Note 1 : merci pour les reviews !

Note 2 : oui, je sais, ça traîne, ça traîne, et vous vous dites « elle va encore nous faire un truc qui fait des pages et des pages », bah, ouais, c'est bien possible, LOL. A vue de nez, je dirais que j'en ai encore pour un ou deux chapitres, plus un épilogue.

ooOoo

9 – Il avait cessé de transpirer.

Ce qui n'était pas bon signe, pas bon signe du tout.

Sa tête reposait sur le tube en verre. C'était curieux. Il n'était pas chaud. Comment un conducteur de chaleur pouvait-il ne pas … conduire de chaleur ! Okay, il faudrait qu'il en parle à … à … c'était quoi son nom déjà … bon sang … son cerveau était complètement ramolli.

L'idée lui fit soudainement peur. Son cerveau était tout ce qui le distinguait des autres, ce qui faisait de lui quelqu'un d'à part, de particulier. Quelqu'un d'intéressant. Il ne fallait pas que son cerveau ramollisse ou … ou quoique ce soit d'autre d'ailleurs. Seulement, il faisait si chaud. Même ses liens en plastique avaient ramolli. Tout était ramolli.

Marrant ce mot. RAMOLLI. Guttural avec une chute plus douce. Rrrrrrrrrrramolliiiiiiiiiiiiiiiiiii.

Il se mit à glousser puis un sanglot lui échappa. Il était en train de perdre la tête. Hypoglycémie. Déshydratation. Mauvais couple.

Mauvais, mauvais, mauvais.

Peut-être qu'il faudrait qu'il oblige son cerveau à réfléchir. Oui, ça l'empêcherait de ramollir et de fondre. Il ne voulait pas que son cerveau fonde. Okay. Quelque chose d'automatique et de simple, juste pour qu'il ne s'endorme pas, et son cerveau avec lui.

Les théorèmes mathématiques et leur application dans la vie de tous les jours ? Hummm. Le théorème du plan séparateur. Facile (16). Il se mit à réciter : étant donné trois volumes simplement connexes - sans trous bien sûr - dans l'espace euclidien, il existe un plan qui partage chacun de ces trois volumes en deux parties égales. C'est en fait le plan passant par les centres de gravité de ces trois solides. Application : étant donné un sandwich dont les trois éléments sont mal superposés, il est possible de le couper en deux de manière équitable d'un seul coup de couteau. Il s'arrêta là. Peut-être que commencer par le théorème du sandwich au jambon, n'était pas une excellente idée. Il aurait donné n'importe quoi pour un sandwich au jambon.

La porte du coffre s'ouvrit soudainement et une lumière blanche aveugla Rodney. Quelque chose brilla. La lame d'un couteau, grise et froide. La lame se glissa sous ses doigts, laissant une longue éraflure, avant de couper le plastique qui le retenait au tube. Une fois ses liens coupés, il fut brutalement sorti de sa prison et jeté par terre sans grand ménagement.

Allongé par terre sur le dos, Rodney pouvait voir de longues déchirures roses strier le bleu du ciel. Rodney respira l'air frais du matin à plein poumon et exhala presque aussitôt lorsqu'un violent coup de pied dans l'estomac, l'obligea à se plier en deux.

« TOUT EST DE TA FAUTE ! ESPECE DE PETITE ORDURE !»

Pierson se mit à l'insulter et à le frapper, utilisant ses pieds et ses mains, visant son dos et son bas ventre. Rodney essaya de parer les coups du mieux qu'il pouvait, mais bientôt tout ce qu'il pu faire fut de se recroqueviller pour protéger son visage et sa poitrine.

Pierson était tout bonnement enragé.

Un coup particulièrement violent au niveau du dos arracha un hurlement de douleur à Rodney. Après ça, il arrêta de bouger pour se concentrer sur ses poumons. La douleur avait été si intense que ces derniers ne semblaient plus vouloir fonctionner normalement. Il suffoquait comme un poison hors de l'eau, la bouche ouverte, essayant désespérément de reprendre son souffle.

Et puis soudain tout s'arrêta. Les cris, les coups. Tout.

L'oxygène venait enfin de retrouver son chemin vers ses poumons affamés. Rodney respirait de larges brassées d'air frais et pur. On entendait juste ça. Sa respiration, bruyante et difficile, et celle de Pierson, hachée comme après un exercice physique trop intense.

Rodney ouvrit les yeux. Pierson était sur les genoux devant lui, immobile, les yeux dans le vague. Fou. C'est ce qui lui vint immédiatement à l'esprit. Le Caporal avait visiblement perdu la raison. Quelque chose l'avait fait irrémédiablement basculer. Rodney ignorait ce que c'était mais une chose était sûre : il fallait qu'il trouve un moyen de s'échapper et vite.

Le plus doucement possible, il se mit à plat ventre, puis à quatre pattes.

Pierson était toujours prostré.

Rodney eu un peu de mal à s'agenouiller. Une fois là, il prit appui sur l'une de ses genoux et se releva, une main à terre pour éviter de tomber. Il finit par se mettre debout. Et par faire un pas, puis un autre et encore un autre.

Chaque geste était une torture et il sentait que quelque chose n'allait pas. Il se retint de rire à cette pensée, comme s'il y avait quelque chose qui allait ! Son dos. Quelque chose n'allait pas avec son dos. Une douleur lancinante le transperçait à chaque pas, menaçant de le faire tomber et lui donnait la nausée.

Mais la porte était si proche.

Un pas de plus.

Maintenant, il distinguait le panneau d'ouverture et ses commandes.

Un autre pas.

Il y était presque.

Il finit par atteindre la porte et posa sa tête dessus. Les mains tremblantes, il ouvrit le panneau de contrôle.

« Vous allez quelque part Doc'. »

ooOoo

John était assis devant une tasse de café froid. Il regardait le breuvage noir devant lui. Il allait fort bien avec son état d'esprit.

Leur petit interrogatoire n'avait rien donné.

Peter Grodin avait eu une idée et John s'y était accrochée comme un homme en pleine mer s'accroche à une bouée de sauvetage. Le PDA (17) de Rodney ne se trouvait pas dans le labo, il avait du l'emmener avec lui. Il fonctionnait sur une petite batterie. Or, comme leur expliqua Grodin, toutes les batteries ont une signature énergétique, faible mais distincte. Il lui faudrait faire des ajustements, car le matériel Atlante était programmé pour détecter des sources importantes d'énergie comme les générateurs à naqadah par exemple, mais il pensait pouvoir les régler pour détecter le PDA de Rodney (18).

Et ils avaient attendu, Zelenka, Ford, Teyla, Carson, Elisabeth et lui.

Peter avait réussi à effectuer les réglages. Il avait fallu éteindre tous les appareils de nature électrique – ordinateur, PDA et autres – section par section. Ca leur prit près d'une heure mais ils avaient retrouvé le PDA ainsi que plusieurs disquettes et des dossiers sous un des escaliers du couloir 6. Celui qui menait à la cafétéria.

Les affaires de Rodney se trouvaient sur la table devant John.

Ils tournaient en rond.

Les pistes finissaient toutes en voies sans issue ! John regarda la pendule. 07 :10. Rodney avait disparu depuis bientôt 10 heures ! Ils se trouvaient dans une cité contenant tout un tas de merveilles technologiques, du jumper au bouclier personnel, mais ils étaient incapables de retrouver quelqu'un !

De rage, John envoya valser par terre, tout ce qui se trouvait devant lui. Il regarda le café se répandre sur les documents de Rodney.

Autour de lui, le silence régnait. Ils devaient tous le croire fou. Un Major de l'armée de l'air des Etats Unis d'Amérique qui pétait un câble. Aucun d'eux ne lui fit de remarques. Cela n'aurait servi à rien, pour dire quoi ? Des platitudes du genre, « nous allons le retrouver, il va certainement bien, ne vous inquiétez pas ».

Bon sang ! Il ne supportait pas ce sentiment d'impuissance.

Il se leva pour ramasser ce qu'il avait fait tomber. Il tenta de sauver ce qui pouvait l'être, de l'agression du café, en épongeant soigneusement chaque feuille. L'écriture de Rodney était à son image, longue et fine, parfois même élégante, mais surtout nerveuse et passionnée. Il remis le PDA sur la table ainsi que l'ordinateur mais garda le dossier dans les mains, sans trop savoir pourquoi.

Carson et Elisabeth discutaient à voix basse. Zelenka semblait perdu dans ses pensées et Ford et Teyla le regardaient tout en essayant d'avoir l'air de ne pas le regarder. L'effet était presque comique.

« Major ! »

Toutes les têtes se levèrent à l'apparition de Bates.

Le Sergent arborait un large sourire.

Bates ne souriait jamais. Il avait du apprendre ça sous les ordres de Summer : un bon soldat ne sourit pas, ça nuit à son image de tueur discipliné ! Et Bates était vraiment très discipliné.

Et là, Bates souriait.

ooOoo

Bates avait eu de bonnes raisons de sourire. Enfin, si l'on veut.

John fixait le corps par terre.

« Votre diagnostic Doc' ? »

Beckett examina le corps, puis ôta ses gants avant de faire signe à ses deux assistants. Il se releva en secouant la tête.

« Il est mort depuis environ deux heures. Une balle dans l'estomac. Hémorragie interne vraisemblablement. »

John se tourna vers Bates.

« Qu'est-ce que vous avez ? »

« Ross Melman, 26 ans, affecté à la surveillance des installations. Et nous sommes dans les quartiers du Caporal Graham Pierson, 27 ans affecté à … »

« Graham Pierson ? »

John se tourna vers Beckett.

« Vous le connaissez ? »

« Oui, enfin non. Je l'ai soigné. Pas grand-chose une brûlure au second degré sur la paume gauche suite à l'explosion de la machine à espresso du jeune Sergent Stackhouse. C'était hier matin. »

« Personne ne sait où se trouve Pierson. J'ai demandé à ce qu'une recherche soit lancée. Je ne retrouve pas son Beretta donc … »

« Il est armé et dangereux, je crois que nous en étions tous arrivés à la même conclusion, Sergent. »

John serrait la veste de Rodney dans ses mains. Il l'avait retournée dans tous les sens et avaient été soulagé de n'y voir ni trace de balle ni traces de sang. Il plia soigneusement la veste et la mit sur son bras avec le reste des affaires de Rodney.

« Monsieur, Pierson avait en charge la protection de l'équipe de scientifiques qui travaillent avec le docteur McKay. Il serait peut-être utile de les interroger ? »

Bates se tourna vers Elisabeth. Après tout il s'agissait d'interroger des civils cette fois.

« Bien Sergent,allez y, mais je souhaite être présente avec vous. John ? »

« Allez y, je vais voir si Carson et moi pouvons, je ne sais pas, trouver autre chose ici. »

Elisabeth lui fit un petit signe de la tête. Un petit signe qui demandait « Ca ira ? », il lui sourit, un sourire qui voulait dire, « On fera aller ! ». C'est ce qu'il aimait avec elle, cette communication innée et silencieuseentre eux.

Il se sentait aussi un peu penaud. Il savait que plus d'une fois il avait ostensiblement flirté avec elle. Comme un jeu, rien de sérieux.

Mais on ne joue pas avec les sentiments des autres.

ooOoo

On ne joue pas avec les sentiments des autres.

Pierson n'arrêtait pas de répéter des phrases de ce type, hurlant et secouant Rodney, comme s'il s'agissait d'une simple poupée de chiffon.

Si sa bouche et ses lèvres n'avaient pas été plus sèches que le désert du Sahara, Rodney n'aurait pas pu s'empêcher de répondre : comment pouvait on heurter les sentiments de quelqu'un qu'on ne connaissait pas ! C'est à peine s'il avait remis le visage de Pierson lorsqu'il était entré dans son labo.

Pierson continuait ses divagations en faisant les cent pas sous la pluie, puis brusquement, il fonçait sur McKay l'attrapant par les cheveux et lui hurlait dessus.

Rodney ne savait pas comment il pouvait faire pour s'en tirer. Son dos le faisait souffrir. Et s'il lui avait cassé quelque chose, une vertèbre peut-être ? Il regarda Pierson. Il n'y avait qu'un moyen de calmer ce type, c'était de jouer son jeu.

« Capo … » Il avait du mal à parler tant ses lèvres étaient sèches, il essaya de déglutir mais il n'avait plus assez de salive pour ça, il réessaya tout de même. « Caporal … Je … Je suis désolé … Je … Vous avez raison, désolé, je suis, vraiment, vraiment désolé. » Voilà, il espérait que ça allait suffire. Il n'avait jamais été très doué pour les excuses, même lorsqu'elles étaient, disons, « méritées », et là il ne savait même pas très bien pourquoi il s'excusait, alors !

Pierson arrêta de marcher de long en large. Il s'agenouilla à côté de Rodney. Ce dernier ne put s'empêcher d'avoir un geste de recul. Un sourire apparu sur les lèvres du Caporal. Il s'approcha encore de Rodney, jusqu'à ce qu'il se trouve à quelques centimètres seulement de son visage.

« Vous croyez que vous êtes meilleur que les autres hein, meilleur que moi ou que le Major Sheppard. Mais vous n'êtes rien. Qui passe son temps à vous sortir de la merde dans laquelle vous vous mettez, hein, qui doit sans cesse vous sauver la peau ! »

La mâchoire de Pierson était si serrée que Rodney se demandait comment ses dents pouvaient faire pour résister à la tension qui s'exerçait sur elles. Il semblait avoir retrouvé un peu de contrôle sur lui-même, c'était certainement bon signe non ?

Rodney décida de tenter sa chance.

« Non, non, je … Je vous jure que … je sais ce que vous faites, vous et vos camarades et le Major Sheppard, vous nous protéger, vous protégez tout le monde de … des dangers qui nous menacent … et des risques qui … »

Il fut interrompu par Pierson qui le remit sur ses pieds en le soulevant par son tee-shirt. Rodney poussa un cri. Si Pierson ne le maintenait pas debout d'une poigne de fer, il se serait certainement retrouvé par terre. Son dos lui faisait si mal qu'il ne pensait pas pouvoir rester debout seul.

Pierson le fixait de yeux. « Oui, nous sommes des protecteurs et nous devons protéger les membres de cette mission contre les gens comme vous ! »

TBC

(16) Voir le site suivant sur les théorèmes mathématiques rigolo : www(point)ulb(point)ac(point)be(slash)soco(slash)matsch(slash)recherche(slash)11(slash)existence(slash)existence(point)htm.

(17) PDA : Personal Digital Assistant, il s'agit d'un appareil numérique portable essentiellement utilisé (avec un petit stylet) comme agenda.

(18) Moi juriste, pas scientifique, alors pas taper, siouplaît !