CHASSE-CROISE - Petit Récapitulatif de l'Histoire : Les nuits d'Hermione sont troublées de rêves étranges. Dumbledore, Pomfresh et Rogue connaissent son secret. Un après-midi passé à la bibliothèque se révèle plus mouvementé que le lieu ne le laisserait présagé.

CHAPITRE 06 : Un Présent en Gage d'Amitié, la Paix serait-elle Scellée ?

Il faut plus que des paroles pour effacer les erreurs passées. Mais s'excuser s'est déjà un pas de fait. Encore faut-il en avoir la force.

Une nuit étoilée surplombait Poudlard. Le spectre pâle de la lune réfléchissait sur le lac une lumière pure. De vieux contes disaient que la première magie fut octroyée à la lune et que, depuis, elle en était la jalouse gardienne. Sa représentation divine était une jeune femme du nom de Séléné. Un corps irradiant une lumière lunaire et une chevelure composée de rayon de lune étaient ces principaux attributs. Bien des noms au cours du temps lui furent dévolus mais jamais sa principale fonction ne changea. Garante légendaire du pouvoir originel, sous le nom de Diane ou d'Artémis, elle était la protectrice des créatures de la forêt. Nombre de livres narraient avec emphase les sorciers téméraires qui avaient voulu s'emparer de ce pouvoir sans limite. La Belle n'avait jamais répondu. Aujourd'hui encore, les sorciers les plus âgés croyaient toujours en ces mythes d'un autre âge.

D'un pas léger, l'ombre blanche d'une silhouette suivait le contour du lac. Mais, brisée dans son élan, elle s'effondra près du rivage comme un château de cartes que l'on aurait soufflé.

Pieds nus dans l'herbe humide, la jeune fille avait glissé. Elle éclata de rire, plutôt surprise par sa chute. Son rire cristallin était emporté par le vent vers la masse sombre de la forêt interdite.

Soudain, elle se figea, tourna la tête vers la forêt et se rembrunit. Elle n'aimait pas l'impression de menace qui venait de la submerger. Elle prit le parti de les ignorer, peut-être s'en iraient-ils? L'esprit moins lourd, elle entreprit de se remettre sur pieds. Enfin debout, elle épousseta sa chemise de nuit blanche, mais encore une fois, elle s'arrêta et se retourna précipitamment pour fixer l'orée de la forêt.

— Inutile de me suivre, je ne viendrai pas !

Pas un murmure ne lui répondit. La nuit était seulement troublée par le hululement d'une chouette à quelques lieues de là. Le vent avait tourné et les essences suaves du bois envahir ses narines. Elle ne les voyait peut-être pas mais ils étaient là, leurs odeurs les avaient trahis.

— Vous m'empêchez déjà de profiter d'Akasha! Allez-vous aussi me priver de mes sorties? Je deviendrai folle, enfermée toutes les nuits dans ma chambre!

Un murmure inhumain, rocailleux, bestial lui parvint. C'était incompréhensible. Un quelconque promeneur n'aurait rien entendu. Mais elle était différente aujourd'hui, et pour elle, ces sons agressifs étaient des mots, des phrases, des appels.

Se bouchant les oreilles, elle secoua la tête :

— Non, arrêtez ça! JE NE SUIS PAS COMME VOUS!!!!!

Sa colère retomba, elle renifla bruyamment, essayant de ravaler les sanglots qui lui brûlaient la gorge. Elle se laissa tomber dans l'herbe et, se berçant d'avant en arrière, elle murmurait :

— Je ne suis pas comme vous.... Je ne suis pas comme vous... J'ai des amis... J'ai Akasha... Akasha m'aime, Akasha me protège... Avant je me sentais libre sous ses arbres... Akasha riait de sentir mes pieds nus la parcourir. Le vent la faisait rire. Mais maintenant que vous êtes là, je n'entends plus ses rires... JE N'ENTENDS PLUS SES RIRES!!!

A l'orée de la forêt, une ombre se détacha puis une autre, et encore une autre... Hermione compta une dizaine de silhouettes mais cela ne voulait rien dire. Elle en était sûre, cachés dans le sous-bois, ils étaient bien plus. Paniquée, elle recula, les yeux encore noyés de larmes.

— NON!!! N'approchez pas!

Un nouveau murmure, plus clair que la première fois, mais Hermione recula une nouvelle fois. Sa main entra en contact avec la surface glacée du lac. Elle comprenait tout mais ne voulait pas accepter.

— Je me fiche que vous ayez besoin de moi!!! Je ne viendrai pas! Jamais!

Comme pour la mettre au défi, l'un d'eux fit un pas. Un pas de trop pour Hermione. Acculée, sa fuite était impossible. L'étang, il n'y avait plus que lui, elle n'avait pas le choix.

La nuit était fraîche et l'eau glacée. Mais elle n'hésita pas : d'un bond, elle se leva. Sa manche droite lui collait à la peau et aspergeait le sol d'une pluie de fines gouttelettes.

Un dernier murmure d'encouragement :

— Allez ma vieille, courage!

Et Hermione sauta dans l'eau le plus loin possible du bord. Ses pieds touchèrent le fond boueux et elle donna une impulsion pour remonter à la surface. Un cri ou peut-être un hurlement avait déchiré l'obscurité. Hermione était transie de froid, mais s'éloigner d'eux était bien plus important. Quelques uns firent mine de vouloir la suivre mais celui qui se voulait leur chef les en empêcha d'un grognement.

Cette fois-ci elle avait réussi à s'échapper, mais en serait-il toujours ainsi?

Hermione ouvrit un oeil, puis l'autre. Maintenant, elle fixait la tenture du lit à baldaquin en se remémorant chaque détail de son rêve. Un frisson l'obligea à resserrer les couvertures autour d'elle. Ce songe lui avait laissé les bribes glacées de son plongeon dans le lac. Mais le froid qui l'habitait n'était pas seulement dû à ce rêve désagréable. La pièce était plus que fraîche, le feu était de nouveau mort dans l'âtre et n'avait pas été ravivé de toute la nuit. Se délestant de la montagne de couvertures dont elle s'était couverte, elle se leva. Ses pantoufles enfilées, elle prit sa baguette qu'elle avait posée bien en évidence sur sa table de chevet.

La pointe fixée sur la cheminée, elle énonça :

Incendio!

Un feu s'embrasa dans le foyer. Une lumière chaude inonda la pièce, jusque là encore dans l'obscurité. Sous l'alcôve, près de la cheminée, elle attrapa une autre bûche qu'elle jeta dans l'âtre pour nourrir les flammes nouvellement créées. Elle regarda le feu prendre, grimper, ronger la bûche avec appétit. Elle fut quelques minutes comme hypnotisée par leurs danses gloutonnes.

Accroupie devant le feu, elle apprécia la douce chaleur diffusée. Le froid reculait peu à peu face à cette onde de chaleur contre laquelle il ne pouvait gagner. Les dernières effluves glacées qui avaient envahi son corps sans qu'elle put s'en prémunir furent chassées prestement par les flammes. C'est soulagée qu'elle se leva.

Les tentures de velours étaient toujours closes. Il fallait y remédier.

Alohomora !

Les rideaux s'ouvrirent brusquement laissant de ce fait pénétrer tout aussi sauvagement la clarté naturelle et inimitable du jour naissant. Moins crue qu'en plein après-midi, la lumière avait envahi toute la pièce, conquérant la moindre parcelle d'espace encore plongé dans la nuit. La journée allait encore être belle.

Hermione fixa sa table de nuit. Bien en évidence, un objet de confection moldue composé d'un cadran coloré et de deux aiguilles de longueur différente. Un réveil matin qui fonctionnait grâce à deux petites piles. La "Fée Electricit" n'étant pas encore venue apporter sa magie à Poudlard, elle avait dû rayer de ses effets personnels tous ces objets bien utiles qui avaient besoin de courant alternatif. Heureusement qu'on avait inventé les piles! Quand Ron avait compris qu'aucune magie n'était à l'oeuvre, il en avait été tout émerveillé. Le réveil était bien utile à Hermione, et puis c'était un cadeau d'une grande tante pour son quinzième anniversaire. Elle ne se voyait pas ne pas utiliser ses objets moldus sous le simple prétexte qu'ils n'étaient pas magiques. C'était stupide d'oublier le monde d'ou elle venait.

— Huit heures... MMmmhhh....

Elle fit craquer les vertèbres de son cou. Les bras parallèles au prolongement de son corps, elle les étira au dessus de sa tête tout en se dirigeant vers la fenêtre. Quand elle en fut assez près pour contempler la Forêt Interdite, elle se sentit attirée par une force extérieure bien plus puissante qu'elle, sa forêt. Ses doigts fuselés entrèrent en contact avec le carreau froid, et sans s'en rendre compte, elle se prit à glisser sur les contours bien dessinés d'Akasha.

Depuis quand la forêt était-elle devenue sa forêt? Depuis quand avait-elle perdu son patronyme de "Forêt Interdite" pour endosser celui d'Akasha? Mais était-ce bien son nom? Peut-être l'avait-elle lu dans un de ses livres? Poudlard à travers les âges?

Non, elle n'avait lu ce prénom dans aucun de ses manuels sinon elle s'en serait souvenue, elle en était certaine. Elle n'était pas la meilleure élève pour rien, après tout. Pourtant, dans l'esprit d'Hermione, si une chose était claire c'était que sa forêt s'appelait bien Akasha. Alors d'où lui venait ce nom? La forêt lui aurait-elle fait cette confidence?

Le bracelet à son poignet, d'habitude normal, se refroidissait à toute allure tant et si bien qu'elle fut arrachée à ses pensées et s'écarta de la fenêtre. Il était temps de se mettre au travail, elle avait assez rêvassé! Sur sa table de nuit, elle trouva son livre de chevet. L'emportant jusque devant la fenêtre, elle s'installa dans le fauteuil le plus confortable da la pièce. Ainsi positionnée, elle regarda une nouvelle fois la couverture : Duendes de Coco Antifaz. En italique, un sous-titre complétait le titre principal : Los Hijos del Plenilunio o Lulù de la Noche. Hermione ébaucha un pâle sourire à ce titre plutôt ridicule. Elle n'était plus une enfant et certainement pas un gentil loulou. Mais elle ne pouvait pas vraiment juger, elle ne connaissait rien aux subtilités de cette langue. L'auteur était une sorcière d'Espagne assez célèbre pour ses ouvrages anthropologiques sur certaines espèces controversées. Hermione se souvenait d'avoir lu un article dans la Gazette du Sorcier lors de sa réédition en Espagne. Le journaliste avait écrit un article enflammé sur ce livre qui était pour lui un véritable scandale. Le Ministère de la Magie lui avait donné raison et en avait interdit la publication anglaise qui aurait dû suivre. Voilà qui expliquait pourquoi Pomfresh possédait l'ouvrage espagnol.

Hermione resserra le livre contre elle. L'infirmière n'avait rien dit lorsqu'à leur rendez-vous quotidien, elle s'était un peu trop épanchée sur ces songes étranges qui la hantaient chaque nuit. Assise sur le lit en face d'elle, Pomfresh avait souri en entendant l'ébauche simplifié des rêves d'Hermione. Elle avait compris. D'une armoire sous clef elle avait sorti un flacon de sirop et un livre hispanique. Elle s'était rassise en face d'Hermione et lui avait parlé d'une voix nostalgique d'un passé révolu.

— Je ne pensais pas avoir un jour à réutiliser ces objets. Mais la vie aime nous surprendre.

Elle n'attendait pas de réponse, il s'agissait juste là d'une constatation.

— Je me suis procurée cet ouvrage il y a plus de vingt ans maintenant! Déjà... que le temps passe vite! Rubéus... Euh... Enfin, Hagrid avait réussi à se le procurer dans l'allée des Embrumes. Ah, brave homme! Il n'a jamais posé de question et pourtant, Merlin m'en est témoin, il aurait pu avec tout ce que je lui demandais à l'époque! Mais enfin bon, ce n'est pas de cela dont je voulais vous parler, Mademoiselle Granger.

Hermione l'encouragea à poursuivre d'un sourire attentif.

— Il y a vingt ans, je venais de prendre mon second poste, ici à Poudlard, et je n'avais pas été préparée à ce que je devais y soigner. Le Ministère ne nous apprend pas grand chose sur certaines créatures...

Sa voix avait faibli, elle avait encore du mal à parler de cela...

— Vous pouvez le dire, je ne m'en formaliserai pas. Je vous assure.

— Excusez-moi, j'oublie toujours que les élèves sont beaucoup moins prudes d'année en année. Donc, pour parler plus crûment comme vous me le conseillez, le Ministère n'avait rien à foutre des élèves atteints de lycanthropie. Si Dumbledore leur avait demandé leur avis au sujet de l'admission de monsieur Lupin, ils n'auraient jamais accepté. Je n'ai rien à vous apprendre sur ce sujet, vous connaissez leur nouvelle politique. L'épuration! A quand les chambres à gaz? Que les hommes sont stupides!

La voix d'Hermione la rappela doucement à l'ordre.

— Madame... Donc, vous avez acheté ce livre pour mieux vous occuper du Professeur Lupin?

— Oui, mais il n'était pas encore professeur à cet époque-là et vu les tentions au ministère, il n'est pas près de retrouver un poste. J'espère qu'il se cache parce que j'ai bien peur qu'une chasse aux sorcières d'un autre ordre ne voit le jour dans peu de temps. Même cette vieille taupe de Trelawney se doute que ça va mal finir! Pour vous dire... Oh, excusez moi, je m'égare encore! Que voulez-vous? Avec l'âge on ne se refait pas. Vous êtes le troisième cas de lycanthropie de ma carrière. Le premier... c'était avant Poudlard, une terrible tragédie... Le second était Monsieur Lupin pour qui je ne savais presque rien. Heureusement que Dumbledore était là : lui, il savait. Et puis les parents de Lupin étaient des gens bien préparés. Ils adoraient leurs fils. Quand il s'est fait mordre.... C'est comme si le monde s'était écroulé. Mais c'était leur petit garçon! Alors ils l'ont bien protégé, de lui-même comme des autres. Monsieur Lupin père avait une collection importante et c'est lui qui m'a conseillé l'achat de ce livre. Vous y trouverez beaucoup de réponses. Un chapitre entier est réservé aux rêves et rien que la première moitié vous parle des effets de la transformation sur votre métabolisme. Il explique pourquoi vous souffrez et comment, au mieux, vous soigner.

— Et ce sirop?

— C'est un sirop tiré à partir d'une des recettes de ce livre. Ca a un arrière-goût myrtille pas mauvais, d'après ce qu'on m'a dit. Il va ralentir votre sécrétion hormonale. Les loups garou réagissent plus violemment qu'un être humain normal lors du passage de l'enfance à l'âge adulte. C'est le loup en vous qui grandit, lui aussi. Mais je ne vais pas vous embrouiller l'esprit plus qu'il ne faut. Vous trouverez une bien meilleure explication dans l'ouvrage d'Antifaz. Prenez simplement une cuillère à soupe matin et soir. Quand la bouteille sera à moitié vide, venez me prévenir... Il faudra un peu de temps au professeur Rogue pour en concocter un autre flacon. Les ingrédients en sont rares. Bon, je vous ai assez retardée ce soir. Allez, ouste! Au lit, jeune demoiselle!

C'était la plus longue discussion que Pomfresh et elle n'avaient et n'auraient sans doute jamais plus. L'heure du couvre-feu était passée d'une demi-heure, Hermione était rentrée calmement sans rencontrer âme qui vive. A part peut-être l'intervention d'un certain esprit frappeur. Mais on ne pouvait vraiment pas identifier comme "vivant" Peeves, bien que son apparition avait été tout ce qu'il y a de plus animée. Il avait traversé deux fois consécutives le couloir de l'aile est en hurlant que son caleçon était en feu. Absurde, vraiment absurde comme blague pour un fantôme. C'est vrai qu'il était un peu fou, mais ces derniers temps, ça virait vraiment à l'idiotie.

En rentrant dans ses appartements, elle avait trouvé un paquet sur la table basse devant le feu. Il y avait une carte accrochée sur le côté.

Curiosité quand tu nous tiens! Hermione ne put résister à l'envie d'en consulter l'auteur. Ce devait être un présent d'une admiratrice de Malefoy. Elle voulait juste jeter un oeil, elle ne ferait rien de mal. Mais si le Serpentard la surprenait? Oh, ce serait de sa faute! Il n'avait pas qu'à laisser traîner ses affaires. Et puis, elle n'aurait qu'à prétendre avoir cru qu'il était pour elle. C'est ça, il n'allait jamais croire une chose pareille! Même le paquet était à l'effigie de la maison du serpent : vert et argent. Il n'allait sûrement pas la croire... Elle n'avait qu'à ne pas se faire prendre!

Hermione vérifia d'un rapide coup d'oeil que la porte de son homologue masculin était toujours bien close et elle se rapprocha. Elle se laissa tomber sur le fauteuil le plus proche de la table basse et tendit la main jusqu'à la petite carte. Un autre rapide regard vers la porte : rien. Elle souffla de soulagement et retourna la carte.

La première chose qui lui passa par la tête fut :

— Qu'elle est stupide, la groupie s'est trompée de nom! Les initiales de Malefoy sont "MD".

Mais avant d'aller plus loin dans ses hypothèses, la lettre bien dessinée d'un G majuscule lui fit manquer une inspiration.

C'était son nom! Son nom à elle! GH, Hermione Granger! Comment était ce possible? Elle ne connaissait personne chez les Serpentards!... En tout cas, personne qui pouvait avoir ce genre d'attention.

Il fallait qu'elle sache. Elle parcourait le petit mot quand la voix de Malefoy la fit sursauter.

Le jeune homme était là, tout sourire. Depuis quand était-il ainsi accoudé au-dessus du fauteuil ?

— Alors, tu vas l'ouvrir?

— Cela ne te regarde pas. Je n'ai même pas fini le message!

— Si ce n'est que ça, finis.

Pourquoi se montrait-il si courtois? En lisant les trois dernier mots elle blêmit : Bien à toi, Drago Malefoy. C'était donc lui l'auteur de cette carte! Qu'il y avait-il dans le paquet? Une bombe? Non, les sorciers ne faisaient pas de bombes mais peut-être bien un mauvais tour! Elle était maintenant plus que réticente à en découvrir le funeste contenu.

— Alors? s'impatienta-t-il.

— A quoi t'attendais-tu ? cracha-t-elle, agressive.

— Je ne sais pas, peut-être que tu l'ouvres! C'était le but recherché quand je l'ai emballé!

— Franchement tu ne crois quand même pas que je vais tomber dans un piège aussi stupide! Les jumeaux Weasley l'ont expérimenté bien avant toi! Tu te rappelles la tête de Rogue en troisième année?

Malefoy ne put retenir un sourire au souvenir du professeur de potion.

— C'étaient donc eux!

Hermione se mordit la lèvre inférieure d'avoir été si bavarde.

— Ne t'inquiète pas je ne dirai rien, voulut-il la rassurer. Mais tu devrais l'ouvrir, tu n'as aucune raison de douter de moi... Bon, d'accord, tu as des raisons! Et si je te donne ma parole que ce n'est pas un piège, ça te convient mieux?

— Non.

Ca avait le mérite d'être clair.

— Dois-je te rappeler que c'est moi qui t'ai portée à l'infirmerie?

— C'est vrai. Mais c'est toujours non.

Oh, qu'elle était têtue à la fin!

— Mais pourquoi, maintenant que tu sais que ça ne t'explosera pas à la figure?

— Mais parce que... On ne fait pas de cadeaux sans raison à sa pire ennemie! Ca n'a aucun sens!

— D'un, tu n'es pas mon ennemie. Et de deux, accepte-le comme gage de remerciement pour m'avoir sauvé la vie l'année dernière.

— C'est bizarre... Moi je me souviens de remarque bien senti le jour de la rentrée et d'un baiser forcé.

Malefoy se rembrunit et la regarda, un peu embêté. Lançant d'un air faussement surpris :

— Vraiment ? Tu es sûre?

— Bien sûr! dit elle, offusquée.

Son regard s'illumina.

— Faisons table rase des conflits passés! déclama-t-il.

— Passés? Ah bon? Nous n'avons pas la même notion du temps.

— Tu vas arrêter de plomber toutes mes bonnes idées pour faire la paix!

— Tu veux faire la paix?

— Ben, oui.

Hermione éclata de rire. Ca c'était la meilleure de l'année! Drago Malefoy, le grand pourfendeur de Sang-de-bourbe, voulait faire la paix!

Son regard sérieux, la flamme dans ses yeux aciers, stoppèrent son fou rire.

— Tu es vraiment sérieux? Si j'accepte, tu te comporteras comme une personne normale en ma présence? Tu cesseras d'appeler les sorciers d'ascendance moldue "Sang-de-bourbe"? Et tu...

— Oh, vas-y mollo! C'est déjà un bon début, non? la coupa-t-il.

— Oui, c'est vrai que si tu arrives à faire ça, ça tiendra déjà du miracle!

— Alors? Amis?

— On n'est plus en guerre, c'est déjà ça! Et tu ne m'embrasses plus jamais, compris? ajouta-t-elle plus sèchement qu'elle n'aurait voulu.

— Oui, plus jamais... sans ton accord.

— Je vais prendre ça pour un oui.

Comme si elle allait sérieusement lui permettre de l'embrasser! Fallait être malade pour penser ça.

— Amis? demanda-t-il de nouveau.

— Disons que je te mets à l'essai.

— Je prends ça pour un oui.

Elle sourit s'approcha. Et ils se serrèrent le bras. Ils murmurèrent tout deux :

— Parole de sorcier!

Le pacte était scellé, en briser les conditions avait des retombées magiques plus que déplaisantes. Perte de cheveux, de dents, de pouvoirs dans les meilleurs cas...

Leurs bras de nouveau libres, Hermione retourna au paquet toujours à sa place sur la table, sous le regard vigilant de Drago. Son regard sur sa nuque n'avait rien de tranquillisant. Les hostilités avaient peut-être cessé mais il lui faudrait du temps pour qu'elle lui accorde sa confiance.

— Quoi, Malefoy? s'énerva-t-elle en se retournant.

— J'ai rien fait ... dit-il, tout innocent.

— Je sais bien! Mais tu veux bien te déplacer, ça me rend nerveuse que tu sois juste au-dessus de moi à me surveiller. Place-toi là-bas, tiens, sur ce fauteuil.

— Ah, les filles, toutes les mêmes! Jamais satisfaites! dit-il en s'exécutant d'un air un peu trop important au goût d'Hermione.

Mais pour qui il se prenait, ce crétin? Quel macho!

Drago ne vit pas le coussin arriver et le reçut en plein visage. S'il n'avait pas été aussi surpris et vexé, il aurait même dit qu'Hermione visait bien... pour une fille.

— Qu'est-ce qui te prend? Tu l'as fait exprès! s'emporta-t-il.

— Bien sûr!

— Je croyais que notre accord stipulait l'arrêt des hostilités!

— J'aurais fait ça pour n'importe quel autre ami un peu trop sexiste!

— Et qu'est-ce qu'on reçoit quand on n'est pas un ami? Un piano?

— Peut-être bien, lui dit-elle, le sourire aux lèvres et un brin de malice dans les yeux.

C'est qu'elle aurait pu le faire! Peut-être pas un piano mais un truc bien tordu qu'il aurait senti passer. Un peu troublé, il répondit :

— Ca a du bon, finalement, d'être dans les petits papiers de Granger.

Le moment n'était pas encore venu de l'appeler Hermione. Trop d'éléments les opposaient toujours.

— Allez, ouvre ton paquet maintenant! Je vais finir par croire que tu n'en veux pas!

Attrapant le petit objet une nouvelle fois, elle le fit tourner en tout sens pour trouver le point de faiblesse dans l'emballage par lequel elle pourrait commencer sans endommager le papier. Une manie totalement grangerienne.

— Tu l'ouvres ou tu comptes l'observer encore comme ça jusqu'a ce qu'il te réponde?

— Ca peut parler?

Drago éclata de rire. Hermione piqua un fard, vexée de s'être laissée emporter. Et sans se laisser plus de temps, elle attrapa sa baguette, énervée, et lança le sort:

Alohomaprer!

La formule d'ouverture facile des emballages permettait de ne pas abîmer le papier qui était souvent enchanté. Certaines de ces anciennes camarades de chambrée conservaient ces emballages comme de véritables reliques. La plus impressionnante avait été sans doute celui qui chantait Oh, Mon Amour et que Pavarti Patil avait reçu l'année dernière pour la Saint-Valentin.

Quelle idiote elle était, quand même! Elle aurait pu lancer le sort plus tôt et Malefoy n'aurait pas eu l'occasion de se moquer ainsi d'elle.

D'ailleurs, il s'était tu pour mieux observer ses réactions face à l'écrin rouge. Mais que pouvait-il bien contenir? Un bijou, idiote! Peut-être une bague? Non, quand même pas, il n'aurait pas osé... quoique... Non mais ça ne va pas! Elle ne voulait à aucun prix recevoir un tel gage de Malefoy. Si c'était une bague, elle lui rendrait et tant pis si ses cheveux tombaient! De toute façon, elle aurait bientôt des poils tant quelle en voudrait une fois par mois! Mais à quoi pensait-elle? Devenait-elle stupide au contact de Malefoy ou quoi?

Hermione récupéra l'écrin et l'ouvrit.

Drago la regarda et un hoquet de surprise le pétrifia quelques secondes. Elle avait fermé les yeux. Une vraie gamine... mais qui avait de si charmantes formes! Il toussota pour s'éclaircir la gorge.

— Ouvre les yeux, ça va pas te manger! Tu fais toujours autant d'histoires quand on t'offre quelque chose? Ca doit être pratique à Noël!

Vexée, elle ouvrit les yeux et resta interdite devant le petit bracelet d'argent.

— C'est du vrai? Non, non, ne réponds pas.

— Non, bien sûr...

Elle releva la tête surprise.

— Idiote! C'est évident que c'est du vrai, standing Malefoy oblige.

— Crétin.

Il ne fit pas cas de sa remarque et continua.

— C'est ça la classe.

Hermione grogna :

— Tu veux un autre coussin ou tu préfères un piano?

— Ouitch! Ca fait mal! Ta répartie m'a vraiment blessé.

— Arrête de jouer la comédie et viens plutôt me dire comment ça s'ouvre, ce truc. Encore un machin tordu made in Malefoy?

— Ah! ah! ah!... Arrête je vais mourir de rire, se moqua-t-il. Donne-moi ça.

Il attrapa le bracelet rigide et ouvrit le mécanisme assez simple qui était dissimulé derrière le sceau des Malefoy : deux serpents s'entrelaçant pour former un M.

— Quel bras? lui demanda-t-il.

— Le gauche, ça me gênera moins pour écrire.

Le "clic" de fermeture se fit entendre et Malefoy s'éloigna d'elle. Hermione fit glisser le bracelet jusqu'à son poignet. D'aspect rigide, il se mit à rétrécir pour atteindre la bonne dimension, ni trop petit, ni trop grand. Surprise, elle releva les yeux pour croiser le regard brillant d'amusement de Malefoy.

— Magique?

— Bien sûr.

— Et il fait autre chose à part s'adapter au poignet de celui qui le porte. Eh, oh, ça chauffe! s'écria-t-elle. En plus, il s'ajuste à ma température corporelle!

Pour toute réponse, il se contenta de hausser les épaules. Il partait rejoindre ses quartiers sans lui en dire plus.

— Tu fuis? ... Quels pièges comportent ce cadeau? demanda-t-elle, de nouveau suspicieuse.

— Aucun, Granger. Je veux juste te laisser le plaisir de découvrir ses vertus par toi-même. Bonne nuit, lui lança-t-il en lui faisant un dernier signe de la main avant que la porte ne se referme.

Hermione avait quitté la pièce aussitôt après lui. Il était tard et les potions de Rogue l'épuisaient. Elle avait sagement pris sa cuillère de sirop qui avait effectivement un bon goût pour une fois. Et confortablement installée dans son lit, elle avait commencé à parcourir le livre de Pomfresh. Trop fatiguée, elle n'avait fait que le survoler. C'était le premier livre sur les lycanthropes qu'elle trouvait de réellement intéressant.

Hermione desserra son éteinte autour du livre. Toujours assise dans son fauteuil, sous la fenêtre, elle fit jouer le bracelet sur son poignet. Sous ses doigts, il était en relief, pourtant elle aurait juré que la veille encore il était lisse. Encore un tour de Malefoy! Pour l'instant, il vaudrait sans doute mieux qu'elle le dissimule sous ses manches. Comme ça, ni vu ni connu! Personne ne supposerait son existence et elle respecterait par la même occasion sa part du marché.

Sur la table de nuit, son réveil indiquait 10H32. Il fallait qu'elle se bouge si elle ne voulait pas rater le petit déjeuner. Le week-end, le réfectoire servait le petit déjeuner jusqu'à 11H. Ensuite, après le dernier coup de l'horloge, le menu changeait et on commandait son déjeuner, et cela jusqu'à trois heures. Suivait après, le goûter.... En gros, le réfectoire était un libre service ouvert toute la journée. Tout le monde y trouvait son compte, les lève-tôt comme les lève-tard.

Hermione attrapa son chandail rouge dans son armoire. Elle était enfin prête. Pas trop tôt, sachant qu'elle devait rejoindre Harry et Ron au réfectoire à onze heures moins le quart et qu'il était 10H45.

— Et zut! Je suis en retard!

Elle ramassa sa baguette, qu'elle avait négligemment jetée dans son fauteuil, et elle la fourra dans sa poche avant de partir en courant pour essayer de minimiser un maximum son retard. Après tout, si elle avait l'air un peu essoufflée, ce ne serait pas plus mal. Ses deux amis n'auraient pas le coeur à l'accabler.

A son entrée dans la salle commune, elle sursauta quand Pattenrond, d'habitude si affectueux, se mit à enfler et cracher en grognant.

— Je sais, moi aussi je t'aime mon grand!

La réplique cinglante de Malefoy la fit sursauter :

— C'est pas de l'amour, c'est de la rage! Qu'est-ce qu'il a ton chat, Granger? Il a bouffé de l'hippogriffe?

— T'occupe! Ca va lui passer. Bon, c'est pas que je m'ennuie, mais je suis en retard!

— Encore!

Mais la porte s'était déjà refermée.

Hermione marchait d'un pas pressé. Pattenrond ne se calmerait pas, elle avait menti à Malefoy. Depuis quelques mois déjà, le chat ne la supportait plus. Son regard se troubla, il faudrait peut-être qu'elle s'en sépare.

Drago regarda encore une fois la porte close. Elle ne saurait donc pas, tant pis pour elle.

Pattenrond s'était calmé et ronronnait tranquillement au coin du feu. Encore quelque chose qu'il faudrait découvrir. Encore un mystère qui s'ajoutait au charme de Granger.

A Suivre...

Le petit mot de l'auteur : Ahhhh! Encore un chapitre de fini^^ Ouf! J'espère que vous aimez ce retour en force de Drago! Christal, qui a la primeur de mes écrits, aime donc j'espère que son avis sera aussi le vôtre. Je ne pensais pas l'écrire si rapidement... Comme quoi^^ même la coupure de courant qui m'a fait perdre la fin du rêve d'Hermione ne m'a pas découragée! (Bon c'est vrai sur le moment, ça m'embêtait un peu...) Bon, j'arrête là, personne ne lis jamais ce truc de toutes façons. Mahel, le dimanche 29 Février 2004

Le coin des reviewers :

Frite12 : C'est bien, j'ai justement dit qu'Andréanne Malfoy avait trouvé pour que ceux qui voulaient vraiment savoir puissent tout simplement lire sa review. Et que ceux qui voulaient trouver par eux-mêmes puissent le faire aussi. Tu sais, j'ai beaucoup jonglé avec les mots pour ne pas trop en dire. Ca a été dur. Les rêves changent mais Drago revient en force, j'espère que ça te plaira.

Laure : J'ai trouvé ta review toute mignonne. La suite est là, comme ça tu vas pouvoir constater par toi-même si ton idée sur le mal qui ronge Hermione était juste. Merci pour ta review.

Sherry : Voilà la suite et tu supposes bien.

Cily :
Désolée, il n'y a pas encore de fin pour l'instant... Je ne pense pas pouvoir dépasser les neuf chapitres mais qui sait?

Chevalière Cristal : *Mahel rouge pivoine* Alors toi, je te retiens! (Une petite bombabouse dans ton placard?) C'est mignon tout plein tout ce que tu me dis là! T'es vraiment trop gentille! Mais je t'arracherai les yeux si tu recommences? (Façon de parler bien sûr, je l'adore ma Cristal!) Personne n'a besoin de savoir que je suis une perpétuelle enquiquineuse qui doute énormément de son travail et qui trouve que ces amis ont bien du mérite de la supporter. Ps: Arrête de me taper sur la tête!

Andréanne Malfoy : Ben oui, la seule à me le rewiever en tout cas. Ca m'a fait très plaisir surtout que tu n'as pas parlé seulement de loup garou mais aussi de lycanthropie et ça c'était vraiment un plus! La forêt, ou devais-je plutôt dire Akasha, a une place importante dans le coeur des loups, il est normal que j'en parle^^... Je te remercie et j'espère que ceux qui reliront les premiers chapitres après avoir lu celui-ci retrouveront tous ces petits indices que j'ai eu un mal de chien à pas trop mettre en avant pour que ce ne soit pas trop flagrant.

De gros merci à tout le monde. Mahel