Quand il rentra dans la salle, il n'eut même pas le temps de lever les yeux qu'Hermione était déjà près de lui, le harcelant de questions, regardant si il n'était pas blessé.

Harry l'écarta d'un mouvement brusque, un peu trop peut être et la jeune fille choquée mais ayant compris le message, n'insista pas. Elle s'éloigna et laissa Harry aller reprendre place sur son lit, assis, les jambes pendantes et le visage blême. Personne n'osait dire un mot, ne comprenant rien à la réaction du survivant. Harry brisa lui-même ce silence pesant et posa la question qui lui trottait dans la tête depuis un bout de temps maintenant.

Harry : « Qui a tué Malfoy ? » sa voix était dure, cassante, plus qu'il ne l'aurait pensé.

Seamus, pas certain du comportement à adopter s'enfonça sur sa chaise, nerveux. Il finit quand même, d'une toute petite voix, à avouer son crime.

Seamus « c'est moi… pourquoi, il fallait pas ? »

La réaction de Seamus amusa Harry, enfin autant qu'on pouvait l'être après la mort d'un être cher. Il avait l'impression d'avoir en face de lui un enfant pris en faute en train de casser une fenêtre ou de voler de la nourriture. Cela le mit dans une rage folle.

« Il fallait pas, pensa t'il , non mais quel connard. »

Harry regarda Seamus dans les yeux, le visage baissé, serré par la douleur.

Harry : « Non, il fallait pas non »

Seamus : « Mais enfin, je comprends pas, j'étais sur que ça te ferait plaisir… enfin je veux dire, tu le détestais comme la peste ce mec, et c'était un mangemort, j'ai fait ça parce que j'ai eu peur pour toi, je l'ai vu qui s'approchait de toi en t'appelant »

Harry : « Quoi ? Quand il a fait ça ? J'ai rien entendu »

Seamus : « Tu te battais avec mac Nair, je crois, tu devais pas faire attention. »

Harry : « Et pourquoi il m'appelait ? «

Seamus : « Ben je sais pas, je lui ai pas demandé moi. Je lui ai dit « Malfoy, n'éspère pas qu'on te laissera tuer Harry comme ça » et il m'a répondu « tais toi, je veux pas le tuer, pousse toi de là », un truc du genre. Mais il avait l'air fou, comme si il avait réalisé un truc de dingue. Je l'ai pas cru évidemment, alors je lui ai bloqué le passage, et pendant, qu'il fixait un truc derrière moi, j'ai lancé le sort, et … il est tombé. Y'a un truc qui m'a surpris quand même, il avait de l'eau sur la joue, en fait, ça ressemblait à une larme, comme si il avait pleuré. Mais comme il le disait si souvent « Un Malfoy ne pleure pas » alors, je sais pas trop quoi pensé. »

Harry se cramponnait de toute sa force au drap pour ne pas sauter sur Seamus, l'étaler contre le carrelage et le frapper jusqu'à ce qu'il ne sente plus une étincelle de vie en lui. Mais il se retenait, sachant au fond de lui que Seamus ne pouvait pas savoir, qu'il ne mesurait pas les conséquences de son acte.

Harry dans un ultime effort arriva à ouvrir la bouche pour poser une question.

Harry : « Et la chaîne, elle était où ? »

Seamus : « Sur son poignet, il l'avait enroulé autour et je crois qu'il serrait ton pendentif dans sa main, quand .. enfin quand il est tombé. »

Harry : « Il a rien dit ? »

Seamus : « Il a dit quelque chose.. en tombant, mais j'ai pas bien entendu, je crois qu'il y avait « ri » dedans mais je suis sur de rien. »

Harry se cramponna plus fortement au drap et crispa son visage pour empêcher ses larmes de couler, mais peine perdu, elles vinrent envahir ses joues, laissant aux autres autour un goût amer, ils se posaient tous des questions mais n'osaient les formuler, de peur d'avoir à affronter la colère d'Harry.

Tout à coup, Harry se redressa, le regard humide et fixa Seamus avec rage avant de se mettre à crier.

Harry : « ET T'AS PAS PENSE UN SEUL INSTANT QUE MALFOY POUVAIT AVOIR QUELQUE CHOSE A ME DIRE ! QUE C'ETAIT POUR CA QU'IL M'APPELAIT ? C'est pas vrai » grogna Harry en se prenant la tête dans les mains. « DISPARAIT DE MA VUE, SORS D'ICI. »

Seamus : « Mais, Harry, pourquoi tu.. »

« Sors » le coupa Harry d'une voix redevenue tout à coup étrangement calme.

« Sors tout de suite, sinon c'est dans un cercueil que tu quitteras cette pièce » sa voix résonna dan la pièce comme un pic à glace.

Seamus déglutit péniblement et s'empressa de rejoindre la porte, une lueur de peur bien visible dans ses yeux. Les autres regardaient la scène, éberlués.

Harry se laissa tomber sur le lit une fois que Seamus eut fermé la porte et s'effondra, pleurant toutes les larmes de son corps.

Hermione s'approcha de son ami et mis ses mains sur ses épaules. Elle ne dit rien mais le força à se relever et le serra contre lui, en lui caressant les cheveux, comme une mère l'aurait fait pour son enfant.

Harry secoué par les sanglots, se réfugia dans l'étreinte d'Hermione et murmura « pourquoi lui… »

Hermione ne sachant que répondre décida de répliquer quelque chose de neutre, pour ne pas empirer l'état d'Harry.

Hermione : « Je sais pas, je t'avoue que j'ai du mal à comprendre toute cette histoire »

Harry séchant peu à peu ses larmes se décida à expliquer, depuis le début. Il leur raconta comment il avait été blessé par Bellatrix, comment il s'était retrouvé dans cette salle sombre, comment il avait été attiré par cet homme qu'il savait pourtant mangemort, comment ils avaient fait l'amour, avant de s'endormir dans les bras l'un de l'autre. Comment au réveil, il s'était aperçu de l'identité de son amant et avait paniqué. Comment Snape lui avait annoncé la mort de son ange, et il pleura encore et encore, bercé par une Hermione attentive, qui, pas une seule fois ne pris le risque de lui couper la parole, bien que ses révélations lui soulevaient un peu le cerveau. Ron de son côté avait eu ENORMEMENT de mal à ne pas s'évanouir, mais avait tenu le choc et enterrait au fur et à mesure au fond de son esprit les paroles prononcées par Harry.

Un coup retentit soudain contre la porte de la salle. Harry se dégagea de l'étreinte d'Hermione, se recomposant un visage neutre et ouvrit la porte. Devant lui, se tenait le maître des potions, son faciès marqué par le chagrin.

Snape : « Si vous voulez le voir, c'est maintenant Potter »

Harry se tourna vers ses amis et d'une voix à peine audible dit :

« Je reviens »

La chaîne toujours serrée dans sa main, Harry passa la porte et commença à marcher lentement derrière le professeur Snape.

Ils arrivèrent à l'infirmerie après un trajet qui sembla durer des heures à Harry.

Snape le laissa devant la porte. Harry tremblait de tout son être en saisissant la poignée. Cette poignée, cette porte qui allait le porter vers quelque chose qu'il ne voulait pas voir, qu'il n'aurait jamais du voir. Mais il le fallait, pour qu'il y croit, pour qu'il fasse le deuil de celui qui aurait à coup sur changer sa vie.

La porte s'ouvrit enfin, il la passa, tremblant toujours et lança un regard à travers l'infirmerie déserte. Il aperçut les corps blessés de certains de ses amis, d'autres personnes qu'il connaissait de vue. Il se refusa à s'attarder sur cette vue, ça faisait trop mal. Il avança péniblement jusqu'au fond de l'infirmerie. Là, il y avait un lit caché par un rideau. Il poussa doucement le rideau et s'approcha du lit. Il vit une main, d'une blancheur de nacre, sortir du drap et ne pût s'empêcher de la prendre dans ses mains. Elle était dure, si dure et si froide. Faisant son possible pour ne pas craquer maintenant, il prit une forte inspiration et se décida à découvrir le visage pâle du drap blanc qui le recouvrait. Il approcha sa main, la recula soudain, puis la rapprocha et souleva le drap, ce maudit drap. Mon dieu, ce visage, si parfait, ses traits si délicats. Mais il y avait ce froid glacial autour de lui, dans un espoir absurde, Harry s'aventura à aller déposer une main sur le cœur du Slytherin, ce cœur, qu'il croyait inexistant chez Draco. Là aussi, il s'était trompé. Mais rien, aucun battement aucun souffle, Snape avait dit vrai. Il s'assit sur une chaise près du lit, sans lâcher la main de son ennemi et l'autre main toujours posée sur son cœur. Il ne sût pas pourquoi, mais une chanson lui vint soudain en tête, une vieille chanson française que sa tante ne se lassait pas d'écouter pendant qu'elle cuisinait. Il se mit à la chanter au Slytherin, changeant instinctivement quelques paroles inappropriées.

Il avait de grands yeux très clairs
Où parfois passaient des éclairs
Comme au ciel passent des orages.
Il était plein de tatouages
Que j'ai jamais très bien compris.
Son cou portait : "Pas vu, pas pris."
Sur son cœur on lisait : "Personne"
Sur son bras droit un signe : "la mort".

Je connais son nom, mais ne sais rien d'lui.
Il m'a aimée toute la nuit,
Mon légionnaire
Et me laissant à mon destin,
Il est parti dans le matin
Plein de lumière
Il était minc', il était beau,
Il sentait bon le sable chaud,
Mon légionnaire
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière

Bonheur perdu, bonheur enfui,
Toujours je pense à cette nuit
Et l'envie de sa peau me ronge.
Parfois je pleure et puis je songe
Que lorsqu'il était sur mon cœur,
J'aurais dû crier mon bonheur...
Mais je n'ai rien osé lui dire.
J'avais peur de le voir sourire !

On l'a trouvé sur la terre
Il avait ses beaux yeux ouverts.
Dans le ciel, passaient des nuages.
J'ai contemplé ses tatouages

Une larme sur mon visage

Et j'ai lu

Voyant son cou : "Pas vu, pas pris"
Voyant son cœur : "Ici, personne."
Il ne savait pas...Je lui pardonne.

J'rêvais pourtant que le destin
Me ramèn'rait un beau matin
Mon légionnaire,
Qu'on s'en irait seuls tous les deux
Dans quelque pays merveilleux
Plein de lumière !
Il était minc', il était beau,
On l'a mis sous terre
Mon légionnaire !
Y avait du soleil sur son front
Qui mettait dans ses cheveux blonds
De la lumière !

Harry finit son couplet dans un souffle. Il avait trouvé ce petit chant d'adieu approprié. Il sentit une larme couler sur sa joue et se résolut à partir d'ici, à le laisser reposer en paix.. pour toujours. Que c'était dur à penser. Mais c'était comme ça, plus rien ne pouvait changer cette fatalité. Regardant une dernière fois la main de Draco dans la sienne, il vit la chaîne qui pendait autour de ses doigts. Il décida de lui laisser, l'enroula autour de son poignet et lui murmura « qu'elle te protège là ou tu es ». La chaîne se disposa sur le bras fin de Draco et se mit à briller d'une légère lueur rougeâtre. Comme un symbole. Le symbole d'un amour partagé. Ce bout de métal insignifiant, posé négligemment, mais, qui, pour eux, représentait tellement. wwouahh les rimes

Il lâcha la main diaphane, la remit sous le drap et effleura une dernière fois les lèvres envoûtantes de Drake.

« Je t'aime » susurra t'il contre sa bouche.

Sentant que si il restait, il allait s'écrouler et ne plus jamais vouloir repartir, il remit vite fait le drap sur le visage de Draco et sans se retourner, sortit de l'infirmerie d'un pas décidé. Une fois dehors, il s'appuya contre la porte, souffla péniblement et songea un instant à tout laisser tomber, pour le rejoindre. Mais il lui sembla entendre la voix dans sa tête, SA voix, stridente, traînante, froide qui se moquait « Potter, attends, tu te fous de qui là ? Toute ta vie tu t'es plaint d'avoir un fardeau à porter, d'être le héros des temps sorciers, et là, t'es enfin débarrassé de la face de serpent et tu veux tout lâcher ? Pour moi ? Nan, mais tu déconnes. Vis ta vie un peu, sois heureux bordel ! Je garderais un œil sur toi, t'inquiète pas, et un jour, on se retrouvera sûrement, mais pas maintenant, c'est trop tôt Potter, maintenant vas-y, part d'ici, vit et te retourne pas. Et c'est un ordre Potter »

De là où il était Draco sentait la peine d'Harry et au lieu de l'enfoncer, il avait voulu le secouer, lui remettre un bon coup de pied aux fesses comme le fait si bien un Malfoy, il espérait que ça marcherai. Une fois passé dans l'autre monde, si la personne avait été assez bonne au cour de sa vie, un mort avait le droit de faire passer un message par la pensée à une personne de son choix. Dray avait choisi harry. Il voulait lui révéler ses pensées, sa tendresse pour lui, lui avouer quelle plénitude il avait éprouvé à être dans ses bras, à sentir sa peau sucrée, ses lèvres. Mais il avait vite déchanté, l'état d'Harry l'inquiétait, alors, il avait été le Malfoy de d'habitude, pour ne pas l'attendrir, il avait été froid, dur, et en même temps, rassurant, il ne voulait surtout pas qu'Harry parte avec lui. Il voulait le voir vivre et sourire de là ou il serait. Il voulait tout simplement qu'il soit heureux. Drake quitta l'esprit d'Harry, en priant pour que son discours ait convaincu le Gryffi et se retira dans l'autre monde, le cœur plus léger.

L'esprit d'Harry avait dérivé, il avait imaginé la voix de Malfoy dans sa tête, c'était étrange, c'était comme si c'était lui, qu'il avait été vraiment là et il se disait que c'était à peu près le discours qu'aurait pu tenir le Slytherin. Alors, il écouta son ordre. Se redressant, il partit d'un pas conquérant vers son avenir, sans se retourner une seule fois. Juste pour Draco.

FIN