Chapitre 8
Flamme
les regarda, un peu inquiète. La vieille avait dit que les
gérudos lui apporteraient des questions, mais pour l'instant
ces femmes rousses semblaient plutôt décidées à
leur apporter la mort à tous… Pourquoi ? Ils n'avaient
rien fait pourtant ! A moins que… la jeune femme se demanda si elle
n'avait pas fait quelque chose aux gérudos autrefois. Peut
être avait-elle séduit un homme ? Ou même
plusieurs ? Elle pouvait s'attendre à tout de sa part.
-
Qu'est ce que vous faites sur notre territoire ? demanda l'une
des femmes. Vous venez nous offrir ce mâle ? C'est un beau
spécimen…
-Prenez-le,
et dans deux jours vous payez pour vous en débarrasser, se
moqua Flamme. Il n'est pas trop laid, mais son caractère est
horrible.
-Dans
ce cas, que faites-vous ici ? Les non-gérudos n'ont pas le
droit de souiller nos terres !
-Je
suis amnésique, et l'idée de désert me
rappelle vaguement quelque chose. Je pensais venir ici pour tenter de
découvrir qui je suis et ce qui m'est arrivé…
-Ton
mâle et ton enfant ne peuvent pas te dire ces choses ?
La
jeune femme regarda Yorwan puis éclata de rire. Son mâle
? Lui ? Plutôt mourir ! Les sentiments du sheikah devaient être
plus ou moins identiques, car il éclata de rire à son
tour.
-
L'albinos n'est qu'un compagnon de voyage, et la petite est une
kokiri. Je suis… je suis une femme-fleur, et je ne crois pas que ce
genre de… choses, puissent aller avec ma condition.
Les
gérudos baissèrent aussitôt leurs armes et
regardèrent la jeune femme d'un air surpris. Celle qui
semblait être la chef s'approcha d'elle et la regarda
attentivement.
-
C'est vrai qu'avec cette couleur de cheveux, j'aurai du m'en
douter… et vos yeux aussi sont révélateurs. Il n'y
a que les femmes-roses et les loups-garous pour avoir des yeux jaunes
comme ça… Bien, dans ces conditions, vous pouvez vous
considérer comme nos invités. Suivez-moi, je vais vous
menez à la forteresse.
La
jeune femme acquiesça puis suivit la gérudo sans un
mot. Décidément, le terme de femme-fleur était à
l'origine de réactions très différentes à
chaque fois… Une fois on l'insultait, la suivante on la traitait
avec respect. Non, vraiment, il y avait quelque chose de bien étrange
derrière ce titre… Et la vieille, sa 'marraine de serment'
comme elle s'était surnommée, était
certainement l'une des choses les plus étranges.
Immense.
Ce fut le premier mot qui vint à l'esprit de Flamme
lorsqu'elle vit la forteresse des voleuses du désert. Elle
ne parvenait pas à définir où commençait
la falaise et où finissait les bâtiments tant la
symbiose entre artificiel et naturel semblait parfaite. A vrai dire,
seules les patrouilles perturbaient un peu cet équilibre de
minéral. En les observant plus attentivement, la jeune femme
remarqua un détail étrange : dans ces patrouilles, il
n'y avait que des femmes. Parmis les personnes qui venaient
assister à leur arrivée, il n'y avait que des femmes.
Les enfants qui jouaient n'étaient que des filles.
-
J'ai l'impression que ma question est idiote, dit-elle en
s'approchant de la chef du groupe, mais… où sont vos maris
? Les hommes de la tribu gérudo vivent dans un quartier à
part ?
-Mais
il n'y a pas d'hommes dans notre tribu, répondit la femme
en la regardant d'un air d'incompréhension. Ou plutôt,
il n'en naît qu'un par siècle, ne me dites pas que
vous l'ignoriez ? Tout Hyrule le sait, et même au delà
ce trait de notre race est connu !
-Je
l'ignorais… Ou plutôt, j'ai du le savoir, mais je ne m'en
souvenais plus.
-Vraiment
étrange, commenta la gérudo. Vous êtes une
amnésique par magie, non ? D'habitude, ils oublient
uniquement leur passé… Mais ne parlons pas de cela ici, les
pierres ont des oreilles, et les gérudos encore plus…
Ils
entrèrent dans l'un des quartiers de la forteresse où
se trouvait les appartements de la gérudo. Apparemment,
celle-ci occupait un poste bien plus important que celui de simple
chef de patrouille.
-
Bien, permettez-moi de me présenter… je me nomme Lâaruço,
et je suis actuellement la reine des gérudos par procuration.
Et vous, qui êtes vous ?
-Je
m'appelle Flamme, et voici Lésa, c'est la petite, et
Yorwan, c'est le crétin.
-Vous
êtes un sheikah, non ? s'étonna Lâaruço.
Qu'est ce que vous fichez avec une femme-fleur ? Et puis, votre
race est supposée être extrêmement fière,
alors comment supportez-vous ces insultes ?
-La
galanterie m'empêche d'y réponde, déclara le
jeune homme, mais Flamme sait pertinemment que je n'en pense pas
moins qu'elle.
-Quelle
galanterie ? Quand il n'y a pas de jolie filles en vue, tu ne te
dérange pas pour m'insulter !
-Vous
pouvez pas être sages deux minutes ? explosa Lésa. Au
cas où vous n'auriez pas remarqué, nous sommes
invités, et vous faites perdre son temps à notre hôte
!
Flamme
grimaça mais ne continua pas la dispute qui pourtant
promettait d'être intéressante avec Yorwan qui voulait
impressionner la reine des gérudos.
-
Merci, petite, dit celle-ci. Et maintenant, de quoi vous
souvenez-vous ? Je sais plus ou moins pourquoi le désert vous
attire… mais ce n'est pas uniquement votre passé que vous
recherchez, pas vrai ?
-En
fait, nous…
-Attendez
une minute, coupa Lâaruço. Je vais vous servir quelque
chose à boire… un peu corsé peut être au début,
mais excellent. Personnellement, ça ne me fait presque plus
rien ! Et pour la petite… il doit me rester un peu de lait de
jument.
Les
verres qu'elle tendis à Yorwan et Flamme contenait un
liquide vaguement argenté et dégageant une forte odeur
d'alcool. La jeune femme, méfiante, préféra
laisser le sheikah goûter d'abord et en profita pour
expliquer ses projets à la reine gérudo.
-
Il se trouve que parallèlement à la recherche de mon
passé, j'ai décidé d'essayer de réunifier
la Triforce afin de pouvoir souhaiter qu'il n'y ait jamais plus
de sages à Hyrule.
Lâaruço,
qui était en train de boire, recracha tout sous le coup de la
surprise.
-
Eh bien ! On peut dire que vous fixez la barre plutôt haut !
Vous êtes au moins au courant que l'un des fragments est
entre les mains de Ganondorf, le sorcier le plus dangereux de tous
les temps, et accessoirement enfermé à l'heure
actuelle dans le saint royaume ?
-Oui,
Yorwan m'a parlé de ce détail. Mais si on l'y a
mis, on peut l'en enlever, et alors je le tuerais. Je n'ai peur
de personne, et surtout pas de lui. Il n'est rien qu'un minable,
puisque même Link a pu le vaincre.
-Avec
beaucoup de difficultés ! objecta Yorwan qui regardait avec
inquiétude son verre. Et pourtant, ce simple hylien était
meilleur combattant que tous les sheikahs réunis ! Et toi,
simple femme-fleur amnésique à cause de lui, tu oses
prétendre à vaincre celui qu'il n'a pas réussi
à vraiment tuer ? Laisse-moi rire !
C'est
ce qu'il fit d'ailleurs, et enhardit par le fait qu'elle ne
réponde pas, il vida au passage son gobelet avant de
s'effondrer sur le sol.
-
Un peu corsé, c'est ça ? commenta Flamme.
-Les
sheikahs sont comme les hyliens, répondit la gérudo.
Incapable de supporter ce qui vient du désert… Bien, donc
vous voulez aller au saint royaume ? Oui, ça peut se faire…
Nous autres gérudos connaissons grâce au désert
des choses que les autres races ignorent, à commencer par un
passage vers le saint royaume. Mais si vous voulez vraiment y aller,
il vous faudra quitter Hyrule je le crains…
