Disclamer : Gundam Wing n'est pas à moi mais les autres persos sont à moi !Autrement, mille excuses pour vous avoir fait attendre tout ce temps pour le premier chapitre ! Il est enfin publié ! Victoire !Par contre, je ne sais pas quand sera publié le deuxième, en tout cas pas avant le mois de juin, après les partiels. Désolé

Comme vous allez le remarquer, la mise en page est pas géniale. Je suis fâchée avec le site, les tirets de dialogue n'apparaissent pas, malgré toutes mes modifications J'espère que vous allez réussir à lire...

En attendant, voici les réponses à vos reviews. Merci beaucoup, je ne pensais pas en avoir autant ! J'espère que ce chapitre vous plaira autant.


Bunny : Et oui, j'ai enfin fini par publier ! L'action ne commence pas encore, c'est vrai, mais je te réserve pas mal de surprise (mais non, je ne suis pas sadique…)Quant au général Yuy, et les autres bien entendu, puisqu'ils ont eu pas mal d'épreuves, j'ai voulu que dans ma fic, ils aient un bon rôle.D'autre part, je suis ravie que Darius et More te plaisent. Ils ne font pas partie de la série, aussi je craignais que cela rebute certains, mais pour le moment je n'ai pas eu de critiques de ce genre, c'est que ça doit aller.Voilà, la suite tant attendue, bonne lecture petit lapin ! Et merci pour tes encouragements.

Florinoir : Un squelette défraîchi et Heero, oui ! Je suis contente de voir que le début t'a plu. J'espère que ce chapitre aussi. Tu en sauras un peu plus sur l'autre couple, mais je peux déjà te dire que ce n'est pas Quatre et Dorothy. Quant à l'autre fille, j'ai ma petite idée.Merci beaucoup pour ta review, et voilà la suite du prologue.

Athénais : Oh ! Tu aimes beaucoup ! Je suis ravie que ça te plaise autant ! Merci beaucoup ! J'espère que la suite te plaira autant ! Merci beaucoup pour ta review. Cela me touche beaucoup !

Kiwidieu : Voui, en effet, cela fait un moment que je suis sur cette histoire mais tu vois, je vais des progrès ! De 6 mois pour le prologue je passe à 3 mois pour le premier chapitre ! Comme quoi, mieux faut tard que jamais ! Merci beaucoup pour ta review, je ne sais pas si je mérite de tels compliments, je suis toute émue Reste à savoir si je serais à la hauteur de tes attentes… je vais écouter la chanson Etre à la hauteur du Roi Soleil, ça me motivera pour écrire la suite ! Bon, là j'écris n'importe quoi !Merci beaucoup ma petite Kiwi pour tous tes encouragements ! Voilà la suite !

Kethry : C'est super que toi aussi tu adores le fantastique, le merveilleux, la magie et tout ça ! Je suis ravie que ça te plaise ! L'idée de transcrire l'univers de GW est venue tout naturellement.En effet l'histoire risque d'être assez sombre. Il y a pas mal de soucis à se faire pour les persos Tout va dépendre de mon humeur lorsque j'écrirais la suite, mais dans les grandes lignes, il y a de quoi s'inquiéter.Merci beaucoup pour ta review, j'espère que ce chapitre va te plaire. Bonne lecture.

Aphrael-Chibi : Oui des démons très méchants, des tas d'os, des démons et de monstres par la suite ainsi que quelques couples qui se débattent comme ils peuvent pour s'en sortir. Et voilà la suite !Merci pour ta review, bonne lecture.


Chapitre 1 : Présage

Il faisait étrangement clair autour de lui. Un blanc lumineux l'entourait, éblouissant, presque aveuglant, qui cependant n'était guère rassurant. Ce blanc manteau dégageait une extrême sensation de froid, tout son corps se raidit, s'immobilisa. Il lui était impossible de bouger tellement le froid le paralysait. Chaque partie de son corps refusait d'obéir à sa volonté. Il se tenait là, immobile dans cet étrange nuage blanc. , Pour une raison qui lui était inconnue, celui-ci s'assombrit tout d'un coup jusqu'à devenir noir.

Cette couleur n'était jamais un très bon signe. Annonciatrice de bien des malheurs, elle était la plus redoutée dans les songes et les rêves. Tout était maintenant sinistre autour de lui et l'angoisse commençait doucement à s'emparer de son être. Tout était opaque, sombre, rien ne lui permettait de sortir de cette noirceur qui s'insinuait en lui, noir comme les ailes de la chauve-souris qui venait d'apparaître devant lui. Elle vola en cercle, l'observant, scrutant la moindre de ses tentatives pour s'échapper du froid qui le paralysait et le condamnait à n'être qu'une proie pour elle. Puis, celle-ci se plaça devant lui et l'obscurité disparut. La chauve –souris le regarda de ses grands rouges, le dévisageant pour ensuite se transformer en homme.

Un sourire empli de satisfaction se dessina sur ses lèvres. Il portait une longue robe noire, assez ancienne, rapiécée de toute part, avec un capuchon qui lui couvrait la tête. L'homme l'ôta. A ce moment le cœur de Quatre se resserra. La sensation de froid et d'angoisse qu'il ressentait trouvait par ce geste toute explication. Cet homme n'était pas un homme, du moins au sens strict. Quatre avait en face de lui un nécromancien ! Ces mains étaient dépourvues de chair pour n'être que des os. Son sourire victorieux n'était qu'une illusion ! Malgré tous ses pouvoirs magiques de maître de l'eau, Quatre ne parvenait pas à se libérer de l'emprise du mort-vivant.

Comment avait-il réussi à franchir toutes ses barrières magiques protectrices qui lui permettaient de parer ce genre d'attaque ? En tant que maître de l'eau, qui était la magie blanche par excellence, la plus bénéfique et la moins dangereuse, il savait maîtriser les illusions, les mirages en utilisant les reflets du liquide. De plus, ce genre d'enchantement ne pouvait pas être pratiqué par les nécromanciens puisqu'ils leur étaient impossibles de maîtriser la magie de l'école étant donné qu'elle était la plus néfaste pour eux ! Il ne pouvait s'agir de son empathie puisqu'elle n'avait pas ce genre de conséquence, elle lui permettait de ressentir les émotions des gens, leurs intentions louables ou non, et parfois de lire dans les pensées, cependant en cas d'extrême nécessité. Alors comment ! Et pourquoi !

Quatre en était là dans ses réflexions quand l'homme mort aux os laiteux se retourna et tendit la main droit devant lui. Au même moment, Quatre changea d'endroit pour se retrouver dans une salle d'armes. Des armures de toutes sortes étaient dans la salle, des épées, des cimeterres, des sabres se trouvaient accrochés sur les murs de la pièce. Celle-ci était éclairée par des chandelles portées par des bras squelettiques qui sortaient des parois afin de maintenir une certaine luminosité dans la pièce. Il se trouvait au cœur même du repaire du nécromancien ! Et il était toujours dans l'incapacité de bouger ! L'homme-squelette quant à lui avait toujours la main tendue et semblait désigner quelque chose. Mais il n'y avait absolument rien ! Que pouvait bien lui vouloir ce nécromancien !

Il claqua les doigts et apparut alors l'impossible !

Le général en chef des armées de Castigare, Heero Huy et la princesse du royaume de Sanck, Relena Peacecraft se tenaient debout devant lui, avec chacun une épée en main ! Quatre n'en croyait pas ses yeux ! Le nécromancien se jouait de lui mais il ne gagnerait pas ! Il ne le laisserait pas le manipuler ainsi à sa guise ! Il fallait qu'il lutte contre cette vision qui s'était imposée dans son esprit ! Et il mènerait ce combat jusqu'à son terme ! Sentant que son pouvoir diminuait progressivement, le nécromancien accentua la vision !

Heero et Relena se battaient à présent l'un contre l'autre avec toute la fougue et toute l'énergie qu'ils possédaient ! Au grand étonnement de Quatre, Relena opposait une remarquable résistance face à Heero. Elle réussissait à parer toutes ses attaques, tous ses coups ! Que lui arrivait-il ? Heero était la plus fine lame de toute la planète, et Relena, la personne la plus pacifiste qu'il connaissait, la plus paisible et la plus calme en toute circonstance, et voilà qu'elle tenait tête à Heero avec beaucoup de succès ! Non, il fallait que cela cesse ! Le nécromancien s'approcha de Quatre et le sourire qu'il lui adressa l'irrita davantage. Il s'abaissa vers lui et lui dit de sa voix d'outre tombe

Vois ce qui va advenir de tes amis ! Vous êtes tous à ma merci et vous ne pourrez rien faire pour m'arrêter ! Ensuite, ce sera à ton tour de subir le même sort qu'eux !

En disant cela, il claqua une seconde fois les doigts, et Heero et Relena s'entre-tuèrent. Ils s'étaient donnés la mort mutuellement et gisaient à présent sur le sol l'un à coté de l'autre. Le sang de leurs deux corps se mêla.

A ce moment la force de Quatre se décupla et rompit le sort qui l'emprisonnait. Tous ces membres avaient retrouvé leur mobilité et il pouvait dès à présent attaquer ce satané nécromancien et par la même mettre fin à cette terrible vision ! Le nécromancien jouissait de cette réaction. Voir la colère qu'il avait réussie à provoquer chez le jeune prince était savoureuse, délectable. Il appréciait sa première victoire, il avait gagné la première bataille mais Quatre l'ignorait et cela la rendait encore plus exquise.

Ça suffit !

Visiblement, cela n'amusait pas du tout le prince

Toujours concentré sur le mort-vivant, Quatre leva les mains vers le plafond de la salle d'armes et une boule prit forme. Amusé le nécromancien le regarda, incrédule, et eut un léger sourire. Au moment où Quatre lança son attaque, et celui-ci arrêta sa vision.

"Maître Quatre ! Maître Quatre ! Réveillez-vous !"

Raschid, le chef de l'unité Maganac était assis sur le lit de son jeune maître et tentait depuis plusieurs longues minutes de le sortir de son sommeil. En effet, durant la nuit, Raschid avait entendu de légères plaintes s'échapper de la chambre de Quatre et était accouru pour vérifier si tout allait pour le mieux. En entrant dans la pièce, Quatre était profondément endormi mais était crispé, tendu et gelé jusqu'aux os. Quatre se débattait sans succès sur son lit et semblait s'adresser à quelqu'un dans son rêve.

"Quatre ouvrit ses beaux yeux bleus et découvrit le visage de Raschid penché sur lui, fou d'inquiétude."

"Que…Que s'est-il passé ?"

"Je l'ignore, Maître Quatre, vous avez eu sans doute un cauchemar…. Cependant, celui-ci paraissait si réel….presque palpable…"

Quatre releva la tête et rencontra les yeux de son ami Raschid. Quatre ressentit alors toute l'inquiétude qu'il tentait de lui dissimuler. Toute cette angoisse, cette crainte qu'il avait de le perdre l'affaiblit davantage. Quatre s'appuya sur les oreillers de son lit. Il remonta les couvertures vers lui pour se réchauffer et répondit par un sourire timide à Raschid.

"J'ignore ce qui s'est passé exactement… On a sans doute voulu me faire une belle frayeur par ce rêve, mais cette personne a échoué."

Quatre mentit partiellement à Raschid pour la toute première fois ce soir là. Il était vrai qu'il ne savait pas trop ce qui venait de se produire, mais la vision avait cessé d'elle-même, pas par son intervention. Il ignorait si le nécromancien l'avait arrêté ou si s'était Raschid qui y avait mis fin en tentant de le réveiller. De plus, il ne savait absolument pas ce que tout cela pouvait signifier et voulait être parfaitement sûr de connaître tout avant d'en parler et ainsi inquiéter son entourage. Il voulait avant toute chose préserver ses proches. Voyant que son jeune maître allait un peu mieux, Raschid quitta le bord du lit et se plaça à son extrémité.

"Je vais vous apporter une tasse de thé. Cela vous réchauffera et vous aidera à retrouver le sommeil."

"Merci Raschid, c'est parfait. Ne vous inquiétez plus, je vais mieux maintenant."

Raschid revint peu après avec une grande tasse de thé vert, un peu de lait et quelques biscuits.

Quatre n'avait pas bougé. Quand il le vit arriver avec toutes ses bonnes choses, il eut un sourire plein de reconnaissance. Raschid était vraiment très attentionné avec lui, ce comportement tranchait assez avec celui de chef de sa garde rapprochée. Quatre prit la tasse dans ses mains et la serra contre ses paumes pour en quelque sorte pouvoir absorber la chaleur qui émanait de la tasse.

"Merci pour tout. Vraiment, vous êtes toujours aussi prévenant. Mais allez vous coucher, je ne veux plus ennuyer. Nous avons une longue route à faire demain pour atteindre le royaume de Sanck."

"Essayez de passer une bonne nuit, reposez-vous bien. Nous partirons un peu plus tard demain matin."

"Non, ce ne sera pas la peine. Bonne nuit Raschid."

Une fois Raschid sortit de la chambre de l'auberge dans laquelle ils faisaient étape sur la route menant à Sanck, Quatre but sa tasse de thé et observa le ciel. La nuit était sombre, le bleu du ciel tirait légèrement vers une teinte plus foncée, les trois lunes étaient pleines. Quatre fronça les sourcils.

"Qui sait ? Je pourrais peut-être en parler à Duo… Après tout, il est le gardien de l'équilibre des forces, il pourra sans doute m'en dire plus."

Quatre se recoucha et se rendormit. Dans le ciel, on pouvait discerner le vol d'une chauve-souris volant vers les lunes.


Les premières lueurs du soleil pénétraient progressivement à travers les rideaux vermeils de la chambre. La princesse encore endormie paraissait vulnérable et sans défense aux premiers abords mais toute personne qui la connaissait suffisamment savait que sous cette apparence chétive se cachait une grande volonté et un ardent désir de faire tout son possible pour accomplir ses devoirs. Bien sûr, ses proches comme son grand-père, sa mère adoptive ou encore Dorothy, sa première femme d'honneur, l'aidaient dans son quotidien fait de multiples réunions et négociations aux problèmes complexes, mais les rares personnes qu'elle considérait comme des amis et qui réciproquement la considérait de même ne vivaient pas au royaume de Sanck et leurs rencontres étaient rares.

Le capitaine de la garde royale Lucrézia Noin faisait également partie de ce petit cercle d'amis privilégiés. De part sa fonction, le capitaine la suivait dans tous ses déplacements à l'extérieur et assurait une surveillance rigoureuse du palais et de ses alentours. Elles n'avaient pas beaucoup le loisir de se parler durant la journée mais Noin comprenait au moindre geste et au moindre regard tout ce que ressentait Relena et savait agir en fonction.

Lucrézia pénétra silencieusement dans l'appartement royal par la petite porte camouflée par des tapisseries. En tant que responsable de sa sécurité, son logement de fonction était relié à ses appartements par un petit couloir. Ce système très pratique lui permettait d'être plus rapidement auprès d'elle en cas de problème.

La chambre royale était silencieuse mais quand elle y entra, une petite boule de poils blanche s'agita aux pieds de Relena.Apparemment Pistache était déjà réveillée et souhaitait lui faire la fête comme tous les matins. Le bearded-collie s'étira de tout son long et s'approcha de sa maîtresse encore dans les bras de Morphée. Le chien couleur neige lui lécha affectueusement le visage un court instant et cela avait suffit pour la sortir de ses songes. Un petit rire s'échappa de la jeune fille et caressa tendrement la chienne.

"……Pistache, …tu es incorrigible ! ……. Bonjour Lucrézia, comment vous portez-vous ?"

Le capitaine s'inclina respectueusement devant la princesse.

"Bonjour Votre Altesse, merci. Je vais parfaitement bien."

A sa réponse la princesse poussa un long soupir de lassitude et la regarda amicalement.

"Lucrézia, combien de fois t'ai-je dit que tu pouvais m'appeler par mon prénom lorsque nous sommes en privé ?"

Le capitaine ne répondit rien et commença son inspection quotidienne de l'appartement. La chambre éclairée par les rayons du jour naissant était très spacieuse. Une magnifique coiffeuse en merisier, un immense et long miroir de bois blanc, des armoires. . tous ces meubles avaient été réalisés dans les meilleures manufactures du royaume. La chambre donnait sur un petit balcon où l'on pouvait admirer les jardins du palais et la clairière de pureté. Une antichambre et son petit salon privé lui permettaient également de recevoir les personnes qu'elle désirait dans un cadre plus intime.

Emergeant de son lit, Relena caressa la petite chienne âgée maintenant de deux ans, qui lui avait été offerte par sa mère adoptive lors de ses 17 ans.

"Maman et grand-père nous rejoignent au petit-déjeuner ?"

La jeune femme officier avait terminé son inspection de l'appartement à la recherche de tout élément inhabituel et se posta près la porte d'entrée afin d'avoir une vue d'ensemble de la pièce.

"Oui, c'est probable", fit Noin d'une voie anxieuse tout en scrutant la pièce.

"Mademoiselle Relena, comptez-vous toujours vous rendre au sanctuaire de Caroyna ce matin ?"

Au moment où Relena s'apprêtait à lui répondre, on frappa légèrement à la porte. Noin l'entrouvrit légèrement puis l'ouvrit complètement pour laisser entrer Dorothy qui portait les vêtements de la princesse. C'était une longue robe de soie bleue où étaient brodés discrètement les emblèmes du royaume de Sanck, une licorne ailée au doux pelage bleu pâle. Dorothy aidait la princesse à se vêtir et la jeune militaire était toujours aussi songeuse.

Relena, une fois habillée et Dorothy partie pour suivre le reste de ses devoirs quotidiens de première femme d'honneur, elle observa Noin attentivement. Celle-ci paraissait inquiète mais faisait tout son possible pour ne rien laisser paraître. Cependant, c'était sans compter sur l'œil exercé de Relena, qui connaissait toutes ses réactions par cœur. Se sachant observée, Lucrézia prit les devants et lui confia ses inquiétudes.

"Est-il vraiment nécessaire d'y aller Mademoiselle ? …. On ne sait pas comment peut se dérouler l'épreuve et la cérémonie du bassin ! Personne ne peut prévoir ce qui risque de vous arrivez ! Demandez-moi de le faire pour vous !"

"Allons Noin, vous savez bien que je suis la seule à pouvoir le faire. De plus, il n'y a aucune raison que cela se passe mal puisque les deux grandes prêtresses se chargent de m'aider."

Un aboiement se fit entendre et toutes deux regardèrent la porte de la chambre. Pistache s'impatientait et voulait sortir afin de prendre, elle aussi son repas matinal et aller gambader dans le jardin pour se dégourdir d'une longue nuit de sommeil.

"Oui Pistache, nous partons."

Relena avait un peu apaisé les craintes de Noin, mais au fond d'elle-même elle n'était pas aussi sereine. Les prêtresses pouvaient lui annoncer de mauvaises nouvelles ou encore révéler de mauvais présages. Cela remettrait en cause toute l'inauguration et ainsi sa politique. Elle chassa ses doutes de son esprit et suivit Pistache qui la devançait en sautillant ça et là vers la salle à manger.


"Mais enfin, que fabrique-t-elle ?"

Duo tournait en rond dans la grotte depuis maintenant une bonne heure. Que pouvait bien elle faire ? Les premières lueurs du soleil rayonnaient dans le tissu soyeux bleuté de ses vêtements et aucune trace d'elle. Pourquoi n'était-elle pas rentrée comme tous les matins près sa chasse nocturne ? Pour réfléchir à ce qui aurait bien pu se produire, Duo parcourait la grotte de long en large, examinant chaques cavités, chaques petits stalactites et stalagmites. La grotte était uniquement éclairée par de petits orifices à son sommet d'où provenait la lumière de la surface. L'eau ruisselait le long des parois froides et grises pour couler finalement vers un petit lac souterrain. Il faisait extrêmement froid, mais cela ne préoccupait pas Duo. Il s'arrêta un moment dans sa marche effrénée et regarda les orifices de lumière.

Toujours rien. Elle ne rentrait pas.

Il reporta son regard plus loin, vers l'endroit le plus sombre de la grotte où des centaines de minuscules de paires d'yeux rouge sang observaient l'étrange danse matinale et plutôt inhabituelle de leur maître. Visiblement, ses chauves-souris ne comprenaient pas pourquoi il agissait de cette manière ce matin. Il était assez nerveux, elles le ressentaient. Et soudain, elles battirent toutes ensemble leurs magnifiques ailles noires et poussèrent de petits cris aigus.

"Duo, que se passe-t-il, nous devrions déjà être partis et en route pour le royaume de Sanck ?"

Ne voyant toujours pas revenir Duo de la grotte où il y était depuis son petit-déjeuner, Hilde commençait à s'inquiéter. Elle portait sa tenue de voyage noire qui était en tout et pour tout un simple pantalon de velours noir qui lui tenait chaud en cas de mauvais temps, une petite chemise légère et son épais manteau assorti au pantalon. Elle avait descendu discrètement l'étroit et raide escalier qui menait à la grotte et l'avait observé un cours instant avant que les chauves-souris de Duo ne le prévienne de son arrivée. Duo la regarda d'un air triste et emplit d'inquiétude. Il parvient à la maîtriser et lui annonça ce qui le tracassait tant.

"Death n'est pas encore rentrée de sa partie de chasse…."

A ces mots, les beaux yeux bleus d'Hilde s'écarquillèrent. cela se fait-il ? Ce n'est pas vraiment….

Un faible cri retentit dans la grotte et tous les deux fixèrent un point noir qui s'avançait à faible allure vers eux. La chauve-souris préférée de Duo semblait mal en point et était sans aucun doute blessée.

A la différence des autres, Death avait les yeux améthyste comme son jeune maître et Duo pensaient que d'une certaine manière ils avaient été prédestinés pour passer un bout de chemin ensemble. L'étrange chauve-souris se posa dans les deux mains jointes que Duo tendit vers elle en un ultime effort et ne bougea plus.

Le natté caressa tendrement la petite forme blottie entre ses mains et ainsi en profita pour l'examiner attentivement. Elle n'avait pas de blessures graves, seulement des griffures, des morsures et quelques traces de sang sur le museau. Visiblement, la proie qu'elle avait choisie pour dîner lui avait causé quelques soucis. Duo sourit et rit intérieurement de lui-même. Il avait retardé son départ pour le royaume de Sanck alors qu'il devait arriver parmi les premiers pour les tests d'inauguration, et Death n'avait rien à part un estomac bien rempli !

La chauve-souris le regardait de ses yeux pourpres et comme si elle lisait dans ses pensées, émit un vif cri de protestation !

"Et bien", dit Duo amusé, "je vois que je me suis inquiété pour rien. Ah, bah, tant pis pour moi !"

Hilde souriait, elle aussi, rassurée de voir Duo et Death se chamailler, tout était redevenu normal, ils pouvaient enfin partir dès qu'il se serait assuré qu'elle reprendrait ses forces correctement.

Duo, qui tenait toujours avec précaution son amie des ombres, se dirigea vers petite niche dans un des nombreux recoins obscurs de la grotte. La niche était toute en pierre noire, où une tablette de marbre gris se dégageait de la roche. Il fit apparaître un tas de feuilles mortes sur le marbre et y posa l'animal de la nuit. Celle poussait toujours des cris d'indignation, faisait tout pour réclamer son attention. Hilde se rapprocha de Duo afin de voir la situation par elle-même.

"Oh, regarde Duo ! Death a quelque chose dans sa bouche, accrochée à ses canines !"

Duo tourna sa tête vers Hilde et elle lui montra la raison de l'attitude de la chauve-souris. En effet, un petit morceau de tissu gris en mauvais état était dans la petite bouche de son animal favori. Duo le saisit délicatement et l'étudia. Le tissu était usé, et comportait de minuscules traces de sang sans doute ancien mais pas frais, comme celui qui se trouvait sur le pelage opaque de Death.

"Je me demande d'où cela provient. Tu as une idée Hilde ?"

La jeune fille examina à son tour l'étoffe. Son visage se crispa pendant quelques secondes, une lueur verte apparut sur le tissu et révéla de nouvelles tâches de sang. Les yeux de Hilde perdirent leur éclat naturel et devinrent encre. Puis, elle arrêta le sortilège de questionnement et rendit l'étoffe à Duo.

"Alors ? De quoi s'agit-il ?"

"Ce morceau de tissu appartient à la robe d'un maître de la terre à première vue."

La jeune magicienne, au niveau disciple du chaos et novice en magie de la terre, paraissait douter de sa découverte. Quelque chose n'était pas normale. D'ordinaire, les chauves-souris n'attaquaient pas les êtres magiques qu'ils soient des hommes ou des animaux ; alors que s'était-il passé cette nuit avec Death ?

"Allons," lui murmura Duo dans les oreilles tandis qu'il l'enlaçait tendrement, "c'est déjà arrivé la dernière fois. Elle avait trouvé un morceau de tissu sur le cadavre de l'une de ses proies et…."

Hilde, qui ne l'écoutait plus, l'embrassait tendrement pour mettre fin à la discussion.

"Tu disais ?" demanda-t-elle innocemment.

"Oh, rien de particulier….Et si nous partions maintenant ? Relena et Quatre vont s'inquiéter si nous arrivons en retard pour les tests."

Ils regardèrent une dernière fois Death qui s'était endormie sur le feuillage de la niche et montèrent main dans la main l'étroit escalier. Duo ouvrit la petite porte noire et laissa passer Hilde devant lui. Ils étaient à présent dans la guilde de l'équilibre où il y logeait depuis qu'il en était devenu le premier gardien.

La guilde de l'équilibre était la plus importante de toutes. Ses sœurs, les guildes de la magie de l'eau, de la terre, du feu et des airs étaient toutes aussi importantes mais étaient placées sous la responsabilité de celle de l'équilibre. Duo devait veiller à leur bonne organisation et à ce que chacune d'elle respectent les lois de la magie édictées depuis la chute de l'empire Romefeller. Le natté avait été choisi car il était l'un des rares à n'appartenir à aucune d'elles puisqu'il était l'un des seuls maîtres du chaos encore en vie. Cette magie très ancienne était une sorte de regroupements des autres magies mais dans ce qu'elles comportaient de plus dangereux. Il pouvait maîtriser n'importe quels sortilèges ou malédictions et était de ce fait très respecté et craint par les autres magies.

La guilde avait été bâtie à un des endroits les plus stratégiques de Marith. Elle se situait au seul endroit où les royaumes de Castigare, Sanck et Vori avaient une frontière commune, d'où l'importance d'avoir une personne neutre et digne de confiance dans ce lieu. Quant au bâtiment en lui-même, il comportait trois étages en surface, les deux premiers comportant des bibliothèques des différentes magies, des objets magiques, des artefacts, une salle des potions. Au troisième étage se trouvait les appartements de Hilde et Duo.

Duo et Hilde rejoignirent leurs magnifiques montures qui les attendaient patiemment depuis un long moment. Cependant avant de partir définitivement, Duo activa les systèmes de protection et de sécurité magiques qu'il avait installés lui-même pour parer à tout problème éventuel. Il se positionna au milieu de l'allée menant à la guilde et une lueur de rouge et de noir l'entoura pour venir finalement entourer tout l'édifice. L'étrange lueur brilla quelques secondes sur les murs et fut comme absorbée par ceux-ci. Les protections étaient placées, ils pouvaient partir pour le royaume de Sanck.


Loin de tout semblant de civilisation, se dressait un immense monastère, au sommet de la montagne Triste sur la chaîne des cimes Silencieuses. Ce bâtiment aux couleurs austères, était la propriété du clan dragon. Bien qu'un monastère, cet édifice ressemblait de l'extérieur plus à une forteresse imprenable, avec ses tourelles, ses miradors, et l'impressionnant personnel destiné à la surveillance des alentours. Des moines guerriers, des archers, ainsi que trois maîtres de l'école de la magie du feu participaient à la protection de ce lieu sacré aux yeux du clan mais également pour certaines personnalités politiques qui avaient intérêt à perpétuer la sérénité de cet endroit inaccessible pour les non initiés. L'ensemble architectural demeurait simple et l'ameublement comportait le strict nécessaire. Des salles d'entraînement, quelques salles de réunion, un grand jardin pour passer de rares mais précieux moments de détente, et la salle des dragons présentaient la grande partie du monastère de Pyronde.

"Où est le premier maître, Tenchi ?"

Le second maître du feu dans la hiérarchie de l'école de magie du feu, cherchait Wufei depuis une demi-heure sans succès. La visite de tous les endroits où il était susceptible d'être avait échoué.

Tenchi, un serviteur de grande taille, les cheveux noirs, des yeux bleu gris, avait été attaché au service personnel de Wufei pour son apprentissage de magie de feu. Ce jeune garçon de 16 ans devait en théorie connaître le lieu où celui-ci se trouvait mais ce n'était pas l'avis du jeune magicien, qui s'éclipsait régulièrement à son insu, afin de pouvoir méditer tranquillement tout à son aise.

"La dernière fois que je l'ai aperçu, il se trouvait dans le jardin, près de la fontaine des dragons. Il ne souhait pas être dérangé."

"Avez-vous préparé ses bagages pour le royaume de Sanck ?"

"Non maître Jiu Cao, je lui ai demandé mais il m'a répondu qu'il ne s'y rendait pas."

"Quoi ! "s'exclama le second maître." Mais à quoi pense-t-il donc ? Pourquoi ?"

Le jeune maître du feu se dirigea à grandes enjambées vers le jardin du monastère, essayant de maîtriser la panique qui s'emparait progressivement de lui. Si le premier représentant de la magie du feu ne participait pas à l'inauguration, tout d'abord, les gens s'interrogeraient sur cette absence et certains pourraient prendre cette décision comme un affront fait aux autres écoles, et à la princesse de Sanck. Mais pourquoi agissait-il ainsi ?

Tout en réfléchissant aux malheureuses conséquences qui allaient bientôt s'abattre sur le monastère, il aperçut Wufei, assis sur un banc de marbre blanc, entouré d'érables du Japon, petits arbustes adaptés à un environnement rocailleux comme la montagne Triste. Vêtu de son traditionnel habit blanc, le jeune homme avait détaché ses cheveux, qui lui tombaient sur les épaules, les yeux fermés, celui-ci paraissait perdu dans ses pensées.

"Je t'ai entendu approché Jiu Cao. Tu peux venir."

Wufei se décala un peu sur le banc afin de laisser son ami s'asseoir, profitant de cette opportunité pour examiner son perturbateur. Ils restèrent tous les deux ainsi à fixer l'entrée menant au cœur de la montagne.

Jiu Cao était second de l'école du feu et à ce titre, son principal interlocuteur en toutes circonstances. Des cheveux courts de couleur noire avec quelques reflets bleu-gris, d'une taille plus imposante que Wufei, de larges épaules musclées, des yeux noisette, il portait une tenue identique au jeune chinois de 19 ans mais ayant la coloration rouge cerise de l'école de magie, son sabre autour d'une ceinture de cuir, il était prêt à agir dans n'importe quelles situations. Jiu Cao tenait un regard lointain qui permettait à n'importe quelle personne observatrice de lire les pensées de son âme. Wufei rompit le premier le silence.

"Je suppose que tu désires savoir pourquoi je ne me rends pas à New- Port City ?"

Jiu Cao détourna son regard de la porte et fronça les sourcils en regardant le chinois.

"Tu as peur des paroles dites par le dragon Wing Zéro ?"

"Je ne vois pas où est le mal d'être entouré, surtout par les autres membres d'élite des écoles. Et puis, ce sont tes amis, non ?" Jiu Cao avait visiblement marqué un point. Son ami était manifestement surpris.

"Comment …."

"Comment je le sais, cela n'a pas d'importance. Tu dois aller à Sanck, c'est ton destin, ne l'oublie pas. Pense à ce qu'il t'a dit, ou plutôt montré. Pourquoi refuses-tu leur amitié ? Tu as pourtant accepté la mienne."

Voulant arrêter là le monologue de Jiu, Wufei se leva et caressa tendrement le feuillage pourpre de l'érable près de lui. Il ne fuyait pas, cependant, il n'éprouvait pas encore le désir de se confier. La solitude était encore sa principale amie et confidente, l'acceptation la présence des autres dans sa vie viendrait plus tard.

"Quand le moment viendra… Pour le moment, aimerais-tu me remplacer et connaître enfin la princesse de Sanck ? Je vais t'écrire une lettre pour elle, elle comprendra et acceptera mon choix."

Sans attendre de réponse de sa part, le premier maître s'éloigna du jardin en direction des bâtiments. Jiu Cao revint à l'examen de la porte creusée dans la montagne.

Qu'as-tu en tête Wufei ? Et pourquoi ne veux tu toujours pas te confier à quiconque ?

Le jeune second maître suivit les pas de celui qu'il considérait comme un ami, et trouva Tenchi dans son appartement en train de préparer ses bagages.

"Le jeune premier maître m'a dit que vous nous quittez…"

"Oui, en effet, c'est finalement moi qui part pour Sanck."

Sanck… je me demande si tout ce qu'on raconte sur la princesse est vrai, quel est son potentiel en magie de l'eau ? Ce voyage va être passionnant…


"Oui mon gros… je suis désolé mais je ne pourrais pas m'occuper de toi pendant quelque temps. "

Trowa caressait tendrement la crinière magnifiquement fournie de son lion. Celui se laissait faire, s'abandonnant sur le sol de sa cage de tout son aise. Tout d'un coup, deux bras fins encerclèrent affectueusement son cou.

"Tout se passera bien Trowa, je prendrais soin d'eux durant ton absence."

"Catherine…"

"Trowa, pardonne-moi de te déranger dans tes derniers moments avec les animaux, mais…"

"Je sais, je suis attendu", murmura-t-il dans son oreille.

Catherine, une jeune femme elfique, membre de la troupe de cirque, acrobate et lanceuse de couteaux accomplie, relâcha son étreinte et le regarda intensément. Il avait grandi depuis les trois dernières années, lors de son arrivée dans la troupe. Il était plus grand, ses cheveux brun avaient poussé, sa musculature était plus imposante. Mais au-delà de son apparence physique, Catherine avait observé les changements de comportements de la personne qu'elle considérait plus comme un frère que comme un ami. Même s'il paraissait distant, réservé, Trowa avait appris à sourire, il allait un peu plus vers les autres, faisait découvrir les animaux aux enfants après les représentations, le jeune homme se montrait un peu plus sociable, même s'il n'avait pas la facilité de son ami Duo, le maître du chaos. En tout cas il faisait des efforts et Catherine espérait au plus profond d'elle-même qu'il finirait par découvrir le bonheur qu'il recherchait et qu'il méritait avant tout.

"Catherine, tout va bien… à quoi penses-tu ?"

"Non, à rien, mais dépêche toi, un page est là pour te conduire au palais."

"Oui, tu as raison, je vais me changer."

Trowa se dirigea dans la caravane pour vêtir son habit militaire. Le roi des elfes l'avait autorisé, à la chute de l'empire Romefeller, à vivre auprès de sœur et pratiquer ses multiples talents, à la condition qu'il reste dans la capitale, et assure le poste très envié de chef des albâtriers de Sa Majesté. De par ce titre, il était un des hauts dignitaires du royaume, puisqu'il dirigeait la prestigieuse unité d'élite des archers elfiques et assurait des missions diplomatiques à quelques occasions, notamment auprès du royaume de Sanck, grâce à son amitié envers la princesse.

"Princesse ! Princesse, regardez ! par la fenêtre !"

Lyriane, jeune fille aux cheveux courts et blonds de 13 ans, se précipitait vers la princesse elfique.

"Venez, il arrive !" La jeune princesse elfique se tenait devant de nombreuses malles, des coffrets de différentes tailles, des boîtiers rouge et or, et en vérifiait leur contenu.

"Lyriane, inutile de crier, lui répondit-elle d'une voix posée dans un sourire."

"Père l'a convoqué pour l'informer de la route à suivre pour nous rendre chez Relena. Nous prendrons la route la plus courte mais celle-ci est la plus dangereuse. La voie est étroite et abrupte. Tu devrais le savoir pourtant, le capitaine des albâtriers nous escorte jusqu'au royaume de Sanck."

Lysarielle, la dernière des enfants de la famille royale, était âgé de 17 ans. Elle portait une tenue d'amazone écru qui faisait ressortir le teint pâle et blanc caractéristique des elfes du royaume de Vori, des yeux verts comme le jade, de longs cheveux roux qui ondulaient harmonieusement sur ses épaules et son dos, la taille fine et élancée des elfes. La jeune princesse elfique détourna son regard un instant des écrins vers la fenêtre entrouverte afin d'observer la personne qui traversait la cour intérieure du palais royal, accompagnée par un jeune page attaché au service du roi.

Un jeune homme de grande taille, une mèche de cheveux cachant une partie de son beau visage, un uniforme bleu nuit, une longue cape noire doublée de rouge, le capitaine regardait droit devant lui et ne semblait pas prêter attention à l'agitation autour de lui. Les chevaux, les licornes, les centaures, les gardes sylvaniens le saluaient respectueusement, certains s'entraînaient à l'archer, d'autres vérifiaient une dernière fois leurs affaires pour le voyage ou patientaient en s'échangeant les derniers potins de la cour. Le départ pour Sanck n'allait plus tarder.

"Majesté, le capitaine Trowa est ici."

La jeune page s'éclipsa et Trowa se trouvait désormais dans le petit salon des appartements royaux. Au milieu de la pièce circulaire, se trouvait le bureau du roi Rion, entouré par des représentations des précédents monarques sur les murs blancs. Au sol, des mosaïques bleues et vertes, avec de petites touches de blanc évoquaient l'alliance elfique de la magie de l'eau et de la terre que la famille royale maîtrisait simultanément.

Le roi Rion était un homme âgé, très respecté dans les autres royaumes de Marith et possédait une sagesse et un savoir que tous lui reconnaissaient. Le père de la princesse Lysarielle avait de grands yeux gris, un long visage fin, une longue chevelure blanche dissimulant ses oreilles pointues. À ses côtés, ses deux autres enfants, le prince Cyrus du même âge que Trowa et le prince Omiris, âgé lui de 24 ans, l'héritier du royaume.

À l'arrivée du chef des albâtriers, le roi examinait un relevé des positions des lunes par rapport aux étoiles et les prévisions de leur emplacement futur.

"Capitaine, comme vous le savez déjà, vous ne devrez pas prendre la route habituelle pour vous rendre à Sanck…"

Le visage du roi était grave. La lueur de ses yeux habituellement étincelante semblait éteinte. Qu'avait-t-il lu dans les lunes pour être ainsi ?

"Soyez extrêmement vigilant, particulièrement durant votre retour…"

Le roi Rion paraissait très inquiet, ses traits étaient éloquents. Quelque chose allait avoir lieu, mais quoi ?

Trowa se risqua à posa la question, sans ciller.

"À quoi devons-nous nous attendre, Majesté ?"

Le regard royal déjà assombri par les prédictions, s'attrista davantage.

"Prenez soin de Lysarielle, c'est là ma dernière volonté. L'avenir sera plus dur pour elle, faîtes en sorte qu'elle ne subisse pas de dommages tant physiques que…"

Le roi s'interrompit, il ne souhaitait terminer sa phrase. Les deux princes toujours aux côtés de leur père l'observèrent un instant. Le prince héritier rompit le premier le silence

"Soyez plus que concentré, plus que zélé", lui répondit Omiris en employant le même ton sérieux que son père.

Le roi reprit le contrôle de la discussion pour y mettre fin.

"Vous partez tout de suite, il ne faut pas perdre de temps", bredouilla-t-il en quittant la pièce, suivi du prince héritier.

Sa Majesté et le prince Omiris se retirèrent pour ne laisser que le plus jeune, Cyrus. Le jeune homme ressemblait beaucoup à la princesse Lysarielle, la même chevelure en plus courte, les yeux verts en amande, la peau blanche, le jeune homme était cependant plus grand que sa petite sœur, et était un archer des plus doués.

Cyrus se décida à desserrer les lèvres lorsque les bruits de pas de son frère et son père cessèrent. Les deux militaires s'étudièrent un instant pour qu'ensuite leur inspection se termine par un large sourire de Cyrus.

"Tu es toujours le même, tu n'as pas beaucoup changé depuis ton arrivée. Mais, dans un sens ce n'est pas plus mal", souffla le prince à son interlocuteur.

L'archer joignit ses mains, et comme dans une prière les éleva. Une lumière d'un bleu pastel entoura ses mains, pour devenir de plus en plus sombre. Un arc ancien apparut suivi par des flèches aux pointes blanches, des gouttes d'eau tombant sur la terre étaient gravées sur le bois.

"Ceci est l'arc légendaire du peuple de Vori ainsi que les célèbres flèches angéliques", répondit Cyrus, anticipant la question de Trowa, qui avait froncé les sourcils.

Trowa examina l'arc avec attention. Cet arc ne ratait jamais sa cible, même sur une longue distance, et quelque soit le sens du vent, quant aux flèches, celles-ci transperçaient n'importe quelle matière, que celle-ci soit solide comme un roc ou non. Trowa était assez surpris. Il devait simplement partir en mission d'escorte à Sanck, et voilà qu'il allait devoir à nouveau à se battre.

Le prince devant le silence du chef des albâtriers, réagit en lui mettant l'arc et les flèches dans les mains.

"Allons mon ami, ne soit pas étonné par ce que tu vois. Cet arc allait te revenir un jour ou l'autre. Seul le meilleur des archers est capable de l'utiliser et même si je suis très bon, c'est maintenant à toi de t'en servir."

Cyrus sourit amicalement à Trowa qui lui le rendit timidement.

"Pourquoi maintenant ? "demanda-t-il." Que se prépare-t-il ?"

Le prince soupira à cette question tout en haussant les épaules.

"Nous ne savons pas exactement… tout ce que nous savons c'est qu'un danger jamais combattu jusqu'alors s'apprête à s'abattre sur la planète, particulièrement à Sanck et à Vori."

Tout d'un coup, le prince saisit Trowa par les épaules et le regarda droit dans les yeux.

"Prends soin de la princesse Lysarielle, prends soin de Lysa Trowa. C'est le plus important", murmura-t-il.

"Cyrus ?"

"Bon voyage Trowa, fait attention."

Il quitta la pièce, le laissant là avec ses interrogations.


Il faisait extrêmement chaud dans la plus petite salle d'entraînement mais il n'en avait cure. Il y avait passé toute l'après-midi, suite à son entretien avec le roi de Castigare et même si cela s'était plutôt bien passé, il ne pouvait s'empêcher de repenser aux paroles pleines de sous-entendu d'un des diplomates du roi dont il avait mission de conduire à Sanck. Sans rien laisser paraître, il était allé dans la petite pièce pour pouvoir réfléchir à son aise sans être importuné. Ses mouvements étaient précis et rapides, son adversaire imaginaire n'avait pas de répit. Cet idiot de Lord ! S'il pensait qu'il allait gentiment venir lui demander confirmation de chacune de ses décisions, il se faisait des illusions ! Comment l'avait-il découvert ? Il fallait mener une enquête, et cela le plus discrètement possible pour ne pas éveiller les soupçons. Cela était une de ses spécialités. Son souffle s'accéléra et frappa violemment l'air. Le combat était terminé. Ses nerfs se relâchèrent intérieurement. Il l'avait vaincu, il devait se dépêcher d'atteindre le royaume de Sanck.

Heero se trouvait dans la salle d'audience du roi pour recevoir ces derniers ordres avant son départ pour Sanck. Il sera également accompagné par Lord Heavenstorm, conseiller de sa Majesté en matières d'affaires étrangères. C'était un homme de taille moyenne, aux yeux noirs avec une étrange et longue chevelure rouge. Son vêtement de velours prune le faisait ressembler à une femme pour n'importe qui de non aviser.

Lors de cet entretien, le roi fit part de prédictions des devins à son général en chef et lui demanda s'il souhaitait une escorte plus en conséquence et son conseiller s'était interposé.

"Majesté, je pense d'une garde renforcée est nécessaire, par simple précaution. Nous ne savons pas à quoi nous devons nous attendre."

Le général se tenait debout devant le roi, et soutenait son regard, attendant sa réponse. Lord Heavenstorm l'observait de son regard malicieux et un sourire malveillant se dessina sur ses lèvres.

"Majesté, au contraire, à mon avis, nous ne pouvons pas accéder à la demande du général. Se rendre armé au royaume lors d'une visite amicale risque d'être mal accueillit par la cour et la reine. De plus, il y aura les autres maîtres présents, ils pourront intervenir au cas où la situation se compliquerait."

Heero regardait maintenant le conseiller de son regard dur et fronça les sourcils.

Le roi était assez surpris. Une menace planait sur le royaume de Sanck et pouvait s'étendre sur les autres royaumes et son conseiller lui demandait de ne pas agir.

"Et pourquoi cela ?"

"Majesté je ne remets pas en question les compétences des devins. Ils ne se sont jamais trompés par le passé…Cependant, le général est parfaitement capable de pouvoir assurer la sécurité de la reine de Sanck lui-même."

"Que voulez-vous dire par là ?"

"Et bien, il semblerait Majesté que Sir Huy ait promis à son Altesse de la protéger de tout danger…"

Le roi était assez stupéfait, son général en chef avait prêté un serment d'allégeance à la princesse sans son consentement. Il y avait de la trahison de l'air…

"Est-ce vrai ?" demanda le roi en examinant son chef d'armée.

"Oui, votre Majesté, répondit Heero en s'inclinant respectueusement. Ce n'est pas autant que je ne suis pas fidèle à votre Altesse."

"Dans ce cas pourquoi avoir promis cela à la reine Relena ?"

"Pardonnez-moi Majesté, mais j'ai mes raisons et elles ne regardent que moi."

A cette réponse le roi Valdrien serra les poings sur les poignées de son trône et le dévisagea attentivement

"D'après les dires des devins « le passé resurgira plus fort que jamais et apparaîtra alors la plus grande menace jamais connue de la planète. La méfiance régnera et les amis douteront d'eux. L'espoir de paix rejoindra les ténèbres. »

Malheureusement, nous ne savons pas où et quand cela se passera. De plus, tout porte à croire que son Altesse Relena court un grave danger. Aussi, puisque vous avez prêté serment à la princesse, je vous charge de vous occupez personnellement de ce problème. Vous êtes grand maître de l'air et vous posséder une exceptionnelle résistance à la magie, cela ne devrait pas être d'une énorme difficulté pour vous. Cependant, vous porterez ceci."

Le roi agita négligemment la main et un petit écrin rectangulaire de couleur rouge apparue dans ses mains.

"Ce sont des amulettes de Lamvine, il y en a une pour son Altesse et vous-même. Je n'ai pas besoin de vous dire à quoi elles servent, j'espère seulement que vous n'en aurez pas l'utilité."

"Quant à vous, Lord Heavenstorm, vous ferez part à Sa Majesté mon amitié et vous lui renouvellerez mon soutien inconditionnel. De plus, compte tenu de votre nouvelle situation, vous assisterez le général et celui-ci devra venir vous demandez votre avis avant de prendre une importante décision."

Lord Heavenstorm sourit intérieurement en s'inclinant devant le roi Valdrien. Sa révélation n'avait pas plu au roi, et même s'il avait pardonné au général, il l'avait néanmoins chargé de le surveiller. Il avait obtenu plus qu'il n'avait espéré. Son véritable maître serait fier de lui.

Le général sortit un peu apaisé de la petite pièce d'arme, après avoir pris ce qui lui semblait nécessaire.

Ses yeux Prusse étaient sévères et montraient à tout le monde sa détermination. Il se rendit aux écuries royales où un cocher lui avait préparé Landroval. Ce n'était pas n'importe quel cheval, plus exactement, c'était l'un des derniers spécimens de la race des Pégases, un croissement entre un cheval et un griffon. Landroval avait le corps de n'importe lequel de ses congénères ainsi qu'une paire d'aile dans le dos, un magnifique pelage blanc avec des sabots couleur argent.

Une fois sortit des écuries, il ordonna à sa petite escorte de rejoindre les diplomates et pris la tête du convoi. A la sortie de la capitale, il s'envola dans les airs avec Landroval pour surveiller la route des nuages. Il allait devoir être particulièrement vigilent. Sur le dos de son pégase, il poussait observer tous les alentours, et inspecter à son aise tout ce qui lui paraissait suspect.

Du haut de son point d'observation, une tâche prune s'avançait pour prendre de la tête du cortège. Lord Heavenstorm semblait particulièrement content de lui. Heero fronça les sourcils. Il ne laisserait personne l'empêcher d'accomplir sa mission. Il allait tout faire pour la protéger, même s'il devait perdre l'amitié du roi Valdrien.