Celui-ci aurait pu s'appeler « petit fantasme sur Bonden! » -

Chapitre six:

« Woups, je suis désolée » s'excusa Diane en entrant dans la cale.

« Ce n'est pas grave », répondit Bonden en rigolant. « Vous avez déjà vu un homme nu, je pense? »

« Oui, bien sûr », affirma-t-elle, bien que n'ayant aucun souvenir de ce genre de chose. De toute façon, elle voyait seulement les épaules du timonier (gyyy enfin je sais comment ça s'appelle!) émerger de la haute bassine en fer. Celle-ci était indispensable, depuis les nouvelles lois sur l'hygiène imposées dans la marine anglaise afin d'éviter certaines maladies et leur propagation.

« Je suis allé chercher de l'eau douce à terre », expliqua l'homme en désignant plusieurs baquets. « Si le cœur vous en dit…après moi, bien sûr! »

« Merci, c'est gentil, mais je me suis déjà lavée. En fait j'étais simplement venue voir si les chèvres avaient encore à manger. »

Elle se dirigea vers les animaux, mais apparemment quelqu'un les avait déjà amplement fournies en fourrage. Elle se laissa tomber assise par terre et commença à caresser une noire aux oreilles tombantes qui essaya de lui manger la manche.

« Comment ça se fait que vous soyez seul? » demanda-t-elle après un moment, faignant d'être totalement absorbée dans le caressage de l'animal. Elle ne pouvait néanmoins s'empêcher de lui jeter des regards en coin…

« Les autres voulaient ramener des femmes à bord, comme à chaque fois. Seulement le capitaine est venu et a ordonné à tout le monde de descendre. Il n'est pas vraiment de bonne humeur, ces temps-ci… » Bonden se pencha hors de sa baignoire pour rattraper sa savonnette, apparemment peu conscient du trouble qu'il causait à la jeune fille pubère assise à quelques mètres de là. (et à l'auteur même ex-pubère!) « Alors tous les gars sont repartis à terre…de toute façon, c'est là que sont les femmes et la bière. Tiens, le lieutenant Mowett aurait été content de celui-là!»

Diane se rendit compte qu'elle avait un grand sourire béat sur la figure et réussit à l'effacer juste avant que le timonier ne lève les yeux vers elle. « Et vous, ça ne vous intéresse pas? » enchaîna-t-elle, se sentant rougir.

« Non, je préfère profiter de la tranquillité du navire. C'est tellement rare, ici. Et puis je n'ai pas d'argent à dépenser pour les faveurs d'une demoiselle, aussi jolie soit-elle. »

« Je peux vous en prêter si vous voulez… »

Barret éclata de rire, lequel résonna dans toute la cale en un son mélodieux. « Vous êtes trop bonne, miss. Mais je voulais dire que je n'aime pas dépenser le peu que je gagne pour ce genre de chose. Je suis peut-être un peu romantique, mais l'idée d'être intime avec une femme dont je ne connais même pas l'aliment préféré me paraît impossible. »

La jeune fille ne put s'empêcher de glousser. Elle serait bien restée là à l'observer prendre son bain toute la nuit, mais elle avait désespérément besoin de se dégourdir les jambes. « Oh, Bonden…savez-vous où se trouve le capitaine? » Elle préférait ne pas prendre de risque.

« Il est descendu avec les autres, je pense. »

« C'est ce que je vais faire aussi, je crois », soupira-t-elle avant de caresser une dernière fois sa chèvre. Elle se leva et se dirigea vers l'échelle. Un bruit d'éclaboussement se fit entendre, et l'adolescente se retourna discrètement.

Barret venait de sortir de l'eau et s'étirait pour attraper la serviette accrochée en l'air. Lorsqu'il se retourna, la jeune fille le vit entièrement nu, et sentit son cœur commencer à battre la chamade dans sa poitrine. Le souffle court, un sourire idiot sur le visage, elle grimpa précipitamment sur le pont.

Il fallait vraiment qu'elle apprenne à se contrôler.

Elle prit un petit moment pour observer les étoiles, qui étaient particulièrement brillantes ce soir, lorsque des voix se firent soudain entendre. Paniquée, elle sa cacha rapidement au pied du gouvernail, ce qui lui rappela de délicieux souvenirs. Mais ce n'était vraiment pas le moment de repenser à ça. Des bruits sourds lui indiquèrent que les personnes étaient en train de grimper à bord.

« Je n'ai rien contre ça, Jack. »

Diane se crispa. Elle avait cru discerner la grande silhouette élancée de Pullings marchant aux côtés de son père, mais il s'agissait en réalité du médecin - pourtant, il était impossible de monter à bord d'un navire plus maladroitement que lui, elle aurait du le reconnaître. Depuis quand s'étaient-ils réconciliés!

« Alors pourquoi vous en prendre à cet homme? »

« Je suis désolé, mais la façon dont il traitait cette femme - »

« Stephen, il s'agit d'un monde auquel vous n'appartenez pas. Les mœurs des marins et de leurs putains sont bien différentes de celles des naturalistes distingués. »

Le capitaine essayait de paraître détaché, mais la jeune fille pouvait sentir une certaine gêne entre les deux hommes. Le silence se fit, et elle crut qu'ils s'étaient éloignés. A peine avait-elle bougé la jambe que la voix défaillante du docteur se faisait à nouveau entendre. Elle semblait plus lointaine, et l'adolescente regarda discrètement. Les deux hommes étaient accoudés au bord à plusieurs mètres de là.

Diane recula et grimpa lestement autour du rebord, attrapant une corde. Elle se laissa doucement filer, lorsque son oreille capta son propre prénom. Essayant de rester silencieuse, elle cala ses pieds juste au-dessus du canon, tendant l'oreille.

« Je ne sais pas, elle ne s'était jamais comporté comme ça auparavant. J'ai toujours veillé à ce qu'elle ait une éducation parfaite. »

« Je n'en doute pas, Jack. Seulement elle passe par une période difficile de sa vie. Une période toute à fait normale. »

« Je connais Calamy depuis plus de cinq ans. Il ne s'est jamais comporté de la sorte. »

Diane avait mal aux doigts à force de serrer la corde. La voix grave de son père lui parvenait facilement, mais elle ne distinguait qu'un mot sur deux de celle du chirurgien, plus fluette.

« Vous n'êtes pas son père. Ce n'est pas contre le capitaine que votre fille se rebelle, Jack, c'est contre vous-même. Elle n'a aucun problème à suivre les ordres, vous le savez. »

« Oui, mais elle n'a pas l'air de le savoir, » grommela Aubrey.

Il y eut un silence. La jeune fille se décida à continuer sa descente pour partir vers le quai, mais à nouveau la voix du médecin se faisait entendre.

« L'élever comme un garçon n'était peut-être pas une bonne idée - sans vouloir critiquer vos méthodes. »

« Qu'auriez-vous fait, à ma place? Je n'avais pas l'argent pour la mettre dans une pension et il était hors de question que je la confie à mon propre père. »

« Et lorsqu'elle n'était encore qu'une enfant? Comment avez-vous fait? »

Un profond soupir se fit entendre. « La première fois que je l'ai vue, elle n'avait que quatre ans. Je l'ai placée à l'académie maritime, où je pouvais garder un œil sur elle sans avoir à débourser trop d'argent. »

Diane sentit son cœur s'arrêter.

« Je pensais que votre compagne était morte en couches? C'est ce que votre fille m'a raconté, en tout cas. »

« Oui, c'est la version officielle. »

Les doigts de la jeune fille étaient blancs et ses cuisses criaient de douleur, mais elle ne s'en souciait guère. Toute son attention était tournée vers l'homme à quelques mètres au-dessus.

« Sa mère a essayé d'exercer un chantage sur moi pour que je lui donne de l'argent. Alors qu'il y avait seulement une chance sur mille pour que je sois le père! »

« En tout cas, en tant qu'observateur extérieur, je peux vous assurer que vous êtes du même sang, cela se voit… Bon dieu, Jack…vous ne pouviez pas prendre vos responsabilités? »

« Mes responsabilités? Qu'en savais-je, moi, que cette putain tomberait enceinte aussi vite! Je n'étais même pas sûr que le gosse soit de moi…Si je l'ai gardée lorsque sa mère a été emportée par la syphilis, c'était uniquement parce que Sophie m'a supplié. Seulement je ne pouvais pas garder cette bâtarde chez nous. Je ne voulais pas que Sophie commence à l'aimer comme sa propre fille. C'est pour ça que je l'ai mise à l'Académie. »

Diane était incapable de fermer la bouche. Elle fixait la coque du bateau, le regard vide. Elle voulut descendre, mais glissa un peu trop vite le long de la corde et s'écrasa au sol en un bruit affreux. Sans se soucier de la douleur, certaine d'avoir été entendue, elle courut à toute vitesse le long de la passerelle, comme si le diable était à ses trousses.

« Votre fille, » déclara Stephen en voyant l'ombre s'enfuir à toute vitesse vers les quais.

Jack ne répondit rien, se contentant d'un grognement.

« Est-ce qu'elle le savait? » demanda le docteur d'un air soucieux, bien que connaissant déjà la réponse.

« Je suppose qu'après s'être rebellée contre son père, il faut a présent qu'elle détruise le piédestal sur lequel elle avait probablement placé sa mère », plaisanta le capitaine, sans une once d'humour dans la voix.

Diane avait mal au cœur. Après plusieurs semaines d'inactivité physique sur un bateau, courir cent mètres à peine l'essoufflait déjà.

« How, miss Aubrey! Dépêchez-vous, les fûts seront bientôt à sec! » lui lancèrent des voix avinées. Elle les ignora. Pourtant, elle dut se résoudre à s'arrêter, et s'écroula sur un carré de béton bordant la route, incapable de respirer correctement.

Elle se recroquevilla, haïssant de toutes ses forces Aubrey, Jack la Chance, le fameux capitaine qui avait le malheur d'être son père - encore que cela ne fut pas réellement sûr à cent pour cent.

A chaque fois qu'elle lui avait demandé de lui parler de sa mère - à chaque fois - il lui avait répondu que cela avait été une femme exquise et charmante, et que sa mort l'avait toujours énormément bouleversé. Même sa belle-mère, Sophie, avait menti…

Bouleversé…il l'avait traité de putain, et n'avait pas semblé plus touché que ça par sa mort, sur le bateau! Diane sentit sa figure se tordre sous l'effet de la douleur, mais aucune larme ne venait mouiller ses yeux fermement clos. Une heure, peut-être plus, passa avant qu'elle ne réussisse enfin à se lever, endolorie.

L'idée de fuguer, qu'elle avait abandonnée en arrivant au port, refaisait doucement surface. Elle passa devant un groupe de marins qui chantaient devant une taverne.

« Alors matelot, tu ne te sens pas encore seul? » lui lança une voix émoustillante, ponctuée par des éclats de rire.

Bouillonnante de rage, Diane s'avança près d'eux, et la femme vit l'erreur qu'elle avait faite à cause de l'obscurité et de la carrure de la jeune fille. « Tiens, une demoiselle », remarqua-t-elle avec un sourire. Il s'agissait d'une femme d'un certain âge, avec des cheveux noirs relevés en un chignon et énormément de maquillage. Elle possédait cependant beaucoup de charme, et ses traits n'étaient pas sans rappeler ceux des Mexicaines.

« Vous me dégoûtez. Tous », dit l'adolescente d'une voix froide, parcourant le petit groupe du regard. Il y découvrit la plupart des marins du bateau; Doudle, Davies, Jemmy,…et Nagel. Ils avaient tous ou presque une fille dans un bras en verre dans l'autre. « Vous n'êtes qu'une bande de débauchés. »

« Oh la petite pucelle puritaine, tu te prends pour qui là? » brailla une rousse avec un grand nez en se redressant.

Un matelot que l'adolescente ne sut identifier ricana: « La fille du capitaine a un coup dans le nez, je crois. »

« Allons, miss Aubrey, boire un coup et faire la fête n'a rien de mal », protesta un barbu en rigolant.

Diane l'ignora et regarda la femme aux cheveux noirs droit dans les yeux. « Vous n'avez vraiment aucune dignité. » Cette fois-ci, des larmes perlèrent au coin de ses yeux et elle fit rapidement volte-face.

Elle s'arrêta au bord du quai, fixant les eaux sombres aux remous silencieux. Elle sentit brusquement une main sur son épaule et sursauta. C'était la prostituée aux cheveux noirs. « Je suis désolée pour tout à l'heure », bafouilla Diane en se reculant, légèrement inquiète.

« Il n' y a pas de problème. Tout le monde a le droit de craquer, de temps en temps. Tu avais juste besoin de te défouler, c'est ça? »

« Non, je…ou plutôt si. Je suis sincèrement désolée. Je ne pensais pas ce que je vous ai dis. »

« Bon, on oublie ça, alors? Moi c'est Lilly. Et toi, comment tu t'appelles? »

La jeune fille la regarda un instant avec perplexité. Elle avait insulté cette femme, et celle-ci se permettait encore d'être sympathique avec elle! Elle avait une voix maternelle qui troublait sa cadette. La plus grande partie de sa vie, elle l'avait passée sur des navires uniquement masculins, et les rares fois où certains passagers étaient des passagères, elle n'avait pas eu le temps de discuter avec elles.

« Diane. »

« C'est un très joli nom. Tu as dix-huit ans, c'est cela? »

« Seulement seize », la corrigea l'adolescente, néanmoins flattée - même si c'était clairement le but premier.

La femme aux cheveux noirs restait silencieuse, et Diane crut qu'elle allait partir, pourtant elle recommença à parler. « Tu as vraiment une piètre opinion des femmes comme moi. »

La fille du capitaine la fixa, incapable de répondre. Elle était heureuse que les quelques malheureuse lampes accrochées au mur des maisons bordant le quai ne permettent pas à son interlocutrice de voir à quel point elle était gênée.

« Pourtant on ne fait pas que ce que les marins s'amusent à chanter dans leurs chansons », continua l'autre, lâchant un petit rire. « Il faudrait vraiment être cruelle. »

« Pardon? » Diane la regarda étonnement.

« Les hommes ne sont pas des animaux, tu sais. Ce qu'ils recherchent, lors des escales, c'est avant tout quelqu'un qui les écoute et accepte de leur prêter une épaule. Bien sûr, il sont heureux d'avoir une poitrine avec », - elle secoua la tête en riant - « mais ils oublient bien vite ce côté des choses. C'est pour ça que nous sommes là: pour leur donner un peu de bonheur. De toutes les manières possibles. »

Elle releva la tête et planta ses yeux noirs dans ceux de l'adolescente, qui dit d'une voix faible: « Je n'avais jamais vu ça comme ça… » Les deux femmes restèrent silencieuses quelques minutes le ,regard plongé dans l'océan. (Nda: l'horloge sonne trois heures du matin, là…même po fatiguée!)

« Hé, c'est censé être la fête ce soir! » s'exclama Nadège au bout d'un moment. « C'est une escale pour toi aussi, il n'y a pas de raison pour que tu ne t'amuses pas. » Elle empoigna le bras de la jeune fille et l'attira vers la taverne en riant. Diane la suivit malgré elle, calculant mentalement si cette femme pourrait être sa mère.

« Bon, messieurs, je vous ramène mon amie Diane, et je vous rappelle qu'il est interdit de laisser traîner vos sales pattes là où le sol est encore vierge. »

Saisissant l'allusion, l'adolescente se mit à rougir. Elle vit plusieurs hommes parler entre eux et elle craignit de jeter un froid à cause de son rang. Sa nouvelle amie sembla le remarquer. « Allons allons, pas de ça ici! On est à terre, on fait tous partie de la même bande de bâtards et on ne s'embarrasse pas avec la hiérarchie et autre politesse! Allez, venez! » Elle ouvrit la porte. « Richard, ressert donc à boire à ces messieurs! »

Ils s'installèrent tous et toutes autour de plusieurs tables et le vin et la bière aidant, chansons et autres plaisanteries s'élevèrent. Diane n'arrivait pas à détacher son regard de Lilly. Celle-ci était probablement la plus bruyante de toutes les filles de joie présentes. Certes, elle n'était plus de première jeunesse, mais sa bonne humeur et son charme naturel semblaient plaire à de nombreux hommes.

« Miss Aubrey, à votre santé », fit Davies en posant une grande chope devant elle.

Les yeux écarquillés, l'adolescente bégaya: « Il faut que je boive tout ça? »

« Cul sec, mam'zelle », déclara Doudle en levant son propre verre.

« Je vous vois venir, vous autres », dit Lilly en faisant semblant de se mettre en colère. « Tu bois seulement si tu en as envie, ma chérie. »

Diane regarda avidement sa chope, et décida que ce soir était entièrement consacré à la fête, était donné qu'il fallait déjà appareiller le lendemain. Elle se mit à aspirer de grandes goulées du liquide amer, ce qui lui arracha une grimace dès qu'elle eut posé son verre.

Bientôt, elle comprit pourquoi les marins étaient toujours de si bonne humeur. La vie semblait tellement rose quand on avait quelques gouttes d'alcool dans le sang! Elle observait Nagel raconter une histoire, et n'arrivait même pas à lui en vouloir pour…pour quoi déjà?

« Elle était, mais alors là, su-perbe! En plus elle ne demandait quasi rien - je croyais vraiment faire une affaire. Donc, je la suis jusque dans sa chambre, mais là elle demande si elle peut rester habillée. J'aurais du flairer le truc, mais bon, j'accepte quand même. »

Diane était tellement fascinée par ses longs cheveux ondulés, son nez droit, les grands gestes qu'il faisait qu'elle en oubliait même de suivre son histoire.

« Ensuite elle me dit de ne pas la prendre par ce côté-là, donc je me dis d'accord, elle peut pas, et ça m'a pas dérangé. Seulement après j'ai quand même eu un gros doute, vous comprenez ? J'ai quand même pas mal d'expérience et forcément j'avais senti que quelque chose clochait - »

« Hoho, monsieur le puceau joue les connaisseurs », ricana Davies, tandis que Nagel lui filait un coup de coude dans les côtes. « Attendez, j'ai pas fini - donc, je me suis arrangé pour tomber accidentellement sur elle et me rattraper à la première prise que je trouvais. »

« Et alors? » minauda une rousse en se penchant au-dessus de lui, lui collant ses seins dans la figure. La fille d'Aubrey sentit une vague de jalousie la traverser.

« Ben alors, elle avait des couilles deux fois plus grosses que les miennes! »

Éclat de rire général autour de la table, suivit par les verres qui s'entrechoquent. Diane en oublia même d'être choquée par la vulgarité du jeune homme. Pourtant, son regard se fit glacial lorsqu'elle vit la rousse lui murmurer quelque chose à l'oreille, ce qui le fit sourire. « Emmène donc ce beau jeune homme dans ta chambre, Kelly, ou alors il finira par se chercher un autre beau jeune homme pour terminer la soirée », lança Lilly.

La dénommée Kelly rigola avant de continuer à caresser doucement les épaules de l'aide charpentier puis de lever les yeux vers Diane.. « On dirait que tu as changé d'opinion », fit-elle remarquer avec un sourire moqueur.

« Oui. Elle est encore pire qu'avant », rétorqua la jeune fille avec un sourire machiavélique.

« Tu te trouves trop bien pour fréquenter des filles comme nous, c'est ça? »

Le ton s'était haussé, et la plupart des marins s'étaient tus pour assister au début d'affrontement. Au moment où l'adolescente ouvrait la bouche pour répliquer à l'imbécile qui serrait Nagel dans ses bras, la voix de Lilly la coupa. « Ne sois pas si agressive, Kelly. Diane m'a avoué que son rêve secret était avant tout de donner elle aussi du bonheur aux pauvres matelots qui passent trop de temps en mer. » Elle adressa un clin d'œil à la jeune fille, tandis que la plupart des hommes levaient leur verre en direction de la vieille Mexicaine.

« Je n'ai ni votre talent ni vos beaux atouts », répliqua Diane avec cynisme, mais elle ne put s'empêcher de sourire.

« Ha mais justement, le talent tu l'as déjà, ça se voit. Quant au reste…viens là. » A nouveau, elle attrapa Diane par le bras, la forçant à se lever, puis fit une petite révérence. « Monsieur, veuillez excusez deux dames qui doivent aller se repoudrer le nez. »

(Nda: quatre heures du matin…un peu fatiguée quand même…mais je tiens bon)

Elles grimpèrent des escaliers et débouchèrent dans une petite chambre d'aspect minable. « Je t'en prie, assieds-toi », fit Lilly en désignant le lit.

« Vous habitez à l'hôtel? »

« On habite toutes ici. C'est plus pratique d'avoir sa propre chambre, avec les clients. » La femme aux cheveux noirs fouillait dans son armoire et en sortit triomphalement un morceau de tissu rouge.

« Tiens, enfile ça mon ange. Je la resserrerai après. »

La jeune fille regarda d'un air perplexe la robe que son aînée venait de lui donner. Pourtant, l'autre interpréta mal son attitude et se retourna. « Je ne regarde pas, vas-y. »

Extrêmement gênée, Diane n'eut d'autre choix que d'enlever son costume d'aspirant. (Nda: elle est lieutenant provisoire sur le navire mais officiellement encore une aspirante…on va dire) Elle le plia avec soin et le posa sur un coin du lit, avant d'enfiler la robe. Elle se sentit tout de suite mal à l'aise, trop féminine, trop adulte. Ses cuisses se touchaient et c'était désagréable. C'était probablement la première fois de sa vie qu'elle mettait une robe - du moins dans ses souvenirs.

« C'est bon? Wow, pas mal » , s'exclama Lilly en se retournant. « Ca te change, c'est sûr. »

« Ce n'est pas très agréable… »

« Pourtant elle a l'air de t'aller…Peut-être un peu trop serrée au niveau des épaules et des hanches…Attends. » La prostituée entreprit de la rastiquer, et commença d'abord à faire descendre le tissu sur les épaules puis referma le corset à l'arrière - avec douceur, soucieuse de ne pas blesser sa petit protégée. Elle tira un peu sur l'étoffe à l'avant puis regarda le tout d'un air enchanté.

« Les hommes m'ont dit que tu étais la fille du capitaine. C'est ce grand homme aux cheveux blonds c'est ça? Je comprends maintenant d'où tu tiens ta bonne constitution ». Elle gloussa.

« Maturin - enfin, le docteur du bateau - n'arrête pas de me parler de maladies du foie et de ce genre de choses qui arrivent si l'on mange trop. Seulement je ne mange pas plus que les autres, et pourtant je grossis deux fois plus vite », avoua l'adolescente complexée. (pléonasme)

« C'est normal, tu es une femme. Les femmes sont faites pour être rondes et douces, tous les bons matelots te le diront. Et tu es très jolie, je t'assure. Mais on peut encore arranger ça. Assieds-toi là. »

Deux minutes plus tard, la figure assez pâlote de la jeune fille avait à présent une jolie couleur nacrée et ses cils semblaient avoir doublé de volumes. Lilly reposa sa boite à maquillage puis attrapa sa brosse et enleva le flot contenant une masse de cheveux blonds qui avaient grand besoin d'être démêlés.

« Je sais que c'est diablement pratique sur un navire, mais à terre, si tu veux séduire un homme, il faut que tu lui fasses penser à une jument qu'il aurait envie de monter - d'où l'importance de la crinière. Je rigolais, pour la jument! » s'exclama-t-elle alors que l'adolescente l'avait regardé avec frayeur.

Finalement, Diane finit par éclater de rire elle aussi, sans raison. C'était peut-être le fait que quelqu'un s'occupe d'elle après autant de semaines passées en mer, ce qui n'était vraiment pas désagréable. Elle ferma les yeux, savourant chaque coup de brosse délicat.

« Et voilà, mam'zelle! A présent on peu retourner en bas. Mais d'abord, il faut que tu te voies. »

Diane se leva et se posta devant la porte de l'armoire, sur laquelle était collé un grand miroir. Elle fixa son reflet, bouche bée.

« Hm…tu as raison, ça fait trop sérieux », se moqua Lilly avant de tirer encore un peu plus sur le tissu, révélant sa poitrine. « Alors, comment tu trouves? »

« Mais je…j'ai l'air d'une… » Diane se rattrapa juste à temps. Pute. Oui, mais avait-elle déjà connu une femme aussi charmante, aussi sympathique que celle qui se trouvait devant elle?

« J'ai l'air d'une…d'une femme », se rattrapa-t-elle.

La Mexicaine éclata de rire, rejetant en arrière ses longs cheveux noirs. « Ca ne peut pas te faire de mal, ma chérie. Tu verras on s'y habitue très vite. »

« Mais…je n'oserai jamais sortir comme ça… »

« Et pourquoi? De toute façon, demain tu devras retrouver cet affreux uniforme bleu marine, alors profite de ce soir pour changer un peu la routine. Tiens, ça va t'aider. »

Elle fourragea dans un tiroir et en sortit une petite fiole qu'elle tendit à la jeune fille. « Qu'est-ce que c'est? »

« Goûte, ce n'est pas fort. Ou du moins ça n'en a pas l'air. »

Diane obéit, puis lui rendit la fiole pleine du liquide rouge. « Ca a un drôle de goût. Ce n'est pas mauvais…ça sent...les fruits exotiques »

« C'en est. Mais tu peux me croire, même les marins hésitent à boire ce genre de boissons. »

« C'est alcoolisé? » s'effraya la jeune fille, ayant déjà oublié la pinte qu'elle avait avalée une heure auparavant.

« Pas tellement. Mais c'est efficace, c'est le principal. Allez, viens, on descend.»

Diane se sentit soudainement pleine d'entrain, prête à soulever le monde s'il le fallait. Que ce soit à cause de l'alcool ou pas - Lilly avait prétendu qu'il y en avait peu - elle avait attrapé un fou rire, en suivant sa nouvelle amie dans les escaliers.

Ralala le relooking, très à la mode…Ca commence à faire très « C'est mon choix », cette fic…Mais bon, je me suis dit que je devais bien ça à ma pauvre petite héroïne, après tout ce que je lui ai fait subir…(cela dit qu'elle se plaigne pas trop non plus elle a quand même embrassé Hollom, Nagel et vu Bonden tout nu…Arf)

Pis c'est quand même la fille d'Aubrey…qui est obèse dans les livres…gloria hosanna alléluia O'Bryan vous êtes un dieu

Déja que physiquement la pauvre gamine n'est pas gâtée…(non non non je ne me sens pas visée DU TOUT!)

Bon quand est-ce qu'il nous fait un film de nu, Billy Boyd!

Oui ouir c'est du Love-tu-sais-quoi (indispensable!)