celle-ci avait apporté les herbes achetées la veille ainsi qu'un petit coffre en bois verni, tandis que Fiona tenait dans ses mains un livre poussiéreux. Elle le posa délicatement par terre et consulta rapidement les dernières pages.

- T'as trouvé?

- Oui, oui, une seconde, dit Fiona en tournant doucement les pages jaunies en parchemin ancien. Ah, ça y est. Potion d'envoûtement, lut-elle à voix haute. Mary s'assit à ses côtés.

- Vas-y, je t'écoute.

Fiona énonça les ingrédients, leur quantité et les consignes à suivre dans le mélange des herbes. Sarah montait la garde en haut du mât, accompagnée de Spirit, à qui elle racontait une histoire de pirates avec des perroquets sur leurs épaules, et non des corbeaux comme elle le souligna. Les autres lisaient, discutaient, ou bien étaient parties se baigner sur la plage. En fin d'après-midi, sept d'entre elles partirent chercher les tonneaux de rhum chez Benson. Pendant ce temps, les deux commères étaient en train de finir la potion. Elle était de couleur marron-vert, mais extrêmement fluide. Eleanor leur apporta une bouteille de vin. Fiona l'ouvrit, but une longue gorgée et regarda d'un oeil satisfait le niveau de liquide restant.

- Parfaitement dosé.

Mary acquiesca. Elle prit la fiole contenant la potion puis déversa lentement son contenu par les goulot de la bouteille. Fiona la remua en répétant à voix basse les paroles en latin inscrites sur la feuille de parchemin. Le liquide s'était totalement dissout dans le vin et les quelques petits résidus de plantes avaient disparu. Fiona remit triomphalement le bouchon de liège en place.

- On dirait presque une bouteille de vin normal, commenta-t-elle fièrement.

- Oui, assura Mary en souriant. Espérons qu'il aime le vin.

- Mais bien sûr qu'il aime le vin! Il ne peut pas ne pas aimer un vin aussi raffiné! Du vrai de vrai bien de chez nous!

Mary sentit dans la voix de Fiona une légère nostalgie, le mal du pays qui revenait souvent. Mais elles savaient fort bien qu'elles ne pouvaient retourner en France, à moins de vouloir finir brûlée vive sur un bûcher en place publique du village. Mary entreprit donc de distraire son amie.

- Allez, viens, je vais te tirer les cartes.

- Bonne idée.

Mary sortit son paquet de cartes qu'elle tenait de sa mère qui le tenait elle-même de sa mère etc... Fiona coupa le jeu en cinq, son chiffre préféré en pensant très fort à sa mission. Mary reprit les cartes, les mélangea puis disposa les 5 premières, face cachée. Lentement, elle les retourna une par une, en finissant par celle du milieu.

- Wouh... souffla-t-elle à l'adresse de Fiona.

- Quoi, qu'est-ce qu'il y a?

- L'as de coeur.

- Oui...?

- Tu es sûre que tu as pensé à ce que je pense?

- Evidemment! Je sais quand même ce qui se passe dans ma tête!

- Ah... alors, cela pourrait bien être très intéressant... ou tout à fait normal...

- Pourquoi?

- L'as de coeur représente l'amour. La carte du milieu est la plus importante. Ca peut donc être l'amour que tu portes à ta mère, ce qui serait normal.

- Oui, tu as raison. Mais je sens qu'il va y avoir un "ou", dit Fiona, méfiante.

- Ou l'amour dans son sens premier.

- C'est-à-dire?

- Tu veux un dessin ou quoi? Ca veut dire que tu pourrais rencontrer l'amour d'ici peu, dans le cadre de ta mission... Un amour qui existe déjà, d'un côté ou de l'autre.

Fiona ouvrit des yeux étonnés. L'amour? Voilà bien une chose à laquelle elle n'avait pas pensé en s'embarquant dans ce voyage.

- Bon, eh bien, ça me paraît clair. La première explication est la bonne.

- Ah... personne ne peut savoir, dit Mary d'un air énigmatique. Les cartes ont parfois plusieurs significations et même moi, parfois, je ne les découvre que lorsque l'évènement est arrivé. Tu sais, autrefois, il existait des...

- Bon, il faut que j'y aille! s'exclama Fiona en voyant que le soleil venait de disparaître à l'horizon. Elle se leva précipitamment et courut s'habiller.

Sarah descendit de son mât et s'approcha de Mary qui souriait dans le vague. Celle-ci ramassa ses cartes et se releva avec l'aide de Sarah.

- Pourquoi tu souris comme ça? Tu as vu un bon avenir pour Fiona?

- Oui, on peut dire ça...

- Mary, arrête de faire ta mystique et explique-toi.

Mary se tourna vers Sarah et sourit de plus belle.

- On dirait bien qu'un capitaine est tombé amoureux...

- Quoi? Tu veux dire Fiona? Amoureuse?

- Oui. Elle ou quelqu'un d'autre...

- Je ne comprends rien. Elle ou quelqu'un d'autre? Mais on ne connaît qu'elle qui soit capitaine, enfin!

- Tu es sûre? murmura Mary avant de partir en direction de la cabine de Fiona.

Sarah réfléchit un instant à sa dernière phrase, puis ouvrit la bouche de surprise. Mary se retourna au même moment et lui fit un clin d'oeil. Elle mit ensuite un doigt sur sa bouche pour lui intimer de taire. En effet, elle n'était pas absolument sûre de ce qu'elle avançait, mais elle n'avait pu s'empêcher de lire dans les pensées de Fiona ce matin et en ayant vu les souvenirs de sa danse d'hier soir avec Jack, elle n'eut aucun mal à interpréter l'as de coeur de cette façon. Elle fut sortie de ses pensées par Fiona qui déboula sur le pont, dans sa robe du soir. Eleanor l'avait maquillée et coiffée comme une princesse. Ses cheveux étaient remontées en chignon d'où quelques mèches rebelles ressortaient qu'Eleanor n'avait pu discipliner et une longue anglaise tombait avec grâce sur son décolleté. Elle tenait la bouteille dans une main tandis que l'autre tâtait nerveusement le chignon.

- Qu'est-ce que t'as fait à mes cheveux?

- Rassure-toi. Ca te va à ravir. C'est comme ça que se coiffent les filles de bonne famille.

- Mon dieu, mais comment font-elles? Les pinces me grattent, et puis cette robe, elle me serre! J'en peux plus, j'ai trop chaud!

- Allez, calme-toi, dit Mary en la prenant par l'épaule. Surtout, ne perds pas de vue ce pourquoi tu es venue. C'est important. Fais-lui forte impression. Et souviens-toi qu'il lui faut avaler la potion au moins cinq minutes avant de commencer à l'envoûter, et qu'après il ne te restera que quelques minutes avant qu'il s'endorme, OK? Tu sais ce que tu as faire?

- Oui.

- Alors, fais-le. Et reviens-nous vite.

Fiona prit une grande inspiration et Mary put lire dans son regard toute la détermination de la jeune femme.

- Attendez-moi. Je ne sais pas vraiment vers quelle heure je rentrerai mais tenez-vous prêtes à partir. Dès que je remonte à bord, on met les voiles!

- A vos ordres, capitaine! s'écrièrent Mary et Eleanor.

- On va naviguer de nuit? demanda Sarah.

- J'ai bien peur que oui.

- Bon, il va falloir prévoir des vêtements chauds alors. Je m'en occupe. dit-elle avant de courir vers les cales.

- Allez, j'y vais. A bientôt les filles. dit Fiona gravement.

- Bonne chance, lui crièrent les filles tandis qu'elle descendait sur le quai, silhouette gracieuse dans la pénombre de la soirée.

Spirit fondit aussitôt sur sa maîtresse.

- Ah non, Spirit. Ce soir, tu ne viens pas avec moi. Je vais à un dîner.

Le corbeau lui mordilla affectrueusement l'oreille.

- Bon, d'accord. Mais tu resteras dehors. Tu m'attendras.

Fiona arriva enfin face au Black Pearl. Elle leva les yeux et fut impressionnée par la grandeur de ses voiles.

- Fiona, tu n'as pas le droit à l'erreur. C'est ton destin qui est en jeu.

Jack faisait les cent pas sur le pont lorsqu'il l'entendit grimper à bord. Elle sauta agilement par-dessus la rambarde. Jack reçut comme un électrochoc lorsqu'il posa les yeux sur elle. Elle était tout simplement sublime dans sa robe pourpre qui moulait avantageusement ses formes. Ses yeux habilement cernés de khôl lui donnaient un air félin et irrésistible. Il se sentit tout à coup ridicule. Lui ne s'était pas changé et portait ses guenilles habituelles.

- Bonsoir, capitaine. dit Fiona d'une voix suave en lui lançant un sourire charmeur.

- Bonsoir, capitaine. répondit Jack en se courbant pour lui baiser la main. Vous êtes splendide.

Les joues de Fiona rosirent et malgré les efforts qu'elle fit pour le cacher, cela n'avait pas échappé à Jack.

- Merci.

- J'espère que vous avez faim. J'ai fait préparer un véritable festin. Suivez-moi, c'est dans la salle à manger.

Il lui proposa son bras.

- Vous voulez jouer au gentleman?

- Oui, ça m'amuse de temps en temps.

- Très bien. Alors, moi je dois jouer la demoiselle sans défense et complètement dépourvue de personnalité?

- Comme vous voudrez, mais je sais que ça va être dur pour vous.

Il la mena dans la salle à manger et la fit assoir à l'immense table où trônaient de nombreux plats variés, dont certains typiquement français. Fiona posa la bouteille sur la table. Ils dînèrent en parlant de Tortuga, des Caraïbes en général et de la fierté d'être pirate, d'être différent des autres. Ils parlaient tous les deux avec animation et se rendirent compte chacun de leur côté qu'ils passaient une excellente soirée. Brusquement, Fiona se souvint de la bouteille et la fit goûter à Jack qui en accepta avec joie. Celle-ci refusa poliment, prétextant que ce vin-là lui donnait des maux d'estomac mais que c'était le seul qui restait à bord.

- Bon, eh bien, puisque vous ne buvez pas, il serait peut-être temps de me raconter cette fameuse histoire, dit Jack en dégustant une gorgée de vin. Exquis, le vin!

Fiona sourit. Elle pensait en elle-même: "Vas-y, bois encore, vu qu'il est si bon!"

- Eh bien, je suis née en Bretagne. Dans un petit village situé pas loin d'un grand port breton. J'ai eu une enfance très heureuse même si j'étais une enfant disons, illégitime. Mon père biologique est le duc de Bretagne. Eh oui, je suis moitié noble, monsieur Sparrow. Ma mère était une pauvre paysanne mais il était tombé amoureux d'elle. Seulement, il était marié, et donc il ne m'a jamais reconnu. Ma mère a commencé à m'élever toute seule. Mais un jour, un jour de marché au port, elle rencontra un homme. Pas très riche, mais il avait un coeur gros comme ça et il avait surtout un air rebelle, une beauté sauvage qui plut immédiatement à ma mère. Moi je l'ai tout de suite aimé et c'est lui que j'ai toujours considéré comme mon vrai père. Le problème, c'est qu'il partait très souvent et il vivait très dangereusement. Quand il revenait, il vivait à la maison et ma mère et moi étions heureuses, puis il repartait pour une durée indéterminée. Quelques semaines ou parfois quelques mois. Ce qu'il faisait, il ne voulait pas nous le dire, il restait très mystérieux sur son travail. Ma mère ne l'aurait jamais accepté si elle avait su de quoi il retournait. On ne l'apprit que lorsqu'il se fit arrêter.

- Pourquoi? Qu'est ce qu'il faisait?

- C'était un pirate.

Jack émit un murmure étonné.

- Vraiment?

- Oui. Ca vous surprend?

- Eh bien, en fait, pas tant que ça. Personne d'autre qu'une fille, même adoptive, de pirate, n'aurait pu voler un navire et en devenir capitaine, répondit Jack sans cesser de sourire.

- Je vois. Bref, il n'a pas été pendu du fait qu'il avait été dénoncé et non pas pris sur le fait. Au début, il alla en prison. Peu de temps après, le duc annonça la construction d'un navire de guerre, en présent pour la marine de sa Majesté, le roi Louis XIV. Les prisonniers servirent d'ouvriers. Le jour de l'anniversaire de mes 18 ans, je suis rentrée à la maison après une balade en forêt et ma mère n'était plus là. Elle avait disparu sans laisser de trace. Il y a deux ans, mon père mourut de faim et d'épuisement sur le chantier naval. Puisque je n'avais plus personne pour me retenir, j'ai finalement décidé de réaliser mon rêve d'aventure en préparant soigneusement mon départ pendant un an et demi avant de voler le navire que mon père avait aidé à construire et sur lequel il était mort, et de voyager à travers le monde, résuma brièvement Fiona, qui ne voulait pas s'étendre sur le sujet.

- Votre mère a disparu? Mais comment? Pourquoi?

- Je n'ai pas très envie d'en parler, dit Fiona d'une voix triste en levant les yeux vers lui. Ils étaient embués de larmes.

Jack se sentit tout à coup totalement désarmé. Il ne savait pas quoi lui dire.

- Je... je suis désolé... je ne voulais pas...

- Non, non, ce n'est pas votre faute, dit Fiona en reniflant.

Elle se leva brusquement et alla s'appuyer contre le hublot, regardant d'un air vague et lointain la mer faiblement éclairée par la lune. Jack, désemparé et maladroit devant autant de tristesse, s'était également levé et s'approcha d'elle sans savoir comment la réconforter. Il esquissait des gestes, avançait le bras pour l'attirer contre lui mais se ravisait au dernier moment. Soudain, elle se retourna. Une sensation bizarre l'étreignit au creux du ventre. Il n'avait jamais connu ça avant. Fiona avait plongé son regard dans le sien et il avait l'impression que ses yeux venaient de s'allumer. Il était entièrement hypnotisé par elle. Toute pensée, toute réflexion et doute le quitta, comme si on lui vidait le cerveau. La seule chose qui comptait, c'était elle. Il aurait fait n'importe quoi pour lui faire plaisir. Elle fit remonter ses mains lentement le long de ses bras, ce qui le fit frissonner des pieds à la tête. Jack la trouvait si belle, il ne pouvait détacher son regard d'elle. Sans s'en rendre compte, il avait posé ses mains sur sa taille maince et l'avait rapproché plus près de lui. Fiona, d'abord surprise, en profita et déposa un léger baiser au creux de son cou, à l'endroit exact de sa coupure d'hier. Puis, elle s'approcha de son oreille et murmura:

- Jack...

La voix résonnait dans la tête de Jack comme une musique. Une musique fabuleuse. Plus rien ne comptait. Il voulait juste obéir à cette voix pour qu'elle ne s'arrête pas de chanter.

- Oui...?

- Jack, tu connais l'île de la Muerta?

- Oui...

- Tu sais où elle se trouve?

- Oui...

- Tu me ferais très plaisir si tu m'indiquais le chemin pour y aller...

Jack, sans protester, marcha d'une allure de zombie jusqu'au bureau, prit une plume, la trempa dans l'encre et écrivit les coordonnées de l'île sur un parchemin. Puis, il le plia et le tendit à Fiona avant de replonger avidement dans la lumière irréelle qui émanait de ses yeux. Fiona prit le parchemin et le glissa sensuellement dans son décolleté. Jack n'en pouvait plus, il avait envie de cette femme, il n'y avait qu'elle qui comptait, tout le reste était sans importance. A nouveau la mélodie féerique s'insinua dans son esprit brumeux.

- Jack... Merci. Un jour, je te revaudrai ça. Je te le promets, dit-elle en le serrant contre elle.

Puis elle le regarda une dernière fois et lui sourit, avant d'effleurer de sa main ses paupières alourdies. Jack ressentit alors une fatigue intense et un brouillard moelleux l'envahit peu à peu. Il tomba dans les bras de Fiona, endormi. Celle-ci poussa un cri étouffé.

- Ouhla, c'est qu'il est pas léger en plus! grogna-t-elle.

Elle le prit sous les épaules et le traîna jusqu'à la porte qu'elle entrouvrit silencieusement. Spirit croassa faiblement deux fois. Fiona comprit que la voie était libre. Elle porta tant bien que mal Jack jusqu'à sa cabine mais au moment de le jeter sur son lit, elle se cogna le pied dans un coffre laissé là par hasard. Elle bascula en arrière et tomba sur le matelas, mais avec Jack par-dessus elle.

- Allez, bouge, capitaine, marmonna Fiona en essayant de pousser le corps mou et sans réflexe de Jack sur le côté. Elle y parvint enfin après un énorme effort de contorsion. La respiration haletante, elle resta un instant immobile pour reprendre son souffle. Elle se rendit compte qu'un des bras de Jack était encore au-dessus d'elle. Elle tourna alors la tête vers lui, sans savoir pourquoi, au lieu de déguerpir au plus vite. Soudain, en examinant son visage serein, une sensation étrange lui pinça le coeur. Il était si beau, endormi. Sa peau tannée par le soleil sentait bon le sel. Mue par un sentiment nouveau pour elle, elle se recrocquevilla contre lui et ferma les yeux pour apprécier ces quelques instants de bonheur. Elle se sentait protégée, elle n'avait plus besoin d'être forte, d'être sans cesse sur le qui-vive en train de réfléchir. Elle soupira d'aise, sentant la châleur du corps de Jack contre le sien. Mais un croassement inquiet la fit brusquement revenir à la réalité. Une foule d'images lui traversa l'esprit à toute vitesse: Spirit, Mary, le navire, sa mère, le reste de l'équipage.

- Non! s'écria-t-elle en rouvrant les yeux. Non, je n'ai pas le droit. Mais enfin, Fona, comment as-tu pu penser une seconde à abandonner tous ceux que tu aimes! Quelle idiote! L'amour...

Une larme coula le long de sa joue.

- L'amour n'est pas fait pour toi.

Elle se releva brusquement, essuya d'un coup de manche rageur son visage, prit un morceau de parchemin et griffonna quelques mots. Puis, elle ouvrit la porte, jeta un dernier coup d'oeil glacial au lit de Jack qui commençait à ronfler, et elle détala à perdre haleine jusqu'à l'Oiseau de Feu, la tête à présent vidée de toute appréhension.