Titre :Rédemption

Auteur : Kashiira

Genre : Angs, POV, blog-like

Source : Saint Seiya

Couple : Shiryu + surprise !

Résumé : Mu reprend enfin conscience pour de bon au grand soulagement de Shiryu. Soulagement de courte durée, Shiryu insiste trop auprès de Mu pour savoir ce qui s'est passé en Hadès et les deux hommes se brouillent avant de se réconcilier. Cependant, lorsque Shiryu apprend que le téléphone du village est enfin réparé, Mu lui demande de ne pas révéler sa présence à ses côtés.

Note de l'auteur : Je pensais en avoir fini avec ma série Rédemption lorsque je me suis rendue compte que – ô horreur ! – je n'avais pas parlé de Shiryu… Si j'ai réussi à pondre quelque chose sur Hyoga, je peux bien le faire aussi sur notre Shiryu national… Donc voici le dernier opus de Rédemption… sauf surprises de dernière minute, bien entendu ;ppp – Ah ! Eh vous remarquerez peut-être un clin d'œil au dernier film Saint Seiya en date… ; et aux fics de Silverr aussi, d'ailleurs ;

Rédemption

IV

22 mai

Je reprends mon journal depuis l'hôtel. Je suis à Athènes, en Grèce, à peine descendu de l'avion. Presque douze heures de vol, ça m'est resté dans les jambes et puis, je ne veux pas me rendre au Sanctuaire immédiatement.

Lorsque j'ai téléphoné à la fondation Kido, les gens sont restés très vagues, me disant que les chevaliers étaient tous convoqués en Grèce d'urgence. Je n'ai pas fait de remarques sur le fait que cette fichue convocation, je l'attendais toujours et ai rapidement raccroché. L'épicier piaffait derrière moi, alarmé par cette communication internationale et ce qu'elle allait lui coûter. La vendeuse était au comptoir et me tournait le dos, rembarrant une commère qui chicanait sa manière de peser les tomates. Cette fille a du caractère, je me suis demandé si je pourrais l'aborder d'une manière naturelle. Je n'en ai pas eu l'occasion et suis parti après avoir payé le patron. C'est peut-être mieux comme ça. Je ne veux pas faire miroiter des promesses que je ne pourrai peut-être pas tenir à une autre femme. Shunrei est toujours une blessure à vif dans mon cœur, je ne tiens pas à retenter l'expérience de sitôt.

Mu m'attendait, assis sur le seuil de la maison lorsque je suis rentré.

« Tu vas partir ? » a-t-il demandé d'un ton neutre.

Je me suis installé à ses côtés, remarquant distraitement au passage que je suis presque aussi grand que lui à présent.

« Je ne sais pas… Les chevaliers sont convoqués au Sanctuaire… Ca veut dire qu'il se passe quelque chose d'important. »

Roshi ! Lui aussi est revenu. C'est ce que j'ai pensé avec ferveur.

« Les autres sont certainement arrivés à destination, effectivement, » a-t-il dit doucement, me regardant par-dessous ses cils – qu'il a fourni, presque comme une femme. « J'ai voulu joindre Jamir, » a-t-il soudain ajouté. « Je me suis trompé de plusieurs milliers de kilomètres… Tant mieux, sinon, je serais probablement mort à l'heure qu'il est. »

« Pourquoi ? Je veux dire… Pourquoi t'être séparé des autres chevaliers ? »

Il est resté silencieux un long moment.

« Ca, Shiryu, c'est quelque chose que je garderai pour moi, » a-t-il finalement répondu avec sècheresse avant de s'adoucir. « Tu devrais y aller, tu sais ? Il sera là-bas très certainement… »

Il avait raison, évidemment, cependant, je ne pouvais me résoudre à le laisser sur place, blessé comme il était. Son dos, son bras et ses autres blessures le faisaient souffrir, il suffisait d'observer la manière lente et prudente avec laquelle il se déplaçait.

« Mais… »

« Ne t'inquiète pas pour moi, mon ami. »

Il souriait en regardant dans le vide.

« Je peux marcher librement à présent, je me débrouillerai… Ca ne me fera pas de mal. »

J'ai hoché lentement de la tête sans pouvoir me départir de l'impression que j'avais de l'abandonner.

« Pourquoi ne guéris-tu pas tes autres blessures ? Comme pour ta jambe ? » ai-je soudain demandé.

S'il était complètement rétabli, j'aurais moins de scrupules à le laisser seul. Il a secoué la tête.

« Je me doutais bien que tu allais devoir partir, » a-t-il dit avec bonne humeur. « La télékinésie permet de manipuler des cellules et d'accélérer leur développement mais c'est une opération difficile et fatigante sans l'aide du cosmos. »

Il expliquait comme s'il donnait un cours à un apprenti et je dois dire que piqué par la curiosité, je n'ai pas relevé le comique de la situation.

« De plus, l'organisme se remet mieux lorsqu'il guérit naturellement. J'ai paré au plus pressé avec cette jambe mais je vais devoir me montrer raisonnable avec le reste. »

Nous sommes restés silencieux un long moment après ça, confortables avec la présence de l'autre.

Le soir, j'ai préparé un sac de voyage avant de préparer le repas du lendemain. De son lit, où – la fatigue aidant – il s'était réfugié, Mu m'a observé en silence sans dire un mot et un étrange petit sourire aux lèvres. Le lendemain, j'embarquais l'après-midi dans l'avion qui devait me ramener en Grèce.

Je vais me reposer ce soir et demain, je me rendrai au Sanctuaire. Malgré les craintes irrationnelles qui m'ont assailli dès mes premiers pas sur le tarmac. C'est vrai : pourquoi ne m'a-t-on pas prévenu ? Et s'il était arrivé quelque chose à mon maître ? Pourquoi n'a-t-il pas réclamé ma présence à ses côtés ? Ai-je fait quelque chose pour lui déplaire ?

Je serai fixé demain, je suppose.

°°

23 mai

Je suis arrivé au Sanctuaire à la mi-journée. Les arènes étaient bondées d'apprentis s'entraînant sous l'œil vaguement intéressé de quelques chevaliers d'argent. Personne ne daignant me remarquer, je m'apprêtais à continuer mon ascension lorsqu'une silhouette familière s'est profilée, adossée à une colonne brisée.

C'est perturbant de voir Seiya fumer. Il était le plus sain d'entre nous, avec Shun et moi-même. Je ne sais pas pourquoi, j'aurais cru que cela aurait continué. J'aurais dû m'en douter, nous ne pourrons plus jamais être ceux que nous avons été dans le passé. Trop d'épreuves, trop de combats cruels et inutiles…

« Tu es venu, finalement, » a-t-il dit en abaissant sa cigarette.

Il a maigri, je ne le reconnais plus en ce jeune homme où les dernières empreintes de l'enfance ont disparu, en ce visage à l'expression grave et mélancolique. Il n'y avait plus de traces de son éternelle joie de vivre et ses yeux me fixaient en un muet appel au secours auquel je n'ai su comment répondre.

« Je n'ai été averti qu'avant-hier. »

J'aurais voulu faire quelque chose, n'importe quoi, pour lui rendre un peu de son sourire mais je suis resté immobile devant lui, sans trop savoir quoi dire tandis qu'une main pâle et fine surgissait de derrière la colonne, l'agrippant par le poignet. Shun s'est levé, lentement, avec une grâce féline… presque intemporelle. J'en suis resté comme deux ronds de flanc, je ne l'avais absolument pas vu, ni senti sa présence.

Lui aussi, j'ai eu du mal à le reconnaître. Il a laissé poussé ses cheveux, si bien qu'ils lui battent le milieu du dos en une masse soyeuse et luxuriante. Quant à sa sempiternelle salopette blanche, elle a laissé la place à des vêtements sombres, d'une provocante élégance. Je n'ai pu m'empêcher de détailler le pantalon noir, orné de boucles métalliques, les lourdes bottines de cuir noir et le t-shirt étroit de la même couleur qui révélait une fine bande de chair pâle sur son ventre. Mais ce qui m'a le plus choqué, c'était son visage. Il s'est affiné, la rondeur adolescente de ses joues disparue, laissant le triangle de ses traits parfaits s'afficher au grand jour. Il est beau, d'une beauté féline. Mais ce n'est pas ça qui a attiré mon attention, non. Ce sont les ténèbres habitant ses yeux qui m'ont fait reculer d'un pas.

« Shun va mieux, » a fait Seiya avec une détresse démentant ses paroles.

Je savais que notre cadet luttait contre les restes de la personnalité d'Hadès, restés captifs de son esprit, et, à voir mes petits frères devant moi, je doutais fort qu'Andromède ait eu le dessus.

« Je suis toujours là, » a-t-il très doucement.

L'arrivée de Marine m'a évité de devoir répondre à cette déclaration ambiguë. Elle ne porte plus le masque et je n'ai pu m'empêcher de la fixer ébahi avant de me rendre compte de mon impolitesse et de baisser les yeux. Elle n'a pas semblé le remarquer, son regard soucieux braqué sur son ancien disciple. Elle est belle, c'est étrange. Je m'étais fait à son masque, à son absence de particularité mais ses traits purs et émouvants, le regard tendre qu'elle adresse à Seiya, évitant celui de Shun… Cela me trouble. Ce n'est plus une jeune fille mais une femme au faîte de sa beauté.

« Vous êtes là, » a-t-elle constaté. « Il ne manque plus que vous pour la réunion. »

Elle se détourne, comme si notre vue – ou plutôt celle de Seiya, comme je le devine – lui brûlait soudain, et se dirige vers les escaliers qui mènent au palais du pope. J'avais espéré échapper à la longue montée et c'est avec un soupir résigné que j'ai emboîté le pas à mes frères. En fait, à ma grande surprise, cela ne m'a pas autant fatigué que je ne l'aurais pensé et je rougis à nouveau au souvenir du regard approbateur que m'a lancé Marine, tandis que mes cadets peinaient à notre suite. Cependant, à ce moment, ce n'est pas la présence du chevalier de l'Aigle qui occupait mon esprit mais les temples désespérément vides que nous traversions. Devant celui de la Balance, je me suis arrêté avec un grand coup au cœur.

« Marine, » ai-je dit.

Je ne sais pas si je dois avoir honte ou non du tremblement de ma voix à ce moment, trahissant ma propre détresse, mais, au moins, ne s'est-elle pas retournée vers moi pour être témoin de ma faiblesse.

« Continue à avancer, chevalier du Dragon, » a-t-elle dit très doucement. « Tu approches du but et ce n'est pas à moi de te révéler ce que tu sais déjà. »

Elle en avait de bonnes, elle ! Pourquoi ne pouvait-elle me dire au moins si mon maître était vivant ou non ? Hérissé, par l'injustice de la situation, j'ai pressé le pas, sans pitié pour Seiya et Shun qui venaient seulement d'entamer la dernière volée de marches les séparant du temple. Marine m'a suivi de près, si bien que je pouvais sentir l'amusement qui se dégageait d'elle alimentant encore ma colère. J'ai terminé l'ascension presque au pas de course et suis entré en coup de vent dans le palais malgré deux gardes qui ne savaient pas s'ils devaient m'arrêter ou me laisser passer, se résignant finalement à m'emboîter le pas. Au cas ou ils auraient dû me maîtriser, probablement. J'ai dû en surprendre plus d'un lorsque je suis entré dans la salle de réunion, légèrement essoufflé et mon étrange équipage sur les talons.

Ikki et Hyoga étaient déjà là, adossés côte à côté contre un mur dans un silence presque intime. Milo a relevé la tête de la table qu'il semblait vouloir hypnotiser, tandis qu'Aldébaran se levait, avec une discrète grimace de douleur, pour m'accueillir chaleureusement. Ils étaient tous là. Tous ! Même Sion, même Kanon et Saga, assis côte à côte et impossibles à différencier.

Oui, ils étaient tous là… sauf celui que j'espérais trouver au Sanctuaire.

« Où est-il ? » ai-je demandé d'une voix cassée. « Où est Roshi ? »

« Pas loin de toi, mon fils, » a répliqué une voix amusée dans laquelle jouait pourtant une note de tendresse. « Juste à tes côtés. »

Je ne suis pas un grand émotif, les grandes scènes de retrouvailles au son du violon, je ne les ai jamais jouées, même avec Shunrei. Pourtant, à cet instant présent, je me suis débarrassé de toute ma réserve naturelle et me suis jeté dans les bras de mon maître avec un cri étouffé. Il a vacillé sous l'impact et je me rappelle avoir été l'espace d'un instant horrifié par ses côtes saillant contre ma joue avant que toutes mes autres pensées ne soient occultées par les sentiments qui m'ont soudain envahi. Joie, soulagement, détresse mêlée à l'amour que je lui portais. Il n'a rien dit et a enfoui mes pleurs contre son torse, m'épargnant l'embarras de laisser voir mon visage souillé par les larmes à mes compagnons d'armes. Ce moment m'a semblé durer à la fois un court instant et une éternité. J'aurais voulu qu'il ne s'arrête jamais mais il m'a bien fallu revenir à la réalité et la réunion a bientôt commencé.

« Maintenant que nous somme au complet, » a-t-il commencé avant d'être interrompu par le Taureau.

« Mu n'est pas présent ! » a-t-il protesté avec véhémence.

Le regard de mon maître s'est posé brièvement sur moi mais je n'ai rien dit. J'avais promis à mon ami de ne pas parler de lui. Je lui en avais donné ma parole avant de partir. Quel homme serais-je si je me dédisais ? Un brouhaha s'est élevé, tant et si bien que la réunion s'est abrégée rapidement après avoir voté pour élire le nouveau pope. Roshi et Sion se sont retrouvés à égalité et, au final, ce ne sera pas un mais deux hommes qui dirigeront le Sanctuaire.

La seconde réunion commencera demain à la première heure mais pour l'heure, j'arrête là mon récit et vais me coucher. Les émotions, ça fatigue plus que ce que l'on pourrait croire.

A suivre