Titre :Rédemption

Auteur : Kashiira

Genre : Angs, POV, blog-like

Source : Saint Seiya

Couple : Shiryu + surprise !

Résumé : Shiryu a découvert Mu inconscient dans les montagnes de Rozan. Cela signifie-t-il que les autres gold – et plus particulièrement Dokho – sont vivants ? L'Atlante n'est malheureusement pas en état d'en parler et notre Dragon préféré se voit obligé de jouer aux infirmières.

Note de l'auteur : Je pensais en avoir fini avec ma série Rédemption lorsque je me suis rendue compte que – ô horreur ! – je n'avais pas parlé de Shiryu… Si j'ai réussi à pondre quelque chose sur Hyoga, je peux bien le faire aussi sur notre Shiryu national… Donc voici le dernier opus de Rédemption… sauf surprises de dernière minute, bien entendu ;ppp – Ah ! Eh vous remarquerez peut-être un clin d'œil au dernier film Saint Seiya en date… ;

Rédemption

III

13 mai

Depuis son dernier réveil, Mu n'a fait pratiquement que dormir. Lorsqu'il reprend brièvement connaissance, j'en profite pour lui faire avaler quelque chose. Je suis inquiet, il reste toujours très vague et ne semble pas se rappeler l'endroit où il se trouve d'une fois à l'autre. Quant à sa fièvre, elle s'est stabilisée mais elle reste quand même dangereusement haute.

Je ne sais plus quoi faire. Je n'ose pas le quitter pour descendre au village, pourtant, j'ai besoin de refaire quelques provisions et surtout de savoir ce qu'il se passe dans le monde extérieur. Tout ce que je peux faire pour le moment, c'est me tenir occupé dans l'espoir de voir les choses évoluer bientôt.

°°

14 mai

La fièvre baisse enfin ! Si elle continue dans cette voie, je crois que je redescendrai au village dans quelques jours. Roshi, je me demande si vous êtes revenu. Je l'espère plus que tout. Je n'en peux plus de ne pas savoir.

°°

15 mai

Il fait nuit à présent et je me demande comment considérer la journée qui vient de s'écouler.

Mu s'est réveillé pour de bon, je pense. Cette fois, il m'a reconnu immédiatement et semblait conscient de l'endroit où il se trouvait.

« Depuis combien de temps ? » m'a-t-il demandé.

J'ai haussé les épaules, vaguement embarrassé.

« Ca va faire treize jours que je t'ai trouvé dans les montagnes. »

J'ignore comment mais j'ai réussi à contenir le flot des questions qui se bousculaient derrière mes lèvres.

« Treize jours, » a-t-il répété comme s'il n'y croyait pas vraiment. « Je suis resté inconscient tout ce temps ? »

« Plus ou moins… Tu as faim ? »

Il est resté silencieux un long moment, si bien que j'ai cru qu'il ne répondrait pas ou qu'il faisait une rechute.

« Mu ? »

« Je n'ai pas faim… mais je suppose qu'il faudra bien que je mange un morceau. »

« Si tu veux te remettre sur pieds, ce serait préférable, oui. »

Je me suis interrompu, conscient de la sècheresse de mon ton et de la gêne qui s'était installée entre nous. Je ne pouvais m'empêcher de lui en vouloir – bien que ce sentiment soit tout à fait injuste à son égard – de me retenir en Chine de par son état, je suppose qu'il l'a ressenti. Je me suis brusquement détourné avec l'impression de fuir la difficulté et mes suis réfugié dans le petit coin cuisine dans lequel j'ai constaté que regarder l'eau chauffer ne la faisait pas bouillir plus vite.

Embarrassé comme jamais, je suis revenu dans la pièce principale. Mu avait réussi à se redresser comme il pouvait et contemplait le ciel au travers de l'une des petites fenêtres de la maison, les lèvres serrées en une fine ligne blanche de souffrance, tandis que de la sueur perlait à ses tempes.

« Mu ! »

Je me suis précipité à ses côtés sans pour autant oser le toucher.

« Je ne me suis jamais senti aussi faible, » a-t-il murmuré doucement avant de tourner la tête vers moi. « Je n'aime pas ça, » a-t-il ajouté simplement.

Sans se plaindre, une simple constatation.

Il n'a pas eu besoin d'en dire plus, je le comprenais parfaitement. Je lui ai serré le bras avec douceur avant de l'aider à se recoucher.

« Je sais. C'était pareil pour nous aussi quand nous sommes revenus… Tu vas aller mieux. Chaque jour qui se lèvera te verra regagner un peu de ta force. »

Il a hoché la tête et a mangé un peu de riz avant de se rendormir. Je n'ai posé aucune question. Je me demande si je ne suis pas un peu masochiste. Il s'est encore réveillé quelques fois dans la journée mais il ne semblait pas d'humeur à parler. Demain, je lui demanderai.

°°

16 mai

Ca y est. Je la lui ai posé, cette fichue question. Je ne suis pas sûr d'aimer la réponse.

« Que s'est-il passé ? Où étiez-vous ? »

Je n'ai pas pu tenir mes lèvres davantage sous contrôle. Je devais savoir ! Il m'a regardé comme si je l'avais frappé avant d'inspirer profondément.

« Ce n'est pas quelque chose que j'aime à me rappeler, » a-t-il dit très doucement.

Je n'ai pas saisi la perche et suis resté devant lui en silence… en attente. Il a soupiré.

« Les Dieux… n'ont pas aimé… notre outrecuidance, » a-t-il commencé. « En restant fidèles à Athéna et en nous opposant à Hadès, jusqu'à sur son propre terrain, nous avons défié leur puissance. »

Il parlait lentement, semblant peser ses mots, choisissant les plus neutres possible pour son récit. Je n'ai pas compris immédiatement à quel point remuer ces souvenirs était douloureux pour lui.

« Notre déesse n'a pu protéger que les chevaliers dont elle était la plus proche et a dû laisser les autres à l'ire de ses semblables. Il lui a fallu beaucoup de temps avant de rassembler assez de force pour persuader son père de relâcher ses guerriers. Nous avons… souffert la volonté divine avant d'être relâché et renvoyé sur terre par Athéna. »

Je suis resté silencieux un long moment après ça, cherchant à lire entre les lignes et me traitant mentalement d'imbécile, de sans-cœur.

« Et Roshi ? Il était avec vous ? »

Il a fermé les yeux et a détourné la tête.

« Laisse-moi, s'il te plait. Je n'ai plus envie de parler. »

Je n'ai pas pu lui arracher d'autres paroles de la journée, ni de la soirée. Je suis un imbécile ! Je dois m'excuser mais je ne sais pas comment. Je m'en veux terriblement.

°°

17 mai

Je me sens terriblement mal. J'ai honte. Lorsque je lui ai présenté mes excuses ce matin, il m'a regardé comme s'il ne me voyait pas avant de déclarer d'un ton égal que faire des excuses ne réparait pas toujours le mal causé.

« Réfléchis avant de parler, » a-t-il ajouté.

Je ne sais pas s'il m'a pardonné… je ne le pense pas en tout cas. Il ne me parle plus que lorsque je lui adresse la parole et économise ses mots comme s'ils lui en coûtaient. Je me sens comme un petit garçon puni et très honnêtement, je n'aime pas ça, bien que d'un autre côté j'aie mérité son hostilité.

La gêne qui nous sépare a encore augmenté lorsque le moment de le laver est arrivé. Il m'a regardé fixement sans mot dire avec une intensité presque brûlante. C'était presque un défi… celui d'oser le toucher. Je l'ai relevé, il ne peut se laver seul de toute façon. Il est resté passif et raide comme une statue, sans réagir à ma présence comme si je n'étais pas là à le manipuler. C'était plutôt dérangeant, j'ai un peu expédié cette tâche, je dois bien l'avouer.

Je me demande si j'ai vraiment perdu son amitié. Je crois que ce serait intolérable.

°°

18 mai

La journée s'est traînée en longueur et en silence. Je ne sais même pas pourquoi j'écris ça dans ce journal. Je me sens frustré, en colère. Mu exagère à continuer ce petit jeu ! Je déteste lui donner son bain, je me sens déplacé… coupable comme si je commettais un outrage. Je préfère arrêter d'écrire pour aujourd'hui.

M'énerve !

°°

19 mai

Je suis descendu au village aujourd'hui. Tout pour échapper à l'atmosphère de plomb qui a envahi notre petite cabane.

Ma cabane ! Non mais des fois !

L'épicier, qui possède l'unique téléphone de la région, a une nouvelle vendeuse. C'est une fille plutôt menue mais au caractère piquant d'après ce que j'ai compris des conversations des villageois. Elle ne m'a pas parlé, occupée avec un autre client. Elle est plutôt jolie, avec des cheveux courts et des yeux brillants à l'expression décidée et franche, différente des autres Chinoises. Je l'ai regardée du coin de l'œil pendant ma courte conversation avec le patron mais elle n'a pas semblé me remarquer. En tout cas, le téléphone devrait être opérationnel d'ici demain. Je serai là à la première heure !

Lorsque je suis revenu à la maison, Mu avait les yeux fermés et semblait dormir. En tout cas, la tension présente jusqu'alors s'était évanouie. Soulagé, j'ai déballé mes provisions en silence, peu enclin à le réveiller, avant de me rendre compte qu'il m'observait.

« Je ne porterai plus le sujet sur le tapis, » ai-je dit soudain en me retournant brusquement vers lui. « Je t'en prie Mu, pardonne mon impatience. Je regrette sincèrement de t'avoir blessé. »

Il a soupiré avant de secouer la tête.

« Non, Shiryu. C'est moi qui m'excuse. Ma réaction était démesurée et injuste. Restons-en là et évitons les sujets qui fâchent à l'avenir, d'accord ? »

Soulagé, j'ai hoché la tête comme un pantin sur ressort avant de lui raconter ma journée en une avalanche de mots désordonnés. Je deviens bavard lorsque l'émotion m'étreint.

Plus tard, je l'ai aidé à faire quelques pas dehors. Je ne sais pas ce qu'il a fait à sa jambe pendant mon absence mais elle est presque guérie. Elle était pourtant toujours brisée quand je suis parti au village… Il a souri lorsque j'ai abordé, avec prudence – chat échaudé craint l'eau froide ! –, le sujet.

« Je reste un Atlante, » a-t-il simplement dit.

Je n'ai pas insisté.

Nous avons passé une après-midi agréable à l'extérieur, dans un silence confortable et apaisant après les tensions des jours précédents.

« Le téléphone du village devrait être réparé, » ai-je soudain dit au bout d'un moment. « J'appellerai le Sanctuaire dès demain. Tu veux passer un message particulier à quelqu'un ? »

Il s'est mordillé les lèvres, chose que je ne lui avais jamais vu faire, avant de secouer la tête.

« Non… J'ai une faveur à te demander, Shiryu, » a-t-il finalement dit avec une gravité intense. « Ne parle pas de ma présence, ici, s'il te plait. »

Il n'a pas voulu en dire plus et, finalement, j'ai accepté d'accéder à sa requête. Je ne comprends pas mais ça a l'air important pour lui…

A suivre