Note : merci pour les reviews !
Note pour Cybélia : et bien toi au moins tu arrives à monter dessus ! Moi, la poutre faisait toujours de la résistance, LOL.
ooOoo
11 – Les Jumpers.
La réponse avait été si simple, si évidente.
C'est Zelenka qui l'avait eu. Utiliser les jumpers en mode invisibles pour s'approcher des aiguilles. Simple. Il leur fallait deux jumper et donc deux pilotes.
John se trouvait dans jumper 1 et se dirigeait vers la plateforme 2, pendant que Markham se trouvait dans jumper 3 avec Bates et s'occupait de la plateforme 1.
Il faisait jour mais le temps était mauvais. Des rafales de vent avaient commencé à se lever et il pleuvait.
En mode furtif, le jumper ne faisait qu'un bruit tout à fait minime et avec le vent qui soufflait au dessus des aiguilles, il y avait de fortes chances pour qu'il ne soit pas entendu du tout. Encore heureux, parce qu'il leur faudrait s'avancer le plus près possible de la plateforme.
« Bates, vous en êtes où ? »
/Nous arrivons au dessus de la plateforme./
Il y eu un long moment de silence, puis Bates reprit.
/Aucun signe de vie, Monsieur./
Ils devaient donc se trouver sur la plateforme 2. Plateforme qui se trouvait désormais devant eux. Le problème c'était de manœuvrer tout autour du réseau d'antennes qui entouraient les aiguilles. John fut obligé de se placer au dessus des dites aiguilles. Il leur était impossible de s'approcher davantage de la plateforme.
Ford se pencha vers son supérieur.
« On y voit pas grand-chose. »
Il avait malheureusement raison. Et ils ne pouvaient pas illuminer la place, au risque de se faire détecter.
Zelenka s'approcha lui aussi du cockpit, un sourire aux lèvres.
« Ils sont là. »
Il tenait un détecteur de vie dans les mains. On pouvait distinctement y voir les deux petits points blancs indiquant la présence de Pierson et de McKay.
Un petit point blanc qui signifiait que Rodney était en vie. John ferma les yeux un moment sentant une bonne partie de la tension des dernières heures disparaître.
« Okay, et maintenant on fait quoi ? »
Ford regardait Zelenka et le détecteur, puis les aiguilles balayées par le vent et la pluie.
«Hummm. Il faut savoir le plus précisément possible où se trouvent le Caporal et Rodney, en interfaçant le détecteur avec le Jumper. »
Zelenka tendit le détecteur à John qui le remit immédiatement dans l'encoche appropriée. Il sourit un moment au souvenir de sa première rencontre avec le Jumper. Il avait pensé tout haut à un tel outil, et pop, il était sorti comme par enchantement de cette petite cache (20).
Les données du détecteur apparurent immédiatement sur l'écran du cockpit.
Les deux hommes ne se trouvaient pas sur la plateforme, mais en contrebas. Une bonne dizaine de mètres plus bas. Dans l'enchevêtrement d'antennes. John poussa un juron. Evidemment, c'était trop beau pour être vrai. C'avait été trop facile, non ?
Comment allaient-ils faire pour récupérer Rodney ?
John manoeuvra le Jumper le plus près possible de l'endroit où se trouvaient les deux hommes.
/John, est-ce que vous les avez trouvés /
« Oui Elisabeth, nous sommes juste au dessus d'eux, mais la visibilité n'est pas terrible, il y a tout un tas de câbles et d'antennes autour de ces fichues aiguilles. »
Il entendit la voix de Grodin.
/ Il s'agit des antennes de télémétrie, heu, il ne faudrait vraiment pas y toucher, je veux dire si vous les abîmez, je ne suis pas sûr que nous puissions les réparer alors … /
« Ouais, ouais, j'ai compris, pas touche aux antennes. »
La première chose à faire était de se débarrasser de Pierson. Et ça, ça ne lui posait aucun problème.
Aucun problème du tout.
Arrivés au dessus des deux points indiqués sur l'écran, ils s'approchèrent le plus possible des parois.
« LA ! Regardez ! »
Ford désignait quelque chose du doigt, quelque chose qui se trouvait dans un renfoncement.
Le cœur de John battait à tout rompre.
Pierson se trouvait là, accroupi sur une petite rambarde. On pouvait voir les cordes de rappel, bleues et rouge, balancées par le vent, juste au dessus de lui. Des cordes qui étaient elles, clairement absentes lorsque l'on regardait au dessus de l'autre forme.
Au dessus de McKay.
« L'ORDURE ! LA SALE PETITE ORDURE ! »
Ford jeta un coup d'œil à son supérieur, surpris pas sa brutale réaction. John essayait tant bien que mal de contenir sa rage.
« Il n'a pas sécurisé McKay, cette petite ordure l'a juste balancé là et … » Il fit un geste en direction des aiguilles.
Ford jeta un autre coup d'œil aux deux hommes coincés sur la rambarde. Pierson tenait quelque chose dans ses mains. Brusquement, Ford compris de quoi il s'agissait. Un harnais. Pierson avait du obliger McKay à descendre avec lui jusque là, puis il l'avait tout bonnement détaché !
« Ford, prenez les commandes. »
John se leva et se rendit à l'arrière du Jumper. Il tira le sac que Bates avait installé dans le jumper juste avant leur départ et en sorti l'équipement d'escalade.
« Vous avez déjà fait ça ? »
Zelenka le regardait l'air un peu sceptique derrière ses lunettes.
« Non, mais ça doit pas être bien compliqué, hein ? »
Zelenka leva les yeux au ciel et entrepris en quelques mots d'expliquer au Major le B.A.BA de l'escalade.
« Vous avez deux cordes : une corde de descente, celle-ci, et la corde de rappel proprement dite, là, celle qui sert à rappeler la corde de descente en la faisant coulisser dans l'amarrage du relais, ici. » Zelenka désignait les différentes parties de l'harnachement.
« Okay, je crois que j'ai compris, après tout, je ne compte pas devenir un pro.»
Zelenka murmura quelque chose d'incompréhensible en tchèque et continua à vérifier l'équipement.
Lorsqu'il fut prêt il donna l'ordre à Ford.
« Ford, vous pouvez ouvrir le sas ! »
L'appel d'air fut quasi immédiat mais pas trop violent. Ford parvint à rétablir l'équilibre du Jumper assez rapidement.
John s'allongea de tout son long et s'approcha le plus près possible du bord du Jumper. Il ajusta son fusil à lunettes. Il pouvait voir Pierson penché sur McKay, il lui disait manifestement quelque chose, mais bien sûr, ils étaient trop loin pour entendre quoi que ce soit. John vit juste Rodney se raidir davantage, les yeux clos, le dos fermement plaqué contre la paroi, ses mains agrippant une des antennes à côté de lui.
John était un bon tireur. Un excellent tireur même. Il aurait sans doute fait un bon snipper, mais si tuer pour sauver sa peau ou sauver celle d'un camarade était une chose, tuer sur commande en était une autre et il avait toujours refusé ce type de « job ».
Il ajusta son tir et appuya sur la détente (21).
ooOoo
Rodney était sûr que ça faisait 45 minutes. On aurait vraiment dit que ça faisait 45 minutes. Son dos se rappelait à nouveau à son bon souvenir et sa tête avait certainement atteint le 10 fatal de tout compte à rebours. Il ouvrit les yeux, puis les plissa, la pluie frappait son visage et l'empêchait de voir clairement autour de lui. Il fallait qu'il sache. 45 minutes. Sûrement déjà écoulées.
Rodney était certain d'avoir réussi le test. Il réussissait toujours tous les tests, il était un génie après tout. Il tourna lentement la tête vers Pierson pour lui demander confirmation de sa réussite.
Ce dernier lui adressa un sourire et s'approcha de lui. Rodney était sûr que c'était pour lui dire que c'était bon, qu'il avait passé le test haut la main.
« Huhu, Doc', encore 20 bonnes minutes ! »
20 mi … mais c'était impossible ! 20 minutes c'était trop loin, ce serait trop tard. Il fallait qu'il lui explique, qu'il lui fasse comprendre.
C'est à ce moment là que l'explosion retentit.
ooOoo
John vit la tête de Pierson se soulever et partir en arrière sous l'impact du coup de feu. L'homme pendait désormais, immobile entre les cordes, comme une marionnette dont on a sectionné les fils.
Il eu peur un moment que le choc n'entraîne aussi Rodney, mais celui-ci resta collé à la paroi.
John se releva et saisit le second harnais. Il ignorait depuis combien de temps Rodney se trouvait là mais il doutait qu'il puisse tenir encore bien longtemps.
« Ford ! Prenez un peu d'altitude et essayez de vous approcher le plus possible de McKay en évitant ces foutues antennes. »
Le Jumper pris un peu de hauteur et vint se placer à la verticale des deux hommes. Il descendit, doucement. Arrivé à moins d'une dizaine de mètres au dessus d'eux, le Jumper s'immobilisa.
/C'est tout ce que je peux faire Monsieur./
« Bon, et bien on va faire avec. »
Avec l'aide de Zelenka, John amorça sa descente vers Rodney.
Les rafales de vent secouaient un peu, mais rien de bien terrible. Il du se frayer un passage entre les antennes, mais les cordes passèrent. Le problème se serait sans doute le retour. Il finit par arriver au niveau de Rodney.
Ce dernier était trempé et tremblait comme une feuille. Son visage portait les traces de son petit séjour entre les mains de Pierson : lèvres fendues, coquard, hématome sur la joue gauche et nez manifestement cassé. S'il ne l'avait pas déjà fait, John aurait aimé pouvoir tué Pierson à nouveau.
Il tenta de regagner le contrôle de ses sentiments. Le moment le plus dangereux c'était maintenant. S'il faisait peur à Rodney, ce dernier plongerait inévitablement dans le vide.
John n'avait pas l'impression que Rodney était tout à fait là. Il ne semblait pas s'être rendu compte que Pierson était mort et que son corps sans vie se trouvait juste à côté de lui, les yeux grands ouverts.
Les yeux de Rodney eux étaient fermés et il marmonnait quelque chose entre ses dents, mais John ne parvenait pas à entendre ce qu'il disait.
John se glissa, du mieux qu'il pouvait, juste devant Rodney. Il mit un pied contre le rebord sur lequel ce dernier se trouvait. Pieds nus. John exhala un long soupir et jeta à nouveau un regard au cadavre de Pierson avant de se concentrer à nouveau sur Rodney. John se balança un peu et se mit devant Rodney, un pied de chaque côté de lui. Leurs corps n'étaient séparés que par quelques centimètres.
Mon Dieu, John n'avait qu'une envie, c'était de le serrer dans ses bras, là maintenant tout de suite. Au lieu de ça, il se mit à lui parler, doucement, comme à un enfant.
« Rodney, shhh, ça va aller, ouvre les yeux, c'est moi, Rodney, il faut y aller maintenant, d'accord ?»
Il continua comme ça quelques instants mais rien n'y fit. On aurait dit que Rodney cherchait, si cela était possible, à se caler davantage encore contre la paroi derrière lui. John essaya de se concentrer sur ce qu'il racontait.
« Encore un peu, juste un peu, quelques minutes, encore un tout petit peu, et ce sera fait, quelques minutes. »
Mais de quoi parlait-il ? Encore un peu ? Quelques minutes ?
Les réflexions du Major furent interrompues par une rafale de vent plus violente que les autres qui l'envoya contre Rodney. Celui-ci poussa un cri désespéré et tenta de le repousser.
« Noooooooooooooonnnn ! nonnonnonnonnonon, encore quelques minutes.»
John ne comprenait toujours rien. Il finit par poser la question : dans l'état où il se trouvait, Rodney lui répondrait peut être.
« Rodney. »
Les murmures continuaient.
« McKay ! »
Cette fois, Rodney cessa de murmurer. Il se mordait les lèvres et secouait la tête.
« McKay. Pourquoi encore quelques minutes ? Que se passera t-il dans quelques minutes ? »
ooOoo
Rodney avait la tête lourde. Et ses bras aussi. En fait tout son corps était lourd. Si lourd. Bientôt, il ne pourrait plus le soutenir. Il ne pourrait plus se tenir debout et … mais il le fallait. Le test. Il le fallait sinon, il échouerait au test.
Il entendait Pierson lui parler. Il lui posait une question. Il le narguait sans doute. Il voulait savoir qu'elle était le prix du test.
Quelques minutes pour ne pas perdre celui qu'il aime. Pour ne pas perdre John.
Peut-être qu'il ne restait plus que 10 minutes maintenant ?
ooOoo
John ne comprenait pas grand-chose à ce que lui racontait Rodney.
Il était question de le perdre.
John ignorait ce que lui avait raconté Pierson et à quel petit jeu sordide il s'était amusé avec Rodney, mais il finit par comprendre au moins une chose : cela avait rapport avec l'écoulement d'une certaine durée. Rodney n'arrêtait pas de répéter « plus que dix minutes, plus que dix minutes ».
John était malade. Il ne comprenait pas ce qui avait bien pu se passer pour qu'on en arrive là. Pour qu'un caporal de l'armée américaine en arrive là, pour qu'il ait à tuer un jeune homme de 27 ans (22).
Il regarda Rodney.
« McKay. »
Il sentit ce dernier se raidir.
« C'est fini. Les 10 minutes sont écoulées. »
« Fi…fini ? »
« Oui, Rodney c'est fini. Tu … Vous avez gagné. »
Rodney esquissa un sourire et John le rattrapa juste au moment où il perdait connaissance.
TBC
(20) Episode Rising/Une nouvelle ère.
(21) Bah oui, mon Johnny c'est pas une lopette ! Non, plus sérieusement, je le crois capable d'acte de ce type lorsque la nécessité s'en fait sentir. Il suffit de voir The Storm et The Eye (En pleine tempête 1 et 2) pour s'en convaincre mais aussi Runner (épisode 3 de la saison 2). Lorsque l'un des siens est en danger, notre Johnny n'hésite pas vraiment : il tire d'abord et il pose des questions après.
(22) Je vous l'ai dit, les questions, il se les pose après ! Et j'aime bien ça dans ce personnage, ça lui donne un peu plus de crédibilité comme militaire.
