Titre :Rédemption

Auteur : Kashiira

Genre : Angs, POV, blog-like

Source : Saint Seiya

Couple : Shiryu + surprise !

Résumé : Après quelques jours passés au Sanctuaire, Shiryu revient en Chine. Mais un autre chevalier entreprend le même voyage que lui, à son grand déplaisir.

Note de l'auteur : Je pensais en avoir fini avec ma série Rédemption lorsque je me suis rendue compte que – ô horreur ! – je n'avais pas parlé de Shiryu… Si j'ai réussi à pondre quelque chose sur Hyoga, je peux bien le faire aussi sur notre Shiryu national… Donc voici le dernier opus de Rédemption… sauf surprises de dernière minute, bien entendu ;ppp – Ah ! Eh vous remarquerez peut-être un clin d'œil au dernier film Saint Seiya en date… ; et aux fics de Silverr aussi, d'ailleurs ;

Rédemption

V

1er juin

Bon sang ! Je ne sais pas ce que je donnerais contre une aspirine ou un calmant.

Mu me fait à nouveau la tête… Je suppose que je devrais me considérer heureux de ne pas être l'unique cible de sa mauvaise humeur. Ca me console un peu de devoir héberger celui dont l'unique présence – ou la seule mention de son nom – suffit à me filer de l'urticaire et des envies de meurtres.

A peine sorti de l'avion, j'ai expédié les formalités et me suis précipité à l'extérieur, dans l'espoir de lui fausser compagnie. Lorsqu'un taxi s'est arrêté devant moi, je me suis senti déjà à la maison et débarrassé de l'importun mais, sans que je ne le sente me rattraper, il est entré à ma suite comme si nous étions deux vieux amis en vacances. Je m'apprêtais à protester plus qu'énergiquement quand j'ai senti quelque chose pointer contre ma hanche. Ce sale type est capable des pires horreurs, des pires traîtrises, aussi me suis-je tenu coi pendant l'heure qu'a duré le trajet. Moi qui espérais le semer en prenant un taxi plutôt que le car…

Le chauffeur nous a déposé aux pieds des montagnes avant de repartir. Je me suis écarté de l'indésirable si précipitamment que j'ai failli trébucher tandis qu'il éclatait de rire en m'agitant un simple Gsm sous le nez. Je me serais bien donné des baffes.

« Ces jeunes ! » a-t-il ricané. « C'est fou ce que tu es naïf ! »

J'ai explosé.

« Qu'est-ce que tu veux à la fin ? Va-t-en ! »

« Ca pas question ! Je viens avec toi que tu le veuille ou non, petit ! »

« Ca, ça m'étonnerait, pauvre type ! Et ne m'appelle pas comme ça ! »

« Et qui va m'en empêcher ? Toi ? Qui a peur d'un simple téléphone ? »

J'ai craqué. Je me suis jeté sur lui.

Il est plus grand et plus lourd que moi. Il a une carrure plus large que la mienne, davantage d'expériences mais, à quelques heures de vol près, j'étais frais comme un gardon, tandis que lui était toujours plus ou moins en convalescence. Ca a équilibré notre combat. Nous nous sommes battus comme des chiffonniers, sans aucune technique. Le but était simple : cogner sur l'adversaire. A sa décharge, il n'a pas employé de coup bas, semblant satisfait de pouvoir simplement se défouler sur quelqu'un. A moi aussi, ça m'a fait du bien.

Nous nous sommes écroulés en même temps, à bout de forces et, étendu sur le dos, tandis que je m'efforçais de reprendre mon souffle, je n'ai pu m'empêcher de sourire satisfait. Il ne la ramenait plus, l'affreux ! Au bout d'un moment, cependant, un bruit déplacé est parvenu à mes oreilles. Il riait doucement, grimaçant de douleur, un bras replié précautionneusement contre ses côtes.

« Très bien ! Tu connais le chemin ! » ai-je grincé avant de me relever et de reprendre mon chemin sans plus un regard vers lui.

Pourtant, après une bonne centaine de mètres, je me suis retourné – le remord de m'être battu contre un homme blessé peut-être, aussi crapuleux soit-il – et n'ai pu m'empêcher de jurer en constatant qu'il m'avait cahin-caha emboîté le pas. Quand je parlais du chemin, je pensais à celui de l'aéroport !

Je l'ai toutefois attendu. De mauvaise grâce mais je l'ai laissé me rejoindre. Je ne pouvais pas le laisser dans ces montagnes alors que la nuit menaçait de tomber, sans cosmos et dans son état… Je suis trop gentil !

Nous sommes arrivés des heures plus tard, presque en même temps que Mu. Il revenait du village, manifestement, et lorsque nos routes se sont rejointes, il a d'abord souri en me voyant avant de découvrir mon compagnon. Il a lâché le sac de surprise, les yeux immenses.

« Toi ? » a-t-il réussi à articuler avant de se tourner vers moi. « Tu m'avais donné ta parole, Shiryu ! Je croyais que je pouvais te faire confiance. »

Ce n'était qu'un murmure mais il m'a fait l'effet d'une avalanche de coups. La dernière chose que je souhaite est de blesser mon ami ! »

« Mu… » ai-je commencé mais il s'est détourné et est entré dans la cabane dont il a fermé la porte.

Eh oui ! Il nous a enfermé dehors. Je suppose que je ne l'ai pas volé mais quand même. Ma seule source de satisfaction ce soir est de constater l'inconfort de mon compagnon indésirable sur le sol dur, malgré le feu que j'ai réussi à allumer. Les nuits sont fraîches, j'espère qu'il va attraper la mort, tiens ! (Oui, je suis vindicatif, ça arrive parfois.)

Plus sérieusement, j'espère sincèrement que demain, je pourrai m'expliquer auprès de Mu…

°°

2 juin

Mu n'est pas sorti de la journée malgré mes tentatives d'explications, collé contre la porte d'entrée. J'en suis resté pour mes frais, si bien qu'à midi j'ai battu en retraite, l'estomac dans les talons. Mon dernier repas remontait à vingt-quatre heures plutôt, ça commençait à faire un peu long.

« Où vas-tu ? » m'a lancé Masque de Mort – puisqu'il s'agit malheureusement de lui.

Il s'était installé contre un rocher d'où il commentait moqueusement mes tentatives d'apaisements envers l'Atlante.

« Manger. »

Il s'est levé comme par ressort et m'a emboîté le pas.

« Je ne t'ai pas invité, » ai-je grogné, maussade.

« Je n'ai pas besoin d'un carton, petit ! »

« M'appelle pas comme ça ! »

Bon sang ! J'avais à nouveau envie de lui rentrer dedans. D'ailleurs, je me demande s'il ne cherchait pas un peu la bagarre. Il s'est contenté de ricaner. Je ne l'aimais déjà pas lorsque nous étions chevaliers, ce n'est pas prêt de s'arranger.

C'est étrange quand même. Hier, il n'a pas paru surpris de la présence de Mu. Ca ne m'étonne pas outre mesure. Pour quelle autre raison serait-il venu en Chine et m'aurait-il suivi ? Pas pour le plaisir de ma compagnie, j'en suis certain, et pas pour me tuer non plus – il en aurait profité plus tôt… Ce qui m'intrigue surtout, c'est l'attitude de Mu. Il a semblé bouleversé lorsqu'il l'a vu… J'ai l'impression qu'il y a quelque chose de pas net entre ces deux là.

En tout cas, le crabe a fait de l'effet au village. Il en a choqué une moitié et dragué l'autre partie. Je crois que je ne pourrai jamais plus y redescendre sans me sentir mortellement embarrassé. Il est insortable. Nous nous sommes attablés à la petite auberge en face de l'épicerie, tandis que les pères de famille faisaient rentrer prestement leur progéniture à la maison.

« Dis donc ? » a-t-il dit soudain, rompant le marasme qui s'était installé entre nous. « Comment tu supportes ça ? »

Surpris, j'ai jeté un coup d'œil circulaire sur notre environnement sans trop comprendre le sens de sa question. Il a soufflé entre ses dents, d'un air excédé.

« C'Que tu es lent ! Mu ! Je parlais de Mu ! Tu vois, la bête à corne avec les grands yeux mouillés et les points sur le front ? Comment est-ce que tu supportes ses caprices ? Bon sang ! Il réagit pire qu'une gonzesse ! »

Je n'ai pas répondu immédiatement, hésitant entre lui coller mon poing dans la figure et le planter là. A vrai dire, c'est surtout que je ne savais pas trop quoi répondre.

« Je lui avais promis de ne pas révéler sa présence… »

« Et tu as cafté ? Tu en as parlé à quelqu'un ? »

J'ai ouvert la bouche pour répondre avant de la refermer, commençant à me sentir un peu bête.

« Non… Je n'ai rien dit… »

« Ah ! »

Il avait l'air content de lui, comme s'il venait de prouver quelque chose d'important.

« Mais… Tu savais qu'il était ici, non ? »

Il a haussé les épaules.

« Non… J'ai surpris la conversation que Dokho a eu avec toi. Il avait l'air de penser que tu savais où était le cornu. Je n'avais plus qu'à te suivre ! »

Raisonnement simpliste mais en accord avec le personnage.

« Mouais… Mais qu'est-ce que tu lui veux à Mu ? »

Il s'est rembruni, montrant presque les dents.

« Je t'en pose des questions, moi ? Et ton slip, l'est de quelle couleur ? »

Il s'est interrompu tandis que ses lèvres s'étiraient en un sourire en coin lui donnant l'apparence d'un maniaque.

« Au fait, tu portes des sous-vêtements sous ton pyjama ? Laisse ! Je vérifie, » a-t-il souri en se penchant par-dessus la table et agrippant la taille de mon pantalon.

Mon sang n'a fait ni une ni deux, mon poing est parti tout seul, l'expédiant au tapis. Ecarlate, je me suis incliné devant le tenancier ébahi avant de sortir précipitamment. La fille qui travaille à l'épicerie m'a regardé bizarrement avant de me tourner le dos avec indifférence ajoutant un degré à mon humiliation. Je suis reparti au pas de course, à la fois furieux et malheureux.

C'est quand même incroyable, pas moyen de savoir à quoi s'en tenir face au Masque de Mort. Un instant, c'est le combat pur et simple, celui d'après nous parlons sérieusement, presque amicalement… et il fait une connerie sans qu'on s'y attende.

Arrivé devant la maison, je me suis immobilisé tout bête devant la porte.

« Mu ? »

Pas de réponse.

« Ouvre, s'il te plait ? »

Silence radio. J'ai continué dans la même veine, sans même savoir s'il m'écoutait pendant un moment avant d'abandonner et de m'asseoir contre un rocher.

« Quand je te dis qu'il réagit pire qu'une gonzesse, » a dit Masque de Mort de derrière moi avant de laisser tomber sur mes genoux un petit sac en papier tout chaud. « T'es parti sans manger, idiot. »

A l'intérieur, le plat commandé plus tôt au restaurant m'attendait sagement. Troublé, j'ai relevé les yeux vers l'Italien.

« Merci… »

« La ferme et bouffe. »

Pour la première fois de la journée, je ne me suis pas offusqué de ses paroles. Quand je vous dis que cet homme est imprévisible !

Le temps a passé lentement sans signe de vie de la part de Mu. Je commence à m'inquiéter. Il avait toujours son bras en écharpe et même s'il récupère bien, il a quand même été gravement blessé.

°°

3 juin

Un bruit violent m'a tiré de mes pensées comme Masque de Mort s'efforçait d'enfoncer ma porte à coups de pieds.

« Dégage, petit ! » a-t-il grogné en ahanant lorsque j'ai voulu m'interposer. « Je vais pas dormir deux nuits de suite à la belle étoile. »

De la sueur coulait le long de ses tempes et il grimaçait à chaque impact mais au bout d'un moment le bois a fini par céder.

« Nom de Dieu ! Mu ! » a-t-il beuglé en entrant dans la cabane avant de foncer au travers de la maison.

Je ne sais pas comment mais le Bélier avait réussi à se faufiler au travers de la petite fenêtre donnant par derrière. Le Cancer est ressorti aussi sec, m'envoyant bouler à terre par la même occasion. Même blessé, cet homme est une force de la nature. Me redressant, je suis parti à sa suite, me demandant un peu quelle mouche piquait mes aînés. Lorsque je les ai rattrapés, Masque de Mort avait plaqué Mu à terre et tentait de le maîtriser, tandis que mon ami essayait de se dégager. C'est finalement l'Italien qui a eu le dessus, le hissant à son corps défendant en travers de ses épaules, et c'est en le transportant comme un sac à patates qu'il est revenu vers la maison, me dépassant sans sembler me prêter attention.

J'ai suivi à nouveau, commençant à me sentir un peu inutile et de trop dans cette histoire. Lorsque je suis entré à mon tour à leur suite. Masque de mort avait jeté Mu dans le lit et lui liait son bras valide au montant en bois.

« Mais ça va pas ? »

« Te mêles pas de ça, petit ! » a grondé l'Italien.

Cette fois, je n'ai pas protesté contre le sobriquet, davantage inquiet pour mon ami qui avait enfoui son visage dans l'oreiller que pour ma fierté.

« Dis donc ! Je suis quand même chez moi, là ! Tu as remarqué ? »

« Ah ouais ? Faudrait peut-être le rappeler à Mister la fille de l'Air ! »

Un sanglot a soudain échappé à Mu.

« Pourquoi es-tu venu ? » a-t-il soufflé doucement, sa voix étouffée par le tissu.

« Je viens terminer ce que j'ai commencé, il y a longtemps, » a grondé le Masque de Mort, le visage fermé.

Cette fois, je me suis interposé, le repoussant à bas du lit.

« Ca suffit ! Tu ne vois pas qu'il est malade et blessé ? »

Le Bélier était brûlant de fièvre et tremblait sous la main que j'avais posée sur son épaule.

« Et alors ? Moi aussi, je suis blessé, » a protesté le crabe en se tapotant le torse.

Pourtant, il s'est écarté tandis que je détachais mon ami.

« S'il file encore à l'anglaise, tu auras de mes nouvelles, » a-t-il grogné.

Je l'ai ignoré tandis que je forçais doucement Mu à se tourner vers moi.

« Ne te sauve plus, s'il te plait. Je te jure sur ce que j'ai de plus cher au monde que je n'ai pas trahi ta parole, aussi suspecte sa présence puisse-t-elle te paraître. »

Je me suis interrompu un long moment, les yeux plongés dans son regard sec mais dans lequel dansaient une telle souffrance, une telle détresse que mon cœur s'est serré douloureusement. Il a fini par hocher la tête imperceptiblement mais ça me suffisait. Il me croyait.

« Je ne sais pas ce qui se passe mais je t'en prie… Promets-moi de ne plus te sauver. Je ne le laisserai pas te faire de mal. »

Il est resté un long moment immobile avant de fermer les yeux.

« Très bien, » a-t-il murmuré. « Je resterai… »

J'ai passé la nuit dans le lit avec lui pour le reste de la nuit, chacun réfugié de son côté du matelas, prenant garde à ne pas toucher l'autre. La journée qui a suivi m'a vu vérifier ses blessures. En dehors de sa fièvre, il guérit normalement. Je suppose que c'était dû au choc.

Quant au Masque de Mort… Il s'est tenu à l'écart dans un silence boudeur. Je suppose qu'il reviendra à la charge demain…

A suivre