Chapitre 10 : comment lui dire ?

Maturin frappa contre la vitre. La mine renfrognée de Killick apparut. « Arrêtez-nous à la première bergerie ou étable que vous trouvez, et garez la voiture derrière. »

Le cuisinier parut surpris et ouvrit la bouche pour faire un commentaire mais le docteur l'en empêcha : « Il est inutile de fuir si le bateau est encore dans les parages. Faites ce que j'ai dis et cachez la voiture, surtout. »

Diane le regarda elle aussi avec étonnement, mais un certain soulagement également. Le médecin avait vérifié plusieurs fois s'ils étaient suivis, et apparemment non. S'arrêter ici pouvait être dangereux, mais cela signifiait qu'il y avait peut-être la moindre chance de remonter sur le bateau. La jeune fille n'avait aucune envie d'aller en Nouvelle Ecosse puis prendre le premier bateau pour Londres.

Tout le monde restait silencieux, à l'intérieur de la diligence ; on entendait plus que les grognements de Killick et le bruit des chevaux, qui étaient maintenant au pas. Davies, qui prenait presque deux places à lui tout seul, s'efforçait d'empêcher un Bonden évanoui de tomber au sol, aidé par Doudle. En face de lui-ci, Nagel regardait par la fenêtre, le visage impassible. A ses côtés, Maturin vérifiait ses pistolets, tandis que Diane, elle, fixait le paysage nocturne par l'autre fenêtre, les jambes écrasées contre celle de Davies.

La voiture s'immobilisa et le docteur fut le premier à descendre, l'air inquiet. Selon le règlement, le chirurgien de bord n'avait pas plus d'autorité que le charpentier ou le quartier-maître, mais celui-ci était respecté par tout l'équipage de la Surprise pour ses connaissances qui semblaient toucher tous les milieux – la marine mise à part. C'était donc tout naturellement que Maturin avait pris le contrôle du petit groupe, même s'il était hiérarchiquement inférieur à l'aspirant lieutenant.

« C'est parfait », dit-il à Slade. « Aidez-moi à détacher les chevaux et à rentrer la voiture. » Ils furent forcés de faire sortir plusieurs moutons qui se retrouvèrent dehors en protestant énergétiquement, mais finalement la diligence fut camouflée dans la bergerie. D'une douceur dont personne ne l'aurait cru capable, Davies déposa Bonden sur un petit tas de foin, levant les yeux vers le docteur.

Celui-ci était plus pâle que jamais et vérifia l'état du timonier assez rapidement. « Diverses contusions, mais rien de bien grave. Il devrait se réveiller bientôt. » Les hommes commencèrent à s'installer eux aussi dans le foin, mais le scientifique de la bande avait toujours l'air préoccupé. « Qui d'entre vous sait monter à cheval ? »

Ils se regardèrent tous, l'air miteux. « Je sais trotter si cette foutue carne va pas trop vite », grommela Killick.

« Je suis désolé, docteur, je n'ai jamais approché une de ces satanées bêtes de ma vie », s'excusa Doudle, Nagel n'ayant pas l'air plus convaincu.

« Slade, vous possédez des chevaux, je crois ? » fit Maturin en se tournant vers le vigile.

« Une paire de hongres. Mais je peux me débrouiller, oui. »

« Parfait. Choisissez un de ces bêtes et montez dessus », fit le docteur avant d'approcher un bai à présent somnolent qu'il conduisit près d'un ballot de paille pour y grimper.

Slade tira une drôle de tête lorsqu'il se rendit compte qu'il allait devoir monter sans selle mais il fut bien obligé d'obéir lorsque l'immense Davies vint pour lui faire la courte échelle.

« Où allez-vous ? » s'inquiéta Diane en se levant.

« Sur les hauteurs, à l'entrée de la ville. Si jamais Jack essaie de venir nous chercher, il le fera certainement lorsque la nuit sera tombée. Il n'est pas venu hier soir, mais je suis presque certain qu'il se montrera bientôt. »

« Combien de temps allez-vous rester là-bas ? Et si jamais vous vous faisiez prendre… » souffla l'adolescente en repoussant le bai qui essayait de lui manger un bout d'uniforme.

« Ne vous inquiétez pas. Si jamais nous nous faisons repérer je les amènerai sur une mauvaise piste. Occupez-vous de Bonden, je vous prie. » Il la fixa de son regard pénétrant et la jeune fille comprit que l'état du timonier n'était peut-être pas aussi satisfaisant qu'il l'avait laissé entendre.

Les deux hommes sortirent de la bergerie sous les hennissements aigus des deux chevaux restants, qui semblaient brusquement s'être réveillés. Diane se rapprocha de Bonden et s'accroupit près de lui, à côté de Davies qui lui frottait le front. « Je vais le surveiller », l'assura-t-elle. Il hocha tristement la tête et vint s'asseoir près de Killick qui ne cessait de répéter que c'était leur mort à tous. Doudle s'était déjà allongé et Nagel jouait distraitement avec un fétu de paille.

« Mais qu'est-ce que je suis censée faire… ? » soupira mentalement la blonde. Bonden restait inanimé, son souffle lent et régulier. Elle ne vit pas de bleus sur son corps, ou du moins le peu qu'elle en voyait, mais elle n'osa pas le déshabiller, par peur.

Elle se mit donc à lui caresser doucement le visage, consciente de son inutilité. Au bout d'un moment, elle sentit quelqu'un lui toucher l'épaule et elle sursauta, réalisant qu'elle s'était endormie.

« Vous devriez aller vous coucher, miss, je vais le veiller. » C'était Nagel, qui avait apparemment détaché l'une des pièces du pare-chocs de la diligence pour en faire une tasse. Devant le regard intrigué de la jeune fille, il désigna le baquet d'eau des moutons. « J'ai pensé qu'il aurait peut-être soif. Ou du moins que de l'eau sur le visage lui ferait du bien… »

Diane se leva et partit boire, elle aussi. Elle plongea son visage dans le baquet, avant de le ressortir en inspirant violemment. Cela faisait une éternité qu'elle n'avait plus bu ! Désaltérée, elle contourna les marins déjà endormis et revint s'asseoir près du charpentier en second, qui passait le linge mouillé sur la figure de Bonden.

« La docteur a dit que ça n'allait pas si mal. Je suppose que demain matin il se réveillera en même temps que nous », dit-il d'un ton lourd, le visage fermé. Mais pour ce que Diane savait, les deux marins n'avaient jamais été spécialement amis – de bons compagnons, c'est tout.

« Je vous remercie d'être venue me sauver » dit-elle, le menton posé sur ses genoux, encerclés par ses bras.

Il lui lança un regard. « Nous sommes tous venus. Le docteur Maturin avait tout bien préparé, il tenait vraiment à ne laisser personne croupir en prison jusqu'à la fin de la guerre. »

« Peut-être », dit-elle après un moment. « Mais le fait que ce soit vous…ça m'a fait plaisir, c'est tout. En fait », ajouta-t-elle à voix basse, « j'étais persuadée que tout le monde m'avait oubliée et que j'allais rester prisonnière de ce… » Elle grimaça et ferma les yeux, songeant au blond.

« Est-ce qu'il vous a fait du mal ? »

Elle releva la tête. Le jeune homme la fixait avec dureté. Diane comprit que la question devait être interprétée différemment – il était visible qu'on ne lui avait pas fait de mal, pas physiquement du moins. « Non…non, il ne m'a pas touchée. Vous êtes arrivé avant… » Elle vit le visage de son interlocuteur se détendre. « Mais j'ai eu peur… » ajouta-t-elle à voix basse, plus pour elle-même, avant de d'enfouir à nouveau son visage entre ses genoux. Un des deux chevaux se mit à renâcler et l'un des hommes lâcha un juron dans son sommeil.

L'adolescente sentit une main lui caresser les cheveux. Elle leva les yeux pour voir Nagel lui adresser un sourire confiant et extrêmement doux, chose qu'elle avait rarement vu chez lui. Elle savait qu'elle aurait du lui être reconnaissante, mais elle pensait à présent à Kelly, celle qui les avait vendu à la milice.

Un sentiment de rancœur l'envahit. « Sans votre petite amie, vous n'auriez pas été obligés de venir nous chercher en prison. »

Il la fixa en fronçant légèrement les sourcils.

« C'est elle qui nous a dénoncé, Barret et moi. »

Il l'observa avec une expression indéfinissable mais ne répondit rien.

« Je voulais juste que vous le sachiez », expliqua-t-elle à voix basse, se sentant stupide. Comme si ça pouvait expliquer sa conduite à elle l'autre soir, où elle s'était véritablement comportée comme une gamine violente. Elle se serait au moins attendue à un « si je puis me permettre, lieutenant, votre crochet du droit laisse à désirer », ou autre phrase typiquement nagellienne. Au lieu de cela il consentit à lui répondre d'une voix fatiguée.

« Ca n'était pas ma petite amie, lieutenant, vous le savez très bien. Il y a les femmes avec qui l'on traîne dans les ports, et celles que l'on épouse. Celles que l'on aime. »

Diane leva les yeux vers lui. Elle aurait tant aimé qu'il parle d'elle ainsi. Qu'il ne soit pas aussi âgé, qu'il ne semble pas aussi mature même sans avoir d'uniforme, ce dont elle était bien incapable. Elle se rendit compte qu'elle ne savait même pas s'il était marié. Il devait probablement avoir une tripotée de gosses, et une femme adulte et jolie qui l'attendait dans une jolie petite maison du port.

La jeune fille se sentit soudainement mélancolique. Elle aurait voulu lui crier qu'elle en avait marre de jouer, de s'énerver pour un rien à cause de lui, de devoir toujours prendre ce ton faussement désintéressé quand elle s'adressait à lui.

Elle aurait voulu lui dire que depuis ce jour-là, le jour où il s'était fait fouetter et qu'ils avaient eu cette conversation, sa vision des hommes avait totalement changé – elle-même avait changé, et ce en quelques semaines à peine.

Lui dire que prendre la mer ne l'intéressait plus s'il n'était pas sur le même navire. Qu'elle se moquait bien de devoir rester à terre, tant que lui était là. Qu'elle ne pouvait plus le voir parler à quelqu'un d'autre sans ressentir une jalousie immense. Qu'elle ne pouvait plus supporter ses piques sans en crever de douleur à chaque fois. Qu'elle aurait souhaité de toutes ses forces être chose qu'un lionceau qui court après un rhinocéros et avoir dix ans de plus. Etre une femme.

Au lieu de lui avouer tout ça, elle soupira doucement et laissa retomber sa tête sur ses genoux. Au bout d'un moment, elle releva la tête, observant le jeune homme entre deux mèches. (Ouais bon j'ai écoute la chanson de Titanic, là). Il l'observait également de ses beaux yeux clairs, qui rappelèrent à Diane leur éclat à travers le trou de cette planche le jour de son châtiment.

Elle lui sourit tristement et il se redressa, enjambant Bonden pour venir s'asseoir à côté d'elle. A peine fut-il assis, la jeune fille sentit son cœur battre la chamade dans sa poitrine, à tel point qu'elle crut qu'il allait la lâcher d'ici quelques secondes. Ils restèrent silencieux, côte à côte, pendant plusieurs longues secondes.

L'adolescente tourna la tête vers lui. « Vous croyez qu'on va les retrouver… ? » Le jeune homme soupira, avant de s'allonger sur le côté, repoussant la paille qui lui picotait le visage. Il regarda sa compagne, le coude replié pour soutenir sa tête. « Je l'ignore, lieutenant. »

Sa voix était si rauque…Etait-il seulement conscient de toute la flopée d'émotions diverses qu'il créait chez la jeune fille ? Il prit une moue boudeuse et durant un instant l'adolescente retrouva le Nagel d'antan, faux rebelle et optimiste – avant toute cette histoire de Jonas, lorsqu'il n'était encore qu'un marin comme tant d'autre pour elle.

« Une chose est sûre, peut importe où vous décidez d'aller, je vous suivrai. »

La bouche sèche, Diane baissa les yeux vers lui, essayant de ne pas paraître trop troublée. « Même si je décide d'abandonner la Navy ? », plaisanta-t-elle, incapable de faire autre chose. Il consentit à sourire à demi, et Diane sentit qu'il bougeait vers elle dans une attitude on ne peut plus explicite. Elle ferma les yeux, savourant la douceur de son souffle sur son visage, prête à l'embrasser, à sentir à nouveau la douceur de ses lèvres exquises.

« Ding dong ! Ding dong ! »

« C'est la Surprise ! » s'exclama Killick avant même d'avoir ouvert les yeux. Diane se releva précipitamment et sortit de la bergerie. Elle traversa le champ de moutons en courant, levant bien haut les jambes pour éviter les nids de poule. Elle arriva sur la route, qu'elle franchit également puis parvint au bord rocheux. 150 mètres plus bas, la mer. « Il y a un bateau ! » s'écria-t-elle avec joie aux hommes qui arrivaient juste derrière elle.

« Lâche-moi, sale bête ! » s'énerva Doudle tandis qu'un bouc l'avait pris en chasse. Davies fonça vers la bête qui sembla hésiter un instant puis partit de l'autre côté.

« Il fait trop sombre…est-ce que c'est eux ? »

« Non… » répondit Doudle, les yeux plissés. « Ils sont bien plus gros……l'Achéron. »

« Impossible, comment… ? » Mais Diane reconnut la structure si particulière du gros navire.

« J'espère que le capitaine est dans le coin, s'il veut le coincer, ce salopard de fantôme », grommela Killick.

« Je retourne près de Barret », fit Davies de sa grosse voix un brin accusatrice. Les autres reprirent aussi le chemin du retour mais Diane resta là. « Vous ne venez pas, lieutenant ? » demanda Nagel lorsque les autres se furent éloignés.

« Non...Non, je reste ici. Au cas où. Ne vous inquiétez pas », fit-elle d'une voix officielle en le regardant à peine.

Il ne répondit rien, mais elle le vit prendre une expression dure, son visage impassible comme à chaque fois. Impossible de savoir à quoi il pensait, dans ces moments-là. Il fit volte-face et rejoignit les autres.

Diane fixait toujours la mer sombre, voyant le navire français s'éloigner peu à peu – il était sacrément rapide. C'était tellement rageant ! Si près, et pourtant…si loin…Tandis que le vaisseau s'éloignait par la gauche, il lui sembla apercevoir une autre forme vers la droite, qui semblait prendre une direction légèrement différente. Elle s'avança jusqu'au bord de la falaise, plissant les yeux.

Il lui fallut deux bonnes minutes pour la reconnaître, mais c'était elle ! Et apparemment, elle n'avait pas du tout repéré l'Achéron – normal, avec une telle obscurité.

Souriant à pleines dents, Diane attendit plusieurs minutes que le docteur et Slade arrivent. Pourtant, elle se rendit compte que la Surprise longeait les côtes sans pour autant faire mine de s'arrêter. Son père avait-il seulement vu Maturin… ?

« Merde… ! » La jeune fille pivota et regagna la bergerie à toute vitesse, talonnée de près par le bélier hargneux. Une fois à l'intérieur, essoufflée, elle lâcha rapidement : « La Surprise est là… »

« Etes-vous sûre ! » s'exclama Doudle avec une expression de ravissement.

« Oui…mais elle ne nous a pas vus. Il faudrait des pétards, ou un pistolet...pour les attirer… » dit-elle en essayant de reprendre son souffle. Davies la regarda avec une mine consternée. « Le docteur est le seul à avoir des pistolets. »

« Oh bon dieu… » soupira la jeune fille, fermant les yeux. S'ils n'intervenaient pas maintenant, la Surprise disparaîtrait et ne reviendrait probablement que demain soir...dieu sait où serait l'Achéron à ce moment-là !

« D'accord. Ne bougez pas d'ici. Ou que l'un d'entre vous aille se poster là-bas si jamais ils nous repèrent. »

« Qu'allez-vous faire ? » demanda Killick avec suspicion. Mais la jeune fille avait déjà détaché l'un des deux chevaux, un petit alezan qui fit un tour sur lui-même.

« Ha non, tu restes calme, toi », s'énerva-t-elle.

Nagel s'approcha pour lui faire la courte échelle. Lorsqu'elle fut sur l'animal, il lui attrapa les rênes. « Vous savez monter, n'est-ce pas ? » demanda-t-il d'une voix pleine d'intensité.

« A cru, en pleine nuit, sur un cheval à moitié sauvage…un vrai jeu d'enfant - ça me convient donc tout à fait ! » plaisanta-t-elle, intérieurement paniquée à l'extrême. « Mais je reviendrai », lui souffla-t-elle en se penchant vers lui. « Nous avons toujours une conversation à terminer. »

Puis elle serra les jambes mais le cheval, excité, partit directement au galop et sortit à cette allure de la bergerie. Affolée, Diane eut le réflexe de se crisper vers l'avant et de ramener les mains à elle, tirant inutilement dans la bouche de l'animal, mais finalement elle inspira un grand coup et serra fort les cuisses, se hissant vers le haut, avant de talonner plus fort l'animal. Celui-ci galopa à toute vitesse sur la route et Diane pria pour que il ne prenne pas un virage brusque, sans quoi elle serait immédiatement désarçonnée.

Elle vit au loin les lumières de la ville. Elle tira sur les rênes mais son cheval s'emballa. « Excuse-moi, mon vieux » murmura-t-elle avant de se pencher vers l'arrière. Elle se mit brusquement à tirer plusieurs fois de chaque côté. L'équidé, la bouche écumante, ralentit net, secouant sa tête dans tous les sens.

Nulle trace de Maturin. Pourtant la ville n'était plus qu'à cent mètres. Elle voulut s'approcher mais un coup de feu résonna. L'alezan renâcla, les oreilles pointées vers l'arrière. Se retenant de pleurer de rage, Diane le fit faire demi-tour presque sur place et lui enfonça à nouveau les talons dans les flancs.

En se rapprochant de la bergerie, elle vit un groupement d'hommes sur le chemin. Elle n'eut pas le temps de les compter mais à ce moment-là un deuxième coup de feu se fit entendre et elle se sentit projeter dans les airs.

Puis le vide total.

Durant ce qui lui avait semblé une demi seconde, elle s'était retrouvé sur un cheval lancé au triple galop, et là allongée au sol, la tête ahurie du médecin juste au-dessus d'elle. « On devrait vous attacher, jeune écervelée. Votre père sait que nous sommes là, il a envoyé ses canots sur la plage. Vous auriez voulu qu'il vienne échouer son bateau sous ces falaises ? »

Tout en parlant, il l'avait aidé à se relever et la jeune fille réalisa non sans une certaine autodérision qu'elle avait le bras cassé et probablement quelques côtes fêlées, si pas pire.

Elle s'agrippa à Maturin et descendit une colline escarpée qui lui fit venir des étincelles tant la douleur dans sa poitrine était forte. Arrivée sur la plage, elle vit les autres, Davies, Doudle…et Bonden, qui se tenait debout, quoiqu'en vacillant légèrement.

« Heureuse de vous revoir, Barret », fit la jeune fille avec une joie sincère, avant qu'une contraction ne la plie en deux et ne l'oblige à vomir. Elle sentit que Maturin lui agrippait rapidement le bras, presque avec brutalité. « Tout le monde dans le canot, allez ! »

Lorsqu'ils furent dans la barque, Diane vit Nagel et lui fit son plus beau sourire avant de fermer les yeux. « Nous sommes sauvés… »

« Diane, Diane réveillez-vous ! Ne vous endormez surtout pas ! » la pressa Maturin. Mais sa voix était déjà si loin….L'adolescente, toujours souriante, soupira de soulagement puis se laissa aller en arrière. Bientôt, le clapotis des rames sur l'eau, la voix de Maturin, sa propre douleur ne furent plus des murmures.

Entendu sur une piste, par une pauvre citadine qui n'avait jamais approché un cheuval de sa vie : « Wou c'est du galop ! » Mais quelle clairvoyance... ;)