Coucou tout le monde ! Nouvelle fic et nouveau pairing : Harry et Severus mais ce n'est pas un slash ! Le titre vient d'un poème de Gérard de Nerval qu'on trouvera plus tard dans la fic. J'ai toujours un mal de chien à trouver des titres alors j'ai opté pour celui-là.

Je vous laisse en compagnie de cet homme charmant et aimable qu'est Severus Snape :)

Bon sang, ce que je hais ces Gryffindors ! Encore une journée passée à supporter leur stupidité incurable ! Quinze ans que ça dure ! Je me demande comment je ne suis pas encore devenu complètement fou ! Cet imbécile de Londubat a encore fait fondre un chaudron cet après-midi. Depuis le temps, j'espère qu'ils lui font des prix chez le marchand ! Je ne sais plus pourquoi j'ai accepté ce boulot. Ce vieux renard de Dumbledore a dû réussir à m'amadouer avec sa bienveillance et ses compliments : « Je n'ai pas oublié l'extraordinaire talent dont vous faisiez preuve en cours de Potions, Severus. Vous êtes l'homme qu'il me faut pour ce poste ». Tu parles ! Si j'avais su…

…j'aurais tout de même accepté. J'exagère un peu avec mes plaintes.

C'était juste après la disparition de Voldemort. Je venais d'être acquitté grâce au soutien de Dumbledore qui s'était porté garant de moi. Malgré cela, beaucoup de gens n'ont pas cru à mon repentir et c'était bien normal car j'avais fait des choses horribles. Personne n'était prêt à employer un ancien Mangemort, même blanchi. Dumbledore a été le seul à me faire confiance. Il n'a jamais douté de moi, pas même le jour où, rongé de remords, je suis venu le trouver pour me mettre à sa disposition. Le fait qu'il m'ait cru a agit mieux qu'un pacte magique ; à partir de ce jour, je me suis dévoué corps et âme à sa cause, prêt à tout pour me racheter. En m'offrant ce poste de professeur, Dumbledore me remerciait de tous les risques

que j'avais pris pour lui et me montrait le chemin de ma rédemption.

L'intégration dans l'équipe éducative de Hogwarts ne s'est pas faite du jour au lendemain. J'étais parfaitement conscient qu'on ne me tolérait qu'à cause de Dumbledore. La première à avoir voulu établir le contact a été Minerva, sans doute parce qu'elle m'avait connu en tant qu'élève. Puis le temps a passé et les autres professeurs ont fini par m'accepter.

Je reconnais que je n'ai pas fait beaucoup d'efforts pour nouer des liens. Je suis extrêmement méfiant, d'un abord difficile et la solitude ne me gêne pas parce que j'en ai l'habitude. Je suis ainsi depuis mon enfance, quand j'ai compris que l'innocence et la gentillesse étaient des synonymes de faiblesse.

Dumbledore n'est pas d'accord avec moi et dit que je vois le mal partout. Je lui rétorque que, lui, il ne le voit nulle part. Les bons sentiments ne servent à rien face au mal qui ronge le monde. Mieux vaut cacher son cœur au plus profond de soi et bâtir autour un mur solide. C'est ce que j'ai fait pour que plus rien ne puisse m'atteindre.

J'ai donc passé quinze ans à enseigner les Potions, la seule chose qui suscite encore en moi un certain intérêt. Je n'ai pas tardé à me faire une réputation amplement méritée de professeur cynique, injuste et sadique, merci beaucoup !

Je mets les points sur les i : je me fiche complètement de ce que l'on peut penser de moi. Je me sais désagréable de physique comme de caractère et je l'assume ! Oui je suis sévère, oui je suis partial, oui je hais les Gryffindors. Ils représentent ces valeurs qui ne sont que faiblesses à mes yeux : l'amitié, l'amour et tout ça…Il n'y a que le courage qui les rachète un peu et encore si on étudie le cas Londubat… ! De plus, je n'ai encore jamais vu un Gryffindor capable de préparer correctement une potion. Bon, il y a Granger c'est vrai mais je crois que le Choixpeau commence à gagatiser depuis mille ans qu'il est là ! Celle-là devrait être à Ravenclaw.

A l'inverse, je favorise outrageusement les Slytherins. D'abord parce que je suis leur directeur et ensuite parce qu'ils ont toujours été considérés comme des parias depuis l'avènement de Voldemort. Je me souviens des moqueries et des insultes qui pleuvaient sur nous quand j'étais élève. Pour la société, nous étions tous de futurs sorciers noirs et on nous surveillait de près. Je suis bien placé pour savoir que beaucoup d'entre nous ont mal tourné en réaction à cette période difficile et pas parce qu'ils y étaient prédestinés. Slytherin a un côté très sombre, c'est vrai mais elle n'a pas donné que des criminels. Aujourd'hui, je me venge en lui redonnant la dignité qu'elle a perdue.

Si je suis aussi dur avec mes élèves, c'est parce que je suis convaincu que c'est la meilleure méthode d'abord pour se faire respecter et ensuite pour les pousser à donner le meilleur d'eux-mêmes. Et quand je vois le crétinisme de certains, je n'ai pas envie d'être plus clément. Jusqu'à maintenant, ma méthode a payé car aucun de mes élèves d'ASPIC n'a jamais raté son épreuve de potions.

Ma ronde de nuit est presque terminée. Il ne me reste plus qu'à vérifier la Tour d'Astronomie. Combien de fois y ai-je trouvé des couples en pleine poussée d'hormones ? Je suis à peine en haut qu'une odeur familière et détestée vient me chatouiller les narines. Eh oui ! J'ai un odorat bien développé, c'est utile pour les potions ! J'aperçois une silhouette tapie dans le noir contre les créneaux de pierre. Je n'ai pas besoin de m'approcher plus pour la reconnaître :

« Potter ! Qu'est-ce que vous faits là ? Vous avez vu l'heure ? 50 points de moins pour Gryffindor ! »

Harry Potter, l'incarnation de tout ce que je n'aime pas, l'esprit de Gryffindor personnifié. Comme si ça ne lui suffisait pas d'être le portrait craché de son détestable père ! Ce gosse se croit au-dessus des règles grâce à sa célébrité de pacotille ! Et pourtant, être célèbre pour un exploit involontaire, il n'y a pas de quoi se vanter ! Quand je pense à tout les héros qui ont donné leur vie pendant la guerre et dont personne ne se souvient, ça me rend fou ! Pourtant, Monsieur Potter se croit un être d'exception ! Heureusement que je suis là pour lui dégonfler la tête avant qu'elle ne le cloue au sol ! Dire que Dumbledore joue son jeu ! L'indulgence dont il fait preuve envers lui m'exaspère ! Je ne le suivrais pas sur ce terrain-là.

Je m'approche du gamin et prends mon ton le plus mauvais, celui que je lui réserve tout spécialement :

« Levez-vous et dégagez d'ici ! Je réfléchirai à votre retenue mais elle ne se déroulera pas avec moi. Je vous vois suffisamment en cours pour vouloir vous supporter plus encore »

Il n'a pas fait le moindre geste. Il reste prostré par terre, les bras croisés sur la muraille et il me tourne le dos.

« Vous m'avez entendu Potter ? »

« Laissez-moi tranquille. »

Ca c'est trop fort !

« Petit insolent ! Je vous ordonne de vous lever ! »

Je l'attrape par l'épaule et le tourne vers moi. Il ne se débat même pas. Je n'y vois rien car le ciel est couvert de nuages qui dissimulent la moindre petite étoile. Je sors ma baguette :

« Lumos ! »

Ebloui, Potter se détourne vivement mais j'ai eu le temps de voir quelque chose briller sur sa joue.

« Oh je vois…C'est encore votre petite comédie sur la perte de votre chien de parrain. Ecoutez-moi bien Potter, vous arriverez peut-être à attendrir les autres avec votre air désespéré mais ça ne marchera pas avec moi. Vous aimez que tout le monde vous plaigne n'est-ce pas ? Vous vous complaisez dans votre petit drame personnel parce que vous adorez qu'on s'occupe de vous ! Et non content de jouer les victimes devant vos camarades, il faut encore que veniez vous lamenter ici ! Ca doit vous donner l'impression d'être un brave petit héros déchiré par la vie. Très romantique ! »

« Ce n'est pas vrai »

Sa voix est à peine plus forte qu'un murmure et il a toujours la tête baissée. Je commence à m'énerver :

« Bien sûr que c'est vrai ! Laissez-moi vous dire une chose : j'ai horreur des gens qui s'apitoient sur leur sort et étalent leurs larmes à la vue de tous ! Si vous souffrez tant que ça, ce dont je doute, dites-vous bien que vous n'êtes pas le seul. D'autres ont vécu pire que vous. Des morts il y en aura encore. Cet imbécile de Black inaugure une longue liste de victimes si la guerre s'accroît. Alors cessez de pleurnicher ! »

Je remarque à présent qu'il tremble de tout son corps. Sa voix est rauque et faible.

« Ca vous va bien de dire ça. »

Il relève un peu le visage et son ton se durcit :

« Vous le détestiez ! Vous vous en foutez qu'il soit mort ! »

« Sur un autre ton ! Et ça m'est bien égal en effet ! »

Il a un rire étranglé :

« Evidemment ! Je sais ce que vous pensez : Ca fait deux Maraudeurs de moins ! Pourvu que le prochain soit Lupin ! Hein ? C'est ça ! Espèce de salaud… »

« Potter ! »

La rage monte en moi d'un seul coup. Aucun élève ne m'a jamais parlé comme cela. Ce morveux éclate en sanglots et se met à crier :

« Fichez le camp ! Laissez-moi tranquille ! Vous ne savez rien ! Vous n'avez toujours rien compris ! »

« Taisez-vous ! »

Il se lève brusquement mais je l'attrape par le bras. Il se débat violemment en continuant de crier à travers ses larmes :

« Lâchez-moi ! Qu'est-ce que ça peut vous faire que je pleure ? Je me jetterais du haut de cette tour que vous me regarderiez mourir en ricanant ! Qu'est-ce que ça peut vous faire ? Est-ce que vous allez me foutre la paix au moins une fois dans votre vie ? »

Il secoue si violemment son bras qu'il finit par m'échapper et il se rue hors de la tour. Qu'il aille au diable ! Potter serait-il atteint au point de faire une crise de nerfs ? Il n'aurait pas dit tout ça s'il n'avait pas été à bout.

Ca m'a fait bizarre de le voir pleurer. Potter le Magnifique chialant toutes les larmes de son corps devant son professeur abhorré ! Je suis sûr qu'il va s'en vouloir longtemps de m'avoir laissé voir cela. Son idiot de père a dû s'en retourner dans sa tombe !

Voilà quelque chose qui ferait bien rire les Slytherins et si je m'écoutais… Et puis non ! C'est un peu trop facile pour moi et je préfère un autre genre de persécutions.

La pluie se met soudain à tomber à grosses gouttes. Je descends de la tour afin de regagner mes quartiers. Quand je pense que j'ai encore un tas de copies à corriger ! Des copies de Hufflepuff en plus, autant dire que je n'ai pas grand-chose à espérer.

Je passe une heure à lire bêtises sur bêtises puis, lassé, je décide d'aller dormir. Tout en me déshabillant, je jette un coup d'œil à ma Marque. Ca fait un petit moment que Voldemort ne m'a plus appelé et je me demande ce qu'il fabrique. Nous ne pouvons le rejoindre que s'il nous appelle en touchant la marque de l'un d'entre nous. Il a établi ce système car il ne fait confiance à personne pas même à ses serviteurs. Ainsi, il peut contrôler toutes les arrivées dans sa cachette.

C'est une chance que je sois un assez bon occlumens pour lui avoir caché ma trahison pendant tout ce temps. Je suis même l'un de ses favoris ! Il me dit que je donne l'impression de n'avoir aucun sentiment et qu'il adore ça. C'est sans doute pour cela qu'autrefois il me confiait des tâches aussi horribles. Malgré ce que me dit Dumbledore, je n'arriverais jamais à me débarrasser de cette souillure qui me colle à la peau.

Je vide d'un trait la Potion de Sommeil que je prends chaque nuit pour m'endormir. Je savais pertinemment qu'il y avait un risque d'accoutumance mais tant pis ! Au moins, je ne rêve plus de rien. Je me couche et plonge rapidement dans le sommeil.

C'est bien ou c'est moisi ? Commentaires pliz !