Note 1 : merci pour les reviews …

Note 2 : … et merci de lire cette histoire au lieu de profiter de vos vacances (LOL) !

ooOoo

6 – Pierson le traîna à travers les quartiers militaires.

Les couloirs étaient désespérément vides.

Rodney aurait sans doute du tenter quelque chose. L'idée de se jeter sur le Caporal l'effleura un instant. Un instant seulement. Qu'aurait-il fait, hein ? Sans arme contre un homme plus jeune que lui d'au moins une dizaine d'années et certainement bien entraîné. Peut être qu'il aurait pu lui donner un coup avec son sac de provisions. Quelle brillante idée McKay, non vraiment.

Alors, il s'était contenté de le suivre. Pierson le tenait fermement par le bras. Ses doigts laisseraient certainement des traces, tant sa poigne était serrée.

Rodney avait bien essayé de raisonner avec le jeune homme, mais il n'avait reçu que deux superbes claques en retour. La seconde avait fendu sa lèvre supérieure. Il saignait et sa lèvre était déjà enflée.

Okay. Pas de bavardages.

Bon sang ! Mais qu'est-ce qu'il avait hein ? Pourquoi tous les fêlés de ce coin perdu de la galaxie s'en prenaient-ils à lui ?

Ils s'arrêtèrent enfin devant une porte. Pierson tapota du doigt selon un petit rythme précis et la porte s'ouvrit. Un jeune homme les accueillit.

« Hey, Graham, je ne t'attendais plus. » Ses yeux étaient brillants et ses pupilles dilatées.

Drogué.

Géniale, cette soirée s'annonçait de plus en plus géniale !

« Salut, Ross, j'ai juste fais un petit détour avant de venir. »

Pierson le poussa à l'intérieur sans ménagement. Il parvint à conserver son équilibre et se planta au milieu de la pièce, serrant son sac contre lui.

Les deux jeunes soldats se tapaient amicalement sur l'épaule. Le dénommé Ross servit à boire à Pierson et Rodney, toujours debout, les regarda boire.

C'était très bien, s'ils s'enivraient suffisamment pour perdre conscience, ou du moins juste assez pour oublier qu'il était là, il pourrait peut-être se faufiler discrètement et se sortir de ce pétrin.

Il regarda autour de lui. La petite chambre ressemblait à la sienne et certainement à toutes les autres aussi. Celle qu'occupait John était un peu plus petite mais il l'avait choisi pour la fenêtre : un vitrail d'environ trois mètres sur deux aux couleurs chaudes, rouge, jaune et verte. Lorsqu'il faisait beau, l'effet était surprenant.

Il espérait que John n'allait pas tarder.

Il était sorti de son labo, il y avait plus d'une heure maintenant. John allait se douter que quelque chose n'allait pas. Il allait venir.

Il le retrouvait toujours, non ?

Le problème c'était quand allait-il arrivé, pas le si.

Cela devait bien faire une vingtaine de minutes qu'ils étaient là maintenant et Rodney commençait à se sentir mal. Sa tête tournait un peu. Ce devait être l'effet combiné de la fatigue, de la faim et du choc d'avoir été – une fois encore ! – enlevé. Il n'y avait pas de chaises dans la petite chambre alors il se baissa, pour s'installer par terre.

La réaction de Pierson fut immédiate. Comme s'il s'était attendu à ce geste de la part de Rodney. Comme s'il n'attendait que cela.

Il fut sur lui en un instant, l'attrapa par le col de sa veste, le secouant d'une main et lui assénant une violente gifle de l'autre. Puis il le relâcha. Rodney retomba lourdement par terre, abasourdi. Il porta la main à son visage, cette fois c'était son nez qui saignait, et leva les yeux vers Pierson. Ce qu'il y vit lui glaça le sang.

De la haine. Cet homme, qu'il ne connaissait pas, le détestait et cette haine était palpable dans chacun de ses gestes.

« Debout. » Pierson s'adressa à lui, les lèvres pincées, les mâchoires serrées par la colère.

Rodney se remis debout mais pas assez rapidement au goût de Pierson qui cette fois l'attrapa par les cheveux. Rodney poussa un cri et tenta immédiatement de déloger les mains qui lui arrachaient littéralement les cheveux. La douleur était vraiment intense et des larmes lui montèrent aux yeux.

Une fois debout, Pierson le relâcha. Rodney tangua un peu, quand enfin il eu récupéré son équilibre, Pierson se trouvait toujours devant lui, un sourire aux lèvres.

« Hey Graham, laisse le Doc' tranquille. » Ross se rapprocha de Rodney, qui recula instinctivement de plusieurs pas et mit ses mains devant avec l'espoir d'éviter la prochaine gifle.

Ross leva les mains en l'air. « Hey, Doc', pas de problème. Faut vous détendre, z'êtes trop tendu, travailler trop. » Ses mots étaient à moitié mâchés. Il tendit une bouteille à Rodney, qui secoua la tête.

« Heu, non, merci, je … je n'ai pas très soif, c'est … c'est très gentil de votre part, mais arrrghhhh. »

Pierson venait à nouveau de l'attraper par les cheveux. A ce rythme là, il serait chauve avant l'aube.

Le Caporal lui murmura à l'oreille. « Nouvelle règle, Doc', vous faites ce que l'on vous dit sans discuter, sans poser de questions et vous parlez seulement quand on vous pose une question. Compris ? » Il secoua Rodney qui poussa un petit cri.

« J'ai dit « Compris » ?»

Les dents serrées, Rodney finit par répondre. « Ou … Oui. »

Pierson le secoua une fois encore, provoquant un nouveau cri.

« Je n'ai pas bien entendu. »

« Oui, Monsieur. »

C'était un jeu que Rodney connaissait bien. Celui des grosses brutes. Le même que celui qu'ils avaient déjà eu à supporter au lycée. Il avait toujours été le plus jeune de sa classe, le plus petit, le moins athlétique. Sa dernière année au lycée avait été la pire de toute. Il avait d'ailleurs fini à l'hôpital une fois pour avoir refusé de faire un devoir de math pour le champion de lutte gréco-romaine de l'école. Mauvais choix.

Mais il avait survécu et il survivrait aussi à Pierson. Il suffisait de suivre les règles. Ca, il savait faire.

Pierson eu l'air satisfait de sa réponse. Il relâcha ses cheveux, au grand soulagement de Rodney.

« Bien, maintenant. » Il prit la bouteille des mains de Ross et la tendit à Rodney. « Buvez. »

Rodney hésita. Il s'agissait manifestement d'une bouteille athosienne. Or les athosiens, aimaient beaucoup le citron. D'après Ford, ils faisaient une excellente limonade. Vu l'odeur qui se dégageait de la bouteille, Rodney doutait qu'il s'agisse de limonade mais il ne voulait pas courir de risque. Il fixait la bouteille comme s'il s'agissait d'un wraith.

Pierson s'impatienta.

« Ross, tiens le, je crois que le docteur McKay a besoin d'un petit coup de main. »

Rodney n'eut même pas le temps de bouger, Ross lui enserra les bras les maintenant derrière son dos, pendant que Pierson lui mettait le goulot dans la bouche. Il essaya de garder la bouche fermée, mais Pierson lui boucha le nez et il fut bien obligé de boire. Ross le relâcha et il tomba par terre à genoux, recrachant une bonne partie de la liqueur qu'il venait d'avaler.

Les deux soldats éclatèrent de rire et s'écartèrent de lui, pour continuer leur petite beuverie.

Rodney resta par terre, toussotant, et s'allongea sur le côté, en coup de fusil. Il pouvait déjà sentir les effets de l'alcool. La pièce tournait autour de lui et les voix étaient plus étouffées, comme lointaines, les lumières plus brillantes. Il ferma les yeux.

Et les rouvrit, lorsqu'une violente gifle projeta sa tête contre le sol.

Rodney ignorait combien de temps s'était écoulé depuis qu'il était arrivé avec Pierson. Il s'était apparemment assoupi. Ses deux hôtes étaient passablement éméchés. Ross se trouvait allongé sur le lit et ronflait et Pierson lui, se trouvait au-dessus de lui, l'air menaçant. Ses pupilles étaient si dilatées que l'on pouvait à peine discerner la couleur de ses yeux autour du noir de son iris.

« Allez Doc', il est temps d'aller dormir. »

Rodney doutait que dormir au sens du Caporal, implique un bon lit douillet.

Il frissonna à l'idée de ce qui allait arriver (10).

ooOoo

Après avoir lié ses mains avec une attache en plastique souple, Pierson l'avait traîné dans le couloir.

Ils avaient pris un transporteur. Vide, tout était si vide. Pourquoi n'y avait-il personne ?

Rodney trouvait que les couloirs d'Atlantis ressemblaient parfois au métro aux heures de pointe : des gens qui marchaient droit devant eux, sans se regarder. Evidemment, la plupart du temps c'était aussi son cas. Pour une fois, il aurait vraiment aimé que quelqu'un soit là.

Il trébucha et porta ses mains devant lui pour éviter de tomber, laissant sur le mur une superbe empreinte rouge/brun. Son nez avait cessé de saigner mais ses mains étaient pleines de sang. Pierson n'avait rien remarqué, mais Rodney doutait que dans son état, le Caporal puisse remarquer quoique ce soit. On aurait dit, un homme avec une mission. Une mission qui apparemment impliquait que Rodney le suive.

Au moins, Rodney laissait la preuve de son passage derrière lui.

Ils arrivèrent près d'un immense couloir. Ils avaient quitté les quartiers habités et Rodney commençait vraiment à avoir peur. Moins qu'il n'aurait sans doute du. L'alcool avait un peu calmé ses angoisses, mais pas totalement.

Pierson lui fit grimper un escalier métallique en forme de colimaçon. Rodney n'était jamais venu par ici, c'était la chasse gardée du Docteur Collins, architecte et ingénieur. Il tomba plusieurs fois et Pierson s'en prenait toujours à ses cheveux pour le relever.

L'escalier débouchait sur une plateforme à ciel ouvert d'une cinquantaine de mètres carrés. Elle était bordée d'immenses tuyauteries. Ils ressemblaient à ceux qui se trouvaient dans l'infirmerie, lumineux et remplis d'eau. Les tuyaux devenaient de plus en plus fins pour se terminer, une dizaine de mètres plus haut, en une sorte d'aiguille. Chacun d'eux était entouré d'une sorte de coffrage épais.

Pierson poussa Rodney au milieu de la salle. Il pleuvait. Rien de comparable bien sûr à l'effroyable tempête qu'Atlantis avait essuyé quelques mois plus tôt (11), mais assez forte pour vous tremper en quelques minutes.

« Vous reconnaissez cet endroit Doc' ? »

Rodney avait beau chercher dans sa mémoire mais rien ne lui venait à l'esprit. Il faut dire que l'alcool n'arrangeait pas les choses. Il ne buvait jamais, ou alors seulement un verre de bon vin.

Pierson le gifla à nouveau. Ce type devait être monomaniaque : gifle et arrachage de cheveux devaient être ses modes de tortures préférés. Rodney ne s'en plaignait pas vraiment. Ca pourrait être pire, n'est-ce pas ?

« Alors, je vous ai posé une question ? »

« Heu, non, je … je ne reconnais pas cet endroit. » Puis il ajouta après coup. « Monsieur. » Il ferma les yeux attendant la gifle qui viendrait certainement sanctionner cette petite erreur. Mais rien n'arriva. Il rouvrit les yeux.

Pierson le fixait toujours apparemment ravi d'avoir réussi à lui faire perdre son arrogance.

Pierson fit le tour de la salle et s'arrêta devant un des tuyaux. Il s'agenouilla devant.

L'eau commençait à pénétrer la veste que Rodney portait. Il essuya son visage avec sa manche, mais celle-ci était déjà trempée. Il ne pouvait pas voir ce que Pierson faisait, ce dernier lui tournait le dos, et pour rien au monde il n'aurait bougé de l'endroit ou il se trouvait. Inutile de s'attirer davantage les foudres de ce fou furieux.

Rodney se demandait ce qu'ils faisaient là et quel lien leur présence sur cette plateforme pouvait bien avoir avec le fait de dormir. En même temps, il n'était pas si pressé que ça de la savoir. Il fallait gagner du temps.

Il se demandait ce que faisait John.

ooOoo

John se réveilla en sursaut. Il ignorait ce qui l'avait réveillé. Sa montre indiquait minuit douze. Wow. Il était à peine 20 :30 la dernière fois qu'il avait vérifié ce qui signifiait qu'il avait dormi quatre heures d'affilée ! Pas besoin des petites pilules miracle de Beckett en fin de compte.

Son estomac émit un grognement. Il porta la main à son ventre. Hummmm. Il se demandait ce que Rodney lui avait … Rodney !

Cette fois, il était complètement réveillé, il attrapa sa radio et tenta de contacter Rodney. Rien.

Okay. Ne pas paniquer. Il n'y a aucune raison de paniquer. Ils n'étaient pas en mission sur une planète perdue au milieu d'une Galaxie peuplée de créatures qui en voulaient à votre énergie vitale. Ils étaient sur Atlantis et Rodney était certainement dans son labo, absorbé par une pièce de technologie atlante.

Seulement voilà, c'était de Rodney dont on parlait. Rodney qui lors d'une banale mission de reconnaissance sur Atlantis avait trouvé un super virus capable de tuer un être humain en quelques heures (12). Même sur Atlantis, Rodney McKay trouvait les ennuis, ou plus exactement les ennuis le trouvaient.

Il reprit sa radio.

« Bates ! »

L'émetteur craquela et la charmante voix du sergent Bates, chef de la sécurité d'Atlantis, retentit.

/Major /

John était en train de se rhabiller. « Bates, retrouvez moi ASAP (13) dans le laboratoire du Docteur McKay. »

/ Major, qu'est-ce que …/

« Maintenant Sergent. Je vous expliquerais sur place. »

TBC

(10) Non, rien de sexuel !

(11) Episode The Storm/En pleine tempête.

(12) Episode Hot Zone/Virus.

(13) ASAP : as soon as possible. Dès que possible. Les américains adorent les contractions de ce genre !