chapitre 4
-Tu comprends, si tu es amnésique, tu ne peux pas être avec ce fichu tyran, déclara le sheikah. Son sort ne marche que sur ceux qui l'ont trahi ou qui sont contre lui. On le sait parce qu'il a tenté de nous envoyer de faux amnésiques pour nous espionner, mais ça n'a pas marché.
-Pourquoi cela ?
Les vrais amnésiques ont quelque chose de particulier dans le regard, et j'ai appris à le reconnaître. D'ailleurs, je suis peut être la seule personne dans tout Hyrule à pouvoir le faire !
Il se ventait certainement, mais elle préféra ne rien dire. Cet homme la connaissait, et si elle voulait apprendre qui elle était, mieux valait s'attirer ses bonnes grâces. De plus, il avait l'air de ne pas beaucoup l'aimer, et elle ne se sentait pas particulièrement en forme pour répondre à un nouveau défi.
Et comment les gens deviennent-ils amnésiques ?
J'aimerais bien le savoir… Link est le seul à le savoir, et ça m'étonnerai qu'il décide de révéler ce secret aux rebelles que nous sommes.
Link… ce nom lui était étrangement familier. Qui pouvait-il être ? Après une courte réflexion, elle réussit à trouver la légende derrière ce nom assez banal. Link était le héros du temps, l'homme qui avait réussit à vaincre Ganondorf quelques années plus tôt, et qui s'était ensuite plus ou moins fiancé à la princesse Zelda. En tout cas, c'est ce que tout le monde disait, et on l'appelait depuis le Prince d'Hyrule. Mais il y avait autre chose que cette histoire que tout le monde connaissait sur lui, la jeune femme le sentait. Comme si Link et elle avait été très proches autrefois, proches comme elle ne l'avait jamais plus été de qui que se soit par la suite, et comme elle ne le serait probablement jamais plus.
Mais toi, tu vas peut être pouvoir nous aider à découvrir ça, déclara l'homme, interrompant ainsi ses pensées. C'est la première fois que je rencontre un amnésique que j'ai déjà rencontré du temps où il avait encore sa mémoire ! Peut être que si je t'aides à retrouver qui tu es, tu te souviendras comment tu es devenue amnésique ! Tu n'imagines pas à quel point ce serait important…
Je crois que si justement…Dites, pour commencer, si vous me disiez mon nom et le votre ? Je pense que ça m'aiderai beaucoup.
Il la regarda, visiblement surpris.
Tu veux dire que… tu ne te rappelles même pas ton nom ? Mais les autres ne l'avaient pas oublié… De toute façon, je ne peux pas t'aider, tu as toujours refusé de nous le donner. Tu aimes trop les secrets, c'est ça ton gros défaut. J'aurai peut être pu te faire confiance sans ça, délara-t-il, mais son visage démentait clairement ce qu'il disait.
Si vous le dites…enfin, puisque je ne peux pas connaître mon nom, je dois quand même pouvoir connaître le votre, non ?
Oui, ça doit être faisable ça. Je m'appelle Yorwan, et je suis, ou plutôt j'étais le chef du village Kokoriko, jusqu'à ton arrivée. Parce que maintenant, à cause de toi je ne suis plus qu'un simple fugitif !
Je croyais que ce n'était pas ma faute puisque je n'étais pas à la solde de l'ennemi…
Yorwan la regarda d'un air moqueur et méprisant encore plus désagréable que celui de Mido, ce qui n'était vraiment pas peu dire songea la jeune femme. Il la détestait, c'était clair, et bien elle ne l'aimait pas beaucoup non plus, ça faisait au moins une chose qu'ils avaient en commun.
Le village a été attaqué après ta visite, grogna-t-il. Et quelle coïncidence, tu venais juste de partir ! Alors au mieux, c'est à toi qu'on en voulait et tu as juste eu de la chance, et au pire…
Au pire, je le savais et je me suis enfuie sans rien dire, c'est bien ça ? J'aimerai sûrement savoir la vérité autant que vous…
Mais elle la savait la vérité, elle en était sûre. La jeune femme ne se connaissait que depuis quelques jours, mais elle savait déjà comment elle réagissait en général. Sa survie lui paraissait plus importante que celle d'un village de bouseux sans importance, et elle l'était d'ailleurs. Elle avait découvert l'attaque toute proche et avait levé l'ancre sans dire un mot de peur qu'on ne la force à rester protéger des vies sans importances. Les sheikahs étaient bien le genre d'idiots à vouloir à tout prix protéger les plus faibles qu'eux.
Si tu le dis, grommela Yorwan. De toute façon, maintenant que tu ne peux plus être avec Link, tu es forcément avec nous. Donc tu vas m'aider, ou plutôt nous aider les autres résistants et moi à libérer tous les survivants du village kokoriko !
Elle aurait du protester, refuser, le traiter d'idiot parce qu'il osait croire qu'elle allait les aider à sauver une bande de bouseux tellement idiots qu'ils avaient été faits prisonniers, mais elle n'y arriva pas. Son ancien elle aurait peut être refusé, mais elle ne voulait plus être comme ça, elle ne voulait plus être monstrueuse. Elle hocha donc la tête avant de réaliser brusquement que le jeune homme avait dit quelque chose d'étrange qui n'avait pas sa place dans cette conversation pour ce qu'elle en savait.
Qu'est ce que Link vient foutre dans cette histoire ? demanda-t-elle. Et pourquoi je ne peux plus être dans son camp.
Il lui jeta un regard sincèrement surpris sans la moindre trace de mépris pour une fois.
Mais parce que c'est lui le tyran qui martyrise Hyrule ! Tu ne t'en souvenais plus non plus ?
