Auteur : Akemi
Traductrice : Yami Flo
Disclaimer : Yoroiden Samourai Troopers, aka Ronin Warriors ou les Samourais de l'Eternel, appartient à Hajime Yadate. L'histoire originale est la propriété d'Akemi. Je ne suis que l'humble traductrice.
Chapitre 7 : Feux Ardents Dans Les Collines
Un petit garçon de six ans courait dans la forêt. Ses cheveux noirs étaient en bataille alors qu'il courait droit devant lui, sans se soucier du chemin qu'il suivait. Des larmes coulaient en cascades ininterrompues sur ses joues depuis ses yeux bleus. Les buissons égratignaient ses bras et ses jambes mais l'enfant n'y prenait pas garde. Il ne faisait attention à rien. Il avait vu le visage déchiré par les larmes de sa grand-mère et avait compris l'affreuse nouvelle.
« Père ! »
L'enfant cria mais il n'y eut pas de réponse. La camionnette de son père gisait là où il l'avait laissé deux semaines plus tôt pour son voyage, caché dans les profonds sous-bois. Il l'utilisait souvent pour observer la faune du coin, et l'enfant s'accrochait à la pensée irrationnelle que peut-être son père avait été là tout du long, les trompant tous. Mais alors que l'enfant s'approchait du véhicule, il n'y eut pas de grande silhouette courante, pas de chaleureux accueil. Il cria à nouveau et se jeta sur le siège arrière du véhicule. Il était froid et il n'y avait aucun signe de son père. Des larmes chaudes s'écrasèrent sur le plancher de métal alors que l'enfant ramenait ses genoux contre sa poitrine et se balançait d'avant en arrière, se sentant très seul.
Une silhouette silencieuse cachée dans les ombres examina les actes de l'enfant et hoqueta quand quelque chose de rouge attira son attention et engouffra tout, le laissant lui et l'enfant dans une mer de lave à l'intérieur d'un volcan. L'enfant paraissait totalement inconscient du fait qu'il était observé mais tourna des yeux interdits vers un homme vêtu de robes blanches qui tenait un bâton et portait un chapeau de paille. L'homme sembla converser avec l'enfant cependant l'observateur silencieux n'aurait pu dire quels mots ils échangeaient. Alors l'homme pressa le haut de son bâton contre le front de l'enfant et une lueur rouge aveugla tout. La silhouette cligna des yeux et se retrouva assis à côté de l'enfant dans le siège arrière qu'il avait vu plus tôt. Un bébé tigre aux yeux bleus lécha le visage du petit et ce dernier le serra fort. L'enfant releva alors la tête et tourna ses yeux bleus tigre vers l'étranger. Ils brillaient avec un calme qui contredisait la précédente colère de l'enfant. La voix qui sortie de sa bouche paraissait bien trop vieille pour son âge et sonnait avec sagesse et compréhension.
« Crois-tu au destin, Ryo du Brasier ? »
La silhouette sursauta à l'utilisation de son nom et il réalisa alors qu'il faisait face à une plus jeune version de lui, la bouche grande ouverte. L'enfant lui sourit et le bébé tigre leva la tête, ses yeux bleus s'assombrissant pour devenir bruns. Alors qu'il relevait la tête, la scène se fondit dans le rouge et s'estompa dans le néant, laissant un Ryo abasourdi flotter au milieu des ténèbres. Les ténèbres ne s'éclaircirent pas, mais se fondirent plutôt pour prendre la forme d'immeubles massifs qui semblaient familiers. Ryo atterrit sur l'un des bâtiments, ses mains exerçant une prise mortelle sur la pierre. Le terrain se mit à s'éclaircir, révélant le mystérieux endroit comme étant le centre de Tokyo et Ryo observa les rues adjacentes avec une grande confusion. Les rues normalement animées étaient vides ; dénuées de toute vie. Aucune lumière n'illuminait la rue et un épais brouillard s'étendait entre les sombres allées. Frissonnant à cette vue, Ryo leva les yeux et les planta grands ouverts sur le ciel obscurci par de gros nuages sombres tourbillonnants. Au centre de cette masse se trouvait un château. Un château ténébreux qui ressemblait à ceux du Japon féodal, ceux dans lesquels les shoguns des temps passés avait résidé. Mais les poutres étaient obsidiennes et la lueur verdâtre qu'elles reflétaient était surnaturelle. L'air était chargé de malice et Ryo sentit son estomac être gagné par la nausée. Le palais commença à miroiter et un visage translucide apparut devant. Il avait un masque rouge hideux et un casque bleu gris sombre avec des cornes d'ivoire protubérantes. Des cheveux filandreux blancs s'échappaient du casque et bougeaient sous une brise irréelle. Ryo recula contre le bâtiment, dans une tentative de se cacher de l'apparition ricanante qui, il le savait, le chercher. Le visage eut un rire démoniaque devant la figure tremblante de Ryo.
« Ainsi je t'ai finalement trouvé, Ryo du Brasier ! Contemple le pouvoir de la Dynastie ! »
Des chaînes apparurent de nulle part et entourèrent le corps de Ryo. Il hurla de douleur quand les chaînes s'enfoncèrent dans sa chair. Un rire saccadé couvrit ses cris. Ryo se débattit pour se libérer mais les chaînes le tenaient bien alors que la figure s'approchait plus près, jusqu'à ce qu'elle bloque son champ de vision. Ryo contempla le visage avec peur, ses yeux bleus dilatés et sa gorge sèche à cause des hurlements. Un sourire agita les lèvres du visage tandis qu'il observait la pathétique forme se tortillant.
« Tu es faible, » ricana la voix retentissante, « Indigne de l'armure, mais elle est toujours liée à toi et je la veux ! Donne la moi ! »
« Ahhhhh ! » Ryo hurla quand des éclairs violets se dégagèrent des chaînes pour l'électrocuter.
« Donne moi l'armure ! »
« Arrêtez ça ! Arrêtez ! » Hurla Ryo. L'énergie continua à déferler sur lui et ses cris torturés devinrent de plus en plus puissants jusqu'à ce que…
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Ryo se redressa brusquement dans son lit, les côtés haletants. De la sueur inondait les draps blancs qui se collaient à son corps et ses poings étaient serrés sur le bord de sa couverture. Pendant un moment, il échoua à reconnaître son entourage et se fut seulement un coup de langue chaude qui le ramena à la réalité. Sa respiration saccadée se ralentit et il enfuit la tête dans ses mains. C'était seulement un rêve. Ryo baissa les yeux pour voir White Blaze penchait la tête avec une véritable inquiétude pour la santé de son maître. White Blaze donna un nouveau coup de langue et se releva pour se presser contre les côtés de Ryo. Ryo leva une main pour caresser la large tête du tigre et il ronronna de plaisir. Ryo contempla la forme de son tigre de manière absente tandis que son esprit tentait de donner u sens à ce qui venait d'arriver. Un rêve. Mais c'était si réel. Le tigre se frotta à nouveau contre lui et des yeux bruns rassurants se posèrent sur lui.
« Tu as raison vieux. C'était seulement un cauchemar. »
Ryo secoua la tête pour effacer les derniers effets du rêve et se rallongea sur les couvertures dans une tentative de retrouver le sommeil. Mais même s'il essayait, le sommeil ne le submergeait pas et Ryo continua de voir l'horrifiante apparition avec son rire mauvais.
« Donne-moi l'armure ! »
Ryo abandonna le sommeil et se dirigea à pas tremblants vers la fenêtre. White Blaze surveilla chaque mouvement de son maître, ses yeux bruns le regardant toujours avec inquiétude. Ryo tira sur la corde et ouvrit les rideaux, permettant aux rayons du soleil d'entrer et de chasser les ténèbres à la fois de sa chambre et de son esprit. Je dois avoir dormi toute la journée. La lumière passant à travers la fenêtre était celle d'un début d'après-midi. Le ciel bleu était sans nuage et il n'y avait pas d'ombre pour marquer les rochers de la montagne qui se dressait près de chez Ryo. La forêt verte était florissante de vie alors que diverses variétés d'oiseaux faisaient paresseusement des cercles dans l'air. Une douce brise ramena de délicieux parfums de fleurs de la vallée et les rivières serpentaient comme des courants miroitant de glace bleue sous le soleil. Ryo soupira, sentant la terreur du rêve s'évanouir sous la langueur de l'après-midi.
Un coup à la porte ramena à la maison les pensées vagabondes de Ryo et il alla ouvrir, clignât des yeux de surprise lorsque le visiteur se trouva être son Grand-père. Grand-père Sanada ri doucement devant l'expression confuse de son petit-fils.
« Alors tu es finalement réveillé ? Je pensais que tu allais rester au lit pour toujours. »
Ryo cligna des yeux devant lui et eut un long bâillement. Son visage se fendit en un petit sourire et ses yeux bleus accrochèrent ceux de son Grand-père. « J'y ai songé mais je me suis figuré que je devais me lever. » Ryo bailla à nouveau. « J'étais vraiment fatigué. »
Grand-père Sanada observa l'expression penaude de son petit-fils. « Je pense bien ! Revenir presque à l'aube ! Ta Grand-mère et moi étions morts d'inquiétude ! » Le réprimanda-t-il.
Ryo baissa la tête et grimaça. Ses grands-parents étaient restés debout toute la nuit à se demander où il était passé. Il leur avait dit qu'il sortait avec des amis ce soir mais il n'avait pas prévu de rentrer si tard. Ryo baissa la tête et tenta de s'excuser. « Je suis désolé Grand-père. »
Grand-père Sanada soupira. « Oh, tu es pardonné pour cette fois. C'est bon de voir que tu t'amuses avec des amis, mais ne refait plus jamais ça, d'accord ? »
« Oui. » Ryo répondit tranquillement à la constatation d'un ton si triste qui fit que Grand-père se mit à le regarder avec inquiétude.
« Est-ce que ça va, Ryo ? »
Ryo releva la tête et réussit à sourire gaiement. « Ouais, juste encore un peu endormi, je pense. » Il tourna des yeux plaidants vers son Grand-père. « Et légèrement affamé. »
Grand-père Sanada sourit à cela et tendit une main pour ébouriffer les boucles noires de Ryo. « Mamie aura terminé nos repas dans un petit moment, je crois. Ton petit-déjeuner et notre déjeuner. » Il passa son bras autour de Ryo et le serra contre lui avant de le diriger vers la salle de bain. « Pourquoi n'irais-tu pas te laver ? »
Ryo trouva cet avis parfaitement à son goût et il se dépêcha de filer à la douche. L'eau chaude chassa toute trace restante des terreurs du rêve et Ryo soupira, tremblant du cauchemar. Il secoua la tête et des gouttes d'eau tombèrent partout, ses mèches noires pendantes. Se sentant complètement rafraîchis, Ryo essuya l'eau en excès et mis son jean et son tee-shirt favori. Quand il retourna dans sa chambre, White Blaze se leva du tapis où il s'était rendormi pendant que Ryo était sous la douche. Maintenant il bailla à s'en décrocher la mâchoire et s'étira, puis s'avança pour donner un coup de tête dans les jambes de Ryo, grondant. Ryo lui sourit et lui tapota la tête.
« Ouais, je vais bien, vieux, » rassura-t-il le tigre. Il baissa les yeux pour donner au tigre un dernier regard quand un flash de rouge attira son attention. Une rapide observation de la chambre révéla la sphère rouge tombée que Ryo avait commencé à appeler son orbe à « Kanji » à cause du kanji tournoyant dans les profondeurs de verre. Pestant, Ryo alla la récupérer quand un souvenir l'assaillit violement. Sa main toucha la sphère et elle étincela, envoyant une vive lueur rouge dans toute la pièce. Vertu. Le mot fut murmuré dans son esprit. Les yeux de Ryo s'agrandirent. Le kanji était clairement visible, plus qu'il ne l'avait jamais été. Vertu…Où est-ce que j'ai…Ryo hoqueta et il faillit lâcher l'orbe battante. Les étranges événements de la nuit précédente venaient le frapper à pleine puissance. Quand il était revenu à l'aube il avait été trop hébété pour tirer du sens de quoique ce soit. L'étrangeté de la situation avait poussé son esprit à la contestation et il avait décidé qu'il s'agissait seulement d'un grand rêve étrange. « Ce n'est pas un rêve Ryo du Brasier, même si tu n'es pas le seul qui le souhaiterait. » La voix lui parvint comme un flottement. Qui avait dit cela ? L'Ancien ! L'homme en robes blanches qui l'avait souvent visité dans ses rêves. Mais je n'ai jamais cru à cela. Quel rapport cela a-t-il avec l'orbe ? Ou la stèle avec mon nom ? Mon nom !
« Je ne comprends pas ! » S'écria Ryo à voix haute.
White Blaze regarda son maître et se frotta contre lui pour le rassurer.
« Ryo ? Je pensais que tu avais dit que tu avais faim ? Ton déjeuner refroidi ! » La voix de Grand-mère Sanada provenait de la cuisine.
Ryo secoua la tête pour clarifier ses pensées en désordre. Plus tard, éloigna-t-il le sujet ; Je m'occuperais de ça plus tard. Il détourna ses pas de sa chambre avec soulagement, rangeant automatiquement l'orbe dans une poche de son jean. Il n'était pas pressé d'essayer de donner un sens aux étranges événements des dernières douze heures.
Il essaya d'épargner de l'inquiétude à ses Grands-parents et aborda un de ses meilleurs sourire, certes fatigué, mais un sourire au moins. Les herbes épicées de la cuisine de sa Grand-mère accueillir ses narines lorsqu'il se dirigea vers la cuisine. Grand-mère Sanada sourit et agita un de ses doigts décharnés dans sa direction.
« Tut tut, je ne devrais pas être aussi gentille après ce que tu a fais ce matin, mais je suis heureuse que tu ais trouvé quelques amis avec qui passer du temps. »
Ryo baissa la tête mais la releva avec un sourire franc. « Je suis désolé de t'avoir inquiété, mamie. »
Grand-mère Sanada soupira. « C'est bon. » Son ton devint plus enjoué. « Maintenant, mange avant que cela ne soit froid. »
Ryo sourit à sa Grand-mère et se pencha avec entrain sur son déjeuner ; des œufs frais, des toasts, et des saucisses grillées. Il n'avait pas réalisé à quel point il avait faim jusqu'à ce moment. Il l'avait dit comme cela à son Grand-père pour affichait un air de normalité. Mais les saucisses étaient succulentes et les œufs bien assaisonnées. Des bruits soudain venant du dehors attirèrent son attention vers la porte et Grand-mère Sanada alla répondre, une grimace se formant sur ses lèvres. Ryo, léchant les dernières miettes du repas demeurées sur ses lèvres, la suivit tranquillement. White Blaze émergea finalement de la chambre, mais Ryo stoppa son avancée de la main et lui fit signe de reculer. Sa propriété sur White Blaze était légale, mais ce n'était pas un fait dont il fallait se vanter, et Ryo avait un mauvais pressentiment sur cette histoire.
Ryo se glissa dans les ombres et écouta tranquillement la conversation au dehors. Grand-père Sanada parlait rudement à deux hommes à l'air hagards. Leurs vêtements étaient sombres et encrassés et leurs sacs salis par la poussière. En dehors de cela, les deux hommes n'étaient pas vraiment distinguables. Ils paraissaient assez ennuyés par Grand-père Sanada et frottaient des pieds avec impatience. L'un d'entre eux répliqua vivement à Grand-père Sanada, mais ce dernier ne sembla pas inquiété par la remarque et à la place ouvrit le sac à dos de l'homme et le renversa, permettant au contenant de tomer au sol. Ryo fixa la multitude d'objets qui tranchait sur l'herbe. Des filets et des revolvers de toutes tailles couvraient le sol, de même qu'une boîte de tranquillisants. Grand-père Sanada examina l'homme qu'il pouvait désormais identifié comme un braconnier. Son compagnon semblait mal à l'aise mais ne semblait pas énervé par la découverte. Les yeux bleus de Grand-père Sanada luirent dangereusement et leur fit comprendre froidement qu'ils feraient mieux de partir ou de faire face aux conséquences. Grand-mère Sanada était elle aussi bouleversée par la découverte et rejoignit son époux dehors, y ajoutant ses propres mots. Les deux braconniers ne dirent rien pour leur défense mais reprirent brusquement leurs possessions et reprirent le chemin poussiéreux qui menait à la résidence des Sanada.
Grand-père Sanada surveilla leur départ avec les joues rougies. Grand-mère Sanada laissa sa colère diminuer plus rapidement, et prit la main de son époux. Grand-père Sanada tremblait toujours de colère mais accéda finalement aux injonctions de sa femme et rentra s'étendre sur le sofa. Ryo vit les yeux furieux de son Grand-père, mais attendit. Il savait que son Grand-père finirait par leur dire ce qui venait de se passer. Grand-mère Sanada se retira dans la cuisine et en revint avec des boissons fraîches, les posant sur la petite table du salon, alternant son regard entre son mari furieux et son petit-fils concerné. Grand-père Sanada attrapa un verre et le but d'un trait. La rougeur de ses joues diminua tandis que le froid rafraîchissait sa hargne. Il posa les yeux sur les deux observateurs silencieux et soupira, cachant son visage entre ses mains.
« Chéri, que c'est-il passé ? » La voix de Grand-mère Sanada dispersa le silence du salon.
« Je nettoyais le site de camp de la falaise, » commença lentement Grand-père Sanada, « Quand j'ai entendu un bruit dans les fourrés. Il y avait un écureuil prit dans un piège de métal. Après l'avoir libérer, j'ai suivi la piste des pièges où ces deux là, » dit-il en désignant d'un geste la porte au-delà de laquelle les deux hommes avaient quitté les lieux, « Etaient agenouillés devant leurs fichus sacs. » Il secoua la tête. « Je n'étais même pas sûr jusqu'à maintenant qu'ils étaient les braconniers. »
« Mais tu les as pris la main de le sac, » protesta Ryo, aussi furieux des événements que ses grands-parents.
Grand-père Sanada grogna de frustration. « Mais il n'y avait pas de preuves. Oui, ils étaient des braconniers, mais selon la loi je ne peux pas les punir à moins qu'ils n'attrapent quelque chose. »
Ryo grimaça. « Mais QUELQUE CHOSE doit être fait ! Ils reviendront, tu peux en être certain. »
« Probablement, » accorda Grand-père Sanada, « Mais il n'y a rien que nous puissions faire pour l'instant. »
« Alors nous ferions mieux de ne pas nous inquiéter, » dit Grand-mère Sanada d'une voix fatiguée.
Ryo n'écouta qu'à demi le reste de la conversation. Les braconniers étaient rares mais cela ne signifiait pas qu'ils n'existaient pas. Les terrains entourant la résidence des Sanada étaient une réserve naturelle, ce qui les rendaient attirantes pour les braconniers cherchant à se faire de l'argent facile avec les fourrures ou la viande, considérait comme un délice dans certains restaurants. Il grimaça. Son Grand-père avait raison, ils ne pouvaient rien faire pour l'instant mais Ryo ne pouvait pas rester à rien faire. Il avait passé sa vie entière à grandir dans la forêt avec ses habitants. Laisser quelque chose menacer cette paix lui paraissait impensable. Il alla dans sa chambre, où White Blaze se prélassait sur le tapis comme Ryo le lui avait ordonné avant l'incident. Ryo agrippa sa veste et fit signe à White Blaze de le suivre. Le tigre blanc se leva docilement et marcha doucement à la suite de son maître, tandis que Ryo se dirigeait vers la porte, disant qu'il voulait seulement « prendre l'air. »
Ryo n'avait aucune idée de ce qu'il pouvait faire, aussi se dirigea-t-il vers le sentier familier qui menait à la ligne de terrains de camping qui marquait sa promenade habituelle dans la montagne. Il n'eut pas à marcher loin avant qu'un bruit ne l'alerte vers un profond ravin qui bordait la piste. White Blaze gronda légèrement et Ryo s'arrêta pour une inspection, ses yeux bleu scannant les profondeurs sombres. Alors que ses yeux s'ajustaient à l'obscurité, Ryo repéra deux personnes agenouillaient dans la poussière. Ryo les identifia comme étant les mêmes personnes que son Grand-père avait pris sur le fait une heure auparavant. L'un d'entre eux avait un étui sur l'épaule tandis qu'il dirigeait un grand fusil vers quelque chose que Ryo ne pouvait voir dans les buissons. Aucun des deux n'avaient remarqué Ryo ou son tigre, mais ce dernier n'était pas prêt à laisser passer l'occasion.
Ryo s'éclaircit la gorge. « Excusez-moi, mais je pense que mon Grand-père vous a dit que c'était illégal, non ? » Il leva un sourcil et White Blaze vint se placer à côté de lui, pour transpercer la paire d'un regard signifiant ne-me-cherche-pas.
Les deux braconniers furent surpris au début mais regagnèrent très vite leur sang-froid quand ils virent qu'il s'agissait seulement d'un adolescent.
« Ouais ? Et qu'est-ce que tu comptes faire à ça ? » Grogna le braconnier avec un revolver. Il abaissa momentanément son arme et le fit tourner légèrement dans ses mains, donnant la distincte impression qu'il n'était pas contre le fait de l'utiliser sur cette nuisance.
White Blaze grogna mais son compagnon demeura non impressionné et fixa le tigre avec un air de convoitise. « Attention, mon garçon, ou ton tigre est mort. » Il leva la main tenant son revolver et la maintint dirigée sur la forme de White Blaze. « Cette chose pourrait nous ramener pas mal d'argent. » annonça-t-il, son visage sal se fendant en un large sourire.
« Doucement, White Blaze, » dit tranquille ment Ryo au tigre. Il n'était pas inquiet. Ces deux rufians ne savaient manifestement pas à quel point les réflexes d'un tigre étaient rapides. Ils étaient encore assez loin pour que le pistolet du braconnier ne puisse directement atteindre sa cible. Enfin, il valait mieux éviter de tenter la chance. Ryo se tint fièrement, ses yeux s'étrécissant.
« Cet endroit est protégé, » dit-il froidement. « Ne faites aucun mal, ou vous en subirez les conséquences. » Une part de cela était du bluff, mais Ryo espérait que White Blaze serait assez convainquant ; il l'était généralement.
Mais ces braconniers là étaient faits dans un matériau plus solide et le premier braconnier fit un grand spectacle en mettant une balle dans son fusil, souriant de manière démoniaque à Ryo en le faisant.
« Je ne pense pas, gamin, » dit-il en dirigeant son revolver sur Ryo. « Maintenant, qu'est-ce qui se passerait si j'appuyais sur la gâchette ? » Il eut un rire spéculateur. « Est-ce que ton cher Grand-père le saurait ? Je ne crois pas. »
Ryo sentit les premiers tiraillements de la peur commencer à apparaître quand il vit le revolver. Il n'avait pas compté sur cette possibilité. Il n'avait pas pensé qu'ils étaient assez fous pour tuer une personne ! Ils peuvent bluffer. Pensa Ryo, même s'il trouvait l'hypothèse improbable, et dans tous les cas, c'était une chose qu'il n'était pas prêt à tenter. Il se recula d'un pas tandis que son esprit faisait défilé des idées, essayant de déterminer la meilleure action à accomplir.
Sans avertissement, White Blaze rugit et se jeta sur le braconnier tenant le fusil. Prit par surprise, le braconnier dévia le tir qui alla se planter dans l'arbre à quelques centimètres de la tête de Ryo. Ryo esquiva et sauta sur le second braconnier qui avait tourné son revolver vers White Blaze. Il le frappa au côté avant même que le braconnier n'ait eu le temps de viser son cher tigre et ils roulèrent plus bas dans le ravin. Dans le même temps, White Blaze avait pris le fusil de l'autre braconnier dans sa bouche et avec un léger effort, envoya l'arme au loin dans les sous-bois. Il se mit à rugir et le pauvre braconnier devint aussi blanc qu'un drap. Il réussit à se dégager de sous les griffes de White Blaze et se recula vivement, fouillant frénétiquement dans son sac dans le mouvement, à la recherche de n'importe qu'elle arme efficace. Le petit pistolet que tenait l'autre rata sa cible et fut bientôt à court de balles tandis que lui et Ryo atteignirent le fond du ravin. Le second braconnier se débarrassa de l'arme inutile et projeta Ryo au loin. Ryo heurta un arbre avec brusquerie et le son du craquement de plusieurs branches se répercuta dans le ravin. White Blaze, qui avait acculé le premier braconnier contre un arbre, se tourna brusquement vers Ryo et rugit de rage. Profitant de la distraction momentanée, le premier braconnier retira plusieurs prises que Ryo avait entrevu quand sa lutte avait renversé le contenu du sac à dos. Pendant que White Blaze était occupé à prendre sa revanche sur le braconnier qui avait blessé son maître, l'autre avait agrippé une branche cassée et l'avait allumé, puis s'avança de manière menaçante vers le dos non protégé de White Blaze.
« Meurs, sal tigre ! » Cria-t-il en agitant la torche enflammée.
Ryo, qui se débattait avec les débris pour se relever, vit avec horreur le braconnier en action. « White Blaze ! Derrière toi ! » Hurla-t-il en guise d'avertissement.
White Blaze se retourna et s'écarta du chemin, juste à temps pour éviter la torche brûlante. Peu soucieux du reste, et voyant que son tigre bien-aimé était sur le point de se faire brûler, Ryo se remit sur ses pieds et agrippa la torche du braconnier, essayant de la lui retirer des mains. Le second braconnier accourut pour aider son camarade mais fut stoppé par un White Blaze très énervé qui lui grogna dessus, lui montrant ses crocs blancs et acérés. Ryo, dans le même temps, n'avait pas beaucoup de chance et le second braconnier arriva à le repousser, mais lâcha la torche dans le processus. Ryo tomba au sol et roula sur le côté pour éviter la torche tombante. Il essaya de l'attraper mais elle tomba au sol et mit le feu aux feuilles mortes qui traînaient ici et là. Le feu eut un regain de vitalité et Ryo se jeta sur ses pieds, se reculant sous l'horreur. Il a fait si sec dernièrement. Un incendie ici serait un désastre ! Le premier braconnier sembla seulement alors comprendre son erreur et devint mortellement pâle. White Blaze et le second braconnier s'étaient complètement oublié l'un l'autre et tournèrent les yeux vers les flammes grandissantes. Oh Seigneur ! Ryo jeta un coup d'œil aux alentours. Le feu progressait rapidement au fond du ravin, s'étalant vers les arbres sur le sentier, craquant de manière affamée sur l'écorce sèche. Ryo tourna sur lui-même, cherchant en vain une sortie de secours. Un ravin était le pire endroit où se situer durant un incendie. S'ils ne sortaient pas de là au plus vite, des murs de feu les piégeraient de tous les côtés. Là ! Une petite portion du ravin était toujours éloignée de flammes et Ryo poussa les braconniers dans cette direction, sachant qu'il devait les faire partir en premier.
« Partez ! » Siffla Ryo.
Ses paroles finirent par finalement faire bouger les deux hommes. Sans un seul regard en arrière, ils repérèrent le côté libre et foncèrent parmi les arbres loin du feu. Ryo les suivit au plus vite avec White Blaze sur les talons. Je dois éteindre l'incendie ! Ils étaient trop proches de la maison. Un incendie de celle amplitude pouvait rasé les lieux, incluant sa propre maison, sans compter les nombreux animaux qui brûleraient vifs. Les braconniers avaient été assez chanceux pour s'échapper, mais Ryo ne le fut pas autant. Les flammes le rejoignirent rapidement, enflammant rapidement les arbres desséchés, l'enfermant dans un cercle de feu. White Blaze, courant devant, avait échappé au cercle et rugit quand il vit Ryo piégé.
« Non ! » Commanda Ryo quand il vit le tigre se retourner. « Va avertir Grand-père et Grand-mère ! Sors les de là ! »
White Blaze le regarda plaintivement et fit un pas en avant.
« White Blaze ! » Ryo ne put prononcer un mot de plus car une branche en feu tomba d'un arbre au dessus. Ryo essaya d'éviter la branche, mais elle était trop grande et tombait trop rapidement. Elle le heurta et Ryo s'effondra au sol, le feu s'étendant vivement de la branche à ses vêtements.
« Ahhhh ! » Hurla Ryo. Il pouvait sentir les flammes brûlantes le lécher, l'embrasant lentement à mort. Alors qu'il fermait les yeux sous la douleur, il put entendre White Blaze rugir en dehors du cercle. Alors quelque chose s'échauffa dans sa poche et sa vison fut envahie par le rouge. Lentement la douleur reflua et il put sentir la chaleur diminuer. Quoi ? Ryo ouvrit les yeux et observa avec confusion. La branche était toujours en feu, mais même s'il pouvait voir les langues de feu, il ne pouvait plus les sentir. Il se releva et la branche qui l'avait heurté roula sur le sol, enflammant l'herbe. Mais Ryo n'y accorda qu'une demie pensée. Il s'examina et hoqueta. Il luisait d'une lueur rouge. Il pouvait voir ses vêtements mais au-dessus d'eux, comme superposée, se trouvait une aura rouge flamboyante. Une aura. Comme celle de ses amis la nuit passée, mais d'une couleur différente. Ryo ouvrit largement les yeux, incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Il nota qu'une partie de son corps étincelait plus que les autres et il glissa la main dans la poche de son jean pour y reprendre l'orbe rouge. Elle semblait vivre maintenant, et dans ses profondeurs, le kanji était nettement visible. Vertu. L'orbe flotta au dessus de sa main et resta comme suspendue devant les yeux ahuris de Ryo. Elle battait de plus en plus et des rayons émanaient de son centre. L'un des rayons entra en contact avec son front et demeura là, le trait s'élargissant à chaque seconde. Ryo hoqueta à nouveau quand l'énergie de l'orbe filtra en lui. Vertu. Ryo du Brasier. Guerrier de la Vertu. Les sensations sans mots entrèrent dans son esprit et Ryo ferma les yeux, incapable de supporter l'éclat plus longtemps. Les flammes s'étaient étendues et engouffraient tout. Mais Ryo ne remarqua rien, ne sentit ni la chaleur, ni la douleur. Si Ryo avait pu se voir, il aurait vu que quelque chose était implanté sur son front. Un kanji resplendissant brillait vivement derrière ses mèches noires.
« Jin – Vertu, » murmura Ryo entre ses lèvres desséchées.
Le kanji sur son front flamboya tandis que les flammes obscurcissaient le reste de sa silhouette. Il pouvait sentir la chaleur, maintenant, mais elle ne le brûlait toujours pas. Alors le feu sembla disparaître dans son corps, s'infiltrant dans sa peau et dans son esprit. Il était le feu. La flamme pleine de compatissance qui purifiait. Le feu qui faisait parti du cercle irrévocable de la nature. Le feu qui donnait la vie. Le feu de l'esprit. Ryo ouvrit les yeux et ne vit que des flammes rouges, jaunes et orange dansaient devant lui. Il n'avait pas peur. Le feu faisait parti de lui et s'inclinerait devant sa volonté. Là où la lueur rouge l'avait entourée, elle fut remplacée par une flamme qui se solidifia en une combinaison de métal blanche et rouge. Le métal était chaud contre sa peau et lui allait bien. Ryo le toucha avec ses mains, elles aussi encastraient dans le même métal rouge et blanc. Il s'examina ainsi que les flammes qui ne lui faisaient plus aucun mal. Plus par instinct qu'autre chose, il leva une main et fit un signe de vague. Les flammes réduirent immédiatement. Les arbres étaient légèrement abîmés, mais en dehors de cela, il n'y avait aucune indication disant qu'il venait d'y avoir un incendie. Ryo sursauta en voyant son entourage et posa alors ses yeux sur la petite orbe rouge qui flottait toujours à la hauteur de ses yeux. Il leva une main et l'orbe s'y précipita, le kanji luisant toujours doucement dans ses profondeurs. Alors que sa mai la touchait, le métal qui l'encastrait se mit à luire soudainement et retourna à l'aura rouge qu'il avait vu plus tôt. Le rouge tournoya et retourna dans l'orbe qui étincela un moment avant de retourner à l'état dans lequel Ryo la voyait souvent.
Pendant un moment, Ryo ne put que contempler l'objet de verre. Il s'examina alors rapidement, mais ne vit rien qui changeait de l'ordinaire. Seulement son jean, son tee-shirt, et sa veste. White Blaze sortit des sous-bois et vint se frotter contre la jambe de Ryo. Celui-ci observa son tigre et porta sa main libre à son visage. Je crois que je deviens dingue. Je ne comprends pas…White Blaze se mit à ronronner, appuyant sa tête contre les jambes de Ryo.
« Oui, rentrons à la maison. » Dit absentement Ryo. Lui et White Blaze reprirent le sentier dans la direction de la maison.
Grand-mère Sanada observa les collines distantes avec inquiétude puis avec un doux soulagement. Elle aurait put jurer avoir vu des flammes dansantes au loin et elle avait eu peur qu'un nouveau feu de forêt ait débuté. Alors brusquement la lueur orange avait disparue et il n'y avait plus rien suggérant qu'un feu ait pu débuter. Grand-mère Sanada soupira et retourna à sa vaisselle, décidant qu'elle avait tout imaginé. Sa vue devait baisser. Elle entendit la porte s'ouvrir, puis une succession de pas traînant, suivit par des pas feutrés. Elle leva les yeux pour accueillir le retour de son petit-fils mais son sourire disparut rapidement quand elle vit son état. Ses vêtements étaient froissés et poussiéreux et ses yeux semblaient lointains. Il avait une main à son visage, qui était légèrement rose. Il entra dans le salon, à demi supporter par White Blaze, avant de s'effondrer sur le canapé.
Grand-mère Sanada se précipita à ses côtés, un air de sincère inquiétude sur le visage. « Ryo, mon chéri, qu'est-ce qui ne va pas ? »
Ryo ne dit rien, laissant simplement un léger gémissement lui échapper.
Grand-mère Sanada sentit son front et ses yeux s'agrandirent d'alarme. « Tu es brûlant ! Ici White Blaze, » fit-elle à l'intention du tigre « Emmènes-le au lit immédiatement ! »
Ryo ne protesta même pas quand White Blaze le porta jusque dans sa chambre. Grand-mère Sanada se précipita dans la cuisine et fouilla dans les placards pour une serviette qu'elle humidifia avec un peu d'eau avant de suivre les pas du tigre. Ryo avait réussi à monter sur son lit et Grand-mère Sanada plaça la serviette humide sur son front, puis se mot à réarranger les draps et les couvertures pour le mettre à l'aise.
« Là, » le réprimanda-t-elle. « Je savais que rester dehors aussi tard te ferais quelque chose. Et tu te promènes dans les vois en plus ! Vraiment Ryo, j'aurais pensé que tu avais un peu de jugeote. »
« Uhhh, » gémit Ryo pour toute réponse.
L'expression de Grand-mère Sanada s'adoucit. « Détends-toi pour l'instant Ryo. Tu as une forte fièvre et je ne veux pas que tu quittes le lit. » Elle regarda White Blaze. « Maintenant, assures-toi qu'il reste au lit toute la nuit, d'accord ? » Le tigre inclina la tête en signe d'assentiment et Grand-mère Sanada se releva. « Je vais aller préparer du thé. Surtout, ne bouges pas, » dit-elle finalement avant de sortir en fermant doucement la porte derrière elle.
Ryo gémit en maintenant la serviette humide qui devenait rapidement chaude. Ses yeux bleus se fermèrent tandis que la fatigue venue des événements de la journée le submergeait. Ses rêves devinrent fiévreux et remplis par un démon ricaneur et un Tokyo désert. Mais ils furent substitués par son subconscient et Ryo commença à voir une autre image. C'était celle d'une armure de samouraï rouge, complétée par un casque cornu. Sur son dos se trouvaient deux katanas, étincelants dans leurs étuis. Son masque sans visage vit clairement dans son âme, attendant l'appel avec excitation mais aussi avec une patience infinie. Ryo sombra plus profondément dans le sommeil, là où les cauchemars pouvaient le blesser et l'image de l'armure rouge le suivait, protectrice.
Les mains de Ryo s'ouvrirent inconsciemment et l'orbe rouge qu'il tenait tomba au sol. Elle ne fit aucun brui dans sa chute ou en roulant sur le parquet de bois. White Blaze la contempla avec un regard connaisseur. L'orbe clignota légèrement en réponse et demeura tranquille. Le temps approchait. White Blaze se coucha tranquillement et mit la tête entre ses pattes, ses yeux bruns se dirigeant de temps en temps vers la forme endormie de Ryo.
Ryo du Brasier, Guerrier de la Vertu. Les mots silencieux dansèrent dans l'air.
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Et un nouveau chapitre d'achevé ! Cette fois si, Ryo est la vedette, mais les autres samourais auront aussi leur tour. Je tiens à remercier les personnes qui suivent cette histoire, cela me fait plaisir de voir que certaines personnes s'intéressent encore à cette série.
Donc, pour les habitués, rendez-vous au porchain chapitre, "Un Halo De Révélation."
