Auteur : Caramelon
Titre : Manipulations
Résumé : Heero et Duo reviennent de mission avec leur petit problème mesurant un mètre environ et littéralement accroché à Duo avec son boulet lourd de révélation qui va pas bouleverser la petite vie tranquille de Heero, de Duo et de Iria, une sœur de Quatre.
Genre : Yaoi (c'est pas pour tout de suite), sérieux, gros mal de crâne, OOC d'un peu tout le monde. Grosse torture psychologique de l'auteur pour écrire ce chapitre.
Couple : vague mention d'un 4+3. Quant à Heero et Duo, c'est vraiment pas au programme avant un bon moment… Je m'amuse plutôt à les faire souffrir, gniark gniark gniark…
Disclaimer : je me renseigne pour la cryogénisation au cas où…
Réponse aux rewiews :
Kittyval : Mici ! Ca ma fait trop plaisir ta rewiew. Et ne t'inquiète pas, tu vas avoir ta réponse dans ce chapitre, hé, hé, hé, hé, hé….
Black nigth : Merci pour ta rewiew. J'espère que tu continueras d'aimer. Je fais vraiment de mon mieux.
Chapitre 02 :
Quatre faisait les cent pas dans son bureau. Il avait un drôle de pressentiment. Il ne pouvait pas l'expliquer. Mais quand Duo l'avait appelé pour lui annoncer que la mission s'était bien passée mais qu'il fallait absolument que Sally les rejoigne, l'inquiétude de Quatre avait monté d'un cran. D'habitude, il sentait quand ses amis étaient blessés. Il ressentait leur douleur. Or, là, il ne sentait rien venant de leur part. Enfin rien d'inhabituel. Juste la souffrance psychologique qui les submergeait à chaque fois qu'ils se voyaient. Et Quatre souffrait de ne rien pouvoir faire pour eux.
Malgré tout, il avait appelé Sally. Seulement, celle-ci était en mission avec Wufei, sur Terre. Donc injoignable pour le moment. Et même si ça avait été le cas, elle n'aurait pas pu se déplacer aussi vite. Alors Quatre avait pensé à sa sœur aînée. Il était parti du principe que Duo voulait voir Sally le médecin. Et généralement ses intuitions ne le trompaient pas. Et la seule personne en qui il pouvait avoir confiance, c'était sa propre sœur. Iria. Cette dernière n'était jamais très loin de son frère.
Quatre entamait encore un va-et-vient quand Heero fit son entrée. Il s'avança directement vers l'ordinateur de Quatre et commença à lire les informations qu'il avait copiées. Puis Duo entra à son tour. Et Quatre poussa un faible soupir de soulagement. Apparemment, ils n'avaient rien de sérieux. Ce n'est qu'après qu'il le vit. Il aperçut d'abord deux petites mains agrippées au pantalon de Duo. Un petit garçon qui essayait vainement de se cacher derrière les jambes du natté.
Quatre retint une exclamation de surprise. Il leva vers Duo des yeux hallucinés. Celui-ci se contenta d'hausser les épaules. Quatre sentit la frayeur qui émanait de l'enfant par vague successive. Mais il sentait autre chose aussi. Quelque chose de vaguement familier. Quatre baissa son regard vers l'enfant méfiant et lui adressa un sourire rassurant.
« Bonjour ! Je m'appelle Quatre. Et toi ? »
« Il n'a pas dit un mot depuis qu'on est partit », intervint Duo.
Il posa une main sur la tête du bambin. Celui-ci leva les yeux et lui sourit.
« Tu veux quand même pas que je t'appelle Fripouille ? »
« Fri… Fripouille ? » demande le petit garçon de sa voix fluette.
Il enfoui sa tête contre la jambe du natté.
« Je crois qu'il t'a adopté », remarqua Quatre en éclatant de rire.
« Hum… »
« Qu'est s'est-il passé ? » demanda Quatre.
Duo traversa la pièce en traînant l'enfant derrière lui. Il s'assit dans le canapé. L'enfant bondit à ses côtés. Duo le prit dans ses bras. Il ne savait pas pourquoi ce gosse se sentait en sécurité à ses côtés. Pourtant, le natté n'avait rien de rassurant. Mais il devait bien avouer que quand il l'avait découvert, une sorte d'alchimie s'était produit. L'enfant s'était littéralement précipité dans ses bras et ne l'avait plus lâché depuis.
« Cette mission, c'est un peu comme les Kinder. Tu sais qu'il y a une surprise, sauf que tu sais pas laquelle. Et cette fois on nous a sorti un morpion. »
« Mor… Morpion ? »
« Je ne sais pas ce que les vieux loufoques faisaient avec ce môme mais j'allais pas le laisser là-bas. »
« Lou… Loufoque ? »
« En plus, je trouve qu'il ressemble beaucoup à une certaine tête de pioche de notre connaissance… »
Ladite tête de pioche de leur connaissance grogna devant son ordinateur. Mais Duo avait raison. Cet enfant avait une étrange ressemblance avec le japonais. La même chevelure indisciplinée, la même bouche, cette moue boudeuse et autres petits détails qui n'échappaient pas au regard inquisiteur de Duo. Après tout, il connaissait Heero sur le bout des doigts…
« Moi, je dirai plutôt qu'il te ressemble », objecta Quatre.
« Bof, je suppose que tous les mioches ressemblent tout le monde… Tiens, je dirai aussi qu'il a un air de ressemblance avec toi… Et je suis sûr qu'on pourrait y trouver d'un peu tout le monde. Bon, toujours pas décider à nous parler ? »
L'enfant releva la tête. Un éclat de rire jaillit. Et Duo sourit. Quatre regardait la scène avec une certaine tendresse dans le regard. Depuis longtemps il n'avait pas vu l'américain si détendu. Depuis que lui et Heero avaient rompu en fait. Quatre se souvint que cette crise les avait tous affectés. Lui particulièrement.
Quelqu'un frappa à la porte et Iria pénétra dans le bureau.
« Bonjour Quatre ! Duo ! Hee… »
Elle n'eut pas le temps de finir de le saluer que celui-ci la prit par le bras. Heero sortit de la pièce, la traînant derrière lui, en claquant la porte. Quatre et Duo échangèrent un regard surpris. Le petit garçon sauta des genoux de Duo et entreprit de visiter son nouvel environnement.
« Qu'est-ce qu'il lui a prit ? » demanda Quatre.
Duo fronça les sourcils et ses yeux se voilèrent d'une colère contenue. Quatre n'avait même pas besoin d'utiliser son empathie pour s'en rendre compte. Toute l'attitude de Duo était sur la défensive et les vagues de colères le submergeaient comme le ressac des vagues lors de la marée haute.
« Il nous cache encore des choses Quatre. Comme d'habitude… »
« Je suis désolé Duo. »
La natté fit un vague signe de la main. Son attention fut absorbé par l'enfant qui rampait sous le bureau de Quatre, à l'affût du moindre danger, qui s'avérait être Quatre, ou plutôt une de ses jambes…
« Laisse ! Ca n'a plus d'importance de toute façon. C'était de l'énergie dépensée pour rien. Je suppose qu'on ne peut pas tout avoir. Heero est… Heero rien de plus, rien de moins. Au fait, Tro-tro va bien ? Ca fait longtemps que je ne l'ai pas vu… »
Il avait demandé ça d'une voix rêveuse. Quatre savait qu'il n'attendait pas de réponse de sa part. Perdu dans ses souvenirs, il n'aurait probablement rien écouté. Quatre se demandait encore et toujours comment ils en étaient arrivés là. Avec une pointe de culpabilité, il remercia mentalement le ciel de ne pas avoir ce genre de problèmes avec Trowa.
Le petit garçon avait assisté à cet échange sans rien comprendre. De toute façon, ça ne faisait pas partie de son jeu. Mais s'il voulait survivre dans ce monde hostile, il devait trouver à manger. Et ce dangereux boa constrictor (il en avait vu plein dans les livres) ferait un excellent repas. Avec ça, il pourrait tenir au moins deux jours… Le petit garçon sortit son couteau multifonction. Il se cacha d'abord du serpent. Il fit attention au sens du vent. Il s'approcha subrepticement de sa future proie. Il prit son arme bien en main, puis bondit vers le reptile.
« Stop ! »
La voix de Duo retentit comme un coup de tonnerre. Et le petit garçon s'arrêta net alors que le boa fit un bond en arrière. L'enfant baissa les yeux devant le regard sévère du natté. Le cœur de Quatre reprit un rythme normal.
« On peut savoir ce que tu fabriquais Fripouille ? lui demanda Duo. Et d'abord rends-moi ce coupe-papier. »
L'enfant baissa la tête. Il traîna des pieds vers l'américain avant de lui tendre son magnifique couteau multifonction.
« Alors ? » lui demanda Duo en prenant le coupe-papier.
« Je chassais… », répondit-il d'une petite voix.
« Tu chassais ? Quoi ? Le mollet de Quatre ? »
L'enfant hocha la tête. Duo et Quatre se regardèrent avec un sourire aux lèvres. Puis le natté explosa de rire. Quatre le suivit peu après. Puis l'enfant, relevant la tête, se joignit à eux.
C'est à ce moment-là que Heero et Iria refirent leur apparition. Le japonais eut un pincement au cœur de le voir ainsi. Rire. Il ne voulait pas se l'avouer mais son rire lui manquait. Duo ne riait plus jamais en sa présence. D'ailleurs, lorsque celui-ci s'aperçut qu'il était revenu, il s'arrêta net et reprit une expression neutre alors que leurs yeux se croisaient. Heero brida une nouvelle fois toutes ces émotions qui menaçaient de refaire surface. Puis il se dirigea vers l'ordinateur.
« Allez la Fripouille ! C'est l'heure du check-up ! »
Duo lui indiqua Iria. Celle-ci s'accroupit face au jeune garçon, lui fit un sourire rassurant à la sauce Winner, puis lui tendit la main. L'enfant regarda la main de la jeune femme puis Duo. Ainsi de suite. Duo soupira bruyamment puis se leva du canapé.
« Ok ! Je t'accompagne cette fois. »
L'enfant se cramponna à la jambe du natté. Celui-ci poussa un énième soupir résigné. Il sortit de la salle en boitillant.
Quatre et Heero restèrent donc seuls dans la pièce. Heero finit de lire les fichiers et entreprit d'établir un rapport, un résumé de ses recherches. Quatre s'approcha doucement de lui. Il sentait tout ce que le japonais ressentait. Même si ce dernier pensait bien les brider.
« Heero. Tu veux qu'on en parle. »
« … Il n'y a rien à dire de plus. Ça fait trois ans maintenant. J'ai eu le temps de m'y faire… »
« Pourquoi est-ce que tu te mens Heero ? »
« Parce que c'est plus facile. »
Il se concentra de nouveau sur son dossier. Quatre abandonna. Il avait beau essayé d'arranger les choses mais il se heurtait inévitablement à deux murs plus têtus l'un que l'autre. Deux murs qui se complaisaient dans leur souffrance. Deux murs qui s'ignoraient. Il aurait tellement aimé qu'ils crèvent l'abcès qui s'était formé entre eux. Mais chacun était resté campé sur leur position, ignorant volontairement l'autre. Au moins, ils restaient efficaces dans leur travail, et les tensions qui régnaient entre eux ne les affectaient pas dans ces moments-là.
« C'était un début », pensait Quatre.
Le petit blond décida d'appeler Lady Une pour l'avertir du succès de la mission et qu'elle recevrait certainement un rapport dans la soirée. Par contre, il omit volontairement de parler de l'enfant qu'ils avaient trouvé. Pas avant que Iria ne l'ai examiné. Pas avant qu'elle ne leur dise que cet enfant est « normal ». Parce que si Quatre craignait quelque chose, c'était bien cela. Il espérait vivement que cet enfant n'est rien avoir avec les manipulations génétiques…
Duo et le jeune enfant revirent seuls.
« Quat-chan ! On va venir squatter ta maison. Le temps que les résultats du test sanguin de la Fripouille reviennent. »
« Sans problème Duo. Et toi, Heero ? »
Heero se détourna pendant quelques secondes de l'ordinateur.
« Je viens aussi. »
Duo eut pendant quelques instants le souffle coupé. Pendant près de trois années, ils avaient tout fait pour s'éviter, ne se voyant que lors des missions. Et voilà qu'ils allaient vivre pendant quelques jours dans le même appartement. Bon d'accord, la maison de Quatre était immense et s'ils voulaient vraiment s'éviter cela ne sera pas bien compliqué. Et puis, ce n'était comme s'ils allaient être seuls.
Heero observa la réaction du natté. Il savait exactement à quoi il pensait. Il le connaissait bien. Pour lui aussi, cela n'allait pas être facile. Mais il avait ses raisons. Des raisons qu'il ne pouvait pas expliquer. Des raisons qu'il ne voulait pas expliquer. Heero sentit l'indécision de Duo. Il le sentait près à renoncer et à aller dormir à l'hôtel. Soudain une petite main se posa sur celle d'Heero. Celui-ci baissa les yeux vers l'enfant qui lui offrit un sourire resplendissant. Duo fronçait les sourcils. Puis il haussa les épaules en se retournant vers Quatre. Il venait d'accepter le fait que Heero et lui allaient partager le même toit pendant quelques temps. Il espérait juste que ce n'allait pas être trop long…
Heero termina son rapport. Quatre et Duo bavardaient gaiement sur la relation qui liait le petit blond à Trowa, ou bien sur le travail de Duo. Pendant ce temps, le petit garçon était blotti dans les bras de Duo et observait avec curiosité le dos de Heero. Ce dernier sentait très bien ce regard insistant. Mais cela ne le gênait pas vraiment. Il préférait grandement être l'objet de l'attention du petit bonhomme plutôt que celle de Duo.
Lorsque Heero envoya son rapport à Lady Une, les deux autres jeunes hommes se levèrent de concert. Quatre les conduisit chez lui. Ou plutôt dans la maison où ils avaient emménagé Trowa et lui. Son amant était partit rendre visite à sa sœur adoptive Catherine.
« Quatre, où est la salle de bain ? » demanda Heero une fois qu'ils étaient entrés.
Depuis le début, Heero n'avait pas oublié sa douche froide. Une bonne grosse douche, blotti et tremblotant sous l'eau glaciale, voilà qui l'aiderait à oublier la présence du natté. Voilà qui l'aiderait à reprendre une certaine contenance afin de pouvoir à nouveau l'affronter. Il suivit donc Quatre qui ne se posait pas de question. Mais le regard de Duo le mit mal à l'aise. Heero sentait qu'il avait compris. Duo connaissait les petites habitudes du japonais. Et le fait de prendre une douche froide pour se remettre les idées en place en faisait partie.
Duo l'ignora intentionnellement. Lui aussi avait ses petites manies. Et la seule qui était en adéquation avec la Fripouille pendue à ses basques, était une bonne heure devant les fourneaux à préparer une de ses pâtisseries préférées, l'estomac gargouillant d'avance de plaisir. Il en avait déjà l'eau à la bouche.
« Dis donc, la Fripouille ? T'aimes le chocolat ? »
L'enfant posa un regard d'incompréhension sur le natté.
« Evidemment que non ! Je me doute bien que ces scientifiques à la mord-moi-le-nœud ne t'on jamais donné un gramme de chocolat… marmonna Duo. Quelle honte ! On va vite y remédier… »
Il remonta ses manches et tendit sa main au petit garçon. Celui-ci la prit avec une joie évidente peinte sur le visage. Duo se dirigea vers la cuisine et commença à fouiller les placards à la recherche d'ustensiles et des ingrédients nécessaires. Duo, le roi de la pâtisserie était de retour…
Quatre abandonna Heero qui s'enferma dans la salle de bain. La soirée promettait d'être très longue et très glaciale. D'autant plus qu'aucun des deux ne feraient le moindre effort. Duo se contenterait d'ignorer Heero. Et le japonais garderait son masque de Perfect Soldier. Masque qu'il mettait toujours en place en présence de Duo.
Lui qui souriait si facilement avant. Heero qui avait laissé peu à peu ses émotions transparaître. Tout ça détruit à cause de raisons que Quatre ne connaissait pas. D'ailleurs il se demandait parfois si Heero et Duo connaissaient les raisons de leur rupture. Quatre en venait même parfois à se culpabiliser pour les avoir aider à se mettre ensemble. C'était d'ailleurs à ces moments-là que Trowa, ressentant la culpabilité de l'arabe, le prenait dans ses bras et le rassurait. Et ce soir, il allait cruellement lui manquer…
Quatre soupira bruyamment avant d'aller rejoindre l'américain et l'étrange petit garçon. Il les rejoignit dans sa cuisine. L'enfant, debout sur une chaise devant les plaques électriques, cassait des carrés de chocolat dans une casserole sous les ordres de Duo qui secouait un shaker au rythme de la musique rock qui passait à la radio.
« Quat-chan ! Si tu veux avoir ta part, faut que tu mettes la main à la pâte ! »
« A la pâte ! »
L'enfant descendit précipitamment de sa chaise et se rua sur Quatre. Arrivé à sa hauteur, il lui tendit un carré de chocolat.
« Mange ! C'est bon… », l'incita le petit garçon en se léchant les babines.
« Dis moi, tu ne veux toujours pas dire ton nom ? »
« Les drôles de monsieur m'appelaient 0119702. Mais moi, je préfère Fripouille ! »
Il se précipita vers sa chaise pour y grimper dessus. Quatre s'approcha de Duo qui avait fini de secouer comme un épileptique son shaker et surveillait maintenant la pâte qui gonflait dans le four.
« Duo ? »
« Désolé Quat-chan, j'ai pris ta cuisine en otage. »
« Ce n'est pas ça, mais… Je t'en prie, fais un effort ce soir… Pour moi… »
Duo se retourna en fronçant les sourcils. Quatre sentait la colère poindre dans le cœur de son ami. Mais celui-ci se radoucit. Il posa ses deux mains sur ses épaules.
« Promis. »
« Merci. »
« Mais à une seule condition : amène la Fripouille à la salle de bain. J'aurai jamais du lui donner du chocolat… »
En effet, le petit garçon coupait consciencieusement les tablettes de chocolat en petit carré, sauf que seule la moitié finissait dans la casserole. Le reste atterrissait invariablement dans la bouche de petit vorace. Et à cet âge, il faut dire que les enfants mettaient un soin particulier à bien se tâcher. Et la peau de ce petit garçon, originairement blanche, s'était colorée d'énormes tâches brunes du chocolat fondu sous la chaleur des plaques électriques.
« J'aimerai quand même comprendre comment font les enfants pour se salir en moins de deux minutes… »
« Ça reste encore un mystère pour tout le monde », répondit Duo en rigolant.
« Tu crois qu'on était comme ça avant ? »
« Moi, il y a peu de chance… »
« Désolé, question idiote. »
Duo tapota le dos de Quatre et le poussa doucement en direction du goinfre. Celui-ci prit le petit garçon par la taille et le souleva.
« Direction la salle de bain ! »
« Quat-nii-chan ! Pose-moi par terre ! » cria l'enfant en se débattant.
Mais Quatre n'abdiqua pas. Il faut dire que ce genre de caprice n'avait jamais marché sur ses sœurs. Du coup, Quatre était devenu impitoyable face aux caprices des autres.
Dans les escaliers, ils rencontrèrent Heero qui avait fini sa douche. Celui-ci fut légèrement étonné de voir Quatre monter les escaliers avec un petit garçon sur ses épaules se débattant furieusement, le visage couvert d'une substance brunâtre. Et apparemment, il testait sans doute ses cordes vocales en hurlant comme un damné. Quatre sourit à Heero et celui-ci se contenta d'élever un seul sourcil. Il les regarda monter à l'étage. Puis les hurlements de l'enfant furent atténués quand Quatre s'enferma dans la salle de bain.
Heero descendit et une odeur douçâtre lui chatouilla les narines. Duo. Duo le pâtissier était de retour. Et d'après l'odeur, il devait préparer un gâteau au chocolat. Ce qui expliquait les traces brunes sur le visage du petit garçon. Une vague de nostalgie le submergea. Il se prit à remonter dans ses souvenirs. Lorsque Duo s'était découvert une passion pour les pâtisseries. Et Heero qui était son goûteur attitré. Cela remontait si loin dans le passé que Heero avait l'impression que cela s'était produit dans une autre vie, une vie antérieure.
Le japonais s'arrêta brusquement sur le pas de la porte. Une impression de déjà vu lui sauta au visage. La suite logique : il se serait avancé et aurait serré le natté contre lui. Duo aurait protesté et Heero se serait contenté de l'embrasser dans le cou.
Mais plus maintenant. Plus depuis trois longues années qui avaient eu des allures d'enfer. Lui qui pensait que la guerre qu'ils avaient mené avait été l'enfer, il se rendait maintenant compte que ce n'était juste qu'un aperçu…
Duo sentit la présence du japonais. Il se retourna brusquement et aperçu l'expression fugace de tristesse dans les yeux de Heero. Tristesse qui disparut très vite pour laisser place au masque impénétrable qu'il avait l'habitude d'arborer. Duo se détourna et commença à ranger la cuisine.
« J'ai promis à Quatre que je ferai un effort… », lui dit Duo.
« Très bien. »
« Alors fais-en toi aussi ! Je te demande pas d'agir comme avant, mais de laisser nos différends de côté pour Quatre. »
« Je vais mettre la table. »
« Pas la peine. J'ai commandé chez un traiteur japonais du quartier. Il faut juste aller le chercher. »
Heero ne savait pas trop comment réagir. Mais il était maintenant conscient que l'américain faisait des efforts pour que leur cohabitation se passe le mieux possible. Et il avait commencé par commander japonais, les plats préférés de Heero. Une touchante attention ? Ou bien une manière subtile de lui montrer que lui, il faisait des efforts, et qu'il attendait en quelque sorte un retour dans le même sens ? Bizarrement, cette attention lui paraissait avoir des allures de piège…
Pour Quatre. Le petit blond supportait tant bien que mal la tension qu'il existait entre eux. Sans jamais se plaindre. « Avec son empathie, il doit souffrir autant que nous, pensait Heero. A supposer que Duo en souffre… »Heero saisit son manteau accroché dans l'entrée puis sortit dans la rue.
Ce n'était qu'à ce moment-là qu'il compris qu'il allait mal. Qu'il s'aperçut de cette forte oppression qui l'empêchait de respirer. Son cœur qui battait douloureusement contre sa poitrine. Puis la colère prit possession de son être. Sa colère contre le natté. Colère parce que depuis le début, l'américain ne l'aimait pas. Il ne l'avait jamais aimé. Pas comme lui l'avait aimé.
Heero se dirigea vers le traiteur japonais, les mains dans les poches après relevé son col.
Duo s'acharnait à tout ranger, l'estomac noué. Il avait promis de faire des efforts. Mais il avait oublié qu'il pouvait jouer la comédie avec n'importe qui, sauf avec Heero. Avec Quatre, il était le seul qui le connaissait vraiment. Et il n'aimait pas mentir. Il n'avait d'ailleurs jamais menti à qui ce soit. Il avait caché la vérité à tout le monde, même à Heero mais jamais menti. Et il supportait encore moins qu'on lui mente. Comme l'avait fait Heero, il y a trois années.
Quatre et l'enfant, qui s'était calmé entre temps, redescendirent dans la cuisine. Duo avait fini de nettoyer. Enfin, nettoyer était un bien grand mot. Il s'était juste contenté de jeter dans chaque poubelle appropriée les ordures correspondantes, et mit les ustensiles dans le lave-vaisselle. Il avait juste passé un coup d'éponge et basta.
« Duo-nii-chan ! J'ai faim ! » cria le petit garçon en collant son nez contre le four.
« Où est Heero ? » demanda Quatre en éloignant l'enfant du four.
« J'ai commandé chez le traiteur. Il est partit chercher les repas. »
« Très bien. »
Quelques minutes après, Heero revint avec les quatre repas qu'avait commandés Duo. L'enfant découvrit les différents plats sur la table, posa multiples questions tout en mangeant. La vivacité et la bonne humeur du petit garçon détendirent considérablement l'atmosphère. Duo reprit sa taquinerie légendaire. Heero, principalement visé, ne répondit que par onomatopées et Quatre joua le rôle du modérateur. Comme avant. Comme s'ils étaient revenus à l'époque peu après la guerre. Comme si rien encore n'avait pu les séparer.
« C'est vraiment dommage que Trowa et Ali-chan ne soient pas là, fit remarquer Duo après avoir couché le petit garçon. D'ailleurs, comment va la petite puce ? »
« Tout va bien. »
Quatre sourit en pensant à la petite Ali-chan. Sa petite nièce. Dont il avait reçu la garde quand sa mère, Soumeya, une des 29 sœurs de Quatre, mourut lors de l'accouchement. Les femmes qui vivaient dans les Colonies ne pouvaient pas avoir d'enfant de manière naturelle. Elles étaient obligées de recourir à la technique in vitro. Dans le cas contraire, l'accouchement leur était fatal.
C'est à ce moment que Quatre apprit le secret de sa naissance. Secret qui l'avait à peine bouleversé. Depuis longtemps Quatre avait choisi de vivre simplement sans se laisser entraver par le passé. Son père ne le lui avait jamais dit, et alors ? Pendant toute une partie de sa vie, il avait cru être un enfant éprouvette, et il n'en était pas. Et alors ? Ca changeait quoi ? Rien. Il comprenait même les raisons pour lesquelles son père ne lui en avait jamais rien dit. Le parcourt de sa vie, pour rien au monde il n'aurait voulu le changer. Le destin d'être aujourd'hui avec Trowa était lié aux croyances qu'il avait eues. Sans ça, il n'aurait jamais rencontré l'unité Maganac, il n'aurait jamais piloté un Gundam. Et il ne l'aurait jamais rencontré. Trowa, l'homme qui partageait maintenant sa vie. Et il espérait grandement que cela allait durer. Le plus longtemps possible…
Et leur paisible petite vie avait été bouleversée par l'arrivée de Soumeya, attendant un enfant qu'elle voulait mener à terme malgré l'avis des médecins. Et Quatre avait promis à sa sœur de s'occuper de sa nièce après son décès comme si c'était sa fille. Promesse tenue. Mais le petit blond avait quand même voulu se renseigner sur le père de l'enfant malgré l'interdiction de sa sœur. Quatre s'était tellement attaché à sa nièce qu'il n'avait plus qu'une crainte : que le père fasse son apparition pour récupérer sa fille.
Il avait donc engagé le meilleur avocat pour enfants abandonnés ou orphelins qu'il connaisse : Duo Maxwell. Duo qui consacrait maintenant sa vie à s'occuper juridiquement d'enfants. Ses compétences étaient assez larges dans ce domaine. Une de ses spécialités étant de retrouver les parents des enfants abandonnés ou confiés à quelqu'un d'extérieur ou d'intérieur à la famille. Parce que l'abandon était une pratique punie par la loi. Et parce que parfois, les apparences étaient trompeuses.
Duo avait donc enquêté. Il s'était renseigné en douce sur l'homme que fréquentait Soumeya avait de tomber enceinte. Il avait même réussi à ce procurer un peu de sang de cet individu pour effectuer un test d'ADN. Test qui s'était avéré positif. Mais au fil de son investigation, Duo avait découvert que cet homme, malgré les apparences, était loin d'être aussi honnête. Il semblait aux prises avec un certain trafic pas très légal.
Lorsque Quatre eut connaissance des ces actes, il avait prévenu les Preventers, et le père de Ali-chan était aujourd'hui en prison pour quelques années. Quatre lui avait rendu ensuite visite avec le bébé et lui avait tout révélé. Il lui avait bien spécifié qu'après son séjour en prison, ce n'était pas la peine d'espérer de reprendre sa fille, parce qu'aucun tribunal ne le permettrait. Il avait quand même ajouté qu'il pourrait la voir de temps en temps, chez eux, en sa présence.
Ses amis avaient assez choqué après ça. Et ils eurent vite compris que Quatre n'était pas un jeune PDG pour rien et qu'il savait manipuler les gens et les faits pour que tout marche dans son sens. Mais Quatre s'en fichait. Il avait eu ce qu'il voulait. Il pouvait maintenant tenir la promesse qu'il avait faite à sa sœur. Et il avait la loi avec lui. Le père biologique était au courant de l'existence de sa fille, mais jamais il ne pourrait l'avoir. C'était ce que Quatre avait prévu.
Duo s'étira comme l'aurait fait un chat. Ils étaient tous assis dans le salon de Quatre, sirotant un café pour Duo, un thé pour Quatre et Heero. Ils avaient passé le reste de la soirée en silence. Et c'est à ce moment-là qu'ils remarquèrent à quel point le petit garçon avait détendu l'atmosphère. Duo n'avait plus le cœur à plaisanter. En vérité, il ne savait pour une fois vraiment pas quoi dire. Quatre pensait la même chose. Tous les sujets de conversations un tant soi peu amicales qui lui venaient en tête se perdrait inévitablement dans le silence. Parce que face à lui, il n'avait pas deux amis, mais deux ex. qui par-dessus tout s'en voulaient mutuellement. Quant à Heero, il n'avait jamais été très doué pour entamer les conversations. Il avait fait des efforts quand ils étaient encore ensemble. Mais là, rien ne lui venait à l'esprit.
« Comment va-t-on l'appeler ? » demanda subitement Duo.
« Qui ça ? » s'enquit Heero.
« Le chien du voisin. Ils arrivent pas à trouver de nom…, ironisa Duo. Je parle de la Fripouille, bien sûr ! On ne peut pas l'appeler 0119702 »
« Que comptes-tu faire Duo ? »
« J'en sais encore rien Quat-chan. Mais il lui faut un nom ! Parce que… »
Duo regarda Heero puis Quatre. Si une personne pouvait comprendre ce que l'on ressentait quand on a pas de nom, c'était bien Heero. Trowa aussi pouvait comprendre. Et Duo aussi. Parce que posséder un nom, c'était une preuve de son existence.
« Je pense qu'on devrait voir ça directement avec lui », signala Heero.
« Tu as raison. »
Duo n'ajouta rien. De toute façon, il s'était replongé dans de vieux souvenirs. De ce qu'il avait vécu dans la rue. Bien avant qu'il n'aille à l'orphelinat du Père Maxwell. Bien avant cette épidémie qui avait failli le faire tuer. Bien avant que…
Un frisson le parcourut et une peur lui noua les entrailles. Quatre le ressentit. Il leva brusquement les yeux vers le natté. Celui-ci remuait son café, complètement hypnotiser par les remous. Heero remarqua le manège de Quatre et suivit son regard. Il fronça les sourcils devant l'expression de l'américain. Expression qu'il ne connaissait que trop bien.
« Maxwell ! » l'appela-t-il rudement.
Celui-ci sursauta, arrêtant par-là même de remuer son café, maintenant froid.
« Tu ferais mieux d'aller te coucher », lui suggéra Heero d'une voix égale.
« Hum… »
« Je te suis Duo. »
Quatre se sentait épuisé et écrasé par les fortes émotions négatives que ses deux amis dégageaient. Et il n'avait vraiment pas envie de décrypter leurs troubles. Il ne voulait pas s'interroger sur la douleur et la frayeur qui avait saisi Duo. Ni la colère, la rancœur et la déception de Heero. Leur cas était beaucoup trop compliqué pour lui tout seul. Trowa lui avait demandé d'arrêter arguant que c'était à eux de s'en sortir. Et il n'avait peut-être pas tord au bout du compte…
Heero se releva brusquement en sentant son matelas s'affaisser. Il alluma brusquement la lampe de chevet et se retrouva nez à nez avec deux paires d'yeux améthyste virant vers un bleu foncé. Son cœur rata un battement. Duo ?
Il se recula vivement.
« Hee-nii-san, dit une petite voix fluette. Je peux dormir avec toi ? »
« Fri… 0119702 ? »
« J'aime pas quand on m'appelle comme ça… »
Le petit garçon lui jeta un regard apeuré et regarda frénétiquement tout autour de lui. Heero sentit sa détresse et posa impulsivement une main sur la tête du petit bonhomme.
« Je comprends. Comment veux-tu qu'on t'appelle ? »
« Fripouille ! »
« Ce n'est pas un nom, ça », lui fit remarquer Heero avec un sourire.
« Mais c'est comme ça que Duo-nii-chan m'appelle ! Je peux venir ? »
« Pourquoi ? Qu'est-ce qui t'arrive ? »
« J'aime pas être tout seul dans le noir. On voit rien. Y a de drôle de bruits… J'aime pas. »
Heero soupira et se recula un peu plus pour faire un peu plus de place. L'enfant grimpa sur le lit et s'emmitoufla dans les draps.
« Je pouvais pas aller dormir chez Duo-nii-chan, en plus. »
« Pourquoi ? »
« Parce qu'il fait des cauchemars… »
L'enfant éteignit la lumière et ferma les yeux. Les ondes lui avaient dit que Duo faisait des cauchemars, lui aussi. Il était désolé pour le natté parce qu'il l'aimait beaucoup. Mais il aimait aussi beaucoup Heero. Il savait pas pourquoi. Mais les ondes lui avaient dit qu'il pouvait leur faire confiance. Mais pas ces drôles de messieurs là où il habitait avant. Il aimait aussi Quatre mais quelque chose chez lui perturbait les ondes. Et ça lui faisait un peu peur. Mais il s'était montré très gentil avec lui et il avait plus eu peur.
Heero veilla longtemps. Comment cet enfant savait que Duo faisait des cauchemars, il l'ignorait. Et il était un peu jaloux qu'il le découvre si vite. Lui, il l'avait découvert sur un coup de chance, si on pouvait dire… Ce jour-là, Duo avait été très malade. C'est d'ailleurs assez rare qu'une maladie le terrasse à ce point-là. Duo avait aussi pour habitude d'attendre que Heero le rejoigne pour pouvoir s'endormir. Il se blottissait contre le japonais et finissait par somnoler. Mais ce jour-là, Heero travaillait tard. Et Duo n'avait pas pu l'attendre, terrasser par la forte fièvre. Et quand Heero était allé se coucher, il avait vu l'américain gémir en se débattant. Des larmes coulaient le long de ses joues. Lui qui n'avait jamais pleuré…
Heero ne savait pas qui avait été le plus traumatisé cette nuit-là. Duo parce que Heero l'avait vu pleurer et gémir comme un enfant. Ou bien le Japonais parce qu'il avait eu la preuve que l'américain lui cachait quelque chose de grave. De suffisamment grave pour lui faire verser des larmes. Mais il n'avait rien demandé. Il l'avait juste prit dans ses bras alors que Duo se recomposait un masque enjoué. Et l'incident avait été clos.
La nuit se passa, bien pour certain, moins bien pour d'autre. Ils prenaient tous leur petit déjeuner en silence, la Fripouille étant encore à moitié endormi. Duo avait été légèrement surpris de retrouver l'enfant dans la chambre de Heero, il en avait même été quelque peu jaloux. Mais ce sentiment s'était vite estompé quand le petit garçon lui a sauté littéralement dans les bras. Un sursaut d'énergie. Puis il était vite redevenu un zombi.
La porte d'entrée s'ouvrit avec fracas. Iria se précipita vers les 4 garçons avec un dossier à la main.
« J'ai les résultats ! Bon sang ! C'est pas croyable ! C'est hallucinant ! C'est irréel ! C'est… »
« Bonjour à toi aussi Onee-san ! »
« Ah oui ! Heu… Bonjour tout le monde ! »
« Tu as découvert quoi ? » les interrompit brutalement Heero.
« Bon sang Heero ! Je ne sais pas comment ils ont fait… C'est théoriquement, irréalisable. »
Elle s'assit à leur table en posant son dossier. Puis se massant les tempes.
« Iria, tu as découvert quoi ? reprit Duo. Quelque chose cloche avec la Fripouille ? »
« Non, il est en parfaite santé. Aucun problème de ce côté-là. C'est juste que…J'ai découvert qui sont ses parents. »
L'enfant stoppa de manger et écarquilla les yeux. Le visage de Duo se crispa. Et Heero s'entendait visiblement au pire. Quant à Quatre, il avait beau cherché, il ne voyait où était le problème. Quoi qu'il avait une petite idée de ce que redoutait Duo…
« L'ADN de cet enfant correspond à celui de… Heero… »
Duo et Quatre écarquillèrent les yeux tandis que Heero les ferma.
« … et à celui de Duo. »
A suivre
Je ne dirai qu'une chose : Mwahahahahahahahahahah !
