CHASSE-CROISE - Petit Récapitulatif de l'Histoire : Deux nouveaux élèves sont transférés à Poudlard (William Johnson et Angeline Delacroix). Drago Malefoy et Hermione Granger sont nommés préfets en chef et font plus ample connaissance. Et on apprend qu'Hermione a sauvé la vie de Drago l'hiver dernier.
CHAPITRE 03 : Visite à l'Infirmerie, Début des Ennuis
Chez certaines personnes, la peur d'être trahi est si grande qu'elles ont perdu l'habitude d'accorder leur confiance. Sauront-elles passer outre tous leurs doutes?
Les Serpentards et les Gryffondors n'ayant pas de cours en commun avant l'après-midi, la matinée avait été relativement tranquille. Exceptée peut-être cette explosion avant le début des cours dans la tour nord. Les bruits de couloir murmuraient qu'il s'agissait d'une farce d'Endie Warold. Mais les rumeurs disaient souvent beaucoup de choses qui plus tard ne se trouvaient pas toujours justifiées. Le jeune Poufsouffle de première année avait déjà fait parler de lui dans sa propre maison en recevant une beuglante de ses parents dès le premier soir. A en croire Lucinda Brentmeilleur, préfète des Poufsouffles, il s'agissait-là d'une histoire de chaussette explosive malencontreusement oublié sous un lit et qui avait failli faire exploser la chambre tout entière. La relève des Weasley semblait bien assurée.
C'était dans ce Poudlard silencieux ou presque, qu'Hermione avançait. Soulagée de ne pas avoir à supporter Malefoy. L'épisode de la veille la troublait tellement qu'elle s'était plusieurs fois trompée de couloir avant d'atteindre le réfectoire. Elle pressa le pas. Il ne fallait pas tenter la chance. Au deuxième étage, déjà à l'intercours, elle avait failli tomber nez à nez avec lui mais grâce au ciel elle s'était empressée de déguerpir avant qu'il ne l'aperçoive.
Cette fuite n'avait en fait pas échappé à l'attention de Drago Malefoy. Après tout, avoir été élevé par un Mangemort qui vous destinait à être son successeur devait bien avoir un jour des avantages. Le masque de son visage toujours impassible n'avait pas laissé entrevoir la moindre réaction. Il ne s'était pas élancé à sa poursuite, bien qu'une partie de lui en mourut d'envie. Mais c'était impossible, il était un Malefoy et, à ce titre, il devait garder une certaine image. Son comportement avait cependant imperceptiblement changé. Mais pas encore assez pour que quiconque n'en devine les projets. Il fallait vraiment qu'il reste sur ses gardes. Sa sécurité, ainsi que celle de son Hermione, en dépendaient. Déclarer sa flamme ouvertement et faire la cour à Hermione Granger, bien que cela soit fort tentant, équivaudrait à leur arrêt de mort. Et encore si ce n'était que cela mais connaissant bien son père, la mort ne serait que leur délivrance après des jours de torture.
Ces quelques pensées étaient les maîtres mots de son sérieux. L'art de la dissimulation était un don familial que Drago se targuait de posséder. Grâce à cela, il gardait son air condescendant en public. On ne le ferait jamais faire le pas qui lui serait fatal. Pour l'école, il était toujours Malefoy. Dans ses quartiers cependant, cela était une autre affaire. Jouer au chat et à la souris avec Hermione Granger avait quelque chose de terriblement séduisant.
Aimer caché était la seule manière de survivre, tout du moins le temps que les choses se calment. Ses projets étaient déjà tout tracés. Hermione Granger n'était peut-être pas au courant mais elle épouserait Drago Malefoy, il en avait décidé ainsi. Il attendrait quelques temps… Sa famille n'allait pas être contente. C'était pour eux un acte criminel que de corrompre leur sang avec cette infamie. Cela serait dur de les persuader mais il leur ferait admettre à tous que cette fille avait sa place à ses côtés. Ses efforts allaient être sans relâche mais il y arriverait, de cela il en était sûr depuis qu'elle l'avait sauvé du lac gelé. Ne lui en déplaise, il l'avait dans la peau! Bientôt, son amour serait réciproque, il allait s'y employer d'arrache-pied.
Drago Malefoy avait bien jeune découvert le don de déchiffrer les gens. D'un seul coup d'œil, il en savait assez pour donner un profil assez complet de la personne en face de lui. Hermione était pour lui un vrai livre ouvert. Chacun de ces gestes laissaient transparaître ce qu'elle était : un vrai génie en cours, une virtuose de la magie. Et bien qu'elle ait quelques proches amis, il ne lui connaissait pas de relation sentimentale suivie. Novice dans l'art de l'amour, il se plairait à lui en faire découvrir les détours. Drago sourit. A n'en pas douter, feuilleter les pages de ce livre serait vraiment "délectable" …
Les paupières à demi-fermées, sa langue passa sur ses lèvres entrouvertes. Il se mordit la lèvre inférieure avec un sourire malsain. La tentation de se jeter sur elle était grande mais hors de question d'y céder. Oui, elle était bel et bien une tentation mais quelle tentation! Cela serait assurément dur de lui résister.
Ce moment d'égarement fut brisé par Will qui lui lança un coup de coude discret en lui jetant ces quelques mots :
— Reprends-toi.
Ces simples paroles suffirent pour que le masque placide du visage de Drago reprenne place. Drago ne s'expliqua pas et Will ne demanda rien. Toujours aussi décalé, le nouveau Serpentard avait cette charmante personnalité de ne jamais insister quand il sentait que l'on était pas prêt à lui parler. Déjà quelques années plus tôt, quand il avait rencontré Will pour la première fois, il avait apprécié son caractère.
Comme à chaque service, le réfectoire grouillait de vie. Ça et là, à travers toute la salle, on entendait des bribes de conversations, des éclats de rires… Pour l'heure, animés et enjoués, l'ensemble des élèves semblaient avoir fait la paix. Les professeurs les surveillaient d'un œil entre deux conversations. Aucun d'eux ne vint mettre un terme à ce brouhaha tranquille. Même le professeur Rogue d'un naturel peu enthousiaste ne semblait pas s'offusquer. Par moment, un éclat de voix percé mais le fautif s'en faisait bien vite oublier.
Pendant tout le repas, Drago Malefoy, préfet en chef, avait eu bien du mal à se concentrer sur son repas et sur les quelques conversations auxquelles il avait bien voulu se joindre. William avait remarqué que Drago était préoccupé. Ses soupons avaient été confirmés quand, contre toute attente, il lui passa le broc d'eau au lieu du pain. Observant le jeune homme plus attentivement, il remarqua l'assiduité que le jeune préfet mettait à lever la tête vers la table des Gryffondors. Le jeune homme n'avait pas encore découvert qui était l'élu de toute cette d'attention mais, à sentir la préoccupation de Drago, ce devait être quelqu'un d'important. L'amitié le poussa à l'avertir que son manège n'était pas totalement parfait.
Penchant la tête il chuchota du bout des lèvres :
— Ta discrétion n'est pas à toute épreuve, mon cher. Il ne me manque qu'un peu de temps pour découvrir qui tu surveilles. Alors, si c'est important pour toi, tu devrais être plus vigilant, je ne suis pas le seul à être observateur.
Ne bronchant pas, la tête blonde de Drago hocha imperceptiblement en signe d'assentiment.
Observer ainsi Hermione Granger dans une pièce remplie de sorciers, dont une partie était d'apprentis Mangemorts, était vraiment risqué. Avec bien du mal, il se mit à fixer intensément son assiette. Mais il lui suffisait de fermer les yeux pour la revoir. Assise à quelques mètres, entre Ginny Weasley et le Survivant. Hermione avait une mine superbe bien qu'épuisée, il faudrait qu'il lui apprenne à s'amuser. Et rapidement… On n'avait pas encore commencé les cours qu'elle travaillait déjà trop. Son esprit eut comme un déclic.
On avait tout juste commençait l'année, les cours avaient repris depuis deux jours seulement. Elle ne devrait pas être dans cet état. Il faudrait qu'il mène une petite investigation. Il était hors de question que son adorée dépérisse devant lui.
William le tira de la contemplation minutieuse de son assiette :
— A quoi penses-tu?
— Oh, à rien… fut sa seule réponse.
— Je vois bien que tu es préoccupé. Tu es là, mais ton esprit est bien loin. Préfères-tu que je te demande à qui penses-tu?
Draco se fendit d'un de ses sourires méprisants.
— Tu es moins curieux, d'habitude. Ecoute mon conseil : ne cherche pas à savoir ce que je pense. Ne me force pas à révéler certaines choses que tu voudrais cacher.
— Oh! J'ai touché un point sensible? s'amusa William.
Drago n'était plus l'enfant d'autrefois qui fonçait tête baissée quand on le provoquait :
— Tu ne m'auras pas aussi facilement. Et puisque tu fais le curieux, dis-moi pourquoi tu as repris tes études. Tu ne m'en as pas encore parlé.
— Pour avoir mon diplôme!
Un éclat de rire s'échappa des lèvres de Malefoy :
— A d'autres! Tu te fourres le doigt dans l'œil jusqu'au coude si tu crois que tu vas me faire gober ça!
— …
— Alors? Tu réponds ou je dois envoyer un hibou à tes parents?
— Ils ne sont pas au courant. Tu me crois assez stupide pour leur confier quoi que se soit? Regarde ce qu'ils ont fait d'Emma.
L'évocation de la grande sœur de William n'était pas pour plaire à Drago. Elle était trop fragile et trop douce pour être une bonne Mangemort. Mais ses parents avaient de grands projets pour elle. Si grands que même lui, un Malefoy, n'avait jamais pu être mis dans la confidence malgré la date des faits. Emma avait intégré la section psychiatrique de Sainte-Mangoustine peu après la naissance de son frère. William avait fait la connaissance de sa soeur à travers les vitres protectrices de la salle des visites. Mais on ne parlait pas d'Emma chez les Johnson. On ne parle pas des échecs. La voix plus dure, il reprit :
— Oui, je me rappelle... Mais je ne suis pas comme eux!
— Mmmh…
Cela ennuyait William de devoir dévoiler ses motivations. Mais autant lui dire à lui plutôt qu'à un autre. Il était le plus digne de confiance ici.
— Une fille… Et toi? A qui pensais-tu?
— Une fille.
Et ils éclatèrent de rire. Ils étaient tous les deux perdus dans les limbes de l'amour. Demander de qui il s'agissait était encore trop tôt pour chacun d'eux.
A la table des Gryffondors, Hermione regardait, maussade, son assiette de petits pois. Depuis quelques mois, elle ne se trouvait plus d'appétit.
Elle passait son temps à faire comme si… elle était toujours la même.
Parfois ses forces la quittaient brutalement et elle se sentait lasse de poursuivre cette pantomime. Mais elle ne pouvait pas, Harry traversait une mauvaise passe et, ne serait-ce que pour lui, elle se devait d'être forte. Ramenant un petit pois récalcitrant au centre de son assiette, elle se sentait à nouveau fiévreuse. Il fallait qu'elle se dépêche pour gagner le plus rapidement possible la sortie.
La température monta, elle avait chaud. Une perle de sueur glissa le long de sa clavicule pour atteindre le bas de son dos. Ginny, à côté d'elle, venait de voir son amie pâlir dangereusement. Inquiète, elle s'enquit alors de sa santé :
— Tu te sens bien Hermione?
— Oui, ça va aller...
Elle fit une pause. Sa jeune amie n'avait pas besoin de savoir. D'ailleurs personne ne devait savoir.
— Merci de t'en inquiéter, Ginny.
— Tu es vraiment sûre, Hermione? Tu as l'air fiévreuse. Tu couvres peut-être quelque chose. Je devrais te conduire à l'infirmerie.
Le regard inquiet de Ginny essayait de rencontrer les yeux de la jeune fille, espérant certainement y trouver une réponse plus claire.
— Non, je vais bien.
La voix d'Hermione était ferme et ne quémander aucune aide.
— D'ailleurs, je dois passer à la bibliothèque avant mon prochain cours. Je vais vous laisser.
Hermione se leva et partit.
Angeline Delacroix, la nouvelle élève observa la préfète s'éloigner et confia à Ginny:
— Elle me semble épuisée.
— Oui, c'est certain.
Les joues rosissant, Ron intervint :
— Oh, elle doit encore avoir passé une nuit blanche à préparer les nouveaux cours! Elle ira mieux demain.
— J'en connais un autre qui pourrait en prendre de la graine! rit Dean, accompagné de tous ceux qui l'avaient entendu à la vue du teint cramoisi de Ron.
— J'espère que tu as raison, murmura Ginny.
L'après-midi avait été calme, William Johnson avait suivi son premier cours en commun avec les Gryffondors sous la tutelle du professeur Rogue. L'homme avait peut-être un parti pris affirmé mais ses cours étaient techniquement irréprochables. William se fichait un peu que ce professeur enlève une montagne de points à l'autre maison. Ça lui était égal, mais ça avait l'air de beaucoup intéresser les autres élèves.
Le seul moment qu'il avait eu bien du mal à supporter était quand le professeur avait appelé Hermione "Mademoiselle-je-sais-tout-à-qui-je-n'ai-rien-demandé!". Ses muscles s'étaient tendus près à bondir à la rescousse. Mais il ne pouvait pas. Il avait fait tant d'efforts pour que personne ne sache qu'ils se connaissaient. C'était trop bête de tout gâcher si tôt.
Les couloirs de Poudlard étaient animés de quelques groupes d'élèves bavardant. Se dirigeant sans peine, William allait d'un bon pas rejoindre les appartements des préfets où l'attendait Drago. Au détour d'un couloir, il se heurta à une pile de livres qui s'écroulèrent sous l'impact, assommant presque leur propriétaire qui jura, avant de grommeler un vague :
— Je suis désolée… Mais avec cette pile je peux à peine voir où je vais!
Hermione Granger avait lancé cette tirade un peu sèchement, espérant que l'autre poursuivrait son chemin. Toujours accroupie, elle rassemblait ses livres en une pile instable quand une main lui tendit un gros volume relié. Relevant la tête, ses yeux rencontrèrent le sourire débonnaire et insouciant de Will. Prenant un autre livre, il se mit lui à empiler les ouvrages.
— Qu'est-ce que tu fais?
— Ça ne se voit pas? Je t'aide à rassembler tes bouquins! T'as dévalisé la bibliothèque ou quoi?
La frimousse d'Hermione rougit avant de reprendre :
— J'ai du travail. On a beaucoup de cours cette année et je tiens à m'informer sur tous les sujets qu'on va aborder. Donc : non, je n'ai pas dévalisé la bibliothèque. Mais oui : j'ai besoin de tous ces livres.
A bout de souffle, elle s'arrêta. Levant le regard vers lui, elle lui sourit et articula un petit :
— Merci, c'est fini.
William savait pertinemment que ce sourire appartenait à Hermione Granger, la cousine de Kévin. Il avait fait beaucoup d'efforts pour éviter de la croiser devant trop d'élèves. Si elle s'était mise à évoquer devant tout le monde ce qu'il avait fait cet été, sa tranquillité était fichu!
Hésitant, comme persuadé qu'il ne la reconnaissait pas, il lança :
— Hermione? Hermione Granger? C'est bien toi?
L'intéressée pencha la tête qu'elle avait dissimulée derrière sa pile de livres pour lui offrir un timide sourire.
— Oui, c'est moi. Je n'ai pourtant pas bien changé depuis cet été.
Une mèche ondulée glissa sur son épaule.
— A part mes boucles qui reviennent, je n'ai pas du tout changé.
— Oh, excuse-moi, j'ai rencontré et vu tellement de visages durant cet été que j'ai un peu de mal. Je ne m'attendais pas à te trouver ici!
Hermione avait reconnu sans mal William depuis longtemps. Mais elle n'avait pas osé l'aborder, Drago étant toujours avec lui. Et elle voulait absolument l'éviter! Un peu incrédule sur cette soi-disant excuse, elle bégaya un :
— Moi aussi, je suis heureuse de te retrouver ici, William! Je croyais que tu m'évitais... que tu ne voulais plus avoir affaire avec une moldue.
— Voyons, bien sûr que non! T'es une fille géniale! Tu n'es peut-être pas une sorcière de souche mais c'est pas une broutille de cet acabit qui va m'empêcher de parler avec mes amis.
Les yeux de William étaient brûlants de vérité. Alors pourquoi avait elle la furieuse impression qu'il lui voilait une partie de la vérité?
— Pourtant, je t'ai vu t'afficher avec Drago Malefoy... Et si tu ne le sais pas encore, il déteste les sorciers d'origine moldue, comme moi.
William la coupa :
— Je t'arrête tout de suite. Je ne traîne pas avec Malefoy comme tu sembles le penser. Je le connais depuis longtemps. Et puis, il n'est pas le portrait que tu me dépeins. En tout cas, il ne l'est plus. Ce n'est qu'une image qu'il donne aux autres pour avoir la paix. Il est pas bien méchant. Je suis sûr que tu l'aimerais bien si tu le connaissais.
— Oh non!
A qui essayait elle de faire croire ça? Hermione attrapa les derniers livres des mains de William pour les poser sur sa pile et articula un "ouais.." maussade et peu motivé.
— Je dois y aller.
Sans lui demander son avis, William rattrapa les quelques manuels qu'elle lui avait repris.
— Je t'accompagne, j'allais dans cette direction moi aussi.
Hermione, décontenancée, rattrapa Will qui avait déjà commencé à avancer. Penchant la tête sur le côté pour mieux observer son visage, elle lui demanda d'une voix hésitante :
— Je pourrais te poser une question indiscrète?
Will sourit.
— Tu peux... Mais il se peut que je ne te réponde pas.
La réponse du jeune homme, tout autant que son clin d'œil complice, surprirent Hermione mais elle posa tout de même sa question. Après tout cela ne coûtait rien d'essayer :
— Pourquoi as-tu été envoyé chez les Serpentards si tu ne détestes pas les moldus?
— Ah... Mauvaise pioche. Je ne peux pas répondre à cette question, désolé Hermione.
Voyant la déception d'Hermione, il se rétracta et lui dit sous le ton de la confidence :
— La seule chose que je peut te dire...
Il se pencha vers elle au point que ses lèvres frôlèrent son oreille dans une compromettante proximité :
— En fait, c'est moi qui ai demandé au choixpeau de m'envoyer dans cette maison. Il n'a fait que m'écouter.
— Quoi? Mais pourquoi cette maison? C'est la pire! s'emporta Hermione, frissonnant sous le souffle brûlant de son interlocuteur.
— Un ton moins fort, Hermione! Et ne t'énerve pas, j'ai choisi cette maison parce que je voulais être tranquille. Je n'avais pas envie de sympathiser avec tout le monde. J'ai besoin d'espace et c'est la seule maison où je pouvais être en paix sans avoir toujours quelqu'un sur le dos. Tu comprends?
— C'est vrai que les autres maisons sont un peu...
Elle cherchait le mot juste.
— ...envahissantes. Mais quand même, de là à choisir les Serpentards! En plus, je trouve que tu as assez rapidement sympathisé avec Drago Malefoy et je t'avouerai que ce garçon ne me plaît pas. Tu devrais te méfier de lui.
Will fit une petite moue. Il ne lui avait révélé qu'une mince partie des raisons qui lui avait fait choisir la maison des Serpentards. Pour l'heure, elle n'avait pas besoin d'en savoir plus.
— Oh, c'est vrai que Drago ne m'a pas paru apprécier beaucoup de personnes mais je m'en fiche. J'aime bien ce mec : il a de la répartie et il est pas bête du tout. Je suis sûr que je vais pas m'ennuyer avec lui. Il est sympa, Mione. Il est comme nous, il sait se servir de sa tête.
— Si seulement c'était pour faire le bien! dit-elle, déçue.
Will sourit :
— Je ne pense pas que Drago soit fondamentalement mauvais, ce n'est pas un ange mais de là à être un monstre! Les autres parlent beaucoup. Leurs ragots le dépeignent comme un futur Mangemort. Mais tu connais les rumeurs...
— Si tu le dis, lui répondit Hermione.
Ils avaient marché tout en parlant et elle était arrivée devant le tableau d'une vieille sorcière. Se tournant, elle ajouta :
— Je vais te laisser là, Will. C'est le portrait de ma salle commune.
A son grand étonnement, Will lança le mot de passe ("dragon de feu") et se tourna vers elle:
— Je t'avais dis que j'allais dans ta direction. Je viens voir Drago, il m'a donné votre mot de passe.
— Ah... fut le seul mot qui sortit de ses lèvres en entrant dans la pièce.
Drago était assis près du feu, un livre de Quidditch entre les mains. Il entendit la porte grincer. La pièce accueillit les nouveaux venus dans un silence étonné. Hermione et Will portaient chacun d'eux une pile de livres.
La surprise passée, il lança un "bonsoir!" pour montrer sa présence. Il n'aimait pas être mis à l'écart.
Hermione releva son regard vers Drago. Elle avait peur de lui. Il fallait que ça cesse. Une idée la traversa. Se tournant vers William, elle lui lança un éclatant sourire avant de lui déposer un baiser sur la joue en guise d'au revoir. Elle récupéra ses livres et partit vers sa chambre en lançant un léger "bonsoir messieurs!".
Avoir embrassé William Johnson lui avait semblé une bonne idée sur le coup. La présence de Drago Malefoy dans la pièce y avait été pour beaucoup. Il fallait qu'elle lui montre, qu'elle lui prouve, qu'elle ne s'intéressait pas à lui : quelle meilleure preuve que de s'intéresser à un autre garçon pour ce faire?
Drago avait pâli quand il avait vu Hermione embrasser William. La porte de la chambre refermée, il demanda avec un brin de jalousie dans la voix :
— Depuis quand tu connais aussi bien Hermione Granger?
William sourit. Maintenant il savait pour qui Malefoy en pinçait. Il faudrait qu'il ait une petite conversation avec Hermione.
— Depuis cet été.
Puis semblant chercher la formulation correcte, il reprit :
— On a des amis communs.
— Tu veux dire que tu as passé l'été avec elle?
Malefoy enrageait de penser que quelqu'un ait pu voir son Hermione pendant tout un été. Cela le mettait hors de lui.
— Calme-toi, Malefoy. Je suis sorti que trois ou quatre soirs avec elle et ses cousins. Ça n'avait rien de galant! Peut-être y aurait-il eu quelque chose si j'étais resté plus longtemps. Cette fille a du charisme et une aura particulièrement envoûtante. Mais je crois que tu en sais quelque chose, non?
Drago adopta une moue boudeuse avant de répondre :
— Oui, c'est vrai qu'elle a un je-ne-sais-quoi d'attirant.
Se reprenant, il ajouta :
— Mais qu'est ce que je fais, moi? Voilà que je me confie à toi!
— Voyons, Drago! On se connaît depuis quand? Cinq ans? malgré ce que tous tes camarades semblent penser, j'en sais plus sur toi que quiconque ici. Si tu me parles pas à moi, à qui vas tu parler? Tu en sais quelque chose, non?!
Il lui lança un sourire conquérant avant d'ajouter :
— Mais fais attention : je ne vais pas te laisser Hermione. C'est qu'elle me plaît bien. En plus, tu n'es pas son type.
Drago déglutit avant de lui renvoyer un sourire méchant :
— Tu veux la guerre? Elle ne m'aime peut-être pas maintenant mais bientôt ça sera différent.
Il éclata d'un rire bref.
— Non, tu sais bien à quoi ça nous mènerait. Aucun de nous ne veut en arriver à de telles extrémités.
Un lourd silence s'installa avant que William reprenne.
— Mais ne sois pas si sûr de toi, Drago. Le temps nous dira qui avait raison. Notre discussion me fatigue, je vais y aller. Bonsoir.
— Bonsoir, William.
La porte se referma, laissant le jeune Serpentard seul avec ses pensées. Le silence fut de courte durée. En provenance de la chambre d'Hermione, un bruit de verre brisé suivi de l'impact sourd d'un corps se firent entendre.
Drago bondit de son fauteuil vers la porte close. Il hésita et cria pour se faire entendre derrière l'imposante porte :
— Granger?! Granger répond! Tu vas bien?
Le silence le plus total lui répondit. Cette fois, il n'eut plus la moindre hésitation et pénétra dans la pièce sans trop de mal. Elle était là, inconsciente. Les débris d'un verre brisé éparpillés près de la commode à deux pas du corps d'Hermione. Son visage immobile reflétait l'immobilité de la mort. Pris de panique, Drago la saisit nerveusement, essayant de trouver un quelconque signe de vie. La poitrine de la jeune femme se souleva doucement et une expiration lui apprit qu'elle vivait. Il n'avait jamais ressenti la peur pour un autre que lui, avant. C'était un sentiment bizarre.
Il murmura :
— Ne crains rien. Je vais te conduire à l'infirmerie, mon ange.
Elle bougea un peu. Sa main droite saignait légèrement là où le verre l'avait écorchée. Drago s'inquiétait. Elle n'avait vraiment pas l'air d'aller bien.
Il entoura le corps d'Hermione d'une couverture avant de la prendre dans ses bras et de l'emporter jusqu'à l'infirmerie. Calme et immobile, elle ne bougea pas dans ses bras. Drago fut touché par sa beauté innocente et il ne résista pas au désir de déposer un chaste baiser sur son front.
Il aurait voulu que le trajet dure éternellement. Malefoy arriva bien vite à l'infirmerie de Madame Pomfresh qui veillait tard, occupée à classer quelques documents administratifs. Apercevant Malefoy et son fardeau, elle accourut à la rencontre du jeune homme et, prenant les choses en main, elle lui intima l'ordre de la suivre. Drago hocha la tête et obtempéra.
— Qui est-ce? demanda alors l'infirmière qui n'avait pas encore vue le visage enfoui de la jeune personne dans le cou du jeune Malefoy.
— Hermione Granger.
— Que s'est-il passé?
— Je ne sais pas. J'étais dans la salle commune quand je l'ai entendue tomber. J'ai frappé à sa porte. Personne n'a répondu. Je suis entré et je l'ai trouvée inconsciente. Je n'ai pas hésit une seconde. Je l'ai couverte et je vous l'ai amenée.
— Vous avez bien fait. Posez-la sur ce lit, je vais l'ausculter.
Se retournant vers lui, elle montra son bureau.
— Allez m'attendre là-bas.
Drago se dirigea vers la porte. Quelques minutes plus tard l'infirmière revint, fouilla dans sa pharmacie et en tira une petite fiole rouge.
N'y tenant plus, il lui demanda :
— Qu'est-ce qu'elle a? Va-t-elle mieux?
— Ne vous inquiétez pas, Monsieur Malefoy. Quand je lui aurai administré cette essence de mandragore, elle ira déjà beaucoup mieux.
Elle se dirigea vers la porte avant d'ajouter :
— Je reviens tout de suite.
S'arrêtant dans l'embrasure, elle lui intima :
— Surtout ne bougez pas. Il faut que je vous examine aussi. Je ne sais pas ce qu'elle a exactement.
Sur ce, elle repartit auprès de sa patiente et ne revint qu'une demi-heure plus tard.
Malefoy n'avait pas bougé. L'infirmière s'approcha de lui.
Il sursauta au contact de la main de Pomfresh sur son épaule. Relevant la tête, son regard inquiet croisa celui de l'infirmière. Il déglutit et demanda :
— Elle va s'en sortir?
L'infirmière sourit :
— Oui, vous me l'avez menée à temps.
— Qu'est ce qu'elle a?
— Je ne sais vraiment pas.
Allant fouiller dans sa pharmacie, elle en tira un petit pot transparent duquel elle tira une gélule verte qu'elle lui tendit.
— Avalez ça, Monsieur Malefoy. Quand ce sera fait, vous irez chercher Dumbledore*.
— Qu'est ce que c'est?
— Juste quelques vitamines sous forme de gélules. Elles vont vous calmer.
— Mais je suis calme ! s'énerva t il.
— Je sais Monsieur Malefoy, mais ne faites pas l'enfant. Il faut que je retourne auprès de ma malade!
— Très bien.
Il arracha la gélule de la main de Pomfresh, attrapa le verre qu'elle lui tendait, plaça la petite capsule sur sa langue et l'avala sans mal après une gorgée d'eau.
— Voilà, vous pouvez y aller maintenant.
Drago hocha la tête, maussade. Sortant de l'infirmerie, il se mit à courir jusqu'au bureau de Dumbledore. Les couloirs étaient désert. Il ne s'arrêta pas une fois pour reprendre son souffle. Son Hermione était souffrante et il ne savait pas ce qu'elle avait!
L'avoir confiée à l'autorité compétente de l'infirmière Pomfresh ne le rassurait pas. Elle avait été incapable de lui dire de quel mal la jeune fille souffrait.
Devant les deux grosses gargouilles, Drago Malefoy prononça le mot de passe que Pomfresh lui avait confié avant de refermer la porte de l'infirmerie derrière lui. L'escalier apparut. Une torche contre le mur derrière lui brûlait, il s'en saisit et commença son ascension.
La porte du bureau était là, devant lui. Il tapa trois coups bien sonores. Personne ne répondit. Il recommença plus énergiquement. Mais toujours personne. Pomfresh lui avait pourtant assuré que le Professeur Dumbledore veillait tard et qu'il serait là. N'y tenant plus, Drago actionna la poignet.
A suivre…
* Note de l'auteur : un bon délire que je me suis fait avec Cristal. Le même passage revisité par nous :
— Avalez ça, Monsieur Malefoy. Quand ce sera fait, vous irez chercher Dumbledore.
— Qu'est ce que c'est?
— Un vieux monsieur tout barbu, vous pouvez pas le manquer…
Le petit mot de l'auteur:
Je suis désolée, mais je ne pourrais pas mettre en ligne la suite de mon histoire avant au moins deux semaines… Examens obligent… Donc patience…
Le coin des reviewers :
Merci aux reviewers. La republication du chapitre un de Chassé-croisé a supprimé les 8 premières reviews que l'on m'avait envoyées… Je n'ai pu sauver que la dernière. Pour en garder une trace, je la publie ci-dessous:
From: billy(kacidi.fornaro@caramail.com) samedi 10 janvier 2004 02:14:31
Genial!
Au moins une fic bien ecris qui ne transforme pas hermione en gothique ou en
petasse blonde ou pas.Et qui respecte quand meme le caractere de miss.granger.
^_^
la suite?
please
Réponse à mes premières reviews :
Billy : Voilà la suite… Et qui sait? Peut-être Hermione se changera-t-elle en nouvelle bimbo? Non, non, n'aie pas peur, je rigole!
Kaorulabelle : Si je te disais maintenant tout ce qui va se passer par la suite, tu n'aurais plus de surprise (en fait, j'en ai aucune idée -_-' ). Alors sois patiente et tu le découvriras...
Link9 : Merci c'est la 3ème review que tu me fais, je suis flattée de ton assiduité.
Chevalière Cristal : Cristal t'es adorable va! Qu'est-ce que je ferais sans toi et ton ordi magique!... Sans Cristal, pas de mise à jour : donc un grand merci...
VirginRogue : Tu sais que Cristal m'as répondu un truc similaire la première fois que je lui ai fait lire! lol!
Pounkska : Merci. Je crois que côté longueur, là tu vas être contente.
Kmomille : Merci et oui la suite est là!
Granger : On n'est sûr de ce que Malefoy fait que quand il le fait... Sinon ce ne sont que des suppositions...
Fumseck : Merci j'espère que ce chapitre t'aura plu.
MissJames : Et oui, j'aime bien surprendre... Bon d'accord, j'avoue: ce n'est pas moi qui choisis ce que font mes personnages, ils sont maîtres de leurs propres destinées et je ne suis que l'humble pantin qu'ils ont choisi pour s'exprimer.
Tu poses de bonnes questions mais si je te réponds, je me connais je vais encore trop en dire... Je suis une incorrigible bavarde...
Tu sais qu'on a 2 points en communs? Le chevalier Cristal et nos prénoms... Ça fait bizarre de savoir que quelqu'un d'autre porte le même prénom. Brrr.... J'ai pas l'habitude! lol
Sherry : Merci, la suite est là!
Alba : Merci, et c'est fait... Les lecteurs sont vraiment les rois...
Encore merci…
Mahel
