Chapitre 21 magie galopante

Ils ont galopés toute la nuit en direction du Sud, portés par les puissantes pattes des chevaux, dans une nuit profonde éclairée par une maigre lune. Cette obscurté a été profitable à Jilia, qui a put deployer tout ses sens de chasseur sans craindre d'etre vue. L'aube va bientôt se lever, et si les chevaux ne fatiguent pas, ce n'est pas le cas de Sasarai. Depuis qu'ils sont partis, sa main droite brille et le brule, sans doute à cause de la tension qu'il ressent... à moins que ce ne soit cette impression sourde d'être épié, suivit. Dans l'obscurité total les envelloppant, il a entendu de nombreux craquements, frottements, cris étrange d'animaux , bruit d'ailes ou de pelages, mais l'impression est différente de celle des animaux de la foret. Une forte impression de magie... mais une magie primitive, sauvage, violente. Serais-ce... Jilia?

Mais il ne préfère pas la confronter sur ce sujet maintenant. Prudence, elle est à vif. Si il la pousse trop dans ses retranchements, qui sait quelle reaction elle pourrait avoir.

Perdrait-il la confiance qu'il gagne peu à peu? Fuirait-elle? Ou alors... attaquerait-elle? Cette option s'est rajouté dans l'esprit de Sasarai naturelement, et il est bien forcé d'admettre que les mots "combat " et "Dame Jilia" peuvent aller ensemble. Si elle a survecu a une foret pleine de monstres, à Yuber et aux Atréides, ce n'est sans doute pas grace à sa maitrise des danses de salons. Et Sasarai ne peut plus ignorer les avertissements de Sa Rune. Il y a une magie puissante autour d'eux, et un danger potentiel.

Sasarai force l'allure pour se mettre au niveau de la jeune femme. Dans la lumière naissante du jour, il peut voir son profil noble et son expression farouche. Elle ne semble pas du tout éprouvée par cette cavalcade et cette nuit sans sommeil.
Sasarai: "Nous sommes en route depuis hier soir. Peut-etre pourrions penser à prendre du repos..."
Jilia: " Tu es fatigués?"
Sasarai a un petit rire: "Oui, je suis fatigué. Quelle honte alors que toi, tu sembles etre en pleine forme."
Jilia laisse echapper un petit sourire: "On est tres solide dans notre famille. Je sens qu'il y a un village dans cette direction, plus à l'Est. Nous allons nous y arreter."
Sasarai note mentallement l'etrange phrase:"elle sent" et fait un signe de tête pour montrer son accord. Ah, un bon lit aux draps bien frais!
Sasarai: " ça nous fait faire un leger détour, ça ira?"
Jilia: "Oui, j'ai trouvé la trace de Yuber et Siane, je ne lacherai plus leur piste maintenant."
La trace? quelle trace? quand l'a-t-elle trouvée? Sasarai secoue ses pensées brouillées par la fatigue. A l'auberge du village où ils arrivent, il ne remarque meme pas que l'aubergiste leur a donné un lit double, s'effondre dessus tout habillé et s'endort aussitôt. Jilia, elle, n'a pas sommeil du tout, et puisque le jeune eveque dort comme une souche, c'est le moment d'en profiter pour agir avec les coudées franches.
Sur le point de ressortir de la chambre, elle se ravise et retournes près du lit. Tirant sur les bottes de Sasarai, elle les lui enlève et les pose à coté du lit, avant de rabattre l'edredon sur le jeune homme. Jowy aussi s'endormait parfois d'un seul coup sans meme enlever ses bottes, et cette coincidence la fait sourire.
Dans l'écurie de l'auberge, le cheval blanc Shibo surveille Sasarai endormi. Dans la foret non loin du village, Jilia convoque les siens sous l'œil du cheval noir Sanakane.

Quand Sasarai émerge de son sommeil aux environs de midi, Jilia est de nouveau dans la petite chambre, assise à la fenetre. Elle le regarde intensément, puis détourne brusquement ses yeux verts dehors, avec une sorte d'impatience.
Sasarai: " Qu'est-ce qu'il y a? As-tu pu te reposer?"
Puis réalisant enfin la configuration de la chambre, il rougit et cherche à se relever trop précipitament. Mais il retombe emmelé dans le lourd edredon.
Sasarai: "Je, je suis desolé! Je , je te laisses le lit, je vais sortir, je"
Jilia: "Je n'ai pas sommeil."
Ce n'est pas le sommeil qui attire les pensées de Jilia vers ce lit. L'enervement et l'angoisse, tous ses sens décuplés, l'odeur chaude de Sasarai, sa peau lisse... elle voudrait s'abandonner et se glisser aux cotés de l'homme en train d'essayer de se lever, caresser sa peau, la gouter... Tous ses instincts sauvages sont en train de reprendre le dessus, et elle lutte pour ne pas bouger de la fenetre.
Elle ne peut pas.
Elle ne doit pas.
Il ne faut pas.
Et il risquerait de voir...
Intrigué par son attitude, Sasarai garde néanmoins ses distances avec elle. De nouveau la Terre qui résonne étrangement, comme si elle répondait à quelque chose émanant de Jilia... quoi? quoi? Sasarai à l'impression de toucher du doigt la réponse, sans jamais pouvoir la saisir. Dans l'écurie, les chevaux s'agitent et hennissent. Oppressé, Sasarai sort de la chambre et descend calmer les animaux.
Si proche, si proche de la clé qui pourrait lui permettre de la comprendre, de tout comprendre.