Titre :Rédemption
Auteur : Kashiira
Genre : Angs, POV, blog-like
Source : Saint Seiya
Couple : Shiryu + surprise !
Résumé : Shiryu déprime joyeusement dans ses montagnes lorsqu'il décide de se reprendre en main. Cependant, d'étranges rêves hantent ses nuits.
Note de l'auteur : Je pensais en avoir fini avec ma série Rédemption lorsque je me suis rendue compte que – ô horreur ! – je n'avais pas parlé de Shiryu… Si j'ai réussi à pondre quelque chose sur Hyoga, je peux bien le faire aussi sur notre Shiryu national… Donc voici le dernier opus de Rédemption… sauf surprises de dernière minute, bien entendu ;ppp – Ah ! Eh vous remarquerez peut-être un clin d'œil au dernier film Saint Seiya en date… ; et à l'une des fics de notre Silverr… ;
Rédemption
II
6 mai
Je reprends la rédaction de ce journal, là où je l'ai laissée. J'ai besoin de réfléchir et écrire m'aide à mettre de l'ordre dans mes pensées. Tout me paraît embrouillé et je suis fatigué. Mais avant de me reposer, je veux au moins coucher par écrit les derniers évènements.
Le lendemain – ou plutôt au matin – du rêve, je suis parti à l'aube au village. Je crois que je devais paraître impressionnant... ou à moitié fou car les gens se sont empressés de répondre à mes attentes avant de s'écarter presque précipitamment. Je ne me suis pas attardé et, chargé de provisions pour le voyage, je me suis mis en route. J'avais oublié le calme de Rozan, de la nature. Je me suis perdu dans le silence et les bruits naturels et je me suis retrouvé un peu.
Il m'a fallu trois jours pour atteindre l'endroit où j'avais aperçu les lumières dorées. Je me suis mis à chercher immédiatement. Si seulement ça pouvait être lui. Si seulement mon maître pouvait m'être rendu. La lumière du jour déclinait, lorsque je l'ai enfin trouvé. Ses cheveux couleur lavande étalés autour de lui en corolle, ce n'était pas Roshi. La déception m'a envahi et j'ai senti des larmes envahir mes yeux, piquer sous mes paupières. J'avais tellement espéré. Le corps se trouvait au centre d'un cratère encore fumant et malgré la distance, j'ai remarqué la position inhabituelle de ses membres. Avec un soupir, je me suis attelé – moitié sur mes pieds, moitié sur mes fesses – à descendre la pente avant de m'arrêter aux côtés de Mu. Il respirait encore mais à peine. Je n'ai pas osé le bouger de suite, de peur d'aggraver sans le vouloir ses blessures. Les mains tremblantes, j'ai suivi le pourtour de son crâne et de sa nuque avant de m'attaquer à sa colonne vertébrale à l'affût de fractures. En dehors de vertèbres déboîtées, je n'ai rien relevé d'évident. Avec précaution, je l'ai retourné, notant ses multiples blessures. Une épaule luxée, un bras cassé, une jambe qui ne valait pas mieux... sans parler de la hanche ni des côtes. Au moins était-il vivant.
Lorsque j'ai terminé de prendre soin de ses blessures les plus inquiétantes, la nuit était déjà tombée. Je l'ai laissé dans son cratère et ai repris mes recherches avant de me résigner à revenir au blessé avec le sentiment de me comporter comme un ingrat. Mu avait fait beaucoup pour moi à sa manière. Il avait veillé sur moi comme mon maître l'avait fait, il s'était sacrifié pour nous permettre de continuer le combat...
J'ai dressé le campement dans le cratère, tentant de rendre l'endroit relativement confortable pour le blessé. Je n'osais pas le déplacer dans l'obscurité. Je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit là. Si Mu était revenu, par je ne sais quel moyen, cela voulait-il dire que les autres chevaliers d'or étaient de retour? Cela signifiait-il que mon maître était vivant quelque part?
Je crois que je vais m'arrêter là pour le moment. Mes yeux se ferment et c'est déjà la deuxième fois que ma plume dérape. J'ai besoin de repos et avant ça, je dois encore vérifier les bandages de Mu. Il ne s'est toujours pas réveillé. Je commence à vraiment m'inquiéter.
°°
7 mai
Je reprends mon compte rendu, là où je l'ai laissé. Je n'ai pas grand-chose d'autre à faire à part d'attendre que Mu revienne à lui.
Au matin, je me suis arrêté à une question délicate. Comment le déplacer sans le blesser davantage. J'ai fini – faute de mieux – par confectionner une sorte de brancard à l'aide de deux branches et d'une vieille couverture. Un instant, j'ai joué avec l'idée de rester encore sur place, peut-être trouverais-je un autre chevalier. Mais avec des peut-être comme avec des si, on peut mettre n'importe quelle capitale en bouteille et, devant l'état du Bélier, il a bien fallu se rendre à l'évidence. J'allais déjà avoir du mal à rentrer avec un seul blessé, inutile d'imaginer pouvoir en sauver deux.
Le voyage de retour a duré plusieurs jours. Je ne pouvais pas avancer trop vite, Mu glissait sans cesse hors du brancard et, la nuit, je m'épuisais à maintenir sa chaleur corporelle à un niveau raisonnable à l'aide de mon cosmos vacillant. Lorsque nous sommes arrivés à la maison, je crois que jamais je n'ai été aussi soulagé de la revoir. Je me suis écroulé sur le seuil et suis resté là un long moment à me demander où était passée ma résistance physique d'antan. Je n'ai pas encore vingt ans et, déjà, j'ai l'impression d'être un vieillard. J'ai fini par me résoudre à ne pas me reposer immédiatement. L'état de Mu nécessitait des soins immédiats. Quelques aller retours plus tard, j'avais rassemblé assez d'eau pour le baigner et nettoyer ses blessures. J'avais presque oublié qu'il n'était pas humain. Il était entièrement glabre en dehors de ses cheveux et son… hum… sexe était particulier. Je me sens à nouveau rougir. J'avais l'impression d'être un voyeur et, pourtant, il avait bien besoin de cette toilette. L'on devinait des formes génitales masculines mais elles étaient à moitié recroquevillées sous un repli de peau qui au toucher m'a évoqué de la corne. Heureusement que personne ne lira jamais ces feuilles, je me fais l'effet d'un pervers. Je n'ai pas poussé l'exploration plus loin, même si, je l'avoue, cette anatomie étrange me fascinait malgré moi. Cependant, l'état de mon compagnon m'inspirait plus d'inquiétude que de curiosité. Mu brûlait de fièvre et si ses blessures n'étaient pas mortelles individuellement, elles ne manquaient de sembler bien plus menaçantes lorsque je les prenais dans leur ensemble. Le magnifique visage du Bélier était cruellement meurtri et un hématome violet, presque noir, s'étendait de son front à sa tempe droite. Je ne pouvais que craindre une commotion.
Il est temps d'essayer de le nourrir, je n'arrive à lui faire avaler que du liquide. S'il ne se réveille pas bientôt, je crains pour sa vie. Je n'ose pas le quitter pour appeler du secours non plus. Je suis coincé ici et condamné à le voir agoniser lentement. N'est-il revenu ici que pour mourir ? Je ne peux pas m'y résoudre. Ah ! Si seulement Shunrei était là ! Tout serait tellement plus simple !
°°
8 mai
Finalement, Mu ne mourra peut-être pas. Il a repris connaissance brièvement hier soir. Il était désorienté et abruti de douleur mais il était conscient. J'ai réussi à lui faire avaler un peu de nourriture solide. Je crois qu'il ne m'a pas reconnu et je ne peux qu'espérer que ses blessures à la tête n'auront pas de conséquences regrettables. Je n'en sais rien. Je ne sais plus quoi penser. Si Mu est revenu, il n'y a pas de raisons que d'autres chevaliers d'or n'aient pu faire de même.
Roshi, ô mon maître, mon père, je prie pour que vous soyez vivant et en sécurité.
Je ne peux supporter l'imaginer perdu quelque part dans les montagnes, blessé grièvement, peut-être mourrant. C'est le plus grand chevalier qu'Athéna ait jamais eu à ses côtés, ce serait trop bête qu'il meure de la sorte.
Cet après-midi, je descendrai au village, je n'ai plus le choix si je veux manger quelque chose ce soir. J'essaierai d'acheter des antibiotiques – bien que j'ignore leur effet sur un corps Atlante. Même si Mu semble vouloir émerger, sa fièvre n'a pas baissé et l'affaibli de jour en jour. C'est un trop grand guerrier pour mourir d'infection après tous ses sacrifices. Et puis, je vais essayer de contacter le Sanctuaire. Je dois savoir.
°°
9 mai
Ce n'est pas encore aujourd'hui que j'apprendrai des nouvelles du monde extérieur. Le téléphone du village ne marche plus. Si je veux m'informer, je devrai descendre à la ville la plus proche et je ne peux me résoudre à laisser Mu seul trop longtemps. Je n'en peux plus. Prendre soin d'un malade est épuisant. Je le lave tous les jours et me retrouve avec une quantité astronomique de linges à nettoyer. J'ai mal au dos à force de faire les aller retours entre la maison et la rivière.
J'en ai marre. Ras-le bol de jouer les nounous quoi !
°°
10 mai
Mu a à nouveau repris conscience aujourd'hui. Les antibiotiques semblent faire de l'effet. Tant mieux, j'avais peur d'être en train de l'empoisonner. J'avais versé la poudre des gélules dans un peu de lait que je m'apprêtais à lui faire ingurgiter quand il a ouvert les yeux. Lentement. Comme si ce simple geste lui demandait un effort phénoménal. Vu son état de faiblesse, ce devait être le cas. Il est resté immobile un long moment à fixer le plafond au dessus de lui. Moi, à côté, je n'osais pas bouger et ce n'est que lorsqu'il a tourné la tête dans ma direction que je me suis rendu compte que je retenais mon souffle.
« Shiryu ? »
Je crois que c'est ce qu'il a voulu dire mais il n'a émis qu'un croassement étouffé.
« Doucement, Mu. Tu as été blessé… »
Ce n'est pas ma plus brillante réplique mais le son de ma voix a paru l'apaiser. Je l'ai aidé à se redresser légèrement et lui ai fait boire le lait avant de lui préparer quelque chose d'un peu plus solide à se mettre dans l'estomac.
« Où ? » a-t-il réussi à articuler.
« Rozan. Aux Cinq Pics. Tiens, essaie de manger ça, ça te fera du bien. »
Il s'est endormi rapidement après ça. J'ai mille questions à lui poser mais je suppose que ça devra attendre. Au moins, je crois qu'il vivra désormais. Ca me rassure.
A suivre
