Disclaimer : ni les personnages ni l'univers ne m'appartiennent, tout est à J.K. Rowling.


Merci de vos reviews c'est très encourageant

Milie m : j'aime bien terminer sur un truc important ou un suspense, mais c frustrant quand on est lecteur.

Always Hope : c'est vrai mais je voulais m'attarder un peu sur les sentiments d'Hermione après le choc qu'elle venait de recevoir. Pis ça explique un certain nombre de ses actes par la suite.

Isa-Syn : Sev n'apparaît pas tout de suite, il va falloir attendre un peu que certains évènements se soient débloqués

Satai Nad : j'ai essayé de donner à Hermione une psychologie qui tienne un peu la route et je me suis aussi largement inspirée de ce que JK Rowling dit d'elle sur son site. A part ça, j'aime bien le Maître des Songes aussi ;)

Superfan : les révélations que tu attends sont à la fin de ce chapitre.

Bonne lecture


Chapitre 3 : Maïa

Le manoir de la famille Jedusor a Little Hangleton n'avait jamais eu bonne réputation. L'assassinat de Frank Bryce, quelques années plus tôt, n'avaient fait qu'ajouter aux rumeurs qui couraient déjà le village. Mais curieusement depuis plusieurs mois, la maison maudite n'était plus au centre des conversations. C'était comme si elle avait disparu des mémoires. Les gamins qui tentaient encore de s'en approcher se voyaient immédiatement rappeler chez eux pour faire leurs devoirs ou subissaient une telle crise de foie qu'ils étaient contraints de rebrousser chemin. Mais les enfants n'étaient pas les seuls à connaître de violents maux de ventre à l'approche de la maison. Car alors qu'il s'acheminait vers le manoir, Théodore Nott se sentait très mal. Persuadé d'avoir agi au mieux dans les intérêts du Maître, il avait dû agir différemment de ses ordres. Et il savait qu'il allait en subir les conséquences. Entrant dans la maison par la porte de derrière, il se dirigea vers le grand salon où le Seigneur des Ténèbres, froid et impénétrable, l'attendait près de la cheminée.

« Eh bien Nott ? J'attends ton rapport depuis deux jours déjà. Aurais-tu oublié qu'il était impératif pour mes plans que tu viennes immédiatement m'informer de ta réussite ? Mais tu dois avoir des problèmes de mémoire puisqu'il semblerait que tu aies même oublié les ordres précis que je t'avais donnés. »

Nott frémit sous le ton glacial de son Maître et banda ses muscles pour la punition qui n'allait pas tarder.

« Maître, il s'est passé des choses imprévues, laissez-moi… »

« Silence ! Je n'ai que faire du récit détaillé de ton incompétence. Endoloris ! »

Le Seigneur des Ténèbres regarda tranquillement le Mangemort qui se tordait de douleur à terre. Sous son masque impassible, il était perplexe devant la désobéissance de Nott. Ce dernier était à la fois un des plus anciens et des plus puissants de ses partisans. Son intelligence était aiguë et malgré, ou peut-être à cause de son appétit de pouvoir, Voldemort savait qu'on pouvait compter sur lui pour les missions délicates. Pourtant la jeune Sang-de-Bourbe était toujours en vie et cela le contrariait beaucoup. Quand il estima que le supplice avait duré assez longtemps, il releva nonchalamment sa baguette. Nott roula sur lui-même pour se remettre à genoux devant son Maître et parla précipitamment :

« J'ai fait de mon mieux et dû prendre les décisions qui s'imposaient pour vous servir au mieux Monseigneur. Je me suis occupé du Sang-de-Bourbe mais la jeune et fille et sa mère n'étaient pas là. J'ai attendu leur retour camouflé sous un sortilège de Désillusion mais à peine arrivées, elles ont fui. Je les ai suivies jusqu'à un hôtel mais j'ai perdu deux minutes en m'occupant de l'hôtelier et quand je suis arrivé derrière la porte, elles parlaient. J'ai saisi quelques mots au vol qui m'ont semblé suffisamment intéressants pour que je diffère l'exécution en attendant la suite. C'était la mère qui parlait, et c'était une confession. Maître, elle lui disait s'appeler en réalité Maïa… ».

Malgré toute sa maîtrise, Lord Voldemort ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux de surprise. Puis comprenant les implications de ce que lui disait Nott, un sourire étira les lèvres fines. « Maïa, tiens donc… nous avions donc doublement raison de la tuer ».

« C'est ce que j'ai pensé Maître, mais en attendant, il m'a semblé que cela pouvait changer la donne pour la jeune fille et quand elle est sortie de la pièce, je l'ai laissé partir.

Le Seigneur des Ténèbres réfléchit un instant. Finalement l'inspiration de Nott pourrait se révéler utile.

§§§§§

Quand elle entra dans la pièce, Hermione crut l'espace d'un moment qu'elle allait tuer Malfoy. La grande table de leur salle commune était entièrement ensevelie sous les affaires du Serpentard. Elle appréciait tout particulièrement cet endroit pour travailler et il était hors de question de laisser Malfoy l'investir totalement. Puis elle aperçut une des mèches blondes du jeune homme incriminé, émergeant de derrière le capharnaüm. Elle alla se planter à côté de lui.

« Malfoy, tu vas me faire le plaisir de ranger tout ce bazar immédiatement ! » l'apostropha-t'elle.

Draco haussa un sourcil l'air amusé par l'explosion de colère d'Hermione. « Dis donc, on n'apprend pas la politesse chez les Sangs-de-Bourbe ? » Les yeux d'Hermione se froncèrent encore plus. La dernière fois qu'il l'avait vu aussi en colère, elle lui avait mis une gifle.

« Du calme, du calme Granger, j'avais beaucoup de boulot, mais je vais ranger tout ça ». Il attrapa une pile à sa droite et se dirigea vers sa chambre. « Si tu pouvais m'amener l'autre pile ça m'arrangerait » lança-t'il du pas de la porte.

Hermione le regarda d'un air méfiant. Malfoy qui était presque aimable, c'était suspect. Néanmoins elle avait envie qu'il débarrasse le plancher. Elle s'approcha donc de la table et jeta un œil à la pile de livres. Le titre du premier lui sauta au visage : Grandes Familles du Monde Magique. Elle ne put s'empêcher de le prendre et commença à le feuilleter, à la recherche d'une information bien précise. Elle sursauta lorsque la voix de Draco la rappela à l'ordre. Il était juste derrière elle et grognait parce qu'elle ne l'avait pas aidé. Puis il jeta un œil à ce qu'elle lisait.

« Ca t'intéresse ? Tu comprends enfin l'intérêt de la pureté de Sang ? ».

« Lâche moi Malfoy » gronda-t'elle.

« Allez, je suis généreux et je tiens à t'aider à comprendre tes erreurs, je te le prête. Mais surtout lave-toi bien les mains avant de le toucher ».

Hermione se retint à grand-peine de lui lancer le livre au visage. Mais si elle ne voulait rien lui devoir, la tentation que représentait le livre était trop grande. Avec un dernier regard méprisant, elle se dirigea vers sa chambre, serrant le précieux ouvrage contre elle. Draco la regarda passer le portrait qui marquait la porte de ses appartements en se disant que le service de Voldemort l'amenait vraiment à faire des choses étranges.

§§§§§

Elias surveillait nerveusement sa montre. Plus que quelques minutes et il serait débarrassé de Lucius Malfoy. Il ne savait pas cependant s'il devait être impatient ou non car les conséquences de son geste seraient graves. Il tâta nerveusement sa poche. La baguette était bien là. D'un pas lent il se dirigea vers la cellule du Mangemort. Le couloir était tranquille : une importante réception au ministère avait lieu ce soir, et la présence de nombreux Aurors avait été requise. Certains des gardes d'Azkaban y avaient donc été affectés pour la soirée, réduisant le nombre de gardiens. Elias étaient dans seul dans le bloc A, tranquille pour ce qu'il avait à faire.

Malfoy l'attendait, assis sur sa couchette. Et toujours cet insupportable sourire… Elias sortit ses clefs, ainsi qu'un fin couteau. D'un geste nerveux, il s'entailla le bout du doigt jusqu'à ce que le sang perle. Il en frotta alors la clef qui s'illumina légèrement. Alors Elias introduisit la clef dans la serrure et ouvrit la porte, libérant Lucius Malfoy. Ce dernier bondit vers Elias.

« Tu l'as ? » demanda-t'il.

Pour toute réponse, Elias sortir la baguette de sa poche et la tendit à Lucius. Il avait été la chercher l'après-midi même sur l'Allée des Embrumes et elle était censée être parfaitement accordée à son futur propriétaire, lui permettant ainsi de finaliser son évasion.

« Montre-moi le chemin jusqu'au débarcadère, vite ! » ordonna Lucius.

Une fois arrivés là-bas, Elias imaginait plus ou moins qu'il ferait apparaître un bateau ou aurait recours à une forme marine de métamorphose. Mais Lucius traçait un cercle au sol, et se plaçant au centre, commença à prononcer une incantation. Horrifié, Elias comprit que le Mangemort venait de délimiter une zone où les protections anti-transplanages seraient débloquées. Avant même qu'il ait pu envisager de donner l'alerte, deux craquements sonores annoncèrent une arrivée et Lord Voldemort, suivi de Bellatrix Lestrange, sortirent du cercle.

Devant l'inhumanité totale de ce visage, Elias tomba à genoux, comme paralysé. Le Seigneur des Ténèbres n'en avait cure et se dirigeait vers Malfoy pour le féliciter de la réussite de sa mission. Puis il se détourna pour contempler l'île enfin à sa merci. Derrière lui, Lucius jetait un regard noir à Bellatrix.

« Vous en avez mis du temps à trouver comment percer les défenses ! » grogna-t'il à voix basse.

« J'y ai passé douze ans moi par fidélité à notre Maître, et avec les Détraqueurs, alors ne viens pas geindre » répliqua sèchement Bellatrix.

Lucius se détourna d'elle d'un regard méprisant. Il y avait plus urgent à faire que régler son compte à cette hystérique. En deux pas, il avait rejoint Elias, toujours à genoux, et l'attrapait par l'épaule.

« Merci beaucoup d'avoir permis au Seigneur des Ténèbres de s'emparer d'Azkaban Elias » lui dit-il avec un sourire mauvais. « Mais il te reste encore un peu de travail, des cellules à ouvrir principalement… J'ai cru comprendre que les clefs ne fonctionnaient pas sans le sang du gardien préposé ? »

« Ce n'était pas ce qui était prévu » bredouilla Elias, « vous deviez partir… ».

« Je change les termes du marché. A moins que tu ne veuilles y mettre un terme définitif ? »

« Je ne peux pas faire ça… Dites-moi où sont mes parents et partez, je vous en prie ».

Lucius ricana. Il s'était douté que le morveux ne tiendrait pas jusqu'au bout.

« Tes parents sont morts depuis longtemps imbécile, tu nous prends pour qui ? Un hospice ? Impero ! »

Le vide se fit dans l'esprit d'Elias et il oublia tout, depuis sa colère d'avoir été trompé jusqu'à sa peine pour la mort de ses parents. Docilement et clefs en main, il suivit Malfoy à l'intérieur d'Azkaban.

§§§§§

Dans la salle commune des Préfets-en-Chef, Hermione mettait la dernière main à son devoir de Potions. Dès les premiers jours, Rogue les avait accablés de devoirs et elle voulait terminer celui-là rapidement car Harry et Ron l'attendait en salle commune de Gryffondor pour fêter son anniversaire. Sans se sentir d'humeur pour la fête, elle ne voulait pas non plus peiner ses amis qui avaient eu là une délicate attention. Concentrée sur les dernières lignes, elle ne fit pas attention à un léger 'plop' à côté de son oreille.

Draco Malfoy, qui baillait aux corneilles sur la chaise d'en face, ouvrit des yeux ronds. Un parchemin roulé venait d'apparaître juste à côté de la tête d'Hermione et se maintint dans les airs quelques secondes. Puis n'ayant pas été saisi, il tomba à terre. Draco sentait son intérêt s'éveiller : ce n'était pas une manière habituelle de transmettre du courrier, et on pouvait donc supposer que c'était un message important. Il tendit le bras, comme s'il voulait attraper un parchemin vierge, et feignant une maladresse, le fit chuter de l'autre côté de la table.

« Ooops » dit-il d'un air faussement contrit. Sa manœuvre était inutile : Hermione releva à peine la tête, trop absorbée par la description des effets de l'hyoscamus sur le système nerveux. Draco se leva, contourna la table et déployant les larges manches de sa robe de sorcier y camoufla le parchemin roulé. Puis il se redressa, tenant ostensiblement celui qu'il avait fait tomber et retourna à sa place, tâchant de prendre son mal en patience. Il n'eût pas longtemps à attendre : moins de dix minutes plus tard, Hermione bondit sur ses pieds et se dirigea vers la sortie.

« Hey ! » la rappela Draco, « tu te plains que je ne range pas mais tu ne fais pas mieux ».

« Désolée Malfoy mais je suis en retard pour une fête chez les Gryffondors. Alors ça attendra mon retour pour cette fois » riposta-t'elle.

Et elle fila avant de lui donner l'occasion de protester à nouveau. Draco écouta le bruit de ses pas décroître puis se permit un petit sourire. Si c'était une fête, elle ne rentrerait pas avant un bon moment. Il sortit le parchemin de sa manche et l'examina. Chose curieuse, le rouleau était scellé. Ce n'était pas étonnant en soi pour une missive importante, mais ce qui interpellait Draco, c'était le sceau en lui-même. Gravé dans la cire rouge, on apercevait une sorte de baguette verticale, entourée de deux serpents et surmontée de deux ailes. Et Draco était sûr d'avoir déjà vu ce blason quelque part. Mettant de côté ses interrogations un moment, il se demanda comment l'ouvrir sans qu'Hermione ne s'en aperçoive. Cependant, après plusieurs tentatives infructueuses, il dut admettre son échec : le parchemin avait été ensorcelé pour éviter ce genre d'ouverture intempestive.

Il revint sur le sceau, toujours plus intrigué. La présence des serpents suggérait le blason d'une famille de Sang-Pur. Mais qui, parmi ces familles, aurait bien pu vouloir écrire à une Sang-de-Bourbe ? Soudainement une connexion se fit dans son esprit et il attrapa le livre qu'il lui avait prêté deux semaines plus tôt, qu'elle avait laissé sur la table.

§§§§§

Lorsque Hermione rentra quelques heures plus tard, Draco lisait un magazine de Quidditch sur le canapé. Sans lever le nez, il désigna la table en disant « Y'a une lettre qui est arrivée pour toi ». Un peu surprise, Hermione s'approcha de la table, prit le parchemin et le décacheta. Draco l'observait du coin de l'œil et remarqua immédiatement qu'elle blêmissait dès la lecture des premières lignes. Elle releva la tête vers lui.

« Tu l'as lu Malfoy ? »

« Si tu crois que je m'intéresse au courrier des Sangs-de-Bourbe Granger… ».

Elle n'insista pas plus : après tout, le sceau lui avait paru intact. Serrant convulsivement le parchemin contre elle, elle rentra dans sa chambre, où elle s'assit sur le lit. Après s'être assurée que le portrait était bien refermé, elle le déroula de nouveau.

Hermione, ma chérie,

Puisque ce parchemin te parvient, c'est que tu as maintenant 17 ans et tu es en âge d'apprendre certaines choses que je t'ai caché ces dernières années, pour ta sécurité. Il est sans doute lâche de faire cela par écrit mais je ne suis pas sûre d'arriver vivante jusqu'à la date où ma confession te parviendra. Et si jamais je l'étais quand même, je ne me sens pas le courage de te dire tout cela les yeux dans les yeux. Ainsi j'espère que tu auras le temps de prendre du recul, et de me pardonner à défaut de me comprendre.

Tout d'abord, il faut que tu saches que je ne suis pas une Moldue comme je l'ai fait croire à tous depuis des années. Mon nom est en réalité Maïa Trismégiste et je suis l'héritière d'une famille respectée de Sang-Purs.

J'étais fille unique car ma mère est morte peu après m'avoir mise au monde. C'est mon père qui m'a élevé, dans le strict respect de ce qu'il appelait 'l'honneur des sorciers'. A onze ans, quand je suis entrée à Poudlard, j'étais déjà parfaitement endoctrinée. Je méprisais les Moldus et c'est sans surprise que j'ai été répartie à Serpentard. J'adorais vivre à Poudlard. Le château me changeait de l'ambiance assez sinistre du manoir familial et j'appréciais de vivre constamment entourée par mes amis. De plus j'étais une élève douée même si les professeurs trouvaient que je me reposais trop là-dessus au lieu de travailler.

Quand j'ai eu quinze ans, des rumeurs ont commencé à se répandre parmi nous, à propos d'un sorcier puissant. On disait qu'il comprenait nos valeurs et nos idéaux et qu'il voulait rétablir la suprématie des sorciers de Sang Purs. J'étais terriblement enthousiaste à ce sujet. C'est même là dessus que je me suis disputée pour la première fois avec mon père. Il prônait les mêmes idées, mais contrairement aux parents de plusieurs de mes camarades, il refusait de s'engager réellement aux côtés de ce mage. Je ne comprenais pas à l'époque. En réalité il avait une telle idée de sa propre valeur et une telle morgue qu'il refusait de lutter. Cela aurait dû lui revenir de droit, pensait-il et il se sentait bien au-dessus de tout ça. Il me faisait honte. Pour ne pas me déconsidérer aux yeux de mes amis, je me suis rangée avec d'autant plus de virulence aux idéaux de Lord Voldemort.

C'est à peu près à la même époque que je suis tombée amoureuse. Vois-tu ma chérie, il était beau, puissant, riche et je l'admirais. Je l'aurais suivi jusqu'au bout de l'enfer. Et c'est très exactement ce que j'ai fait… Il était promis à une autre depuis son enfance mais j'étais persuadée que par amour pour moi il romprait ses fiançailles pour m'épouser, d'autant que j'étais moi-même d'une famille plus que digne de sa sienne. Nous avions une aventure mais il disait que personne ne devait être au courant. Pourtant quand à la fin de nos études, après nos ASPICs, il m'a invité à passer une partie de l'été chez lui, j'ai cru qu'il voulait me présenter son père. En fait, il réunissait des partisans loyaux pour le Seigneur des Ténèbres. Cet été-là, je Lui ai été présentée et j'en éclatais de fierté. Lord Voldemort était quelqu'un de très particulier, terriblement charismatique et il était impossible de ne pas être d'accord avec lui quand il parlait. Tout semblait si évident lorsque les mots sortaient de sa bouche… J'étais littéralement fascinée par cet homme et malgré ma déception sur le plan amoureux je me sentais heureuse qu'Il m'ait choisi pour Le suivre et Le servir. Pour être tout à fait honnête j'espérais aussi que le fait de nous engager dans le même combat nous rapprocherait Lucius et moi. Dès que nous avons eu nos diplômes, nous avons été initiés. Notre maître était dur, il attendait de nous une loyauté sans failles et les erreurs n'étaient pas tolérées. Dès l'origine ce que nous faisions n'était pas très légal. Pour ma part je travaillais au Département de la Justice Magique au Ministère. Combien de dossiers ais-je trafiqué, soit pour faire tomber un de nos opposants, soit pour sauver l'un des nôtres accusé d'avoir molesté des Moldus…

Le temps passant, le Seigneur des Ténèbres a estimé que nos méthodes ne rapporteraient jamais leurs fruits. C'est alors qu'il a ordonné les premiers assassinats ouvertement. Nos ordres étaient clairs : ceux qui n'étaient pas avec nous étaient contre nous. Il fallait les tuer ou les museler par la terreur. Il commençait à me faire peur. Ceux qui pouvaient se révéler utiles devaient être mis sous Imperius et utilisés. J'avais des idéaux mais je ne voulais pas être une meurtrière. J'ai connu de nombreuses désillusions à cette époque. Lucius s'est marié, comme prévu, pas avec moi bien sûr. Ca ne l'a empêché de poursuivre notre liaison. Il disait qu'il avait été forcé d'épouser Narcissa mais qu'il m'aimait et moi je le croyais. Juste après le retour de Lucius de sa lune de miel, le Seigneur des Ténèbres nous a envoyés en mission. William Parrish était haut placé au Ministère et on parlait de lui pour le poste de Ministre. Il était farouchement opposé à Voldemort. Pour cette seule raison, il ne pouvait continuer à vivre. Nous avons transplané chez lui en pleine nuit. Ca a été un massacre… Ils fêtaient l'anniversaire de la fille aînée de Parrish et de nombreux enfants étaient présents. J'ai vu Lucius en tuer deux… J'étais horrifiée. J'avais toujours réussi à éviter de tuer durant les missions et je pensais naïvement que Lucius faisait de même… j'avais une telle foi en lui. Quand j'ai essayé d'aborder la question plus tard avec lui, il s'est mis en colère et m'a rappelé que ces gens étaient des ennemis de notre Seigneur. Il disait que même les enfants étaient des futurs ennemis potentiels…

Subitement mes yeux se sont dessillés. Je n'en pouvais plus de l'horreur à laquelle nous étions astreints depuis un moment déjà mais par amour pour Lucius j'aurais fait n'importe quoi. Pourtant cette nuit là, dans cette chambre, j'ai cessé de l'aimer. Il ne m'inspirait plus soudainement que du mépris. J'ai passé la nuit à y penser. Je savais que je ne pourrais pas camoufler mes nouveaux sentiments au Seigneur des Ténèbres, et j'en connaissais les conséquences, l'exemple du pauvre Regulus ayant été édifiant pour nous tous. Je savais aussi je ne pourrais laisser Lucius me toucher à nouveau. J'ai décidé de fuir, sans rien lui dire. Après tout ce que j'avais fait, je n'étais pas sûre de mériter une seconde chance, mais je devais essayer… pour l'enfant que je portais…

Aussi écœurée que lorsque sa mère lui avait tout avoué quelques semaines plus tôt, Hermione lâcha le parchemin et enfouit son visage dans ses mains.